Molex

Luttes des travailleurs-euses, chômage, précarité.

Molex

Messagede Nico37 » 27 Avr 2009, 12:34

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Molex : On a les machines, on les garde !

Nous sommes quelques-uns à nous être solidarisés avec la centaine de travailleurs qui faisaient le piquet de grève devant l’usine de Molex ce matin et nous les y avons rejoints. Nous avons tracté, bu le café et discuté.

Les travailleurs sont à la fois profondément dégoûtés par tout ce qui se passe, fachés, en colère. Mais malgré ça ils écoutent encore les délégués syndicaux qui leur font croire que quelque chose de positif viendra de la négociation tripartite Intersyndicale/Préfecture/Direction Molex. L’un d’entre eux a pris la parole et leur a notamment expliqué que «déjà c’était bien que Fillon ait parlé d’eux de matin sur fRance Inter, et qu’aussi il fallait regarder demain soir sur fRance2 Bernard Thibault qui parlerait d’eux aussi dans une émission…»

Le même délégué de répercuter que les travailleurs, qui réclament 100 millions d’euros, ne les auront sûrement pas.

Normal après ce genre d’intervention qu’ils aient le moral en berne. Mais encore une fois ce qui est remarquable c’est cette cohabitation entre leur rage et leur résignation.

La pensée humaine dans sa complexité évolue simultanément sur des champs sémantiques distincts.

L’effervescence sociale actuelle et le sentiment global d’insécurité sociale bouleversent les certitudes, et engendrent la remise en question de beaucoup de dogmes sociétaux qui étaient acquis et profondément ancrés jusque là.

Il y a des signes qui ne trompent pas et qui ressemblent aux premières secousses d’un séisme…

Alors dans la catégorie «C’est pas nous qui l’avons dit» mais le Premier ministre, la force «tranquille» dans le navire en flamme, la voix de son maître qui adule les responsables syndicaux et les cite comme modèles :
— «Les syndicats ont du mal à jouer leur rôle plein de médiateurs» ;
— «Les organisations syndicales sont extrêmement responsables dans ce climat parce qu’elles savent très bien les dangers qu’il y a pour les salariés à laisser éclater une violence qui ne débouchera sur rien dans ce climat» ;
— «Je pense que beaucoup de responsables politiques devraient prendre exemple sur les responsables syndicaux quelles que soient d’ailleurs les organisations syndicales» ;
— «Les rencontres entre les pouvoirs publics et les organisations syndicales sont quasiment permanentes et notez qu’il y a beaucoup d’accords qui sont signés et voire même souvent à l’unanimité par les partenaires sociaux».

Forum Rouge & Noir, 22 avril 2009.


Molex : On a les machines, on les garde !

Depuis plusieurs mois les salariés de Molex sont en lutte. Le patron sans scrupule a même revendu les brevets. Alors il faut se battre, et lui faire payer sa malveillance. La culture de la lutte ça se gagne en la pratiquant.

Si Molex ferme, c’est tout le village de Villemur qui ferme. Des familles entières risquent de se retrouver à la rue, tout ça à cause d’un bourgeois qui veut encore plus d’argent.

Mais les machines sont encore dans les murs, l’outil de production doit appartenir aux ouvriers. Pour lutter contre le capitalisme, il y a la solidarité, celle des gens de Villemur, mais aussi celle des ouvriers de tous pays. Partout dans le monde, comme récemment en Argentine ou encore en Allemagne, des entreprises délaissées par le patron sont autogérées par les ouvriers, et ça marche !

Dire que cela sera simple dans la situation actuelle serait mentir. Mais il faut se remonter les manches et se serrer les coudes. Nous sommes ouvriers et précaires et nous sommes unis et solidaires.

Et c’est ça la nature de l’Homme ! Contre l’exploitation et la domination il y a l’entraide et la combativité ! Il faut tout tenter pour ne rien regretter. Gardons la tête haute, et s’il le faut c’est avec le poing rageur que nous conserverons les machines de Molex ! Pour un autre futur, pour un monde meilleur !

Alors oui il faut se battre, alors oui il faut gagner !

Tract des compagnons de la CNT-AIT Midi-Pyrénées diffusé depuis un mois aux portes de Molex.
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Re: Molex

Messagede Nico37 » 09 Mai 2010, 20:40

Fermeture de l’usine Molex : deux dirigeants condamnés à de la prison avec sursis Le Monde 06/05/2010

L’usine Molex de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) est devenue en 2009 le symbole de la lutte contre les fermetures sauvages de sites français par leur direction américaine. Jeudi 6 mai, deux de ses dirigeants ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Toulouse à six mois de prison avec sursis pour n’avoir ni informé ni consulté les représentants du personnel avant d’annoncer, le 23 octobre 2008, le projet de fermeture de cette usine de connecteurs électriques pour l’automobile.

William Brosnan, co-gérant de l’ancienne usine Molex qui appartient au groupe américain du même nom, et le directeur Philippe Fort ont été condamnés pour "délit d’entrave" et devront aussi verser 10 000 euros chacun de dommages et intérêts au comité d’entreprise.

Dans les faits, des cadres de Molex avaient, contre une prime, préparé secrètement la fermeture bien avant l’annonce du 23 octobre 2008 et avaient même signé des "contrats de confidentialité" avec leur direction, avait accusé le procureur Olivier Kern à l’audience du 6 avril. Molex employait alors 280 salariés à Villemur. Malgré onze mois de lutte et un vaste mouvement de sympathie contre les agissements de grands groupes comme Molex aux dépens d’entreprises rentables, Molex a mis la clé sous la porte fin septembre 2009, et tous ses salariés ont été licenciés.

"DES BANDITS ET DES VOYOUS"

"Nous avons toujours dit que c’étaient des bandits et des voyous, aujourd’hui c’est la justice qui le dit", s’est réjoui Denis Parise, ancien secrétaire CGT du comité d’entreprise et nouvel élu au conseil régional Midi-Pyrénées. Il était présent avec une cinquantaine d’anciens de Molex à l’énoncé du jugement. C’est une décision "très importante", mais aussi "légère", comparé à "ce que les familles ont enduré", a-t-il dit. Elle laisse "beaucoup de regrets, car si le licenciement avait été établi dans les règles de l’art, on aurait su en 2007 et aujourd’hui les 280 salariés auraient pu avoir retrouvé un travail", a-t-il dit. Une cinquantaine de salariés seulement auraient trouvé une solution de reclassement.

Selon un des avocats des prévenus, Me Laetitia Fayon-Boulay, les deux cadres se réservent la possibilité de faire appel. Le groupe Molex, lui, a dit que le jugement le "déçoit fortement". "Molex soutient pleinement ses deux cadres supérieurs et estime qu’ils ont agi de bonne foi et conformément à la législation et la réglementation françaises", dit le groupe dans un communiqué.
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Re: Molex

Messagede Pïérô » 16 Mar 2011, 00:47

Les Molex, des gens debout, un documentaire de José Alcala

Les Molex, des gens debout, un documentaire de José Alcala

Le 23 octobre 2008, alors que l’usine de connectique automobile Molex, située à Villemur-sur-Tarn (près de Toulouse), affiche 1,2 millions d’€ de bénéfices, la direction informe le Comité d’Entreprise de la fermeture du site.

Le 6 novembre 2008, plus de 4000 personnes manifestent silencieusement dans les rues de Villemur-sur-Tarn pour protester contre un plan social aux mesures drastiques. Soutenus par la municipalité et les habitants des communes environnantes, les 283 employés de l’usine alertent les médias par tous les moyens possibles, provoquant très vite une mobilisation aux résonnances nationales.

La disparition annoncée de Molex n’est que le début d’une longue liste de fermeture de sites industriels jusqu’alors considérés comme performants en France et dans le monde. Dans les journaux, à la radio, à la télévision, on relate les aventures de ces ouvriers qui refusent de regarder partir leur outil de travail sans broncher. Car c’est la principale particularité de la lutte des Molex : ils refusent d’entendre parler de prime de licenciement ou de reconversion, ils ne souhaitent pas d’argent. Ils désirent seulement travailler. Ils vivent la fermeture de l’usine comme une spoliation.

Les Molex décident de se battre. Désormais, pour se défendre, ils vont se servir de la justice, de leurs droits fondamentaux de travailleurs Le 31 décembre 2008, armé d’une caméra, le réalisateur José Alcala prend la route de Villemur-sur-Tarn. À l’orée de cette nouvelle année, il lui semble brutalement inconcevable de ne pas se rendre auprès de ces ouvriers en résistance.


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extraits : http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-mon ... 39168.html


Projection-Débat organisée dans le cadre de la scène populaire ariégeoise, à Pailhes (09) le 22 mars
En présence du réalisateur, d'anciens salariés de Molex et de représentants syndicaux de Continental.
à 20h30, sous le chapiteau derrière l'église 09130 PAILHES
P.A.F. 4 euros
Informations et réservations
05 61 65 44 23
festival.resistances@orange.fr

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Re: Molex

Messagede bipbip » 10 Fév 2013, 11:35

Licenciement des Molex : la maison-mère américaine pourra être poursuivie

La maison-mère américaine Molex Inc. de l'usine française de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), fermée en 2009, était "coemployeur" des 283 salariés licenciés et peut donc être valablement poursuivie devant les prud'hommes, a estimé la cour d'appel de Toulouse jeudi 7 février.

Cent quatre-vingt-treize des ex-salariés ont décidé d'attaquer ces licenciements qu'ils considèrent "abusifs" et demandent aux prud'hommes de condamner la maison-mère à 22 millions d'euros de dommages et intérêts, la filiale française de Molex ayant été liquidée lorsque le groupe américain a interrompu le financement du plan social.

Le tribunal des prud'hommes avait retenu cette qualification de coemployeur en juin dernier, mais le groupe de connectique automobile américain avait fait appel, estimant que le seul employeur était Molex France, filiale liquidée en novembre 2010, un an après la fermeture de l'usine alors qu'une partie des indemnités de licenciements n'avait pas encore été réglée.

PRÉCÉDENT JURIDIQUE

L'arrêt de la cour d'appel ne préjuge pas de la décision sur le fond des prud'hommes, appelés par l'avocat des Molex, Jean-Marc Denjean, à déclarer les licenciements économiques comme nuls, car répondant à "une stratégie uniquement boursière [...], sans lien avec des difficultés économiques".

Toutefois, pour M. Denjean, l'arrêt de la cour d'appel "fera date", confortant une évolution de la jurisprudence de la Cour de cassation qui estime depuis 2011 que "la communauté d'intérêts et d'activité" entre un groupe et sa filiale "suffisait à caractériser le co-emploi" et que le groupe, s'il était le "véritable responsable de la dette", devait alors "être redevable". Selon lui, cette évolution a été "inspirée par le combat des Molex".

"C'est une grande victoire, qui devrait interdire aux grands groupes étrangers d'évacuer leur responsabilité sociale" en se défaussant sur des filiales souvent impuissantes, a estimé Guy Pavan, délégué CGT.

http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html
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Re: Molex

Messagede Pïérô » 02 Juin 2013, 00:31

Le tribunal administratif donne raison à la CGT

Communiqué de la CGT Molex :
Le licenciement des représentants du personnel annulés par le Tribunal Administratif de Toulouse.

Petit rappel des faits : en décembre 2009, l’inspection du travail est saisie d’une demande de licenciement des représentants du personnel de l’usine Molex de Villemur sur Tarn. L’inspection du travail refuse ces licenciements au motif que la raison économique n’a jamais été justifiée par la Direction. Cette dernière dépose alors un recours devant le ministère du travail. Eric Woerth, nommé le 22 mars 2010 à ce poste, annule la décision de l’inspection du travail et autorise le licenciement des délégués le 24 mars 2010.

Les représentants du personnel déposent un recours devant le Tribunal Administratif de Toulouse pour faire casser la position du ministre. Après 3 ans, la décision du Tribunal Administratif de Toulouse tombe ce jour : les licenciements sont annulés.

C’est encore une décision en faveur des salariés de Molex qui intervient juste avant le jugement des prud’hommes du 11 juillet 2013 qui devrait traiter sur le fond les dossiers de 190 ex-salariés de Molex qui contestent les raisons économique de leur licenciement.

Les anciens représentants du personnel de Molex vont étudier quelle est la meilleure suite à donner à cette décision qui est déjà un point d’appui important pour tous ceux qui luttent pour l’emploi.

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Re: Molex

Messagede bipbip » 12 Jan 2015, 15:19

De la liberté d’entreprendre à la fraude, retour sur le conflit Molex.

La fermeture de l’usine Molex, située à Villemur-sur-Tarn, à une quarantaine de kilomètres au Nord de Toulouse, a bénéficié d’une couverture médiatique conséquente. A la veille du jugement en cassation concernant leur licenciement économique, deux anciens salariés de l’usine, Jean Marzorati, cadre au service qualité, et Guy Pavan, délégué CGT, reviennent ensemble dans ce texte sur la genèse et le déroulement de cette fermeture, emblématique des effets de manche et des conséquences sociales des décisions stratégiques de multinationales bénéficiaires.

La vente de l’usine de Villemur à Molex

Le site de production de Villemur sur Tarn a été créé en 1941 par la Société Générale d’Équipements (SGE), spécialisée dans le câblage aéronautique et les équipements associés. La SGE a été rachetée en 1959 par Précision Mécanique Labinal, qui deviendra Labinal. Au début des années 1990, le site industriel de Villemur a une triple activité : câblage aéronautique, sous-traitance électronique pour IBM, câblage et connectique pour automobiles. Son effectif est alors de 1600 salariés. Labinal est racheté par SNECMA en avril 2000, et la partie automobile revendue à Valéo, sauf la connectique, intégrée à l’entité Cinch SA.

Au début des années 2000, l’usine de Villemur est ainsi une unité de Cinch SA, filiale du groupe SNECMA, propriété lui-même de l’Etat Français. SNECMA veut se débarrasser de Cinch SA car cette entité ne rentre pas dans son « cœur de métier », Cinch SA étant un connecticien automobile et SNECMA un spécialiste de la propulsion aéronautique (activité qui occupe une usine située sur le même site industriel, avec laquelle l’usine de connectique automobile partage des services de restauration, de nettoyage et d’accueil).

Après de longues tractations de début 2003 à mars 2004, Cinch SA est vendu au groupe Molex pour un prix dérisoire (27,5 M€), juste un peu plus du tiers du Chiffre d’Affaires de Cinch SA (CA : 64M€). Molex rachète donc une entreprise, bénéficiaire, qui va lui permettre d’entrer dans le marché de la connectique automobile française, notamment en devenant sous-traitant de PSA, ce qui n’était pas le cas. Cinch SA devient donc Molex Automotive SARL, dénommée MAS, constituée le 17 février 2004, sous forme de société à responsabilité limitée à associé unique, par la société de droit américain Molex Inc Internationnal, filiale de la société Molex Inc. Par la suite, la société Molex CV Holdings Inc est entrée au capital de la société Molex Automotive. Cette dernière détient un bureau d’études et un siège à Montigny le Bretonneux (78), deux unités de production en Europe – Villemur-sur-Tarn et Santo Tirso au Portugal – plus deux petites unités en Inde et en Chine).

A l’époque, la CGT, majoritaire au CE de Villemur et au CCE, est la seule organisation syndicale à s’opposer à ce rachat, et demande, au travers d’une plainte déposée auprès du tribunal d’instance de Versailles, que les documents nécessaires à la compréhension du projet industriel de Molex soient fournis : elle est déboutée de cette demande. La CGT organise une consultation du personnel en AG pour savoir si elle fait appel de la décision ou non : sur 360 salariés sur Villemur à cette époque, près de 250 seront présents et seulement 12 se prononceront pour faire appel et contre le rachat de Cinch SA par Molex. Après un combat juridique de près de quatre mois, mené, donc, par la seule CGT, la CGC, qui a activement défendu cette « opportunité » d’être rattaché au numéro deux de la connectique mondiale, nous gratifie d’un tract acerbe intitulé « tout ça pour ça ».

Quel était l’objectif de Molex dans le rachat de Cinch ?

Dès le début Molex montre ses intentions : absence de projet industriel et transfert des brevets de Cinch vers Molex Inc. Molex représente 4% de la connectique automobile en Europe et est déficitaire. Cinch SA représente également 4% , mais est fortement bénéficiaire (+ de 10 % de bénefices nets en 2003, 17% pour le 1er trimestre 2004).

De plus, Molex exige la fermeture d’un atelier de traitement de surface avant le rachat (laissant ainsi le soin de la dépollution à la SNECMA) et ne rachète pas les murs du site, préférant payer un loyer à la SNECMA. En outre, en rachetant Cinch SA, Molex s’approprie une technologie et un marché (la CMC : Connectique Modulaire pour Calculateur, un type de connecteur développé à Villemur, devenu essentiel dans l’automobile) très lucratifs, mise au point par Cinch SA et que Molex ne maîtrise pas (c’est écrit tel quel dans le préambule des documents fournis par Molex au CE).

La CGT a toujours soutenu que dès le rachat, la fermeture était déjà décidée.

La suite des événements confirme l’absence de projet industriel de la part de Molex. En septembre 2004 (5 mois après le rachat), le premier plan social touche le siège social de Montigny, avec pour conséquence le transfert du service commercial vers Ettlingen en Allemagne et la perte de la maîtrise des commandes. Dès cet instant, c’est le groupe qui décide où vont être réalisées les commandes qui nous sont passées.

Petit grain de sable dans les rouages de Molex, la lutte des salariés(es) de Montigny avec la CGT fait que le plan social coûte beaucoup plus cher que prévu. Marcus Kerriou, DRH européen, est surpris et ne comprend pas les exigences des salariés français, alors qu’ailleurs les licenciements se font beaucoup plus facilement. « Vous avez un code du travail trop compliqué qui nous empêche de travailler » dit-il : paradoxal pour quelqu’un qui va mettre au chômage une vingtaine de salariés qui, eux, ne demandent qu’à travailler.

L’usine de Villemur est rattachée à la Division « Automotive » de Molex, qui possède une unité en Allemagne (Ettlingen), un siège à Munich et est en train de développer cette activité en Slovaquie (Kosice). Dans le courant 2005, on assiste à l’augmentation des capacités de production automobile à Kosice, à la fermeture du site créé par Cinch à Santo Tirso au Portugal et au transfert des fabrications vers Kosice. Villemur assure le soutien et tous les frais de transfert vers cette entité qui démarre dans l’activité automobile, ainsi que la formation du personnel qui, une fois formé chez nous, repart à Kosice avec les postes sur lesquels nous les avons formés.

La diminution des effectifs de Villemur prend de l’ampleur, les départs en retraite ou autres ne sont pas remplacés, sauf le poste de DRH (nous avons eu trois DRH différents en quatre ans). Entre temps, depuis le rachat, de nombreux cadres dirigeants démissionnent et sont, pour la plupart, accueillis par la SNECMA (aujourd’hui SAFRAN), ce qui est inenvisageable pour un simple ouvrier.

L’annonce

C’est le jeudi 23 octobre 2008, vers 10H30, que la Direction convoque les élus du CE. Elle remet aux représentants du personnel, en mains propres, les documents et la convocation pour un CE extraordinaire, le 6 novembre 2008 avec pour ordre du jour : information/consultation du CE sur le projet de fermeture du site de Villemur. La Direction tente même à cette occasion, en toute illégalité, de donner déjà les conditions du licenciement et les mesures sociales envisagées et c’est un refus quasi unanime qui lui est opposé. La CGT va immédiatement porter l’info dans les ateliers et les services, et les salariés arrêtent immédiatement le travail. Une AG est organisée l’après-midi même. Face à cette mobilisation, la Direction provoque dans l’après-midi une réunion du personnel pour l’informer des conditions de départ. Aucun des présents ne demande de détails sur ces conditions. Nous voulons comprendre le pourquoi de cette décision de fermeture alors que trois mois auparavant on nous annonçait des résultats nets doublés et on nous félicitait pour notre qualité de travail et de service.

Annonçant les trésors de mauvaise foi qui vont être déployés par la suite pour justifier la fermeture de l’usine, un DRH de la société clôt le débat par ces mots, parlant des bénéfices : « Nous avons eu des chiffres en hausse, mais rien ne nous dit que nous n’en aurions pas eu en baisse à l’avenir… » [1]Le bébé était vivant mais on a choisi de le tuer, parce qu’on n’était pas sûr qu’il soit vivant demain. En termes de management d’entreprise, cette pratique a maintenant un nom : restructuration préventive.

11 mois de lutte

La résistance des salariés contre la fermeture de notre usine a surpris, d’abord les dirigeants de Molex mais aussi les hommes politiques français pour qui cette affaire devenait comme le sparadrap qu’on n’arrive pas à se décoller du doigt. Nous étions au début de cette période qualifiée de crise. La résistance des salariés n’a pas été réfléchie, préparée, c’est une succession de circonstances, la conséquence d’évènements, antérieurs pour certains, et la détermination sans faille d’un grand nombre de salariés qui furent qualifiés de noyau dur.

Le premier évènement fut sûrement l’émotion liée à l’annonce de la fermeture : n’oublions pas que l’ensemble du personnel avait été félicité en juillet 2008 par les mêmes patrons qui les licenciaient 3 mois après. Cette émotion a donné lieu à la manifestation du 6 novembre 2008, baptisée « Villemur ville morte », au cours de laquelle toute la ville a fermé rideau et est descendue dans la rue avec nous, et le campement de Noël 2008 devant « notre » usine. Pour ne pas que les machines puissent être déménagées en notre absence, nous avons fait les deux réveillons devant l’usine.

Le deuxième, plus ancien, aura été l’erreur de la direction vis-à-vis de 3 cadres, chef de service, affiliés à la CGC. En cherchant à en licencier deux d’entre eux dans un premier temps, puis de les exclure de la signature des pactes de confidentialité, ils ont réussi à créer une union sacrée entre les ouvriers et certains de leurs chefs. Quand ceux-ci ont appelé à la résistance, cela a évidemment été plus facile pour certains de franchir le pas. Cela a aussi permis de rassembler toutes les organisations syndicales face à Molex.

La médiatisation est un des éléments qui ont permis de donner de la durée au mouvement. Cette médiatisation est née d’un alliage de deux facteurs. D’abord la venue de Bernard Thibault sur le site dès octobre 2008 qui a porté la lutte des salariés de Molex jusqu’à la Présidence de la République, et a inauguré une série de visites de responsables politiques nationaux sur le site, puis l’image, véhiculée par les médias en général, de ces salariés qui ne voulaient qu’une chose : garder leur emploi et surtout pas négocier leur licenciement.

Une des raisons pouvant expliquer la continuité dans la lutte est la judiciarisation du conflit. Dès le début Molex porte plainte contre le cabinet d’expertise comptable du CE, il est débouté de sa demande en janvier 2009. En novembre 2008, la plainte du même CE, auprès du procureur de la République, pour délit d’entrave est validée par la justice : elle donne lieu à une enquête policière qui va démontrer, suite aux aveux des cadres corrompus, l’organisation de la fermeture dès le printemps 2007 : enquête qui aboutira, en 2010, à la condamnation de deux dirigeants à 6 mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende chacun à verser au CE (Ils ne feront pas appel de cette décision). En mai 2009, devant le refus de la Direction de fournir les documents comptables nécessaires à la compréhension du projet, le CE assigne la Direction au TGI ; celui-ci ordonne la suspension du projet de restructuration et des licenciements. En août de la même année, la justice refuse de se prononcer sur la demande de Molex de faire un lock-out, enfin le Conseil des Prud’hommes se prononcera en septembre pour que les salaires du mois d’août soient payés. Il faut noter, mais il était bien tard, que dans toutes les procédures en cours après les licenciements, Molex Inc a été sévèrement condamné.

On peut citer bien d’autres raisons qui peuvent expliquer la durée de la lutte, en particulier l’action des élus de la CGT, délégué syndical, secrétaire du CE, mais il y a une raison plus profonde à cela. Elle apparaît à l’écoute du discours des salariés qui ont participé à la lutte, on pourrait la résumer en deux mots : notre usine. Le site de Villemur sur Tarn est né en 1941, s’est développé grâce au travail de 3 générations de gens du pays, grands-parents, parents et enfants ont construit cette unité de production performante et le capitalisme financier est venu nous la prendre. Nos moyens de produire, donc de vivre de notre travail, allaient disparaître définitivement.

Après 11 mois de lutte des salariés, Molex vide (vole) tout le stock et le matériel de l’usine de Villemur, de mi-septembre à mi-octobre 2009. Une partie des indemnités de licenciement des salariés est soumise au bon déroulement de ce vol. Nous ne pouvons que regarder les camions partir. Liberté, d’entreprendre et de tuer.

Tous les moyens sont bons pour fermer une usine

Comme il est coutumier pour ces sociétés, Molex a usé de tous les artifices pour justifier la fermeture de l’usine de Villemur : surfacturation des frais de siège, transfert d’actifs vers d’autres unités du groupe, absence d’investissements, aucun recrutement de personnel, etc..

Plus paradoxal, dans les motifs invoqués pour justifier la fermeture, il est mentionné que le site de Villemur n’est pas propriétaire des murs et ne possède pas d’atelier de traitement de surface ??? Cherchez l’erreur.

Par contre le groupe Molex a innové en matière de fraude et de mensonges organisés, tout en s’abritant derrière le principe de bonne marche des affaires et de liberté d’entreprendre. Quelques mois après la fermeture, le procès et la condamnation au pénal de deux des dirigeants de Molex Automotive SARL pour entrave à l’activité du Comité d’Entreprise, va dévoiler les agissements coupables de l’entreprise vis-à-vis du droit du travail français:

1. Molex prend la décision de fermer le site de Villemur sur Tarn plusieurs mois avant de consulter le Comité d’Entreprise, dès 2007.

2. La direction de Molex négocie avec certains cadres dirigeants de l’usine leur aide pour fermer le site, leur proposant un pacte de confidentialité rémunéré et une modification de leur contrat de travail. Ce sont ces cadres qui détaillent le contenu de ce pacte et le déroulement de la fermeture à la police lors de leurs interrogatoires.

3. Les dirigeants américains, avec la complicité de cadres de Villemur, copient (clonent) une grande partie des moules, outils, machines, pour livrer à partir de leur site de production de Lincoln, aux Etats-Unis, les clients européens. Mais pour quel coût, quelle qualité de produits ? Les ratés de ce transfert apparaissent rapidement, lorsque Molex tente de rappeler certains d’entre nous dans ses effectifs. Ils se heurtent à un refus, nous ne voulons pas jouer les fossoyeurs.

4. La complicité des constructeurs français a été prouvée, à travers un courrier interne de l’entreprise PSA qui a accepté, au détriment de la qualité des produits livrés dans ses usines, le comportement frauduleux de Molex

5. Enfin, la direction ment jusqu’au bout sur la constitution d’un stock de sécurité en Hollande pour pallier tout débrayage de l’unité de Villemur sur Tarn

On le voit, la direction n’a reculé devant rien pour fermer cette usine. Mais le combat n’est pas terminé.

Les enjeux aujourd’hui

Pour sortir du conflit, la société Molex a accepté, non sans mal et avec l’aide d’un cabinet spécialisé, Athema, une négociation avec l’Etat Français. Cette négociation a abouti à la création d’une nouvelle unité de production sur le site de l’ancienne usine. La société appelée pour cette reprise n’est pas un industriel mais un fond d’investissement américain, HIG Capital. Molex a laissé des machines et des produits « en fin de vie », garantissant l’achat des produits fabriqués pour une durée de deux ans. La société ainsi créée, Villemur Industrie (VMI), démarre son activité début 2010 et embauche en quelques mois 46 anciens salariés de Villemur, parmi lesquels aucun syndicaliste de la CGT ni des salariés ayant eu une attitude combative contre la fermeture. Néanmoins, des élections professionnelles ont été organisées en 2013, et la CGT est majoritaire. Au-delà des deux premières années, VMI a dû trouver de nouveaux marchés et Molex est désormais un concurrent.

Durant le conflit, les salariés en lutte ont créé une association pour représenter l’ensemble du personnel hors des organisations syndicales et du Comité d’Entreprise, qui a disparu avec l’usine. Presque 5 ans après, cette association existe toujours et tient des permanences hebdomadaires. Le besoin de trouver un nouvel emploi, la difficulté et la peur de revivre ces jours douloureux, en remettant ses pas dans ceux de l’été 2009, le temps qui s’écoule comme le sablier font que l’esprit de lutte s’effrite. L’important aujourd’hui est de retrouver la dignité de ceux qui se sont battus. L’attente, longue, de la décision du Conseil des Prud’hommes pour faire requalifier le licenciement pour raisons économiques en licenciement abusif tient toujours unis et déterminés 192 anciens salariés de l’entreprise. Le résultat positif du 27 mars 2014, déclarant les licenciements sans cause réelle ni sérieuse et Molex Inc comme employeur direct des salariés licenciés, nous a redonné de l’espoir, mais les procédures sont nombreuses et l’attente continue.

L’attente, plus difficile et quotidienne, persiste aussi pour une bonne partie des anciens salariés sur le front de l’emploi. Il y a bien sûr eu un cabinet de reclassement et tous les leurres associés à ce genre de structures qui utilisent des salariés précaires (CDD ou Intérim) pour s’occuper de salariés en perte d’emploi. La première phrase que nous avons entendue en rentrant chez eux fut : « Quel est votre projet professionnel ? » Faut-il oser le dire !

Molex c’est comme Continental, PSA Aulnay, Freescale, Tyco, Arcelor etc… une moitié des salariés a retrouvé un travail digne, un quart des petits boulots tiers temps, mi-temps, en CDD, intérim, un quart n’a rien et ne voit rien venir.

Cette lutte qui a marqué a permis de remettre au centre du débat politique, la ré-industrialisation du pays. Elle a montré que rien n’est écrit d’avance et que, même si le résultat n’est pas à la hauteur de nos attentes, nous pouvons, par la mobilisation, faire bouger les choses. Elle a permis de conserver une activité sur un site voué à être rayé de la carte, avec de réelles possibilités de développement. Elle a très certainement contribué à une prise de conscience collective sur la financiarisation à outrance de l’industrie et aidé d’autres entreprises à s’engager dans cette voie (Fralib, Pilpa, M’Réal…). De la condamnation au pénal de deux dirigeants à la victoire exemplaire aux prud’hommes du 27 mars 2014, la justice nous a toujours donné raison. Les politiques doivent maintenant en tirer la leçon et avoir le courage de ne pas laisser les juges faire le travail à leur place, en général trop tard puisque le mal est fait.

Pour conclure, une phrase plus que jamais d’actualité : « les seuls combats perdus d’avance sont ceux que l’on ne mène pas ».

Jean Marzorati et Guy Pavan

Première parution 1er juillet 2014

——

[1] La Dépêche du Midi 24/10/2008

Mise à jour du 4 juillet :

« La Cour de Cassation, Chambre Sociale a rendu ce jour, 2 juillet 2014, l’arrêt ci-dessous concernant le pourvoi de la société Molex Incorporated de droit américain suite aux 190 arrêts de la Cour d’Appel de Toulouse du 7 février 2013. (Ces arrêts confirmaient le jugement du Conseil de Prud’hommes de Toulouse qui disait que Molex Inc était co-employeur des salariés de Molex SARL de Villemur sur Tarn). La Cour de Cassation a jugé que la Cour d’Appel de Toulouse a violé l’article L.1221-1 du code du travail.

Nous avons pris acte de cette décision avec l’intime conviction, du fait de notre vie au quotidien pendant 4 ans dans l’entreprise, que Molex Inc était bien co-employeur, en terme de vécu et en terme de droit du travail. La lutte commencée en 2008 ne s’arrêtera pas et nous ferons tout le nécessaire avec notre avocat pour que justice nous soit définitivement rendue.

L’affaire est renvoyée devant la Cour d’Appel de Bordeaux, mais pas avant 2015. »

http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=3643
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Re: Molex

Messagede bipbip » 18 Déc 2015, 01:20

Molex : la cour d'appel de Bordeaux ne reconnaît pas le co-emploi par la maison-mère américaine

Coup de tonnerre pour les 283 anciens salariés de l'usine Molex de Villemur-sur-Tarn. La cour d'appel de Bordeaux ne reconnaît pas le co-emploi par la maison-mère américaine.

C'est un revers judiciaire sans précédent pour les anciens salariés de l'usine Molex de Villemur-sur-Tarn...
La cour d'appel de Bordeaux vient de rendre son arrêt. Elle estime que la maison-mère américaine, Molex Inc., n'était pas le co-employeur des 283 salariés de l'usine de connecteurs automobiles du même nom.

Depuis l'annonce de la fermeture de ce site économiquement viable, en 2008, les salariés de Molex sont convaincus du contraire. Et la justice leur a plusieurs fois donné raison (le conseil des Prud'hommes de Toulouse, notamment ainsi que la cour d'appel de Toulouse en 2013.

"La fermeture de Villemur est une décision économique et sociale du groupe américain, et tout au long de la procédure, ce sont les dirigeants américains qui ont pris les décisions en s'immisçant dans la gestion de sa filiale", a souvent martelé maître Jean-Marc Denjean, avocat des salariés depuis le début du conflit.

Cette décision de la cour d'appel de Bordeaux est jugée incompréhensible pour la plupart des victimes de ces licenciements abusifs (selon un jugement du conseil des Prud'hommes).
Pour Guy Pavan, ancien délégué syndical CGT de Molex à Villemur-sur-Tarn, il s'agit d'une décision politique pour laisser le champ-libre aux investisseurs.
Pour tous les salariés en lutte depuis bientôt huit ans, c'est en tout cas une immense déception.

... http://france3-regions.francetvinfo.fr/ ... 86241.html
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Re: Molex

Messagede Pïérô » 15 Aoû 2016, 16:51

Le licenciement abusif des Molex est confirmé en appel

Le 9 août, la cour d’appel de Toulouse a jugé « sans cause réelle ni sérieuse » le licenciement de 191 anciens salariés de l’usine Molex, en 2009 de l’usine de connectique automobile, basée à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne). Elle confirme ainsi le jugement en première instance rendu par le conseil des prud’hommes de Toulouse, en mars 2014 et qui avait été évoqué à plusieurs reprises dans ces colonnes.

Elle confirme ainsi le jugement en première instance rendu par le conseil des prud’hommes et elle accorde 7 millions d’euros de dommages et intérêts aux plaignants.

« C’est un soulagement après un combat très long, trop long, de presque huit ans », a déclaré Thierry Bonhoure, ex-délégué FO chez Molex.

L’usine, qui employait 283 personnes, avait fermé en 2009 après un long conflit social. Depuis, la majorité des anciens salariés se bat pour faire reconnaître le caractère abusif de ce licenciement. Ceux-ci sont devenus des symboles de la lutte contre les « licenciements boursiers » et les « patrons voyous ».

... http://www.miroirsocial.com/actualite/1 ... e-en-appel
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Re: Molex

Messagede Pïérô » 24 Oct 2016, 10:52

Après huit ans de combat, la victoire au goût amer des "Molex"

Un matin, ils ont appris que leur usine allait fermer. Huit ans de combat plus tard, la majorité des anciens salariés de Molex à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) ont eu gain de cause en justice, mais ce succès a pour eux un goût amer.

"On se dit que c'est un gâchis industriel énorme, et humain tout autant", estime Guy Pavan, ancien délégué CGT, devant l'usine où il a pointé pendant 33 ans.

Il y a 8 ans, le 23 octobre 2008, la direction de l'entreprise de connectique automobile annonçait le licenciement des 283 salariés.

Convaincue que le site est rentable et que la fermeture relève du "pillage industriel", une intersyndicale tente pendant un an, sans succès, de maintenir les emplois, dans une lutte devenue emblématique contre les "patrons voyous".

Le 9 août 2016, la justice leur a finalement donné raison: les licenciements n'avaient pas de "cause réelle et sérieuse", et 191 salariés se voient attribuer quelque 7 millions d'euros d'indemnités. Après l'expiration du délai de pourvoi en cassation, la décision est définitive depuis la mi-octobre.

Pourtant, la colère est palpable dans le local de Villemur-sur-Tarn où se réunit l'association "Solidarité Molex".

... http://information.tv5monde.com/en-cont ... lex-135214
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Re: Molex

Messagede Pïérô » 24 Avr 2017, 18:32

Paris mercredi 26 avril 2017

Quand ils ont fermé l'usine.
Lutter contre la délocalisation dans une économie globalisée


Rencontre avec Anne Bory et Bérénice Crunel : membres du Collectif du 9 Août

L'équipe du séminaire "Conflictualités au travail" organise une présentation du livre "Quand ils ont fermé l'usine", Agone, 2017, du Collectif du 9 Août.

http://agone.org/lordredeschoses/quandi ... rmelusine/

Cet ouvrage retrace la lutte des salarié-e-s licencié-e-s de l'usine Molex, dans la commune de Villemur-sur-Tarn, pour empêcher la fermeture de « leur » usine sur fond de mondialisation de l'économie, de désindustrialisation française et de délocalisation, dans le contexte de la crise économique de 2008.

Le mercredi 26 avril de 18h à 20h, ENS Campus Jourdan - École Normale Supérieure
Salle 10^, 48, Boulevard Jourdan, Paris 14e

Image

Présentation

Les effets de la délocalisation et l'organisation pour s'en défendre à partir de l'expérience concrète des ouvriers de Molex

"Il est 11 h 30 le 23 octobre 2008 lorsque les haut-parleurs de l'usine appellent les salariés à se rassembler. Dans la cour, les représentants syndicaux lancent avec effroi : « L'usine va fermer. » Les salariés présents cessent aussitôt le travail ; les autres apprennent la nouvelle par téléphone sur leur lieu de vacances ou dans les travées d'un supermarché. Une ouvrière parle d'un choc monstre : « On s'est tous regardés, en silence, anéantis. Quand on est sortis, il y avait de tout. Les gens partaient à droite, à gauche, des cris et des larmes. On aurait dit qu'on avait assisté au crash d'un avion. »

Peu après, une manifestation est organisée dans les rues de Villemur. Les commerçants baissent leur rideau en solidarité avec les salariés, le prêtre fait sonner le tocsin. Un ancien salarié raconte : « En arrivant en ville, on a vu un nombre, on s'est demandé ce que tous ces gens foutaient là, et c'est vrai que nous, ouvriers de l'usine, on s'est sentis accompagnés, on s'est dit qu'on n'était pas tout seuls. » "

Cet ouvrage retrace la lutte des salariés licenciés de l'usine Molex, dans la commune de Villemur-sur-Tarn, pour empêcher la fermeture de « leur » usine dans un contexte de mondialisation de l'économie, de désindustrialisation française et de délocalisation, sur fond de crise économique en 2008. Il s'agit de comprendre les conséquences du licenciement tout autant que de la mobilisation politique sur les salariés licenciés. Ce livre est le résultat d'une recherche collective menée durant six ans par des politistes et sociologues qui ont suivi la fermeture du site de production et le combat des salariés.

Cette lutte a quelque chose d'improbable, tant en raison du choix des armes (principalement juridiques) que de son succès médiatique, alors même que la population mobilisée n'est ni particulièrement militante, ni particulièrement syndiquée. Pour l'expliquer, cette recherche montre comment les logiques managériales et le positionnement des dirigeants ont structuré les salariés.

https://paris.demosphere.eu/rv/54639
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Re: Molex

Messagede bipbip » 21 Sep 2017, 21:05

La lutte des ouvriers de Molex

La crise économique s'accompagne de licenciements. Face à cette situation, des luttes ouvrières se développent. L'exemple de Molex, près de Toulouse, montre les forces et les limites de ces conflits sociaux locaux.

A GM&S, des ouvriers ont menacé de faire exploser leur usine. Goodyear, Continental, ou Freescale : les luttes contre les licenciements se sont multipliées. Ces mouvements ont permis de rendre visible une radicalisation des contestations ouvrières comme à PSA Aulnay.

En revanche, la lutte contre la fermeture de l’usine Molex, près de Toulouse, apparaît bien plus consensuelle. C’est l’économie locale et productive qui s’oppose à la finance apatride. Cadres, techniciens, employés et ouvriers se retrouvent autour d’une même cause : l’emploi. La couverture médiatique du conflit devient importante.

Mais cette lutte montre également la politisation à travers des pratiques ancrées dans la vie quotidienne. Même si cette lutte ne sort pas d’un cadre légal avec le recours aux syndicats institutionnalisés, aux médias et à l’appareil judiciaire. Cette lutte des Molex montre les forces et les faiblesses d’un combat local. Les universitaires du collectif du 9 août proposent une enquête approfondie sur la lutte des Molex dans le livre Quand ils ont fermé l’usine.

... http://www.zones-subversives.com/2017/0 ... n=politics
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Re: Molex

Messagede bipbip » 27 Sep 2017, 16:05

Paris jeudi 28 septembre 2017

Rencontre avec les "Molex"

« Quand ils ont fermé l'usine »

Lutter contre la délocalisation dans une économie globalisée

à 19h, Bar-restaurant « Le lieu dit », 6 rue Sorbier, Paris 20e

Avec :
• Eric Darras (IEP Toulouse),
• Alexandra Oeser (Université Paris Nanterre),
• Guy Pavan et Jean Marie Marzorati (syndicalistes)

Image

Les effets de la délocalisation et l'organisation pour s'en défendre à partir de l'expérience concrète des ouvriers de Molex

"Il est 11 h 30 le 23 octobre 2008 lorsque les haut-parleurs de l'usine appellent les salariés à se rassembler. Dans la cour, les représentants syndicaux lancent avec effroi : « L'usine va fermer. » Les salariés présents cessent aussitôt le travail ; les autres apprennent la nouvelle par téléphone sur leur lieu de vacances ou dans les travées d'un supermarché. Une ouvrière parle d'un choc monstre : « On s'est tous regardés, en silence, anéantis. Quand on est sortis, il y avait de tout. Les gens partaient à droite, à gauche, des cris et des larmes. On aurait dit qu'on avait assisté au crash d'un avion. »
Peu après, une manifestation est organisée dans les rues de Villemur. Les commerçants baissent leur rideau en solidarité avec les salariés, le prêtre fait sonner le tocsin. Un ancien salarié raconte : « En arrivant en ville, on a vu un nombre, on s'est demandé ce que tous ces gens foutaient là, et c'est vrai que nous, ouvriers de l'usine, on s'est sentis accompagnés, on s'est dit qu'on n'était pas tout seuls. » "

Cet ouvrage retrace la lutte des salariés licenciés de l'usine Molex, dans la commune de Villemur-sur-Tarn, pour empêcher la fermeture de « leur » usine dans un contexte de mondialisation de l'économie, de désindustrialisation française et de délocalisation, sur fond de crise économique en 2008. Il s'agit de comprendre les conséquences du licenciement tout autant que de la mobilisation politique sur les salariés licenciés. Ce livre est le résultat d'une recherche collective menée durant six ans par des politistes et sociologues qui ont suivi la fermeture du site de production et le combat des salariés.
Cette lutte a quelque chose d'improbable, tant en raison du choix des armes (principalement juridiques) que de son succès médiatique.

Collectif du 9 août

Le Collectif du 9 août est composé de neuf politistes et sociologues, en poste à Toulouse, Paris, Lyon, Lille et Marseille. Ils sont issus de diverses spécialités - sociologie politique, sociologie du travail, sociologie des médias, socio-histoire : Olivier Baisnée, Anne Bory, Bérénice Crunel, Éric Darras, Caroline Frau, Jérémie Nollet, Alexandra Oeser, Audrey Rouger, Yohan Selponi. Le nom du collectif est une référence à la décision de la cour d'appel de Toulouse du 9 août 2016 qui juge le licenciement économique des salariés de Molex Villemur « sans cause réelle et sérieuse » tout en précisant qu'en l'absence de situation de co-emploi la maison mère Molex Inc. ne paiera pas d'indemnités.

http://lelieudit.com/Rencontre-debat-av ... nd-ils-ont
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Re: Molex

Messagede bipbip » 16 Oct 2017, 19:52

Albi mardi 17 octobre 2017

Rencontre autour de la lutte des "Molex"

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https://tarn.demosphere.eu/rv/7851
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