Continental: les syndicats déboutés, des salariés saccagent la sous-préfecture de l'Oise à Compiègne
il y a 1 heure 12 min
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Colère chez Continental. Des salariés de l'usine de Clairoix ont saccagé mardi après-midi des bureaux de la sous-préfecture de l'Oise à Compiègne après l'annonce du tribunal de grande instance de Sarreguemines (Moselle) qui les a déboutés de leur demande d'annulation de la fermeture de leur usine, a-t-on appris de source policière. Lire la suite l'article
Dans la soirée, le secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie Luc Chatel a annoncé que le gouvernement proposait sa "médiation" aux représentants de la direction et du personnel. "Le gouvernement prend acte de la décision du tribunal de Sarreguemines", et est prêt à "organiser une médiation" dès mercredi "sur ce qu'on pourrait appeler un accord de méthode pour la suite des événements", a-t-il expliqué par téléphone à l'Associated Press.
Dans le même temps, le porte-parole du gouvernement a dénoncé le saccage "absolument injustifiable et intolérable" commis à la sous-préfecture de l'Oise à Compiègne, rapportant que le préfet de l'Oise avait déposé une plainte.
Des dégradations également condamnées par la ministre de l'Intérieur. Dans un communiqué, Michèle Alliot-Marie dit déplorer ces "débordements portant atteinte à des bâtiments et biens publics". "Tout en comprenant la détresse et l'inquiétude des salariés de l'entreprise", la ministre "rappelle que de tels agissements ne sauraient être tolérés, et assure que tout est mis en oeuvre pour en identifier les auteurs".
Les syndicats de Continental réclamaient l'interdiction de la fermeture du site de Clairoix (Oise) qui emploie 1.120 personnes. Mais le tribunal de grande instance (TGI) de Sarreguemines (Moselle) les a "déboutés sur tous les points, même sur le délit d'entrave", a déclaré à l'Associated Press Philippe Biernacki, délégué syndical CFDT du site de Clairoix.
Cinq syndicats (CGT, FO, CFDT, CFTC et CGC) avaient introduit un référé pour faire interdire cette fermeture, au motif selon eux que le groupe allemand de pneumatiques n'a pas respecté les règles d'information au comité d'entreprise.
Les syndicats et leur avocat, Me Ralph Blindauer, estimaient que la direction a présenté la fermeture de Clairoix "comme acquise et irréversible alors que le processus d'information n'avait pas débuté". En outre, le comité d'entreprise européen aurait dû être avisé puisque le site allemand de Stöcken est également concerné par une fermeture, estimaient les syndicats.
"On a aujourd'hui des salariés très en colère et je pense que le conflit risque de monter d'un cran", avait précisé Philippe Biernacki. "On va commencer les négociations en Comité central d'entreprise pour arracher le maximum".
La crainte d'incidents s'est confirmée dans l'après-midi.
Après avoir pris connaissance de la décision judiciaire vers 15h, plusieurs dizaines de salariés en colère se sont rendus à la sous-préfecture de l'Oise à Compiègne: l'unique policier n'a pu les empêcher d'entrer et de gagner les bureaux de la sous-préfète et de son secrétariat, a-t-on précisé de source policière. Les manifestants les ont saccagés, jetant notamment du mobilier par la fenêtre. Les "Clairoix" sont ensuite repartis dans leur usine peu avant 16h.
"Qui sème la misère récolte la colère", a lancé dans la soirée Xavier Mathieu, délégué CGT de Continental, sur France 2. "Qu'est-ce que vous voulez qu'on regrette? Quoi, quelques carreaux cassés, quelques ordinateurs à côté des milliers de vies privées, ça représente quoi? là", a-t-il expliqué. "On est en train de nous expliquer que dans 28 jours, le plan social sera bouclé, et on va aller à la rue". "Personne ne regrette rien ici parce que vous avez pas vu des casseurs, vous avez vu des gens déterminés (...). On veut pas crever, on ira jusqu'au bout de notre bagarre", a ajouté le syndicaliste, rappelant que les représentants des salariés demandaient des discussions tripartites avec l'Etat.
Faisant valoir les difficultés actuellement traversées par l'industrie automobile, Continental a annoncé le 11 mars qu'il fermerait d'ici la fin mars 2010 son usine de Clairoix, qui emploie 1.120 salariés. Racheté l'année dernière par son compatriote Schaeffler, l'équipementier allemand explique que sa surcapacité dépasse les 15 millions de pneus. Or, le site de Clairoix en produit 7,5 à 8 millions par an.
Le 16 mars, des incidents avaient conduit à l'interruption d'un premier CCE. Le 25 mars, une délégation syndicale avait été reçue à Paris à l'Elysée tandis que plusieurs centaines de salariés rassemblés place Saint-Augustin avaient manifesté leur colère en brûlant des pneus. AP
Historique de la lutte