En grève et en manifestation jusqu'au siège de La Poste !
Presse d'entreprise, ETC, briefs... Ça fait maintenant plusieurs années que les dirigeants de La Poste nous bassinent avec le plan stratégique 2020 "Conquérir l'avenir".
Hors de cette stratégie, point de salut pour La Poste ! Au fur et à mesure que l'échéance de 2020 se rapproche, la pression s'accentue. C'est une véritable avalanche de restructurations qui nous tombe sur la tête. Aucun métier, aucun service ne passe entre les gouttes.
Toujours plus de réorganisations, toujours moins de service public
Les centres financiers passent à la moulinette de la mutualisation des activités. Résultat, des suppressions de postes et de services en cascade, et des centres qui ferment. OTT (Organisation du Temps de Travail) dézingue les organisations de travail. Au milieu de tout cela, il y a les agents. Les conditions de travail ? L'organisation de vie privée/vie professionnelle ? Malgré les beaux discours, La Poste s'en tape.
La machine SLD (Servir Le Développement) met les collègues des services supports dans la lessiveuse des reclassements successifs.
Au Réseau, c'est toujours plus de fermetures de bureaux, toujours plus de réductions d'horaires, toujours moins de service public, dans les zones rurales comme urbaines.
Sous-traitance, précarité, schémas industriels : tout pour les profits
Le recours à la sous-traitance reste un dogme au Colis, alors que La Poste, qui n'a visiblement pas de problème avec l'illégalité, est renvoyée en correctionnelle pour prêt illicite de main-d'œeuvre et travail dissimulé. Le nouveau Schéma Directeur Industriel sur les PFC se traduit par la mise en place de nouvelles fonctions polyvalentes sans aucun gain pour les agents. Au menu également, des déménagements de plates-formes, avec obligation pour les agents de "suivre le trafic". Concrètement ça signifie que, pour garder leur emploi, ils devront aller bosser dans ces nouvelles PFC, qui peuvent être distantes de plus de 100 km... En clair, ils devront déménager.
Dans les PIC, l'augmentation de la sous-traitance et de la précarité s'accompagnent d'un management de plus en plus autoritaire. Le schéma industriel est là synonyme... de désindustrialisation. La Poste vient d'annoncer la fermeture en 2019 de la PIC de Villeneuve-la-Garenne (92)... inaugurée en 2011 (et qui, au passage, a coûté près de 70 millions d'euros) ! C'est donc la première plate-forme de dernière génération a subir une fermeture. Pour les agents, direction Bois d'Arcy (78) ou Gonesse (95), sans autre proposition.
La mort du métier de facteur
L'annonce de la création de 3 000 ilôts à la distribution n'est pas seulement celle d'une énième réorganisation : c'est une véritable déclaration de guerre. Les dirigeants de La Poste veulent en finir avec le métier de facteur. Les sacoches (c'est-à-dire la séparation du tri et de la distribution), c'est la fin du titulaire de quartier. Plus de factrices et de facteurs donc, mais des trieuses et des trieurs dans les Plates-formes Multi Flux d'une part, des livreuses et livreurs dans les ilôts de l'autre (des ilôts qui sont parfois de simples garages, sans eau ni toilettes). La coupure méridienne (qui existe déjà dans nombre d'établissements, mais qui se généralisera avec les tournées sacoches) est elle un bouleversment complet de la vie personnelle. Or on sait que ce n'est pas pour la paie qu'on choisit ce boulot !
Toutes et tous en grève et en manif
Evidemment, autant de mauvais coups ne peuvent qu'alimenter notre colère.
Les collègues de la PIC de Villeneuve se mobilisent contre la fermeture de leur centre avec, c'est assez rare pour le souligner, une intersyndicale très large (SUD, CGT, FO, CFDT, UNSA, CGC, CFTC). Une grève des PIC se construit pour le 12 juin, avec des intersyndicales dans plusieurs sites.
Des grèves impliquant plusieurs bureaux ont eu lieu dans 4 départements (35, 33, 13 et 92, où la grève est en cours) au même moment, ce qui n'était pas arrivé depuis très longtemps. C'est un pas en avant qui a été fait par rapport aux grèves isolées, établissement par établissement. Mais nous avons en face de nous une véritable direction de combat, qui tient sa feuille de route. Nous le disons franchement : face à un tel plan d'attaque, aussi global que frontal, il n'y a pas d'autre issue que de hausser le ton. En d'autres termes, d'enrayer la machine infernale postale en bloquant la production, en arrêtant le travail, à l'échelle nationale. Nous avons conscience qu'entre le dire et le faire, il y a une différence de taille. Mais c'est notre responsabilité de tenter. C'est pourquoi la fédération SUD PTT appelle à la grève dans tous les services le 11 juin. Nous donnons rendez-vous à toutes celles et tous ceux qui veulent exprimer leur ras-le-bol devant le site du Centre Financier de Paris et le bureau de Paris 15, à 11h. Nous partirons ensuite en manif jusqu'au siège national de La Poste. Nous avons contacté la CGT et FO pour mobiliser ensemble sur cette journée. Nous pensons en effet que, même en année électorale, la défense des intérêts des postier·e·s est supérieure aux querelles de boutiques.
A La Poste comme ailleurs, répression partout, justice sociale nulle part !
A La Poste (une boîte qui a fait 851 millions de bénéfices en 2017), on a soi-disant pas de fric pour satisfaire les revendications des grévistes. Alors on envoie les flics.
Ainsi, en Ille-et-Vilaine, les agents mobilisés depuis le 18 janvier ont vu la police débarquer à plusieurs reprises. Le 15 mai, les gendarmes mobiles sont intervenus, à la demande de La Poste, contre les collègues rassemblé·e·s devant la PIC Armorique puis devant la PFC du Rheu.
Dans les Hauts-de-Seine, le 18 mai, ce sont des CRS équipés comme des Robocop qui ont déboulé à l'intérieur du centre courrier de Neuilly-sur-Seine, pour en déloger manu militari les grévistes qui l'occupaient pacifiquement . Le 24 mai, dans le même département, un dispositif policier impressionnant (une dizaine de cars de CRS !) attendait les agents de la PIC de Villeneuve-la-Garenne, rassemblé·e·s contre la fermeture de leur établissement.
Si ces interventions policières ne sont pas les 1ères à La Poste (on se souvient de l'assaut du GIPN au centre de tri de Bordeaux-Bègles en 2005), le bleu marine (et pas celui des tenues de postier·e·s !) est apparemment devenu la couleur à la mode dans les centres en grève.
En réalité cette répression de plus en violente et fréquente est le corollaire du refus systématique, de la part de nos patrons, de négocier.
Ce phénomène n'existe pas qu'à La Poste, il est global.
Comme nos dirigeants, Macron et son gouvernement font passer un message : "vous résistez, on cogne".
Ainsi, toujours en mai, 2 syndicalistes (de Sud Commerce et Service et de Sud Education) se sont fait interpeller, une grenade lacrymogène explosive a arraché la main d'un jeune homme à Notre-Dame-des-Landes, des lycéen·ne·s se sont fait embarquer au lycée Arago de Paris, et maintenu·e·s en garde à vue, sans que leurs parents aient été prévenus !
11 juin :
Grève tous services et montée à Paris
11h : RDV rue Bourseul (Paris 15e, métro Vaugirard), puis manif vers le siège de La Poste
SUD PTT
Fédération des activités postales et de télécommunication