Précarité. « Le saisonnier reste smicard toute sa vie »
Depuis six ans, la CGT sillonne le pays à la rencontre de ces salariés paupérisés. Le syndicat dénonce les limites de leur contrat et réclame de nouveaux droits.
«Les saisonniers travaillent déjà dans des métiers précaires. Le contrat rajoute une autre couche de précarité », déplore Patrick, syndicaliste à la CGT commerce, présent à Versailles lors de l’arrêt de la caravane CGT saisonniers dans la ville. Le syndicat a sillonné la France durant le mois de juillet. Pour Nicolas Chamot, responsable de la campagne dans les Yvelines, « le but de ce tour de France social est d’engager la discussion sur les droits », et il estime recevoir un « accueil positif des employeurs, des vacanciers et des travailleurs ». Ces dernières années, le profil des saisonniers a évolué, et les jeunes étudiants ont été rejoints par de nombreux retraités qui n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins primaires.
« Pas un seul jour de congé »
Entre contrat non respecté et heures supplémentaires non payées, des saisonniers dénoncent les abus de certains employeurs : « J’avais signé un contrat de 35 heures dans la restauration, mais en réalité j’enchaînais 60 heures par semaine, sans être payée pour mes heures supplémentaires, déclare Fanny (1), 20 ans, saisonnière dans la ville de Sarlat. Je n’avais pas un seul jour de congé. Je me suis rendu compte que je gagnais en fait 4 euros de l’heure ! » Patrice Bossart, pilote de l’activité CGT saisonnier, en tire un constat alarmant : « On ne respecte pas le droit aux congés, ni au repos hebdomadaire. On constate un grand écart entre le nombre d’heures effectuées et celles réellement payées. » Ces travailleurs, qui sont 65 % à ne pas connaître leurs droits, n’osent pas aller à l’encontre de leur employeur. Les propositions du syndicat visent à rendre le travail saisonnier moins précaire et à donner plus de moyens financiers à l’inspection du travail. L’objectif est de renforcer les contrôles afin de faire respecter les droits. Le droit au logement est au cœur de la campagne de l’organisation, bon nombre de saisonniers étant hébergés dans des lieux insalubres ou en surpopulation. « Cet hiver, dans une station de ski, quatre personnes étaient logées dans 25 mètres carrés, déclare Patrice Bossart. En Corse, certains dorment dans une tente sur la plage, faute de logement abordable. »
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