Nouradine, licencié de l'absurde
Employé d’un Leader Price à Saint-Jean de Védas, Nouradine Brikil avait jusqu’en mars 2016 « une vie normale ». Avant d’être licencié pour « faute grave » par le Leader Price de La Paillade à Montpellier, avec lequel il n’avait pas de contrat de travail...
Cheveux courts, yeux bruns, Nouradine Brikil, 43 ans, a le physique d’un solide gaillard. Plutôt baraqué. Posé, il parle un français parfait. Il reste digne. Mais l’homme est blessé. Profondément. La veille, son avocate Me Traguet, évoquant son affaire qui sera jugée au Conseil des prud’hommes de Montpellier le 17 mai prochain*, a eu ces mots : « Pour beaucoup moins que ça, des salariés se sont jetés par la fenêtre... ». L’histoire, bien réelle, paraît inconcevable. Et pourtant. Me Traguet retrace, avec une précision clinique, les faits. « Le 1er janvier 2010, Nouradine Brikil est engagé par la SARL Distrileader à Saint-Jean de Védas. Il a un contrat de travail. Les responsables sont contents de lui. En août 2015, on lui demande d’aller travailler dans le Leader Price de La Paillade. Ce renfort, qui devait durer 15 jours, perdure jusqu’en décembre. En janvier 2016, Nouradine reprend son poste à Saint-Jean de Védas. Il pose des congés du 7 au 20 mars. A son retour, le 21 mars, le cauchemar démarre.» C’est alors comme si la réalité basculait dans une oeuvre de Kafka. Dans l’absurde. Ce jour-là, son patron l’interroge : « Qu’est-ce que tu fais là? Tu n’es pas censé travailler ici, mais au magasin de La Paillade...» . A La Paillade, l’adjointe du directeur est formelle : « Tu as un contrat à Saint-Jean de Védas, ta place est là-bas et pas ici. » Il est comme un ballot de marchandises qu’on se renvoie de magasin en magasin. Du 21 mars à fin avril, il va se présenter, chaque jour avec témoin, à son poste védasien. Le 9 septembre 2016, il reçoit une lettre de licenciement pour abandon de poste à La Paillade...
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