Châteauroux Ceramics : " Une liquidation orchestrée "
Pessimistes et en colère, les 117 salariés de l’entreprise de carrelage se sont réunis, hier matin. Ils seront, demain à 14 h, devant le tribunal de commerce.
Une température de 2 °C seulement. Pas de quoi décourager les salariés de Châteauroux Ceramics qui se sont réunis en assemblée générale, en plein air, dans l'enceinte de leur entreprise, hier matin. Deux énormes brasiers qui dégagent une épaisse fumée noire, réchauffent un peu les corps mais pas vraiment les cœurs.
« Ils n'ont pas tenu compte de nos courriers, le mandataire et l'administrateur judiciaire n'ont pas suivi, lance Philippe Delimoge, représentant du personnel. On nous informe que la conversion urgente du redressement judiciaire en liquidation paraît fondée. »
" Pas de feuilles de paie pas de tunes "
Les belles promesses de la reprise de Châteauroux Ceramics semblent envolées. Avec un passif de 4,9 M€, l'entreprise castelroussine, détenue par le groupe Dorcas Ceramics Limited, avait été placée en redressement judiciaire, le 18 décembre dernier. « Une période de surveillance de six mois, on le savait », regrette Jean-Luc Prot, secrétaire du comité d'entreprise. « Juste pour passer les vacances de Noël chez nous », répond un salarié. Jean-Luc Prot est amer : « Ils n'ont tenu compte que des éléments de la direction. Nous n'avons pas été entendus ». Dans ce dossier, le silence de la direction est criant. « Dans l'avis du CE, du 17 juin 2014, nous nous sommes dits écœurés d'être devant le fait accompli d'un plan de liquidation bien orchestré, rappelle Philippe Delimoge. Un groupe qui avait des prétentions démesurées, la volonté de devenir numéro un Français. Où sont les investissements promis au tribunal ? » L'ancien de chez Mead, Patrice Rabaté, consultant de l'association Connaître ses droits, ne mâche pas ses mots : « Nous avons été pris pour des ânes, cela fait mal au cœur ». Car les salariés attendent toujours leur salaire de décembre et des congés payés bien incertains : « Pas de feuille de paie, pas de tunes et le reste, on le touche quand ? » Hier matin, les interrogations étaient multiples. Des employés désabusés parfois prêts « à faire sauter la baraque ». « Il semble que les locaux ne sont plus assurés, qu'en est-il des trajets jusqu'à l'entreprise ? C'est grave », prévient Jean-Luc Prot. Baroud d'honneur, pas encore : « Tout le monde au tribunal de commerce, demain à 14 h ».
