Alex a écrit:Plop,
Bon, je l'ai déjà dit, mais j'suis étudiant et inscris en intérim (en attente d'une mission).
Étant donné les conditions de travail des intérimaires -missions allant de quelques heures à quelques semaines, travail intensif...-, je me demandait si il était possible de lutter pour ses droits en tant qu'intérimaire.
Sommes-nous autorisés à débrayer pendant une mission (en cas d'appel à grève, par exemple) et si oui, quelles conséquences ?
Comment défendre ses intérêts ? Existe-il des syndicats d'intérimaires ? Ou bien est-il mieux de rejoindre un syndicat implanté dans la boîte, en sachant qu'on ne reste que très peu de temps ?
J'pense que ces questions sont aussi valables pour les précaires en général et, à l'heure ou le "Mc Job" se généralise et est en passe de devenir normal pour ma génération, les réponses vont être importantes ...!
Salut,
J'me permets de te répondre.
Il est tout à fait possible de faire grève en tant qu'intérimaire. Les conséquences ? Ben, tu as de fortes chances de voir ta mission non renouvelée.
Les intérimaires ont le droit de se syndiquer comme n'importe qui. Sauf qu'effectivement, il y a un gros problème dans les stratégies syndicales des organisations syndicales de classe en France. Que ce soit chez SUD ou à la CGT, la ligne majoritaire, c'est de tout cloisonner. T'es chômeur ? Hop, syndicat de chômeurs. T'es intérimaire ? Hop, Union Syndicale de l'Intérim. T'es en CDI ? Hop, syndicat de boîte. T'es chez un sous-traitant ? Oh ben tiens, on va encore cloisonner et monter un syndicat de boîte chez le sous-traitant.
En bref, tu peux te syndiquer à l'Union Syndicale de l'Intérim de la CGT par exemple. Sauf que, concrètement, la vie syndicale ce sera zéro ! Le seul moyen pour défendre les intérêts des intérimaires, et des autres précaires, c'est encore de s'organiser avec celles et ceux de la branche professionnelle dont les contrats sont plus stables et qui ont accès à un minimum de droit syndical (les infos que tu choppes en DP/CE, les heures de délégation à utiliser dans un cadre plus large que la seule boîte, etc.). C'est somme toute bassement matérialiste : quand tu t'organises avec d'autres travailleurs, le collectif défend les intérêts des travailleurs qui sont présents dans le groupe. Si le collectif ne comprend que des travailleurs d'une grosse boîte donneuse d'ordre, bah il ne défendra que les intérêts des travailleurs de la grosse boîte donneuse d'ordre. Et il se contentera de ses NAOs et de se battre sur des accords de boîte en laissant crever les intérimaires. Si un syndicat regroupe uniquement les intérimaires, je te dis pas le massacre. Sans solidarité des camarades du donneur d'ordre, je donne peu cher de la peau des potos de l'intérim.
S'il regroupe les travailleurs par branche professionnelle (et donc pas seulement sur un site, sinon vive la solidarité avec les 4 camarades qui taffent sur un site qui n'emploie que 20 salariés trois rues plus loin...) peu importe leur statut (CDI/CDD/intérim/sous-traitant/travailleur détaché/etc.), le syndicat aura bien plus de chance de défendre des intérêts de classe, ceux des travailleurs de la branche professionnelle peu importe leur statut. Et là, on sort des IRPs, on peut se battre sur les conventions collectives, entamer une véritable réflexion "politique" (pas au sens politicien du terme mais dans le sens, travailleurs qui réfléchissent par eux-mêmes et pour eux-mêmes sur la manière dont leur branche et la société devrait fonctionner ou sur tout autre sujet d'ailleurs), et pourquoi pas préparer la reprise des activités par les travailleurs.
C'est ce qu'on appelle un "syndicat d'industrie" ou "syndicat de branche". Ou "syndicat unique" pour prendre la tradition espagnole. Ou encore "syndicat local" aujourd'hui à la CGT.
Et les boulots que tu prends, c'est plutôt dans quelle branche ?
P.S. : Arrêtez de prendre McDo comme l'exemple typique du boulot précaire x] C'est certes du temps partiel pour quasiment tout le monde... mais c'est aussi du CDI pour quasiment tout le monde ! Je ne défends pas McDo, de loin pas, mais en terme de précarité, si on fouille dans les TPEs des HCR, de la restauration rapide, etc., ça va bien plus loin que McDo en terme d'exploitation. Je te raconte pas les CDD bricolés, les semaines à plus de 60 heures payées 39, etc.