Dreux : meeting unitaire [Compte rendu POI]
Le meeting a été présidé par Georges Lemoine, membre du Bureau National du POI et a rassemblé 140 participants
Sandra Renda a introduit (voir son message ) : « Ce qui se passe chez Philips c’est exemplaire. Militante, j’étais déléguée à Limeil Brévannes, on nous prenait pour des utopistes. Puis on nous a dit « la crise est dernière nous ». C’est totalement faux, c’est l’Etat qui a renfloué els banques à hauteur de 450 milliards ! Le retrait du PSE de Philips, c’est un point d’appui pour le reste. On se retrouve autour de cette table, quelles que soient nos idées. Un seul slogan, le maintien des emplois, à Philips comme partout il s’agit d’organiser le combat. On a su démontrer qu’on était aussi dessus des divergences. Ce qui est important dans cette décision de justice emblématique, c’est que c’est une obligation que Philips doit respecter. C’est la victoire d’un combat commun et uni. »
Georges Lemoine : « c’est la Défense du monde du travail contre le capital, nous ne devons pas l’oublier »
Gisèle Querité, conseillère régionale PCF : « Je me réjouis de la victoire des travailleurs de Philips, c’est la victoire de tous les drouais, c’est un début. Nous nous rassemblons pour construire quelque chose.Les licenciements c’est la violence . C’est la révolte, c’est la colère, c’est l’humiliation, Face à cela on peut témoigner de sa solidarité, assurer le soutien, le respect pour le travail accompli, cela va apporter un peu de réconfort, mais qu’est-ce que cela va changer ? est-ce cela le rôle de l’élu ? Je ne pense pas qu’on puisse aménager le libéralisme, ni s’accommoder de l’équipe en place, pour qui la vie des gens n’a aucune importance.Des choix politiques sont fait pour plus d’argent en bourse et cela bien avant la crise de maintenant, des milliers d’emplois ont disparu, il n’y a aucun espoir pour les jeunes. Des milliards ont été donnés aux banques sans contreparties, il y a le démantèlement des services publics et on ne peut rien faire pour les chômeurs ? Les « fin de droits » , c’est tellement parlant. Il faut avec le nouveau conseil régional montrer l’utilité de l’interdiction des licenciements pour les entreprises qui font des bénéfices, se regrouper pour faire reculer le gouvernement sur la réforme territoriale. Pour faire face, il faut la résistance, il faut une autre utilisation de l’argent, sous le contrôle des citoyens, mettre en place des fonds régionaux, un moratoire sur les suppressions d’emplois et des tables rondes pour discuter, une conférence régionale réunissant les acteurs sociaux avec pour objectifs des créations d’emploi, la formation, c’est le pourquoi du front de gauche, nous avons besoin de prendre espoir, l’humain d’abord et pas la bourse. » Bernard Farion, socialiste, vice président de la région centre : « On nous dit souvent que la lutte des classes est dépassée, on voit bien que non. La lutte des travailleurs est toujours présente et en permanence il nous faut lutter. On ne connaît pas les responsables de ces entreprises, on voit des gens qui retransmettent des ordres qu’ils ont reçus. Dans ce qui s’est passé à Philips, aucune information aux familles, des lettres expéditives, la fermeture brutale, sans tenir compte des éléments humains. Il faut s’unir pour définir de nouvelles règles dans le droit du travail. Ce n’est qu’un début, il y a du chemin à faire pour trouver des voix acceptables pour la société. »
Karim Laanaya, Europe écologie : « J’avais préparé un texte : un peu ému et très heureux pour vous tous. Je disais à Chartres avec les syndicalistes présents, que la situation reflétait assez bien cette société sans limite, aggravée par les mesures gouvernementales. C’est une première victoire, une première en France, un exemple qui sert à mettre en garde les margoulins qui seraient tenter d’utiliser les mêmes méthodes que Philips. Je n’oublie pas que d’autres entreprises, Valeo à Nogent, … qui sont dans des situations difficiles. Il y a dans la salle diverses organisations. Dans la salle, il y a ceux qui veulent travailler dignement et qui se sont unis donner la main pour gagner ensemble. Cette première victoire en France doit mettre un coup d’arrêt à toutes ces dérives. »
Valentino Gambuto, secrétaire de la section PS de Dreux : « je veux féliciter ceux de Philips, qui y ont cru jusqu’au bout. Beaucoup ont douté, j’ai fait partie de ceux qui ont douté.Pourquoi les entreprises licencient ? Parce que leur motivation, c’est l’argent. A chaque fois qu’il y a un plan, cela permet aux entreprises de faire des bénéfices . Aujourd’hui faire un plan de licenciements cela rapporte. Aujourd’hui, c’est un mode de bonne gestion. Philips n’a pas anticipé. Sa responsabilité c’est anticiper les mouvements de l’industrie, et il n’a pas anticipé avec les salariés, pour leur formation. Il faut que les licenciements coûtent plus cher. Il y a un certain nombre de solution, on peut surtaxer les entreprises qui font des bénéfices. Les méthodes de voyou des actionnaires lèsent les entreprises, les PME . Philips et LG en ont profité pour aller monter en Pologne une usine. Les petites entreprises et les artisans, avec qui Philips soustraite en pâtissent, C’est en ce sens qu’il faut légiférer. »
1er NPA : MANU GEORGET : « je suis un peu crevé, il faut réfléchir. On nous conditionne à être des perdants. La victoire des Philips montre que quand on va jusqu’au bout on gagne, c’est un élan pour Total, pour nos services publics, nos services hospitalier. »
2ème NPA Agnès CUEILLE « je tiens à m’exprimer au nom de mes camarades. Nous sommes venus pour soutenir les Philips, et manifester notre solidarité avec les 212 qui continuent à être en lutte. On continuera à être avec eux, les vies des Philips valent plus que leurs profits. La semaine dernière la direction a franchi ce pas dans le plus grand cynisme et le plus grand mépris pour les empêcher d’accéder à leur poste de travail. Cette manœuvre de Philips visait à disperser les salariés, tout faire que les salariés se résignent. La lutte des Philips avait commencé à prendre une autre dimension, plus seulement en terme de prime de licenciement, il y a des ouvriers à Dreux qui veulent garder leur emploi, ils sont sortis de l’acceptation des licenciements. Il y a débat. D’autres expériences se sont passés autour de cela, c’est une lutte à caractère exemplaire qui tend à vouloir mettre un coup d’arrêt aux licenciements, cela s’est fait en Argentine. La justice a joué son rôle et on s’en félicite. Il y a une plus grande résonnance à l’interdiction des licenciements, il faut avancer vers une convergence des luttes appeler les salariés à rejoindre les positions de Philips dans un cadre de solidarité et démocratique, au delà des clivages privé public, démocratique parce pour que la convergence soit démocratique, les gens prennent en main leur destin, il faut que ce soit eux les acteurs de leur victoire, du maintien de leurs emplois. »
Laurent Bordeau , secrétaire départemental du Parti de gauche : « La commission européenne a donné des subventions à Philips pours’ installer en Pologne. Et le patron de Philips a dit : il n’y aura plus de travail à Dreux. Cette salle montre l’exemple d’une unité. Est-ce unité de façade ? Allons-nous prendre nos responsabilités comme les syndicats et els salariés ont pris leurs responsabilités ? J’espère qu’il y a aura un après Philips, une autre société. D’où notre présence ce soir, j’espère que le politique sera à la hauteur des attentes des salariés qui trop souvent ont vu que les politiques avaient des intérêts particuliers. En 2002 un homme a dit qu’il ne pouvait rien. En 2007 un autre a dit : je peux tout, il a menti ; Le premier c’est Jospin. Le politique a le pouvoir de faire quelque chose, d’arrêter ces multinationales. Il faut imposer la loi du peuple. Nous sommes en capacité de faire changer les choses. Nous sommes le peuple, il doit avoir le pouvoir absolu sur ce pays. »
Jeff HABIMANA , PCF de Dreux : « Je tiens à saluer l’engagement dans la lutte juste et noble menée par les travailleurs de chez Philips, une vraie lutte de classe. Tous les grands patrons sont ensemblee ? Alors ensemble nous avons le même combat contre ces bandits. Quelles solutions pour que ceux de Philips, de Total puissent travailler ? Il y en a eu des fermetures d’usines depuis ce gouvernement. L’ironie c’est que le peuple l’a élu pour être en sécurité. On pouvait souhaiter que ce gouvernement ait autant d’habilité pour sauver les travailleurs que pour sauver les banques. Les multinationales proposent des emplois à 450 euros en Hongrie. Mais les ouvriers hongrois ne sont pas nos ennemis. Ces bandits des entreprises sont des barbares. Ils ignorent nos besoins et nos souffrances, ils se foutent de nous. Nous sommes plus nombreux mais dominés parce que nous sommes divisés. Ne laissons pas filer cette expérience, nous devons être plus que jamais unis dans les luttes. La lutte des classes est omniprésente. Pour créer le rapport de force nous devons être organisés et complémentaires. L’unité dans les luttes, faire l’effort de surpasser les intérêts partisans au profit intérêt général, ensemble nous sommes forts et capables de faire plus que ce qui s’est fait là. »
G. Lemoine : « je passe la parole à Nicole Mas au nom du POI à l’origine de l’organisation de cette soirée. »
Nicole Mas, secrétaire du POI : Je salue la mobilisation unie qui a réuni à faire capoter le PSE à Philips, nous tous ici rassemblés victimes des plans destructeurs du gouvernement et de l’UE. Diminution de salaires de 10 à 20 %, diminution des pensions, report de l’âge de la retraite : c’est aujourd’hui en Grèce. Cela peut être la France demain si on ne stoppe pas.Quel est le deuxième budget de l’Etat : c’est la dette. 45 millions de dettes à rembourser ? Vis à vis de qui ? Comme l’a dit un Travailleur grec : « pas un centime de cette dette n’est passé dans mes poches. ». Les états se sont endettés pour rembourser les spéculateurs et mettre à genoux les salariés en détruisant leurs emplois, leurs salaires, leurs retraites. Voilà pourquoi il vient d’y avoir la fermeture de CODAPA, voilà pourquoi l’état refuse la nationalisation de groupe Philips. La nationalisation c’est la seule manière de garantir l’emploi. Voilà pourquoi le gouvernement veut baisser de 20 % les pensions. Cette dette n’est pas la nôtre. Annulation de tous les plans de licenciements. Ne touchez pas à nos retraites. Ce sont sur ces choses simples et évidentes que l’unité doit se réaliser. La direction s’est vantée d’avoir tenu16 réunions de dialogue social : mais pas plus avec une ou 16 réunions de dialogue social, on ne peut accepter un seul licenciement, une seule suppression d’emploi. De même pour les retraites, qui peut accepter qu’on puisse discuter d’un calendrier, de sa longueur, des dates des décisions ? Pourquoi reprendre cette rengaine « il faut une réforme », alors que la seule chose qui compte pour le gouvernement c’est de prélever 100 milliards sur le dos des travailleurs pour rembourser les banquiers. Ce qui vient de se produire à Philips n’est pas le produit du débat-consensus. C’est le produit du combat uni pour le retrait du plan, son annulation. Sur le mot d’ordre d’interdiction des licenciements, retrait du PSE sur Philips comme partout, comme pour les retraites, pour les 75% des 6 derniers mois dans le public, pour le retour aux 10 meilleurs années dans le privé, etc. nous pouvons nous rassembler. Il n’y a pas d’autre voie que s’unir pour interdire les licenciements,. Aucun consensus avec Sarkozy et les banquiers. C’est les travailleurs qu’il faut sauver, par les spéculateurs. Quelle que soient nos positions, ceux veulent adhérer au POI peuvent le faire d’ailleurs, nous pouvons poursuivre ensemble ce combat.
Evelyne Boullé, Syndicaliste CODAPA : « Le 19 février, Philips restera dans les mémoires. Le 19 janvier, le CODAPA a fermé ces portes, le 15 février, lundi dernier la liquidation a été prononcée. 216 salariés et 1000 personnes âgées sont concernés. le CODAPA est une association consacrée à la grande dépendance. Depuis le mois de mai elle est en redressement judiciaire, nous avons sollicité le Conseil Général pour nous défendre.216 salariés se sont sentis trahis et lâchés par les Conseillers Généraux qui nous ont placé au cœur des querelles politiques. Des salariés étaient en contrat précaire, avec un salaire dérisoire, on espérait une autre considération depuis 40 ans. Certaines personnes âgées demeurent sans aide, elles se retrouvent sans interlocuteurs. La prise en charge des plus fragiles va devenir objet de marchandisations. S’il y a applaudissements, qu’ils soient réservés à mes collègues du CODAPA . »
Stéphane Formery , syndicaliste Valéo : « A Valéo on a subi 2 PSE, on a perdu 300 personnes, sans compter les départ anticipés … On est passé de 1700 salariés à 543. Aujourd’hui on reprend de l’intérimaire ce qui en dit long sur ce qui se passe. On lutte pour essayer de savoir ce qu’ils veulent faire avec nous. Le site de 1700 salariés est vide aujourd’hui. On cherche les gens. Maintenant c’est du stockage. On a un droit d’alerte pour les sites de Nogent et Reims. Le combat de Philips va nous donner de l’aide. A Valéo on a aussi nos barbares. On va les calmer. Mais on a des grosses inquiétudes. Valéo détruit psychologiquement les gens. On discrédite les partenaires sociaux. C’est continuel. On en reparlera. Sur les 22 sites, ils veulent qu’on soit beaucoup moins fin 2010-11. »
Marie Madeleine Mialot vice présidente PS du Conseil Régional : « François Bonneau, Président de Région, m’a demandé d’être là. Nous sommes plusieurs, je suis socialiste. On est beaucoup ce soir. Nous nous battons quand des entreprises bafouent le droit du travail, nous sommes à chaque fois sollicités pour intervenir auprès du gouvernement, ou des patrons. Je vous lis la lettre de F Bonneau (lettre lu à Paris) : « nous nous opposons à tout licenciement, etc…). Nous nous engageons sans délai auprès d’ Estrosi (…) ». Nous sommes ravis, vous avez eu raison d’être exigeants, pour qu’il n’y ait pas de licenciement, nous nous battons sur ce terrain. Je suis venue saluer le combat des Philips, de leurs organisations, saluer le POI pour l’initiative du rassemblement de ce soir. Et je me fous que cette initiative ait lieu en période électorale, l’important c’est qu’elle ait lieu. »
Dominique Maillot au nom du comité pour l’unité pour l’interdiction des licenciements a conclu le meeting : « Le patron de Philips vient de publier un communiqué : « nous prenons acte de la décision du tribunal, Dès lundi la production reprendra ». Par delà la forme juridique, c’est de lutte de classe qu’il s’agit. Cela montre la capacité de la Classe Ouvrière à s’unir même si c’est au niveau d’une usine. Il y aura un après Philips. On ne peut accepter ce qui se passe en Grèce, comme on ne peut accepter ce qui se passe ici : 40 % de chômeurs de moins de 25 ans à Dreux, cela ne peut plus durer, c’est pour cela que nous avons constitué notre comité. Militants et élus PC PS POI NPA LO FO, CGT… nous nous sommes retrouvés à Limeil-Brévannes en décembre 2008 et on a décidé de mener campagne pour l’interdiction des licenciements. On pourrait dire que nous n’avons pas étés particulièrement entendus. Mais il n’est pas trop tard. Sarkozy cherche à débattre, cherche le consensus sur toutes les questions . Nous disons : Il n’y a aucune raison d’accepter le consensus dans les Etats généraux de l’Industrie comme il n’y a aucune raison d’accepter de discuter du calendrier de la soi-disant réforme des retraites ! Qu’on ne touche pas aux retraites, interdiction des licenciements, et c’est tout : c’est la base de l’unité. On a parlé des propositions de reclassement en Hongrie pour jouer sur le sensationnel. Cela fait partie des obligations de reclassement prévues par le code du travail. En fait Sarkozy veut casser le droit du travail. Il faut le dire clairement : ce qui est scandaleux ce n’est pas qu’un français soit envoyé en Hongrie toucher 450 euros, ce qui est scandaleux c’est qu’un travailleur hongrois touche 450 euros. La tribune de la conférence de Puteaux a pris la mesure de la gravité de la situation. Elle a mesuré l’appel à Total à la grève dans l’unité, grève pour le retrait du plan social à Dunkerque, et je salue l’appel de la CGT à la grève dans les sites pétroliers. C’est pourquoi elle a décidé de tenir une nouvelle réunion en juin . Que des centaines d’entreprises, de militants de toutes tendances, d’élus soient représentées pour l’unité pour interdiction des licenciements. C’est un véritable tsunami qu’ils nous préparent, les 450 OOO licenciements de 2009 risquent d’être dépassés ? Alors nous devons et nous allons prendre nos responsabilités. Pour l’Unité pour l’interdiction des licenciements, préparons la conférence du mois de juin, élus, militants de toutes tendances pour que ce qui s’est fait chez Philips puisse se faire au plan national. Quelle que soit vos appartenances ou idées politiques ou syndicales, vous pouvez rejoindre le comité pour l’interdiction des licenciements et demander les informations. Des feuilles d’inscription sont à remplir à la sortie.
message de
Sandra Renda,(avocate, militante engagée, membre du comité pour l’interdiction des licenciements ) aux lecteurs d’Informations Ouvrières
La décision du tribunal est un coup de massue judiciaire sur la tête de Philips, un signe fort pour toutes ces multinationales qui croient pouvoir licencier à la minute à l’américaine au mépris du droit du travail sans respecter la dignité des travailleurs.Au delà des principes, la décision de justice sanctionne le coup de force de Philips. Cette décision est le résultat de la détermination des salariés qui ne se sont jamais résignés avec leurs organisations syndicales et ont mené le combat pour le maintien de leur emploi. Ce meeting aujourd’hui montre que dans l’unité nous pouvons mettre fin au système capitaliste qui croît pouvoir être propriétaire de la vie des salariés comme de leurs propres usines. La véritable propriété c’est le travail fourni par tous ces travailleurs sans qui Philips ne serait rien. Ceux qui il y a un an et demi, lors de la conférence de Limeil-Brévannes, nous traitaient d’utopistes, se sont trompés. Nous étions visionnaires et lucides. A la tribune aujourd’hui du NPA à Europe Ecologie, il n’en manquait pas un. Pourquoi ce qui s’est passé aujourd’hui ne peut pas se produire demain ? Qui d’autre peut répondre à ce mot d’ordre Interdiction des licenciements, C’est l’unité de toute la classe ouvrière.