Critique des médias

Re: Critique des médias

Messagede Pïérô » 18 Juin 2014, 15:36

Grève à la SNCF : les usagers des médias pris en otage par les éditocrates

Plus de 10 ans après sa première publication, notre « lexique pour temps de grèves et de manifestations » est plus que jamais d’actualité. « Prises d’otage », « galère des usagers », « grogne syndicale », etc. La grève des cheminots, entamée mardi soir, signe le grand retour de la langue automatique d’un journalisme officiel plus ou moins ouvertement hostile aux mouvements sociaux.

... http://www.acrimed.org/article4378.html
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Re: Critique des médias

Messagede Pïérô » 26 Juin 2014, 09:30

Grève à la SNCF : déraillements médiatiques
http://www.acrimed.org/article4383.html

Epandage médiatique #5
Voici une cinquième vidéo de notre série Épandage médiatique, ayant pour titre « Clone Toujours »
Des fins limiers de France 2 et France 3, après un harassant travail d’investigation ramènent la même baballe : une bonne « cliente » victime des grèves, qui sait adapter sa « galère » aux impératifs d’objectivité journalistique.
à regarder : http://nada-info.fr/site/?p=233

La grève des cheminots expliquée par TF1
http://television.telerama.fr/televisio ... 2acuBob.99
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 24 Juil 2014, 11:36

Le quartier de La Villeneuve affronte France 2 au tribunal, suite
voir plus haut : viewtopic.php?f=70&t=6551&start=15#p154316

La Villeneuve déboutée, « Envoyé spécial » démasqué.
Ce que le procès contre France 2 a révélé

Le tribunal de Grenoble a débouté, le 26 juin dernier, l’association d’habitants du quartier de La Villeneuve qui avait déposé plainte pour diffamation contre France 2 après la diffusion du reportage « La Villeneuve : le rêve brisé » dans l’émission Envoyé spécial, en septembre 2013. Malgré la déception, le procès a toutefois rempli deux objectifs majeurs : médiatiser le point de vue de ces habitants mobilisés depuis 8 mois pour obtenir un droit de réponse, et mettre à jour le fonctionnement de l’univers journalistique qui a conduit à la production de ce reportage « stigmatisant », selon les propres termes du CSA.
... http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=3721
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 30 Sep 2014, 23:03

Éditocrates sous perfusion : une gabegie « oubliée » par les médias dominants

Nous publions, avec l’autorisation de son auteur et des éditions Libertalia (que nous remercions au passage), un extrait du récent livre de Sébastien Fontenelle, Éditocrates sous perfusion : les aides publiques à la presse, trente ans de gabegie. Cet ouvrage au vitriol, que l’on ne peut que recommander à nos lecteurs, s’attaque à une certaine presse qui, « dans le même temps qu’elle ensevelit l’État sous une avalanche d’exhortations à mieux maîtriser ses dépenses, [...] se gave de subventions étatiques ».
L’extrait qui suit constitue le chapitre XI du livre.

... http://www.acrimed.org/article4455.html
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 08 Oct 2014, 07:01

Critique des médias sur le web (juillet-août-septembre 2014)

N° 31 de notre sélection (exceptionnellement) trimestrielle d’articles de critique des médias parus sur le Web et disponibles gratuitement. Où l’on verra (entre autres) que la pratique du fact-checking semble enfin vouloir s’étendre aux bêtises des journalistes ; que certains regrettent Le Monde d’avant ; que les propriétaires de compétitions sportives auraient intérêt à se montrer plus souples avec leurs droits ; que (surprise !) le sexisme et l’islamophobie n’ont pas disparu ; que Le Grand Journal est devenu marxiste ; et que la précarité continue de menacer les journalistes…

... http://www.acrimed.org/article4461.html
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 23 Oct 2014, 08:32

Direct Matin traque les chômeurs à 7.000 euros mensuels

Par la voix du ministre de l’Économie Emmanuel Macron, le gouvernement Valls a proposé d’envisager une réforme de l’assurance-chômage. La plupart des grands médias se sont engouffrés dans la brèche en publiant divers articles et « enquêtes » sur Pôle Emploi et/ou sur la situation des chômeurs. Malheureusement, et même si certains journalistes ont tenté de faire au mieux leur travail, ces « enquêtes » sont souvent bâclées et victimes, semble-t-il, de certains préjugés en vogue quant aux chômeurs qui seraient trop et trop longtemps indemnisés. Le gratuit Direct Matin, propriété du groupe Bolloré, s’est ainsi signalé le 13 octobre, avec une « une » et un article « grand angle » dont la pauvreté n’a d’égal que le parti-pris.

... http://www.acrimed.org/article4468.html
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Re: Critique des médias

Messagede Banshee » 05 Nov 2014, 19:49

Bien entendu, je n'ai jamais eu l'idée de regarder l'émission de François Langlet, mais nous en avons là un résumé assez savoureux :

François Lenglet, l’éco pour les nuls (qui veulent le rester)

sm 26
"Si les abattoirs avaient des vitres, tout le monde deviendrait végétarien ! ", Paul McCartney
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Re: Critique des médias

Messagede Jawhar » 05 Nov 2014, 22:21

personnellement je suis plutôt Olivier Delamarche qui est loin d'être un gauchiste malgré son analyse des moutons du Marché

http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplaye ... elamarche/
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 30 Jan 2015, 01:12

Journée de la critique des médias

samedi 31 janvier

organisée par Acrimed


De 14h à 21h30, à La Java

Les assassinats récemment perpétrés à Paris sont des actes ignobles. L'attentat perpétré contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo est ignoble. Des journalistes assassinés et c'est la liberté de toute la presse qui est visée et, à travers elle, toutes les libertés. La liberté de l'information est en danger quand des fanatiques, des dictatures ou des régimes autoritaires s'en prennent à elle. Mais elle est n'est pas en bonne santé quand les médias sont livrés à des actionnaires qui laissent se développer un journalisme précaire et à bas coûts, quand les chefferies éditoriales, particulièrement dans les grands médias audiovisuels, se satisfont d'un pluralisme anémié, quand des gouvernements, en France même, placent les journalistes sur écoute, abandonnent la presse écrite à son marasme, le secteur public de l'audiovisuel à son sous-financement, les médias libres et alternatifs à des formes de mendicité. Devenus des « Charlie », des responsables politiques - ceux-là mêmes qui, habituellement, se désintéressent du pluralisme quand ils n'en sont pas les seuls bénéficiaires -, plaident pour l'impertinence et la diversité. Devenus des « Charlie », les patrons des médias dominants se sont déclarés garants d'une liberté de la presse qu'ils confisquent à leur profit. Nous ne sommes pas dupes :

La question des médias, c'est notre affaire !

1995 : La plupart des grands médias accusent de corporatisme et d'archaïsme le mouvement de grèves et de manifestations qui s'opposent au plan Juppé, visant (déjà...) à démanteler la Sécurité sociale. Ce fut une raison suffisante de fonder Acrimed.

2005 : La quasi-totalité des éditocrates et « experts » font campagne pour le « oui » au référendum pour un traité constitutionnel européen, décrétant que le « non » (qui l'emportera) est irrationnel et xénophobe. Ce fut l'une des raisons d'organiser, sur notre proposition, des États généraux pour le pluralisme en 2006.

2015 : La plupart des chiens de garde de l'ordre médiatique et social existant continuent d'aboyer contre tout discours remettant en cause les politiques néolibérales et le magistère que ces idéologues s'arrogent. C'est l'une des raisons d'organiser une journée de critique des médias. Mais ce n'est pas la seule.

1995-2015 : Deux décennies ont vu se succéder des gouvernements qui, sur la question des médias, ont laissé s'aggraver, quand ils ne les ont pas aggravées eux-mêmes, l'anémie du pluralisme et la précarité du journalisme, l'emprise du capital privé sur les médias et le recul du secteur public (ou sa soumission croissante aux logiques d'audimat). Des résistances se sont multipliées, des alternatives associatives ont vu le jour : ce fut sans le soutien de ces gouvernements, quand ce ne fut pas malgré eux ou contre eux. Au cours de ces deux décennies, des gouvernements prétendument progressistes sont parvenus à deux reprises au pouvoir : quand ils n'ont pas favorisé ce qu'ils prétendaient combattre, ils n'ont produit jusqu'à présent que quelques rustines !La situation de la grande presse écrite est dramatique. Dans la plupart des médias, qu'il s'agisse d'indépendance à l'égard des pouvoirs ou de pluralisme politique, la crise n'a en rien changé la donne : c'est aux mêmes prétendus experts économiques et aux mêmes journalistes dominants que l'on continue de demander des « diagnostics » et des « solutions », malgré leur faillite avérée. Difficile d'ailleurs de voir comment les choses pourraient changer puisque rien ne contraint au changement ceux qui tiennent les rênes des « grands » médias au nom de grands propriétaires ayant fait fortune dans le BTP (Bouygues), l'armement (Dassault, Lagardère), le luxe (Arnault) ou les télécommunications (Niel).

En outre, le gouvernement actuel ne fait même plus semblant de se préoccuper vraiment de la question des médias. Il est vrai que le candidat François Hollande avait peu promis. Mais il n'a à ce jour presque rien tenu.

Une réformette du CSA tient lieu de transformation de la régulation démocratique des médias.

L'appropriation des médias par des groupes qui dépendent des marchés publics est restée inchangée. La refonte des aides à la presse, timidement envisagée, a été reportée sine die. La loi sur le secret des sources, pourtant adoptée en commission, a disparu. Des propositions de lois, notamment sur le statut juridique des rédactions et sur le statut d'entreprise de presse sans but lucratif, ont été déposées ou pourraient l'être : il n'existe aucune certitude qu'elles soient effectivement discutées.

Les lois Loppsi et Hadopi sont, pour l'essentiel, toujours en vigueur. La financiarisation des entreprises médiatiques continue à faire des ravages, la précarité d'une grande partie des journalistes (notamment les jeunes) ne cesse de se développer, la distribution de la presse imprimée est déstabilisée, les concentrations et les instrumentalisations capitalistes des médias s'intensifient : sur tout cela le gouvernement est de marbre.

Mais, notamment pour obéir aux injonctions de l'Europe libérale, le statut de l'AFP est menacé et France

Télévisions risque en 2017 d'être privée du soutien du budget public, sans réelle compensation.

Dans tous les domaines, prolifèrent ainsi des informations aux yeux bandés : sur les mouvements sociaux, sur les questions économiques, les questions judiciaires et biens d'autres, la pluralité des opinions éditoriales est confisquée par des commentateurs multicartes et une minorité de prétendus experts qui sévissent dans tous les médias. Quant aux questions internationales...

Dans tous les médias (ou presque), travaillent des journalistes sous contraintes qui, quand ils ne sont pas des rouages n'aspirant qu'à servir, subissent des logiques mercantiles, des hiérarchies incontrôlées, l'extension de la précarité, des conditions de travail détériorées, des rédactions sans statut juridique, une protection dérisoire du secret des sources, etc.

Enfin, la plupart des grands médias sont des médias sous emprise : sous l'emprise des effets conjugués de la révolution numérique et de la contre-révolution néolibérale. Les espaces de liberté qu'ils concèdent sont fragiles : il faut les renforcer. Des médias alternatifs se multiplient, notamment sur Internet ; il faut les soutenir. Mais ces médias alternatifs, livrés à eux-mêmes, ne peuvent constituer en eux-mêmes une alternative aux médias qui touchent la majeure partie de la population.

Transformer les médias : une urgence démocratique, un combat politique !

Par temps de crise, la question des médias ne figure sans doute pas parmi les urgences économiques et sociales. Mais la crise n'aboutit pas seulement à une détérioration des conditions d'existence de la plupart d'entre nous : les politiques d'austérité qui, prétendant répondre à la crise, contribuent en réalité à aggraver ses conséquences, sont confortées par un intense travail sur l'opinion accompli en grande partie par les médias dominants.

Transformer les médias reste donc une urgence démocratique et un combat politique décisif. C'est pourquoi nous avons décidé d'organiser, pour la première fois (et sans doute pas la dernière...), une Journée de la critique des médias.

Parce que nous ne prétendons pas mener solitairement ce combat et que celui-ci doit mettre en mouvement associations, syndicats, médias critiques et forces politiques qui, dans les limites de leurs terrains d'intervention, partagent, ne serait-ce que partiellement, notre diagnostic et nos propositions, nous voulons faire de cette journée un moment de rencontre, de confrontation et de mobilisation.


Demandez le programme !

14h : Accueil en images, avec les « Epandages médiatiques » de Gilles Balbastre et de l'équipe de Nada... et ouverture de la journée

I. 14h30-16h30 : Table ronde suivie d'un débat

Des informations aux yeux bandés ? L'information c'est notre affaire !

Un échantillon national des informations et des débats à sens unique.

Avec les représentant·e·s d'Attac (Aurélie Trouvé), de Bastamag (Agnès Rousseaux), de Solidaires (Nathalie Bonnet de Sud Rail) et du Syndicat de la magistrature (Laurence Blisson).

16h30-17h :

Sur l'information internationale : extraits d'« Opération Correa », avec Pierre Carles

II. 17h-19h : Table ronde suivie d'un débat

Des journalistes sous contraintes ? Le journalisme, c'est notre affaire !

Vous avez dit « Indépendance » et « qualité » ? Des maux et des remèdes

Avec les représentant·e·s d'Acrimed (Mathias Reymond), de la Ligue des Droits de l'Homme, du SNJ (Dominique Pradalié) et du SNJ-CGT (Emmanuel Vire).

19h-20h : Pause apéritive et gustative...

... et la chronique de Didier Porte

III. 20h-21h30 :

Des médias sous emprises ? Transformer les médias, c'est notre affaire !

Avec Serge Halimi et Henri Maler.
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 26 Fév 2015, 14:50

Journée de la critique des médias :
« À quoi sert la critique des médias ? »


La première journée de la critique des médias, tenue le 31 janvier 2015, s’est achevée avec les interventions de Serge Halimi (« À quoi sert la critique des médias ? ») et d’Henri Maler (« Nous avons des propositions »). En attendant d’autres comptes rendus et d’autres textes, ainsi que la ou les vidéos de la rencontre, nous publions la contribution de Serge Halimi.


Un peu plus de quinze ans après la renaissance d’une critique radicale des médias, après des dizaines de livres, des documentaires à succès, des milliers de réunions publiques, on est en droit de se demander : à quoi a-t-elle servi, à quoi sert-elle ?

À quoi sert-elle quand cet exercice devient un genre tellement courant qu’il dispose dorénavant d’émissions attitrées dans nombre de médias ?

À quoi sert-elle quand n’importe quel moteur de recherche permet à quiconque le souhaite de dénicher des propos de journalistes qui l’indignent, pour s’en déclarer ensuite indigné sur son blog. Lequel n’est fréquenté que par des gens tout aussi indignés d’avance ?

À quoi sert-elle quand la défiance envers les médias est à la fois généralisée et souvent sans conséquence. Car le discours médiatique - sur les privilèges supposés des fonctionnaires, sur les dangers présentés comme imminents de la dette, etc. - demeure relayé au quart de tour, y compris par ceux qui prétendent qu’ils ne font pas confiance aux médias ?

À quoi sert la critique des médias quand des journalistes, qu’on entend et qu’on voit en permanence partout, prétendent qu’ils sont les Jean Moulin d’aujourd’hui, les bannis des ondes, les Zola réactualisant J’accuse, les victimes de la presse d’industrie et du politiquement correct ?

Enfin, à quoi sert la critique des médias quand elle est de plus en plus fréquemment dévoyée par des groupuscules paranoïaques, en général proches de l’extrême droite, qui cherchent à faire de cette critique l’outil de leurs théories du complot ?

Notre critique des médias devient alors pour eux un moyen de mettre en cause tout ce qu’ils appellent « la version officielle » des événements (guerre, attentats, massacres, etc.) chaque fois que cette prétendue « version officielle », qui est parfois aussi la relation objective et froide des faits, ne correspond pas à ce qui les arrange. Ce qui les arrange ? Un monde où tous les crimes sont toujours manigancés et commis par la CIA, Israël, les juifs, l’Empire, et en général les quatre à la fois. Avec, d’ailleurs, une efficacité telle qu’elle découragerait n’importe qui de combattre ces puissances diaboliques - capables de toujours tout prévoir et d’être toujours organisatrices de tout - autrement qu’en ricanant derrière son écran d’ordinateur qu’il n’est pas dupe.

Peut-être que sommes-nous victimes de notre succès : on a créé un terrain ; les autres ont découvert que ce terrain était fréquenté ; et chacun vient y jouer.

Autre hypothèse : nous ne sommes pas victimes de notre succès, mais avons perdu. D’une part, parce que la récupération d’une fraction de nos analyses nous a banalisés, et nos analyses avec. Mais aussi parce que, dans la réalité, peu de choses ont changé. L’espace des médias n’est guère plus démocratique qu’il y a quinze ans.

N’en soyons pas trop surpris. Les idées peuvent devenir des forces matérielles, mais encore faut-il qu’elles soient relayées au plan social et politique. Cela n’a pas été suffisamment le cas.

Certains des principaux aspects de notre critique - et c’était bien la nôtre pas celle des autres - sont désormais connus :
1. « Des capitalistes s’emparent de la presse ».
2. « Des rapports étroits existent entre hommes politiques, industriels et médias, qui ruinent le postulat selon lequel les médias seraient au service de l’information des citoyens ».
3. « La connivence, bien davantage que la concurrence ou l’émulation, marquent le monde du journalisme dominant, et le font ressembler à univers de cumulards interchangeables et inamovibles dans un espace socialement clos. » Le poids idéologique et la surface médiatique de ce journalisme dominant sont tels qu’ils nous font parfois oublier que l’univers social des médias est largement habité par des salariés précaires.

Ces critiques sont connues, et même archi-connues.

1. « Des capitalistes s’emparent de la presse ».

Oui, c’est connu mais cette connaissance n’a apparemment aucune conséquence. Ces dix dernières années, Libération puis Le Monde ont cessé d’appartenir à leurs journalistes et ils appartiennent dorénavant l’un et l’autre à un banquier et à un industriel des télécommunications. Edouard de Rothschild puis Patrick Drahi dans le premier cas, Matthieu Pigasse et Xavier Niel dans le second.

Désormais, tout candidat à la direction du Monde comme de Libération est d’abord désigné par le (ou les) propriétaires du titre. Ce n’était pas le cas il y a quinze ans. Ainsi, alors même que la critique radicale des médias se développait, le rôle des actionnaires s’est considérablement accru presque partout. Et celui des sociétés de rédacteurs s’est réduit d’autant.

Pour le dire autrement, la liste des maîtres de la presse parisienne épouse aujourd’hui plus étroitement qu’il y a quinze ans le classement des milliardaires français.
- Les Échos de Bernard Arnault (1re fortune française),
- Le Point de François Pinault (3e),
- Le Figaro de Serge Dassault (4e),
- Libération et L’Express de Patrick Drahi (6e),
- Le Monde et Le Nouvel Observateur de Xavier Niel (7e),
- Direct Matin et Canal Plus de Vincent Bolloré (10e).
Et je vous ai épargné Bouygues, Tapie, quelques autres.

Françoise Giroud l’écrivait déjà - en son temps :

Journaliste, je dépends de ceux qui possèdent les journaux. Attendre des représentants du capital qu’ils vous fournissent gracieusement des armes - c’est-à-dire en l’occurrence des journaux - pour s’élever contre une forme de société qui leur convient, et une morale qui est la leur, cela porte un nom : l’imbécillité. Mais la plupart de ceux qui travaillent dans les grands journaux sont, en gros, d’accord avec cette société et cette morale. Ils ne sont pas achetés ; ils sont acquis. La nuance est importante. Ceux qui ne sont pas achetés peuvent, en théorie, créer d’autres organes pour exprimer leurs vues. En pratique, les fonds nécessaires à la création d’une telle entreprise ne se trouvent pas dans les poches des révolutionnaires.

Sur tous ces plans, peu de choses ont changé.

Mais, depuis quinze ans, quelque chose d’autre s’est modifié. Les industriels et banquiers s’emparent de la presse même si ça ne leur rapporte plus rien. Et les journalistes sont d’autant moins en mesure de s’opposer à ces patrons et aventuriers que la presse va mal. Et que de très nombreux titres recherchent, désespérément, les rares actionnaires que la presse intéresse encore. Une presse qu’ils achètent à présent pour une fraction misérable du prix qu’ils auraient payé il y a quinze ans.

D’après ses propriétaires, Libération perdait l’année dernière chaque jour 22.000 euros, soit près de 16 % de son chiffre d’affaires. Serge Dassault aurait perdu avec Le Figaro 15 millions d’euros en moyenne par an depuis cinq ans. Bernard Arnault a accumulé plus de 30 millions de pertes depuis le rachat des Échos. Claude Perdriel tournait à 5 millions de déficit avant qu’il ne cède son Nouvel Observateur et Rue89 aux propriétaires du Monde qui, eux aussi, perdent de l’argent.

Pourquoi achètent-ils encore des titres de presse, quand ils savent que ça ne leur rapportera rien ?

Si Patrick Drahi, patron milliardaire de Numericable, a cependant décidé d’engloutir 14 millions d’euros dans le sauvetage de Libération, c’est qu’il en attend un autre retour sur investissement. Pour les géants de l’industrie du numérique, il s’agit d’acheter à bon prix des contenus pour leurs tuyaux. À terme, l’édition numérique de Libération pourrait, par exemple, devenir une prime offerte aux abonnés de Numéricable.

Mais ce n’est pas le seul motif.

« On y regarde à deux fois avant d’attaquer le patron d’un journal, rappelait Capital en août dernier. L’obscur boss de Numericable, Patrick Drahi, n’était qu’un "nobody" quand il est parti à l’assaut de SFR. Moyennant quoi, il fut attaqué sur tous les fronts : exil fiscal, holdings douteuses aux Bahamas, nationalité française incertaine... D’où Libération. Ce n’est pas TF1, bien sûr, mais l’effet dissuasif n’est pas nul. »

« Xavier Niel, poursuivait le même article de Capital, est, lui, passé du statut de pirate des télécoms à celui de membre de l’establishment depuis qu’il est devenu copropriétaire du Monde en 2010. Et cela à peu de frais : sa fortune varie chaque jour en Bourse de plus de 30 millions d’euros, la somme qu’il a investie dans le quotidien du soir. »

Les capitalistes s’emparent de la presse : la critique des médias l’a beaucoup expliqué. On le sait.

Et on sait aussi pourquoi ça continue. Que sait-on également ?

2. « Des rapports étroits existent entre politiques et médias »

Ces rapports, ce journalisme de révérence ont fait l’objet d’innombrables enquêtes et découvertes de notre part. Mais depuis Sarkozy, à quoi bon perdre encore son temps à décrypter quoi que ce soit ? Tout est devenu tellement aveuglant, il y a eu la soirée du Fouquet’s, quand les grands patrons qui sont aussi de gros patrons de presse - Dassault, Arnault, Pinault, Bolloré, Lagardère - furent ouvertement les piliers de la droite, de l’UMP, de Nicolas Sarkozy.

Que sait-on encore ?

3. « La connivence, plus que la concurrence ou l’émulation, marquent le monde du journalisme ».

Oui, on le sait, mais décidément rien n’y fait là non plus. Le Point, dont Giesbert est l’éditorialiste vedette, consacre une partie de sa Une au livre de Franz-Olivier Giesbert. Marianne, dont Jacques Julliard est éditorialiste, consacre un dossier ou un long article à chaque livre de Jacques Julliard. Eric Zemmour, éditorialiste au Figaro Magazine, fait la manchette du Figaro Magazine. BHL, Attali, Barbier, Joffrin, Elkabbach, paraissent insubmersibles.

Alors, bien sûr, on aimerait varier les cibles, décrire autre chose que :
- ce journalisme de révérence, ce journalisme de classe,
- ces médias de marché avec ces économistes à gages qui conseillent des banques, qui siègent dans leurs conseils d’administration,
- cette petite société de connivence qui occupe le devant de la scène et qui dissimule tout un univers de journalisme précaire.

Seulement voilà : nous ne sommes pas là pour la beauté de l’art, pour jouer les virtuoses. Nous menons un combat. Ils nous imposent toujours les mêmes : ce sont donc les mêmes qu’on doit cibler.

C’est comme la critique du capitalisme. On la connaît déjà. Faut-il cesser de l’exposer à ceux qui ne la connaîtraient pas ? À ceux qui n’étaient pas là quand déjà on avait tout dit ?

Nous sommes engagés dans la bataille des idées, nous faisons de la politique. Et nous ne pouvons donc avoir qu’une règle : ils continuent, alors on continue aussi.

La critique des médias est à la fois trop facile et elle n’est pas facile. Elle est trop facile pour les raisons que je viens d’évoquer : les mêmes font la même chose depuis parfois trente ou quarante ans. Mais elle est difficile aussi.

Elle est handicapée par une illusion : celle qu’elle ne serait plus nécessaire. Non pas qu’elle serait inutile, parce que, comme on l’a vu, tout recommence toujours avec les mêmes, ou d’autres identiques. Mais, nous dit-on souvent, parce que la critique des médias serait devenue superflue en raison des nouvelles technologies. Et des enclaves libérées que ces nouvelles technologies laisseraient apparaître. Ces enclaves donnent en effet le sentiment à ceux qui les fréquentent que tout a changé. Cependant même que, pour les autres, beaucoup plus nombreux, qui ne passent pas leur vie dans ces niches, sur ces blogs, ces forums, tout ou presque reste pareil.

Alors, la critique est-elle encore utile ? Internet ne permet-il pas, comme certains le croient ou le disent, de se dégager du paysage médiatique dont la nocivité serait par conséquent amoindrie, et la mise en cause moins nécessaire.

Oui, il y a Internet, les blogs que nous fréquentons, les sites dont on nous envoie les liens et qui nous font parfois croire que tout ce que nous savons est ouvert et utilisé par tous les autres. Et que donc le savoir critique, universel, a gagné. Jusqu’au jour où nous découvrons que nous ne sommes pas plus nombreux qu’avant à lire, mais autrement, ce que nous lisons, à partager les mêmes passions et obsessions. Jusqu’au jour où nous découvrons qu’en somme nous vivons toujours dans une bulle assez peu visitée. Jusqu’au jour où nous comprenons que Internet, qui est peut-être pour nous un instrument de savoir et d’émancipation, est pour d’autres, plus puissants que nous, un instrument de délation, de fichage, et une machine à vendre.

Mais peut être que, en définitive, le mieux pour échapper aux difficultés croisées de la récupération de notre travail par nos adversaires et de l’absence de résultat concret, visible, de notre critique, serait de sortir de ces problèmes par le haut. En formulant des propositions à la fois sérieuses et suffisamment radicales pour n’être pas récupérables.

Laissez-moi en rappeler une.

En décembre dernier, Pierre Rimbert a présenté dans les colonnes du « Diplo » un « Projet pour une presse libre » [1] C’est un outil pédagogique, précis, mais c’est aussi un instrument de mobilisation politique. Pédagogique et précis parce qu’il s’appuie sur des dispositifs juridiques et institutionnels qui existent déjà.

1. La séparation entre presse d’intérêt général et presse récréative ou professionnelle comme critère d’allocation d’aide de la collectivité. Cette séparation figure dans les premiers textes sur les tarifs postaux préférentiels de 1796 et court jusqu’à l’article 39 bis A du code actuel des impôts. Cette distinction est au cœur des Ordonnances de 1944.
2. La création d’un service mutualisé d’infrastructures de l’information pour la presse imprimée et en ligne. La mutualisation des infrastructures fonde les messageries de presse.
3. Le financement de l’ensemble par une cotisation information. La cotisation, c’est le principe de la sécurité sociale (pour la santé et la retraite).

Le Projet pour une presse libre se contente de radicaliser ces principes pour en faire les points d’appui d’une stratégie de réappropriation démocratique de la presse. Le contexte d’effondrement du système de la presse rend ces mesures plus audibles qu’il y a quinze ans.

« Il y a plus de terre promise que de terrain gagné », écrivait Victor Hugo à propos de la Révolution française. Mais le terrain que nous avons gagné, nous pouvons aussi le mesurer.

Depuis quinze ans, la critique radicale des médias a été une composante essentielle des grandes batailles progressistes :
- sociales, comme au moment des grandes grèves de défense de la sécurité sociale et des mobilisations contre la précarité et le CPE en 2006 ;
- diplomatiques, comme au moment de notre engagement contre les guerres du Kosovo, d’Afghanistan, d’Irak ;
- électorale, puisqu’au fil des scrutins présidentiels, sans doute un peu grâce à nous, le nombre de candidats mettant en cause la partialité des médias n’a cessé de croître.
- Sans oublier ce grand moment du référendum sur le TCE, où notre travail a joué un rôle non négligeable dans la victoire du « non ».

Nous avons amoindri le prestige, le crédit et le pouvoir de nuisance des grands médias. Mais la structure économique et sociale qui les conforte demeure en place. Il ne dépend pas seulement de nous qu’elle vacille, nous le savons. Mais nous escomptons qu’elle recevra ses prochains coups en Grèce, en Espagne, ailleurs. Et là encore, nous serons du bon côté. Car nous sommes ici ce soir. Mais nous étions en Grèce dimanche dernier, et à Madrid tout à l’heure quand s’est rassemblée une foule immense, drapeaux grecs et républicains espagnols mêlés, pour réclamer la fin des politiques d’austérité européennes.

Leur combat est le nôtre. Et, désormais, nous sommes prêts.

Serge Halimi


Notes
[1] Pierre Rimbert, « Projet pour une presse libre » http://www.monde-diplomatique.fr/2014/12/RIMBERT/51030, décembre 2014.

http://www.acrimed.org/article4566.html
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Re: Critique des médias

Messagede Béatrice » 28 Fév 2015, 18:51

jeudi 5 mars 2015 à MARSEILLE 19 h à Équitable Café, 54 cours julien, 13006

Quadrature du Net
1er Quadr’apéro à Marseille. Mais où est Charlie ?

Quadr’apéro mais quésaco ?

Ce n’est ni un apéro pour quadragénaires ni une rosalie pour prendre l’apéritif. Et bien que l’apéro à Marseille, sans être chauvin on connaît bien, en revanche la Quadrature du Net laisse plus d’un marseillais dubitatif.

Il se cache pourtant derrière ce nom une association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet qui prône notamment la libre circulation de la connaissance et la liberté d’expression. Pourtant cette liberté a été bien mis à mal ce 7 janvier dernier. Et quelle a été la réaction du gouvernement à cette atteinte à la liberté d’expression alors que toute une France descendait dans la rue pour la défendre ? Où en est la censure et la liberté des journalistes ? Et le respect de nos vie privées ? Où es-tu esprit de Charlie ?

C’est ce que la Quadrature du Net et son Quadr’apéro vous invite, entres autres et entre potes, à découvrir en venant partager un sirop de méditerranée ou une bière artisanale de la Drôme ce jeudi 5 mars à 19h00 à l’équitable café 54, cours Julien à Marseille.

Quadr’Aïoli !

Plus d’infos :

http://www.laquadrature.net/fr/lettre-o ... rlie-hebdo

http://www.laquadrature.net/fr/qui-sommes-nous

http://www.lemonde.fr/pixels/article/20 ... 08996.html

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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 06 Mar 2015, 12:14

Médias : le peuple n’est pas condamné à TF1

Peut-on inventer des médias alternatifs, de gauche et populaires ? C’est la question que pose, à l’appui d’exemples historiques, le sociologue Vincent Goulet dans son ouvrage Médias : le peuple n’est pas condamné à TF1, sur lequel il revient dans un texte pour Mediapart…

http://blogs.mediapart.fr/edition/petit ... ndamne-tf1
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Re: Critique des médias

Messagede Béatrice » 08 Mar 2015, 19:27

mardi 10 mars 2015 à MARSEILLE à 19 h 30 à l' Équitable Café, 54 cours Julien, 13006

Décortiquer le JT avec Acrimed
Autour du 20 heures
Équitable Café

Première Soirée avec ACtion CRItique MEDias , « La critique des médias : Pour quoi faire ? »

Les médias font et défont les rois. Ils orchestrent les « come-back politiques » façonnent à leur convenance, tronquent et déforment le débat public. Ce constat peut être facilement partagé, mais une fois qu’il est posé, quelle action s’offre aux citoyens soucieux de faire vivre la démocratie ?

Pour en discuter et mieux connaître l’association ACRIMED, venez nous retrouver à L’Équitable Café avec Blaise Magnin, sociologue et membre d’ACRIMED.

Plus d’infos : http://equitablecafe.org/

Site internet : http://www.acrimed.org/

P.-S.
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 22 Mar 2015, 02:10

Journée de la critique des médias : Quels rapports des syndicalistes avec les médias ?

Lors de la première journée de la critique des médias, tenue le 31 janvier 2015, une table ronde - « Des informations aux yeux bandés ? L’information c’est notre affaire ! » - réunissait les représentantes d’Attac (Aurélie Trouvé), de Bastamag (Agnès Rousseaux), du Syndicat de la magistrature (Laurence Blisson) et de Solidaires (Nathalie Bonnet de Sud Rail). Nous publions ci-dessous la transcription de l’intervention orale de Nathalie Bonnet (Acrimed).

... http://www.acrimed.org/article4607.html
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 11 Avr 2015, 01:44

Quand l’Actu promeut le FN auprès des ados

Un an après une « Une » déjà controversée sur les cambriolages par des « voleurs des pays de l’Est », le quotidien destiné aux 13-17 ans frappe une nouvelle fois fort dans la promotion des idées d’extrême-droite.

... http://www.acrimed.org/article4628.html
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