Macron et les médias : comment la presse a renoncé à son rôle de contre-pouvoir
Pendant la campagne présidentielle 2017, Emmanuel Macron avait défrayé la chronique par la complaisance sans précédent des médias à son égard, confinant parfois à l’adoration. Très logiquement, une presse bouche bée d’admiration devant le candidat Macron n’est pas subitement devenue une presse violemment critique à l’égard du Président Macron, suite à son élection. Ce que l’on craignait s’est réalisé : la presse, qu’elle soit publique et privée, faillit à son rôle de contre-pouvoir. Elle accepte l’auto-censure, mais aussi une censure d’Etat qui croît de manière inquiétante depuis l’investiture d’Emmanuel Macron.
Une grande partie des titres de la presse privée sont détenus par des amis du pouvoir. S’ils se permettent de temps à autre d’émettre des critiques à l’égard du Président, ils ne se départissent jamais de leur admiration pour Emmanuel Macron. En juin, François Pinault, propriétaire du Point, avait déclaré dans un entretien au Monde que Macron, selon lui, « ne comprenait pas les petites gens » et qu’il craignait que le Président « mène la France vers un système qui oublie les plus modestes ». Le gouvernement n’a pas tardé à riposter par la voix de Benjamin Griveaux, pointant du doigt l’ironie de la situation : un magnat de la presse milliardaire, exilé fiscal, s’intéressait soudainement aux « petites gens ». François Pinault a alors très vite fait le choix de rétro-pédaler pour indiquer qu’il éprouvait une « grande admiration » à l’égard de l’action menée par Emmanuel Macron, regrettant la « polémique excessive » provoquée par ses propos.
Un petit couac finalement assez emblématique du compromis tacite qui lie pouvoir politique, grandes fortunes et détenteurs de titres de presse : on ne s’attaque pas entre nous.
La presse privée, quelque part entre Gala et la Pravda
Ce n’est certes pas dans le Point que l’on trouvera une contestation particulièrement vive du pouvoir et des politiques menées par Emmanuel Macron. Entre autres intellectuels de renom, Bernard-Henri Lévy y tient un bloc-note hebdomadaire, qui oscille entre le tract macroniste et l’homélie dirigée contre les « démagogues », les « populistes » et autres « factieux ».
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