Pour ma part, je considère aussi l'islam comme toute religion : je n'en pratique aucune. Je suis pour la remise en question de nos savoirs comme de nos croyances comme de nos pratiques. Toujours envisager le changement.
Chaque personne a son propre système de croyances, qui est censé évoluer au gré du vécu, tout comme nos savoirs et nos représentations. Certaines personnes semblent avoir décidé que leur système de croyance devrait rester fixe. Oû ça devient malsain, c'est quand :
- une personne essaie de transmettre son système de valeur (sa religion, par exemple), et insiste, voire fait pression, aboutit à des menaces,
- un système de croyance acquiert le primat, au détriment de tout le reste,
- un système de croyances nuit à la liberté (de pensée, d'expression, de l'erreur, de l'humour, d'être tel comme on est, de vivre comme on veut, etc.), à l'auto-détermination de chaque être vivant (pas seulement de notre espèce).
On peut considérer aussi la monnaie comme une religion dont le marché et la croissance seraient les dieux à vénérer.
Pour ce qui est du port du voile, je ne nie pas que, la plupart du temps qu'une femme porte un foulard autour de sa tête, elle le porte par pratique musulmane, mais la manière d'interpréter le port d'un foulard joue aussi son rôle, la manière dont est porté le foulard aussi. On peut aussi faire des recheches anthropologiques ou sociologiques sur
le port du voile. Voir aussi
ici.
Se prendre au voile n'est se prendre qu'à une matérialisation (non systématique ; ou à un rite) d'un système de croyances.
Ce que je remets en question, c'est surtout le - faux - besoin de cohabier uniquement avec des croyances communes ou rapprochées, en plus du - faux - besoin de transmettre (ou imposer) son système de croyances, quel qu'il soit.
De manière générale, universaliser quelque pensée ou quelque pratique (qu'il s'agisse de croyance, de monnaie, de droit ou de toute autre chose) empêche l'authenticité, le processus dialectique de l'erreur (dialogue entre moi et mon environnement), mais nuit à la liberté de ne pas adopter cette pensée ou cette pratique. Il n'y a pas qu'une manière de penser, de résoudre un problème, de s'adapter à une situation nouvelle, d'effectuer mentalement une multiplication, de composer un message. La diversité et le hasard ainsi que le savoir-faire me semblent être des piliers importants de la liberté : créer de la diversité. Mais aussi accepter la différence comme la similitude. On ne peut pas être libre si on ne développe pas des savoir-faire (pour entretenir l'autonomie, s'adapter à des situations imprévues), si on n'entretient/crée pas le hasard, si on n'accepte pas la différence comme la similitude (entretenir la diversité).
On ne peut pas être libre non plus si un sentiment nous submerge, comme notamment la haine, la rancune et la vengeance. En cela, le don et le pardon sont libérateurs. Ils nous libèrent d'un poids. Cherchons la sérénité.
Une fois que nous nous sentons libres, il s'agit d'entretenir et d'encourager cette liberté et cette sérénité, chez soi comme chez autrui, cet humour aussi.
Tout ce que je ne contrôle pas fait partie de mon hasard, donc de ma liberté. Tu fais partie de mon hasard. Je fais partie de ton hasard.
Le dialogue permet de vivre le hasard. [Bon, à force d'être répétitif, ce n'est plus vraiment du hasard... c'est prévisible.]
En résumé, il est malsain, pour soi comme pour autrui, d'accorder trop d'importance au système de croyance, tout comme à l'identité (vos "débats" français sur l'identité nationale
).
Avec le développement des outils de transports (transport des personnes ; développement des distances de transports et des vitesses de transport), il est compréhensible que les distance entre lieu de domicile et lieu de travail (et lieux de toute activité), et, ce faisant, que nous croisions plus de personnes, avec des vécus plus différents, plus diversifiés. Avec le développement des outils de communication (notamment le web : forums, zones de clavardages, blogs à commentaires, réseaux), il est compréhensible que nous y croisions plus de personnes, avec des vécus plus différents, plus diversifiés. Un défi, pas nouveau mais amplifié, est la cohabitation des différences ou de chercher quelles différences peuvent plus facilement cohabiter que d'autres, sans que la cohabitation ne devienne une homogénéisation, sans que s'y installe quelque forme de totalitarisme.
Remarquez que... la question de la cohabitation se pose déjà en simple colocation (d'étudiants). Est-ce qu'un fumeur qui mange beaucoup de viande et surfe beaucoup sur le web peut cohabiter avec une étudiante pas mal écologiste qui fait pas mal de sport, pas mal à cheval sur la santé, un étudiant musulman en sociologie et une féministe comme Simone de Beauvoir et passionnée de chimie autant que de violon ?
J'exagère un peu. Il y a déjà une certaine sélection du nouveau colocataire par les anciens.
On peut être ni ---phobe ni --phile. Je ne suis ni chimicophobe ni chimicophile, ni arachnophobe ni arachnophile.
En fait, selon comme on réagit un phénomène, on risque de le provoquer. C'est notamment le cas avec les stéréotypes (le plus connu et efficient est celui des bêtes blondes). Insister sur le fait que telle blonde n'est pas bête renforce aussi le stéréotype. Un meilleur moyen est de ne pas utiliser les mots trop souvent (ou de les utiliser de manière diversifiée, originale). Quand je croise une personne dans la rue, je ne sais quasi rien d'elle. Je ne sais pas si elle est musulmane, je ne sais pas si elle est électricienne, je ne sais pas si elle boit du vin parfois, je ne sais pas si elle aime parler suisse-allemand, je ne sais pas si elle est anarchiste. Je sais très peu d'elle finalement. Si je veux la connaître, je vais discuter avec elle.
Nous sommes libres. Wir sind frei. We are free. Somos libres. Siamo liberi.