islamophobie ?

Re: islamophobie ?

Messagede ivo » 20 Fév 2013, 20:04

Les actes antisémites et islamophobes en très forte hausse en 2012
fr info
Le Service de protection de la communauté juive publie ce mercredi un rapport pointant du doigt une augmentation de 58% des actes antisémites en 2012. Une hausse liée notamment aux attentats qui ont touché la communauté juive en France l'an dernier, à Toulouse et Sarcelles. Le collectif contre l'islamophobie en France, de son côté, recense une augmentation de 25% des agressions. Des violences verbales ou physiques dirigées surtout contre les femmes.

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Les tags antisémites figurent parmi les actes les plus nombreux (ici à Melun en 2010) © Maxppp

En 2012, la communauté juive a été la cible de 614 actes d'agression, à la fois physiques (violences, dégradations) ou verbales (insultes, tracts). Une explosion par rapport à 2011, où le Service de protection de la communauté juive (SPCJ) avait noté 389 actes antisémites. Soit une augmentation de 58%, selon un rapport publié ce mercredi, qui doit être remis à Jean-Marc Ayrault.

>> Lire l'intégralité du rapport (PDF)
http://dl.antisemitisme.org/RAPPORT%202012.pdf

Selon le rapport, ces 614 actes antisémites se décomposent en 177 actions et 437 menaces. Le SPCJ note également que 55% des violences racistes commises en France en 2012, étaient dirigées contre des juifs. "Depuis 13 ans les actes antisémites ont explosé : des Français, parce qu'ils sont juifs, doivent être gardés quand ils vont étudier, se rassembler ou prier", souligne Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

Les attentats de Toulouse et Sarcelles suivis d'une augmentation des violences

Le SPCJ émet l'hypothèse que cette hausse puisse être liée aux deux attentats qui ont touché la communauté juive en 2012 : le meurtre de quatre personnes – dont trois enfants – devant l'école juive Ozar Hatorah de Toulouse par Mohamed Merah ; et une attaque à l'engin explosif dans un supermarché casher de Sarcelles (Seine Saint Denis) en septembre.

"Loin de susciter une prise de conscience, [ces attentats] ont été suivis d'une augmentation très marquée des actes antisémites", note le rapport. Ainsi, après l'attentat de Toulouse, le SPCJ dénombre 90 actes antisémites commis en dix jours. Il en compte 28, dans les huit jours qui ont suivi l'attaque de Sarcelles. "L'image de Merah en tant que modèle imité est malheureusement quelque chose qui existe" déplore Richard Prasquier du Crif :

Richard Prasquier : "A la suite des attentats, il y a eu des pics d'augmentation"

Les chiffres de 2012 sont moins élevés que ceux pour l'année 2009, l'année qui suivait l'attaque israélienne de la bande de Gaza. Quelque 832 actes antisémites avaient alors été enregistrés en un an.

Le SPCJ précise toutefois que toutes les victimes ne portent pas plainte, et que le bilan est donc "en-deçà" de la réalité.

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Les actes islamophobes en hausse de 25%

Les actes dirigés contre les musulmans sont aussi en très forte hausse, selon le Collectif contre l'islamophobie en France. Le CCIF a recensé 369 actes islamophobes, dirigés contre des individus ou des institutions, contre 298 en 2011. Soit une augmentation de 25%.

Une constante dans les actes islamophobes : les femmes en sont les principales victimes. Parmi les cas d'agressions visant des individus, 87% ciblent des femmes. Les femmes voilées sont la première cible des agressions physiques, à 76%.

Pour Pierre Mairat, co-président du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, ces chiffres témoignent de la réalité du racisme en France ; d'autant plus, selon lui, que les autres communautés sont elles aussi très touchées.

"Il faut dénoncer la libéralisation de l'expression raciste dans le politique"- L'analyse de Pierre Mairat, co-président du MRAP

commencent à me peter les couilles serieux avec leurs religiocommunautarismes de TOUS bords........ quand TT LE MONDE jette de l'huile sur le feu on entend personne là sur la republique laique ????????????????
et donc >>> 5 commentaires sur 6:
C'est pas bien ! combien d'actes "christanophobes" ? Ou est-ce impolitique correct d'oser même soulever la question ?

Et côté des aces anti-chrétiens, pas de chiffres ?

Et les fausses agressions antisémites sont elles comptabilisées?

Pas besoin d'aller chercher bien loin pour savoir d'où ça vient. Mais le politiquement correct prend le dessus.

le Rapport n'est pas objectif la communauté Juive s'auto-note pourquoi ne pas faire appel a Veritas par exemple et je suis sur que les chiffres seront differents


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Re: islamophobie ?

Messagede Ian » 20 Fév 2013, 20:51

Sur les commentaires de ce genre d'articles, c'est utile d'avoir ça en tête, ça permet de comprendre...
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Re: islamophobie ?

Messagede Lila » 10 Juil 2016, 20:36

Sur l’idéologie anti-islamophobe

Sur l’idéologie anti-islamophobe

Ce texte entend répondre à ceux qui, parmi les communistes libertaires, sont engagés dans un combat contre « l’islamophobie » et, à ce titre, prétendent interdire toute critique de l’islam et promouvoir une théorie de la « race sociale », dans un climat pour le moins générateur de tensions, d’accusations de racisme, et même d’attaques caractérisées.

S’il date vraisemblablement du début du siècle dernier, c’est depuis peu que le terme « islamophobie » a fait une percée fulgurante comme appellation du racisme contre « les Arabes ». On passe ainsi du racisme anti-maghrébin à l’effroi ou l’horreur suscités par la religion des musulmans. Les immigrés et leurs descendants ne seraient plus rejetés pour des raisons « ethniques » mais pour leur appartenance supposée à une culture originelle identifiée à l’une de ses dimensions : la religion musulmane – qu’ils sont pourtant nombreux à ne pas pratiquer, et ceci même lorsqu’il leur arrive d’en conserver quelques traditions devenues coutumières.

Se joue là un tour de passe-passe qui assimile la « race » à la religion en tant que matrice culturelle. On est face à une « mystification conceptuelle (…), l’assignation de tout un pan d’individus, en fonction de leur origine ou de leur apparence physique, à la catégorie de « musulmans », permettant de faire taire toute critique de l’islam, parce que celle-ci ne rentrerait plus dans la critique des religions, mais directement dans le domaine du racisme »(1) . Si Claude Guillon voit du « mépris » dans cet « antiracisme des imbéciles » (2), nous y décelons surtout ce spectre qui hante la gauche : le tiers-mondisme, idéologie qui conduit à adopter de façon acritique le parti de « l’opprimé » contre celui de « l’oppresseur ». C’est ainsi que, pendant la guerre du Vietnam, dénoncer les Américains entraînait le soutien au Viet Minh et à la politique d’Ho Chi Minh, dont les comités Vietnam scandaient le nom et brandissaient le portrait à longueur de manif ; comme aujourd’hui, défendre les Kurdes peut impliquer de soutenir le PKK et de brandir le portrait d’Oçalan. Ce qu’il s’est passé pendant la guerre d’Algérie où ceux qui, voyant dans le « colonisé » l’exploité par excellence, ont soutenu inconditionnellement le FLN, s’est reproduit face à la révolution iranienne de 79 et chez les pro-Palestiniens. Le tiers-mondisme a ainsi abandonné petit à petit le prolétariat comme sujet révolutionnaire pour lui substituer le colonisé, puis l’immigré, puis les descendants d’immigrés… et enfin les croyants. Le tiers-mondisme originel avait promu le relativisme culturel, ses successeurs ont adopté le culturalisme, qui prétend expliquer les rapports sociaux par les différences culturelles. C’est dans les années 80, avec la grande manipulation de SOS Racisme, que ce glissement est devenu une doctrine qui donnera naissance à toutes les dérives actuelles, jusqu’à assigner une identité musulmane à tous les immigrés « arabes » et leurs descendants.

Devant le constat du glissement opéré au sein de toute une partie de la gauche vers l’idéologie culturaliste, il est intéressant de pointer que celle-ci est devenue, après 1968, l’angle d’attaque d’un courant d’extrême-droite : la Nouvelle droite. Son rejet de l’immigration ne repose plus sur un racisme biologique mais sur l’idée d’assignation identitaire, basée sur une vision figée des sociétés dans des traditions anciennes, et sur la nécessité, comme garantie de paix sociale, de conserver des cultures homogènes. Selon les élucubrations des néo-droitiers, pour qui les conflits sont ethno-culturels et pas de classes, les Maghrébins, par exemple, assignés à la culture musulmane, doivent en conséquence rester dans leur pays d’origine pour vivre leurs traditions entre eux ! Au passage, Alain de Benoist, chef de file de la Nouvelle droite, défend des luttes tiers-mondistes et anti-impérialistes, et nie le caractère raciste de sa « défense de l’identité européenne ». Cette évolution du discours raciste est à l’œuvre depuis quelques années au sein d’une autre formation d’extrême-droite, en quête de respectabilité, le Front national, qui reprend en partie la rhétorique de la Nouvelle droite : le problème ce n’est plus les « immigrés » mais les « musulmans ».

C’est ainsi que l’on en vient, de bords a priori radicalement opposés, à adopter un discours identitaire qui considère que tous ceux qui ont un lien d’origine ou familial avec l’un ou l’autre pays du Maghreb (ou d’autres pays « arabes ») doivent se considérer comme musulmans, sous l’appellation aberrante de « Français d’origine musulmane ». Alors que ce n’est pas en raison de la religion qu’ils pratiquent ou qu’on leur prête qu’ils sont discriminés mais parce que ce sont des travailleurs immigrés ou issus de familles ayant immigré. Ce n’est pas l’identité qui est en jeu mais l’appartenance de classe. Cette « origine musulmane », qui fait bondir les athées d’origine maghrébine, travestit un stigmate social en stigmate culturel. L’Etat et les media ne s’y trompent pas quand ils font du « musulman », forcément islamiste (et plus ou moins modéré ou radicalisé), la nouvelle caractérisation du membre de la classe dangereuse (3).

C’est sur ces bases que l’idéologie identitaire anti-islamophobe vient s’associer, notamment chez certains marxistes, à celle de la « race sociale », chimère universitaire d’importation récente, qui tente de plaquer ici le schéma racial et communautaire de la société américaine. Cette vision « racialiste » (4) qui prétend créer une nouvelle classe de « race » ne sert en réalité qu’à masquer, voire à nier, la réalité du rapport social capitaliste : l’exploitation des prolétaires, de tous les prolétaires, quels que soient leur origine, leur couleur de peau, leur religion et leurs us et coutumes personnels. La justification en serait que le racisme aurait été indispensable au développement capitaliste parce qu’il justifierait le colonialisme. En réalité, inférioriser l’opprimé a toujours été une stratégie de pouvoir qui s’applique à tous les opprimés quelle que soit leur supposée « race ». Maintenir dans leur condition les serfs, les paysans pauvres, les esclaves puis les ouvriers, passe notamment par les empêcher de s’exprimer et d’avoir accès à l’éducation, au prétexte qu’ils seraient trop bêtes et ignares pour cela, qu’ils appartiendraient à une catégorie inférieure. Rappelons que les Anglais ont durement colonisé et pillé les Irlandais et les Russes les Ukrainiens sans avoir besoin d’une telle justification. Et, dans leur ensemble, pillage et colonisation, tout comme l’exploitation proprement dite, n’ont pas besoin de quelconque excuse.

Et pourtant, le racisme existe bel et bien et le rejet du « musulman » pauvre et immigré est l’une de ses manifestations. Le discours du FN, du Bloc identitaire et de Pegida contre l’islam n’est que l’arbre qui cache la forêt : ce sont simplement des racistes qui veulent que les immigrés dégagent. L’argument culturel est sans doute plus respectable à leurs yeux que les vieilles lunes racistes basées sur des caractéristiques qui seraient innées (les Noirs sont comme ci, les Arabes comme ça…). Cette stratégie leur permet aussi de ratisser plus large, d’autant que ces mouvements exploitent à leurs fins racistes la montée réelle de l’islam radical. Si l’immigration est pour eux le fond du problème, ils se raccrochent à des arguments plus honorables tels que la défense de la laïcité ou le combat contre le sexisme. Mais, en réalité, que les immigrés (pauvres, bien sûr) soient ou non musulmans, ils sont toujours pour eux des indésirables.

Le racisme, comme la xénophobie, est un outil qu’utilisent les dominants contre les dominés. Ainsi, Fredy Perlman écrit : « les colons-envahisseurs d’Amérique du Nord avaient recours à un outil qui n’était pas, tel la guillotine, une nouvelle invention, mais qui était tout aussi mortel. Cet instrument sera plus tard nommé racisme et s’intègrera dans la pratique nationaliste (…). Les gens qui avaient abandonné leurs villages et leurs familles, qui étaient en train d’oublier leur langue et qui perdaient leur culture, qui étaient dépouillés de tout sauf de leur sociabilité, étaient manipulés afin de considérer la couleur de leur peau comme substitut à ce qu’ils avaient perdu » ; « le racisme avait été une arme parmi d’autres pour mobiliser les armées coloniales (….) et elle n’a pas supplanté les autres méthodes, elles les a plutôt complémentées » (5). Il s’agit de créer des catégories permettant de diviser pour prévenir ou écraser les rébellions et les luttes sociales. C’est ce qu’a fait, en Algérie, le gouvernement français en 1870, en octroyant par décret (la « loi Crémieux ») la nationalité française aux « indigènes israélites », les séparant arbitrairement des « indigènes musulmans ». L’appartenance « religieuse » a également été utilisée pour écraser les luttes sociales en ex-Yougoslavie avec la fabrication d’une « nationalité musulmane » inconnue, dressant les uns contre les autres des gens qui vivaient jusque-là tous ensemble.

Les divisions raciales deviennent, logiquement, particulièrement opérantes dans les périodes de crise où le revenu s’effondre et où l’emploi vient à manquer. C’est sur ce terrain que le FN parvient à conquérir les anciens bastions ouvriers de la gauche. Et, même à l’époque du plein-emploi, le pouvoir et ses media ont toujours plus ou moins entretenu la xénophobie, encourageant la stigmatisation successive de chacune des différentes vagues de travailleurs immigrés (les « Polaks », les « Macaronis », « les Portos », etc.). La grande différence était que, dans les unités de travail, la solidarité ouvrière prévalait sur les préjugés et que tout le monde travaillait et combattait au coude à coude. Mais c’était avant….

Quant au terme « islamophobie », le problème ne réside en réalité pas dans la notion elle-même mais dans l’usage qu’en font ceux qui la manipulent. On retrouve d’ailleurs les mêmes usages manipulatoires de la notion d’antisémitisme lorsque ce terme est donné pour un équivalent de l’antisionisme et achève sa course en « judéophobie », avec l’affirmation que la critique du sionisme ne peut qu’être une attitude raciste vis-à-vis des « juifs » et non une critique du caractère colonisateur de l’Etat confessionnel qu’est Israël.

L’islam politique vise, comme le dit Claude Guillon, à faire de « l’islamophobie une arme de guerre idéologique contre l’athéisme »(6) et, plus largement, un vecteur de propagande pour la religion musulmane. Les anti-islamophobes d’extrême gauche ont des positions pour le moins ambivalentes par rapport cet islam politique. Ils prétendent ainsi interdire toute critique de la religion musulmane donnée pour une pratique raciste, dans une posture moralisatrice révélatrice d’un manque d’analyse de l’évolution de l’islam politique dans le monde depuis la révolution iranienne de 1979. Quand ils n’en viennent pas à en nier l’existence même. Face au djihadisme, nos anti-islamophobes ne se laissent pas pour autant désarçonner. Après chaque attentat commis par les djihadistes en Europe (qui s’ajoute à la longue liste de leurs forfaits, notamment sur le continent africain et au Moyen-Orient), ils s’inquiètent surtout de la recrudescence d’« islamophobie » (et aussi, à juste titre, des politiques répressives) que cela risque d’entraîner et pointent comme seul responsable l’impérialisme occidental. Ainsi, selon eux, les attentats de Paris du 13 novembre 2015 ne seraient qu’une répercussion des guerres menées par l’Etat français en Irak, en Libye, au Mali… Les intérêts de ce dernier dans les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient et en Afrique sont évidents, mais insuffisants pour expliquer l’émergence et la persistance de l’Etat islamique (7) ou de Boko Haram. Ces discours permettent tant bien que mal aux anti-islamophobes de passer sous silence les implications réelles de l’islam radical dans les attentats, ici et ailleurs dans le monde, et de nier la capacité d’initiative de leurs auteurs, jusqu’à dédouaner les frères Kouachi ou Coulibaly parce qu’ils sont prolétaires et « issus de l’immigration ». On retrouve ici l’idéologie victimaire qui assigne non seulement des individus et des groupes à des identités (les femmes, les « racisés », etc.), mais aussi à des statuts figés de victimes et d’opprimés dont il ne faudrait pas critiquer les choix et les pratiques, même les plus réactionnaires. De telles postures idéologiques amènent à occulter le caractère contre-révolutionnaire de l’islam radical qui, depuis plusieurs années, connaît en Europe occidentale (sans oublier bien sûr le Maghreb et le Moyen-Orient) une progression, même s’il reste minoritaire par rapport à l’ensemble de la population qui se dit musulmane. Alors qu’il était marginal, voire quasi inexistant, l’islam radical, dont la forme la plus courante aujourd’hui est le salafisme, s’est largement répandu.

Pour ces gentils anti-islamophobes, il s’agirait tout bonnement de considérer la religion musulmane avec la plus grande bienveillance parce que ce serait la « religion des opprimés ». Ils semblent oublier que la fonction même de toute religion est le contrôle social et, en l’occurrence, l’islam politique ne cesse d’affirmer partout sa vocation à contrôler au plus près la société qu’il entend régir. Ainsi, le salafisme occupe suffisamment le terrain dans certains quartiers urbains pauvres pour pouvoir exercer un contrôle social : pendant les émeutes de 2005, les salafistes ont d’ailleurs tenté de ramener l’ordre dans certaines banlieues. L’évolution de cette tendance s’inscrit dans un contexte de crise économique, marquée par le développement du chômage de masse, d’attaques sur les salaires mais aussi de recul des politiques sociales de l’Etat. Pour les pallier, les salafistes ont su mettre en place des réseaux d’entraide économique, ce qui leur permet d’avoir une emprise sur les populations.

Ne pas perdre de vue ce rôle des religions nous semble indispensable. « Une religion est en effet un ensemble de croyances métaphysiques qui portent en elles des règles de vie bien précises, basées sur la tradition et la morale, auxquelles l’individu doit se soumettre. Il s’agit d’un rapport social, une forme de mise au pas de chaque individu et des masses dans leur ensemble. Elle recouvre en outre un rôle de justification du pouvoir, de garant de la tradition et de l’ordre établi, plus généralement d’une certaine « pacification » sociale. Cela à travers une interprétation organiciste de la société, une exaltation des hiérarchies, le refus de l’autonomie individuelle. Souvent la religion est aussi un moyen de diriger la conflictualité sociale vers des cibles fictives, ou de la brider en faisant miroiter un paradis futur. Le paradis, ce triste mensonge qui garantit la paix pour les puissants, ici et maintenant. En donnant un espoir dans la transcendance, la religion étouffe la plupart des poussées révolutionnaires des exploités ici-bas et maintenant. Le beau passage de Bakounine, “Si Dieu existait réellement, il faudrait le faire disparaître” pointe précisément le fond du problème de la religion : l’idée de divinité est la base conceptuelle de l’autorité et sa contrepartie, la foi, celle de l’acceptation de la servitude » (8).

Si la foi et les interrogations métaphysiques sont affaires personnelles et si l’on peut se trouver au coude à coude dans une lutte avec quelqu’un qui se dit croyant sans que cela pose problème, nous voulons pouvoir affirmer haut et fort que nous sommes athées. Affirmer notre athéisme et critiquer toutes les religions est indissociable de nos positions politiques et nous entendons librement pratiquer tant le blasphème que la dénonciation, au minimum, des pratiques religieuses et/ou coutumières coercitives, mutilantes ou humiliantes, ainsi que du statut inférieur assigné aux femmes par toutes les religions monothéistes (pour les autres, on verra une autre fois).

Enfin, précisons que, pour nous, il n’existe que deux classes, celle du capital et celle du travail. Même si, au sein de la classe exploitée, certains sont plus exploités que d’autres en raison de leur sexe et de leur origine, ils ne constituent pas une classe, ils en sont des segments créés par le pouvoir et les exploiteurs. La pensée bourgeoise, quel que soit son supposé bord politique, trouve là un moyen de diviser le prolétariat, de stimuler la concurrence entre les travailleurs et d’endiguer ainsi les luttes sociales. Parce que toute division de la classe du travail ne fait qu’affaiblir sa capacité de lutte et que la segmenter pour mieux la diviser permet à la classe du capital, particulièrement en période de crise, de jouer sur la concurrence de tous contre tous. Ce n’est pas par l’anti-racisme qu’on combat le racisme mais par la lutte des classes. Si l’on en est au point où « Penser avec la race devient un impératif incontournable » et que « tout refus de ce vocabulaire et de ce qu’il charrie sera systématiquement considéré comme de la dénégation, voire du déni, et tombera sous le coup du dispositif accusatoire » (9), cela ferait des racistes de ceux qui, comme nous, n’adhèrent pas à cette vision. Et ça nous semble un peu fort de café !

Mai 2016

Flora Grim et Alexandra Pinot-Noir

(1) Cassandre, Nos « révolutionnaires » sont des gens pieux, sur le blog de Ravage Editons, https://ravageeditions.noblogs.org/

(2) Claude Guillon, Et Dieu créa l’islamophobie, sur son « blogue généraliste » Lignes de Force : https://lignesdeforce.wordpress.com/

(3) Louis Chevallier, grand historien bourgeois néanmoins passionnant, « Classes laborieuses, classes dangereuses », Perrin

(4) Terme emprunté aux auteurs de « Tiens ça glisse », sur le blog http://racialisateursgohome.noblogs.org, qui nomment « racialisation toute analyse contribuant à développer ou à diffuser une théorie de la race »

(5) Fredy Perlman , L’Appel Constant du nationalisme in Anthologie de textes courts, Ravage Editions

(6) Claude Guillon, op. cit.

(7) Pour une analyse approfondie, voir P.J. Luizard, Le Piège Daech, La Découverte

(8) Cassandre, op. cit.

(9) « Tiens ça glisse », cf note 4

https://incendo.noblogs.org/post/2016/0 ... es-femmes/
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Re: islamophobie ?

Messagede bipbip » 17 Sep 2016, 11:08

Lutte contre le racisme et la xénophobie, lutte pour l’égalité des sexes : un même combat

Le gouvernement, la droite et l’extrême-droite sont lancés dans une surenchère sécuritaire et xénophobe, exploitant les craintes, le désarroi suscités par les attentats pour mieux diviser la population, les travailleur-se-s. Sarkozy, Fillon, Valls…, c’est à qui sera le plus décomplexé, surfant sur les psychoses, se drapant dans la « République », creusant le sillon du FN et de Le Pen. L’« affaire du burkini », son instrumentalisation, ont amplifié l’offensive xénophobe et encouragé la libération de la parole raciste contre les musulman-e-s et plus largement les immigré-e-s, en particulier originaires des pays arabes.

Le combat contre le poison mortel du racisme et de la xénophobie, armes des oppresseurs de tous pays et de toutes confessions, est central pour l’unité de notre classe. Ce combat est partie intégrante de la lutte pour l’égalité des droits, contre toutes les oppressions et stigmatisations. Il ne peut en particulier ignorer le combat féministe, pour l’égalité des sexes. Pourtant, lors de la condamnation des arrêtés anti-burkini, certain-e-s ont tu toute critique sur l’instrument d’oppression et de domination qu’est le burkini… Plus largement, certain-e-s au nom du combat antiraciste pensent nécessaire d’abdiquer, ou pour le moins de relativiser le combat pour l’égalité des sexes.

Ne pas faire de ces combats un même combat, internationaliste, paralyse et ouvre la porte à bien des dérives.Chaque jour, dans le monde entier, des femmes sont violées, vitriolées, excisées, violentées, meurent sous les coups de leur compagnon, subissent de multiples discriminations, sont enfermées, cachées, surveillées, humiliées parce que femmes. Elles sont les premières victimes de la crise, subissent de plein fouet l’exploitation, le chômage, la misère et sont en première ligne de l’offensive réactionnaire et de la remontée des préjugés sexistes.

La lutte contre l’oppression des femmes, pour l’égalité entre les sexes participe du même combat que la lutte contre la xénophobie et les discriminations liées à l’origine, la religion, la couleur de la peau. Ces combats sont partie prenante d’une même lutte pour l’émancipation et l’unité de notre camp social

Pas de hiérarchie dans la lutte contre les oppressions

En même temps que nous contestons les arrêtés anti-burkini et défendons le droit des femmes qui le portent à accéder à l’espace public et à la plage, nous ne pouvons pas taire ce qu’est le burkini, instrument de domination, que celles qui le portent le fassent par contrainte ou disent le faire par choix. On ne peut que regretter qu’une partie de ceux avec qui nous nous sommes retrouvés pour condamner ces arrêtés aient fait semblant de voir dans le burkini « un vêtement comme les autres » pour reprendre le titre d’un article d’Edwy Plenel.

Non, cette « tenue de bain » n’a rien d’un vêtement comme un autre… à part le fait que des multinationales à la Marks & Spencer y ont vu une marchandise à vendre. Le burkini n’a manifestement pas vocation à protéger les femmes du soleil, du sel ou du sable… mais à les « protéger » du regard des hommes. Une violence vis-à-vis des femmes que ces tenues enferment et réduisent à la condition d’objet sexuel, coupables de tenter les hommes si elles ne couvrent pas leurs chairs. Une violence qui atteint en miroir les hommes, les enfermant dans la condition de consommateurs sexuels.

Alors pourquoi cette hémiplégie, cet « oubli » d’une oppression pour en dénoncer une autre tout aussi insupportable ? L’égalité des sexes n’était pas le sujet ont expliqué certain-e-s, le sujet était le racisme, point. Crainte d’affaiblir le propos ? Mais bien au contraire, c’est le silence qui discrédite : on ne peut réellement combattre une oppression en faisant comme si on ne voyait pas celle d’à côté. Sans compter que c’était laisser les Sarkozy, Valls, Juppé, Macron and Co dénoncer « l’asservissement de la femme » (Valls) et les instrumentaliser pour mieux discriminer !

Antiracisme et féminisme, pour l’égalité des droits de toutes les femmes et tous les hommes

Certain-e-s, au sein d’une partie du mouvement antiraciste, vont plus loin et théorisent le fait que le prétendu féminisme « blanc » ne peut comprendre et porter les intérêts des femmes « non-blanches », « racisées »… Certaines se revendiquent d’un « féminisme islamique ». D’autres vont jusqu’à considérer le « féminisme français » raciste par essence puisque le fait de femmes issues d’un pays colonialiste…

Des conceptions qui utilisent, intériorisent les armes de nos adversaires, de tous les oppresseurs : enfermer chacun dans une catégorie, une patrie, une église, une ethnie, une « race »… Un repli communautariste lourd de danger pour les exploité-e-s.

Ce repli est théorisé par des mouvements tels que le Parti des Indigènes de la République. Une de ses fondatrices et porte-parole, Houria Bouteldja, estime dans un livre récent (Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l'amour révolutionnaire) que les femmes « racisées » n’ont pas à se révolter contre « leurs » hommes car ils sont sous la domination des « blancs » : « J’en viens à préférer les bons gros machos qui s’assument. Je vous le dis mes sœurs, il faut trancher dans le vif. Quand les hommes de chez nous se réforment sur injonction des blancs ce n’est pas bon pour nous ». Pour elle, « la critique radicale du patriarcat indigène est un luxe. Si un féminisme assumé devait voir le jour, il […] passera obligatoirement par une allégeance communautaire. Du moins aussi longtemps que le racisme existera » ou encore : « Mon corps ne m’appartient pas. Aucun magistère moral ne me fera endosser un mot d’ordre conçu par et pour des féministes blanches ».

Elle expliquait déjà il y a 10 ans dans la revue Contretemps (dans un entretien intitulé « féminisme et antiracisme » numéro 16, mai 2006) « il n’y a pas de féminisme universel »… « le féminisme français aurait beaucoup à gagner s’il commençait à se considérer comme un particularisme »…

Les droits auxquels peuvent prétendre les femmes ne seraient donc pas universels ? Droit de vote, indépendance juridique et économique, droit à la contraception, à l’avortement, au divorce, droit de choisir sa sexualité, droit de sortir seule dans la rue, de ne pas cacher son corps… ne vaudraient pas pour toutes les femmes ? Ne sont-ils pas bien au contraire des combats sans patrie ni frontière, sans couleur de peau, d’appartenance ethnique ou religieuse ? Il n’y a pas un féminisme blanc, noir, catholique, juif, hindou ou islamique, mais une lutte pour l’émancipation qui se mène dans des contextes différents, avec des histoires et des degrés d’oppression incontestablement différents, une lutte universelle pour l’émancipation qui doit faire face, sous toutes les latitudes et continents, aux pouvoirs en place et aux Eglises !

Le 8 mars 1979 à Téhéran, alors que Khomeiny venait d’être porté au pouvoir et appelait à porter le voile sur les lieux de travail, on pouvait lire dans le cortège de milliers de manifestantes iraniennes « La liberté n’est ni occidentale, ni orientale, elle est universelle ». Et des femmes meurent pour elle.

Nous ne sommes pas d’un côté des blanc-he-s coupables car issu-e-s de pays coloniaux et de l’autre des « racisé-e-s ». Nous refusons la violence de l’enfermement dans des cases qui visent à nous diviser, niant notre individualité, nous enjoignant de nous conformer à des catégories et intérêts supérieurs, famille, patrie… Nous sommes des militant-e-s de l’émancipation n’appartenant à aucun drapeau, aucune frontière, aucune église.

Nous combattons la xénophobie, les discriminations, la ségrégation… ce qui est bien au-delà de « l’islamophobie ». Ce mot passé dans le langage courant par facilité -ou adaptation aux pressions- est un piège car il renvoie en miroir à une possible islamophilie. Les deux nous sont étrangers, nous ne nous situons pas sur le terrain de la religion, l’islam pas plus qu’une autre. Nous combattons les préjugés et le racisme, dont celui qui vise les musulman-e-s ou prétendu-e-s tel-le-s. Un combat démocratique, qui rejoint l’ensemble des luttes d’émancipation, dans le respect de tou-te-s et de chacun-e-s, en unissant nos révoltes, en respectant et incluant nos différences.

Respect et émancipation ou condescendance ?

Respecter l’autre c’est appeler les choses par leur nom, ne pas considérer de façon condescendante qu’il y a une vérité pour les un-e-s et une autre pour d’autres. Et que celles qui portent le hidjab ou le burkini le fassent par contrainte ou par « choix » ne change rien à ce qu’ils représentent.

Voici ce qu’écrivait Simone de Beauvoir en 1949 sur les femmes et la liberté dans l’introduction à son ouvrage, Le deuxième sexe : « Si nous passons en revue quelques-uns des ouvrages consacrés à la femme, nous voyons qu’un des points de vue le plus souvent adopté, c’est celui du bien public, de l’intérêt général : en vérité, chacun entend par là l’intérêt de la société telle qu’il souhaite la maintenir ou l’établir. Nous estimons quant à nous qu’il n’y a pas d’autre bien public que celui qui assure le bien privé des citoyens ; c’est du point de vue des chances concrètes données aux individus que nous jugeons les institutions. Mais nous ne confondons pas non plus l’idée d’intérêt privé avec celle de bonheur : c’est là un autre point de vue qu’on rencontre fréquemment ; les femmes de harem ne sont-t-elles pas plus heureuses qu’une électrice ? La ménagère n’est-elle pas plus heureuse que l’ouvrière ? On ne sait trop ce que le mot bonheur signifie et encore moins quelles valeurs authentiques il recouvre ; il n’y a aucune possibilité de mesurer le bonheur d’autrui et il est toujours facile de déclarer heureuse la situation qu’on veut lui imposer : ceux qu’on condamne à la stagnation en particulier, on les déclare heureux sous prétexte que le bonheur est immobilité. C’est donc une notion à laquelle nous ne nous référons pas […] Tout sujet se pose concrètement à travers des projets comme une transcendance ; il n’accomplit sa liberté que par son perpétuel dépassement vers d’autres libertés ; il n’y a d’autre justification de l’existence présente que son expansion vers un avenir indéfiniment ouvert […] Ce qui définit d’une manière singulière la situation de la femme c’est que étant, comme tout être humain, une liberté autonome, elle se découvre et se choisit dans un monde où les hommes lui imposent de s’assumer comme l’Autre.[…] Comment dans la condition féminine peut s’accomplir un être humain ? Quelles voies lui sont ouvertes ? Lesquelles aboutissent à des impasses ? Comment retrouver l’indépendance au sein de la dépendance ? Quelles circonstances limitent la liberté de la femme et peut-elle les dépasser ? Ce sont là les questions fondamentales que nous voudrions élucider. C’est dire que nous intéressant aux chances de l’individu nous ne définirons pas ces chances en terme de bonheur, mais en termes de liberté ».

Nous nous battons pour l’accès de chacune et chacun à cette liberté. Nous portons un projet d’émancipation et sommes matérialistes, convaincu-e-s que l’émancipation ne peut qu’être l’œuvre des opprimé-e-s eux-mêmes, ici sur terre. Nous respectons les croyances, les choix de chacun-e mais n’abdiquons pas de nos convictions et militons contre toute forme d’oppression, contre tout ce qui vise à contrôler le corps et l’esprit, pour le progrès humain, la maitrise par chacun-e de sa propre vie, qui passe par la maîtrise de son corps, de sa sexualité.

La lutte contre le racisme, celle pour l’égalité des sexes, sont parties intégrantes d’un même combat pour l’unité et la solidarité de notre camp social, contre l’offensive réactionnaire qui vise à soumettre les opprimé-e-s, les diviser pour mieux imposer la domination d’une minorité de parasites. Elles sont intimement liées aux luttes sociales, à la lutte de classe quotidienne, par-delà les frontières, pour une société débarrassée de l’oppression, de l’exploitation.

Isabelle Ufferte

http://www.npa-dr.org/index.php/9-artic ... eme-combat
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