Surveillance généralisée, Big Brother

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 22 Fév 2011, 08:17

http://www.wk-rh.fr/actualites/detail/35688/surveillance-des-salaries-la-cnil-veille.html
http://www.wk-rh.fr/actualites/upload/s ... u-1477.pdf

La formation contentieuse de la CNIL a prononcé récemment plusieurs mises en demeure à l’encontre d’employeurs qui n’avaient pas respecté
leurs obligations en matière de biométrie, de géolocalisation et de vidéosurveillance.

Autorisations uniques non respectées, procédures mal déclarées, finalités imprécises : la mise en oeuvre de dispositifs de surveillance des salariés continue d’alimenter le flux des affaires soumises à la Commission nationale informatique et libertés (CNIL).

Depuis le mois de septembre 2010, un tiers de la trentaine d’affaires soumises à sa formation contentieuse ont porté sur l’utilisation par des employeurs de la vidéosurveillance, de la biométrie et de la géolocalisation.

Cette formation spécifique, composée de six membres, peut prononcer diverses mesures contre des employeurs qui ne respecteraient pas la loi informatique et libertés : mises en demeure, avertissements, injonctions de cesser le traitement, sanctions pécuniaires pouvant aller jusqu’à 300000 euros, etc. Dans les affaires en question, c’est la mise en demeure, qui précède les sanctions proprement dites, qui a été privilégiée.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 23 Fév 2011, 08:17

Cassidian vise le milliard d'euros dans la cybersécurité Par Yann Le Galès, Véronique Guillermard, 12/01/2011| Mise à jour : 15:47

La filiale défense d'EADS veut s'imposer face aux américains Northrop Grumann, General Dynamics et Symantec.

La scène se passe au Moyen Orient. L'alerte rouge se déclenche silencieusement sur le panneau de surveillance de la raffinerie. Le constat est sans appel : plusieurs valves de sécurité ont sauté. Il faut intervenir. «Mais vous faites exploser votre raffinerie si vous appliquez la procédure de sécurité. Car contrairement à ce qu'indique le panneau, les valves sont bien fermées. Nous en avons fait la démonstration récemment à un client potentiel en prenant le contrôle du système de sécurité d'une raffinerie », explique Hervé Guillou, président de Cassidian Systems, une des trois divisions de la filiale défense d'EADS.

Cette dernière s'est lancée voici dix huit mois sur le marché de la cybersécurité ou sécurité numérique. Car les entreprises sont de plus en plus vulnérables. Elles sont la cible d'attaques informatiques et de pirates. Des logiciels espions permettent de voler de l'information. Des programmes sont capables de détruire des informations. La Banque centrale de Russie fait l'objet de 3 000 tentatives par jour. Le sujet s'impose au plus haut niveau politique puisque la cybersécurité a été évoquée par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel lors du sommet franco-allemand le 10 décembre dernier.

«Nous avons regroupé toutes les compétences d'EADS en matière de cybersécurité dans un unique centre de compétences qui possède trois antennes en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne. Nous avons également une filiale aux Etats-Unis», poursuit Hervé Guillou. Cassidian Systems a également acquis en septembre dernier le cabinet de conseil britannique Regency qui a reçu l'agrément du ministère britannique de la défense.

Cassidian Systems vise 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon 2015-2020 contre 100 millions d'euros en 2010. Soit en comptant sur ses propres forces. Soit par acquisitions. Car le marché de la sécurité informatique qui représente plusieurs dizaines de milliards de dollars, est encore à défricher. Mais la concurrence est rude. Le groupe européen affronte aussi bien des sociétés spécialisées comme les français Arkoon et netAsq, de grands groupes comme Cap Gémini et les américains Northrop Grumann, Lockheed Martin, General Dynamics, Symantec ou MacAffee.

Les 400 collaborateurs spécialisés dans la cybersécurité de Cassidian Systems ont développé de nombreuses offres. Par exemple, « un cockpit sécurité » baptisé Cymerius qui protège les systèmes d'information embarqués de la Marine française et assure également la surveillance et la gestion des incidents de sécurité du ministre britannique de la Défense.

Ils ont mis au point un produit de simulation baptisé Hotsim pour la formation de personnels informatiques afin qu'ils soient capables de réagir en cas d'attaques informatiques. Depuis 2000, la filiale d'EADS forme depuis 2000 les militaires de l'US Air Force.

Alors que l'affaire Renault illustre avec éclat les risques d'espionnage économique auxquels sont confrontées les entreprises, la filiale du géant franco-allemand propose également une solution baptisée Moseo pour protéger les informations que contiennent les ordinateurs portables des cadres et des ingénieurs quand ils voyagent.

Cassidian Systems est aussi décidé à jouer les premiers rôles sur le marché de la protection des fichiers de la sécurité sociale, des impôts, ou encore de la police et du ministère de la Justice. «On assiste à une concentration de gros serveurs qu'il faut protéger», observe Hervé Guillon. L'entreprise espère bénéficier d'une partie de l'argent du grand emprunt pour développer de nouveaux produits. Elle a présenté plusieurs projets. L'Agence nationale de la recherche, le CNES ainsi que le CEA sélectionnent les élus.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 03 Mar 2011, 20:28

France: Archivages de toutes les données de toutes les connections

Un décret paru mardi 1er mars au Journal officiel impose aux hébergeurs et fournisseurs de services sur Internet de conserver pendant un an toute une série de données personnelles de l’internaute, comme ses codes confidentiels, ainsi que sa navigation sur le net... Ce décret pris dans le cadre de la loi du 21 juin 2004 "pour la confiance dans l’économie numérique" qui prévoit notamment que la police et gendarmerie nationale peuvent exiger ces données "afin de prévenir (...) les actes de terrorisme".

Pour chaque connexion de leurs abonnés, les hébergeurs doivent ainsi sauvegarder les informations fournies lors de la souscription d’un contrat par un utilisateur ou lors de la création d’un compte, à savoir les nom et prénom ou la raison sociale, les adresses postales associées, les pseudonymes utilisés, les adresses de courrier électronique ou de compte associées, les numéros de téléphone ou le mot de passe ainsi que les données permettant de le vérifier ou de le modifier. Plus généralement, les hébergeurs doivent garder l’identifiant de la connexion, l’identifiant du terminal utilisé pour la connexion, les dates et heures de début et de fin de la connexion ou encore les caractéristiques de la ligne de l’abonné.

Pour chaque action d’un internaute sur le net, la nature de l’opération doit être consignée par ces prestataires, qu’il s’agisse d’écrire un e-mail ou de télécharger une image ou une vidéo, ainsi que les date et heure. Lorsque la souscription du contrat ou du compte est payante, les hébergeurs et fournisseurs de services sur la Toile doivent également conserver le moyen de paiement, sa référence, son montant ainsi que la date et l’heure de la transaction.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 07 Mar 2011, 11:23

Désormais, c’est nous qui les surveillons. 11 janvier 2011

Chaque citoyen a le droit de circuler librement dans l’espace public, sans avoir à se soucier de savoir s’il est surveillé ou non. A la fin du XVIIIème siècle, le philosophe britannique Benthman théorisait dans son ouvrage Le Panoptique le sentiment « d’omniscience invisible », conséquence terrible et inéluctable de son architecture carcérale. Aujourd’hui, force est de constater que ce sentiment s’étend insidieusement à l’ensemble de notre espace public : rues, parcs, Net, services de transports… Rien ne semble pouvoir y échapper.
Nous sommes surveillés et nous n’en savons rien. Or, comme le disait Marx, la pire des servitudes c’est de ne pas savoir que nous sommes asservis.

Pire, ces surveillants cherchent à faire de nous leurs complices, à nous transformer en délateurs avides d’argent et de pouvoir. C’est en tout cas l’objectif à peine voilé de la société privée Internet Eyes qui propose à des citoyens de regarder les images prises par ses caméras de surveillance pour traquer d’éventuels délits moyennant rémunération. A quand l’extension de ce système aux caméras de surveillance publiques? Car ces systèmes, ignobles dans leurs principes mêmes, peuvent en plus se targuer de remettre en cause le fondement de l’Etat de droit, à savoir la remise du monopole de la violence physique et symbolique dans les mains de l’appareil étatique. Avec ces systèmes, c’est maintenant aux citoyens d’assurer cette tâche ingrate, et de devenir les premiers piliers de cette société de suspicion généralisée.

Nous ne supportons pas cette vision et nous jugeons nécessaire de lutter pour entraver sa marche en avant. C’est pourquoi nous avons décidé de retourner leurs propres armes contre ceux qui en abusent et ainsi de surveiller à notre tour la surveillance. Cela implique pour nous et pour vous d’identifier et de dénoncer les abus qui se multiplient dans nos sociétés. Mais surtout, afin de vous faire prendre conscience de la prolifération de ces caméras, nous vous invitons, au quotidien - comme de nombreux activistes - à les détecter et à les éviter. Ce n’est pas un jeu, c’est la réalité.

Le collectif Je vois \Tu vois\ Ils voient.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 09 Mar 2011, 11:08

Un collectif dit non au menu biométrique

BRIVE-LA-GAILLARDE

Le collectif Dépassons les bornes 19 s'insurge contre le projet du lycée d'Arsonval, à Brive, d'installer des bornes de reconnaissance du contour de la main à l'entrée du self à la prochaine rentrée scolaire.

Un projet qui n'a pas été, selon eux, présenté et débattu correctement. « Lors du vote en conseil d'administration le 9 novembre, les collègues ont été pris à froid. Ils n'étaient pas informés des enjeux de la biométrie », commence Jacques Bertrand, président de la FCPE Corrèze.

Des enjeux qui leur apparaissent justement d'une gravité extrême. Détournement du corps humain, fichage informatique, transmission abusive de fichiers personnels, stigmatisation des élèves refusant la biométrie... Le collectif a déposé, le 3 janvier, un recours gracieux auprès du président du conseil d'administration de d'Arsonval, lui demandant de revenir sur le vote. Il n'a pour l'heure reçu aucune réponse. Et Christian Mossler, de Sud Éducation Limousin, de conclure : « Renier à ce point le rôle éducatif du lycée, c'est très grave ! »

Le collectif organise une soirée-débat le jeudi 3 février, à 20 h 30, au centre culturel (av. Jean-Jaurès). Projection du documentaire Le temps des biomaîtres, d'Arte. Entrée libre. Tél. : 05.55.23.64.14.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 12 Mar 2011, 13:16

82% des organismes ne respectent pas la loi informatique et libertés

A l’occasion de la cinquième “journée internationale de la protection des données“, l’Association Française des Correspondants à la protection des Données à caractère Personnel (AFCDP) révèle que 82 % des entreprises et administrations ne respectent pas la loi informatique et libertés. 51% des organismes interrogés tentent certes de le faire, mais sans y parvenir, ou mal, et 31 % ne se donnent même pas la peine de s’y essayer.

La loi prévoit en effet que lorsque toute personne fichée a des droits (à l’information, d’accès, de rectification, d’opposition) afin de lui permettre de vérifier si elle est fichée, et de lui fournir, dixit la CNIL, “de solides garde-fous pour protéger les personnes des dangers liés aux fichiers et à l’exploitation de données personnelles“.

Pour la cinquième année, le monde entier fête la journée internationale de la protection des données, créée par le Conseil de l’Europe pour célébrer la signature, il y a 30 ans de cela exactement, de la Convention pour la protection des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel, dénommée «Convention 108», le seul instrument juridique contraignant sur le plan international“.

A cette occasion, l’Association Française des Correspondants à la protection des Données à caractère Personnel (AFCDP), représentative de la profession de Correspondant Informatique et Libertés (CIL), publie son second Index du Droit d’Accès aux données personnelles.

Pour cela, les élèves du Mastère Spécialisé « Informatique et libertés » de l’Institut Supérieur d’Electronique de Paris (ISEP) ont exercer leur droit d’accès par courrier papier auprès de 226 organismes “avec lesquels ils pensaient probable le fait que ceux-ci soient détenteurs de données personnelles les concernant et qui couvrent les différents aspects de la « vie quotidienne d’un citoyen » : emploi/formation, logement, banques/ assurances, commerce, santé, sociétés de l’information & de la communication, administrations…”

31% des organismes ne respectent pas nos “droits” informatique et libertés

31% de ces organismes n’ont pas pris la peine de répondre, ou l’ont fait au-delà des deux mois impartis par le cadre légal. Certains y mettent les formes, à l’instar de cette entreprise qui a répondu qu’elle jugeait la demande « abusive », avant d’affirmer qu’elle n’y donnera suite que « contrainte par le Procureur de la République »… alors qu’il s’agit bien là d’un « droit » reconnu par la loi à toute personne fichée.

Une clinique privée a, de son côté, répondu que « Pour le désarchivage de votre dossier médical, le coût est de 150 € par séjour dans notre établissement », alors même que, en vertu du droit d’accès, “toute personne peut prendre connaissance de l’intégralité des données la concernant et en obtenir une copie dont le coût ne peut dépasser celui de la reproduction” (voir le guide pratique de la CNIL).

De plus, le droit d’opposition autorise expressément toute personne à “s’opposer, pour des motifs légitimes, à figurer dans un fichier, sans avoir à se justifier” (hors fichiers fiscaux, policiers, sécurité sociale…).

Enfin, et en vertu du droit de rectification, “toute personne peut faire rectifier, compléter, actualiser, verrouiller ou effacer des informations qui la concernent lorsque ont été décelées des erreurs, des inexactitudes ou la présence de données dont la collecte, l’utilisation, la communication ou la conservation est interdite.”

L’AFCDP, qui s’étonne également de voir que “l’un des organismes contacté a envoyé un cadeau (de faible valeur) au demandeur, et qu’un étudiant a éprouvé la surprise de recevoir ses données personnelles de la part d’un voyagiste, en réponse à la demande faite auprès d’une société commercialisant des jeux vidéo“, a compilé plusieurs autres excuses ou motifs des refus avancés :

- « Tout ça, c’est du pipeau ! », réaction entendue au téléphone (Profession règlementée dans le domaine du Droit).
- « Vous devriez être flatté de figurer dans notre base de données ! » -

Collecte déloyale d’informations et refus de communication des informations détenues.

- « Ces informations sont confidentielles et sont stockées sur des serveurs sécurisés. Je n’y ai pas accès et c’est trop compliqué de demander à chaque service de donner les informations »

– Secteur Santé/Social.

- « Nous vous confirmons que nous avons bien vos données personnelles »

- Secteur Presse/Média

- « Il s’agit des données de l’entreprise, je n’ai pas le droit de vous les transmettre ».
- « Je tiens tout d’abord à vous rassurer quant au contenu de nos fichiers, ils ne comportent aucune données personnelles pris au sens étymologique du terme ».

En l’espèce, la CNIL rappelle qu’”une donnée personnelle est une information qui permet de vous identifier ou de vous reconnaître, directement ou indirectement :

Il peut s’agir d’un nom, prénom, date de naissance, adresse postale, adresse électronique, adresse IP d’un ordinateur, numéro de téléphone, numéro de carte de paiement, plaque d’immatriculation d’un véhicule, empreinte digitale, ADN, photo, numéro de sécurité sociale…

La moitié des réseaux sociaux ne respectent pas la loi Si “69% des entités sollicitées ont répondu dans les deux mois impartis par le cadre légal“, tous ne l’ont pas fait de la même manière, ni avec la même efficacité. L’AFCDP souligne ainsi que le taux de réponse est “très légèrement supérieur pour les organismes du secteur public (71%) par rapport aux entreprises du secteur privé“, mais que s’y distinguent par contre les “secteurs Banques/Activités de crédit, Santé et
Commerce/Grande distribution avec les meilleurs taux de réponse (respectivement 88, 84 et 79%), alors que les Réseaux sociaux obtiennent un score de 50%“.

Pour autant, souligne l’étude, “répondre dans les deux mois requis ne signifie pas que cette réponse soit conforme” :

Au total, seulement 26% des réponses reçues dans les délais ont été jugées satisfaisantes ou totalement satisfaisantes.
Ceci fait, qu’au total, moins de 18% des organismes sollicités ont fait une réponse conforme au droit.


L’AFCDP déplore entre autres le fait que certains ne vérifient même pas l’identité du demandeur, que d’autres collectent des “données non pertinentes (voire interdites)“, répondent de façon incomplète ou incompréhensible, confondent “droit d’accès” et “droit d’opposition“, ou pensent qu’ils ont le droit de conserver les données de façon illimitée, alors qu’en matière de durée de conservation des informations, les données personnelles soient avoir “une date de péremption (…) raisonnable en fonction de l’objectif du fichier“.

L’AFCDP, qui a découvert que “90% des organismes qui ne donnent aucune indication sur leur site pour permettre l’exercice du droit n’ont pas désigné de CIL“, constate ainsi “une claire différence quant à la conformité des réponses entre les organismes ayant désigné un CIL auprès de la CNIL et les autres” :

40% des réponses faites sous l’égide d’un Correspondant Informatique et Libertés sont jugées « totalement satisfaisantes » contre 22% pour les autres.

A l’inverse, 59% des réponses reçues par des organismes n’ayant pas désigné de CIL ont été jugées totalement insatisfaisantes.

Le gouvernement ne veut pas de correspondants informatique et libertés Alors que le gouvernement multiplie les attaques à l’encontre de la CNIL (voir Défenseur des droits: le gouvernement veut décapiter la CNIL et Le président de la CNIL sauve sa tête, et La CNIL dans le collimateur de la Cour des comptes), il serait peut-être bon, a contrario, de lui accorder plus de pouvoirs et de moyens afin que la loi informatique et libertés, votée en 1978, soit enfin appliquée.

Sans préjuger des suites du bras de fer engagé avec la CNIL, on peut présumer que le combat sera loin d’être gagné. En témoigne la réponse que vient de faire le ministère de la justice à Alex Türk, sénateur du Nord et président de la CNIL, qui lui demandait pourquoi le gouvernement ne souhaitait pas désigner de correspondant informatique et libertés dans les administrations et les ministères alors même que ce dispositif, non obligatoire mais introduit par le législateur en 2004 est fortement incité par la CNIL et que, fin 2009, “près de 6 000 organismes, majoritairement privés, ont désigné un correspondant” :

Alex Türk : Fin 2009, près de 6 000 organismes, majoritairement privés, ont désigné un correspondant. Certaines administrations ont également adopté ce dispositif : préfectures, collectivités locales, grandes écoles, direction générale du travail, etc.

Le correspondant informatique et libertés, interlocuteur privilégié de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), a pour mission de veiller à ce que l’organisme auquel il est attaché respecte la bonne application de la loi. En contrepartie, l’organisme est exonéré de toute obligation de déclaration de ses fichiers.
Or, le secrétaire d’État à la justice a expressément déclaré que « le Gouvernement n’entend pas désigner de correspondants dans les services déconcentrés de l’État ».
Il lui demande quels sont les motifs pour lesquels le Gouvernement ne souhaite pas mettre en œuvre un tel mécanisme créé par le législateur alors même que certaines administrations l’ont d’ores et déjà fait..

Réponse du Ministère de la justice : (…) Dans les services déconcentrés de l’État, dépourvus de la personnalité morale et placés sous l’autorité hiérarchique des ministres, (…) la mise en place de ces correspondants est au surplus malaisée au regard du principe de l’autorité hiérarchique ; en effet, le fait que le correspondant doive assurer d’une manière indépendante le respect des obligations prévues par la loi « Informatique et libertés » remet en cause l’exercice du contrôle par son supérieur hiérarchique.

Le Gouvernement ne peut ainsi qu’être défavorable à la désignation d’un correspondant à la protection des données dans ces services.

A défaut de rappeler aux organismes leurs devoirs, et aux citoyens leurs droits, la CNIL rend public ce jour une application iPhone “destinée à sensibiliser les jeunes et leur donner les bons réflexes pour contrôler leur image sur Internet“.

L’an passé, pour la 4e édition de cette journée, je m’étais étonné de cette sorte de fixette faite sur l’internet, comme si les questions de vie privée étaient ainsi “solubles” dans le www (voir Le monde entier enterre la vie privée).

En l’espèce, il y a pourtant fort à faire : la semaine prochaine, l’Assemblée discutera en effet, en deuxième lecture, d’une proposition de loi de simplification et d’amélioration de la qualité du droit qui, entre autres choses, veut consacrer un “principe général d’échanges d’informations entre administrations“, et donc revenir sur ce pour quoi la loi informatique et libertés avait précisément été adoptée (voir Safari et la (nouvelle) chasse aux Français).
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 17 Mar 2011, 00:41

Libertés individuelles en Europe : avis de grand froid

Actualités - Société - Posté on 01 fév 2011 at 1:35

Privacy International, l’Epic (Electronic Privacy Information Center) et le CMCS (Center for Media and Communications Studies), publient leur rapport sur l’état des libertés individuelles en Europe. L’élève le mieux noté est la Grèce ainsi que la moitié sud de Chypre. La Turquie, la Croatie, le Royaume Uni et l’Italie sont qualifiés de pays « à surveillance endémique » ou « généralisée ». La France, qui appartient au groupe de pays coupables de « manquements systématiques au respect des règles » écope de nombreux points noirs dans les domaines du respect du droit constitutionnel, de la préservation des données à caractère privé, de la rétention de données, de l’accès abusif des données par les organismes gouvernementaux, des informations financières, des agissements des services de renseignement… La longue liste de griefs dressée par les trois organismes pointe du doigt notamment les risques provoqués par le nouveau système d’identification du système de santé (le DMP) ou les violations du secret bancaire.

Si les positions de l’Epic sont souvent plus que radicales, voir outrancières, la présence temporisatrice de Privacy International et du CMCS ne parvient pas à masquer une nette progression, dans la quasi-totalité des pays européens, des dispositions légales limitant les libertés individuelles : contrôle des échanges internet et des communications privées, tant sur les canaux IP que via les réseaux de téléphonie mobile, accroissement des politiques de déploiement de vidéo surveillance etc. De manière générale, cela se traduit, commente Brian Honan, patron du Cert Irlandais, par un accroissement drastique des moyens de surveillance sur tout ce qui touche aux nouvelles technologies en général et aux TIC en particulier, sans pour autant que les politiques aient une idée précise de la manière dont elles sont consultées ou consultables.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 19 Mar 2011, 15:49

Un maire condamné pour avoir détourné les données du recensement 31 janvier 2011

A la suite d'un contrôle, la CNIL a découvert que le maire d'une commune avait utilisé les données issues du recensement pour créer illégalement un "fichier de population". Elle a saisi la justice, qui a condamné le maire pour collecte illicite de données et détournement de finalité.

Lors d'un contrôle, les services de la CNIL ont découvert que le maire avait fait photocopier par ses services les formulaires de recensement avant de les transmettre à l'INSEE. Ces photocopies ont ensuite été utilisées pour constituer un fichier informatique relativement complet au sujet des habitants de la commune.

La CNIL s'est immédiatement assurée de la "neutralisation" de ce fichier.

Par ailleurs, ces agissements constituant un délit de détournement de la finalité d'un fichier et de collecte illicite de données, la CNIL a saisi l'autorité judiciaire, qui a condamné le maire à une amende de 1 500€.

Les données de recensement ne doivent pas être utilisées à d'autres fins.

La CNIL rappelle que la participation des communes aux opérations de recensement se limite à la collecte des données et à leur transmission à l'INSEE dans les 10 jours suivant la clôture des opérations. Les communes ne doivent en aucun cas conserver ces informations et ce quel qu'en soit le support.

Le fait de constituer un "fichier de population" qui recenserait l'ensemble des administrés d'une commune est contraire à la loi "informatique et libertés" : tout traitement de données doit répondre à une finalité déterminée et légitime ;

Aucun fichier ne peut être mis en oeuvre à l'insu des personnes concernées. Les collectivités locales doivent nécessairement informer leurs administrés du traitement de leurs données et des droits dont ils disposent (droits d'accès, de rectification, de suppression et d'opposition).
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 23 Mar 2011, 01:23

Nouveau permis de conduire : Biométrie et restrictions pour tout le monde !

Une directive européenne oblige la France à mettre en place le permis de conduire biométrique en 2013. Résultat : Carte à puce et restrictions à la conduite au menu. Mauvais pour le moral des électeurs !

Le fichage des citoyens a t-il des limites ?

C'est la question qu'il faut se poser en lisant ce matin Le Figaro, qui nous explique que les français, vont recevoir, à partir de 2013, un nouveau permis de conduire. Ce, en application de la directive européenne du 21 décembre 2006 : " (...) la France se prépare à diffuser 40 millions de permis de conduire électroniques. Ils prendront la forme de cartes à puce semblables à des cartes bancaires, avec photo du titulaire gravée dans la masse, mais aussi enregistrée dans la puce, tout comme sa signature électronique. Éventuellement, pourront figurer ses empreintes digitales (...) "

C'est quoi la biométrie ?

C'est Linternaute qui nous en donne la définition " Analyse mathématique des caractéristiques biologiques d'une personne, destinée à déterminer son identité de manière irréfutable (...) Les empreintes digitales, et la gamme d'indices généralement visés par la biométrie, notamment l'iris, la rétine, la main et les empreintes vocales, offrent une preuve irréfutable de l'identité d'une personne puisqu'elles constituent des caractéristiques biologiques uniques qui distinguent une personne d'une autre et ne peuvent être associées qu'à une seule personne (...) "

Un truc pour les voyous direz-vous ! Et bien non, puisque pour ceux qui l'ignorent encore, cette technique est appliquée depuis 2008 aux passeports. En effet, c'est en avril 2008 qu'est paru : " le décret définissant le projet de futur passeport : il contiendra une puce lisible à distance (RFID) dans laquelle seront enregistrées une photo et les empreintes digitales numérisées de deux doigts du titulaire (parmi huit prélevées), toutes ces données étant centralisées au sein d'une base appelée TES (...) " - Rue89

TES qui est une base de données : " qui contient des données biométriques telles que l'image numérisée du visage et celle des empreintes digitales, conservées pour une durée limitée à dix ans pour les mineurs ou quinze ans pour les majeurs " - Source Assemblée Nationale lire aussi : " Le passeport biométrique, un prétexte au fichage" sur les Inrocks du 7/11/10

Ce qui n'est pas du tout neutre comme nous l'explique la CIMADE

(...) Malgré leur apparente neutralité, ces données (...) peuvent être détournées en vue d’une surveillance abusive des comportements (...) des expertises convergentes réalisées par des sociétés de sécurité informatique et par le groupe Fidis (Futur de l’identité dans la société de l’information) pour le compte de l’Union Européenne ont montré que la confidentialité des données transmises à partir des puces électroniques intégrées au passeport biométrique était illusoire (...) "

C'est donc après cette expérience "concluante" que nous devrions être munis de permis de conduire biométriques. Que dit Le Figaro de ce permis ?

" (...) dès le mois de janvier 2013 (...) La Direction de la modernisation de l'action territoriale (...) doit en assurer le respect scrupuleux. Coût de développement estimé : 40 millions d'euros. Coût de fonctionnement du système d'édition des titres : 20 millions supplémentaires par an (...) " Ce permis intégrera : " (...) un fichier sécurisé où ces protecteurs de l'identité conservent précieusement les éléments attestant que celui qui présentera ses papiers est bien celui qu'il prétend être (...) "

Est ce une obligation européenne ?

Non, c'est une possibilité offerte aux états, comme l'indique le journal officiel de l'Union Européenne (page 2 article 17)

" L'introduction d'un microprocesseur optionnel dans le nouveau modèle de permis de conduire sous forme de carte plastifiée devrait permettre aux États membres d'améliorer encore le niveau de protection contre la fraude. Les États membres devraient avoir la possibilité d'inclure des données nationales dans le microprocesseur à condition que cela n'interfère pas avec les données généralement accessibles (...) "

Toutefois, pas de panique puisque : " (...) la France a jusqu'à 2033 pour en purger le stock (...) "

Jusque là, il est toutefois judicieux de se demander :

Dans quels fichiers seront stockés ces données ?
Pour quelle durée ?
Avec quels autres fichiers ils seront croisés ?
Qui y aura accès ? et surtout
Quelle sera la quantité de données nationales inscrite sur la puce ?

Mais le plus gros morceau de cette "réforme" reste : La notion de validité du permis qui est inconnue en France.

En effet, en lisant le Journal Officiel de l'Union Européenne (page 7), on apprend que : " (...) À partir du 19 janvier 2013, les permis délivrés par les États membres pour les catégories AM, A1, A2, A, B, B1 et BE ont une validité administrative de dix ans. Un État membre peut décider que les permis qu'il délivre pour ces catégories ont une validité administrative pouvant aller jusqu'à quinze ans (...) "

Cette particularité semble intéresser les pouvoirs publics, qui y verrait un habile moyen, pour sanctionner ceratins comportements ou même affections de longue durée : (...) Les millions de Français qui roulent aujourd'hui n'ont jamais été soumis à un contrôle médical approprié.
Beaucoup ont des problèmes de vue mal corrigée, d'alcoolisme récurrent, de motricité, de surdité, d'appréciation des distances ou de temps de réaction, explique un expert médical dans une préfecture (...) " - Le Figaro

Et le texte de l'union européenne, notamment la partie réservée aux : " normes minimales concernant l'aptitude physique et mentale à la conduite d'un véhicule à moteur" devrait bien les y aider - Journal officiel de l'Union européenne (Page 30)

Seraient concernés :

Les diabétiques : " Le permis de conduire peut être délivré ou renouvelé à tout candidat ou conducteur atteint d'un diabète sucré, sous réserve d'un avis médical autorisé et d'un contrôle médical régulier approprié à chaque cas.

Les consommateurs de canabis ou utilisateurs de médicaments : Le permis de conduire ne doit être ni délivré ni renouvelé à tout candidat ou conducteur qui consomme régulièrement des substances psychotropes, quelle qu'en soit la forme, susceptibles de compromettre son aptitude à conduire sans danger, si la quantité absorbée est telle qu'elle exerce une influence néfaste sur la conduite. Il en est de même pour tout autre médicament ou association de médicaments qui exerce une influence sur l'aptitude à conduire.

Et enfin les transplantés : Le permis de conduire peut être délivré ou renouvelé à tout candidat ou conducteur ayant subi une transplantation d'organe ou un implant artificiel ayant une incidence sur l'aptitude à la conduite, sous réserve d'un avis médical autorisé et, si besoin est, d'un contrôle médical régulier.

Problème : L'application de cette directive sera forcément impopulaire et pourrait méconter beaucoup de conducteurs/électeurs. Et c'est exactement ce que le Président et sa majorité voudraient éviter. Mais, si l'on en croit Le Figaro : " (...) les mécanismes européens qui encadrent ce projet devraient obliger la France à fixer ses règles du jeu avant l'échéance présidentielle de 2012"

Comptons sur les services de communication de l'Elysée, de Matignon et des ministères concernés pour mettre le paquet, sur les "formidables avantages" que représentent le : " (...) lecteur de cartes (...) qui permettra de (...) consulter instantanément son nombre de points, avec un historique des pertes et des gains, et peut-être même les motifs des retraits (...) via Internet sur un niveau dédié du site du ministère de l'Intérieur (...) " Après tout, une fois réélus ...
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 23 Mar 2011, 20:51

Managers, espionnez vos salariés depuis votre smartphone

« 70% des dispositifs de vidéosurveillance que j'installe dans les entreprises sont utilisés pour surveiller les salariés. »

Ce constat de Léo Essuied, professionnel de la « vidéoprotection », fait froid dans le dos :

une simple déclaration auprès de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) suffit pour installer un dispositif de vidéosurveillance, avec enregistrement – sans, aucune démarche administrative n'est nécessaire ; on ne connaît pas le nombre de caméras installées dans les lieux privés – celles « autorisées », plus de 400 000 selon le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, le sont dans les lieux ouverts au public : administrations, gare et aéroports, voie publique, etc.
Grâce aux nouveaux systèmes de vidéosurveillance intégrant téléphones portables et webcams, de nombreux chefs d'entreprises se
transformeraient en Big Brother. Certains témoignages semblent d'ailleurs tout droit sortis du roman de George Orwell, « 1984 », comme
celui de cette employée de pharmacie :

« Notre responsable regarde les vidéos en direct sur son iPhone ou sur un ordinateur et nous téléphone dès qu'il trouve que nous ne sommes pas assez actives en magasin ou qu'on traîne trop dans l'arrière-boutique.

C'est un flicage permanent ! Il nous dit qu'il n'écoute pas, mais qu'est-ce qui nous le prouve ? »

Le propriétaire de ladite l'officine dira lui avoir installé sept caméras « pour se conformer à la législation en vigueur ».

De la vidéosurveillance en live sur son smartphone via une webcam

Les téléphones de troisième génération (3G) seraient la nouvelle arme massive de surveillance à distance ; en connectant sa caméra à un
enregistreur connecté à Internet, on peut visionner les images capturées depuis son smartphone - compter 1 000 euros pour un système capable d'être connecté à quatre caméras, selon un vendeur.

Le site commerçant Ma vidéo surveillance a schématisé un autre système, plus direct, utilisant la webcam ; et propose de tester le système sur son iPhone ou via le navigateur Safari. (Voir le schéma)

Les dispositifs vendus sont paramétrés afin de ne pas conserver les images plus de 31 jours, comme le veut la loi. Mais, en quelques clics
et grâce à un code fourni par le fournisseur, on peut contourner cette limite.

« Ça n'a aucun intérêt pour lutter contre le vol »

Selon Léo Essuied, ces nouveaux systèmes de vidéosurveillance ne sont pas dirigés contre le public :

« Aucun chef d'entreprise ne peut passer ses journée à surveiller les vidéos sur Iphone, c'est du ponctuel, ça n'a donc aucun intérêt pour
lutter contre le vol, à moins de tomber pile au moment du délit. C'est donc bien pour surveiller leurs salariés […].

Parfois, c'est presque une méthode de management. J'ai vu des responsables évaluer le comportement de leurs employés face aux
clients, grâce aux caméras. »

Et, dans certaines entreprises, aucun espace n'échappe à cette surveillance :

« Un client sur deux me demande d'installer des caméras dans des lieux qui ne sont pas accessibles au public [et donc, ne nécessitant pas de déclaration en préfecture, ndlr].

J'ai installé un dispositif de 32 caméras dans un supermarché G20 d'environ 200 m2. Autant vous dire qu'excepté les toilettes, tout est
filmé, même les lieux réservés aux temps de pauses ou l'endroit où ils fument leurs cigarettes. »

« On peut toujours trouver quelque chose à reprocher à quelqu'un »

Chez Cars Perrier, entreprise de transports dans les Yvelines, la vidéosurveillance a été installée en 2008 – suite à une demande du
comité d'entreprise après la dégradation de la machine à café.
« La direction à sauté sur l'occasion et en a profité pour installer quatre caméras », raconte Pascal Hautot, délégué CGT, syndicat majoritaire de l'entreprise. Personne, à part l'employeur, ne connaît la cible des caméras :

« Pour deviner ce qui est filmé, on s'est placés sous les caméras et on a calculé en fonction de leurs angle. »

Ce qu'il découvre stupéfait le syndicaliste : l'une des caméras filme directement l'escalier qui mène au local de la CGT. Deux autres caméras, dont celle installée en direction de la machine à café, filment des tableaux réservés aux affichages syndicaux et l'accès au vestiaire. La dernière, enfin, est tournée en direction de l'accès au Comité d'hygiène de sécurité et des conditions de travail.

La direction a invoqué la présence d'un coffre et de la machine servant au retour de la monnaie collectée par les conducteurs de cars. Pascal Hautot :

« Je ne vois pas un salarié braquer un coffre-fort blindé au moment de sa pause, alors si vraiment ils veulent mettre de la vidéosurveillance, il suffit d'une [caméra] à l'entrée des parties qui ne sont pas accessibles au public. »

Le délégué CGT soupçonne ainsi la direction de surveiller le syndicat :

« On est la première organisation syndicale donc on peut supposer que [la direction] veut vérifier qui nous fréquente. […]

On pense que certaines sanctions sont liées à ce qu'ils ont vu. Bien sûr, on ne peut avoir aucune preuve. La direction les justifie par des
retards.

On peut toujours trouver quelque chose à reprocher à quelqu'un. »

Pascal Hautot s'est alors adressé à l'Inspection du travail qui n'a pas donné suite. Il a contacté la Cnil qui a réagi immédiatement, demandant au transporteur de modifier l'orientation de deux caméras. Un dossier concernant le reste du dispositif est toujours en cours d'instruction ; le directeur des Cars Perrier n'était « pas disponible » ce jeudi après-midi pour répondre à nos questions.

En 2009, la Cnil a rapporté 1000 plaintes contre la surveillance en entreprise – mais n'a pas communiqué de chiffres sur la vidéosurveillance particulièrement ; tandis que le nombre de déclaration d'installation de caméras a augmenté de 12%, ce qui correspond à la mise en place de 3 000 nouveaux dispositifs.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 23 Mar 2011, 21:29

Des supporters du PSG sont «convaincus» qu’ils ont été localisé grâce à leur adresse IP et font appel à la CNIL

FOOT - Les associations de supporters réagissent...

Le Stade Rennais est dans l’embarras. Après avoir reçu une lettre du Préfet d’Ille-et-Vilaine, le club breton s’est vu obligé, «sur ordre du ministère de l’Intérieur» et pour des raisons de sécurité, d’annuler et de rembourser 249 billets commandés sur internet par des supporters parisiens pour le prochain Rennes–PSG (samedi, 21 heures). Une interdiction qui laisse perplexe: comment le Stade Rennais a-t-il localisé les supporters parisiens qui ont acheté des billets sur leur site internet ?

Le SRFC explique «que les supporters ont forcément laissé leur adresse pour recevoir les billets chez eux». Une justification que ne croient pas une seconde les associations de supporters du PSG. «Ce n’est pas du tout obligatoire, témoigne Romain, qui a reçu jeudi matin le mail annonçant l’annulation de ses places. Ces billets sont électroniques, on peut les imprimer.» Pour les supporters, le Stade Rennais, «poussé par le ministère et le PSG», a utilisé les adresses IP des acheteurs pour les localiser. Une infraction à la loi informatique et liberté, qui assure la protection de la vie privée sur Internet.

«On ne peut pas s’essuyer les pieds sur des libertés évidentes»

«Nous en sommes convaincus, assène un leader de Liberté pour les Abonnés (LPA). Et des sources rennaises nous confirment que le club est dans la plus totale illégalité. Mais ils sont sous pression: on leur a expliqué que s’il y avait un problème, on leur mettrait un ou des matchs à huis clos.» Contacté, le PSG a quant à lui n’avoir aucun lien avec cette décision de la préfecture, qui a «jugé que ce déplacement pouvait potentiellement créer un problème de sécurité.»

Reste que les supporters ont donc décidé de porter l’affaire devant les autorités. «Nous avons contacté des avocats ainsi que la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés), qui est tombée sur les fesses, poursuit le leader LPA. On ne peut pas s’essuyer les pieds sur des libertés évidentes dans une chasse aux supporters». Et d’ironiser sur le fait que tout le poids de cette décision retombe sur le club breton. «Non seulement ils vont perdre l’argent des billets et mettre en place un dispositif de sécurité beaucoup plus important que d’habitude, mais en plus ils risquent de se retrouver devant les tribunaux.»

Les supporters Parisiens tout de même à Rennes

En plus des 150 supporters dont les billets n’ont pas été annulés, certains «recalés» risquent tout de même de faire le voyage, prophétise-t-on du côté des associations. «Beaucoup des gens dont les billets ont été annulés vont venir à Rennes pour tenter d’acheter une place à la billetterie, souffle-t-on. Après, ils seront disséminés dans le stade.»
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 24 Mar 2011, 20:26

Les questions "ahurissantes" de l'enquête de l'Insee

Par Sarah Ganon, avec Eric Mandonnet, publié le 27/01/2011 à 17:08, mis à jour le 28/01/2011 à 11:14

L'Insee a distribué un questionnaire "Famille et logements" à 1600 communes.
Le maire de Deauville refuse de procéder à cette enquête. Explications.

L'enquête 2011 de l'Insee, intitulée "Famille et logements" et qui accompagne la vague de recensement de cette année, est-elle trop intrusive ? Pour le maire de Deauville, Philippe Augier, le questionnaire à destination des habitants de sa commune est "ahurissant" et porte atteinte à la vie privée.

"De quel droit demande-t-on à une femme les raisons de sa rupture avec son compagnon ? Si elle a un ami qui vient la voir ? Quand ? Combien de fois ?" confie-t-il à LEXPRESS.fr. L'élu ajoute que l'anonymat des personnes interrogées n'est pas totalement garanti: "Dans les petites communes, les agents recenseurs envoyés pour distribuer et collecter les questionnaires connaissent les sondés...", estime-t-il.

"Les questions sont, certes, d'ordre privé, mais elles permettent, le plus véridiquement possible, de rendre compte des réalités sociales, répond Xavier Niel, chef de la division Enquêtes et études démographiques auprès de l'Insee.
De plus, s'il existe un questionnaire "homme" et un questionnaire "femme", les questions ne diffèrent pas de l'un à l'autre." Aucune dissemblance n'est en effet notable entre les deux questionnaires, accessibles sur le site de l'Insee qui précise "selon les zones enquêtées, le questionnaire s'adresse soit aux hommes soit aux femmes, né(e)s avant 1993".

"L'objectif de cette étude, poursuit le spécialiste, est d'actualiser les données sur l'histoire de la famille: fécondité, l'évolution des structures familiales (familles recomposées, couples pacsés...), les comportements de multirésidence, les proximités géographiques avec les parents proches, les gardes d'enfants..."

Philippe Augier a indiqué son intention de ne pas procéder à cette enquête et a prévenu les autorités de l'Etat. D'après Stéphane Lollivier, directeur des statistiques démographiques et sociales auprès de l'Institut, "en vertu d'une convention passée entre la direction régionale de l'Insee et les communes qui ont été choisies pour procéder à cette enquête, les mairies ont accepté [de participer à l'enquête en amont de l'envoi des questionnaires, ndlr] et elles ont eu connaissance des grandes lignes sur lesquelles les administrés allaient être interrogés".

Le maire de Deauville concède avoir donné son accord pour participer à l'enquête mais dément avoir eu connaissance des questions, même dans les grandes lignes, avant de donner son feu vert. C'est une fois le questionnaire en main, et la machine lancée, qu'il en a constaté le caractère "intrusif".
Les 1600 autres communes concernées par l'enquête, dont Gap, Antibes ou encore Charlevilles-Mezières, vont-elles se rétracter? "Contrairement au recensement classique, les administrés n'ont pas l'obligation de répondre aux questionnaires", conclut Stéphane Lollivier.



Insee : les questions indiscrètes qui dérangent Publié le samedi 05 février 2011 à 08H00

SOCIETE. Les maires de Rouen et Deauville sont choqués par certaines questions posées dans une enquête de l'Insee.

Le maire de Deauville, Philippe Augier, a décidé que sa commune ne participera pas à l'enquête Peu de maires s'en sont, pour l'instant, rendu compte, mais l'enquête sociologique confiée par l'Insee aux communes en même temps que le recensement prend, en 2011, une tournure sacrément dérangeante. Et c'est Philippe Augier, maire de Deauville, qui, le premier, tire la sonnette d'alarme. «Lorsque j'ai découvert les questions destinées aux femmes, je suis resté sans voix. Ahurissant! Elles sont incroyablement intrusives, une véritable atteinte à la vie privée!» Pour l'enquête « Famille et logements » les femmes interrogées doivent en effet répondre à ce genre questions: « Votre conjoint est un homme ou une femme? » ou encore: «Votre conjoint ou ami vit-il dans ce logement toute l'année? Quelques mois dans l'année? Plutôt les
week-ends ou les vacances ? Plutôt la semaine ? » Autre type de questions: « Si vous n'êtes plus en couple, votre dernière union a été rompue parce que: vous vous êtes séparés ? En quelle année ? Votre ami est décédé, en quelle année »…

" Là, ils poussent le bouchon un peu loin "

Pour le maire de Deauville, qui habituellement participe volontiers aux enquêtes sociologiques qu'il considère utiles, la surprise a été de taille. « A l'Insee, leur argument c'était de me dire que ces enquêtes étaient placées sous le sceau du secret. Oui, mais nous recrutons les enquêteurs dans la ville, et ils connaissent beaucoup de monde… Et puis ce que je trouve inadmissible, c'est qu'elles peuvent déstabiliser des personnes fragiles.L'Insee m'oppose que les femmes ne sont pas obligées de répondre, mais lorsque l'on est en situation difficile - les femmes seules notamment - et qu'un enquêteur vous montre sa carte tricolore… Au sujet des questions sur les conjoints, du type combien de temps vivent-ils ensemble, l'Insee me répond que des statistiques sur ce thème sont utiles pour savoir de quelle taille on doit faire les logements sociaux. Là, ils poussent le bouchon un peu loin !! »
Philippe Augier a donc décidé que sa commune ne procéderait pas à ce genre d'enquête. « En admettant qu'elles soient utiles, il faudrait que ce type de questions soit posé, par des professionnels rôdés à une approche psychologique du questionnaire ». Interrogé hier, Stéphane Olivier, directeur des statistiques démographiques et sociales à l'Insee, rappelle en préambule que cette enquête, demandée par «des ministères et des chercheurs» est une expérimentation. « Si les retours sont défavorables, on ne recommencera pas. »
Et lorsqu'on lui demande à quoi peut bien servir une question aussi indiscrète que « votre conjoint est-il un homme ou une femme ? » ll répond par cette formule de statisticien: « La demande est récurrente car on ne connaît pas le stock (sic) des couples homosexuels » Stéphane Olivier insiste sur le fait que « les agents recenseurs sont tenus au secret et risquent des poursuites pénales s'ils passent outre » et que lors de l'exploitation des statistiques, « les noms des «sondés» sont très vite retirés du circuit des données. » Certaines questions pourraient, malgré ce début de fronde des maires, être inclues tout simplement dans le recensement, comme celle sur les origines parentales, rendant ainsi les réponses obligatoires. Cette éventualité doit d'ailleurs être examinée la semaine prochaine.


INSEE : le questionnaire qui dérange à Rouen Par Carole BELINGARD

La maire Valérie Fourneyron a décidé de faire suspendre l'enquête associée au recensement. En plus du recensement qui est actuellement en cours dans la région, une enquête intitulée "famille et logements" facultative est proposée aux foyers. Mais certaines questions indiscrètes dérangent. La maire (PS) de Rouen Valérie Fourneyron, à l'instar du maire divers droite de Deauville Philippe Augier, a décidé de faire suspendre ladite enquête.

Parmi les questions qui fâchent: "votre conjoint est-il un homme ou une femme", "votre père était-il Français à la naissance ?". Pour l'élue il s'agit de questions totalement intimes dont les réponses peuvent éventuellement être exposées au piratage. Par ailleurs, le fait que cette enquête facultative soit associée au recensement, lui obligatoire, peut créer la confusion, et certains peuvent alors se sentir obligés d'y répondre. Du côté de l'INSEE on assure qu'il s'agit de données confidentielles et que les agents recenseurs sont soumis au secret. S'ils passaient outre, ils seraient passibles de poursuites pénales.

http://haute-normandie.france3.fr/info/ ... 0111848_F3
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 25 Mar 2011, 22:47

Olivier Piou (Gemalto) : « Je ne suis pas un chaud partisan de la biométrie. »

Le directeur de Gemalto revient pour « Les Echos » sur l'évolution de la carte à puce, de ses nouvelles applications en matière de communication sans fil, de sécurité, d'identification biométrique, ou de communication entre machines. Et porte un regard dubitatif sur la capacité de notre pays à porter ses innovations.

On nous promet depuis des années que la « puce » va bouleverser notre mode de vie. Y croyez-vous encore ?

Chez Gemalto nous n'avons jamais fait « la puce » électronique. Nous l'achetons, à de nombreux fournisseurs. Mais il est certain que notre industrie a considérablement évolué au cours des dix dernières années.
Nous sommes passés du « hard » au « soft », de la « puce » dans une carte à mémoire à la valeur ajoutée créée par les logiciels des microprocesseurs que nous embarquons dans des objets aux formes multiples. Des cartes bancaires, des SIM plus petites, des passeports électroniques, en papier, des clés USB. La carte à puce restera pour toujours une innovation française dont nous pouvons être fiers, mais l'essentiel de cette histoire est derrière nous. Dans chacun de ces objets numériques, nous intégrons notre savoir-faire en logiciels sécurisés, qui protège les clés numériques des opérateurs, la clé de leur tiroir-caisse, et les données personnelles des consommateurs, qui sont privées et précieuses. Gemalto est une entreprise de « soft » : nous investissons chaque année deux fois plus en R&D - qui représente 7 à 8% de notre chiffre d'affaires - qu'en investissements physiques.

Mais quels usages vont permettre ces innovations ?

Nous accompagnons la révolution numérique sur plus d'un front. Sans les nouvelles générations de puces, il n'y aurait pas aujourd'hui de
smartphones ou de tablettes communicant sans fil sur les réseaux rapides. Nos logiciels sécurisés embarqués dans ces puces ouvrent les portes d'un monde plus pratique et plus simple. Cela permet le développement de nouveaux usages. Acheter depuis un portable, 7j/7, 24h/24, ne peut se concevoir sans un univers numérique parfaitement sécurisé et facile à utiliser. Mais la révolution ne sera pas que commerciale. Elle va également bénéficier au citoyen. Les agences gouvernementales, qui ont compris que l'émission des documents électroniques était finalement assez simple, se lancent dans l'e-administration. Elles s'aperçoivent que la gestion de ces objets peut être confiée à des sociétés de confiance comme Gemalto, et qu'ils apportent nombre d'avantages aux particuliers comme l'obtention d'un document administratif de chez soi. Certains pays, comme l'Estonie ou le Portugal, vont même plus loin, en adoptant le vote électronique.

Mais le risque c'est aussi de basculer dans la biométrie et Big Brother?

Je ne suis pas un chaud partisan de la biométrie. Certes, nous proposons des solutions intégrant les empreintes digitales ou le visage dans le passeport. Mais ces données doivent rester confidentielles, et leur gestion encadrée. Monde numérique et anonymat peuvent aller de pair. Les Pass Navigo peuvent par exemple être anonymes : ils stockent des tickets numériques qui sont certifiés authentiques par des procédés cryptographiques. Dans le cas du passeport, la puce permet de stocker des informations, de les valider, de les authentifier. L'information biométrique est dans le document, dans votre poche, elle n'a pas besoin d'être dans une grande base centrale. La technologie actuelle donne complètement la possibilité de ne pas ficher les citoyens.

Mais avec votre technologie eGo, vous ne cherchez pas à nous greffer des puces ?

Absolument pas. eGo, qui vient de gagner plusieurs récompenses pour son caractère innovant, s'appuie sur les propriétés conductrices naturelles du corps humain. Il ne s'agit pas d'avoir une puce sous la peau mais sur une carte dans son portefeuille, ou dans un petit boîtier sur soi. eGo permet d'actionner des services en posant simplement sa main à quelques centimètres d'un terminal, pour se connecter à son ordinateur ou pour un paiement, sans sortir sa carte de sa poche.

On se rapproche de la science-fiction...

Aujourd'hui, eGo est techniquement prêt, mais pas encore commercialisé.
Il nous faut d'abord signer des contrats avec des clients, valider les bons usages ; cela prendra quelques années. Rappelez-vous que la technologie du Pass Navigo a nécessité 10 ans avant de trouver son marché ! De manière générale, nous ne lançons nos innovations numériques qu'après en avoir étudié de près les usages. C'est une responsabilité.
On a trop vu au XXème siècle que les innovations déployées trop vite, avant d'avoir bien étudié leurs bons usages, peuvent être dangereuses.
Nous avons quelques innovations fortes, que nous prenons le temps de bien étudier avant de les dévoiler.

On va vers une révolution pour l'homme plus que pour la machine ?

Les machines ne seront pas oubliées. La communication « machine to machine » va se développer grâce à la puce sécurisée. Nos technologies permettent de faire communiquer les appareils entre eux afin d'optimiser les usages au profit de notre qualité de vie et de notre environnement.
Avec le monitoring à distance, on pourra par exemple faire sortir les patients plus tôt de l'hôpital et les suivre à domicile tout en respectant leurs données personnelles. De même, dans la gestion de l'énergie, qui est une problématique actuellement mal gérée. On dimensionne les centrales pour faire face à des pics de consommation qui n'interviennent que trois jours par an ! Avec des communications plus intelligentes entre les équipements, nous pourrons orienter l'énergie et optimiser tout le réseau, suivant les usages plus ou moins critiques.

La France peut-elle continuer à innover si elle n'adopte pas elle même l'innovation ? Le cas du porte-monnaie électronique est à ce niveau très symbolique...

Il est sûr qu'en France, nous parvenons régulièrement à sortir de nouvelles technologies, sans être pour autant les premiers à les adopter
massivement. Dans le même temps, ces innovations sont intégrées par d'autres pays qui ont peu de bases installées et ne se posent pas la
question d'un perfectionnisme ultime. Résultat, les technologies reviennent en France avec beaucoup de retard. Sur l'argent mobile, le sujet a déjà été pris en main dans les pays qui n'ont pas d'infrastructures, comme en Afrique, où les opérateurs pallient la faiblesse des réseaux bancaires. En France, on observe de vieux bastions, avec d'un côté les opérateurs, de l'autre les banques et au milieu les fournisseurs de services. Chacun a peur que l'autre fasse son métier, alors même qu'il n'y a pas vraiment de risque réel vu la spécificité et la technicité des activités de chacun.

Quel rôle peut jouer l'Etat, dans ce contexte ?

Il doit mettre les gens autour de la table, et les encourager. Et il le fait souvent bien, comme l'atteste le test de déploiement du paiement sans contact à Nice et dans d'autres villes. Mais l'Etat n'utilise pas assez son influence. Il pourrait aller bien plus loin avec les mêmes
ressources. N'oublions pas que tout ceci crée des emplois ! De manière générale, l'Etat doit viser le moyen terme. Etablir un programme de
quinze ans comme on l'a fait sur le nucléaire ou l'aéronautique n'est plus à l'ordre du jour et c'est bien dommage. Ce n'est pas aux entreprises de combler ce manque, même si certaines sont tournées vers le moyen terme. Gemalto a été l'une des rares entreprises à publier un plan stratégique à quatre ans en 2009, au milieu de la crise. Mais pour cela, nous pouvons compter sur un actionnariat qui nous fait confiance, composé notamment des Quandt, une famille fondatrice de Gemplus, du fonds de pension Fidelity, ou du fonds stratégique d'investissement (FSI).

Pensez-vous que la France soit devenu un pays conservateur ?

Un peu, oui. Avant, on encourageait l'audace. Aujourd'hui, la culture française est devenue adverse au risque. On le voit bien sur le développement du sans-contact par exemple, où certains pays que nous regardons parfois de haut prennent beaucoup d'avance. La Turquie embarque déjà à l'intérieur de ses mobiles des solutions de paiement sans contact et de signature électronique, légalement opposables,
permettant de payer ses transactions, de signer des contrats et tous types d'actes. Le monde numérique du 21ème siècle se joue dans les pays qui se prennent en main.

Dans ce contexte, notre pays-a-il encore un avenir en tant que puissance technologique ?

Oui, j'en suis absolument certain. Nous formons des ingénieurs brillants, que le monde s'arrache. Nous avons fait des progrès sur la culture de l'entrepreneuriat : les formations en ce sens abondent désormais dans les écoles et le statut d'auto-entrepreneur est une vraie réussite. Mais surtout, ce qui me rend optimiste, c'est que les jeunes générations n'ont aucun état d'âme et ont envie de prendre des risques.
Elles vont réussir.

Ces jeunes risquent pourtant de partir à l'étranger, aux Etats-Unis...

Les américains ont retrouvé le chemin de l'innovation. Ils ont une foi inébranlable dans leur destinée, et prennent leur avenir en main malgré l'importance de leur crise, ce qui pourrait nous inspirer. Mais depuis les années 80 et la fin du programme Apollo, ils n'ont plus de technologues. Ils importent leurs ingénieurs. Les Français qui vont là bas auront envie tôt ou tard, de revenir dans l'Hexagone. Quand on sort de France, on trouve que ce pays n'est vraiment pas si mal ! Je suis donc optimiste. Chez Gemalto, nous parvenons sans problème à faire revenir ces talents parce que nos métiers leur parlent et sont plein d'avenir.

Voyez-vous une concurrence chinoise émerger sur vos métiers ?

On voit apparaître des concurrents, mais principalement au niveau de la fabrication. Ce qui nous différencie, c'est la confiance de nos clients.
Nous travaillons dans des domaines de sécurité où cette relation est essentielle. Nous sommes aussi proches d'eux, physiquement, c'est pourquoi nous n'avons jamais délocalisé. Nos clients s'attendent à être servis en moins de 48 heures, alors même que la chaîne logistique de
notre industrie est très complexe. Il faut six mois pour obtenir du semi-conducteur, pourtant nous savons vous remplacer votre carte bancaire volée dès le lendemain, n'importe où dans le monde, en toute sécurité. Tout le monde ne sait pas gérer ce genre de performance de façon économique.

Vos principaux clients sont les opérateurs. Comment voyez-vous leur avenir ?

Ils souffrent d'une image parfois injuste. Prenez Orange. Un opérateur particulièrement innovant, dont la stratégie hors de France est très
intéressante. Il a du poids au niveau international ! Il est l'opérateur historique, mais pourquoi le lui reprocher constamment ? Certes, les opérateurs sont actuellement confrontés à une problématique inédite. Ils doivent réagir face aux Google et Apple, sous peine de devenir de
simples tuyaux. Mais ils ont tous les moyens pour gagner. On sent d'ailleurs qu'ils commencent à réagir. Alors que durant des années, ils
ont laissé la valeur des services partir vers les fabricants de téléphone, ils commencent à reconsidérer toute la valeur de la carte SIM, qui est leur maillon fort dans votre poche. La clé, c'est de ne pas partir perdant. Il y a dix ans, on disait que Microsoft allait capter tous les marchés. Pour notre industrie, ils avaient développé un petit Windows spécialement adapté aux cartes. Nous les avons combattus, ils avaient beaucoup de fronts à gérer, ils ne pouvaient mettre qu'une partie de leur force dans la bataille alors que nous, nous y avons mis toutes nos forces, et ils n'ont pas tenu. Maintenant nous nous respectons mutuellement et nous travaillons beaucoup ensemble.
L'industrie française a tout pour gagner, dans l'économie numérique comme ailleurs, il faut simplement que la France fassent confiance à ses entrepreneurs.

PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS BARRÉ, DAVID BARROUX ET MAXIME AMIOT
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 26 Mar 2011, 15:04

Nice : ville sous haute surveillance
FRANCE INFO - 05:02

C’est une ville dont les moindres coins et recoins sont filmés 24 heures sur 24. Avec 624 caméras, Nice est devenue la plus ville la plus vidéo surveillée de France.
Il y a désormais dans la préfecture des Alpes-Maritimes une caméra pour 600 habitants contre une caméra pour 2.000 habitants à Paris. Nice, ville sous haute surveillance. L’enquête de Sébastien Baer (4'50")

Pour le gouvernement, la sécurité passe désormais par l’installation d’un réseau de vidéosurveillance. L’Etat en a fait l’une de ses priorités, le 20 janvier dernier, lors de l’adoption de la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi). Sous l’impulsion de son maire UMP, Christian Estrosi, Nice est ainsi devenue une sorte de laboratoire de la politique sécuritaire du gouvernement.

C’est une salle de 14 écrans au troisième étage d’un bâtiment du centre de Nice. Le CSU (centre de supervision urbain) centralise tous les enregistrements effectués par les 624 caméras de surveillance de la ville. Centre-ville, avenue Jacques-Médecin, quartier de l’Ariane... le
moindre coin de rue est scruté, surveillé par les agents du CSU. “On sait de plus en plus à Nice que seuls les voyous ont à craindre pour
leur liberté et pas les honnêtes citoyens et plus ça se saura et plus on prendra de précautions avant de nuire à l’intégrité physique de
quelqu’un ou aux biens d’autrui”, se félicite le maire de Nice, Christian Estrosi. “Ceux qui ont dû passer aux aveux à cause des images qu’ils n’ont pas pu nier sont nos meilleurs ambassadeurs en terme de communication parce qu’ils vont dire dans tous les quartiers : attention dans cette ville, on est filmé et à tous les coups on se fait prendre.”

Derrière leur bureau, plusieurs agents observent les images. Ils peuvent zoomer, faire pivoter les caméras sur 360 degrés. Chaque caméra balaie un champ d’environ 150 mètres. “A l’heure actuelle, il y a un tel maillage que l’on arrive à suivre sur plusieurs kilomètres les auteurs
d’infraction. Plusieurs caméras prennent le relais, les agents connaissent les réseaux de caméras et on suit les individus comme ça. La
dernière fois, on a interpellé une personne qui avait volé une sacoche 12 minutes après les faits, à plusieurs kilomètres du lieu de
l’infraction. Sans le support des caméras, on n’aurait pas pu retrouver ces individus” explique Sylviane Casanova, la directrice de la sécurité et de la protection à la ville de Nice.
La mise en place de ce programme a coûté 7,6 millions d’euros, financés à la fois par la ville, l’Etat, la communauté urbaine et le conseil
général des Alpes-Maritimes. En parallèle, les effectifs de la police municipale vont continuer à être étoffés. Il y a aujourd’hui 355 policiers municipaux, la ville en comptera 380 à la fin de l’année, soit 100 de plus qu’en 2008.

Nice, la ville la plus vidéo surveillée de France. Benoît Kandel, premier adjoint au maire de Nice. (3'29")

Bilan mitigé

Selon un rapport de l’inspection générale de l’administration, les agressions progressent deux fois moins vite dans les communes équipées de caméras.
A Nice, l’année dernière, la petite délinquance a baissé de 1,34%. Le dispositif a permis d’interpeller des personnes en flagrant délit, pour
des vols à la tire, des rixes, du trafic de drogue ou des vols de véhicules. En deux ans, le nombre d’interpellations réalisées par la police municipale a aussi doublé, passant de 900 à 1850 en 2010. En revanche, les vols avec violence continuent à progresser, malgré la présence des caméras. Augmentation de 20% avec 2932 vols avec violence en 2010 contre 2437 en 2009.

Pour les actes les plus graves, le réseau de vidéo surveillance est loin d’être dissuasif. Le procureur de la république de Nice, Eric de
Montgolfier, estime que les caméras sont peu efficaces pour protéger les personnes. “Quand vous êtes victime d’une agression, s’il y a une caméra et que cela ne vous a pas empêché d’être victime, est-ce que vous serez consolé qu’on vous dise « il y avait une caméra, on va trouver l’auteur, » la victime restera victime... Un système qui empêcherait les gens d’être victimes serait un bon système, mais un système qui ne permet que de trouver les auteurs, c’est un système de demi-échec, parce que l’infraction a été commise”.

La vidéo surveillance à Nice : un bilan mitigé. Patrick Allemand, premier vice-président de la région PACA. Chef de file PS de l’opposition à Nice. (2'20")

Officiellement, les Niçois sont satisfaits à plus de 80% de ce dispositif. Ce sont les chiffres communiqués par la mairie de la ville.
Mais en réalité, quand on interroge les gens, dans la rue, dans le quartier sensible de l’Ariane par exemple, la perception est différente.
“Il y a beaucoup d’angles morts et la petite délinquance en profite. On arrive toujours à trouver un endroit qui n’est pas couvert par le
faisceau des caméras. C’est un échec complet alors que si on avait comme par le passé des policiers qui font des rondes, les gens se sentiraient plus en sécurité et il y aurait moins d’incivilités dans le quartier.
Cela n’a rien changé, on a eu des voitures qui ont flambé, il y a eu des agressions, en ville il y a eu aussi des gros braquages sans que les
caméras permettent de retrouver les voleurs. Pour l’efficacité de la recherche policière, j’ai des doutes, en revanche, au niveau du coût on va s’en rendre compte, parce que tout cela revient horriblement cher” estime Christian Masson, le président de l’association de quartier “Un cœur pour l’Ariane”.

La police nationale s’interroge elle aussi sur la multiplication des caméras dans la ville. Les agents ne doutent pas de leur efficacité mais ils craignent de voir, à terme, les caméras se substituer à la présence policière. “Nos effectifs sont en baisse permanente parce que l’Etat a mis en place le non-remplacement d’un départ sur deux à la retraite, donc automatiquement nos effectifs baissent et on voit l’apparition sur Nice de plus en plus de caméras. Est-ce que les caméras vont finir par remplacer les policiers ?” s’interroge Frédéric Guérin, le secrétaire départemental adjoint du syndicat Unité police SGP-FO des Alpes-Maritimes.

"Les yeux des policiers"

Un système de géo localisation permet aussi de visualiser en temps réel la position de chaque patrouille de police municipale. En cas de besoin, les équipes les plus proches du lieu sont envoyées sur place.
Stéphane, policier municipal depuis 24 ans, est lui ravi de ce nouveau dispositif. “Les collègues qui sont derrière les écrans nous avertissent de la configuration du terrain quand ils nous envoient sur place. Avant, on y allait à l’aveuglette mais là on sait exactement combien de personnes sont présentes, s’il y a des armes, s’il y a des gens qui se cachent. Donc cela nous permet de préparer l’intervention avant d’arriver et de savoir comment on va gérer la situation. Les caméras, ce sont nos yeux”.

Les images enregistrées par les caméras sont conservées 10 jours sur ordinateur avant d’être effacées. La ville de Nice prévoit d’installer une centaine de nouvelles caméras d’ici la fin de l’année.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

Re: Veille des outils de répression

Messagede Nico37 » 27 Mar 2011, 11:13

Vidéo surveillance : accepteriez-vous d’être filmé au travail ?

Sous couvert de protéger et de contrôler le personnel ou encore de pallier à d’éventuelles fuites d’informations confidentielles, de plus en plus d’entreprises ont recours à la vidéo surveillance. Les employeurs n’auraient-ils plus confiance en leurs salariés ?

Être "espionné" au travail : une idée qui dérange ?

Il aura suffit de quelques années pour que les caméras de surveillances voient leur nombre exploser au sein des entreprises. En 2009, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a enregistré plus de 3 000 nouveaux systèmes de ce genre au sein d’entreprises, contre à peine 2 500 en 2008. En 2007, on en recensait encore que 1 000 environ.

De nouveaux systèmes de vidéosurveillance intégrant smartphones et webcams L'idée d'être épié au travail ne semble pas réjouir les salariés qui multiplient leurs plaintes liées à l’utilisation de cette méthode. ¹ Et la récente apparition des téléphones de troisième génération (3G) n’est pas là pour rassurer ces derniers. Nouvel outil, le smartphone se présenterait comme l’allié idéal des managers qui souhaitent surveiller leur personnel à distance. Il leur suffit désormais de connecter leur caméra à un enregistreur, lui même connecté à Internet, pour visionner les images capturées depuis un téléphone portable. Coût total de l’opération pour un employeur qui souhaiterait être connecté à quatre caméras ? 1 000 euros !

Des images ne pouvant être conservées plus de 31 jours Exit donc les pauses prolongées à répétition et les coups de téléphones perso pendant les heures de bureau, si chers à certains… Grâce aux caméras, tout peut désormais être retenu contre vous ! Et cela sans qu’aucune démarche administrative ne soit nécessaire pour l’entreprise.
Une simple déclaration auprès de la Cnil suffirait pour installer un dispositif de vidéosurveillance, avec enregistrement. L’entreprise est cependant tenue d’informée les personnes concernées (employés ou visiteurs) grâce à un panneau d’affichage dans les locaux de l’existence d’un dispositif de vidéosurveillance.

Mais que les plus inquiets, qui se demandent déjà ce qu’il adviendra de ces images dignes de la téléréalité, se rassurent. La loi impose que les systèmes vendus aux entreprises soient configurés pour ne pas conserver les images au-delà de 31 jours. Seul ennui… il semble que l’envie de certains employeurs désireux de les conserver plus longtemps, puisse prendre le dessus. Quelques clics et un code délivré par le fournisseur suffiraient, en effet, à contourner cette limite.

Et vous qu’en pensez-vous ? L’idée que des caméras vous surveillent au travail vous gêne-t-elle ? Pensez-vous qu’il est quand même possible de travailler dans de bonnes conditions, et dans une relation de confiance avec son employeur lorsque l’on sait qu’on est filmé ?

¹ "10% de plaintes supplémentaires de salariés à cause de la vidéosurveillance", selon Yann Padova, secrétaire général de la Cnil.

Vidéosurveillance : ce que dit la loi …

Une distinction de régime selon qu’il s’agit d’un lieu public ou privé - lieu public ou ouvert au public : il s’agit de tout lieu du secteur public ou du secteur privé où le public peut accéder. (Exemple : le guichet d’une mairie ou un supermarché.) Seule une autorisation préfectorale est nécessaire, quand le dispositif de vidéosurveillance est installé dans un lieu public ou ouvert au public et qu’aucune image n’est enregistrée ni conservée dans des traitements informatisés ou des fichiers structurés qui permettent d’identifier des personnes physiques - lieu privé (lieu non ouvert au public) : il s’agit de tout lieu du secteur public ou du secteur privé où le public ne peut pas accéder. (Exemple : la chaîne de montage d’une entreprise automobile, le parking réservé au personnel d’une entreprise, un entrepôt ou des bureaux fermés au public). Seule une déclaration auprès de la CNIL est nécessaire, quand le dispositif est installé dans un lieu privé ou non ouvert au public et que les images sont enregistrées ou conservées dans des traitements informatisés ou des fichiers structurés qui permettent d’identifier des personnes physiques.

L’information des salariés et visiteurs

Les personnes concernées (employés ou visiteurs) doivent être informées, au moyen d’un panneau affiché de façon visible dans les locaux sous vidéosurveillance, de l’existence du dispositif, des destinataires des images, ainsi que des modalités concrètes d’exercice de leur droit d’accès aux enregistrements visuels les concernant.

Une durée limitée de conservation des images

Les images ne devraient pas être conservées plus de quelques jours : en effet, en cas d’incident, la visualisation des images s’effectue généralement rapidement. Leur durée de conservation ne doit en tout état de cause s’étendre au-delà d’un mois (31 jours). Lorsque c’est techniquement possible, une durée maximale de conservation des images doit être paramétrée dans le système. Elle ne doit pas être fixée en fonction de la capacité technique de stockage de l’enregistreur.
Nico37
 
Messages: 8488
Enregistré le: 15 Sep 2008, 10:49

PrécédenteSuivante

Retourner vers Débats de société

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 6 invités