digger a écrit: Parler de posture n’apporte rien au débat.
C'est vrai mais on peut considérer que cette évidente culpabilité de notre ami Sebiseb sert tout de même à creuser un problème qui existe sans doute dans notre mouvement et, je l'ai rencontré, celui des "gardiens du temple", il y en a quelques uns, qui s'arrogent le droit de délivrer des diplômes d'anarchistes.
Je considère ces personnes comme étant parfaitement "has been" et constituant un frein pour le développement large du mouvement anarchiste.
Nous devons dépasser ces querelles de dogmatiques, d'autant plus que l'anarchisme est tout sauf un dogme, si nous voulons progresser et, notre développement est sans doute important pour la suite des évènements.
Une leçon possible à tirer de cette participation ou non-participation à ces dernières élections et celles qui arrivent concerne les décisions que nous prenons par défaut.
Mon expérience personnelle m'a appris à ne plus fonctionner par défaut voire par stratégie.
Mon parcours politique a commencé très jeune avec l'anarchisme avec lequel je me suis engagé avec les luttes lycéennes de mon époque.
Très peu d'anarchistes pourtant dans mon bahut : un copain en section technique et moi en section générale. On était déjà séparés et surtout que deux.
A cette époque les trotskistes orthodoxes menaient la danse et organisaient les mobilisations et, les deux petits "anars" de 15 - 16 ans ne pesaient pas bien lourd dans tout ça.
Puis vint l'université où là encore les trotskistes étaient les seuls à monter sur les tables des amphis pendant que la grande masse des étudiants ne levait pas le tête de leurs bouquins.
Je suis allé les voir alors qu'ils diffusaient leur presse et, cela n'a pas pris grand temps pour me faire happer par cette machine à recruter bien huilée. En fait, une machine à sous.
Mais je cherchais avant tout un pôle actif et, surtout je n'ai pas pu résister à l'argumentation trotskiste classique de la fameuse "efficacité".
Que pouvais-je répondre à ça ?
Pas un seul anarchiste là où j'étais mais par contre, présents et énergiques, des militants qui fonctionnaient comme un seul homme parce qu'ils appartenaient à un parti et, pas n'importe lequel : celui qu'ils construisaient pour faire la révolution sociale. "L'avant-garde prolétarienne" sans laquelle aucun changement n'était envisageable, rien que ça ..
Je suis rentré donc dans leurs rangs par défaut, par stratégie, pour l'efficacité, ce que l'anarchisme n'offrait apparemment pas.
J'ai pourtant toujours eu la gène de renier les fondements de ce que je pensais vraiment au fond de moi-même : le refus de la hiérarchie, de la centralisation : principes inverses que sont les bases du trotskisme qui n'est qu'autoritarisme et structure pyramidale.
Il m'a fallu pas moins de dix ans pour m'apercevoir que cette efficacité trotskiste n'en était pas. A l'inverse, tout cela aboutissait à son contraire c'est à dire un appareil ultra bureaucratisé dirigé par une seule personne qui bien entendu ne serait jamais révolutionnaire.
Cette expérience m'a appris une chose très importante : il ne faut jamais abandonner ce que l'on croit vraiment , les principes auxquels on tient dans le plus profond de soi-même sous le prétexte d'une prétendue efficacité ou d'un stratégie qui ne colle pas avec ses convictions.
Voilà pourquoi je n'ai pas voté François Hollande à ces dernières élections.
Parce qu'il n'existe pas de voie détournée , de pis aller, pour atteindre l'objectif final auquel je crois.
En d'autres termes : il ne faut jamais faire de concessions sur ce que l'on pense vraiment quitte à être minoritaire ou même seul.