"Modèles" alternatifs et autogestionnaires

"Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede digger » 24 Déc 2011, 12:11

Armonia a écrit:
digger a écrit: Mais organiser des structures économiques alternatives ne signifie pas renoncer à la révolution social et à l’implication dans un mouvement social. Pour moi, ce sont deux démarches complémentaires et non antagonistes


Je suis bien d'accord avec cela , mais à ma connaissance , rares sont les communautés qui s'ouvrent vers le monde , le choix délibéré des individus qui en sont membres ont
précisément opté pour ce modèle de vie pour échapper " de manière illusoire aux vicissitudes et contraintes du système capitaliste ( autarcie ) .
( Néanmoins , j'en connais au moins une qui fait partie de ces rares exceptions . )
Mais ériger ces communautés à fonctionnement autogestionnaire , comme modèle universel serait quelque peu tendancieux .




digger a écrit:Il est possible d’imaginer, non pas une "société" parallèle, mais des "réseaux" parallèles - il en existe quelques balbutiements - qui n’auraient pas pour but le renversement du modèle économique actuel – mais qui auraient une valeur expérimentale et de formation.


Oui mais encore faut-il comme je l'ai dit précédemment que ces réseaux parallèles ou autres lieux dits "alternatifs" soient ouverts aux préoccupations du monde , au-delà de leur
"pré-carré" , ce qui est rarement le cas .


digger a écrit:
Elles ne se substituent ne aucun cas à l’action politique mais viennent la renforcer et l’illustrer


Je suis moins convaincue que toi , car dans la démarche de celles et ceux qui ont choisi d'instaurer et de s'inscrire dans des modes de vie et fonctionnement dits "alternatifs"
l'ont fait dans une démarche d'abandon du "politique" .



Nous sommes d’accord Armonia.

Mais la question de la recherche de l’autarcie individuelle ou "communautaire" me semble devoir être séparée de celle de l’"économie parallèle"
La recherche d’autarcie, sans jugement de valeur, n’a pas pour but premier l’action collective pour modifier les fonctionnements économiques et sociaux à l’échelle d’une société mais de limiter, voire de supprimer, la dépendance d’un groupe vis à vis de ce fonctionnement.
Elle a été souvent le fait de personnes qui ont choisi de se retirer des luttes, par découragement (la vague des années 70) ou par choix de vie plus personnel.
L’autarcie est tournée vers elle-même, l’"économie parallèle" ouverte . Elle doit s’inscrire dans une lutte collective, comme branche de ces luttes, en offrant un modèle économique et social concret.
Elle fait partie de l’argumentaire politique , en validant des théories et en ouvrant des perspectives nouvelles.
Elle s’attaque de front à une fausse économie parallèle qui fleurit aujourd’hui : Par exemple, l’entreprise capitaliste "biologique", repeinte en vert, qui fournit , tout en continuant à détruire la planère, des produits de luxe alimentaire à la bourgeoisie, en continuant à exploiter la précarité du travail des salariés saisonnier du maraichage, fut-il ‘biologique" .
digger
 
Messages: 2149
Enregistré le: 03 Juil 2011, 08:02

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede Béatrice » 25 Déc 2011, 21:03

digger a écrit:Mais la question de la recherche de l’autarcie individuelle ou "communautaire" me semble devoir être séparée de celle de l’"économie parallèle"


Des réseaux "d'économie parallèle" dans le système capitaliste , est une façon de se défausser du problème de fond , et d'après moi c'est "une gestion de la misère" ,
un renoncement à combattre le système en faisant front commun .
Par ailleurs , ce modèle à dimension réduite ne peut être un rempart face à la puissance globale du système capitaliste . La "politique" est une notion universelle qui
concerne chaque "citoyen " et ce type d'alternative dans le système , ne saura pas venir à bout des forces conservatrices économiques et sociales qui ne céderont
pas aussi aisément que cela une parcelle de leur hégémonie . Bien entendu , ce n'est pas pour autant que ces réseaux "d'économie parallèle" soient inutiles , dès lors
qu'ils puissent répondre aux besoins essentiels d'une population qui se précarise de plus en plus actuellement .
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
Béatrice
 
Messages: 2792
Enregistré le: 09 Juil 2011, 20:58

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede julienvelo » 27 Déc 2011, 03:24

Je suis personnelement persuadé que le "systeme" ne peux etre renversé que si une large majorité de la population adhere a un model de societé basé sur un model économique alternatif.

Bon... j'ai envie de me lancer dans une grande demonstation mais je suis pas un intellectuel et j'ai pas vos bases politiques (et en plus j'ai une mauvaise orthographe). Je vous demanderai donc un peu de patience avec le cours de mes idees!

Avant de parler de nodeles alternatifs et d'idee je vais commencer par parler de ce qe l'on veut eviter de recreer. Pour ca je vais prendre un chemon un peu tordu et je vais parler de l'economie appliquee a l'alimentation.

On aimeraient que quiconque est faim. Un principe que tout le monde partage meme sans etre revolutionaire.
Mais le fait est que selon les mecanismes economiques actuels il y a a peux pres deux milliards de personnes sur la planete qui ont faim et des milliers qui vont mourrir de faim dans les jours qui viennent. Je suppose que vous connaissez aussi les mecanismes qui rendent cela possible donc je ne vais pas me lancer dans une demonstration.

Sur ce forum on est pour la pluspart tres contre cette economie qui permet aux gens comme nous d'avoir access a des luxes relatifs (en comparaison avec les 2/3 de la population de la planete) et on aimerait renverse le systeme actuel pour instaurer un systeme qui garantie la dignité de chaque etre humain (liberation du sexisme, du racisme, de toutes formes de dominations et d'oppression, d'egalité absolue entre humains, etc...).

Mais voila, notre niveau de "conscience" n'est partagé que par une fraction de la population du monde. C'est la faute a beaucoup de choses et donc on accuse a peux pres toutes les compensantes de nos societes. On se range dans la categorie des "antis". On rentre en lutte et on resiste comme on peut. Le reste de la societe ignore ou fait avec. Pendant ce temp la on fait pas grand chose qui change notre environment immediat dans le sens de notre ideal, on joue essentiellenent sur le terrain de la politique et a l'occasion ont fait un peu d'humanitaire. En generale on prends une posture intellectuel, on est des radicaux, les autres, qui n'ont pas le meme niveau de conscience politique, se méprennent.

Au mieux ont fait un gros travail sur nous meme pour se debarasser de nos envies de domination sur les autres sans pour autant renoncer a la violence necessaire pour la resistance. En attendant le System continue de prospèrer. Certains s'en contentent et imaginent que le jour de "l'explosions" leur culture politique leur permettront de tirer leur epingles du jeux et que la majorité les gens auront alors la conscience politique necessaire pour s'engager avec nous dans la construction d'un monde meilleur (mais en ce moment la "descente" de la societé – tout au moins en France – va plutot vers le fascisme). On ne veux pas de cette societé et en méme temp on ne sais pas trop quoi faire a part resister. C'est l'impasse et c'est dur pour le moral.

Bon, maintenant il y a l'utopie pour nous faire tenir. Celle ci ce maifeste principalement dans le rafinement de notre affiliation politique. Il y ausii quelques tentatives de projets alternatifs: Il y a des gens qui partagent un etat d'esprit commun (meme s'il ne partage pas forcement les memes tranchees politiques) est qui essaient activement de modifier leur environement dans le sens de leurs ideaux. Mais malgres tout les experiences alternatives et autogetsionaires sont peux nombreuses et sont souvent autarciques (je ne demande qu'a me faire montrer le contraire!).

Ces experiences sont souvent de l'ordre symbolique. Par example un squat politisé représente plus une opposition aux notions de proprietés qu'il est une solution durable pour le logement. Une bouffe collective et gratuite cuisiné avec des produits recuperés ou vollés n'est pas une alternative au probleme d'accés a l'allimentation (les potes qui y viennent ne sont pas forcement des "gens qui ont faim". Un groupe de 10 personnes de meme age part vivre a la campagne dans l'espoir d'autosubsister ne remet pas franchement en cause la societe de consomation.
Ces expériences (tout au moins celles que j'ai vu) n'ont que rarement résolu les problemes de domination interpersonnels: les hommes les plus fort (physiquement ou symboliquement) ont tendance a diriger le groupe, les luttes de pouvoirs font implosés les projets (les costauds contre les intellos!), les debats sont plus dogmatiques que pratiques. Je parles en connaissance de cause, j'ai en mon temp participe et vu naitre et mourrir un certain nombre d'experiences alternatives.

Il n'y a pour ainsi dire pas de "modeles alternatifs" qui soit viable car ceux qui existent sont trop "marginaux" pour etre stable et proposer une vraie alternative a a des gens qui n'ont pas forcement les privileges culturels que beaucoup d'entre nous sur ce forum partageons (acces a la technologie, education, culutre de l'empathie, liberté et fascilités d'expression).

Bon il est tant de passez a quelque chose d'un peux plus concret. je vais faire un gros bon de coté (du cote positif). Voila un example un peux concret:

Imaginez une entreprise dont tout les employés sont absoluement égaux. Ou hommes et femmes sont egaux en decisions et salaires. Ou personne ne vaux plus qu'un autre. Ou on ne prends pas en compte dans les salaires les privileges qui ont permis a certains d'avoir plus de connaissances et on ne considere pas l'abilité ou le talent comme un element de superieurité (qui merite salaire) mais comme une opportunité qui beneficiera l'entreprise générale. Ou Les connaissances sont partages sur des bases pratiques. Ou On prends uniquement en compte l'effort collectif. Ou Chacun partage les benefices de l'effort collectif. Ou Chacun fait ce qu'il peut en fonction de sa disponibilite. Ou Tout le monde adhere a une serie de principe de bases. Ou Les decisions sont prises en commun.

Voila quelque chose que beucoup d'entre nous peuvent commencer. Ca demande peut-etre de "jouer le jeux", outre le project il faaut trouver des gens et trouver des fonds dans une banque ou une boruse pour aquerir le capital de base pour faire fonctioner le projet. Il va certainemant faloir mentir sur le projet et prendre quelques risques financiers (partages avec les autres participants). On met une cravate et on va presente un beau business plan, et on remboursera le tunes qu'on a obtenu pour ne pas commencer bancale.

Une entreprise au fonctinement alternatif peux se greffer que sur les racines du Systeme globale. Non seulement elle respecte les regles et normes imposer par l'etat mais elle s'inscrit aussi dans le cycle economique globale. je connais une maison d'edition anarchiste americaine qui fonctionne de la sorte (AK PRESS), a l'interieur ils respectents leur principes moreaux mais a l'exterieur ils vendent des livres sur internet et en librairie (certes, a bas prix). Et je suis certain que quand ils ont besoins de fond pour de l'equipement il passent a la banque.

Viens ensuite l'interaction de cette entreprise avec l'exterieur. Ou s'approvisionne t'elle, a qui vend elle et a quel prix. La il serait question d'appliquer la meme base morale qui anime les membres de cette entreprise. Dans un premier temp il s'agirai de produire des biens qui repondent a un besoin de consomation reel (contrairement au besoins de consomations artificiels et superflux) tout en guarantissant la subsitance de l'entreprise elle meme (notez que l'entreprise n'est pas une fin en sois). La subsitance et le besion (et non l'offre et le demande) est ce qui determinerait le prix.

Il serait necessaire de sortir du "marche libre" (qui permet de maintenir les prix artificielement haut pour guarantir la supposée eternelle croissance). Il s'agirait de vendre le produit au "prix de subsistance" (guarantissant la subsitance des producteurs) a ceux qui ont beson de ce produit. Pas de profits!

C'est dur de ne pas de theoriser, ce que j'ai faits jusqu'ici. On a besoin de concret:

Imaginons une entreprise de distribution de fruits et legumes s'occuperai d'organiser des "cellules de consomateurs" qui acheterons les fruits et legumes dont ils ont besoin aux prix du coup de production + coup de distribution. Les cellules de consomateurs deviennent les "bailleurs de fonds" – ils s'engagent pendans une periode donnée a s'aprovisioner par l'intermediaire de l'entreprise distributrice.

Le travail de l'entreprise est de garantir le flux d'approvisionement. La cellule de consomateurs beneficie de prix "réels" et ne subie pas les fluctuations de prix du marché libre. On est dans un cycle economique cooperatif fermé. On ne participe pas au libre marché et de concurance: on n'offre pas des produits qui sont vitaux ou vraimenent necessaires, on les guarantie. On n'est pas dans une logique de competition puisque le consomateur est "integré" a l'etreprise (quand la cellule achete des produits il participe au capital).

Maintenant imaginons la creation d'un circuit economique basé sur des entreprises qui fonctionnent principalement sur ce model. L'une produisant pour l'autre et agisant comme les cellules d'un systeme alternatif. On va continuer avec l'entreprise de distribution de fruits et legumes:

Disons que le model de base marche et qu'un certain equilibre s'instale entre les cellules de consomateurs, le flux d'approvisionement et la stabilité des prix (qui sont largement plus bas que ceux du marché libre). Maintenant il va s'agir de se rapprocher au plus pres des produits de bases - les fruits et les legumes.
On imagine que certains agriculteurs peuvent etre interessés par la stabilite que peux présenter ce systeme. Sachant que leur exploitation agricole peux etre gerer exactement sur les memes principes que la l'entreprise de distribution. On peut imaginer que l'entreprise de distributions et les cellules de consomateurs avec lesquels elle interagis peuvent avoir degager un fond d'investisement qui permet d'aquerir une exploitation agricole. On arrive a une situation ou l'on peux tendre au plus pres du prix reel (effort + materiels) le flux qui lie la production et la consomation. On est toujours dans un circuit fermé independant du marché libre, on est dans un systeme "cooperatif".

Tout ce que je viens d'exopsé ressemble d'assez près a des modèles économiques déjà en place. C'est aussi assez proche du modele economique instaure par les anrachistes espagnoles durant les années de guerre civiles qui precéderent la seconde guerre mondiale.
Il y a en france des des systemes cooperatifs de distribution alimentaire, surtout de produit bio, qui percistent a ne s'adresser qu'aux classes supérieurs (puique les instigateurs en font eux meme partie, tout au moins culturellement). Il y a aussi les systeme du commerce equitable qui serait, a mon avis, l'ambrion d'un systeme economique plus juste s'il ne s'integrait pas autant dans les principes du marché libre.

Allons un peu plus loin. Imaginons que cet effort ce concentre sur une zone geographique precise. Il arrivera un moment ou les gens de cette zones n'auront plus interret a s'approvisioné au le marché libre car la différence de prix et la qualité (resultante de la volonté morale des gens qui participent a la cooperative) des produits "cooperatifs" rentreront en concurence avec les produits des marchants du marché libre. En effet pourquoi acheter un produit a un prix eleve, indexe a un court, quand on peux acheter ce dont on a besoin pour moins cher tout et en ayant une satisfaction morale a le faire?

Si j'ai utilisé les fruits et legumes c'est parcequ'il existe des ambrions de systemes de distribution alternatifs dans ce secteur et que c'est certainemant l'un des plus accessibles (faibles niveau d'investisements). Mais ont peu imaginer ce systeme s'appliquer a d'autres secteurs necessaire au fonctionement d'une societé comme l'industrie du vetement, l'industrie du transport (transports publics / transports de produits), l'industrie de l'immobilier (construction, gestion), l'energie "alternative".

A terme on arrivera a un moment critique ou un secteur de l'economie "libre" ne pourra pas faire face a une economie cooperative. Et c'est la que la "reaction" s'organisera. Les marchants attaqueront les structures pour concurence deloyale et la lutte commencera. Il fait aucun doute que le System reagira le plus violement possible contre la destruction de ses privileges. Mais un nouveau modele sera mis en place et les gens qui y auront participés auront quelques chose de concret auquel s'accrocher pour renter en lutte.

Ce modele de "lutte economique" serait en fait un "organisme vivant" (vivant pusiqu'il est directement lie avec les besoins de la societé). Et son ambrillon s'implanterait sur les les racines du systeme en place et ces cellules se multiplieraientt jusqu'au point ou la "souche" n'aura plus lieu d'etre.

Voila pour moi un example de modele alternatif.
julienvelo
 
Messages: 6
Enregistré le: 10 Déc 2011, 00:46

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede julienvelo » 27 Déc 2011, 03:25

désolé pour la longueur du message ci-dessus.
julienvelo
 
Messages: 6
Enregistré le: 10 Déc 2011, 00:46

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede toma » 27 Déc 2011, 09:53

Est-ce-que je peux résumer ainsi ? On crée des coopératives qui permettent aux consommateurs d'obtenir des produits de meilleures qualité et moins cher, et ce faisant de créer des emplois. Donc ces coopératives prennent de l'importance, agacent le système en place qui attaque ces coopératives, et là, les consommateurs et les travailleurs résistent et luttent pour garder vivantes ces coopératives, pour sauvegarder leurs acquis... et la lutte se propage ainsi. Ça se tient.
Avatar de l’utilisateur-trice
toma
 
Messages: 42
Enregistré le: 21 Nov 2011, 19:31

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede julienvelo » 27 Déc 2011, 20:07

toma a écrit:Est-ce-que je peux résumer ainsi ? On crée des coopératives qui permettent aux consommateurs d'obtenir des produits de meilleures qualité et moins cher, et ce faisant de créer des emplois. Donc ces coopératives prennent de l'importance, agacent le système en place qui attaque ces coopératives, et là, les consommateurs et les travailleurs résistent et luttent pour garder vivantes ces coopératives, pour sauvegarder leurs acquis... et la lutte se propage ainsi. Ça se tient.


merci d'avoir lu - la synthese est pas mon fort!

A ca j'ajouterai que la cooperative est aussi un model d'interaction. On va pas attendre que la societe entiere se mettre a etre "juste" pour pratiquer les valeurs morales (vrai egalité, empathie, refu de dominer qui que ce soit) . Hors ce n'est ni seul ni dans un contexte de lutte/conflit que l'on va pouvoir experimenter un modele relationel stable (relation avec les camarades de travail, relation avec les gens affililiés au projet).
julienvelo
 
Messages: 6
Enregistré le: 10 Déc 2011, 00:46

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede Béatrice » 28 Déc 2011, 00:55

julienvelo a écrit:Je suis personnellement persuadé que le "systeme" ne peux etre renversé que si une large majorité de la population adhere a un model de societé basé sur un model économique alternatif.


Je ne suis pas du tout convaincue que ce modèle de société puisse répondre à l'attente du plus grand nombre !
Ces "micro sociétés" au paysage à facettes multiples : coopératives communautaires , sqatts autogérés et autres lieux dits : "alternatifs" ne datent pas d'aujourd'hui .
C'est ainsi qu'aux Etats-Unis , de nombreuses communautés "libertaires" ont vu le jour dès le début du XIXème siècle ( peut-être que Digger pourrait nous nous apporter
un éclairage sur le sujet ?
) . Dès lors celles-ci n'ont cessé d'éclore mais aussi de disparaître rapidement .
Ces "micro sociétés" sont infimes en rapport à la population mondiale et leur zone d'influence n'a jamais dépassé la frontière de " l'en-dehors " de celles-ci .
Leurs durées de vie pour la plupart d'entre elles , est éphémère car elles sont exposées à une double contrainte :
D'une part par le fondement même qui les caractérise : l'aspect autogestionnaire de leur fonctionnement ( qui ne s'improvise pas et qui requiert une aptitude dans l'organisation :
fréquence des concertations collectives ( voire quotidiennes ) afin de résoudre les problèmes liés à son fonctionnement même ainsi que ceux liés à la gestion collective du
quotidien . Mais il leur faut aussi déjouer toute velléité potentielle de retour " aux bons vieux réflexes de domination " !
Ces préoccupations laissent peu de place pour se consacrer à la vie sociale et économique à l'extérieur de la communauté !
D'autre part , pour assurer leur pérennité , elles doivent "composer" avec le système ( d'où la révélation d'une certaine contradiction ) car pour survivre au-delà de "l'éphémère"
et s'agissant plus particulièrement des coopératives communautaires , elles assurent leur subsistance en vendant leurs produits sur le marché , se livrant ainsi à la loi de la libre
concurrence et s'asservissant ainsi au système , comme les autres !
Alors effectivement , il y a donc " économie parallèle" mais qui demeure figé dans le cadre restreint de "l'auto-suffisance" et ne peut en aucun cas servir de modèle universel ,
car ces "micro-sociétés" ne répondent pas , de toute évidence , aux aspirations du plus grand nombre et ne sont que des remèdes "palliatifs" pour se donner l'illusion d'échapper
au système ( comme je l'avais déjà dit précédemment ) , c'est d'une certaine façon un "faux-fuyant" pour contourner une révolution qui pourtant est la seule alternative possible
qui soit viable dans le cadre d'une émancipation collective !



julienvelo a écrit:
A ca j'ajouterai que la cooperative est aussi un model d'interaction.


Et bien non , pour les raisons que j'ai évoquées précédemment .
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
Béatrice
 
Messages: 2792
Enregistré le: 09 Juil 2011, 20:58

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede digger » 28 Déc 2011, 10:26

La question communautaire sur laquelle dévie Armonia me paraît élargir le sujet. Il n’est pas besoin de vivre en communauté pour créer des modèles sociaux économiques alternatifs.
Rapide parenthèse : Il est vrai que les communautés ont existé de tout temps aux Etats-Unis. Elles ont été de toutes tendances, religieuses, libertaires, socialistes, folles-dingues.... Un essai qui fait référence dans le domaine est Roots of Communal Revival 1962-1966 Timothy Miller
http://www.thefarm.org/lifestyle/root1.html
Plus complet Communalism.From Its Origins to the Twentieth Century de Kenneth Rexroth http://www.bopsecrets.org/rexroth/communalism.htm

Certaines ont été éphémères. D’autres vivent très bien. Black Bear http://blackbearranch.org/ a fêté ses 43 ans, The Farm ses 40 ans. Elles sont toute aussi diverses qu’autrefois, certaines ouvertes vers l’extérieur, d’autres vivant en recherche d’autarcie. Je ne vois pas bien ce qui empêche des engagements militants à l’extérieur dans la vie communautaire, ni pourquoi une communauté serait "fermée" à ce qui se passe à l’extérieur.

Le terme de "faux-fuyant" me paraît sans fondement. Il existe ni plus ni moins de personnes ouvertes à l’idée de révolution dans les communautés qu’ailleurs. C’est un choix de vie personnel, qui peut avoir des raisons différentes, selon les cas, comme le refus de la cellule familiale fermée sur elle-même comme modèle, jusqu’à un micro-modèle de communisme. Encore une fois, on trouve de tout.
Aucune n’a la prétention de servir de modèle universel, ni même de modèle tout court.
Beaucoup de communautés actuelles sont urbaines et ont des raisons économiques avant tout (colocations et mises en commun d’un certain nombres d’équipements)

Dis en toute amitié, Armonia, je retrouve dans ta vision ds choses un (vieux) procès fait à celles et ceux qui choisissent de rendre leur vie un peu plus "confortable" . Ce faisant, ils/elles déserteraient la Cause .

Ma position quant au développement de modèles alternatifs, et le modèle coopératif pris au pied de la lettre en est une forme possible, est que plus il y en aura et mieux cela sera. Tout comme les maisons d’éditions et librairies indépendantes. Les voies de la révolution sont impénétrables.
digger
 
Messages: 2149
Enregistré le: 03 Juil 2011, 08:02

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede Béatrice » 28 Déc 2011, 11:11

Non digger , loin de moi l'idée de vouloir faire un procès à ceux qui ont choisi de rendre leur vie un peu plus confortable , et du reste je m'étais exprimée à plusieurs reprises
sur le FA à ce sujet . Mon propos n'allait pas dans ce sens , mais dans celui où ces modes de vie ( tout autogestionnaires soient-ils ) ne peuvent être l'exemple à porter
comme étant l'unique réponse trouvée pour en finir avec le système . Alors désolée si mon expression écrite a pu donner ce sentiment là , car ce n'était absolument pas le cas :


http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 60#p115490

Armonia a écrit:
digger a écrit: Mais organiser des structures économiques alternatives ne signifie pas renoncer à la révolution social et à l’implication dans un mouvement social. Pour moi, ce sont deux démarches complémentaires et non antagonistes


Je suis bien d'accord avec cela , mais à ma connaissance , rares sont les communautés qui s'ouvrent vers le monde , le choix délibéré des individus qui en sont membres ont
précisément opté pour ce modèle de vie pour échapper " de manière illusoire aux vicissitudes et contraintes du système capitaliste ( autarcie ) .
( Néanmoins , j'en connais au moins une qui fait partie de ces rares exceptions . )
Mais ériger ces communautés à fonctionnement autogestionnaire , comme modèle universel serait quelque peu tendancieux .

« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
Béatrice
 
Messages: 2792
Enregistré le: 09 Juil 2011, 20:58

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede digger » 28 Déc 2011, 11:28

Tout comme il est évident que le développement de ces "modèles" ne sont en rien "l’unique réponse" à quoi que ce soit.
digger
 
Messages: 2149
Enregistré le: 03 Juil 2011, 08:02

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede Béatrice » 28 Déc 2011, 11:49

digger a écrit:Tout comme il est évident que le développement de ces "modèles" ne sont en rien "l’unique réponse" à quoi que ce soit.


Je suis bien d'accord .
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
Béatrice
 
Messages: 2792
Enregistré le: 09 Juil 2011, 20:58

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede julienvelo » 28 Déc 2011, 21:53

Je vais m'appuyer tant bien que mal sur le seul example "moderne" de societé ayant fonctioné sur un model collectitiviste: la guerre d'espagne et particuliairement la collectivisation des territoires controlés par les républicains. Dans ce contexte de guerre le fonctionement economique des territoires controlés par les republicains changea radicalement mais pas d'un jour a l'autre. La valeur du temp et de l'effort devinrent l'indicatif du prix des choses. La propriété fut réorganisée. Et l'ensemble du fonctionement politique fut changé. (je me base sur le livre de Duval dur la guerre d'espagne).

Il est interressant de voir comment le mouvement s'étendi dans Barcelone. Il ne s'agissait pas d'une insurection ou la societé entiere s'arreta de fonctioner et dont le chaos enfanta un nouveau model. Mais il s'agit d'une prise en charge par des revolutionaires d'un nombre croisant de secteurs (je pense a l'example des tramways de Barcelone). De meme, plus tard, les campagnes furent libere des grands propriétaires et l'effort revolutionaire ne se concentra pas seulement sur rendre leur dignité aux paysants mais surtout leur permettre de vivre de leur terre et cela en investissant des efforts considerables dans le développement de methodes agronomes d'avant garde (rendre des terres arides fertiles) et dans le developpement des infrastructures de distribution.
Le nouveau systeme c'est mis en place de facon relativement organique sur les prinicipes de la cooperation. Il etait aussi motivé par l'effort de guerre, il fallait soutenir le front logistiquement et financierement.

Les gens des campagnes, les gens les plus pauvres, ceux qui subissaient le joux economiques des proprietaires et le joux intellectuel des eclesiastiques furent gagné a la cause de la révolution par la pratique: par la prise en charge des questions locales par les gens impliqués, par les bénéfices économiques de l'effort collectif (collectivisation, cooperation), par l'équilibre et la stabilité du systeme mis en place. Ces gens participere a la révolution sans pour autant combatre. Ils mirent en oeuvre les principes de la révolution en instorant un nouvel equilibre.

Je reviens sur Barcelone au debut du conflit. Quand les républicains prirent en main la "fonction publique". Une chose tres interressante se produisit: il mirent en place une economie alternative sans pour autant nationaliser tout le secteur privé. Certes un grand nombre de salariés s'approprierent l'entreprise pour laquelle il travaillaient, mais sans systematiquement en congedié les cadres ou meme les directeurs. Le choix de participer a la collectivisation fut laisser aux gens, c'est le contexte economique et politique qui influencé les mouvements de collectivisation.

J'essais d'illustrer par des examples concrets (mon interpretation de la guerre d'espagne est tres certainemant discutable!) en quoi entreprendre des projets alternatifs et autant que possible autogestionaires sont la fondation d'une revolution qui tiendra la route puisqu'elle aura une base pratique auquel les gens peuvent s'accrocher.
julienvelo
 
Messages: 6
Enregistré le: 10 Déc 2011, 00:46

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede Béatrice » 29 Déc 2011, 01:04

julienvelo a écrit:J'essais d'illustrer par des examples concrets (mon interpretation de la guerre d'espagne est tres certainemant discutable!) en quoi entreprendre des projets alternatifs et autant que possible autogestionaires sont la fondation d'une revolution qui tiendra la route puisqu'elle aura une base pratique auquel les gens peuvent s'accrocher.


C'est le système capitaliste qui a engendré ce phénomène d'instauration de communautés et autres lieux autogérés , car les individus qui s'inscrivent dans de tels projets , le font
le plus souvent pour échapper aux servitudes et vicissitudes de celui-ci . Mais il n'en reste pas moins que l'abandon du champ politique en est pour la plupart la principale
caractéristique . Car force est de constater que les moyens de diffusion de leur expérimentation , ne dépasse pas le stade de leur "pré-carré" ( à quelques exceptions près ! ) .
Et qui dit dépolitisation , dit absence de projet collectif !
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
Béatrice
 
Messages: 2792
Enregistré le: 09 Juil 2011, 20:58

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede Pïérô » 29 Déc 2011, 01:50

Il ne faudrait pas oublier que l'expérimentation autogestionnaire en Espagne s'est appuyée sur une structure syndicale et politique de masse qui s'est construite avec des années de luttes et de structuration, çà tombait pas du ciel. Et il y avait une finalité révolutionnaire globale et pas que la volonté de construire des micro espaces d'autogestion dans le cadre du système capitaliste ou d'une république bourgeoise. C'est pourquoi j'ai du mal à penser que cette manière de voir la transformation sociale pourrait marcher comme celà et sans liens, sans lutte de classes et sans projet global et partagé de société. En Argentine l'autogestion non généralisée n'a pas renversé le capitalisme, car cela ne se suffit pas en soi. Par contre ce qui peut être interessant dans tout çà c'est aujourd'hui comment on arrive à entrevoir une forme d'articulation entre les luttes et la lutte des classes et la socialisation, et avec un projet communiste-libertaire qu'il me semblerait important de développer et d'étayer. Et c'est dans ce cadre que je pense que ce genre de débat prend tout son intérêt car les "Modèles" alternatifs et autogestionnaires, pour reprendre le titre de ce topic, alternatives en actes d'aujourd'hui, peuvent et doivent s'inscrire dans le cadre de l'alternative globale pour demain, et qu'évidemment çà participe de construire des expériences et des jalons qu'il me semble important de prendre en compte, et de discuter, de partager, etc...
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 22:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: "Modèles" alternatifs et autogestionnaires

Messagede digger » 29 Déc 2011, 13:36

Par contre ce qui peut être interessant dans tout çà c'est aujourd'hui comment on arrive à entrevoir une forme d'articulation entre les luttes et la lutte des classes et la socialisation, et avec un projet communiste-libertaire qu'il me semblerait important de développer et d'étayer.


Ce que Piero appelle "socialisation" est sans doute ce que l’appelle le besoin de mener la lutte contre le capitalisme sur tous les fronts (social, politique, économique et culturel) et pas seulement à travers un discours et des actions simplement "politiques".
De la même façon que l’avènement d’une société égalitaire non hiérarchisée et anti autoritaire est le but que je poursuis, cette lutte multiforme est le moyen qui me semble incontournable.
C’est habituellement le point de rupture auquel je parviens avec les organisations ou militantEs "politiques" .
L’étayer et le développer est un vaste chantier....
digger
 
Messages: 2149
Enregistré le: 03 Juil 2011, 08:02

Suivante

Retourner vers Débats de société

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 11 invités