J’ai parcouru le chapitre "Ecologie" et survolé plus que lu en détails, les sujets.
Sempiternelle débats en rond sur "croissance et décroissance", le retour à la bougie, etc...
Je ne sais pas si il est possible d’avoir un débat rationnel sur le sujet environnemental, tant il est faussé par la confusion et la récupération et si cela vaut la peine de le relancer.
J’élimine la question de la "décroissance" et la question du retour à la bougie, partant du principe que l’intelligence humaine est capable de résoudre les problèmes dans un cadre sociétal non perverti par le capitalisme, et ici, bien évidemment dans une société anarchiste. Grosso modo dans une autre démarche que la recherche du profit et dans une optique de collaboration et non de compétition.
Et je prend le risque de le relancer, puisque un forum, c’est aussi un débat et un échange d’informations, en plus de quelques engueulades)
Au niveau méthodologique, il faudrait sans doute partir de quelques chiffres ou faits. Nous pouvons en discuter les causes assez facilement (le capitalisme semble un coupable approprié) . Nous pouvons en discuter les remèdes, à condition, je crois de séparer (l’inséparable) c’est à dire les remèdes techniques et ceux politiques.
Il nous faudrait également séparer les sujets en sous-sujets. La question énergétique, de la question alimentaire par exemple.
Il nous faudrait également cesser de considérer un terme comme vide de tout sens sous prétexte qu’il a été récupéré par l’économie marchande capitaliste, comme "développement durable", en gardant en tête la signification première.
Je n’ai pas de connaissances suffisamment développées pour soutenir un débat sur les questions énergétiques sur un point de vue technique, par exemple. Mes centres d’intérêt vont plus sur les techniques "naturelles" de productions agricoles, liées à des expériences personnelles en micro-production.
Je n’ai aucun goût pour le catastrophisme et ne crois en aucune fatalité. Le fatalisme est souvent lié à une méconnaissance qui ne laisse pas voir d’alternatives.
Ce qui me décide à reprendre le débat, si possible selon les quelques règles, (enrichissables) ci-dessus, c’est la lecture de l’article de Jean-Pierre Tertrais dans "Le Monde libertaire", hebdomadaire de la Fédération anarchiste 30 avril - 6 mai 2009. Re: Décroissance ou développement durable, qu'en pensez-vous ???
"Des solutions techniques sont certes envisageables (certaines sont déjà en place, par exemple pour l’épuration de l’air ou de l’eau). Mais ces solutions resteront marginales, parce que c’est un leurre que de vouloir imiter la nature"
Les modes naturelles de production agricoles sont une nécessité et elles sont basées sur l’imitation de la nature.
Quelques faits (les chiffres peuvent varier selon les sources, mais ne remettent pas en cause la tendance globale)
A l’échelle planétaire, ce sont 1370 hectares de sol qui sont désertifiés à jamais toutes les heures, ce qui fait 12 millions d’hectares chaque année, l’équivalent de la moitié de la surface agricole de la France.
En France, par exemple, le sol ne ressemble pas un désert, mais il est mort, c’est à dire qu’il ne peut plus produire sans l’ajout massif d’engrais chimiques.
Les 3/4 de la terre sont des surfaces non cultivables car recouverts d’eau. La mer est bien sûr source d’alimentation. Mais sur le 15 zones de pêche majeures existantes 5 ne sont déjà plus productives et les dix autres s’appauvrissent rapidement (sur-exploitation, pollution etc...)
Sur le 1/4 de la terre non occupé par les océans, les 2/3 de cette surfaces sont des déserts , ou sont recouvertes de glace, en tout cas des terres non arables.
Il faut encore enlever de ce maigre reste environ 3/4 du sol arable, déjà disparu à cause de l’érosion.
C’est à dire que nous disposons aujourd’hui d’environ 1/48ème de la surface terrestre pour la production agricole (nourriture des humains et du bétail)
Au rythme actuel de la destruction des surfaces cultivables, cela laisse environ un demi siècle.
Bien sûr, l’intelligence humaine peut sans doute produire de l’alimentation de synthèse, des pilules vitaminées, que sais-je, ou faire de la culture hors sol comme elle le fait déjà (les belles tomates cultivés dans des billes)
Admettons. Mais je suis certain qu’une telle société ne sera pas anarchiste car les humains seront sous le joug d’une dépendance alimentaire aux mains de quelques-uns, comme est aujourd’hui une partie de l’humanité sous les diktats de Monsanto and Co
Pour celles et ceux qui, comme moi, ne sont pas chauds devant cet avenir radieux, une alternative a été avancée : l’agriculture biologique. Cela a tellement bien marché que le capitalisme s’en est emparé. Mais ce n’est malheureusement pas la solution.
Car les producteurs biologiques, si ils agissent sur la qualité de l’alimentation, en n’utilisant pas de pesticides, insecticides ou engrais chimiques, utilisent des apports extérieurs (intrants) qu’ils ne produisent pas eux-mêmes et qui participent à l’appauvrissement de l’environnement (d’autrui, généralement). Elle utilise également des techniques faisant appel à la mécanisation, qui sera de plus en plus poussée, pour des raisons productiviste et de profit. (au détriment encore de la biodiversité)
En cela, elle n’est pas "durable", c’est à dire qu’elle ne produit pas elle-même les conditions et la viabilité de son fonctionnement.
Une solution de ce problème réside dans la culture de plantes génératrices de compost, de plantes génératrices de carbone et de plantes génératrices de calories, ce qui n’est rien d’autre que "l’imitation de la nature".
Il a été réalisé une étude comparative entre agriculture intensive traditionnel, biologique et "naturelle" (connue sous différents termes comme bio-intensive, et d’autres, qui n’ont pas grand intérêt en eux-mêmes). Et cette étude a été expérimentée en techniques de micro-agriculture.
Une unité de terre = approximativement 125 m²
L’agriculture dite"biologique" et traditionnelle ont un rendement équivalent. (de 10 unités de terre pour une consommation annuelle individuelle pour un végétalien, puisque vous n’avez pas à vous préoccuper du fourrage animalier, jusqu’à 85 unités de terre pour une personne mangeant énormément de viande). Dans tous les cas, la production serait insuffisante, à des degrés divers, pour nourrir la population planétaire
L’agriculture "naturelle", par des techniques se focalisant uniquement sur le sol, s’est révélée de deux à six fois plus de productivité, par unité de terre, que l’agriculture commerciale tout en consommant de 67 à 88 % moins d’eau par kilo de nourriture produite que l’agriculture conventionnelle.
Je n’entrerai pas dans les considérations techniques , soulignant seulement que la capacité de produire du carbone est essentielle pour assurer la fertilité des sols. Il s’agit là encore d’imitation de la nature.
Et un seul exemple : Il est possible de produire toutes les calories nécessaires durant une année pour une personne avec des pommes de terre sur une surface aussi petite que 0,6 unité de terre. (75m²)
Alors, encore une fois, cet exposé barbant ne résout en rien la question politique de l’édification d’une société anarchiste . Il ouvre seulement des perspectives pour produire suffisamment, sans scier la branche sur laquelle nous sommes assis.