Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede Pïérô » 24 Mar 2011, 15:37

Un communiqué de L'UJFP qui me semble bien poser les choses :

Du débat sur « identité nationale » à la convention « islam et laïcité » du 5 avril 2011

Du prétendu « débat sur l’identité nationale » initié par Eric Besson en 2009/2010, au discours de Nicolas Sarkozy à Grenoble en juillet dernier, de celui ensuite de Brice Hortefeux sur les Roms et maintenant cette prochaine convention annoncée pour le 5 avril prochain ayant pour thème « Islam et laïcité », nous assistons à une surenchère continue d’un discours d’ Etat assumé, raciste et xénophobe, stigmatisant successivement les sans-papiers demandeurs d’asile, les jeunes des banlieues, les Roms et par extension les gens du voyage en général.

Le président Sarkozy et ses ministres, Claude Guéant encore la semaine dernière, valident un cadre d’analyse des difficultés rencontrées par les couches paupérisées de la société française comme dues à « l’invasion » étrangère. Ce discours raciste à vocation électoraliste se retourne contre ses auteurs, ceux à qui il s’adresse « préférant l’original à la copie », et surtout constatant que ce pouvoir qui désigne les étrangers comme coupables se révèle incapable cependant de leur apporter emploi, revenu et sécurité, votent « décomplexés » pour un Front National qui promet d’appliquer une politique encore plus explicitement raciste et xénophobe.
Discours raciste sans équivalent depuis les années 1930 en France et les campagnes antisémites qui ont précédées la politique de Vichy.
Jamais depuis cette période nous n’avons connu une telle production de textes racistes, islamophobes, dans la presse et les médias, un tel nombre de déclarations publiques par les représentants de l’Etat, de partis politiques – et pas seulement de droite !- par les représentants d’associations diverses sous couvert de la laïcité.
Mais ce climat délétère, populiste, ne saurait être compris si nous ne réintégrons pas dans notre grille de lecture, l’héritage colonial qui est le nôtre, le racisme qui le structurait, tout autant virulent que l’antisémitisme qui sévissait en Europe, si nous nions qu’il existe aujourd’hui en France un profond racisme qui trouve son fondement dans des institutions, des pratiques, des discours et des représentations qui se sont élaborées dans le cadre de l’empire colonial français.

Enzo Traverso écrit dans un article récent :
« L’élément fédérateur de cette nouvelle extrême droite réside dans la xénophobie, déclinée comme un rejet violent des immigrés et, plus particulièrement de l’ Islam. Véritable axe structurant de leur propagande, l’islamophobie joue pour ces mouvements le rôle qui fut jadis celui de l’antisémitisme pour les nationalismes et les fascismes d’avant la Seconde guerre Mondiale. La mémoire de la Shoah - une perception historique de l’antisémitisme au prisme de son aboutissement génocidaire - tend à obscurcir ces analogies pourtant évidentes. Le portrait de l’arabo musulman brossé par la xénophobie contemporaine ne diffère pas beaucoup de celui du juif construit par l’antisémitisme du début du XX siècle ».
Nous devons le reconnaître : nous n’avons pas su établir ce rapport entre ces deux formes de racismes bien que nous dénoncions depuis longtemps l’usage excessif et inconsidéré de la destruction des juifs européens et de « la mémoire » dans le discours israélien, dans celui du CRIF et celui, opportuniste, des politiques français, à propos de la guerre coloniale menée par Israël contre le peuple palestinien.

Aujourd’hui, nous devons être clairs : oui, le discours raciste et xénophobe que portent les plus hauts représentants de l’Etat, les partis de droite et d’extrême droite plus particulièrement, ce racisme dirigé contre des pans entiers de la population française est un racisme qui trouve ses fondements dans des institutions, des pratiques, des discours et des représentations qui se sont élaborées dans le cadre de l’ Empire colonial français .
Un passé aujourd’hui encore largement occulté dans notre mémoire collective. Nous devons affirmer que ce racisme, post-colonial, n’est pas une simple survivance du passé, qu’il s’agit au contraire d’une construction permanente sans cesse réactivée qui traverse toutes les classes sociales et toutes les forces politiques de notre société, les représentations héritées du passé étant reformulées et réinvesties au service d’intérêts contemporains.
Nous sommes loin du débat sur la laïcité. Celle-ci , en effet, a pour vocation de constituer un espace public commun, au delà des différences culturelles et/ou religieuses. Elle n’a de sens que dans une société multi culturelle et multi religieuse assumée. La laïcité est une réflexion nécessaire sur les conditions de vie commune dans la diversité, le respect de l’ Autre et non sa stigmatisation constante.

Le bilan des ces derniers mois est lourd de menaces, ne peut nous laisser indifférents.
C’est pourquoi nous - Association juive progressiste- nous appelons nos concitoyens à se mobiliser face aux dangers majeurs dont est porteur le discours d’Etat actuel, raciste et xénophobe, à se mobiliser pour faire échec au projet gouvernemental du 5 Avril prochain intitulé :« Islam et laïcité ». Nous les appelons à s’investir dans la préparation des manifestations du 28 mai prochain en répondant à l’Appel pour une mobilisation nationale et unitaire contre le racisme, la politique d’immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers : « D’ailleurs, nous sommes d’ici » !.

Le BN de l’UJFP, le 23/03/2011

http://www.ujfp.org/modules/news/articl ... toryid=899
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede Buenaventura » 01 Mai 2011, 14:48

Attention!
Ce texte emploie plusieurs fois le mot "islamophobe" dans le sens de "raciste anti-arabe" et xénophobe. Revendiquant l'islamophobie, la christianiophobie, la judéophobie, etc en raison du passif d'oppressions non assumé de toutes ces religions, je me sens insulté.
Pour avoir vécu dans les cités, je sais ce qu'il en est de l'Islam "light". Défendre un Islam prétendu tolérant (et pourquoi pas des dictatures douces?), c'est aussi faire insulte à un grand nombre de femmes dans le monde.
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede barcelone 36 » 03 Mai 2011, 19:26

bof...de toute manière "islamophobe", ça voudrait dire "qui a peur de l'islam", ce n'est pas mon cas...je préfère du coup laisser ce terme aux fafs...

quant à "judéophobe", faut osez quand même...être juif ça n'est pas forcement dire être de confession judaïque...l'UJFP par exemple...
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede Kzimir » 11 Mai 2011, 18:22

A mon avis il faut différencier l'islamophobie de l'antireligion. L'islamophobie ça me paraît être l'opposition spécifique à l'islam. L'antireligion c'est l'hostilité à toutes les religions.
En ce sens ça ne me pose pas de problème de parler d'islamophobie pour signifier la tactique des fachos consistant à attaquer l'islam comme religion des immigrés (même si au fond c'est de la bête xénophobie).
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede grateful » 18 Mai 2011, 23:07

Buenaventura a écrit:Attention!
Ce texte emploie plusieurs fois le mot "islamophobe" dans le sens de "raciste anti-arabe" et xénophobe. Revendiquant l'islamophobie, la christianiophobie, la judéophobie, etc en raison du passif d'oppressions non assumé de toutes ces religions, je me sens insulté.
Pour avoir vécu dans les cités, je sais ce qu'il en est de l'Islam "light". Défendre un Islam prétendu tolérant (et pourquoi pas des dictatures douces?), c'est aussi faire insulte à un grand nombre de femmes dans le monde.


je suis tout a fait d'accord avec toi , je suis islamophobe ! point barre , comme je suis judaochristophobe !

je suis laic , je le revendique haut et fort ! je n'ai pas de compassions pour ces "religions" qui oppriment depuis des siècles !
grateful
 
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede kuhing » 19 Mai 2011, 14:32

grateful a écrit:
Buenaventura a écrit:Attention!
Ce texte emploie plusieurs fois le mot "islamophobe" dans le sens de "raciste anti-arabe" et xénophobe. Revendiquant l'islamophobie, la christianiophobie, la judéophobie, etc en raison du passif d'oppressions non assumé de toutes ces religions, je me sens insulté.
Pour avoir vécu dans les cités, je sais ce qu'il en est de l'Islam "light". Défendre un Islam prétendu tolérant (et pourquoi pas des dictatures douces?), c'est aussi faire insulte à un grand nombre de femmes dans le monde.


je suis tout a fait d'accord avec toi , je suis islamophobe ! point barre , comme je suis judaochristophobe !

je suis laic , je le revendique haut et fort ! je n'ai pas de compassions pour ces "religions" qui oppriment depuis des siècles !


Je serais un peu moins manichéen que toi, Grateful.
Il parait que la vérité, si tant est qu'elle existe, se trouve dans les nuances . :)

Je crois qu'il ne faut pas se croire, comme le propose la ligne officielle du NPA, dans un film de Spilberg et se prendre pour un héros à la Schindler en défendant à corps et à cris tout ce qui porte un voile ou un nihab sous prétexte que les musulmans sont les persécutés du jour.
On en oublierait ce que tu soulignes, cad le caractère réactionnaire des religions et l'islam ne déroge pas à la règle.

Il n'en reste pas moins que quelque part les musulmans sont assimilés dans leur ensemble par tout ce qui est à droite du PS ( et peut être plus encore ) comme des voyous, des terroristes et des assistés qui viennent bouffer ce que les français de souche ne sont même pas en mesure d'avoir.

Donc il faut être très prudent quand on parle d'islamophobie.

D'autre part si je suis opposé au bourrage de crâne forcé imposé par les religions , je suis aussi pour la liberté individuelle de chacun-e d'avoir une recherche dite spirituelle qui peut prendre aussi la voie de l'islam.
Et de toutes façons, ce n'est pas en interdisant le voile où en imposant des règles dites laïques que les problèmes seront réglés de façon coércitive , au contraire, il y aura une réaction en sens inverse.

Je pense aussi que dans l'absolu, le port du voile est une soumission mais que son émancipation ne pourra venir que des personnes concernées directement par le problème.
C'est un débat que nous avons localement avec des camarades qui sont membres du CAam ( notre collectif anarchiste ) et aussi de la Libre pensée .
kuhing
 

Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede SchwàrzLucks » 19 Mai 2011, 18:40

C'est bien là la différence entre condamner les religions, ce que je fais, et condamner les croyants. Bien sûr il n'y a aucune compassion à avoir pour des croyants qui cherchent à étendre leurs dogmes sur nos vies mais il existe aussi une large frange de croyants qui, s'ils sont soumis à un dogme religieux, ne le prennent que pour leur propre personne et ne cherchent en rien à l'imposer à autrui.

A part ça, rien à rajouter au post de kuhing.
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede MélusineCiredutemps » 20 Oct 2011, 14:21

Le terme "islamophobie" comporte des ambiguïtés qui complexifient la lutte contre le racisme et l'intégrisme religieux. Son emploi peu servir à faire l'impasse sur le racisme à l'égard des Arabes qui ne sont pas croyant-e-s, tout en instaurant un amalgame systématique et stigmatisant entre les Arabes et les musulman-e-s, et dans la foulée entraver le droit au blasphème, ainsi que toute critiques contre les dogmes religieux d'abord musulmans, puis logiquement et par extension, chrétiens et juifs. En quelque sorte, c'est là le programme des groupes d'extrêmes droites qui instrumentalisent leur adhésion mensongère à la laïcité comme "Riposte Laïque" qui n'est pas laïque du tout, bien au contraire.
Des gens qui sont en apparence ennemis défendent en réalité les mêmes intérêts : les intégristes religieux, les anti-féministes, les obscurantistes (croyant-e-s ou athées avec leur rhétoriques "anti-sciences"), les conspirationnistes, les racistes, bref, toutes les sortes d'essentialistes, autrement-dit, d'adeptes des extrêmes droites (de quelque inspiration culturelle et/ou cultuelle soient-illes). Les confusions actuelles (qui profitent notamment à "égalité et réconciliation" d'Alain Soral) qui tendent à nous faire oublier la lutte des classes et le combat contre le racisme et le sexisme, par l'intrusion sur la scène politique des délires du type "choc des civilisations" et "défense de la diversité", arrangent bien les dominant-e-s et les extrêmes droites. Pendant que certain-e-s instrumentalisent une illusion d'anti-racisme identitaires afin de faire de la propagande anti-féministes, d'autres font l'inverse, ce qui n'est pas mieux... Parfois, on pourrait avoir l'impression qu'on est cerné-e-s par toutes les sortes de fachos que l'absurdité humaine a engendré... et que l'écrasante majorité s'en fout royalement ! Par lâcheté, par superficialité, par une "innocente ignorance" peut-être... en tout cas c'est assez désespérant et il faut s'accrocher avec beaucoup de poigne à nos valeurs pour ne pas sombrer dans la misanthropie.
Au delà de ce sombre constat, il me semble que certains repères peuvent aider à garder le cap : se reposer certaines questions philosophiques, toutes simples, comme :
- L'important, pour savoir de quel côté je suis et de quel côté est mon interlocuteurice ou l'orateur-e que je suis en train d'écouter, est-ce de savoir "en quoi je dois croire" ou plutôt "qu'est-ce que je veux" ? Et si c'est la 2ème réponse que j'adopte : "qu'est-ce que veux cellui que je suis en train d'écouter ?"
- La différence entre un être et une choses : "Puis-je cautionner qu'un être soit traité comme une chose, au nom de telle ou telle idéologie/croyance/intérêt,etc... ou par simple cynisme ?"
- En terme d'appartenance idéologique : "est-ce qu'une personne est ce qu'elle fait ou est-ce qu'elle est ce qu'elle dit penser?" Marine Lepen est-elle sincère lorsqu'elle dit ne pas être raciste et vouloir défendre la laïcité ?... A mon avis non, vous vous en doutez...
Et l'UJFP ? .... Lorsque nous avions organisé la campagne de soutien à RAWA, nous avions invité l'UJFP à se joindre à nous, voulant nous montrer "non sectaires" et persuadé-e-s que nous étions, que ces braves gens seraient de notre côté, car on les croyait progressistes.... L'UJFP nous a répondu très clairement que non... car soutenir les féministes Afghanes, c'est, selon l'UJFP faire acte d'islamophobie et porter atteinte à la "vraie" résistance... (celle qui est menée par les grosses couilles violeurs et prostitueurs, intégristes religieux seigneurs de guerre et mafieux qui s'entendent très bien avec l'occupation impérialiste pour ce qui est du business et des arrangements politicards pseudo démocratiques...). Alors, les jolis blablas, soit-disant "gauchistes" de l'UJFP.... ne valent rien d'autre que des blablas bien-pensants pour des gens qui se fabriquent leur petite bonne conscience mesquine et mondaine. Je ne doute pas pour autant que des personnes sincères tombent dans le panneau... c'est là une des nuisances dont sont capables les beaux parleurs dépourvus d'éthique comme les leaders de l'UJFP.
Il y a des personnes qui croient à autre chose que moi, mais qui sont parmi mes alliées car elles veulent la même chose que moi : que plus jamais aucun être ne soit traité comme une chose. Et ça se révèle le plus clairement dans les situations complexes, douloureuses et graves où il faut avoir le courage de prendre le risque de se positionner. Comme ça se révèle aussi dans la cohérence ou l'incohérence entre les actes et la façon dont ils sont posés, dans la durée (ex : certaines orgas ayant participé au soutien à RAWA ont, en toute connaissance de cause, fait alliance avec L'UJFP à peine un an après, au nom d'un pseudo antifascisme de façade...).
Et il y a aussi des individus qui croient en la même chose que moi mais veulent le contraire, et même si nous partageons certaines croyances, ce sont des ennemi-e-s !
Mais, malgré le respect et la sympathie que je peux avoir pour les quelques rares croyant-e-s progressistes que j'ai rencontré personnellement, je refuse de renoncer au nécessaire combat contre les dogmes essentialistes, anthropocentristes et chosifiants des religions monothéistes et transcendantalistes. Et si mes quelques ami-e-s croyant-e-s sont réellement progressistes illes ne viendront pas me le reprocher.
Certain-e-s font, consciemment ou inconsciemment, le jeu binaire de riposte "laïque" en interdisant/diabolisant toute critique de l'islam politique, radical et intégristes... Et par la même établissent une hiérarchie entre les religions... comme le fait riposte "laïque".
Voici deux vidéos instructives en ce qui concerne un des courants de l'islam que l'on peut ranger parmi les extrêmes droites et l'instrumentalisation de l'anti-racisme avec l'introduction du terme "islamophobie" :

http://www.youtube.com/watch?v=nXeFJMeVKJg

http://www.dailymotion.com/video/x8xjv2 ... sur-d_news
MélusineCiredutemps
 

Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede spleenlancien » 01 Nov 2011, 11:04

Jésuitisme quand tu nous tiens...
Le plus gros fournisseur de viande halal du Nord-Pas-De-Calais est un élu du FN :!:
Private joke avec Piérô :hehe:
On notera la réaction de Carl Lang :" Le FN est devenu l’auberge espagnole. En déplacement, Jean-Marie Le Pen a déclaré qu’il était hostile à l'annulation du permis de construire de la grande mosquée et voilà que dans le Nord, un conseiller régional se spécialise dans la viande halal. On marche sur la tête. "


http://www.lesinrocks.com/actualite/act ... de-calais/
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede ivo » 23 Sep 2012, 08:44

La laïcité est-elle devenu le cache sexe des obsédés de l’Islam ?
http://www.atlantico.fr/decryptage/laic ... 90544.html
Marine Le Pen s'est prononcée pour l'interdiction du voile et de la kippa dans l'espace public, y compris dans "la rue", au nom de la laïcité. Mais la question est-elle vraiment celle de l'application de ce principe, ou de sa simple utilisation pour éviter de parler spécifiquement de l'Islam ?

Atlantico : Dans un entretien au Monde ce vendredi, Marine Le Pen se prononce pour l'interdiction du voile dans les espaces publics – les magasins, les transports, la rue. Alors qu'elle avait déjà adopté cette position pendant la campagne présidentielle, elle y adjoint cette fois l'interdiction de la kippa, au nom d'une laïcité totale. Cette "laïcité" est-elle devenu l’excuse facile de ceux qui sont obsédés par l’Islam ?

Thierry Rambaud : Oui, c'est ce que disent tous ceux qui craignent ou ont peur de l'islam. Ça peut être des mouvements d'extrême droite ou plus largement des gens avec une pensée radicale. Avec les caricatures de Charlie Hebdo, on voit également qu'on est dans un mouvement complètement différent de celui de Marine Le Pen, qui est plus un schéma de libre pensée et d'une attitude très laïciste vis-à-vis de toutes les religions.

Aujourd'hui, on est dans un système qui postule que toutes les religions doivent être traitées sur un pied d'égalité. Il y a donc une volonté de ne pas en viser une plus qu'une autre, car ce ne serait pas politiquement correct. Dans les discours, il y a une volonté d'habiller les choses pour ne pas donner l’impression de viser une religion en particulier, dans un système qui est censé être neutre.

Il y a aussi l'aspect juridique. Ces infractions pénales nécessitent la réunion d'un certain nombre d'éléments, mais je crois qu'il y a une volonté de ne pas tomber sous le coup des lois sur la diffamation et l'injure et sur l'incitation à la haine raciale.

Il y a incontestablement, dans cette utilisation de la laïcité, à la fois un facteur juridique et un facteur politique, qui est celui d'une stratégie qui vise à ne pas viser une religion particulière, pour consolider le discours.

Ce qui est très frappant dans l'entretien que Marine Le Pen a accordé au Monde, c'est qu'il y a une confusion complète entre le politique et le législatif. Il y a une invocation du principe de laïcité qui n'est jamais sérieusement défini. Cet entretien mélange donc les arguments techniques et politiques, avec notamment une invocation fréquente de la loi de 1905.

La deuxième chose, c'est que cette interdiction du voile et de la kippa sur la voie publique est absolument impossible juridiquement. La Constitution française définit un certain nombre de droits et de libertés, dont la liberté de conscience et de religion. De surcroit, il y a aussi une Charte européenne des Droits de l'homme, qui a une valeur supra-législative et garantit le droit d'extérioriser ses convictions religieuses. Il faut donc avoir conscience que si cette interdiction devait passer par une loi, elle serait certainement inconstitutionnelle. Et si elle passait par une révision de la constitution, elle risquerait d'être censurée par le Conseil européen des Droits de l'homme.

D'autant que si on interdisait tout port dans la voie publique de tout voile ou une kippa, il faudrait aussi interdire la croix chrétienne.

Elle ne s'est justement pas prononcée pas l'interdiction des croix. Est-ce une nouvelle preuve qu'elle - comme d'autres avant, comme le mouvement Riposte laïque - ne visait que l'islam ?

C'est quelque chose d'extrêmement préoccupant, car nous avons un certain nombre de nos concitoyens qui sont de confession musulmane, mais sont français et vivent de façon parfaitement régulière sur le territoire national. Il ne faut pas proclamer des grands mots, comme la République, la Liberté, la Fraternité, dont se réclament ces mouvements ou partis politiques, si ces mots doivent être retournés contre une confession religieuse, en plus une confession qui a une histoire longue et prestigieuse.

Qu'il y ait des points de discussion avec les autorités, qu'il y ait une grande fermeté contre tous ceux qui menacent l'ordre public, c'est normal. Mais je trouve très préoccupant que ces concepts républicains, qui doivent constituer le socle du vivre-ensemble, soient retournés contre une partie de la population française. Les citoyens français, peu importe leur confession, doivent disposer des droits et libertés fondamentaux sur le territoire de la République, sinon on est en contraction avec les principes dont se réclament ces personnes lorsqu’ils évoquent les principes constitutifs de la République.

Nicolas Sarkozy avait, selon le Figaro, déclaré le 16 février 2011 aux députés UMP reçus à l’Elysée : « On a payé très cher la cécité sur l'immigration dans les années 1980. C'était un débat tabou. Avec la laïcité et l'islam, il se passe la même chose ». Pourquoi, lorsqu'on parle de laïcité, l'islam fait-il toujours son apparition, et vice-versa ?

Le premier facteur est que la laïcité a été construite à une époque où la communauté musulmane n'était pas très présente en France. L'islam est donc arrivé plus tard dans un cadre juridique dont certains principes et notions diffèrent parfois des spécificités de la communauté musulmane.

Par ailleurs, il est évident qu'on fait face à des difficultés liées à un contexte mondial où la question de la religion islamique soulève des questions et des inquiétudes. Cela a des répercussions en France.

C'est donc le rôle des responsables publiques de réaffirmer les grands principes qui peuvent sous tendre à vivre-ensemble, et ce vivre ensemble doit faire sa place à tous les citoyens. Cela ne veut pas dire qu'il faut céder le pas au communautarisme ou accepter des revendications qui portent atteinte à l'ordre ou la sécurité publique, mais ça veut dire qu'on ne peut pas vouloir déraciner totalement des individus qui peuvent avoir leurs convictions religieuses.

L'islam, à l'inverse d'autres religions, est en expansion en France. Cela n'appelle-t-il pas logiquement une application plus stricte de la laïcité à son encontre ?

Je crois qu'il est de la responsabilité des responsables publics de proposer un modèle républicain d'intégration apaisée. Cela passe par l'éducation. Le jour où l'école appuiera, par l'instruction civique, la diffusion de repères et de valeurs communes, on verra comment la prise en considération de ce bien commun est compatible avec l'expression des convictions religieuses.

C'est la responsabilité de la République et de l'école de définir ce bien commun, d'y faire adhérer l'ensemble de la population. Lorsqu'on aura une école qui sera sur ces deux pieds pour protéger cette morale commune, les pratiques religieuses s'articuleront beaucoup mieux avec ces exigences collectives d'intérêt général.

Le fait que la laïcité soit parfois utilisée comme une arme contre l'islam ne risque-t-il pas de détourner les musulmans de cette valeur ?

Ne cesser d'invoquer les grands principes républicains, dont fait partie la laïcité, à l'encontre d'une religion particulière – en l'espèce, l'islam – est bien entendu de nature à faire mettre des doutes sur la validité de ces principes pour ces personnes, qui se sentiraient exclues de la communauté nationale. C'est un risque certain.
.^o GRAVOS MC ° SC1 ° SC2
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede Nico37 » 08 Mai 2013, 20:08

Atlantico est un site néolibéral atlantiste...

Le jésuite (1) Pierre Tevanian est un digne représentant de la confusion gauchiste postmoderne (2) 02/05

A propos du livre La haine de la reli­gion, com­ment l’athé­isme est devenu l’opium du peuple de gauche, La Découverte, 2013, 10 euros

Un bien mau­vais pam­phlet contre l’athé­isme

Le phi­lo­so­phe Pierre Tevanian vient de com­met­tre un bien mau­vais pam­phlet contre ce qu’il a le culot d’appe­ler la « haine de la reli­gion ». Dans cet opus­cule, il amal­game tout et n’importe quoi, n’importe quel pitre ou piètre-pen­seur méd­ia­tique avec l’athé­isme et le matér­ial­isme, et se permet même de nous infli­ger des leçons de marxo­lo­gie, tout en jouant les Ponce Pilate de la pensée radi­cale.

D’ailleurs pour le jés­uite Tevanian, « athées » semble pres­que un gros mot : si le titre de son ouvrage fait référ­ence à l’athé­isme, il pré­fère uti­li­ser, tout au long de son livre, des termes confus comme « anti­re­li­gieux », « irré­ligieux » ou des expres­sions vagues comme la « haine des reli­gions » ou « la haine de la reli­gion » qui lui per­met­tent de cons­truire son dis­cours contre des enne­mis le plus sou­vent ima­gi­nai­res. Curieusement, lui qui adore dén­oncer l’« isla­mo­pho­bie », il ne dén­once jamais dans cet ouvrage la « judé­op­hobie » ou la « catho­pho­bie » qui relèvent pour­tant bien de la « haine des reli­gions », phénomènes qui méri­teraient tout aussi bien une ana­lyse s’il fai­sait preuve d’un peu de cohér­ence et ne dis­si­mu­lait pas mala­droi­te­ment son projet idéo­lo­gique post­mo­derne.

Ces indi­vi­dus qu’il dépeint comme prônant la « haine de LA reli­gion » au nom de l’athé­isme sont d’autant plus ima­gi­nai­res que la majeure partie d’entre eux sont en réalité catho­li­ques, pro­tes­tants ou juifs. Il suffit de se deman­der qui sont les intel­lec­tuels ou les hommes poli­ti­ques les plus viru­lents contre l’islam dans les médias et sur la Toile aujourd’hui, en France comme en Europe ou en Amérique, en tout cas qui sont ceux qui ont le plus gros pou­voir finan­cier et la plus grande capa­cité de nui­sance idéo­lo­gique. Ce ne sont cer­tai­ne­ment pas (contrai­re­ment à ce que prétend le jés­uite Tevanian) des par­ti­sans de l’athé­isme, de la science, du ratio­na­lisme et du matér­ial­isme. Des extrêmes droi­tes europé­ennes aux néoc­ons­er­vateurs amé­ricains ou israéliens, ce sont en réalité des fidèles (mas­qués ou pas) d’autres reli­gions concur­ren­tes qui dén­oncent l’islam comme une secte mille fois pire que... la leur !!! Pierre Tevanian ne peut l’igno­rer....

Quoiqu’il en dise, sa dém­arche se situe dans la ligne du post­mo­der­nisme qui réduit les grands cou­rants de pensée à des « dis­cours » choi­sis par des indi­vi­dus libres sur le marché des idéo­logies, et minore le rôle des dét­er­mi­nations socia­les, éco­no­miques et poli­ti­ques. En effet, pour ce phi­lo­so­phe qui prétend cri­ti­quer « l’idéal­isme » des athées, tout est reli­gion : les quatre reli­gions du Livre, la laïcité, l’anti­clé­ri­cal­isme, l’athé­isme, le marché, le matér­ial­isme, la science, le mili­tan­tisme d’extrême gauche ou anar­chiste, la méri­toc­ratie, etc. Avec un tel prés­upposé, on com­prend mieux la for­mule choc de son titre. Pour cet ini­tia­teur de l’Appel des Indigènes de la République en jan­vier 2005, la reli­gion est une opi­nion comme une autre qui n’aurait, en elle-même, aucun effet nocif, voire qui inci­te­rait plutôt à l’empa­thie vis-à-vis des opprimés et à l’action contre l’exploi­ta­tion de l’homme par l’homme !

En bon confu­sion­niste, il nous expli­que d’un côté qu’il faut procéder à « une ana­lyse des réalités matéri­elles et des pra­ti­ques concrètes », tout en ne tenant jamais compte lui-même de cet excel­lent conseil, si ce n’est en fai­sant preuve, par quel­ques allu­sions fur­ti­ves, du socio­lo­gisme le plus plat. A l’instar de ces oppor­tu­nis­tes qui par­lent d’un islam « popu­laire », comme si les mou­ve­ments fas­cis­tes, le Front natio­nal, le péron­isme, la Ligue du Nord ou les sectes évang­élistes pro­tes­tan­tes d’Amérique latine n’étaient pas elles aussi « popu­lai­res »...

Il ose écrire que « l’his­toire four­nit mille exem­ples de soulè­vements qui ont été le fait de croyants – des soulè­vements pro­gres­sis­tes aussi bien que réacti­onn­aires d’ailleurs, du point de vue de leur contenu poli­ti­que ». Mais il ne nous cite qu’UN seul exem­ple : celui de Thomas Münzer et de la guerre des pay­sans, sans se deman­der si c’est la foi reli­gieuse qui a été le prin­ci­pal moteur de ces soulè­vements ou la rév­olte contre les prin­ces régnants et les ecclési­as­tiques qui sai­gnaient le peuple. Sans se deman­der éga­lement si Engels, comme Rosa Luxembourg ou Kautsky d’ailleurs, n’ont pas pris leurs désirs pour des réalités en voyant dans les reli­gions chréti­ennes des éléments annon­cia­teurs des prin­ci­pes du... com­mu­nisme et cher­ché à trou­ver l’oreille des prolét­aires chrétiens avec des argu­ments peu soli­des his­to­ri­que­ment !

De toute façon, en fidèle dis­ci­ple des Indigènes de la République, le « Blanc » Tevanian croit plus à la lutte des races (il dén­once la « majo­rité blan­che », tra­vailleurs com­pris donc, et range Philippe Poutou, le can­di­dat du NPA aux pré­sid­enti­elles de 2012, dans le camp de « l’anti­ca­pi­ta­lisme blanc » !) qu’à la lutte des clas­ses contre la bour­geoi­sie et son Etat (3) .

Le plus sou­vent, le jés­uite Tevanian fait appel au « bon sens » indi­vi­dua­liste qu’invo­quent tous les déma­gogues et les confu­sion­nis­tes. Son livre pour­rait se résumer en trois phra­ses « On trouve du bon et du mau­vais dans toutes les reli­gions, et dans tous les cou­rants révo­luti­onn­aires. Tout est ques­tion d’inter­pré­tation per­son­nelle, indi­vi­duelle. Il est donc vain de cri­ti­quer les reli­gions, les appa­reils reli­gieux et les com­por­te­ments des croyants, puis­que chacun peut choi­sir d’orien­ter sa reli­gion dans un sens per­son­nel, pro­gres­siste ou réacti­onn­aire. »

Dans ce petit pam­phlet, la mau­vaise foi de son auteur suinte à toutes les pages, à com­men­cer par la cou­ver­ture.

Un titre men­son­ger, dif­fa­ma­toire et obs­cu­ran­tiste

Pour com­men­cer, cet opus­cule ne traite abso­lu­ment pas de la « haine de LA reli­gion » en général, ni des reli­gions du Livre en par­ti­cu­lier. L’auteur aborde seu­le­ment et fort légè­rement la cri­ti­que mer­dia­ti­que de l’islam fon­da­men­ta­liste (car les par­ti­sans du port du hijab appar­tien­nent aux cou­rants intégr­istes ou litté­ral­istes de l’islam, les plus réacti­onn­aires sur le plan poli­ti­que, ce que fait sem­blant d’igno­rer le thé­op­hile Tevanian quand il nous expli­que que le choix de le porter est une ques­tion « tel­le­ment intime », qu’elle « forge le caractère » et montre qu’une femme « n’est sou­mise à per­sonne d’autre », même pas à ses parents, car elle se donne à un Dieu qui promet de la protéger et de la déf­endre – sic (4) ).

Plus spé­ci­fiq­uement, l’auteur centre son livre autour d’un seul évé­nement fort éloigné de l’énoncé du titre choisi pour son ouvrage : la polé­mique autour de la can­di­date du NPA por­tant un hijab (et non pas « voilée » ou arbo­rant un « fou­lard »), et les propos réacti­onn­aires d’un cer­tain nombre de bouf­fons méd­ia­tiques : Aurélie Filipetti, Nadine Morano, Jean-Luc Mélenchon, Martine Aubry, Audrey Pulvar, Michel Onfray, Jean-Paul Huchon, Natacha Polony et... Laurent Ruquier. Pantins falots dont on se demande en quoi ils représ­en­teraient le « peuple de gauche » !

Son livre aurait été inti­tulé : De l’affaire Ilham Moussaoui et des pen­chants racis­tes et natio­naux-répub­licains de ses détr­acteurs, ce titre aurait été plus conforme au contenu de cet opus­cule. Mais cela aurait été évid­emment moins accro­cheur que cette atta­que veni­meuse contre l’athé­isme et le matér­ial­isme assi­milés à une haine ima­gi­naire d’un non moins ima­gi­naire « peuple de gauche » (Cette expres­sion jour­na­lis­ti­que est d’ailleurs bien confuse, quand on sait com­ment et pour qui votent en réalité les électeurs dits « de gauche ». Confusion et impré­cision stupéfi­antes de la part de l’ani­ma­teur d’un site dont la fière devise pro­clame « Les mots sont impor­tants »).

En fait, Pierre Tevanian ne s’intér­esse qu’à la cri­ti­que (assi­milée pour lui à la « haine ») d’une seule reli­gion : l’islam (et encore, je le répète, l’islam des seuls cou­rants fon­da­men­ta­lis­tes), comme si la cri­ti­que anti­re­li­gieuse était appa­rue en France seu­le­ment après ladite « affaire du voile » (du hijab) du lycée de Creil en 1989.

Mais la mau­vaise foi du jés­uite post­mo­derne Tevanian dép­asse lar­ge­ment cette petite entour­loupe édi­tor­iale concer­nant le titre de son opus­cule.

Tout en se déf­endant benoî­tement d’aller aussi loin dans la fal­si­fi­ca­tion et l’amal­game, son « rai­son­ne­ment » consiste à prét­endre :

– que pres­que tous ceux qui cri­ti­quent la reli­gion haïssent et mép­risent les croyants en tant qu’indi­vi­dus ; donc tous ceux qui « res­pec­tent » – maître mot de ce piètre pen­seur – les reli­gions peu­vent se parer de toutes les vertus du res­pect de l’Autre, de la tolér­ance et de l’empa­thie ;

– que pres­que tous ceux qui cri­ti­quent la reli­gion sont des racis­tes, voire des sexis­tes (les « anti­re­li­gieux conséquents et non racis­tes ne sont pas si nom­breux que ça » ; « peu d’anti­re­li­gieux adop­tent cette pos­ture de refus (...) de l’injure quo­ti­dienne, [de] l’exclu­sion sociale des femmes voilées, [de] la dis­cri­mi­na­tion, à l’embau­che notam­ment (...) et plus encore sur la visi­bi­lité d’une pra­ti­que musul­mane ») ; par conséquent, pres­que tous ceux qui ne cri­ti­quent pas les reli­gions sont des anti­ra­cis­tes, par­ti­sans résolus de l’égalité des sexes ;

– que la majo­rité des musul­mans et que l’essen­tiel des textes fon­da­teurs de l’islam seraient fémin­istes, anti­sexis­tes, hos­ti­les au racisme, à l’antisé­mit­isme, à l’escla­vage, au racisme, et par­ti­sans d’une pro­fonde réf­orme sociale voire d’une révo­lution....

L’auteur ne peut s’empêcher d’affir­mer que les Lumières ont été « majo­ri­tai­re­ment escla­va­gis­tes et colo­nia­lis­tes » comme si cet aspect « majo­ri­taire » (ce phi­lo­so­phe mesure-t-il le poids des idées comme un vul­gaire ins­ti­tut de son­da­ges ?) avait eu un rôle révo­luti­onn­aire dans l’Histoire ! En même temps, il cite en exem­ple Ibn Khaldoun mais « oublie » que ce pen­seur a écrit dans ses Prolégomènes : « Au-delà du pays des Lemlem, dans la direc­tion du sud, on ren­contre une popu­la­tion peu considé­rable ; les hommes qui la com­po­sent res­sem­blent plutôt à des ani­maux sau­va­ges qu’à des êtres rai­son­na­bles. Ils habi­tent les maré­cages boisés et les caver­nes ; leur nour­ri­ture consiste en herbes et en grai­nes qui n’ont subi aucune pré­pa­ration ; quel­que­fois même ils se dévorent les uns les autres : aussi ne méritent-ils pas d’être comptés parmi les hommes. » Et Ibn Khaldoun ne craint pas d’affir­mer que « les seuls peu­ples à accep­ter l’escla­vage sont les nègres, en raison d’un degré inférieur d’huma­nité, leur place étant plus proche du stade animal ». Pas mal pour une référ­ence incontour­na­ble de la pensée musul­mane « pro­gres­siste », éprise de « jus­tice sociale » et d’« égalité » ! Enfoncés, les pen­seurs « majo­ri­tai­re­ment escla­va­gis­tes et colo­nia­lis­tes » des Lumières, non ?

Une thé­op­hilie fan­tai­siste

Essayons main­te­nant de déc­or­tiquer un peu plus en détail l’argu­men­ta­tion de ce jés­uite post­mo­derne, à com­men­cer par la ques­tion essen­tielle : Pierre Tevanian est-il athée et par­ti­san de la science, du matér­ial­isme et du ratio­na­lisme, tous trois incom­pa­ti­bles avec l’ensem­ble des reli­gions, à moins de se livrer à de pitoya­bles contor­sions intel­lec­tuel­les ?

Pierre Tevanian croit-il en l’exis­tence de Yahweh, Dieu ou Allah ?

Le lec­teur peut avoir de sérieux doutes sur l’athé­isme et le ratio­na­lisme de l’auteur quand notre jés­uite écrit : « la décision pour ce qui est de savoir qui est juif ou pas, chrétien ou pas, musul­man ou pas, bon juif, bon chrétien, bon musul­man ou pas, n’appar­tient pas à Michel Onfray, ni à un rabbin, ni à un curé, ni à un imam, ni à un quel­conque fidèle – mais à Dieu ». Vous avez bien lu : si Dieu a un tel pou­voir de décision, c’est qu’il existe, non ? Ou alors nous nageons en pleine fan­tas­ma­go­rie... reli­gieuse !

Puisque Dieu existe pour le jés­uite Tevanian, il est logi­que qu’il se livre à un vibrant plai­doyer en faveur de l’obs­cu­ran­tisme reli­gieux : selon lui, Dieu « aime éga­lement cha­cune de ses créa­tures » (on se demande pour­quoi il tolère de telles iné­galités socia­les ne serait-ce qu’entre ses fidèles, des guer­res fra­tri­ci­des et meur­trières, des géno­cides, ou même tout sim­ple­ment des mala­dies dégé­né­ratives, des épidémies, des catas­tro­phes natu­rel­les, etc.) ; « le croyant » prône « l’égale dignité de tout être humain » (on se demande alors pour­quoi les athées et les apo­stats sont menacés par les reli­gieux des pires châtiments cor­po­rels sur terre, voire de la peine de mort, et pour­quoi les sun­ni­tes et les chii­tes s’entre­tuent au nom de l’amour de Dieu en Irak, tout comme les hin­douis­tes et les musul­mans en Inde et au Pakistan ; on se demande pour­quoi les reli­gions ont toutes accepté l’escla­vage, jus­ti­fié le racisme, etc.) ; pour le jés­uite Tevanian, la reli­gion peut avoir une « dimen­sion éga­lit­aire et liber­taire » ; « Loin d’apai­ser ou d’endor­mir l’inquié­tude humaine en général et la colère sociale en par­ti­cu­lier, l’espér­ance reli­gieuse se tra­duit dès lors (...) objec­ti­ve­ment par un sup­plément d’acti­visme (...) elle rend sinon cou­ra­geux, du moins témér­aire » !!!

Le jés­uite Tevanian mani­pule sans ver­go­gne le matér­ial­isme his­to­ri­que...

Sans le moin­dre com­plexe, Tevanian va jusqu’à mobi­li­ser Marx au ser­vice de son pam­phlet thé­op­hile puis­que, selon notre phi­lo­so­phe, « Marx nous dit en somme que dans l’absolu la conso­la­tion reli­gieuse n’est pas indis­pen­sa­ble, mais qu’elle tend à l’être dans ce monde-ci »... Toujours selon notre jés­uite, Marx voit chez les reli­gieux une « indé­ra­ci­nable exi­gence de jus­tice » et une « pro­tes­ta­tion contre la misère ».

En fait, tout comme ses potes pro­ches des Indigènes de la République, Hazan et Badiou (5), Tevanian monte un procès facile à gagner contre des nul­lités méd­ia­tiques, poli­ti­ques ou intel­lec­tuel­les pour mieux éviter de faire le procès de l’athé­isme annoncé par son titre. Il a beau se réfugier der­rière l’auto­rité de quel­ques cita­tions choi­sies de Marx, Engels, Rosa Luxembourg, Trotsky et Lénine, en bon idéo­logue post­mo­derne il expli­que en même temps qu’il ne par­tage tota­le­ment ni le point de vue phi­lo­so­phi­que ni le point de vue poli­ti­que de ces auteurs. Il se contente d’une allu­sion à Ernst Bloch et son Principe Espérance, tarte à la crème de tous les marxis­tes trop fei­gnants pour se livrer à une ana­lyse matér­ial­iste des reli­gions (6), et se croit ainsi dis­pensé de nous livrer le rés­ultat de ses réflexions sur l’athé­isme.

Cela n’empêche pas ce jés­uite post­mo­derne de se réfugier sous un para­pluie « marxiste lénin­iste » pour mieux faire passer sa pro­pa­gande thé­op­hile.

Ainsi, il cite l’arti­cle « Socialisme et reli­gion » (1905) de Lénine mais omet déli­bérément de nous com­mu­ni­quer ce pas­sage : « A ceux qui, toute leur vie durant, tra­vaillent et demeu­rent dans le besoin, la reli­gion ensei­gne l’humi­lité et la patience dans la vie ter­res­tre, en leur fai­sant espérer une réc­omp­ense au ciel. » (Tevanian, lui, prétend exac­te­ment le contraire, à savoir que les reli­gions inci­tent à regar­der d’un oeil cri­ti­que le monde actuel et inci­tent ainsi à le trans­for­mer !) « Quant à ceux qui vivent du tra­vail d’autrui, pour­suit Lénine, la reli­gion leur ensei­gne la bien­fai­sance dans la vie ter­res­tre ; elle leur offre à très bon marché la jus­ti­fi­ca­tion de toute leur exis­tence d’exploi­teurs et leur vend à un prix modi­que des cartes d’entrée au para­dis des bien­heu­reux. La reli­gion est l’opium du peuple. C’est un genre d’alcool intel­lec­tuel, où les escla­ves du Capital noient leur face humaine, leurs reven­di­ca­tions d’une vie tant soit peu digne d’un être humain. »

On est loin de l’image fal­si­fiée d’un Lénine théoc­om­pa­tible que le jés­uite Tevanian tente de nous vendre avec ses cita­tions soi­gneu­se­ment choi­sies. Et notre phi­lo­so­phe dis­si­mule aussi d’autres considé­rations de Lénine dans le même texte et dans « De l’atti­tude du parti ouvrier à l’égard de la reli­gion » (1909), affir­ma­tions qui vont com­plè­tement à l’encontre de sa thèse :

« Par rap­port au parti du prolé­tariat socia­liste, la reli­gion n’est pas une affaire privée. Notre Parti est une asso­cia­tion de mili­tants cons­cients d’avant-garde, com­bat­tant pour l’éman­ci­pation de la classe ouvrière. Cette asso­cia­tion ne peut pas et ne doit pas rester indiffér­ente à l’incons­cience, à l’igno­rance ou à l’obs­cu­ran­tisme revêtant la forme de croyan­ces reli­gieu­ses. Nous réc­lamons la sépa­ration com­plète de l’Église et de l’État afin de com­bat­tre le brouillard de la reli­gion avec des armes pure­ment et exclu­si­ve­ment idéo­lo­giques : notre presse, notre pro­pa­gande. Mais notre asso­cia­tion, le Parti ouvrier social-démoc­rate de Russie, lors de sa fon­da­tion, s’est donné pour but, entre autres, de com­bat­tre tout abêt­is­sement reli­gieux des ouvriers. Pour nous, la lutte des idées n’est pas une affaire privée ; elle intér­esse tout le Parti, tout le prolé­tariat. »

« Nous exi­geons que la reli­gion soit une affaire privée par rap­port à l’Etat, mais nous ne pou­vons en aucune manière considérer la reli­gion comme une affaire privée par rap­port à notre propre Parti. »

« Nous devons com­bat­tre la reli­gion. C’est l’abc de tout le matér­ial­isme et par conséquent du marxisme. Mais le marxisme n’en reste pas à l’abc. Il va plus loin. Il dit : il faut savoir com­bat­tre la reli­gion, et pour cela il faut expli­quer en matér­ial­istes les sour­ces de la foi et de la reli­gion dans les masses. »

Le jés­uite Tevanian se garde bien de citer La théorie du matér­ial­isme his­to­ri­que (1921) et L’ABC du com­mu­nisme (1923) deux ouvra­ges de Boukharine tra­duits dans de nom­breu­ses lan­gues et qui ont servi à former les mili­tants com­mu­nis­tes dans tous les pays durant cette pér­iode : « Dans les églises, les prêtres appointés par l’Etat ensei­gnent : “Pas de puis­sance qui ne vienne de Dieu”. » « Comme conclu­sion de notre ana­lyse de la reli­gion, nous devons dire qu’une telle concep­tion de la reli­gion conduit direc­te­ment le prolé­tariat à la néc­essité d’une lutte active contre elle. Gorter, dans son livre sur Le matér­ial­isme his­to­ri­que, non seu­le­ment s’éloigne du matér­ial­isme phi­lo­so­phi­que, mais encore com­prend d’une façon oppor­tu­niste et bour­geoise la pro­po­si­tion : “la reli­gion-affaire privée”. Selon lui, cela veut dire qu’il est inu­tile pour nous de nous occu­per de la reli­gion qui, soi-disant, dis­pa­raîtra d’elle-même. Rien cepen­dant n’arrive de soi-même dans une société et Marx, dans un de ses ouvra­ges si brillants et mor­dants (La Critique du Programme de Gotha) se moquait cruel­le­ment de la concep­tion à la Gorter de la “reli­gion-affaire privée”. D’après Marx, ce mot d’ordre ne signi­fie qu’une reven­di­ca­tion des ouvriers, adressée à l’État bour­geois, pour que celui-ci ne fourre pas son nez poli­cier dans ce qui ne le regarde pas et nul­le­ment une reven­di­ca­tion adressée à eux-mêmes, afin de les rendre “tolérants” envers tout l’héri­tage des régimes igno­bles et envers toute force réacti­onn­aire. La concep­tion de Gorter ne peut nul­le­ment sous ce rap­port, être qua­li­fiée de révo­luti­onn­aire et com­mu­niste. C’est un point de vue pure­ment social-démoc­rate. »

Voilà exac­te­ment ce qu’écrit Marx, aux anti­po­des des inter­pré­tations fan­tai­sis­tes du jés­uite Tevanian : « “Liberté de cons­cience !” Si on vou­lait, par ces temps de Kulturkampf, rap­pe­ler au libé­ral­isme ses vieux mots d’ordre, on ne pou­vait le faire que sous cette forme : “Chacun doit pou­voir satis­faire ses besoins reli­gieux et cor­po­rels, sans que la police y fourre le nez.” Mais le Parti ouvrier avait là l’occa­sion d’expri­mer sa convic­tion que la bour­geoise “liberté de cons­cience” n’est rien de plus que la tolér­ance de toutes les sortes pos­si­bles de liberté de cons­cience reli­gieuse, tandis que lui s’efforce de libérer les cons­cien­ces de la fan­tas­ma­go­rie reli­gieuse. Seulement on se com­plaît à ne pas dép­asser le niveau “bour­geois”. »

Très exac­te­ment ce que nous pro­po­sent Tevanian et la Gauche iden­ti­taire isla­mo­com­pa­ti­ble : au nom de la lutte contre « l’isla­mo­pho­bie », ils refu­sent d’admet­tre que toutes les reli­gions s’orga­ni­sent sur le ter­rain poli­ti­que pour déf­endre l’ordre social capi­ta­liste, mais aussi la domi­na­tion de la femme par l’homme.

Il est d’ailleurs signi­fi­ca­tif que la seule cita­tion d’une prét­endue « fémin­iste isla­mi­que » dans ce livre fasse l’apo­lo­gie de « normes », d’ « une sacra­li­sa­tion de l’intime » et de la « déf­ense du cadre fami­lial hété­rosexuel » sans que ce phi­lo­so­phe radi­cal y trouve à redire et sans qu’il cor­rige le por­trait d’un « fémin­isme occi­den­tal » visi­ble­ment assi­milé par cette fémin­iste musul­mane aux méd­ia­tiques Femen, à la taille des mini-jupes, aux pan­ta­lons taille basse, ou au refus de porter un sou­tien-gorge ! Bref à aucune réflexion séri­euse !

Enfin, la réc­ente union sacrée entre le CRIF, l’Eglise catho­li­que et l’UOIF pour dén­oncer le mariage homo­sexuel avant le pas­sage de la loi au Parlement et au Sénat n’a pas été l’effet d’une conver­gence for­tuite entre ces trois reli­gions du Livre, mais l’expres­sion lim­pide d’affi­nités réacti­onn­aires entre trois appa­reils reli­gieux et com­mu­nau­tai­res dont la pro­pa­gande quo­ti­dienne influence, modèle, condi­tionne le com­por­te­ment quo­ti­dien de leurs adep­tes quoiqu’en pen­sent les minus­cu­les mino­rités fémin­istes catho­li­ques, pro­tes­tan­tes, musul­ma­nes ou juives.

Et ce n’est mal­heu­reu­se­ment pas l’arti­cle paru en 2005 dans la revue Contretemps de la LCR puis du NPA qui convain­cra de nom­breux croyants de la nor­ma­lité de l’homo­sexua­lité, ni même du caractère infondé des préjugés racis­tes ! Ecrit par un pas­teur pro­tes­tant et cité par le jés­uite Tevanian, son titre est pro­vo­ca­teur mais sur­tout ridi­cule quand on connaît l’his­toire des reli­gions et leurs pra­ti­ques racis­tes, sexis­tes et homo­pho­bes depuis des siècles : http://blog.ste­pha­ne­la­vi­gnotte.fr/p....

C’est à peu près comme si un éco­nom­iste ou un socio­lo­gue écrivait que le capi­ta­lisme peut se déb­arr­asser lui-même de l’exploi­ta­tion de l’homme par l’homme, du sala­riat, du profit et de l’argent. C’est en tout cas ce que croient, ou font sem­blant de croire, de nom­breux réf­orm­istes et ce que pen­sent de nom­breux alter­mon­dia­lis­tes et Indignés. Mais le fait que cette croyance fan­tai­siste soit assez rép­andue (beau­coup plus que les inter­pré­tations « gau­chis­tes », à la Tevanian, des reli­gions) ne change et ne chan­gera rien aux lois du capi­ta­lisme, pas plus que les prét­endus fémin­ismes reli­gieux ne trans­for­me­ront le caractère réacti­onn­aire de ces croyan­ces mil­lén­aires

Tevanian com­plice d’une gros­sière mani­pu­la­tion his­to­ri­que

A propos des bol­che­viks, le jés­uite Tevanian accom­plit le tour de force de repro­duire les argu­ments fal­la­cieux d’un trots­kyste (7) par­ti­san de l’alliance avec les mili­tants de l’islam poli­ti­que. Peu scru­pu­leux, Dave Crouch a écrit un texte sur la col­la­bo­ra­tion tem­po­raire entre bol­che­viks et musul­mans dans cer­tai­nes répub­liques d’Asie cen­trale, sans men­tion­ner les persé­cutions dont les reli­gions ortho­doxe (majo­ri­taire dans l’URSS de Lénine et Trotsky puisqu’elle comp­tait des cen­tai­nes de mil­liers de prêtres et des dizai­nes de mil­liers d’églises) et juive (8) furent l’objet durant la même pér­iode présentée comme exem­plaire, conformément à la mytho­lo­gie trots­kyste.

Le jés­uite Tevanian se garde bien, tout comme le trots­kyste isla­mo­phile Dave Crouch qu’il cite, d’évoquer les exé­cutions som­mai­res, les condam­na­tions à des années de camps de tra­vail (équi­valant sou­vent à une condam­na­tion à une mort lente) et à des années de prison pro­noncées contre les oppo­sants reli­gieux au bol­che­visme. Il ne men­tionne pas l’expro­pria­tion de tous les biens des Eglises catho­li­que et ortho­doxe en Russie, ni le fait que les croyants ne devaient pas « trou­bler l’ordre public » par leur pra­ti­que reli­gieuse, pres­crip­tion légale ouvrant la porte à toutes les persé­cutions. A côté de ce Code pénal léonin des bol­che­viks, les lois franç­aises actuel­les (que nous ne sou­te­nons pas) contre « les signes reli­gieux osten­si­bles » ne sont qu’une aima­ble plai­san­te­rie. Mais une telle cons­ta­ta­tion nui­rait à la démo­nst­ration fre­latée de Tevanian et de ses amis trots­kys­tes isla­mo­phi­les.

Tevanian ne prend pas la peine de se deman­der quand a com­mencé en URSS la des­truc­tion ou la fer­me­ture puis la reconver­sion des églises ortho­doxes et catho­li­ques, la sup­pres­sion des monastères (à com­men­cer par celui des îles Solovki trans­formé en camp de concen­tra­tion pour les reli­gieux dès... 1920 donc sous Lénine et Trotsky que chér­issent les trots­kys­tes isla­mo­phi­les).

Qu’on nous com­prenne bien et que l’on ne se mépr­enne pas sur la raison de ce rappel his­to­ri­que élém­ent­aire : il ne s’agit pas pour nous d’enté­riner les choix poli­ti­ques contre-révo­luti­onn­aires d’une grande partie du clergé ortho­doxe russe et de ses mil­lions de fidèles. Cette ques­tion com­plexe deman­de­rait un long dével­op­pement sur les rap­ports entre révo­lution sociale, démoc­ratie prolé­tari­enne et libertés, ce qui n’est pas notre objec­tif ici.

Il ne s’agit pas non plus de considérer que les marxis­tes (ni les anar­chis­tes, d’ailleurs) auraient com­pris toutes les sub­ti­lités de l’alié­nation reli­gieuse et auraient défini les meilleu­res stratégies pour gagner à la cause du matér­ial­isme et de l’athé­isme les prolét­aires croyants (9).

Mais il s’agit au moins de ne pas prés­enter de façon men­songère et fan­tai­siste les pre­mières années de la révo­lution russe (1917-1924), comme une ère de tolér­ance d’un régime marxiste vis-à-vis des reli­gions, gros­sière mani­pu­la­tion his­to­ri­que com­mise par le trots­kyste isla­mo­phile Dave Crouch, et entérinée avec enthou­siasme par le jés­uite Tevanian.

Cette répr­ession anti­re­li­gieuse mas­sive dis­si­mulée par Tevanian pour les besoins de sa thèse montre bien que, contrai­re­ment à ce qu’il prétend, les convic­tions reli­gieu­ses ne sont pas sim­ple­ment, ni prin­ci­pa­le­ment, des « idées » sujet­tes à des inter­pré­tations indi­vi­duel­les arbi­trai­res (réacti­onn­aires ou pro­gres­sis­tes selon l’humeur et le goût de leurs par­ti­sans). Elles sont aussi et sur­tout des forces matéri­elles, socia­les, repo­sant sur des pri­vilèges très pal­pa­bles, sur la pos­ses­sion et le contrôle de pro­priétés fon­cières, de ter­rains, d’immeu­bles, de capi­taux, d’écoles, de ban­ques, de publi­ca­tions, de mai­sons d’édition, de fon­da­tions huma­ni­tai­res, et aussi le plus sou­vent sur un appa­reil de fonc­tion­nai­res ou de mili­tants rémunérés. Dans toutes les révo­lutions, de la Russie de 1917 aux soulè­vements arabes de 2011, ces forces socia­les ont joué un rôle réacti­onn­aire.

Rappelons à notre jés­uite post­mo­derne que les Frères musul­mans égyptiens ou l’Ennahda tuni­sienne ne sont pas à l’ori­gine du ren­ver­se­ment de Moubarak et Ben Ali, qu’ils ont pris le train en marche pour faire alliance avec l’armée et mieux rép­rimer les révo­luti­onn­aires arabes (ceux que Tevanian appelle tous « musul­mans » pour confor­ter son inter­pré­tation isla­mo­phile de l’his­toire réc­ente, en confon­dant culture musul­mane et reli­gion musul­mane) dès qu’ils ont eu le pou­voir.

Pour reve­nir aux bol­che­viks et à l’exem­ple fal­la­cieux brandi par Tevanian, cette poli­ti­que anti­re­li­gieuse des com­mu­nis­tes russes fai­sait partie d’une stratégie adoptée par la Troisième Internationale, comme en tém­oigne l’arti­cle de Marianne Bastide-Bruguière, « La cam­pa­gne anti­re­li­gieuse de 1922 (10) ». Dans les répub­liques musul­ma­nes d’Asie cen­trale le pou­voir bol­che­vik s’est appuyé pen­dant un temps, de façon oppor­tu­niste, sur l’islam, tout en rép­rimant la reli­gion ortho­doxe majo­ri­taire en Russie. Et, en Chine, à peu près à la même époque, les com­mu­nis­tes locaux se sont atta­qué féro­cement à la reli­gion chréti­enne, mais aussi au boud­dhisme, au taoïsme et au confu­cia­nisme, pour pren­dre la tête de la lutte contre les impér­ial­ismes étr­angers qui pillaient la Chine et déf­endre l’unité natio­nale du pays. Dans les deux cas, il s’agis­sait fon­da­men­ta­le­ment d’un jeu diplo­ma­ti­que de l’Etat russe pour lutter contre les puis­san­ces occi­den­ta­les, favo­ri­ser l’alliance avec cer­tains Etats comme la Turquie d’Atatürk (quitte à lais­ser empri­son­ner et mas­sa­crer les com­mu­nis­tes locaux), sou­te­nir des mou­ve­ments anti­co­lo­niaux, affai­blir la domi­na­tion impér­ial­iste et gérer des mino­rités natio­na­les au sein de ses pro­pres fron­tières, mino­rités dont la rév­olte aurait pu faire explo­ser l’Etat sovié­tique (comme on l’a vu après 1989, le danger n’était pas ima­gi­naire). Mais tout cela n’avait rien à voir avec une quel­conque reconnais­sance des vertus révo­luti­onn­aires, ou même « pro­gres­sis­tes », des reli­gions – contrai­re­ment à ce qu’affir­ment Crouch et Tevanian !

Il suffit de lire ce qu’écrivait en 1922, Chen Du Xiu, fon­da­teur du Parti com­mu­niste chi­nois, pour réd­uire à néant les argu­ments des thé­op­hiles comme Tevanian ou les Indigènes qui prét­endent que la déf­ense de l’athé­isme serait sou­vent ins­pirée par le racisme et le colo­nia­lisme : Dans son arti­cle « Christianisme et Eglise chréti­enne », Chen Du Xiu « déc­larait fer­me­ment que dés­ormais il fal­lait cesser la dis­cus­sion des dogmes, dont les faus­setés ne pou­vaient plus abuser per­sonne et porter la cri­ti­que sur l’ins­ti­tu­tion, sur les crimes accu­mulés par l’Eglise depuis des siècles. Il évoquait les innom­bra­bles vic­ti­mes de l’Inquisition, sur les­quel­les Russel avait insisté dans ses confér­ences ; tour­nait en dérision les prières élevées par les Eglises de chaque puis­sance bel­ligér­ante, au milieu des mas­sa­cres du récent conflit mon­dial, pour la vic­toire de leur propre pays. Il dénonçait l’aide des Eglises à la poli­ti­que colo­niale de leur nation en Extrême-Orient, et par­ti­cu­liè­rement en Chine, rap­pe­lait le rôle des mis­sion­nai­res dans l’affaire de Jiaozhou, pré­lude au dépè­cement de la Chine en 1898, repro­chait aux écoles mis­sion­nai­res de n’insis­ter que sur l’appren­tis­sage de leur langue natio­nale et de nég­liger l’ensei­gne­ment scien­ti­fi­que, d’uti­li­ser l’argent et l’attrait du mariage avec de jolies filles pour recru­ter des fidèles » (Marianne Bastide-Bruguière, op. cit.).

Lorsqu’on se penche séri­eu­sement sur l’his­toire réelle, et non fan­tasmée ou sciem­ment déformée, des rap­ports entre les com­mu­nis­tes des années 20 et les reli­gions, on se retrouve donc à des années lumière de la ver­sion bisou­nours que nous ser­vent le jés­uite Tevanian et ses amis trots­kys­tes isla­mo­com­pa­ti­bles du NPA .

Pour conclure par une note un peu moins néga­tive, Pierre Tevanian et ses amis du PIR ont tout à fait raison de dén­oncer le racisme anti-Arabes, de cri­ti­quer les rai­son­ne­ments qui ali­men­tent une prét­endue « guerre des civi­li­sa­tions ». Ils ont raison de trou­ver insup­por­ta­ble cette façon de pren­dre comme bouc émiss­aire pour tous les maux du capi­ta­lisme (dél­inqu­ance, chômage, vio­lence, dég­ra­dation des rap­ports sociaux, etc.) une frac­tion de la popu­la­tion (« étrangère » ou pas) qui vit et tra­vaille en France, ou une reli­gion (l’islam). Ils ont raison aussi de dén­oncer la condes­cen­dance et le mépris dont font preuve les médias et de nom­breux intel­lec­tuels vis-à-vis des femmes musul­ma­nes, qu’elles por­tent ou pas le hijab. Mais de telles cri­ti­ques, justes mais par­tiel­les, n’ont d’intérêt que si elles s’insèrent dans une com­préh­ension claire du rôle obs­cu­ran­tiste et réacti­onn­aire de toutes les reli­gions.

Malheureusement, Pierre Tevanian se trompe tota­le­ment de cible en atta­quant et calom­niant l’athé­isme et les Lumières. De plus, en n’expli­quant pas en quoi les reli­gions sont contra­dic­toi­res avec les acquis de la science, le ratio­na­lisme et le matér­ial­isme, en réd­uisant de façon cari­ca­tu­rale toute convic­tion – fondée ou infondée scien­ti­fi­que­ment – à une « reli­gion », il ne fait qu’expo­ser au grand jour sa propre confu­sion per­son­nelle et celle de ses amis poli­ti­ques.

YC, Ni patrie ni fron­tières, 2 mai 2013

Notes

1. Les jés­uites sont un ordre par­ti­cu­liè­rement actif depuis le sei­zième siècle au ser­vice de la pro­pa­ga­tion de la foi catho­li­que. Ce terme convient par­ti­cu­liè­rement au sieur Tevanian puisqu’il est un prosé­lyte masqué (j’allais écrire... voilé) de la foi en Yaweh, Dieu et Allah et aussi un spéc­ial­iste des rai­son­ne­ments spécieux, « jés­ui­tiques ». Il appar­tient à ce que j’appelle la « Gauche théoc­om­pa­tible », les « Nouveaux Théophiles » ou la « Gauche iden­ti­taire post­mo­derne », cf. http://www.mondialisme.org/spip.php?article1067 (« Les dix com­man­de­ments de la gauche théoc­om­pa­tible » et http://www.mondialisme.org/spip.php?article1533 (« Les six péchés capi­taux de la Gauche iden­ti­taire post­mo­derne »).

2. Sur le gau­chisme post­mo­derne on pourra lire le n° 28-29-30 de Ni patrie ni fron­tières paru en octo­bre 2009.

3. A propos des théories fumeu­ses et racia­li­san­tes à la mode dans cer­tains milieux « radi­caux » on pourra lire : « Banlieues. La racia­li­sa­tion des ques­tions socia­les mène à une impasse » http://www.mondialisme.org/spip.php?article967, mais aussi « Soulèvements arabes : il est temps de dire Bye, bye, Castoriadis ! » (http://www.mondialisme.org/spip.php?article1640) qui a sus­cité l’ire des athées du site Lieux Communs et de Guy Fargette, qui fut un temps fas­ciné par le situa­tion­nisme. Ces « cas­to­ria­diens » ont effec­ti­ve­ment, eux, un gros pro­blème avec l’islam. S’ins­pi­rant de considé­rations éparses et oiseu­ses de Castoriadis sur l’islam, l’anthro­po­lo­gie et la culture occi­den­ta­les, ils cons­ti­tuent l’autre face « radi­cale » de la racia­li­sa­tion post­mo­derne en cours à gauche...

4. Ce rai­son­ne­ment est conforté par un livre d’inter­views com­pilées par lui-même et quel­ques autres oppor­tu­nis­tes thé­op­hiles. Ouvrage qui montre mal­heu­reu­se­ment à quel point « la sainte igno­rance » (titre d’un excel­lent livre d’Olivier Roy sur les bri­co­la­ges idéo­lo­giques aux­quels se livrent les croyants, et en par­ti­cu­lier les fon­da­men­ta­lis­tes, Seuil, 2008, Collection Points) est rép­andue chez ces adep­tes de l’islam – comme dans toutes les reli­gions actuel­les – puis­que ces « femmes voilées » qui « par­lent » com­pa­rent leur choix poli­tico-reli­gieux à un choix ves­ti­men­taire intime et tota­le­ment per­son­nel, déc­onnecté de toute réalité sociale et poli­ti­que ! Si Pierre Tevanian croit, comme il l’affirme, en la socio­lo­gie, il confond les contes de fées des récits per­son­nels avec la mét­hode socio­lo­gi­que !

5. Cf. « Sur L’antisé­mit­isme par­tout d’Eric Hazan et Alain Badiou ou com­ment dis­si­mu­ler les acquis d’un siècle de débats sur le sio­nisme », http://mondialisme.org/spip.php?article1809

6. Daniel Bensaid, phi­lo­so­phe et diri­geant du NPA, et d’autres intel­lec­tuels marxis­tes ou trots­kys­tes font sou­vent référ­ence à Bloch en esca­mo­tant le sou­tien poli­ti­que de celui-ci au sta­li­nisme pen­dant des dizai­nes d’années, et en dis­si­mu­lant que ce pen­seur vou­lait marier le marxisme, la métap­hy­sique et la théo­logie. Tevanian ne fait que les imiter....

7. Il s’agit de l’arti­cle de Dave Crouch « Les bol­che­viks, l’Islam et la liberté reli­gieuse », tra­duit par nos soins pour Ni patrie ni fron­tières, ce que n’indi­que pas la revue Que faire citée par Pierre Tevanian. En effet, une telle men­tion aurait obligé ces mili­tants à citer aussi la cri­ti­que de ce texte « Le SWP et l’islam ou les silen­ces des agneaux trots­kys­tes » (http://www.mondialisme.org/spip.php?article1598) puis­que cette tra­duc­tion avait pour objec­tif de dém­asquer le jés­uit­isme et la mani­pu­la­tion his­to­ri­que et poli­ti­que du SWP... Certaines omis­sions bénignes sont par­fois fort révé­lat­rices.

8. Cf. l’arti­cle précité sur L’antisé­mit­isme par­tout. C’est « du vivant de Saint Lénine et de Saint Trotsky, en 1921, que furent montés des spec­ta­cles de rue à visée “péda­go­gique”, sous forme de procès qui se ter­mi­naient par la condam­na­tion à mort sym­bo­li­que de la reli­gion juive. C’est d’ailleurs de cette époque-là (...) que date tout un arse­nal de pro­pa­gande créé par les bol­che­viks juifs (les Yevsekstii, sec­tions juives du Parti com­mu­niste-bol­che­vik russe, créées en 1918 et chargées de dif­fu­ser le mes­sage révo­luti­onn­aire dans les masses juives en yid­dish) qui repre­naient les stér­éo­types antisé­mites : les publi­ca­tions de ces juifs com­mu­nis­tes athées publiaient des cari­ca­tu­res de Juifs avec un long nez, des lèvres épa­isses, de gran­des oreilles, une barbe et des che­veux en bataille. Etant juifs, ces com­mu­nis­tes pen­saient pou­voir lutter contre le natio­na­lisme juif, le sio­nisme et la reli­gion juive avec ce type d’armes, sans que cela porte à conséqu­ence. Pour eux, la fin jus­ti­fiait les moyens. »

9. Voir à ce sujet notre intro­duc­tion au recueil La Raison contre Dieu, textes choi­sis de L’Encyclopédie anar­chiste, les com­pi­la­tions de Ni patrie ni fron­tières n° 2 (sur l’islam et l’isla­misme) et 5 (sur les rap­ports entre reli­gion et poli­ti­que), et le texte qui paraîtra pro­chai­ne­ment « Les quatre cava­liers de l’obs­cu­ran­tisme ».

10. Extrême-Orient, Extrême-Occident, 2002, n° 24, dis­po­ni­ble sur le site persee.fr.

11. Après avoir vanté les mérites des allian­ces avec les représ­entants de l’islam poli­ti­que, ces mili­tants sont dans une posi­tion inex­tri­ca­ble, main­te­nant que leurs ex-amis se retrou­vent à la tête des gou­ver­ne­ments égyptien et tuni­sien pour mater dans le sang les luttes socia­les. Ils peu­vent dés­ormais plei­ne­ment apprécier la répr­ession menée au nom d’Allah qui frappe dure­ment leurs pro­pres cama­ra­des en Egypte, répr­ession dirigée par ces mêmes partis qu’ils ont tenu pen­dant des années à appe­ler pudi­que­ment « petits bour­geois » pour dis­si­mu­ler qu’ils étaient des enne­mis de classe. Pour plus de détails sur les fon­de­ments idéo­lo­giques de ce cou­rant, on lira l’arti­cle de Chris Harman, « Le pro­phète et le prolé­tariat », 1994. Ce texte a été tra­duit de l’anglais et inclus dans un recueil de perles des trots­kys­tes isla­mo­com­pa­ti­bles (du type « nous devons être du côté des masses qui sui­vent les isla­mis­tes, sans accor­der à leurs diri­geants un sou­tien poli­ti­que » !) sur le site de mili­tants de la LCR puis du NPA, très pro­ches du SWP bri­tan­ni­que : http://tintinrevolution.free.fr/fr/ist/ ... on.htm#ch5
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede luco » 14 Mai 2013, 18:37

Nous sommes sur un débat compliqué qui devrait nécessiter de la mesure.

Mais sur ce sujet j'en manque beaucoup. Les dernières mobilisations contre le Mariage pour tous nous permettent de mesurer la capacité des excités du monothéisme à réaliser l'union sacrée pour défendre des positions réactionnaires (+ les néopaïens fafs style Terre & Peuple).

Ce ne sont jamais TOUS les juifs, musulmans, cathos... qui s'unissent pour nous faire revenir en arrière, mais ce sont les forces vives. Et force est de constater que les forces vives du catholicisme, du judaïsme, de l'Islam, aujourd'hui, sont positionnées à la droite, voire à l'extrême-droite de leurs cultes respectifs.

Il y a quelques temps, je trouvais que les positions "bouffeurs de curés" avaient un côté "folklorique".

Aujourd'hui, il me semble que face à ces monothéismes de combat, il faut au moins essayer de délimiter un espace "athée/agnostique" de combat lui aussi. Et à minima exprimer à chaque fois que nous le pouvons notre non croyance dans ces tissus de balivernes que sont les religions.

Ce qui signifie concrètement, ne s'opposer à l'islamophobie, à la judéophobie etc. qu'à la condition de marteler nos positions anti-religieuses et la nécessité de reconnaître la légitimité de l'agnosticisme (peut-être majoritaire de la population).

La laïcité n'est pas l'oecuménisme. Elle implique aussi le respect des non croyants.

Aucune manif contre l'islamophobie sans le droit d'exprimer fortement notre athéisme/agnosticisme (et évidemment notre opposition aux concepts de "terre sacrée", "peuple élu" et autres fariboles).

Ne plus jouer les idiots utiles de l'islamisme, du sionisme etc. sous prétexte d'anti-racisme.

J'ai bien peur que sur ce terrain "spirituel" comme sur le terrain social et politique nous soyons aujourd'hui en position défensive.
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede Blackwater » 14 Mai 2013, 21:31

Je comprends tout à fait ce que tu dis mais je ne suis pas en complet accord avec toi.
En effet, le combat pour l'égalité des droits sur le débat du mariage pour tous ne se situe pas dans un duel athée vs catholiques, mais plutôt dans un duel progressistes vs conservateurs, de nombreux catholiques étant également du côté du mariage pour tous, et n'oublions pas non plus les homosexuels de confession catholique.
Je suis agnostique et je n'aime pas beaucoup l'athéisme intégriste qui met tous les croyants dans le même panier.
Je suis pour un progressisme de combat anti-réactionnaire, anti-conservatisme et non pour un athéisme de combat.
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede luco » 15 Mai 2013, 06:10

C'est pour ça que j'ai bien précisé "délimiter un espace athée/agnostique de combat".

Non pas marteler en permanence que "Dieu n'existe pas" face à ceux qui affirment son existence, mais donner une voix à ceux qui ne se déterminent pas vis à vis de ce non sujet quand il s'agit de définir les lois dans l'espace public.

Il faut aller discuter avec les croyants, même les moins fafs, pour comprendre à quel point ils ont vite fait d'oublier que des gens n'en ont rien à battre de leurs histoires de Dieu et de culte. Pour beaucoup des plus progressistes ils ont évolué vers l'oecuménisme, vers la tolérance religieuse, mais pas vers la reconnaissance de l'agnosticisme ou de l'athéisme.

En gros, pour eux, la laïcité c'est la reconnaissance de toutes les religions, par exemple. Ce qui va expliquer ensuite la litanie de leurs revendications de droits spécifiques. Et là-dessus, ils se serrent méchamment les coudes entre eux.

Or, la laïcité (dans l'idéal), c'est de ne reconnaître aucun culte et de ne prôner aucune religion ou philosophie particulière.
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Re: Du débat "identité nationale" à "islam et laïcité"

Messagede Blackwater » 15 Mai 2013, 14:52

luco a écrit: Pour beaucoup des plus progressistes ils ont évolué vers l'oecuménisme, vers la tolérance religieuse, mais pas vers la reconnaissance de l'agnosticisme ou de l'athéisme.


C'est ton point de vue, mais en tout cas ce n'est pas ce que j'ai pu voir autour de moi.
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