Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 17 Jan 2016, 14:31

Répondre aux préjugés #4 : « ils profitent des aides ! »

« Ils profitent des aides !«

«Entre les migrants qui viennent en France pour profiter de notre système de santé, les immigrés qui “pondent” des enfants chaque année pour vivre des allocations et ceux qui bénéficient de toutes les aides sociales sans jamais payer un seul impôt, ces gens-là ont vraiment tous les droits en France ! Bien plus de droits que les “Français de souche”, qui, eux, travaillent dur, se lèvent tôt et peinent pourtant à joindre les deux bouts. D’ailleurs, les étrangers sont les grands favoris de nos politiques: il n’y a qu’à voir qui est prioritaire dans l’attribution des logements sociaux chez nous? Toujours les mêmes…» Difficile d’arrêter tante Francette quand elle se lance dans un discours aussi venimeux à l’encontre des migrants. Pourtant, ses certitudes sont fausses: les chiffres disent le contraire.

Plus de devoirs que de droits ?

Pour que les étrangers « fraudent » et système social français, il faudrait déjà qu’ils puissent y accéder. Souvent, c’est un vrai marathon qui s’engage… Pour bénéficier du Revenu de Solidarité Active (RSA), un étranger doit avoir un titre de séjour et une carte de tra- vail depuis au moins cinq ans[1]. Pour toucher le minimum vieillesse, il doit être en France depuis au moins dix ans. Et cela se complique pour les étrangers en situation irrégulière… La majorité des sans-papiers qui travaillent ont des fiches de paie et sont assujettis à l’impôt, aux taxes et aux cotisations sociales, alors qu’ils ne bénéficient d’aucun des droits qui y sont rattachés. Ils n’ont pas l’assurance retraite, pas droit aux allocations chômage et ne peuvent pas prétendre au parc locatif social. Ceux qui finissent par obtenir leur régularisation ne bénéficient pas de ce qu’ils ont versé auparavant.

Les enfants, ça coûte énormément !

L’idée que les migrants ont des flopées d’enfants pour vivre des allocations ne tient pas non plus la route. Chez les femmes nées en dehors de l’Union européenne, vivant en France, le taux de fécondité en 2008 était de 3,1. Pour la même période, ce taux était de 2,01 pour l’ensemble des femmes en France[2]. Cet écart n’est pas aussi significatif qu’on voudrait nous le faire croire. Les familles nombreuses, françaises comme étrangères, touchent des allocations familiales mais quand on compare la valeur de celles-ci avec les coûts liés à l’éducation des enfants, on voit bien qu’élever des enfants coûte plus que cela ne rapporte…

Dans nos HLM

Si les immigrés sont plus présents dans les logements sociaux, c’est surtout à cause de leur situation économique. Le taux de chômage des immigrés nés hors de l’Union européenne est de 20% en 2011 ((Enquête Emploi en continu, INSEE, 2011.)) (la moyenne nationale est de 9%) et ils occupent plus souvent les professions à bas revenus: 3 immigrés sur 10 occupent un emploi non qualifié en 2007 ((L’activité des immigrés en 2007, INSEE, octobre 2008.)).

Pourtant, dans la région Ile-de-France, plus de la moitié des ménages immigrés (53%) occupent une location privée, malgré les prix élevés des loyers, alors que 20 % à 30 % résident dans un logement social ((L’accès à l’emploi et au logement s’améliore pour les immigrés
à Paris mais les inégalités et les discriminations persistent, INSEE, novembre 2011.)). 6 % des ménages immigrés résident à l’hôtel, occupent une chambre de service ou encore une habitation de fortune dans des conditions insalubres. Toujours selon l’étude de l’INSEE sur l’accès au logement des immigrés à Paris, 12% des immigrés déclarent s’être vu refuser un logement, à l’achat ou à la location, sans raison valable, au cours des cinq dernières années.

Bien souvent aussi, ils se voient refuser l’accès aux lo- gements sociaux: l’argument de l’impératif de «mixité sociale » est utilisé pour ajourner certaines demandes de familles immigrées. Une étude, réalisée en 2001 par le Groupe d’études et de lutte contre les discriminations, apporte la preuve que des critères ethniques et raciaux sont pris en compte dans la sélection des candidats au logement, bien que cela soit interdit par la loi ((Les discriminations raciales et ethniques dans l’accès au logement social, note du Groupe d’études et de lutte contre les discriminations (GELD), n° 3, Paris, GIP GELD-114, 2001.)).

Se soigner, c’est pas gagné !

La plupart des étrangers vivant en France travaillent et cotisent pour la sécurité sociale.
Pourtant, pour les étrangers malades et sans ressources, il est très compliqué d’accéder aux soins : les caisses d’assurance maladie compliquent la délivrance des attestations de leurs droits à l’AME ou la CMU.

Il arrive parfois que des personnes très malades, ne pou- vant accéder aux soins dans leur pays, obtiennent la permission de venir se soigner en France où les traitements sont plus accessibles. Depuis 1998, un droit à un titre de séjour existe en France pour ces personnes. Il ne leur offre pas forcément la gratuité des soins (cela dépend de leurs conditions de ressources) mais leur permet d’avoir une couverture sociale. 28 000 personnes étaient dans cette situation en France, en 2008 ((Rapport au Parlement, Les orientations de la politique de l’immigration, décembre 2009.)), soit à peine 1 % des étrangers en situation régulière.

En juin 2011, la France a voté une loi qui enfonce le couteau dans la plaie des malades étrangers : désormais, seuls les malades pour lesquels le traitement est «absent» dans le pays d’origine sont protégés contre l’expulsion. Même si beaucoup de traitements sont théoriquement « présents » partout dans le monde, de nombreux malades continuent à ne pas y avoir accès pour des raisons de coût, de quantité et d’accessibilité. Le retour forcé de personnes malades dans leur pays d’origine équivaut, dans certains cas, à une condamnation à mort.

Les bons comptes de l’immigration

Les immigrés ne vident pas les caisses de l’État, comme on voudrait nous le faire croire. Au contraire, ils les remplissent. Ils participent à l’effort de solidarité nationale en versant plus de 60 milliards par an de cotisations sociales, d’impôts et de TVA. En comparaison, les allocations qu’ils touchent s’élèvent à 48 milliards, décomposées de la manière suivante: retraites (16,3milliards d’euros), prestations de santé (11,5 milliards), allocations familiales (6,7milliards), allocation chômage (5 milliards), éduca- tion (4,2 milliards), aide aux logements (2,5milliards) et RMI (1,7milliard). Soit un solde net de 12 milliards, qui bénéficie directement aux pouvoirs publics.

Ils sont aussi les principaux financeurs du développement. En 2010, ils ont versé 325 milliards de dollars à leur pays d’origine : c’est deux fois et demi le montant global de l’Aide publique au développement pour cette même année.

Les politiques répressives de nos gouvernants en matière d’immigration coûtent aussi très cher au contribuable: le coût moyen d’une expulsion de France est de 26 000 euros. À raison de 30000 expulsions par an, le coût de cette politique atteint… 780 millions d’euros. Créée en 2005, l’agence Frontex, chargée de coordonner les opérations de contrôle aux frontières de l’Union européenne, a vu son budget annuel se multiplier par 15 en 5 ans, pour atteindre 85 millions d’euros en 2013. Elle emploie 220 personnes et reçoit 80 millions d’euros du budget annuel de l’Union européenne.

« Les migrations constituent depuis toujours un fait historique naturel, complexe, certes, mais qui loin d’être une calamité pour les pays de résidence, constituent un apport économique, social et culturel inestimable. »

Charte mondiale des migrants proclamée à Gorée (Sénégal), février 2011.

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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 21 Jan 2016, 01:21

Répondre aux préjugés #5 : « L’immigration renforce le chômage et la crise »

« L’immigration renforce le chômage et la crise »

Lorsque les choses vont mal chez nous, il est courant de désigner des boucs émissaires. Souvent, ce sont les immigrés qui en font les frais : on les accuse tantôt de «voler le travail» des Français et de faire grimper le taux de chômage des «nationaux», ou de faire le jeu des employeurs en faisant pression à la baisse sur les salaires. Sous un vernis «humaniste», d’autres diront qu’«il ne sert à rien de les laisser venir chez nous si on n’a pas de boulot à leur offrir». Discutons avec Francette de la réalité du marché de l’emploi en France et du bénéfice du travail immigré pour l’économie française.

Un système d’exploitation rodé

Dans certains secteurs d’activité, en France, il y a une pénurie chronique de main d’œuvre: le bâtiment, la restauration, le textile-habillement, les hôpitaux, le nettoyage, les aides à la personne, l’agriculture saisonnière manquent souvent de personnel. Beaucoup d’immigrés travaillent dans ces secteurs, souvent en situation illégale. Les employeurs profitent ainsi d’une main d’œuvre malléable, corvéable et que l’on peut sous-payer. Si le travail illégal est théoriquement interdit, les pouvoirs publics ferment pourtant les yeux sur les embauches de clandestins, devenus un maillon essentiel de l’activité économique en France.

Pour l’ONU, l’effet d’éviction pour les travailleurs non-immigrés n’est pas prouvé[1] car les conditions de travail dans ces secteurs en rebutent bon nombre. En refusant d’améliorer les salaires et les conditions de travail qui rendent ces métiers répulsifs pour tout autre salarié que des clandestins, les employeurs entretiennent le système d’exploitation. Seule une régularisation de tous les travailleurs sans papiers pourrait mettre fin à l’exploitation dont ils sont victimes.

Une France gagnante

Entre début 2008 et fin 2010, la France a perdu 430 000 emplois dont 70% dans l’industrie[2].
Ce sont les licenciements boursiers (licenciements alors que l’entreprise est en bonne santé) et les délocalisations (qui consistent pour une entreprise à transférer ses acti- vités dans un pays où le droit du travail est plus souple et la main d’œuvre moins chère) qui mettent les salariés français à la rue. Et non les immigrés. Sans eux, la crise serait certainement plus grave qu’elle ne l’est aujourd’hui. Si l’on se place du point de vue du pays d’accueil, l’afflux de travailleurs étrangers est sans conteste un atout pour l’économie : ils consomment et augmentent la demande de biens et de services, ils sont parfois créateurs d’emplois et d’entreprises. Enfin, d’un point de vue démographique, l’immigration contribue au rajeunissement de la France, dans un contexte d’Europe vieillissante…

Changer notre vision sur l’immigration

Les politiques françaises et européennes en matière d’im- migration considèrent les migrants comme des marchan- dises, des pions à manipuler et à choisir en fonction des besoins du pays d’accueil. Ces politiques ne s’interrogent pas sur les raisons qui les ont amenés à quitter leur pays, ignorent et bafouent les droits fondamentaux de ces personnes.

Pour changer notre approche des migrations et rendre plus équitables les relations entre pays du Nord et pays du Sud sur cette question, il faut sortir de cette vision des migrations et enfin prendre en compte les besoins et les réalités sociales, économiques, environnementales… des pays d’origine.


1.Rapport mondial sur le développement humain, ONU, 2009. [↩]
2.L’impact de la crise sur l’emploi dans les régions, Steve Lacroix, INSEE, 2012. [↩]

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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede Pïérô » 26 Jan 2016, 13:22

Vendredi 29 janvier 2015 à paris

Rencontre-débat

« Migrants et migrations vers l'Europe : un autre regard »

La question des migrations vers l'Europe n'est pas nouvelle, mais elle a pris une ampleur sans précédent ces derniers mois.

Quel regard porter sur ces personnes en quête de vivre ailleurs, malgré les difficultés attendues du voyage et de l'inconnu de leur futur ?

Avec nos deux intervenants, nous tenterons de comprendre les migrations et les situations des migrants aujourd'hui en Europe.

Rencontre - débat avec :
• Michel Agier, anthropologue, directeur d'étude à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)
• Catherine Teule, membre de la Ligue des droits de l'Homme et vice-présidente de l'Association européenne pour la défense des droits de l'Homme (AEDH)

Projection de courts-métrages de cinéastes signataires de l'Appel de Calais
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 28 Jan 2016, 15:46

Répondre aux préjugés #6 : « On va toutes finir voilées ! »

« On va toutes finir voilées ! »

L’autre grande peur qui se répand depuis quelques décennies en Europe est celle d’une menace que feraient peser les immigrés sur les identités nationales des pays d’accueil. Les discours politiques reprennent à leur compte ces craintes en évoquant ce «choc des civilisations» qui mettrait en péril les nations occiden- tales. Par delà la condition d’immigré, c’est celle de musulman, «ennemi de la République », de la modernité et des droits de l’Homme (et de ceux de la femme surtout!), qui semble le plus déranger. En écoutant ces discours, notre brave Francette s’inquiète : et si les femmes en France finissaient toutes voilées et les villes françaises envahies de mosquées ?

L’étrangeté de l’étranger

L’opposition entre «national» et «étranger» structure notre vision du monde depuis toujours. L’étranger n’a pas toujours été celui qui franchit une frontière : par exemple, tout au long du 19e siècle, les Auvergnats et les Bretons qui migrent vers la capitale sont rejetés et stigmatisés par les Parisiens de souche. « Invasion des barbares », gronde le Journal des Débats, « tourbe de nomades », « multitude de vagabonds ». L’arrivée de ces « étrangers », notamment dans la capitale, donne lieu à des comportements et des remarques racistes. On évoque des « sauvages immigrés provinciaux» qui seraient responsables de l’insécurité… L’histoire nous enseigne que les hommes ont toujours tendance à désigner ceux qui viennent d’ailleurs comme responsables des malheurs de la société. Hier, l’Auvergnat et le Breton ; aujourd’hui, l’immigré et le musulman. Ils jouent ainsi le rôle bien commode de « boucs émissaires ». Les différences de comportement ou d’origine suscitent l’incompréhension, la peur et le rejet, et rend difficile de percevoir l’Autre autrement que comme une menace.

Le voile et l’islamophobie

Depuis une vingtaine d’années, la «question du voile» soulève bien des débats en France : « Il n’y a plus que des femmes voilées dans nos rues. Et ne parlons pas de ces corbeaux qui portent la burqa, dont on ne voit plus un morceau de peau », déplore la tante Francette. Pour de nombreuses personnes en France, le voile pose problème dans sa dimension symbolique de soumission, d’oppression et d’incapacité de s’émanciper face à l’homme musulman. Craignant pour ses valeurs républicaines et veillant à «protéger la dignité de la femme», la France fait voter deux lois, l’une en 2004, interdisant le port du voile à l’école et l’autre en 2010, qui interdit de porter la burqa (voile intégral). Ces mesures qui prétendent protéger ces femmes, les excluent du système scolaire et de leur occupation professionnelle. On peut donc légitimement se poser la question de leur efficacité…

Pourtant, le « déferlement » de musul- mans sur la France est un fantasme : en 2010, ils étaient estimés à 2,1 millions soit 3,3 % de la population en France ((Enquête, trajectoires et origines, INED, INSEE, oct. 2010.)). L’estimation la plus haute tablait sur 5,8% de la population[1]. 8 % des femmes musulmanes de moins de 35 ans déclarent porter le voile en France. Les femmes portant le voile intégral étaient, quant à elles, ultra minoritaires : à peine 2000 ((Enquête du ministère de l’Intérieur, 2010.)). Derrière la crispation du voile se cache en réalité une peur que les islamistes, courant de pensée pourtant très minoritaire en France, viennent transformer l’identité de la France en imposant l’islam politique. Pourtant, selon les Renseignements généraux français, les Djihadistes sont environ 2000, soit 0,075% des personnes pratiquant l’Islam. Du «danger islamiste», relayé par les médias et les politiques pour alimenter les peurs, une défiance s’est progressivement installée vis-à-vis de tous les musulmans.

Les croyantes féministes et les musulmans progressistes, ça existe !

Des femmes musulmanes qui portent le voile peuvent être aussi des militantes féministes… Elles expliquent que l’islam archaïque, tel qu’il est perçu par nos sociétés occidentales, est une construction historique et que la lecture des textes sacrés –celle du Coran en particulier – montre au contraire une conception très égalitaire des relations entre les hommes et les femmes. La religion est une affaire personnelle. Les musulmans, comme la plupart des croyants, ne cherchent pas à impo- ser leurs convictions, ils réclament juste le droit de pouvoir pratiquer leur religion et d’être considérés comme des citoyens, sans être constamment identifiés à leur croyance.

Du combat pour la laïcité aux dérives racistes…

… il n’y a qu’un pas! Jugeant que le monde est mis en danger par le «péril islamiste» qui pèserait sur nos démocraties européennes, allant jusqu’à parler de « guerre civile imminente» ou de «fascisme du 21e siècle», des personnes se mobilisent pour alerter l’opinion publique. Ces nouveaux croisés partent en guerre pour défendre notre civilisation. Ils se sont rassemblés en association, alimentent des médias, font des conférences. Ils organisent également des « apéros vin-saucisson », ou des Assises sur l’islamisation en compagnie de sympathisants de la droite dure ou du Front National. Sous couvert de défendre les valeurs républicaines de la France, ils en viennent à des glissements dans leurs discours qui favorisent les amalgames et entretiennent des confusions dans les esprits. C’est ainsi que la frontière devient floue entre musulman, islamiste, terroriste ou salafiste.

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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede luco » 30 Jan 2016, 19:27

La religion est une affaire personnelle. Les musulmans, comme la plupart des croyants, ne cherchent pas à imposer leurs convictions,


Bien sûr. Les religions, les croyants, ne cherchent pas du tout à imposer leurs croyances...

Affligeant.

"L'anarchisme", révolutionnaire ou pas, est tombé bien bas.
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede Pïérô » 31 Jan 2016, 11:32

à te lire, je ne sais pas ce qui est le plus affligeant.
En tout cas, il serait bon que tu cesses ce type de généralisation.
Il en est de même je pense , pour ce .qui est relevé là, et dans les deux sens. Cette phrase ne pose pas problème dans son contexte, mais il est clair qu'il faut aussi dénoncer l'oppression religieuse et arrêter de tortiller pour ne pas froisser, et pour autre exemple, le paragraphe sur la question du voile s'entend dans ce que veut porter le texte, mais me parait insatisfaisant dans la tournure car le voile est bien symbole de l'oppression spécifique des femmes. Mais l'exclusion des femmes voilée renforce le confinement au domicile, et participe d'une double punition. C'est un exemple d'articulation à trouver pour ne pas masquer le problème, oblitérer un combat pour l'émancipation à mener, ni tomber dans l'autre travers qui rangerait dans un camp dans lequel le reliquat colonialiste et le racisme sont à peine déguisés.
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 04 Fév 2016, 15:06

Répondre aux préjugés #7 : « les migrants menacent notre sécurité »

« les migrants menacent notre sécurité »

« Pourquoi ont-il autant de violence en eux, de manque de savoir-vivre alors que la France les accueille généreusement et leur donne toutes les chances pour réussir ? Ce sont toujours eux qui commettent les crimes et délits et qui surpeuplent nos prisons ! » se plaint Francette. Ces propos s’appuient sur des données fausses et subjectives. Ils propagent la haine et attisent la violence sociale. Encore une fois, regardons les faits d’un peu plus près.

Les caractéristiques de la délinquance

En 2011, 17,3% des personnes mises en cause pour atteintes aux biens (un chiffre en hausse depuis 5 ans) et 12,4 % pour atteinte à l’intégrité physique (un chiffre en légère baisse) sont étrangères[1]. Alors que les étrangers ne représentent que 6 % de la population vivant en France, leur surreprésentation en prison s’explique par des fac- teurs sociaux et par le fait que le défaut de titre de séjour en règle peut être passible d’une peine de prison. Ce sont souvent les pauvres gens qui se retrouvent derrière les barreaux: les étrangers, par leur taux de chômage supérieur à la moyenne nationale et leur rémunération modeste, sont proportionnellement plus nombreux à entrer dans cette catégorie. Ce qui explique d’ailleurs qu’ils soient plus nombreux à être jugés pour des atteintes aux biens (délits souvent mineurs) plutôt qu’aux atteintes à l’intégrité physique.

Au-delà de la catégorie sociale, la délinquance est généra-lement relative au sexe et à l’âge : il s’agit le plus souvent d’hommes jeunes. Or la population étrangère en France est en moyenne plus jeune, plus masculine et plus pauvre et recoupe donc les caractéristiques sociologiques constatées de la délinquance. Le fait de n’avoir pas de papiers renforce la précarité des migrants.

Des traitements policiers et juridiques particuliers pour les étrangers

Si les étrangers sont plus nombreux en prison, le traitement particulier dont ils «bénéficient» de la part des forces de police et de la justice n’y est certainement pas étranger. Pour les délits mineurs, tels que les vols à l’étalage, les dégradations, les petits trafics, etc., les forces de l’ordre ont tendance à repérer plus facilement les « minorités visibles » pour contrôler leur situation administrative et éventuellement les arrêter.
La police joue un rôle primordial : elle peut décider d’incarcérer un individu avant son jugement, à la suite d’une garde à vue. Les infractions sont ensuite sélectionnées par le parquet : 85 % des petits délits et contraventions dites «de cinquième classe» (infractions assorties d’amendes importantes, mais qui ne sont théoriquement pas passibles de peines d’emprisonnement) sont laissés sans poursuite. Si peu d’affaires sont poursuivies, on constate néanmoins que pour une même infraction, la police et la justice françaises condamnent plus fréquemment à l’emprisonnement, avec des peines plus lourdes, les sans profession, les sans domicile ou les étrangers[2]. Ces derniers, qui bénéficient rarement d’aménagement de peine ou de la libération conditionnelle, restent aussi plus longtemps en prison.

Vous avez dit « insécurité » ?

La violence ne se loge pas forcément là où l’on croit. Elle est bien souvent, et de façon insidieuse, dans les comportements des forces de l’ordre vis-à-vis des immigrés et des personnes de couleur, qui provoquent un sentiment général d’insécurité. Les contrôles au faciès dans les transports publics, les garde-à-vue, accompagnées parfois de tabassage en règle, les rafles de sans-papiers, notamment dans les endroits où on essaie d’améliorer leurs conditions de vie (queue des Restos du cœur, foyers de migrants…), la traque d’enfants scolarisés sans papiers jusque dans leurs écoles, au vu et su de tous leurs camarades… Autant de situations de violence qui nous interpellent et nous rappellent parfois des périodes noires de notre passé. Ces scènes de violence et d’inhumanité sont traumatisantes pour tous les citoyens et révèlent un arbitraire dont nous pourrions un jour, à notre tour, faire les frais.

D’autre part, quand la justice a condamné des citoyens qui venaient en aide aux sans-papiers, que la solidarité a pu être considérée comme un crime avec le « délit de solidarité jusqu’en décembre 2012 (date de sa suppression), on peut s’inquiéter pour notre « démocratie ». Enfin, l’acharnement à stigmatiser, à criminaliser l’immigration crée des contextes dangereux et favorise les réseaux mafieux, le nombre de passeurs et les trafics d’êtres humains, qui eux sont réellement porteurs d’insécurité…

http://lahorde.samizdat.net/2016/01/28/ ... r-voilees/
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 07 Fév 2016, 12:11

"Migrations : quelles réalités, quelles solidarités ?"
débat le 11 février à Lyon

Le collectif Table Rase organise une discussion avec un militant du journal "Merhaba (bienvenue)", un réfugié politique le collectif des étudiantEs étrangers, sans-papiers et solidaires de Lyon. Rendez vous a à 18h30 à la Bibliothèque de Lyon 7ème.

Depuis quelques mois, nous entendons beaucoup parler des « migrantEs » … trop souvent de manière caricaturale comme de pauvres miséreux ou à l’inverse comme des ennemis qui viendraient « voler notre pain ».

Mais qu’en est-il réellement ?

Le temps d’une soirée, nous allons donner la parole aux acteurs des luttes de migrantEs de ces derniers mois. Sous la forme de débats et de témoignages, nous analyserons collectivement les enjeux des questions de migrations. Et surtout nous discuterons des solidarités possibles avec les migrantEs sur le terrain, dans notre quartier.

Avec les témoignages de :

- Un militant investi dans le mouvement de solidarité suite à l’expulsion du campement de La Chapelle à Paris et dans le journal "Merhaba (bienvenue)"

- S., réfugié politique, qui viendra nous raconter son parcours depuis son départ de l’Iran jusqu’à sa régularisation grâce à une lutte de plusieurs années pour obtenir le droit d’asile.

- le collectif des étudiantEs étrangers, sans-papiers et solidaires de Lyon.

En partenariat avec la MJC Jean Macé et la bibliothèque du 7ème.
A la bibliothèque du 7ème. Place Jean Macé à Lyon.

http://rebellyon.info/Debat-Migrations- ... es-quelles
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 09 Fév 2016, 01:11

Répondre aux préjugés #8 : « Ils essaient de tous se marier avec des Français(e)s pour obtenir des papiers »

« Ils essaient de tous se marier avec des Français(e)s pour obtenir des papiers »

Comme s’il ne suffisait pas déjà qu’ils soient des délinquants, les migrants seraient également des escrocs de l’amour. Ils seraient prêts à tout pour contourner les restrictions de visas, y compris à la manipulation sentimentale. Le sujet des mariages « blancs » ou « gris » tient une grande place dans les discours de Francette, comme dans les débats de société. Les politiques mettent aujourd’hui un point d’honneur à réduire ces unions. Qu’en est-il réellement de ces pratiques qui mettraient en péril notre société ?

Mariages blancs ou gris: une vision bien trop noire

Un mariage blanc, aussi appelé mariage de complaisance, est un mariage contracté dans d’autres buts que la vie commune, notamment dans l’objectif d’obtenir un per- mis de séjour ou la nationalité française. L’expression de «mariage gris», utilisée depuis une dizaine d’années, désigne la situation où le(a) futur(e) époux(se) séduit son partenaire uniquement dans le but d’obtenir des papiers. Dans ce cas, le partenaire, de bonne foi dans sa démarche d’engagement, est abusé par son conjoint(e) et cela se termine souvent par une annulation de mariage ou un divorce précoce.

Les fraudes existent mais elles sont tout à fait minimes, les mariages frauduleux annulés ne représentant que 0,45 % du total des mariages mixtes[1]. Il existe déjà un arsenal répressif pour ce type de fraudes : ceux qui contractent des mariages blancs risquent 5 ans de prison et 15 000 euros d’amende.

Se marier ne rime pas d’emblée avec «papiers»!

Dans ce contexte de suspicion vis-à-vis des fraudes aux mariages, les couples mixtes qui souhaitent se marier entament un vrai parcours du combattant. Soumis à des contrôles de plus en plus stricts, ils doivent répondre à des questionnaires très détaillés qui testent la connaissance mutuelle du couple. S’ils obtiennent de bonnes réponses, un « certificat de capacité à mariage » leur est délivré. Des interrogatoires sont également menés auprès de leurs voisin, de leurs employeurs, des commerçants du quartier. Les maires ont également droit d’auditionner les futurs époux et peuvent refuser de célébrer le mariage s’ils soupçonnent un mariage blanc. Si l’union est célébrée à l’étranger, le consul peut lui aussi demander une enquête. La demande de transcription dans les registres de l’État civil peut encore être l’occasion d’un contrôle et de délais interminables (jusqu’à un an et demi).

Mais la suspicion ne s’arrête pas là: pendant les quatre premières années de leur mariage, les couples mixtes peuvent encore faire l’objet d’enquêtes administratives ou policières pour vérifier la réalité de leur vie commune. En cas de divorce ou en cas de décès du conjoint français, la carte de résident est retirée au conjoint étranger.

Le droit de vivre ensemble menacé

Par ailleurs, les étrangers conjoints de Français ont beaucoup de mal à obtenir un titre de séjour. Depuis 2006, ils n’ont plus droit automatiquement à une carte de résident. Après trois ans de mariage, ils peuvent la demander, sans garantie de l’obtenir.

Les conditions suivantes leur sont imposées : n’avoir jamais rompu la communauté de vie de leur couple, être entré en France avec un visa long séjour (si ce n’est pas le cas, il faut alors repartir dans le pays d’origine pour le demander…) et prouver sa « bonne intégration » à la société française. Pour les couples mixtes qui ne sont pas mariés, les espoirs de pouvoir vivre ensemble sont encore plus réduits: ils sont obligés de vivre cachés, avec la peur d’une expulsion du jour au lendemain. En effet, Les futurs père ou mères d’enfant français ne sont pas à l’abri d’une expulsion, tant que l’enfant n’est pas né.

La précarité du droit au séjour concerne presque tous les couples mixtes. Elle est extrêmement traumatisante pour eux. Comment justifier et accepter que dans une démocratie, on puisse intervenir dans les histoires privées des personnes, les empêcher de vivre leur histoire d’amour et de construire une famille?

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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 11 Fév 2016, 15:40

« Aujourd’hui le monde est métis, bien qu’une partie de la planète, comme l’Europe, rechigne à l’admettre »

Comment enseigner l’histoire dans un pays multiculturel comme le nôtre ? Alors qu’une partie de la société française continue de se crisper sur la nature de ses identités – les débats autour de binationaux, qui seraient moins Français que les autres, en constituent une preuve supplémentaire –, l’historien Serge Gruzinski nous livre ses réflexions. Et plaide pour l’enseignement d’une histoire « globale », bien plus large que le récit aseptisé et franco-français que certains voudraient remettre au goût du jour. « L’apprentissage de l’Histoire n’est pas une mémorisation collective d’un passé commun aseptisé. Il requiert une distance critique, doit susciter un débat et impliquer l’élève dans le processus. » Entretien.

... http://www.bastamag.net/Aujourd-hui-le- ... e-l-Europe
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 17 Fév 2016, 13:32

Répondre aux préjugés #9 : « Ils ne sont pas intégrés à la société française »

« Ils ne sont pas intégrés à la société française »

Bien souvent, les immigrés sont perçus comme pas ou peu intégrés à la société française. Pour Francette, pas de doute que ce soit de leur faute : « Les immigrés ne veulent pas travailler, ils restent repliés sur l’identité de leur pays d’origine, ils méprisent les traditions et la culture françaises et ne sortent pas de leur commu- nauté ». Les banlieues, où ils vivent majoritairement, seraient les territoires où se manifesterait de la façon la plus évidente leur refus de s’intégrer en France. Qu’en est-il dans la réalité ?

L’intégration à la française

Au cours de l’histoire de notre pays, en période de crise économique ou sociale, on cherche un bouc émissaire qu’on puisse désigner comme responsable de tout ce qui va mal. L’étranger, «celui qui n’est pas comme nous», est alors désigné comme l’ennemi obscur, source de nos problèmes. Cette stigmatisation d’une catégorie de la population est le signe d’une société qui va mal. La peur de l’Autre et son exclusion, les divisions et les doutes semblent l’emporter sur les points communs. Autant de signes d’une identité fragilisée. Pour retrouver le sentiment d’une appartenance commune, il faut au contraire penser l’identité en mouvement perpétuel, intégrant les apports de tous ceux qui font la France.

Le modèle français d’intégration a longtemps été influencé par la notion d’assimilation : les étrangers qui arrivent en France, comme les fils d’immigrés, doivent abandonner leur culture propre et les spécificités de leur pays d’origine pour rentrer dans le « moule » du pays d’accueil. Cette notion a été abandonnée dans les années 1980: on lui a préféré les termes d’intégration et d’insertion. Ce glissement de langage n’est pas neutre. Ces deux derniers termes expriment davantage une dynamique dans laquelle les immigrés font partie de la société d’accueil, adhèrent au fonctionnement et aux valeurs de cette société, tout en étant reconnus dans leurs différences.

Parler de « défaut d’intégration » désigne les étrangers comme une minorité qui ne ferait pas partie de la France alors que cette « minorité » est devenue une réalité constitutive de la société française : aujourd’hui un Français de 18 ans sur cinq a un parent immigré alors qu’il y a vingt ans, seul un Français sur dix venait d’ailleurs.

Enfants d’immigrés: l’ascenseur social au ralenti

Être immigré en France, c’est avoir plus d’une chance sur deux d’être pauvre. En 2013, 56% des étrangers non communautaires sont en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale ((Inclusion sociale de la population migrante dans l’UE, Eurostat, 2014.)). Les filles et les fils d’immigrés sont plus diplômés et insérés sur le marché du travail que ne l’étaient leurs parents : 33 % d’entre eux sont aujourd’hui diplômés du supérieur et 20 % sont devenus cadres ((Immigrés et descendants d’immigrés en France, octobre 2012.)). Pourtant, ils sont davantage frappés par le chômage que les « Français de souche » et leur salaire moyen est plus bas. Ils ressentent encore très fortement les discriminations: les sélections au faciès ou à cause de leur nom de famille, lorsqu’ils cherchent du travail ou un logement, à l’école ou dans les administrations. Ce qui explique que, bien qu’étant et se sentant Français, 67% de ces enfants d’immigrés ont le sentiment de ne pas être considérés comme des nationaux.

Discrimination à l’embauche

En 2009, l’Observatoire des discriminations a réalisé une étude sur les pratiques de recrutement de 40 grandes entreprises françaises. Alors que beaucoup d’entre elles se sont engagées à promouvoir la diversité, cette étude conclut que leur avancement sur ce point est inégal. Quand la discrimination n’apparaît pas au stade du tri du CV (quelques entreprises ont en effet opté pour le CV anonyme), elle intervient plus tardivement, notamment lors des entretiens d’embauche.
Sur les 40 entreprises étudiées, 14 demandent aux candidats leur nationalité. Cette question est obliga- toire pour 4 d’entre elles. L’âge et la situation matrimoniale sont également des questions inopportunes mais devenues un passage obligé lors des entretiens d’embauche. Rendre les CV anonymes en masquant des informations comme le nom, la photo, l’âge, l’adresse, le sexe ou la situation matrimoniale n’est certes pas suffisant pour stopper les discriminations, mais c’est un premier pas pour améliorer les pratiques de recrutement.

Discriminer pour mieux exclure ?

Les discriminations selon l’origine, la couleur de peau ou le patronyme touchent non seulement de nombreuses personnes d’origine étrangère vivant en France, mais aussi des citoyens originaires des Antilles, d’Afrique ou d’Asie, qui ont acquis, parfois depuis longtemps, la nationalité française. Celui qui donne l’impression d’être différent dérange ; la société s’efforce de le repérer, de le traiter à part, de l’exclure.

Un exemple de ces discriminations : les contrôles au faciès. Á Paris, les personnes « noires » (d’origine subsaharienne ou antillaise) ou « arabes » (originaires du Maghreb ou du Machrek) sont contrôlées de manière disproportionnée par rapport aux personnes « blanches ». Les Noirs ont six fois plus de risques d’être contrôlés que les Blancs et les Arabes presque 8 fois plus ((Police et minorités visibles : les contrôles d’identité à Paris, rapport de Fabien Jobard et René Lévy, 2009.)). Ces pratiques donnent le sentiment aux minorités visibles qu’elles n’ont pas leur place en France, créent un sentiment d’exclusion et vont à l’encontre d’un «vivre ensemble » harmonieux, enrichi par notre diversité.

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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 25 Fév 2016, 15:42

Répondre aux préjugés #10 : « Il faut qu’ils se prennent en main chez eux. »

« Il faut qu’ils se prennent en main chez eux. »

Pour les défenseurs d’une immigration maîtrisée, il faudrait empêcher les migrants de venir dans les pays occidentaux et les inciter à développer leur pays en restant chez eux, avec une aide des pays riches pour accélérer ce développement. L’équation «plus de développement = moins de migrations» est-elle juste?

Développement et migrations: une relation complexe…

Les migrations ont, le plus souvent, des conséquences catastrophiques pour les pays d’origine, en les privant de leurs forces humaines, notamment de ceux qui ont fait des études et qui pourraient contribuer au développement de leur pays. En Haïti, après le tremblement de terre de 2010, il n’y avait, sur place, plus de médecins, plus d’architectes pour participer à la reconstruction du pays. Comme beaucoup de leurs compatriotes, diplômés ou non, de nombreux Haïtiens ont fui le chaos qui règne dans leur pays en migrant aux États-Unis, en France ou en Angleterre.
Mais d’un autre côté, les migrants contribuent aussi au développement de leur pays d’origine: l’argent envoyé chez eux par les diasporas représente, pour de nombreux pays pauvres, leur première source de revenu. Ces transferts financiers dépassent aussi, dans certains cas, l’aide au développement octroyée par les pays occidentaux. En 2014, au plan mondial, l’épargne privée des migrants à destination de leur pays d’origine s’élevait à 583 milliards de dollars. Par comparaison, l’aide publique au dévelop- pement, versée par les pays membres de l’OCDE1 aux pays en développement, était, en 2014, de 135 milliards de dollars…

Le double discours occidental

De nombreux citoyens et gouvernements européens sou- tiennent, à juste titre, que le meilleur moyen pour réduire les mouvements migratoires est de s’attaquer à leurs causes : le mal-développement, la mauvaise gouvernance, la corruption, l’accaparement des terres, le pillage des ressources naturelles, les guerres… tout en réaffirmant que la liberté de circulation et le choix de résidence doivent rester des libertés fondamentales.

Soucieux de soutenir les peuples du Sud dans leur effort pour vivre dignement et participer au développement de leur pays, les gouvernements occidentaux seraient bien inspirés d’augmenter leur aide financière à ces pays.

Alors que les pays développés s’étaient engagés en 2005 à consacrer au minimum 0,7 % de leur produit national brut annuel pour le développement des pays du Sud, non seulement aucun d’entre eux n’a réalisé à ce jour cet engagement, mais cette aide publique au développement (APD) baisse chaque année. Quatrième bailleur mondial, la France ne consacre que 0,36 % de son revenu national brut à l’APD en 2014 .

Le montant de l’APD mondiale étant quatre fois inférieur à celui des sommes envoyées par les travailleurs émigrés dans leur pays, où est l’effort des pays riches ? Au-delà du côté quantitatif, les pays occidentaux pervertissent leur aide en la conditionnant aux efforts qu’ils imposent aux pays du Sud pour empêcher leurs ressortissants de venir chez eux. Pour avoir un meilleur accès à l’aide, il leur est demandé d’agir dans le sens des politiques de restriction des migrations, de faciliter les expulsions et de lutter contre l’immigration illégale. Un pays comme le Niger, qui n’a pas souhaité signer cet accord avec la France, doit en assumer les conséquences et verra sans doute son aide financière diminuer dans les prochaines années.

Quand les multinationales et les États empêchent le Sud de s’enrichir

Avec toutes les ressources naturelles dont ils disposent (forêts, ressources minières, richesses agricoles, ressources halieutiques, biodiversité…), les pays du Sud ont un énorme potentiel de développement. Forts de toutes ces richesses, ils n’arrivent pourtant pas à sortir de la pauvreté. Pourquoi ?

Une des raisons de cette situation est le pillage de ces ressources par les entreprises des pays riches. Ces entreprises, souvent transnationales et dont les sociétés-mères sont basées dans les pays occidentaux ou émergents, exploitent les ressources naturelles des pays qui en sont pourvus, pour fabriquer des produits de consommation courante vendus dans les pays riches. Gouvernées par l’objectif d’un profit maximal, ces multinationales ont tout intérêt à installer leur filiale dans ces pays où elles profitent d’une législation très avantageuse en matière de droits du travail. La corruption, très répandue dans ces pays, leur permet également d’agir en toute opacité. La conséquence de ce système est la marginalisation de l’économie et des populations locales qui sombrent dans la misère et n’ont d’autres horizons que de partir faire leur vie ailleurs.

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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 13 Mar 2016, 14:48

Édito de la revue l’Émancipation syndicale et pédagogique n°7, mars 2016

Calais, déchéance de notre société

Le temps des camps est revenu. Celui des déplacements obligés et des déplacements empêchés. Dans la novlangue d’aujourd’hui, on ne dit plus “camps”, ça évoquerait de mauvais souvenirs. Alors on appelle ça la “jungle” comme si celles et ceux qui arrivent à Calais étaient des bêtes sauvages qu’il faut enfermer, contrôler, ballotter, criminaliser. Dans la vraie jungle, il arrive qu’on tue les animaux. On meurt aussi à Calais qui n’est même pas la fin d’un voyage sans issue.

6 juillet 1938 : ouverture de la conférence d’Évian. Les pays occidentaux débattent d’un problème grave : “que faire des centaines de milliers de Juifs chassés d’Allemagne et d’Autriche par les Nazis” ? La réponse sera unanime : rien. Ni accueil, ni visa, ni aide ! Mais déjà à l’époque les camps, la clandestinité, la fuite sans fin.

26 janvier 1939 : prise de Barcelone par les troupes franquistes. La “Retirada” s’amplifie. Par dizaines de milliers, les réfugiés espagnols et les combattants des Brigades Internationales arrivent en France. Où les mettre ? Dans des camps qu’on n’appelle pas encore “de concentration” dont les plus célèbres seront Gurs, Argelès, Rivesaltes ou Saint-Cyprien. C’est là que les Nazis viendront les cueillir.

Aujourd’hui, on célèbre des personnages splendides comme Varian Fry qui sont venus en aide à des proscritEs ne sachant pas où aller et abandonnéEs. Les Varian Fry d’aujourd’hui aident les réfugiéEs de Calais. Et ils/elles sont jugéEs. Rob Lawrie a été traîné en justice pour avoir essayé d’aider une fillette afghane voulant rejoindre sa famille.

La logique des camps, c’est d’enfermer les victimes qui sont considérées comme des coupables. Ou de les disperser pour qu’on ne les voie plus.

Qui a mis à feu et à sang le Moyen-Orient et le monde arabe avec les invasions de l’Afghanistan, de l’Irak ou de la Libye ? Qui arme les pays qui ont financé et fabriqué Daesh ? Qui soutient un modèle économique qui condamne de nombreux pays au sous-développement ? Qui a fabriqué le système de la Françafrique ? Les gens qui arrivent à Calais avec l’espoir fou que la Grande-Bretagne sera leur eldorado sont avant tout les victimes du capitalisme mondialisé.

Le gouvernement français se dit solidaire du peuple syrien face à sa dictature. Il traite les réfugiéEs syrienNEs comme des bêtes : expulsions, enfermement, refus d’accorder le droit d’asile. C’est la politique du bulldozer et de la bonne conscience. Dans sa grande “humanité”, le gouvernement français a installé à Calais des containers pour emballer la marchandise, pardon pour loger les migrantEs.

À l’heure où ces lignes sont écrites, le gouvernement “socialiste” s’apprête à “évacuer” une partie de la “jungle” de Calais. Il faut comprendre qu’on va “mettre ailleurs” les habitantEs mais surtout qu’on va détruire ce que la population a pu construire pour rendre la vie un peu moins invivable : l’école du chemin des Dunes, une épicerie, des sanitaires. On va “disperser” les réfugiéEs dans la peur et la précarité. Cazeneuve, Valls et Hollande sont dans la droite ligne de Sarkozy qui avait fermé Sangatte.

Notre police n’a même pas besoin de l’état d’urgence pour agir. Elle possède déjà une solide expérience acquise contre les Rroms. Plusieurs “camps” ont été récemment démantelés : trois à Lyon (12 janvier) et celui des Poissonniers à Paris (3 février). Démantèlements pour le “bien” des résidentEs, ça va de soi. C’est-à-dire sans relogement dans la plupart des cas. En fait ces évacuations ont un seul but : rendre la vie invivable et cacher cette “lie de l’humanité” de notre vue.

Face à cette Europe forteresse qui imite les pires périodes de son histoire, nous réaffirmons la liberté absolue de circuler et de s’installer. Nous faisons nôtre l’appel de Calais qui se termine par : “parce que nous serons plus forts demain pour nous battre ensemble contre les autres formes d’injustices et de misère,nous demandons solennellement au gouvernement un large plan d’urgence pour sortir la jungle de Calais de l’indignité dans laquelle elle se trouve”.

Pierre Stambul , le 22 février 2016

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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 23 Oct 2016, 13:00

Droits des réfugiés : la mauvaise foi des services de l’État

Entretien avec une travailleuse sociale

Dans la plupart des discours politiques, les migrants sont présentés comme des clandestins voire des délinquants ne respectant pas l’intégrité du territoire français. Entrés sans droit, ils n’auraient pas de droits. L’usage du terme « jungle » pour qualifier les campements de migrants signifie bien qu’ils ne sauraient être traités comme des humains. Évidemment, cette vision oublie volontairement les conditions de leur arrivée en France : guerres conduites par les États occidentaux, pauvreté, faim et répression politique. Elle fait également l’impasse sur les droits que, malgré tout, les migrants et notamment les demandeurs d’asile peuvent faire valoir. Car ils ont des droits. Loin des caméras et des gesticulations politiques, les réfugiés ont alors affaire avec une réalité méconnue et pourtant bien souvent aussi inhumaine : les services de l’État. Dans l’entretien qui suit, Alice, travailleuse sociale dans une association parisienne accueillant les familles réfugiées, décrit les conditions d’accueil et de prise en charge des réfugiés. Plongée dans un dédale administratif où la pauvreté des moyens n’a d’égale que le peu d’empressement à faire appliquer et respecter le droit des migrants.

... http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=6032
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 27 Oct 2016, 15:44

Carte des camps d'étrangers en Europe, édition d'octobre 2016
http://www.migreurop.org/article2746.html?lang=fr
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