Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 21 Oct 2018, 20:36

De l’air, ouvrez les frontières !

C’est le slogan que nous opposons, de manif en manif, à la politique criminelle des États, de tous les États, européens. Car leur bilan, depuis 2015 et sans remonter plus loin, ce sont des dizaines de milliers de morts. Des femmes, des hommes, des enfants noyés ou disparus sur les routes de l’exil, aux portes de l’Europe.

Le dossier qui suit est consacré à deux choses. Dénoncer, bien sûr, cette politique et ses conséquences monstrueuses. Mais aussi, dans un deuxième temps, rappeler les luttes, les résistances, à travers trois exemples, parmi tant d’autres. La grève des travailleurs sans papiers en France, en 2008 et en 2009. Les efforts pour survivre, s’organiser, résister... des migrantEs à la Chapelle. La mobilisation de citoyenEs, dans la vallée de la Roya, pour venir en aide aux réfugiéEs qui passent d’Italie en France au péril de leur vie.

Adversaires complices

Car plus que jamais l’Europe se veut une forteresse. Tous les gouvernements se sont entendus là-dessus, les uns l’assument cyniquement et en font un argument électoral, les autres le font dans l’hypocrisie. C’est ce qu’a montré récemment le tout dernier bal des hypocrites, ou conseil des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne. Le nouveau ministre de l’Intérieur italien d’extrême droite, Salvini, ayant décidé d’empêcher les navires chargés de migrants sauvés en mer d’accoster dans les ports de l’Italie, Macron a condamné l’immoralité et l’irresponsabilité de la décision, mais a lui-même refusé les ports français aux réfugiéEs. Tout en faisant voter la pire loi anti-immigréEs de l’histoire récente, une loi qui vise de fait à enterrer le principe même du droit d’asile sans le dire vraiment. Le sommet risquait paraît-il de tourner au conflit ouvert et irréconciliable entre les « xénophobes » (Salvini, Orban, le chancelier autrichien Kurz…) et les « humanistes » (Macron, Merkel…). Une plaisanterie quand on sait que ce qui les oppose, c’est moins leurs principes que leurs postures et surtout la situation particulière de leurs pays, car il y a en Europe les pays de « première ligne », portes d’entrée des réfugiéEs venus de l’autre côté de la Méditerranée, les autres de « seconde ligne », comme la France. Et ceux-là, singulièrement la France, ont en réalité durci leurs lois contre les immigrantEs, refusé massivement le droit d’asile aux demandeurs, refoulé brutalement celles et ceux qui parvenaient à leurs frontières, et de fait laissé les pays de première ligne se débrouiller. Tout en condamnant bien sûr le non respect des règles de l’humanité, et du droit international, des Italiens ou des Hongrois…

Il était donc logique qu’au-delà de leur jeu d’oppositions largement hypocrites, ils s’entendraient sur une chose : puisque les États comme la France refoulent les réfugiéEs qui d’abord passent par l’Italie et les pays du sud du continent, puisque des États comme l’Autriche, l’Italie, la Hongrie, sont désormais prêts à assumer ouvertement leur mépris de la vie humaine et accessoirement du droit international sur l’accueil des réfugiéEs, puisqu’ils refusent tous finalement de recevoir un nombre conséquent de réfugiés, alors la solution d’entente réside dans une externalisation de ce que ces gens appellent le « problème migratoire » : renforcer les frontières extérieures de l’Union européenne, et bloquer les réfugiéEs et les migrantEs dans des camps situés dans des pays à l’extérieur de l’Europe, du Maroc à la Turquie. C’est déjà après tout le sens de l’accord signé avec Erdogan, dont le pays accueille 3 millions de réfugiéEs, notamment syriens. C’est le sens des pressions qui s’exercent déjà sur un pays comme la Tunisie, dont le gouvernement est sommé d’ouvrir ce genre de « hotspots » sur son territoire, sous peine de se voir fermer les maigres facilités financières ou commerciales qui lui ont été accordées.

Angélisme ?

Face à cette barbarie d’État nous assumons donc pleinement cette revendication de l’ouverture des frontières. Liberté de circulation et d’installation, et régularisation de tous les sans-papiers. Ce n’est pas pour nous un simple slogan. C’est une affirmation de principe.

Alors certains nous reprochent volontiers notre « angélisme » (notre irresponsable bêtise). Même à gauche certains ne s’en privent pas, en écho à Sahra Wagenknecht, co-fondatrice du mouvement « Aufstehen » en Allemagne. Comme par exemple Jean-Luc Mélenchon, assez représentatif d’un fort courant au sein de ce qu’il est encore convenu d’appeler « la gauche ». Ainsi, le 25 août 2018, dans une interview au Monde, il se dit favorable à la « régularisation des travailleurs sans papiers, mais pas pour le déménagement permanent du monde, ni pour les marchandises ni pour les êtres humains ». Et précise : « Je n’ai jamais été pour la liberté d’installation et je ne vais pas commencer aujourd’hui. Est-ce que, s’il venait 10 000 médecins s’installer en France, ce serait une chance ? Oui. » Dernière remarque qui, sous couvert d’ouverture, s’inscrit dans la ligne politique… de « l’immigration choisie ». Dans un livre d’entretiens avec Marc Endeweld (de l’hebdomadaire Marianne), Mélenchon confirme cette position : « Si on ne veut pas que les gens viennent, il vaut mieux qu’ils ne partent pas [de leurs pays]. Et il faut cesser de croire que les gens partent par plaisir. Donc éteignons l’une après l’autre les causes de leur départ. Elles sont très simples, c’est la guerre et la misère. » Puis il se dit « fatigué »des discussions « où les fantasmes s’affrontent les uns avec les autres ». D’un côté, « ceux qui hurlent sans réfléchir et s’en remettent à des expédients sécuritaires ». De l’autre, « ceux pour qui il est normal que tout le monde puisse s’établir où il veut, quand il veut. Passeport, visas et frontières n’existeraient pas. »

Angéliques, puisque nous faisons partie de ces naïfs pour qui « passeports, visas et frontières n’existeraient pas », nous nous contenterions donc d’une position purement morale, dénuée de toute chance de se réaliser pratiquement, conforme ni aux intérêts réels du mouvement ouvrier, ni au principe de réalité, et notamment à cette vieille formule ressassée ad nauseam, « la politique c’est l’art du possible ».

Or dire que notre revendication d’ouverture des frontières est une affirmation de principe, cela signifie d’abord que nous ne la subordonnons à aucune considération prétendument pragmatique, notamment à aucun calcul économique plus ou moins sordide. Un calcul toujours fait du point de vue d’une société, et d’une économie, capitalistes. Du type : l’immigration est-elle une richesse ou un fardeau ? La France peut-elle accueillir toute la misère du monde ?

Sur le « réalisme » des politiciens garde-frontières

Pourtant il y aurait des choses à dire même sur ce terrain miné des coûts et des bénéfices. Si on s’y hasardait, on verrait aisément à quel point les arguments « réalistes » de ceux qui ferment les frontières et font la chasse au migrant, sont fallacieux. L’immigration « coûterait cher » ? Elle apporte pourtant aux économies occidentales une main-d’œuvre qui travaille dur, en général peu coûteuse, qui rapporte beaucoup à ceux qui veulent bien l’exploiter. Quand les migrantEs sont non qualifiés, ils sont durement surexploités. Quand ils sont qualifiés, ils sont encore durement exploités, mais en plus leurs compétences, leur formation, n’ont pas coûté un sou à la société d’accueil. L’immigration pèserait trop lourd sur les systèmes de protection sociale ? Rien qu’en France, les études menées depuis des décennies tendent à montrer que pour ce qui est des immigréEs, l’assurance maladie est plutôt excédentaire, et encore plus l’assurance retraite ! Seraient déficitaires, en ce qui les concerne, les allocations familiales… et la branche accidents du travail-maladies professionnelles de la Sécu. Car c’est le très douteux « privilège » des travailleurEs immigrés, qu’ils soient des migrants dits « économiques » ou des réfugiés détenteurs du droit d’asile, qu’ils soient avec ou sans papiers : ils sont en moyenne davantage soumis que les autres aux ravages de l’exploitation, à ses maladies et ses accidents, autre signe en creux qu’ils rapportent gros à leurs exploiteurs, au patronat, mais aussi, il ne faut pas l’oublier, à tous les bons Français contents qu’ils soient là pour construire leurs ponts et leurs routes, faire leur ménage et leurs vérandas. Plus risible encore, l’aplomb avec lequel l’essentiel de la classe politique française, du PS à LR en passant par LREM, nous serine qu’on doit fermer les vannes de l’immigration, et d’unautre côté que pour des raisons démographiques, le vieillissement de la population française et la baisse du nombre d’actifs par rapport aux nouveaux retraités, il faudrait travailler toujours plus vieux (et du coup mourir plus jeunes). L’immigration n’apporterait-t-elle pas le surcroît d’actifs nécessaire ? Quel problème alors, sinon le fait qu’ils ne sont pas de « chez nous » ?

Faut-il enfin, une fois de plus, rapporter le nombre de réfugiéEs qui frappent aux portes de l’Europe ces dernières années, à la population totale du continent, et à sa richesse ? Soit un petit 1 %. Faut-il à nouveau comparer le nombre dérisoire de réfugiés accueillis en France, par rapport aux trois millions qui vivent exilés en Turquie, aux millions qui sont au Liban, en Jordanie, en Éthiopie, au Soudan ?

Au petit jeu, un peu sordide quand même quand on voit le sort fait à ces millions de malheureux, du « combien ça coûte », les « réalistes » ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler cela face aux arguments mensongers de l’extrême droite et des partis dits de « gouvernement ». Mais soyons francs, cela ne change sans doute pas grand-chose sur le fond de l’affaire. Les calculs sur le coût de l’immigration ne sont que des sornettes et des prétextes pour justifier des politiques racistes. Et l’inverse est vrai… pour nous. Nous sommes pour l’ouverture des frontières non parce que ça ne coûte pas si cher aux sociétés capitalistes européennes, mais du point de vue des intérêts généraux de l’humanité, parce que nous refusons d’être complices de toutes les conséquences barbares de ce système. Parce que nous n’irons pas, par démagogie électorale ou lâcheté politique, dans le sens de ces « braves gens » qui, et ils sont légion en Europe, voudraient le beurre et l’argent du beurre, profiter à leur humble niveau de citoyen européen de l’exploitation des richesses et des travailleurEs du monde entier, ne pas se révolter des pires crapuleries de nos gouvernements, le soutien aux dictatures « amies », la vente à celles-ci des armes les guerre les plus sophistiquées, et parfois des expéditions militaires directes, se réjouir des ventes de Rafale à des clients du sang plein les mains, et en même temps ne pas vouloir, ici, dans nos rues, de celles et ceux qui fuient, pour sauver leur peau, les conséquences de ce désordre mondial terrifiant qu’est l’ordre impérialiste.

Un vieux dilemme du mouvement ouvrier

Il se fait entendre cependant, et de plus en plus, une petite musique plus insidieuse, plus perverse, pour nous faire marcher au même pas que les dresseurs de barbelés et les expulseurs. Les frontières, ce serait l’intérêt de la classe ouvrière, parce que leur ouverture, l’immigration massive, ce serait l’arme des trusts pour faire baisser les salaires, dégrader les conditions de travail.

L’extrême droite utilise l’argument depuis bien longtemps. Mais il ne lui est pas propre. C’est une question qui a agité, et divisé, le mouvement ouvrier dès ses origines.

Car si la classe ouvrière fut d’emblée composée de multiples nationalités, le mouvement ouvrier n’a pas été pour autant toujours internationaliste. Indépendamment des préjugés xénophobes, présents dans la classe ouvrière comme ailleurs, indépendamment même de la dégénérescence de nombreuses organisations, politiques ou syndicales, il y eut parfois de graves dérives politiques pour des militants ouvriers sincères, et pas spécialement xénophobes eux-mêmes. Quand, dès le milieu du XIXe siècle, le patronat « importait » des Irlandais en Grande-Bretagne ou des Belges et des Italiens en France, nombre de travailleurs « natifs » eurent le
réflexe de se défendre contre la concurrence organisée par le patronat en luttant... contre les immigrés eux-mêmes. Le pire eut lieu en 1893, à Aigues-Mortes, où les Salines employaient des travailleurs aussi bien français qu’italiens. À la suite de fausses rumeurs, un demi-millier de personnes, armées de gourdins, de pelles et de fusils, se livra à un véritable pogrom contre les Italiens, en massacrant des dizaines. Tous les Italiens furent licenciés et expulsés. C’est dans la foulée de ce drame que fut réalisé pour la première fois un programme de fichage des résidentEs étrangers en France, et que furent proposées les premières lois de restriction de l’immigration. Ce raisonnement fallacieux amena, en France, la première loi restrictive de l’immigration en 1899, œuvre... du ministre « socialiste » Millerand. Les industriels ne pouvaient plus faire appel à la main-d’œuvre étrangère que dans des proportions comprises entre 5 et 30 % des effectifs. La loi aggrava surtout les contrôles policiers sur les immigrés… Un peu partout des syndicats réclamèrent très tôt des clauses protectrices contre l’emploi de travailleurs étrangers, voire la fermeture des frontières.

Une telle politique se prétendait déjà « réaliste », et apparaissait parfois convaincante, même pour des travailleurEs dénués de préjugés racistes. En attendant la plus ou moins utopique « société socialiste », où les frontières pourraient toujours disparaître, comment limiter la pression à l’exploitation engendrée par l’immigration, sans limiter cette immigration elle-même ? Quand d’ailleurs Jean-Luc Mélenchon évoque la nécessité de lutter contre les causes de l’immigration en instaurant paix et prospérité partout dans le monde, il ne fait pas que montrer de l’humanisme en « justifiant » l’exode des migrants aujourd’hui, il reprend aussi une vieille hypocrisie courante dans l’histoire du mouvement ouvrier : puisque la lutte pour rendre ce monde plus juste prendra du temps (surtout si on se réjouit par ailleurs des succès commerciaux du Rafale…), en attendant il faut bien protéger nos frontières et limiter l’immigration…

Mais ce vieux raisonnement, de court terme, qui consiste à demander à l’État de limiter la circulation des travailleurs et de protéger les travailleurs du cru par les frontières, a toujours abouti à une sinistre impasse. Il y a toujours eu des politiciens de la bourgeoise pour s’en saisir, pour attiser les divisions entre les travailleurEs et finalement tous les affaiblir. Les appels à la « protection » contre les travailleurEs étrangers, avec en fait pour résultat immédiat une discrimination dans le travail, les tâches les plus pénibles et les moins payées pour les immigréEs, le monopole des meilleurs postes de travail pour les nationaux, n’ont jamais mené qu’à une mise en concurrence directe encore plus violente des nationaux et des immigrés. La bourgeoisie n’a pas eu trop de mal à retourner en sa faveur ces « revendications », réactionnaires, que reprenaient des travailleurEs ou leurs organisations, aidant ainsi à préparer de futures attaques contre eux-mêmes.

La seule politique viable pour le mouvement ouvrier, c’est l’internationalisme, c’est non seulement organiser une solidarité d’un pays à l’autre, mais aussi organiser les travailleurEs immigrés et les entraîner dans les luttes de toute la classe ouvrière. Les accueillir non comme des briseurs d’acquis sociaux mais comme des sœurs et frères de lutte. Encore faut-il pour cela lutter contre tout ce qui divise la classe ouvrière, et ne pas réclamer des frontières supposées protéger les travailleurEs français et européens… et font crever des dizaines de milliers de migrantEs, et réduisent à la clandestinité et à la misère des centaines de milliers d’autres.

Yann Cézard


https://npa2009.org/idees/antiracisme/d ... frontieres
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 02 Nov 2018, 20:21

Frontières

« Les politiques migratoires actuelles ne sont pas rationnelles, elles sont juste électoralistes »

Le gouvernement italien multiplie les mesures xénophobes, visant les migrants et leurs soutiens. Dans les îles grecques et italiennes, les conditions de vie des personnes en exil, entassées dans des camps, sont épouvantables. La France rechigne à accueillir des migrants naufragés. La Méditerranée est-elle donc devenue une zone de non-droit ? Pourquoi l’Europe a-t-elle transformé sa frontière Sud en cimetière marin ? D’autres politiques sont-elles possibles, alors qu’il n’y a pas si longtemps, l’Europe était encore accessible sans visa ? Un groupe de chercheurs répond à ces questions dans l’ouvrage Méditerranée : des frontières à la dérive, qui vient de paraître aux éditions du Passager Clandestin. Entretien avec la géographe et sociologue Camille Schmoll.

... https://www.bastamag.net/Les-politiques ... sont-juste
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 09 Nov 2018, 20:50

Amérique centrale. D’où viennent-elles et qui composent ces caravanes? Est-ce «les envahisseurs» dénoncés par Trump?

Il n’y a pas de pire Guatepeor (le Guate-pire) pour ceux qui fuient le Guatemala (le Guate-mal), le Honduras et le Salvador, pour ceux qui rejoignent sans plus y penser la caravane qui passe devant leur porte en direction d’un Nord qui signifie pour eux l’espoir. Regroupés, on le voit, ils pensent qu’ils courent moins de risques de vols, de séquestration, de prostitution, ou qu’on les viole ou les tue lors d’une attaque. Ils fuient en laissant derrière eux le peu qu’ils ont pour conserver au moins leur vie.

Il y a trois caravanes: la première est partie de San Pedro Sula, en Honduras, le 12 octobre 2018. Au Mexique, les attend le président sortant, Enrique Peña Nieto, qui n’a pas voulu les réprimer. Toutefois, parfois, ces migrants se dérobent et n’acceptent pas la proposition de résidence conditionnelle qu’il leur offre. Un président entrant, André Manuel López Obrador (AMLO), leur promet déjà des démarches en vue de leur résidence et assure qu’il y aura du travail pour eux. A la frontière des Etats-Unis, un Donald Trump qui se décoiffe presque en les insultant et en les menaçant de ses 5200 effectifs de ses forces armées (allant jusqu’à 15’000, avant de se rétracter).

Quand les caravanes arriveront à la frontière avec les Etats-Unis, les élections de mi-mandat du 6 novembre seront terminées. Dès lors, le thème perdra notablement en intérêt et tout reviendra, on peut le supposer, à la normale.

La normalité est néanmoins le pire. Toujours plus, et de façon plus intense depuis la présidence de Barack Obama, les caravanes sont refoulées, les familles divisées et des dizaines de milliers d’enfants seuls font face à cette réalité agressive dans laquelle, tout peut arriver. Entre 2013 et 2017, 179’544 enfants non-accompagnés ont été enregistrés. En avril, la Garde nationale (pas l’armée) a empêché l’entrée d’une caravane aux Etats-Unis. Durant une année (du 30 septembre 2017 au 30 septembre 2018), le chiffre record de 100’000 réfugié·e·s – parvenant jusqu’au pied du mur— a été atteint; 16’658 personnes ont été détenues et renvoyées.

La réalité qu’ils fuient depuis le Salvador, le Guatemala et le Honduras possède des traits sinistres communs: toutes les années, la population de la campagne rejoignant la ville s’élève à 1,9% du total au Salvador, 3,1% au Guatemala et de 2,4% au Honduras.

... https://alencontre.org/ameriques/amelat ... trump.html
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 09 Nov 2018, 21:43

Traversée des Alpes : un aperçu du calvaire vécu par des milliers d’exilés
Pour se rendre compte des risques que prennent les réfugiés qui traversent, au dessus de Briançon, la frontière entre l’Italie et la France, une journaliste a pris le même chemin, de nuit, pour éviter les patrouilles de police et de gendarmerie. Voici son récit.
... https://www.bastamag.net/Traversee-des- ... s-d-exiles

Humiliations, mises en danger, violences : enquête sur les abus policiers contre les migrants
Le procès des « 7 de Briançon », poursuivis après leur participation à une manifestation contre l’action à la frontière des militants d’extrême-droite de Génération identitaire, démarre ce 8 novembre. Le tout sur fond de crise franco-italienne, après l’intrusion récente côté italien de gendarmes français refoulant des migrants. Au quotidien, sur les chemins alpins qui relient les deux pays, les réfugiés voient leurs droits piétinés, subissent des courses poursuites dangereuses, des humiliations et même des violences de la part des forces de l’ordre. Du point de vue des migrants, peut-on encore parler d’État de droit ?
... https://www.bastamag.net/migrants-refug ... s-briancon
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 18 Nov 2018, 18:52

Ciné-débat « Libre »
« De la frontière à Paris, l'accueil des exilés en France »

Documentaire de Michel Toesca - 1h40

Paris, au cinéma Louxor (métro Barbès-Rochechouart ligne 4 et 2) à 20h le lundi 19 novembre 2018

Projection du film « Libre » de Michel Toesca suivie d'un débat animé par la LDH Paris 18 avec comme invitées :

Martine Landry, militante d'Amnesty, récemment arrêtée et jugée à Nice pour ses activités bénévoles d'aide aux exilés
Alix Geoffroy, coordinatrice de terrain à Paris pour Utopia 56
Espérance Minart de la Timmy, Team Mineurs Exilés pour l'aide et la mise à l'abri citoyenne des mineurs isolés étrangers présents à Paris.

Cette séance est au tarif habituel des séances du Louxor.
Le film

La Roya, vallée du sud de la France frontalière avec l'Italie. Cédric Herrou, agriculteur, y cultive ses oliviers. Le jour où il croise la route des réfugiés, il décide, avec d'autres habitants de la vallée, de les accueillir. De leur offrir un refuge et de les aider à déposer leur demande d'asile.
Mais en agissant ainsi, il est considéré hors la loi... Michel Toesca, ami de longue date de Cédric et habitant aussi de la Roya, l'a suivi durant trois ans. Témoin concerné et sensibilisé, caméra en main, il a participé et filmé au jour le jour cette résistance citoyenne. Ce film est l'histoire du combat de Cédric et de tant d'autres.

http://site.ldh-france.org/paris18/cine ... es-france/
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 26 Nov 2018, 17:10

Que propose vraiment le Pacte mondial sur les migrations de l’Onu, qui fait tant peur aux partis xénophobes ?

192 pays membres des Nations Unies ont adopté un pacte mondial sur les migrations. Le texte, non-contraignant, doit permettre une coopération internationale sur la question des migrations, et rappelle un minimum de principes fondamentaux concernant le respect des droits humains. Des États dirigés par des gouvernements xénophobes comme la Hongrie et la Pologne ont annoncé qu’ils ne signeraient pas ce texte, et des partis d’extrême-droite multiplient les mensonges sur le sujet. L’accord final doit être signé en décembre au Maroc. Décryptage.

... https://www.bastamag.net/Que-propose-vr ... -fait-tant
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 27 Nov 2018, 15:54

Cinq idées reçues sur l’immigration

« Faut-il avoir peur de l’Afrique ? [1] » Une invasion migratoire est en train de submerger l’Europe ? L’aide au développement des pays pauvres permet de réduire l’émigration ? Les migrants veulent absolument venir en Europe ? On parle beaucoup d’immigration, mais on en parle avec beaucoup d’imprécisions, d’approximations, d’hypocrisie et d’instrumentalisation. Passage en revue de quelques idées reçues sur l’immigration, que Benoît Bréville nous aide à déconstruire.

Un entretien de Jonathan Duong avec Benoît Bréville, rédacteur en chef adjoint du Monde diplomatique, auteur de l’article « Immigration, un débat biaisé » dans Le Monde diplomatique de novembre.

à écouter : https://la-bas.org/la-bas-magazine/entr ... mmigration
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 23 Déc 2018, 16:01

Migrations. «Halte à la guerre aux migrations!»

Déclarations du Forum Social Mondial Migration

Le Forum Social Mondial Migrations (FSMM) réuni à Mexico du 2 au 4 novembre 2018 s’est saisi dans plusieurs de ses ateliers de l’analyse du «Pacte Mondial pour une Migration dite Sûre, Ordonnée et Régulière» qui sera ratifié par les chefs d’Etats et des gouvernements à Marrakech (Maroc) en décembre prochain [voir ci-dessous]. Beaucoup d’espoirs ont été mis dans les capacités des Nations Unies à mettre en place des outils de protection des droits des migrant·e·s et de renforcement de la liberté de circulation. Quelles que soient nos approches respectives par rapport à ce Pacte, nous sommes conscients de la nécessité qu’il doit exister un cadre qui garantit et protège les droits des migrant.es.

En l’absence d’un droit international spécifique sur les migrations, encore moins un «droit de migrer», le Pacte est censé combler ce vide par la confirmation des principes universels, des Déclarations et autres Pactes en la matière en un moment où se développent les discours et arguments selon lesquels les politiques actuelles, axées sur le contrôle des frontières, ne sont pas seulement dommageables en termes d’atteinte aux droits des personnes, mais qu’elles sont aussi inefficaces au regard même de leurs objectifs.

Or tel qu’il est proposé dans sa version finale le Pacte s’apparente plus à un instrument, au service des pays riches, des multinationales et du capital, de contrôle des entrées en fonction de leurs intérêts.

Certes, il réaffirme quelques principes positifs contenus d’ailleurs dans plusieurs conventions internationales, mais son caractère non contraignant pour les Etats vide ce Pacte de tout son sens.

Au vu des lignes directrices du Pacte, dans sa version actuelle, il ne propose aucune voie permettant de résister aux évolutions inquiétantes des discours et pratiques politiques d’hyperfermeture à la migration. Nous sommes face à un outil qui va, dans de nombreuses régions du monde, faire reculer les droits des migrant·e·s. Ce sera surtout le cas pour les précarisé·e·s tels que les personnes sans titre de séjour, les mineurs ou les femmes migrantes.

De plus, plusieurs points sont particulièrement inquiétants, en particulier :

La mise à l’écart de la Convention Internationale de Protection des Travailleurs Migrants et de leur Familles;
La mise en exergue d’une gestion uniformisée et commune des données sur les migrations et les personnes migrantes, ceci comprenant des données biométriques;
La légitimation de la détention de migrants et des centres de rétention;
La non remise en cause de politiques ou de lois criminalisant les migrants;
Le principe de «deux poids deux mesures», un outil non contraignant qui favorise de fait le plus fort et ne donne aucune garantie effective aux plus vulnérables ;
Un cadre particulièrement adapté pour la mise en place de politiques de migration choisie;
Le fait que, concernant le développement du Sud, cela se résume à un ensemble de bonnes intentions sans objectifs qualitatifs, concrets et sans évaluation des programmes d’aide au développement.

A l’évidence, tel qu’il est proposé dans sa version finale, le Pacte s’apparente à une recherche de consensus entre des Etats sur la gestion sécuritaire des migrations et une recherche de renforcements des mesures sécuritaires pour mettre fin au principe inaliénable de la liberté de circulation et risque de devenir un outil pour légitimer des reculs au niveau des droits des migrants plutôt qu´un instrument pour une gouvernance respectueuse du droit international et des droits des migrants. Il peut servir, d’une part, pour justifier des politiques d’exclusion et de criminalisation des migrants et, d’autre part, pour concrétiser les rêves des pays du Nord, maintes fois annoncés, à savoir l’immigration choisie (qui vide les pays du Sud de leurs compétences) et l’immigration jetable.

Face aux défis migratoires d’aujourd’hui, face à la montée des discours et actes populistes, discriminatoires et racistes, nous organisations de la société civile réunies au sein du FSMM à Mexico réaffirmons notre attachement aux droits fondamentaux des personnes migrantes et de leurs familles. La seule réponse sensée est celle de la solidarité et de l’égalité des droits pour tous. Une politique juste est celle qui se met au service de la personne, de toutes les personnes indépendamment de leur race, leur religion, leur sexe ou leur nationalité, qui prévoit des solutions adaptées pour garantir la sécurité, le respect des droits, de la justice et de la dignité pour tous, qui sait voir le bien de son propre pays en prenant en compte celui des autres pays, dans un monde toujours plus interconnecté. (Mexico, le 4 novembre 2018)

*****
Halte à la guerre aux migrations! Oui à un Pacte mondial qui protège la dignité et les droits humains des migrants

Les 10 et 11 décembre 2018, les chefs d’États et de gouvernements, sous l’égide de l’ONU, sont invités à signer à Marrakech le pacte mondial pour des «migrations sûres, ordonnées et régulières». Beaucoup d’espoirs ont été mis dans les capacités des Nations Unies à mettre en place des normes de protection internationales des droits des migrant.es et de renforcement de la liberté de circulation. Ce Pacte inspire des réactions diverses et en sens opposés. De nombreuses ONG y voient un texte protecteur alors que d’autres s’y opposent fermement et articulent une critique du texte soulignant non seulement qu’il manque d’ambition mais qu’il représente un recul aux droits actuels. Les Etats européens dominés par des formations nationalistes, populistes ou xénophobes y voient une atteinte à leur souveraineté. Plusieurs états membres de l’UE (Union européenne), hostiles à l’accueil des réfugiés, comme la Hongrie, la Pologne, l’Autriche ou la Tchéquie, ont déjà dit leur opposition au texte.

Ces gouvernements dirigés par des partis ouvertement en guerre contre les migrations voient dans ce pacte une possible remise en cause des politiques hyper-restrictives qu’ils mènent. Donald Trump, pour les États-Unis, campe dans un refus de toute approche fondée sur le multilatéralisme et a fait savoir depuis longtemps son rejet du Pacte. A l’exception notable des conventions de l’OIT ou de la convention internationale pour la protection des travailleurs migrants et les membres de leur famille, non ratifiée par la plupart des Etats membres de l’UE, il manque à la communauté internationale un cadre juridique spécifique pour prendre en considération la question des migrations. L’adoption du Pacte mondial est censée combler ce vide.

Or le consensus à l’issue des négociations penche en faveur de la mise en place d’un dispositif non contraignant en adéquation avec les intérêts des pays industrialisés à hauts revenus qui fait fi des besoins des migrant·e·s et des pays du Sud moins développés dont ils proviennent. Bien que nous soyons conscients et favorables à la nécessité de créer un cadre international qui garantit et protège les droits des migrant.es, nous ne pensons pas que le texte du Pacte soit une réponse à la hauteur des besoins de protection des migrant.es dans le monde. Le texte proposé est en réalité fortement inspiré par les intérêts et les approches européennes et nord-américaines dans le domaine des migrations.

Le Pacte est-il un texte qui crée un droit international à la liberté de circulation? Permettra-t-il de protéger les migrants aussi efficacement que le permet la convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille? Évitera-t-il la multiplication des cimetières de migrants morts à nos frontières? Va-t-il prohiber définitivement la détention de migrants et les centres de rétention? Permettra-t-il une remise en cause de politiques ou de lois criminalisant les migrants? Evitera-t-il le pillage des ressources humaines et matérielles des pays pauvres et le recours à l’immigration choisie? Ira-t-il au-delà des bonnes intentions en matière de développement en dressant des objectifs mesurables et des mécanismes d’évaluation des programmes d’aide? Evitera-t-il la logique de surveillance et de contrôle notamment via la collecte et le stockage des données biométriques des migrants dans des bases de données communes et uniformisées?

A toutes ces questions, nous répondons par la négative! Au final, le Pacte Mondial reste un accord non-contraignant négocié au niveau intergouvernemental dans des conditions de conflits et de manque de solidarité entre Etats mus principalement par des soucis sécuritaires de contrôle. Il ne défie pas la logique des politiques d’immigration répressives qui, loin de réduire le nombre d’entrées de migrants, contribuent à des violations graves des droits humains.

Ces politiques sont coûteuses sur le plan humain et favorisent des stratégies toujours plus complexes et dangereuses de franchissement illégal des frontières. Elles font le lit des réseaux mafieux et sont porteuses de nouvelles insécurités dans des zones déjà fortement fragilisées par des conflits de natures multiples. Le Pacte vise à établir pour la première fois un cadre intégré pour une gouvernance mondiale des migrations internationales. Tel qu’il est formulé dans sa version finale, ce Pacte s’apparente à la recherche d’un consensus minimal entre États riches et pauvres, qui garantit aux premiers la liberté de poursuivre la gestion sécuritaire de leurs frontières. Ce texte ne contribue en rien à inscrire, dans le réel, le droit inaliénable à la liberté de circulation tel que fixé à l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Au contraire, il pourrait même légitimer et justifier des reculs au niveau des droits des migrants plutôt que contribuer à une gouvernance respectueuse des droits humains des migrants. Dans la mesure où il ne l‘interdit pas, il pourrait même servir à justifier des politiques d’exclusion et de criminalisation des migrants et donner corps aux souhaits des pays du Nord de renforcer l’immigration choisie, qui vide les pays du Sud de leurs compétences, et institutionnaliser l’immigration jetable. Ensemble, nous appelons à la résistance à la criminalisation des migrants et des réfugiés ! Ensemble, mobilisons-nous et agissons pour défendre les droits humains de tous les migrants et réfugiés et renforcer la solidarité transnationale. (Marrakech, le 8 décembre 2018)


https://alencontre.org/societe/migratio ... tions.html
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 23 Déc 2018, 20:27

Migrations. «Le pacte mondial» ne «changera rien pour les migrants»

«Depuis de longues années, l’ONU essaie de créer des plateformes de discussion et de rapprocher les positions des Etats sur les migrations. Ce Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté à Marrakech [le 10 décembre 2018 par 165 pays], est le plus petit dénominateur commun entre les pays. Il ne changera rien pour les migrants. C’est bien parce qu’il ne remet nullement en cause leurs politiques que tant d’Etats l’ont signé.

Le texte, qui n’est pas juridiquement contraignant, réaffirme que les Etats sont souverains en matière de migrations. Et l’on ne voit vraiment pas comment la justice pourrait s’en revendiquer. A l’instar de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui, dans son article 13, affirme que «toute personne a le droit de quitter tout pays», mais sans dire un mot sur le droit de franchir une frontière. Elle est depuis 1948 sans application effective.

En rappelant dans le préambule du pacte que les migrations sont «facteurs de prospérité, d’innovation et de développement durable», l’ONU ne formule pas une opinion mais fait état d’un constat – à savoir que la mobilité est favorable à l’économie – qui se base sur une montagne d’études. Ces évidences ont cependant exacerbé l’hostilité à l’encontre des migrant·e·s. Elles ont libéré une sorte d’hystérie conspirationniste de la part de l’extrême droite qui agite un chiffon rouge imaginaire dans plusieurs pays et ont même légitimé des paroles ouvertement racistes et xénophobes de la part de plusieurs dirigeants politiques. A tel point que nous, les ONG, si critiques sur le contenu et l’utilité du pacte, sommes contraintes de le défendre. Alors même qu’il ne peut enrayer la dégradation continue de la situation des migrants.

Le pacte peut bien afficher dans ses objectifs le fait de sauver des vies, de retrouver les disparus, ou de ne recourir au placement en rétention administrative qu’en «dernier ressort», au nom de la souveraineté, les Etats, à commencer par ceux de l’Union européenne, mènent des politiques migratoires contraires aux ambitions proclamées. Ainsi les opérations de surveillance ont-elles succédé aux opérations de sauvetage, et les morts en mer ont augmenté.

L’enfermement des migrant·e·s est devenu prépondérant. Au moment où elle signe le pacte, la France [les autorités suisses, après avoir copiloté les réunions, diplomatie onusienne et intérêts de la «place de Genève» obligent, ne «s’associent pas à ce pacte» face aux attaques délirantes contre ce Pacte anodin qui fusent] met en œuvre le doublement de la durée de rétention, passée à 90 jours, depuis l’entrée en vigueur de la loi Collomb le 10 septembre 2018. Et ce au nom d’une dite «crise migratoire» qui n’existe pas. Un peu plus de 100’000 arrivées, cette année, sont dérisoires au regard des plus de 500 millions d’habitants de l’UE. La crise des «gilets jaunes» a bien montré que la question des migrants n’était pas centrale comparée aux enjeux économiques et sociaux. (Propos publiés dans La Croix, le 18 décembre 2018)

Claire Rodier, propos recueillis par Marie Verdier

Claire Rodier est juriste, directrice du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) et co-fondatrice du réseau euro-africain Migreurop.


https://alencontre.org/societe/migratio ... rants.html
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 23 Déc 2018, 22:21

Débat. Migrations, fantasmes et contre-vérités

L’adoption du pacte de Marrakech par l’Assemblée générale des Nations unies (ONU), lundi 10 décembre, renvoie à bien des égards à l’actualité française. Ces derniers temps, une petite minorité des «gilets jaunes» a réussi à fortement rendre visible son absence de solidarité vis-à-vis de ressortissants étrangers. Tout comme une petite minorité des Etats membres de l’ONU a réussi à occuper l’espace médiatique en refusant d’adopter ce texte.

Un texte pourtant timoré, consensuel et non contraignant. Le contenu du «Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières» n’a rien de surprenant. L’idée fondatrice de ce texte est aussi simple que faussement naïve: la bonne «gestion» des frontières et des populations mobiles serait «bénéfique à tous», aux personnes comme aux Etats, à l’économie comme à la culture. S’entendre sur les mots et sur la mesure de la situation présente permettrait sans doute de mieux saisir le sens de cette déclaration d’intention ainsi que ses silences.

Pour gérer certains mouvements migratoires, de nombreux Etats ne respectent déjà plus la Convention internationale des droits de l’homme ou le principe de présomption d’innocence, contournent le droit d’asile et le droit maritime, sans parler de l’institutionnalisation des violences aux frontières et dans les multiples lieux d’enfermement des étrangers. Quand des textes officiellement contraignants sont bafoués de manière routinière par des services d’Etats, on peut légitimement douter de la capacité d’un texte non contraignant à faire changer les pratiques.

... https://alencontre.org/debats/debat-mig ... rites.html
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 04 Jan 2019, 18:53

Liberté de circulation et d'installation...une utopie ? Julien Salingue- vidéo

Julien Salingue démontre clairement que le refus de la liberté de circulation est en fait un choix politique de soumission à l'ordre capitaliste.



https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/ ... ngue-video
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 17 Jan 2019, 21:18

Aux frontières de l’exploitation

Esquisse d’une pensée contre les frontières étatiques et de classe

Ce 10 janvier 2019, deux camarades comparaissent devant le tribunal correctionnel de Gap. Ils sont accusés d’aide au passage illégal de la frontière franco-italienne, dans les environs de Briançon.

Il n’y a pas lieu de s’en indigner ni même de s’en étonner. Le contrôle des frontières et des marchandises et humains admis ou non à les franchir est une prérogative exclusive et essentielle des états.

Qui s’incarne au quotidien dans la persécution et la mise en danger par les forces de l’ordre des personnes qui tentent de rentrer et de séjourner en France sans les bons papiers.

Qui se traduit par la conclusion d’accords avec les chefs de guerre libyens, le roi du Maroc et autres dictatures, turque ou soudanaise. Le concept : l’externalisation des frontières. Les conséquences : des dizaines de milliers de vies englouties par le désert et la mer, le viol des femmes et la torture systématisées, l’internement de masse dans des camps de concentration, l’esclavage.

De Khartoum à Calais, des barbelés des camps libyens aux patrouilles nocturnes de flics dans la montagne, une seule et même politique.

Quiconque entend contester ce monopole du contrôle des frontières par l’état s’expose à une réaction du pouvoir. Réaction qui s’exprime dans ce tribunal par la voix du procureur et la future sanction des juges. Dans ce système-monde, la répression prend des formes multiples : elle est économique, policière, pénale, plus ou moins systématique et brutale selon la position à laquelle on est assigné dans l’échelle des dominations.

Carnage

Ce monde, ce système est un carnage. Un pillage sans limite de l’ensemble des ressources, rendant invivable une partie croissante des territoires que les gens sont obligés de quitter. Un carnage écologique qui se décline en extraction de la biomasse, désertification, appauvrissement des sols, assèchement et pollution massive des cours d’eau, fonte des réservoirs d’eau douce, disparition de la biodiversité et des pollinisateurs naturels, contamination chimique et nucléaire de territoires. D’Amazonie en Afrique centrale, en Mongolie, en Biélorussie ou au Japon. Partout.

Insécurité alimentaire de masse, famines, épidémies, génocides et autres fléaux s’abattent sur des pans entiers de l’humanité. Ils sont les effets et le cœur de la guerre, qu’elle soit économique, financière, ou militaire.

Le vivant en général est soumis à un comportement délirant, complètement cannibale, du système capitaliste. Tout est propre à devenir marchandise : de l’eau potable au corps des femmes, de l’AK-47 au fœtus.

Ce carnage laisse des traces irrémédiables de violence dans les histoires individuelles et collectives. Ce système sème la mort et le désert. Et plus que jamais, la misère et l’exploitation sont le lot commun de l’humanité dans son ensemble — ou presque. Dans un tel système, tôt ou tard, n’importe qui peut se retrouver et se retrouvera naufragé et devra partir pour chercher ailleurs où et comment survivre.

Dans cette guerre impitoyable contre le vivant et l’humanité, nous sommes toutes et tous des naufragé-es en devenir.

Dans cette logique, nous sommes tous·tes marchandises, ressources et fusibles de la logique de rentabilité du capital. La mondialisation s’est faite au profit de puissances industrielles et financières dans une logique de privatisation totale au prix d’une dépossession du plus grand nombre.

L’histoire des pays colonisés renferme son lot de souffrances et d’exploitation outrancières, de racisme, de négation de l’individu, de guerres, et de domination des puissances occidentales.

Les monopoles industrialo-financiers occidentaux ont pu, grâce aux soutien des états et de leurs armées, par l’influence et la corruption des possédants locaux des colonies ou ex-colonies, s’approprier toujours plus de matières premières, accroître leur production, s’abreuver de nouveaux marchés juteux, dans des régions où les coûts sont bas, le droit salarial quasiment absent et l’exploitation quasi-esclavagiste.

Marchandise humaine et compétition

Les migrations vers l’Europe, si marginales qu’elles soient par rapport aux mouvements migratoires dans le monde, ont généré un bruit médiatique phénoménal ces dernières années. Ces candidats à l’intégration représentent une aubaine à plusieurs titres. Boucs émissaires parfaits dans une période de rhétorique d’insécurité permanente, ils permettent d’acheter et de fabriquer l’électorat de l’extrême-droite. Ils justifient ensuite de renforcer aux frontières intérieures et extérieures de l’Europe, et sur tous les territoires possibles l’emploi de matériels et moyens de surveillance, contrôle, répression, enfermement, etc, un terrain de jeu et un marché lucratif pour l’industrie d’armement. Les nouveaux arrivant·es représentent enfin une main-d’oeuvre idéale : arrivée auprès de l’employeur à ses propres frais, à un prix défiant toute concurrence locale, sans protection sociale ni sécurité au travail, rendue docile par les difficultés du parcours, et jetable dès qu’elle n’est plus utile.

Le patronat ne s’y trompe pas lorsqu’il affirme la nécessité de cette migration corvéable à merci. Comment pourrait-on alors encore aujourd’hui penser que l’immigration représente un problème alors qu’elle contribue à la croissance, si ce n’est pour s’assurer que les exploités soient mis en concurrence ?

Dans les anciennes colonies françaises comme en hexagone, on peut se retrouver à travailler pour les mêmes firmes transnationales, plus ou moins exploité selon que l’on dispose ou pas des bons papiers. On peut ici se sentir privilégié bien que « la crise » (qui n’est qu’une réorganisation de la production capitaliste) touche également la population voyant son niveau de vie reculer. Les licenciements massifs des pôles industriels (ex Arcelor Mittal) ruinent des vies ouvrières nombreuses et ne sont pas dus à la migration des humains mais à celle des machines et des investissements là où les coûts de production sont plus attractifs, plus « compétitifs ».

Les migrants sont accusés d’être des concurrents sur le marché du travail alors qu’ils sont d’autres exploités. Les camionneurs français ont douloureusement senti la venue des travailleurs d’Europe de l’est sous la forme d’une plus grande pression de leurs patrons sur les heures, le taux horaire, etc.

Le repli nationaliste, xénophobe qui se répand et peut apparaître comme une « menace pour la démocratie » est compréhensible dans ce contexte d’insécurité économique, de souffrance et de précarité qui ne sont que les effets concrets de la mise en concurrence violente du prolétariat.

Valeur(s)

Liberté, égalité, fraternité. Les valeurs invoquées par l’état dans son histoire moderne ont été et restent diverses manières d’habiller les logiques d’exploitation pour les justifier, et ce quelles que soient les références utilisées : supériorité raciale blanche, scientisme, positivisme, développement, droits de l’homme. Tous les « universalismes » nés dans les milieux intellectuels des pays conquérants ont été autant de valeurs mobilisées par la classe dominante pour la défense de ses intérêts propres, industriels, économiques, culturels, etc.

Ces valeurs ne sont pas des idéaux que l’usure du fonctionnement des institutions démocratiques aurait dévoyés, mais ont été le drapeau avec lequel le capitalisme a revêtu son passage en système dominant dans le monde. Et ce drapeau n’est déjà plus qu’un torchon sale et jeté à la poubelle de l’histoire d’en haut.

Du reste, les chiens de garde du système, chroniqueurs autorisés et autres « penseurs » réactionnaires ne s’y trompent pas, qui ne s’appuient guère plus sur ces valeurs que pour justifier la fermeture de l’espace intérieur, où elles seront protégées d’un extérieur « barbare » : la sécurité éventuellement liberticide au nom de la liberté, ou encore l’égalité au sein d’une partie choisie de la population. Le déchainement de mépris, au nom des valeurs républicaines, qui a pu s’exprimer ces dernières semaines à l’encontre de celles et ceux qui ont pris la rue et les rond-point, affirmant leur refus d’être gouvernées et tentant de se relier et de s’organiser en conséquence, relêve du même mécanisme. Là-bas, les « barbares », ici, les « foules haineuses ».En danger, les valeurs. Et pour les défendre, la force.

Aujourd’hui, l’état déploie une milice à ses frontières pour suveiller et traquer les éxilé.e.s. Des maraudes s’organisent pour leur porter secours, non pas seulement par ce que la montagne, la neige et le froid sont en eux-mêmes des dangers, mais du fait de la mise en péril qu’entraîne ce déploiement sécuritaire. Et la justice pourchasse celles et ceux qui y prennent part. Le message se veut clair : quiconque entend traduire en actes des valeurs pourtant gravées au fronton de tous les bâtiments publics peut finir en taule.

Dès lors, peut on attendre d’un tribunal qu’il rétablisse, au nom de ces valeurs, un prétendu « état de droit » qui n’est, en définitive, rien d’autre que l’expression d’un rapport de forces, celui du totalitarisme capitaliste et des violences qui, partout, toujours, l’accompagnent ?

Peut on même invoquer ces valeurs dans une sorte d’absolu qui évacuerait la question de fond des rapports d’oppression qui, pourtant, conditionnent la possibilité, ou en l’occurence l’impossibilité, de leur réalisation ?

Nous ne voulons plus croire en ce mensonge. Dans la guerre qu’il mène contre le vivant et l’humanité, ce système, dont l’état n’est qu’un rouage, n’admet qu’une valeur : celle du profit.

Et alors ?

Quelle possibilité pour une lutte dans le Briançonnais, territoire où la classe prolétaire (saisonniers des stations et précaires du bâtiment) est atomisée et pour une part importante itinérante, donc peu organisée face au travail, et qui se retrouvera à la rue quand le réchauffement climatique aura fait fondre les espoirs de loisirs de neige ? Quelle lutte dans un territoire où la classe possédante profite de l’exploitation touristique de la montagne mise en scène comme un espace « sauvage », « préservé » dans un spectacle caractéristique du capitalisme de loisirs ? Quelle lutte possible dans un territoire où les forces de l’ordre sont chargées d’assurer que les « indésirables » soient invisibles dans ce décor de cartes postales ?

Bousculer cet ordre frontalier implique de remettre en cause l’ensemble de l’industrie de loisirs qui n’est qu’une forme locale du carnage mondial.

Ni ici ni ailleurs, nous ne voulons qu’une infime minorité prenne les décisions, accumule les richesses. Ni ici ni ailleurs, nous ne pouvons ignorer le carnage. Mais une perspective où l’on aide un « autre » quand tant d’autres restent livrés à eux-mêmes peut-elle suffire ? Peut-on imaginer nous extraire du carnage, nous émanciper collectivement autrement que dans une lutte commune? Peut-on faire autrement que lutter dans chaque situation où nous percevons nos intérêts communs pour les réaffirmer et nous libérer ensemble, à partir d’une conscience de condition commune, entre exploité-es et face aux exploiteurs ? Peut-on s’opposer plus longtemps aux politiques racistes d’état sans s’associer avec les principaux concernés, la où ils et elles s’organisent et luttent déjà ? Peut-on combattre les violences policières sans une analyse systémique qui prenne en compte a minima l’ensemble des perspectives évoquées ici ?

Texte imaginé et rédigé par un collectif de personnes socialement hétéroclites mais qui sont toutes blanches et avec les papiers nationaux français, et qui ne demande qu’à être discuté et amélioré…


https://valleesenlutte.noblogs.org/post ... loitation/
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Re: Migrants, droit d’asile, liberté de circulation

Messagede bipbip » 21 Jan 2019, 21:31

Monkey: 2 Vidéos pédagogiques sur l’immigration

Pas un jour sans qu’on entende parler de crise migratoire. Et si on avait tout faux ?

Hélène Thiollet s’attaque aux idées reçues et nous donne les clés pour mieux comprendre, elle est chargée de recherche au CNRS. Ses recherches portent sur les politiques migratoires dans les pays du Sud, elle s’intéresse particulièrement au Moyen-Orient et à l’Afrique sub-saharienne. Elle enseigne les relations internationales, la politiques comparée et l’étude des migrations internationales à Sciences Po.

... https://www.anti-k.org/2019/01/18/monke ... migration/
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