Sujet à saveur plutôt estival, je tente de lancer une discussion à partir d'un texte-coup de gueule que j'ai écrit dernièrement en revenant de travailler - un texte qui me suscitera probablement des critiques et c'est tant mieux. Dans la même ligne d'idée, n'hésitez pas à soulever d'autres aspects de la question que je n'ai pas assez soulevé, comme par exemple les rapports avec les habitant-e-s des pays sous-développés et en voie de développement, les autochtones, les femmes, la nature, etc... ou bien même ce qui se passe chez vous
Un million de lacs... des millions de précaires! (http://www.hns-info.net/spip.php?article24196)
(une affiche de l'ucl sur la crise)
La fin de la petite école et la Saint-Jean-Baptiste arrive, des milliers de travailleurs et travailleuses de la province sourient à l'idée qu'ils et elles quitteront bientôt leurs jobs et leur boss pour quelques jours ailleurs, n'importe où mais ailleurs, si possible... D'autres "plus chanceux-euses", les patron-ne-s et cadres qui font leur argent sur le dos des autres (en plus de quelques culs bénis), voient aussi l'arrivée des belles températures d'un bon oeil sachant qu'ils et elles ont amassé en masse assez pour faire de folles dépenses dans les parcours touristiques que l'industrie s'occupe de leur vendre à longueur d'année. Il parait que c'est ça le tourisme.
Mais pas juste ça! Dans les coins de nature idyllique de la Côte-Nord ou de la Gaspésie, autant que dans les petits oasis de paix de la Beauce ou de la Mauricie, c'est des milliers de travailleuses et travailleurs, des femmes et des étudiant-e-s payé-e-s à des salaires précaires et saisonniers dans une forte proportion, qui s'affaireront à faire les chambres, laver la vaisselle, servir des repas,... tout en sachant que leur salaire n'est d'aucune mesure comparable aux profits réalisés par leur patron. Une main d'oeuvre bon marché et docile, dont les employeurs-euses savent exploiter la "flexibilité", en ajoutant toujours plus de tâches et de changements horaires à leur travail. Une main d'oeuvre que ces derniers ne se gênent pas à menacer de remplacer lorsqu'elle met trop de l'avant ses intérêts personnels et collectifs. Une main d'oeuvre soumise aux aléas du marché et au bon vouloir du boss, avec constamment en tête qu'elle lui faut faire ses "times" pour avoir son chômage. Enfin, une main d'oeuvre que les boss ne savent que trop bien mettre en compétition pour en tirer le plus possible avec les conditions les plus maigres possibles.
Le "p'ti bout du monde" des uns, sera le "bout de la marde" pour bien des femmes, payées près du salaire minimum, qui frotteront, le dos courbé, des toilettes et des baignoires sales de motels abusivement chers alors que les petites familles prendront l'air sur les plages et les lacs. Les patrons savent à coup sûr faire payer bien cher ce petit moment de détente, même lorsqu'ils et elles savent leurs établissements majoritairement fréquenté-e-s par les vananciers-ières de la classe ouvrière. Le porte-feuille vidé par les bandits endimanchés, les prolos retourneront au boulot avec, au moins, quelques bons souvenirs. L'argent du profit, elle, prendra également la route, mais vers les poches des possédant-e-s qui commandent à distance ou quittent le paradis des touristes aussitôt la saison terminée.
Pendant ce temps, isolé-e-s dans la solitude de leurs jobines compartimentées, combien de travailleuses-eurs de l'industrie du tourisme se demanderont ce qu'il faudra bien pour que leurs efforts soient récompensées à leur juste valeur. Et à l'autre à côté qui leur répondra: "Faits toi en pas, tu es mieux que ton grand-père qui était dans les champs ou ta grand-mère qui restait à la maison", leur conscience leur hurlera: "Crisse je suis tu tout-e seul-e?"
On sera jamais tout-e seul-e. Serrons-nous les coudes entre précaires, toutes les luttes contre nos boss voraces se valent! Une attaque contre l'un-e d'entre nous est une attaque contre nous tou-te-s!