RickRoll a écrit:Les libertaires défendent la liberté, tandis que les psychanalystes cherchent à induire une relation de dépendance du patient vis à vis d'eux.
RickRoll a écrit:Même aujourd'hui les psychanalystes expliquent qu'ils ne guérissent pas mais apprennent aux gens à mieux se connaître eux-mêmes...
Il existe peu d'études sociologiques sérieuses sur cette question. Cependant, pour qui a eu l'occasion de côtoyer différents milieux, il apparaît que la répartition n'est pas égale dans les différentes couches de la société.
Les ouvriers, agriculteurs, commerçants et artisans ont souvent gardé une vision religieuse traditionnelle, et s'ils ne pratiquent plus guère, ils continuent à croire au Dieu de leurs ancêtres. La maladie mentale y est perçue comme une tare, le psychiatre est consulté en cachette et la psychanalyse appartient à un autre monde.
Paradoxalement, les scientifiques ont souvent gardé la foi. Oh ! Pas la foi du charbonnier, une foi en un être suprême souvent sans rapport avec une pratique religieuse. Comme si le scientifique avait fait une bonne fois pour toute "la part de Dieu " et vérifiait volontiers la phrase de Pasteur : " Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science rapproche de Dieu ". Il faut dire que le physicien qui se penche sur les abîmes de la physique quantique, ne peut qu'être saisi de vertige et mesurer la petitesse de "l'humaine condition ". En fait, les scientifiques fréquentent peu les psychanalystes.
C'est le milieu littéraire et celui des sciences humaines (journalistes, psychologues, sociologues, éducateurs...) qui forment les gros bataillons des "convaincus du transfert ". Ceux-là se sont appropriés la psychanalyse qui forme pour eux une sorte de langage véhiculaire, un signe de reconnaissance, un mode d'appartenance à un ensemble qui sans elle perdrait son unité (et pour certains son pouvoir ). Un rejet des convictions religieuses parentales, une inclination pour la pensée "de gauche ", une sympathie pour le mysticisme oriental et parfois même un baba-coolisme attardé, forment le profil type de l'analysé et/ou analysant.
abel chemoul a écrit:En fait, la psychanalyse c'est un instrument de compréhension du monde pour les petit-bourgeois littéraires qui ne comprennent rien à la science et qui veulent une grille d'analyse sans trop se fouler!
RickRoll a écrit:Un aspect capital de la psychanalyse est que le patient doit payer avec de l'argent (en liquide). Cela permet de "corriger ce qui ne s'est pas bien déroulé au stade anal" (et aussi de ne pas tout déclarer aux impôts). Le prix d'une séance est particulièrement élevé, ce qui fait que la psychanalyse n'est accessible qu'à une élite bourgeoise.
médecin psychiatre
lns.jpgCommuniqué du collectif des 39
contre la nuit sécuritaire
7 juin 2010
www.collectifpsychiatrie.fr
La psychiatrie à la télé : ceci n’est pas une fiction mais une anticipation !
Deux documentaires diffusés récemment montrent une certaine image des services de psychiatrie : patients traités de manière autoritaire ou négligente quand ils ne sont pas abandonnés et livrés à eux-mêmes, « soins » se résumant aux médicaments et aux électrochocs quand les patients sont calmes, aux injections, à la chambre d’isolement et à la contention quand ils sont agités ou seulement « désobéissants ».
L’absence de réflexion semble généralisée. Un séjour en psychiatrie s’apparente à une maltraitance insupportable.
Ces documentaires ne sont pas une fiction, puisque les scènes filmées ont réellement eu lieu. Nous ne pouvons nier que ces situations surviennent parfois dans les services.
En revanche, ce concentré de scènes violentes est vraisemblablement une anticipation : quand la psychiatrie se voit régie par des principes essentiellement gestionnaires et sécuritaires - ce qui est le cas depuis plusieurs années et s’accentue avec les lois récentes et projets de loi en cours - le soin lui-même a toutes les raisons de se transformer en maltraitance.
En effet, ces documentaires fournissent une projection de ce qui pourrait constituer le quotidien de tous les services de psychiatrie dans un futur proche, lorsque seront définitivement appliqués les principes rentabilistes de la nouvelle organisation hospitalière, ainsi que les principes répressifs et sécuritaires du projet de loi réformant les hospitalisations sans consentement.
Ce travail journalistique, qui peut paraître orienté et extrême, semble toutefois avoir saisi l’essence de ce que devient un service de psychiatrie sans moyens, sans formation des soignants et dénué de réflexion sur le sens du métier. Or, le métier de professionnel dans le champ de la psychiatrie nécessite, plus qu’un autre, du sérieux et de la rigueur.
Ce sérieux et cette rigueur, qui consistent en une analyse approfondie et une mise en question permanente, à partir d’éléments cliniques, de nos pratiques psychiatriques, sont les grands absents de la politique actuelle de soin. Prônant une approche gestionnaire et sécuritaire, cette politique propose des réponses-recettes superficielles et démagogiques à coup d’enfermement, de sédation chimique ou physique, d’évaluation des pratiques sur la base de critères économiques.
Ces documentaires montrent très exactement ce que nous dénonçons : une psychiatrie honteuse et toxique dénuée d’analyse institutionnelle et d’humanité. Celle que les réformes actuelles favorisent, à leur insu, ou non. Plus que nos discours et nos argumentaires, ces images suscitent un malaise profond et une indignation salutaire.
Ce n’est pas la psychiatrie que nous voulons mais, si nous n’y prenons garde collectivement, c’est la psychiatrie que nous aurons.
Nous souhaitons attirer l’attention des patients, des familles et de l’opinion publique sur le fait que les solutions simplistes proposées pour les soins psychiatriques (tri des patients par pathologies, multiplication des unités pour malades difficiles…) génèrent par elles-mêmes ce que ces documentaires nous ont montré.
Aussi, parce que nous savons qu’une autre psychiatrie est possible, a existé, existe encore actuellement, humaine et engagée, c’est d’une voix indignée et émue que nous nous écrions, face aux pratiques montrées dans ces documentaires : « ça suffit ! »
Pour faire vivre ce débat :
Deux forums du Collectif des 39- Contre la Nuit Sécuritaire
auront lieu prochainement :
Colloque de « Pratiques de la folie »
« À propos de l’obligation de soin »
Vendredi 11 juin à 20h
92 Bd du Montparnasse, Paris
Colloque de « la C.R.I.E.E.
« Psychiatrie et démocratie »
Samedi 26 juin de 9h à 12h30
Mairie de Reims
Place de l’Hôtel de Ville, Reims
Plus d’infos sur : www.collectifpsychiatrie.fr
Enfin, nous rappelons l’existence d’autres documentaires, tel celui de Philippe Borrel, Un Monde sans fous ?, diffusé sur FR5 en avril, et toujours disponible sur Mediapart : http://www.mediapart.fr/content/un-mond ... u-les-de...
La question de la relation humaine dans le soin, de transfert, d'échanges, de la place de la parole, du savoir du patient, tout cela passe à la trappe quand on a un diagnostic medical tout puissant ... l'humain fait place au protocole, le protocole standard et le medicament reduisant l'individu à la pathologie diagnostiquée ou decrétée par le medecin
Dans la schizophrénie, par exemple, on est confronté à des symptômes, sous la forme de propos délirants ayant tel ou tel contenu - souvent convergent entre patients - par exemple celui d'être investi d'une mission sacrée. Le psychanalyste va se concentrer sur le contenu du délire et demander au patient, lorsqu'il ira mieux, d'" associer " sur ces contenus. L’approche cognitive - qui n'en est qu'au stade exploratoire - propose au contraire de négliger complètement le contenu du délire, et d'appréhender le symptôme comme l'expression d'une perturbation cérébrale qu'il s'agit de comprendre, certes, mais sans s'intéresser au sens des idées délirantes. Les travaux de Marc Jeannerod, qui s'inscrivent dans un ensemble de recherches du même ordre, suggèrent que le problème du schizophrène n'est pas du tout ce que les psychanalystes ont imaginé - régression narcissique, forclusion. Il pourrait dépendre directement de la perception des actes d'autrui à la faveur de ce qu'on appelle "l'imagerie du mouvement".
Lorsque nous percevons les autres en train d'agir, les mêmes images motrices que celles que nous voyons sont normalement activées dans notre cerveau. Nous voyons le mouvement en troisième personne, mais, d'une certaine façon, nous en avons aussi une perception en première personne, c'est-à-dire que nous ressentons ce que cela donnerait si nous l'exécutions nous mêmes. Imaginez que cette séparation se brouille, qu'on ne sache plus très bien, lorsque quelqu'un fait un mouvement, qui est l'agent de ce mouvement. Il en résulterait peut-être l'impression qu'on dirige le mouvement de l'autre ou inversement, qu’on est dirigé ou piloté par l'autre.
On sait par ailleurs que cette imagerie du mouvement est immédiatement interprétée en termes de but, que le cerveau extrait de cette information des associations directes avec les buts et les objets de l'action. Une des hypothèses prometteuses sur la nature de la schizophrénie est que le délire chez le schizophrène pourrait être dû à ce problème particulier de la reconnaissance de l'agent dans une action observée.
Marc Jeannerod a fait une expérimentation extraordinaire que je vais essayer de résumer. Le sujet porte un gant et voit sa main gantée à travers une vitre. À son insu, tantôt c'est sa main qu'il voit, tantôt ce n'est pas sa main, mais celle de l'expérimentateur, qui fait tantôt le même type de mouvement, tantôt un autre. Les gestes sont très simples, comme lever un doigt, deux doigts, ouvrir la main ou pousser un joystick dans un sens ou dans l'autre. On lui demande simplement : "Est-ce que c'est vous qui faites ce geste?" Quand le mouvement est radicalement différent, tous les sujets, même les schizophrènes délirants, savent que ce n'est pas leur mouvement qu'ils ont vu. Mais quand il s'agit d'un mouvement très proche, il devient difficile de distinguer le vrai du faux; un sujet normal se trompe dans 30 % des cas environ, tandis que les schizophrènes délirants commettent un nombre d'erreurs bien plus considérable, de l'ordre de 80 % des cas. Les patients ont tendance à s'attribuer à eux-mêmes les actes d'autrui.
Cette donnée vraiment objective, expérimentalement vérifiée, qui établit qu'il y a une perturbation de l'identification de ses propres mouvements chez le schizophrène, probablement induite par cette difficulté à comparer les perceptions avec ce qu'on appelle " la copie d'efférence ", c'est-à-dire la production par soi du mouvement. La différence de niveau entre l'interprétation psychanalytique et l'interprétation cognitive, c'est que cette dernière n'implique pas du tout le sujet, son histoire, elle implique seulement - si l'on peut dire, car en réalité c'est très compliqué - ce petit mécanisme de " copie d'efférence ", lui-même contrôlé par un circuit neuronal dopaminergique.
On suppose qu'une défaillance de ce mécanisme peut être, entre autres, responsable du déclenchement du symptôme. Si cette hypothèse se vérifie, on comprend qu'attirer l'attention du patient sur le contenu de son délire est sans pertinence aucune et peut même avoir des effets négatifs. Cela dit, le terme " cognitif " est profondément ambigu, parce qu'il est parfois utilisé comme excluant l'affectif. Couper le cognitif de l'affectif serait une erreur capitale, parce que le cerveau est une machine aussi bien cognitive qu'affective, les deux étant. liés à tous les niveaux: on ne peut pas faire un acte cérébral, un acte mental qui ne soit pas chargé d'affect. Les sciences cognitives n'opposent plus aujourd'hui le cognitif et l'affectif.
berneri a écrit:Le fait de faire payer n'est pas que d'ordre matériel mais aussi symbolique.
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