La psychanalyse

La psychanalyse

Messagede RickRoll » 09 Juin 2010, 00:15

Salut, ça fait un moment que je voulais ouvrir un sujet sur la psychanalyse. Je me lance, et dans ce post de départ de ce que j'espère un débat intéressant et courtois, je vais poser quelques bases de ma réflexion.

Je me pose plusieurs questions :

- la psychanalyse est-elle scientifique ?
- la psychanalyse est-elle une méthode de soin valable ?
- la psychanalyse permet-elle de comprendre l'esprit humain ?
- la psychanalyse peut-elle être défendue par les libertaires ? Ses valeurs sont-elles solubles dans nos idéaux ?

1 - La psychanalyse n'est pas une science.

Une théorie est scientifique quand elle est vérifiable par l'expérience, quand elle fait des prédictions et qu'on peut vérifier si elles se réalisent, quand elle peut être remise en cause. Or ce n'est pas le cas de la psychanalyse.

En effet, Freud a complètement verrouillé son système de pensée. Car si je réfute la théorie psychanalytique, c'est parce que j'ai des blocages inconscients qui m'empêchent de voir la vérité.
Donc, le fait que des gens réfutent la psychanalyse prouve qu'elle est vraie. On ne peut pas la réfuter. C'est du même genre que si je dis "Dieu existe mais il ne peut être vu, ni entendu, ni senti...", ainsi j'empêche quiconque de pouvoir prouver son inexistence.

Ensuite, la psychanalyse fonctionne par étude de cas individuels, ne veut pas entendre parler de statistiques, ni d'études contrôlées, ni d'expérimentation. Contrairement à la science qui procède par un processus d'hypothèse, d'expérimentation puis de confrontation de l'hypothèse avec les résultats, la psychanalyse procède par intuition, par lecture des canons de la psychanalyse.

2 - La psychanalyse n'est pas une méthode de soin

Premier écueil, pour vérifier si une méthode de soin marche il faut vérifier ses résultats. Pour cela, on regarde le nombre de patients traités, le nombre de patients guéris puis on compare cette proportion avec un placebo. Ce n'est pas possible avec la psychanalyse, car les psychanalystes refusent l'idée d'une évaluation de leurs pratiques.

Les seuls compte-rendus que l'on peut trouver ce sont des cas individuels, présentés lors de conférences de psychanalystes. Il y a donc sélection des patients les plus intéressants pour les présenter (donc risque de falsification car pour 1 patient annoncé guéri, combien ne le sont pas ?). Et il y a aussi absence de contrôle a posteriori des dires des psychanalystes (personne ne va voir s'ils ont dit la vérité quand ils annoncent quelqu'un guéri).

Il faut savoir que Freud a à de nombreuses reprises, lui-même, menti au sujet des guérisons de patients dans ses livres. Déjà, il base sa méthode sur l'étude de lui-même et de 5 cas seulement (imaginez la même chose pour un médicament). La quasi-totalité de ses patients ont fini en institution, pas du tout guéris contrairement aux assertions de Freud.
D'ailleurs, Jung avait signalé à Freud d'arrêter de mettre des cas en avant car "sinon on aura vite fait de rassembler un matériel apte à montrer que le résultat thérapeutique est très mauvais".

Même aujourd'hui les psychanalystes expliquent qu'ils ne guérissent pas mais apprennent aux gens à mieux se connaître eux-mêmes...

Mais si elle ne guérit pas, cette méthode n'en est pas moins destructrice pour celles et ceux qui la subissent. En effet, nous disposons d'un mécanisme psychologique appelé résilience, qui fait que nous oublions nos traumatismes passés. Cela a été bien documenté parmis les rescapés des camps de concentrations et des catastrophes naturelles : les personnes qui oublient le mieux sont celles qui ont le moins de problèmes psychiatriques par la suite. Or la psychanalyse consiste justement à faire l'inverse, à tenter de déterrer ces souvenirs traumatiques et à les renvoyer au visage du patient. On peut donc se demander si cette méthode ne fait pas surgir plus de problèmes qu'elle n'en guérit...

3 - La psychanalyse ne permet pas de comprendre l'esprit humain

Freud affirme que dans notre esprit, rien n'arrive par hasard. Toutes nos réalisations, nos actes, sont interprétables en terme de sexualité, car c'est ainsi que fonctionne notre esprit selon lui. Mais c'est lui qui voit des phallus ou des utérus partout. Les formes longues et les cavités existent partout, naturellement, sans lien avec la sexualité. Le problème est que c'est le thérapeute qui décide de ce que veulent dire les symboles et qui influe sur le patient.

Le complexe d'Œdipe, fondement du développement de l'esprit humain selon les psychanalystes, n'est qu'une vaste fumisterie. De nombreuses études ont montré que les enfants sont effectivement en révolte durant leur développement intellectuel, mais contre l'autorité et non contre celui qui a des rapports sexuels avec leur mère (dans les cultures où c'est un autre membre de la famille qui est dépositaire de l'autorité, c'est contre cette personne que va l'agressivité). Si l'enfant voulait vraiment tuer son père pour baiser sa mère, il serait toujours en révolte contre lui quelle que soit sa position dans la cellule familiale.

Enfin, le refoulement, théorie selon laquelle on refoule tout ce qui se rapporte à la sexualité, est encore une fois bidon. Une expérience a montré qu'au contraire, on retient mieux les mots grossiers ou crus que les autres...

4 - La psychanalyse n'est pas compatible avec les idéaux libertaires.

Les libertaires défendent la liberté, tandis que les psychanalystes cherchent à induire une relation de dépendance du patient vis à vis d'eux.

Un aspect capital de la psychanalyse est que le patient doit payer avec de l'argent (en liquide). Cela permet de "corriger ce qui ne s'est pas bien déroulé au stade anal" (et aussi de ne pas tout déclarer aux impôts). Le prix d'une séance est particulièrement élevé, ce qui fait que la psychanalyse n'est accessible qu'à une élite bourgeoise.
Ainsi, comment défendre la psychanalyse quand ses fondements se basent sur la circulation d'importantes sommes d'argents, et quand elle ne s'adresse qu'à une élite, comme toute l'industrie du luxe ?

Nous cherchons à combattre toute attitude autoritaire et sectaire, or quoi de plus autoritaire et sectaire qu'un monde où toute voix discordante est ridiculisée, mise au ban, voire insultée (cf les réactions au bouquin d'Onfray) ?

Comment, alors que nous combattons le patriarcat, cautionner une théorie qui fait des femmes des êtres inférieurs, frustrés, qui défend une vision de la famille rétrograde ? Rappelons nous les propos de Freud lui-même : "La femme est un être aux cheveux long et aux idées courtes" ou encore "Sur le plan social les femmes n'ont pratiquement pas contribué aux progrès de la civilisation".


Je terminerai par quelques citations de psychanalystes célèbres :

Françoise Dolto :
"Un enfant qui est propre très, très tôt, peut devenir schizophrène. J'en ai connu un qui n'a jamais après la maternité sali ses couches, jamais. Il est devenu schizophrène : un enfant qui était né pour être un être remarquable. Ce sont des enfants qui ... à cause de paroles qu'ils ont entendues trop tôt et qui dévalorisent leurs relations familiales ou leur sexe, sont bouleversés de ne pas satisfaire leur dieu ou leur déesse de leur vie fœtale : les parents qui parlent à l'extérieur... "

Lacan :
"Les mots... peuvent engrosser l'hystérique, s'identifier à l'objet penis-neid, représenter le flot d'urine de l'ambition urétrale, ou l'excrément retenu de la jouissance avaricieuse. "

Pour celles et ceux que ça intéresse, qui veulent approfondir : http://www.pseudo-medecines.org/article ... g=fr&pg=26
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Re: La psychanalyse

Messagede charlelem » 09 Juin 2010, 12:39

RickRoll a écrit:Les libertaires défendent la liberté, tandis que les psychanalystes cherchent à induire une relation de dépendance du patient vis à vis d'eux.

Je ne suis pas d'accord avec toi, je me suis fait mes x années d'analyse et je n'ai jamais eu de relation de dépendance avec mon psy.
Le jour où j'ai estimé que c'était bon pour moi, je suis parti sans même dire au revoir.
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Re: La psychanalyse

Messagede charlelem » 09 Juin 2010, 12:42

RickRoll a écrit:Même aujourd'hui les psychanalystes expliquent qu'ils ne guérissent pas mais apprennent aux gens à mieux se connaître eux-mêmes...

Oui la psychatrie ne guérit pas, elle t'aide à comprendre et à te comprendre.
A la fin de ton analyse tu es toujours aussi "barge" mais tu sais déjà pourquoi tu es "barge".
Et quand tu es vraiment mal, rien que ça c'est déjà pas mal.
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Re: La psychanalyse

Messagede RickRoll » 09 Juin 2010, 13:16

Comme je le dis souvent, c'est pas une expérience personnelle qui permet de se faire un avis le plus proche de la réalité possible.
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Re: La psychanalyse

Messagede abel chemoul » 09 Juin 2010, 14:28

extrait tiré du lien mis par RR:
Il existe peu d'études sociologiques sérieuses sur cette question. Cependant, pour qui a eu l'occasion de côtoyer différents milieux, il apparaît que la répartition n'est pas égale dans les différentes couches de la société.

Les ouvriers, agriculteurs, commerçants et artisans ont souvent gardé une vision religieuse traditionnelle, et s'ils ne pratiquent plus guère, ils continuent à croire au Dieu de leurs ancêtres. La maladie mentale y est perçue comme une tare, le psychiatre est consulté en cachette et la psychanalyse appartient à un autre monde.

Paradoxalement, les scientifiques ont souvent gardé la foi. Oh ! Pas la foi du charbonnier, une foi en un être suprême souvent sans rapport avec une pratique religieuse. Comme si le scientifique avait fait une bonne fois pour toute "la part de Dieu " et vérifiait volontiers la phrase de Pasteur : " Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup de science rapproche de Dieu ". Il faut dire que le physicien qui se penche sur les abîmes de la physique quantique, ne peut qu'être saisi de vertige et mesurer la petitesse de "l'humaine condition ". En fait, les scientifiques fréquentent peu les psychanalystes.

C'est le milieu littéraire et celui des sciences humaines (journalistes, psychologues, sociologues, éducateurs...) qui forment les gros bataillons des "convaincus du transfert ". Ceux-là se sont appropriés la psychanalyse qui forme pour eux une sorte de langage véhiculaire, un signe de reconnaissance, un mode d'appartenance à un ensemble qui sans elle perdrait son unité (et pour certains son pouvoir ). Un rejet des convictions religieuses parentales, une inclination pour la pensée "de gauche ", une sympathie pour le mysticisme oriental et parfois même un baba-coolisme attardé, forment le profil type de l'analysé et/ou analysant.

:lool:
En fait, la psychanalyse c'est un instrument de compréhension du monde pour les petit-bourgeois littéraires qui ne comprennent rien à la science et qui veulent une grille d'analyse sans trop se fouler!
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Re: La psychanalyse

Messagede charlelem » 09 Juin 2010, 14:34

abel chemoul a écrit:En fait, la psychanalyse c'est un instrument de compréhension du monde pour les petit-bourgeois littéraires qui ne comprennent rien à la science et qui veulent une grille d'analyse sans trop se fouler!

Je ne savais pas que j'étais littéraire.
Comme quoi, même aprés une analyse on a toujours à apprendre.
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Re: La psychanalyse

Messagede abel chemoul » 09 Juin 2010, 14:36

Pour citer un brillant analiste: "c'est pas une expérience personnelle qui permet de se faire un avis le plus proche de la réalité possible."
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Re: La psychanalyse

Messagede charlelem » 09 Juin 2010, 15:09

RickRoll a écrit:Un aspect capital de la psychanalyse est que le patient doit payer avec de l'argent (en liquide). Cela permet de "corriger ce qui ne s'est pas bien déroulé au stade anal" (et aussi de ne pas tout déclarer aux impôts). Le prix d'une séance est particulièrement élevé, ce qui fait que la psychanalyse n'est accessible qu'à une élite bourgeoise.

Personnellement moi moi moi-je, j'ai pris un médecin psychiatre conventionné et comme j'avais une mutuelle ça ne m'est revenu à zéro francs.
Et comme je suis un peu un enfoiré, je ne lui ai pas payé les 2 dernières consultations.
Par contre j'aurais bien aimé faire partie de la bourgeoisie surtout pour l'aspect financier.
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Re: La psychanalyse

Messagede charlelem » 09 Juin 2010, 16:47

Sur ce, même si je suis en complet désaccord avec ce que tu as écrit, ce topic a le mérite d'exister et va peut être créer un vrai débat et pas un pseudo débat avec des tonnes d'outrances genre onfray.
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Re: La psychanalyse

Messagede RickRoll » 09 Juin 2010, 16:51

médecin psychiatre

Si tu regardes les liens que je propose, quand la génération psychanalyse sera partie à la retraite il n'y aura plus de médecins psychiatres qui soient aussi psychanalystes. La psychanalyse ne représente plus grand chose parmis les soignants psys en formation, c'est un courant ultra-minoritaire parmis les psychologues (seulement 2,6% des publications en psychologie sont consacrées à la psychanalyse), et ça reste une spécificité française (la psychanalyse n'a jamais pris dans les pays anglo-saxons et germaniques).
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Re: La psychanalyse

Messagede charlelem » 09 Juin 2010, 17:03

Pour ne pas payer d'impot, mon psy (comme d'autres catégories sociales) faisait un séminaire une fois par an où des consultants lui remplissaient sa feuille d'impot et c'était tres rentable.
Et comme je ne peux parler que de mon expérience, j'ai refusé l'aspect "financier" de l'analyse et lorsque je ratais une séance je ne la payais pas.
Dans l'avenir, tous les médecins vont être déconventionnés, je ne pense pas que cela soit propre à la psychatrie.
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Re: La psychanalyse

Messagede berneri » 10 Juin 2010, 09:34

Salut,

Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain
Tout cette curée contre la psychanalyse est à méditer ...
Onfray a decompensé et se prends pour Dieu lui-même, il se fait Freud en ce moment ... ok les critiques ne sont pas nouvelles et parfois justifiées... Mais bon Onfray nous fait par depuis quelques temps de sa decompensation megalomaniaque, où à travers le prisme de sa philosophie, il entend avoir le bon avis sur tout, il boit l'eau à toute les fontaines et celle de sarko aussi, ...
Cela pour dire qu'attention quand on se refere à lui.

La psychanalyse est certes centrée par sa théorie originelle sur une elite bourgeoise et une culture autrichienne (pour faire bref).
Cela dit la méthode a été amendée, modifiée, revue pour d'autres populations. Elle n'est pas valable pour tout.
Le fait de faire payer n'est pas que d'ordre matériel mais aussi symbolique.
En afrique aussi il y a des marabouts, des "anti-sorciers", des guerisseurs qui font payer. Après ça peut être de l'argent ou pas ça peut être adapté aux moyens... et tous les psychanalystes ne font pas payer systèmatiquement des sommes très importantes
Perso je trouve que cela reste cher en France par exemple.

Ensuite il y a des ecoles sectaires ou pas, puristes ou pas, des gardiens du temple etc... On le droit de critiquer quoi qu'ils en disent.. maintenant les methodes d'évaluation sont fallacieuse la plupart du temps ... (quels critères, quoi, qui évalue ,etc... ) comme souvent à l'hosto et dans le secteur de la santé l'évaluation est faite en fonction des resultats qu'ont veut trouver et d'un but politique.. n comprend donc les reticences à l'évaluation aussi.

Ensuite, derrière la psychanalyse c'est aussi la psychothérapie institutionnelle qu'on veut tuer...
Car ce qui est en jeu c'est aussi la nature de soins présentant l'individu come un sujet ayant une souffrance, capable d'en comprendre quelquechose et d'agir lui aussi dessus, ayant un savoir sur sa maladie ... et non reduire l'individu une pathologie à traiter par un pouvoir medical dans la toute puissance et le sachant - tout...

Vous voyez ce que je veux dire ou pas ? Je pense que la psychanalyse n'est pas libertaire ... mais je pense que l'intérêt pour les libertaires de ce courant est de faire un contrepoids contrepouvoir par rapport à la neuro-science et au comportementalisme à un pouvoir medical tout puissant scientiste capable d'instaurer de veritable pratiques totalitaires et liberticides en ce qui concerne la folie.

La question de la relation humaine dans le soin, de transfert, d'échanges, de la place de la parole, du savoir du patient, tout cela passe à la trappe quand on a un diagnostic medical tout puissant ... l'humain fait place au protocole, le protocole standard et le medicament reduisant l'individu à la pathologie diagnostiquée ou decrétée par le medecin



Dans le contexte actuel de regression des soins en psychiatrie ... je pense qu'il faut aussi avoir une lecture politique de la chassse aux sorcières actuelles concernant la psychanalyse (mais certains psychanalystes l'ont bien cherché par leur sectarisme)

La psychothérapie institutionnelle est en voie de dispartition depuis plus d'une decennie, on jette les patients dehors on reduit les moyens humains (les medicaments ça suffit hein!) on fait tourner les patients sur les lits pour rentabiliser... si on pouvait en finir avec la psychanalyse on pourrait encore reduire les poches de resistances et les pratiques alternatives dans les hosto où il y en a encore et puis aussi faire taire le contre-pouvoir des soignants qui s'opposent à la toute puissance médical, exit la reflexion sur le lien entre la folie et la société dans les programmes de formation, puisque c'est une pathologie médicale il n'ya plus de raison de voir ça... et oui la folie n'est -elle pas aussi une question de normes sociales, une question politique !!!

c'est aussi cela que les scientistes veulent tuer : le lien entre la folie et le social... le soin en psychiatrie et le questionnement de la société...

Je conclue donc en forçant le trait: ne soyons pas , comme Onfray, les idiots utiles du scientisme et de l'anéantissement de la parole des fous... et de la destruction de la psychiatrie publique ... qui certes va mal mais croyez vous que ça va mieux dans le privé ... les patients de psy qui no'nt pas les moyens sont de plus en plus à la rue et en prison, ... attention quand on veut tuer son chien on dit qu'il a la rage... c'est la méthode utilisée pour les services publics ...

Enfin devinez qui est en pointe sur la critique de la psychanalisyse depuis des années : la secte de scientologie .... un gage de desintérêt ... c'est sûr que si l'individu souffrant sait quelquechose sur ce qui le fait souffrir, peut faire des choix, ça leur en lève une part de marché ... ;)

voilà quelques reflexions
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Re: La psychanalyse

Messagede berneri » 10 Juin 2010, 10:25

pour info complémentaire ... mais excusez moi de faire deriver un peu le sujet de la psychanalyse à la psychiatrie (mais peut-on vraiment faire une coupure net entre les deux)
voici un communiqué:

lns.jpgCommuniqué du collectif des 39

contre la nuit sécuritaire

7 juin 2010

www.collectifpsychiatrie.fr







La psychiatrie à la télé : ceci n’est pas une fiction mais une anticipation !







Deux documentaires diffusés récemment montrent une certaine image des services de psychiatrie : patients traités de manière autoritaire ou négligente quand ils ne sont pas abandonnés et livrés à eux-mêmes, « soins » se résumant aux médicaments et aux électrochocs quand les patients sont calmes, aux injections, à la chambre d’isolement et à la contention quand ils sont agités ou seulement « désobéissants ».

L’absence de réflexion semble généralisée. Un séjour en psychiatrie s’apparente à une maltraitance insupportable.



Ces documentaires ne sont pas une fiction, puisque les scènes filmées ont réellement eu lieu. Nous ne pouvons nier que ces situations surviennent parfois dans les services.

En revanche, ce concentré de scènes violentes est vraisemblablement une anticipation : quand la psychiatrie se voit régie par des principes essentiellement gestionnaires et sécuritaires - ce qui est le cas depuis plusieurs années et s’accentue avec les lois récentes et projets de loi en cours - le soin lui-même a toutes les raisons de se transformer en maltraitance.



En effet, ces documentaires fournissent une projection de ce qui pourrait constituer le quotidien de tous les services de psychiatrie dans un futur proche, lorsque seront définitivement appliqués les principes rentabilistes de la nouvelle organisation hospitalière, ainsi que les principes répressifs et sécuritaires du projet de loi réformant les hospitalisations sans consentement.

Ce travail journalistique, qui peut paraître orienté et extrême, semble toutefois avoir saisi l’essence de ce que devient un service de psychiatrie sans moyens, sans formation des soignants et dénué de réflexion sur le sens du métier. Or, le métier de professionnel dans le champ de la psychiatrie nécessite, plus qu’un autre, du sérieux et de la rigueur.

Ce sérieux et cette rigueur, qui consistent en une analyse approfondie et une mise en question permanente, à partir d’éléments cliniques, de nos pratiques psychiatriques, sont les grands absents de la politique actuelle de soin. Prônant une approche gestionnaire et sécuritaire, cette politique propose des réponses-recettes superficielles et démagogiques à coup d’enfermement, de sédation chimique ou physique, d’évaluation des pratiques sur la base de critères économiques.



Ces documentaires montrent très exactement ce que nous dénonçons : une psychiatrie honteuse et toxique dénuée d’analyse institutionnelle et d’humanité. Celle que les réformes actuelles favorisent, à leur insu, ou non. Plus que nos discours et nos argumentaires, ces images suscitent un malaise profond et une indignation salutaire.



Ce n’est pas la psychiatrie que nous voulons mais, si nous n’y prenons garde collectivement, c’est la psychiatrie que nous aurons.



Nous souhaitons attirer l’attention des patients, des familles et de l’opinion publique sur le fait que les solutions simplistes proposées pour les soins psychiatriques (tri des patients par pathologies, multiplication des unités pour malades difficiles…) génèrent par elles-mêmes ce que ces documentaires nous ont montré.



Aussi, parce que nous savons qu’une autre psychiatrie est possible, a existé, existe encore actuellement, humaine et engagée, c’est d’une voix indignée et émue que nous nous écrions, face aux pratiques montrées dans ces documentaires : « ça suffit ! »



Pour faire vivre ce débat :



Deux forums du Collectif des 39- Contre la Nuit Sécuritaire

auront lieu prochainement :



Colloque de « Pratiques de la folie »

« À propos de l’obligation de soin »

Vendredi 11 juin à 20h

92 Bd du Montparnasse, Paris





Colloque de « la C.R.I.E.E.

« Psychiatrie et démocratie »

Samedi 26 juin de 9h à 12h30

Mairie de Reims

Place de l’Hôtel de Ville, Reims



Plus d’infos sur : www.collectifpsychiatrie.fr



Enfin, nous rappelons l’existence d’autres documentaires, tel celui de Philippe Borrel, Un Monde sans fous ?, diffusé sur FR5 en avril, et toujours disponible sur Mediapart : http://www.mediapart.fr/content/un-mond ... u-les-de...
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Re: La psychanalyse

Messagede RickRoll » 10 Juin 2010, 10:45

Je ne nie pas la souffrance de l'individu, ni le fait qu'elle puisse avoir des causes sociales. Ce n'est pas le problème. La psychanalyse n'est pas la seule thérapie qui donne une place au patient et à sa parole. Par contre la psychanalyse nie toute origine des maladies psys autres que la psyché, elle empêche d'aller plus loin.

Ensuite je ne me réfère pas à Onfray, l'évolution de ma pensée date d'avant son bouquin surtout par le Livre Noir de la Psychanalyse.

La question de la relation humaine dans le soin, de transfert, d'échanges, de la place de la parole, du savoir du patient, tout cela passe à la trappe quand on a un diagnostic medical tout puissant ... l'humain fait place au protocole, le protocole standard et le medicament reduisant l'individu à la pathologie diagnostiquée ou decrétée par le medecin

Ben non. Quand tu as un cancer, tu n'es pas réduit à ton cancer par les médecins, si ? Ce n'est pas l'impression que j'ai (mais ça peut être biaisé).
Par contre le trouble est réduit à la pathologie.

Une petite citation d'un débat entre une philosophe des science et un psychanalyste :
Dans la schizophrénie, par exemple, on est confronté à des symptômes, sous la forme de propos délirants ayant tel ou tel contenu - souvent convergent entre patients - par exemple celui d'être investi d'une mission sacrée. Le psychanalyste va se concentrer sur le contenu du délire et demander au patient, lorsqu'il ira mieux, d'" associer " sur ces contenus. L’approche cognitive - qui n'en est qu'au stade exploratoire - propose au contraire de négliger complètement le contenu du délire, et d'appréhender le symptôme comme l'expression d'une perturbation cérébrale qu'il s'agit de comprendre, certes, mais sans s'intéresser au sens des idées délirantes. Les travaux de Marc Jeannerod, qui s'inscrivent dans un ensemble de recherches du même ordre, suggèrent que le problème du schizophrène n'est pas du tout ce que les psychanalystes ont imaginé - régression narcissique, forclusion. Il pourrait dépendre directement de la perception des actes d'autrui à la faveur de ce qu'on appelle "l'imagerie du mouvement".

Lorsque nous percevons les autres en train d'agir, les mêmes images motrices que celles que nous voyons sont normalement activées dans notre cerveau. Nous voyons le mouvement en troisième personne, mais, d'une certaine façon, nous en avons aussi une perception en première personne, c'est-à-dire que nous ressentons ce que cela donnerait si nous l'exécutions nous mêmes. Imaginez que cette séparation se brouille, qu'on ne sache plus très bien, lorsque quelqu'un fait un mouvement, qui est l'agent de ce mouvement. Il en résulterait peut-être l'impression qu'on dirige le mouvement de l'autre ou inversement, qu’on est dirigé ou piloté par l'autre.

On sait par ailleurs que cette imagerie du mouvement est immédiatement interprétée en termes de but, que le cerveau extrait de cette information des associations directes avec les buts et les objets de l'action. Une des hypothèses prometteuses sur la nature de la schizophrénie est que le délire chez le schizophrène pourrait être dû à ce problème particulier de la reconnaissance de l'agent dans une action observée.

Marc Jeannerod a fait une expérimentation extraordinaire que je vais essayer de résumer. Le sujet porte un gant et voit sa main gantée à travers une vitre. À son insu, tantôt c'est sa main qu'il voit, tantôt ce n'est pas sa main, mais celle de l'expérimentateur, qui fait tantôt le même type de mouvement, tantôt un autre. Les gestes sont très simples, comme lever un doigt, deux doigts, ouvrir la main ou pousser un joystick dans un sens ou dans l'autre. On lui demande simplement : "Est-ce que c'est vous qui faites ce geste?" Quand le mouvement est radicalement différent, tous les sujets, même les schizophrènes délirants, savent que ce n'est pas leur mouvement qu'ils ont vu. Mais quand il s'agit d'un mouvement très proche, il devient difficile de distinguer le vrai du faux; un sujet normal se trompe dans 30 % des cas environ, tandis que les schizophrènes délirants commettent un nombre d'erreurs bien plus considérable, de l'ordre de 80 % des cas. Les patients ont tendance à s'attribuer à eux-mêmes les actes d'autrui.

Cette donnée vraiment objective, expérimentalement vérifiée, qui établit qu'il y a une perturbation de l'identification de ses propres mouvements chez le schizophrène, probablement induite par cette difficulté à comparer les perceptions avec ce qu'on appelle " la copie d'efférence ", c'est-à-dire la production par soi du mouvement. La différence de niveau entre l'interprétation psychanalytique et l'interprétation cognitive, c'est que cette dernière n'implique pas du tout le sujet, son histoire, elle implique seulement - si l'on peut dire, car en réalité c'est très compliqué - ce petit mécanisme de " copie d'efférence ", lui-même contrôlé par un circuit neuronal dopaminergique.

On suppose qu'une défaillance de ce mécanisme peut être, entre autres, responsable du déclenchement du symptôme. Si cette hypothèse se vérifie, on comprend qu'attirer l'attention du patient sur le contenu de son délire est sans pertinence aucune et peut même avoir des effets négatifs. Cela dit, le terme " cognitif " est profondément ambigu, parce qu'il est parfois utilisé comme excluant l'affectif. Couper le cognitif de l'affectif serait une erreur capitale, parce que le cerveau est une machine aussi bien cognitive qu'affective, les deux étant. liés à tous les niveaux: on ne peut pas faire un acte cérébral, un acte mental qui ne soit pas chargé d'affect. Les sciences cognitives n'opposent plus aujourd'hui le cognitif et l'affectif.

Là on comprend la grosse limite de la psychanalyse, et pourquoi elle est dépassée aujourd'hui.
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Re: La psychanalyse

Messagede abel chemoul » 10 Juin 2010, 12:24

berneri a écrit:Le fait de faire payer n'est pas que d'ordre matériel mais aussi symbolique.

question stupide: si on est censé abolir la monnaie en société libertaire, que restera-t-il de la psychanalyse?
Et je ne vois pas ce qu'il y a de symbolique à payer en liquide, voire même à payer tout court pour se faire soigner. L'argent serait-elle la victime expiatoire de la "cure" psychanalytique?
tout ça , ça sent le judéo-chrétien, souffrir et payer (ici, au sens propre), pour se libérer du mal.
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