La psychanalyse

Re: La psychanalyse

Messagede berneri » 11 Juin 2010, 18:58

Oui mais en tant qu'athée je ne soutiens pas ces visions magiques du monde. J'ai besoin d'une autre interprétation des faits (et je ne suis pas le seul, la preuve le nombre de travaux de recherche sur les transes, les possessions).


Si ce sont celles du sujet qui est souffrant le soignant doit bien les prendre en compte même s'il n'est pas d'accord.

Déjà tu m'as mal compris, je n'ai pas dit que les théories psychanalytiques sont une interprétation magique, je parlais des cultures type shamaniques. Quoique, le sens caché des rêves, le symbolisme, l'absence de hasard, sont des caractéristiques des interprétations magiques.


Ok. la théorie psychanalytique ne peut se passer d'un regard sur les progrès scientifique sauf à devenir sectaire (c le cas pour certains groupuscules). Il n'en demeure pas moins que la neuroplasticité demontrée par les neuro-sciences est un appui pour les théories psychanalytiques. D'autre part ce que je critique c la toute puissance accordée à la science et plus précisemment au théories cognitivo-comportementales qui se présentant sous un jour apolitique neutre et scientifique... tentent de faire oublier que la folie est à la frontière de la médecine, de la politique, de la culture et de la philosophie... et c'est en cela qu'il convient de ne pas laisser un seul de ces domaines une seule science dicter sa loi et son seul point de vue sur la " folie" (pour faire court).

Sur la réalité, on rentre dans la philosophie.
Il y a plusieurs niveaux : la réalité pour un individu, c'est son interprétation des évènements qui l'entourent en fonction de différents paramètres. Mais la réalité n'est pas uniquement construite par l'individu à partir de rien. Il y a bien des évènements, des objets qui sont constatés par tous mais dont l'interprétation diffère.
Je dirais donc, mais bon je suis pas philosophe, que la réalité c'est ce qui reste quand on a enlevé l'interprétation. K. Dick a une très belle phrase pour ça : "la réalité c'est ce qui s'impose à vous quand vous avez cessé d'y croire". C'est moins scientifique mais bon...


En parlant de la psychanalyse et des neuro-sciences on est déjà dans la philosophie forcèment.
Pour la réalité, elle n'est constituée que par la matière. le reste est constitué par des codes pour partie sous forme de représentations communes dans une culture donnée, un groupe social donné...
Ainsi, ce sont les manifestations physiques brutes d'un état donné, qui sont la réalité. Le fait de dire c'est la schyzophrénie, c'est la possession, c'est l'épilepsie c'est une interprétation. Une interprétation peut rendre plus ou moins bien compte de la réalité par contre, permettre plus ou moins de prédiction, plus ou moins d'efficacité dans les soins...


Je pense qu'on est d'accord


Je reconnais que moi je suis dans le paradigme cognitivo-comportementaliste, je sais que ma vision est limitée et sera forcément un jour dépassée par une nouvelle approche. C'est comme ça que marche la science : on est dans un paradigme, puis une découverte met à mal ce paradigme et oblige à redéfinir les limites du paradigme, enfin on change de paradigme.

Dans notre cas, la psychanalyse a été LE paradigme dominant de la psychologie jusque dans les années 50-60. Puis avec les avancées des neurosciences, des nouvelles découvertes en psychologie, on s'est rendu compte que ce modèle ne rendait pas compte de la réalité donc on est passés à autre chose.
Un peu comme la théorie de l'éther ou de la génération spontanée au XVIIIe siècle. La seule différence étant qu'au moment où Freud inventait sa théorie, les bases scientifiques sur lesquelles il s'appuyait étaient déjà considérées comme fausses par les scientifiques de l'époque.



Tu as une vision linéaire de l'évolution des sciences, et surtout du mal à considerer que deux choses peuvent être vraies simultanément.
Par exemple la théorie d'Epicure sur les atomes a d'abord été confirmée par la science... il y a donc des exemples pour contredire ton propos.
Ainsi ce qui a été pressenti a été confirmé de même que la rotondité de la terre... etc...

Ensuite les neuro-sciences ne sont pas le cognitivo-comportementalisme... Il y a un conflit d'intérêts entre les tenants de la psychanalyse et les cognitivo-comportementalistes portant sur des part de marché et des places en chaires d'µniversité... Il y a un conflitde pouvoir toxique au progrès pour les "malades" et la société. Il ne faut pas être dupe de quelle place on joue dans ce conflit lorsqu'on defend les armoiries du cognitivo-comportementalisme.

Or précisemment chacun essaie d'invalider les théories de l'autre et ce depuis environ 15-20 ans de manière plus pressante.

Pour finir, ce serait gentil de ne pas ramener à Onfray tout le temps, je ne l'ai pas attendu pour avoir un regard critique sur la psychanalyse. Les scientifiques non plus, les historiens non plus, les philosophes non plus. Il n'est pas le centre du monde.
J'ai créé ce sujet en profitant du fait que cette polémique est médiatisée par Onfray mais cela ne veut pas dire que j'en appelle à lui.


OUI OUI c'était pour illustrer le scientiste qu'il pense qu'il est dieu et qu'il peut avoir un discours sur tout parce qu'il a un savoir dans tel ou tel domaine , savant fou qui voit tout uniquement au travers de sa science
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Re: La psychanalyse

Messagede RickRoll » 11 Juin 2010, 20:42

D'autre part ce que je critique c la toute puissance accordée à la science et plus précisemment au théories cognitivo-comportementales qui se présentant sous un jour apolitique neutre et scientifique... tentent de faire oublier que la folie est à la frontière de la médecine, de la politique, de la culture et de la philosophie... et c'est en cela qu'il convient de ne pas laisser un seul de ces domaines une seule science dicter sa loi et son seul point de vue sur la " folie" (pour faire court).

Je suis d'accord avec toi.

Tu as une vision linéaire de l'évolution des sciences, et surtout du mal à considerer que deux choses peuvent être vraies simultanément.
Par exemple la théorie d'Epicure sur les atomes a d'abord été confirmée par la science... il y a donc des exemples pour contredire ton propos.
Ainsi ce qui a été pressenti a été confirmé de même que la rotondité de la terre... etc...[/quotee}
Effectivement, on a l'exemple aussi avec la théorie de la gravité de Newton et celle de la gravitation universelle. La deuxième a redéfini le domaine de validité de la première aux échelles humaines.
Mais ce n'est pas le cas avec la psychanalyse, dans le sens où la théorie psychanalytique entre en conflit total avec les découvertes récentes des neurosciences, c'est pour ça que les psychanalystes n'en tiennent pas compte. Si ils le faisaient, ça remettrait en cause leur théorie. C'est pour ça que j'ai cité la théorie de la génération spontanée.
Donc, dans le cas de la psychanalyse et des autres thérapies (TCC, thérapies familiales...) elles ne peuvent pas être valides en même temps.

Ensuite les neuro-sciences ne sont pas le cognitivo-comportementalisme...
Effectivement, il y a d'autres tendances dans la psychologie actuellement. Ce serait malhonnête de ma part de le nier. Par exemple, la Gestalt, la psychologie introspective, le constructivisme. Certaines s'excluent partiellement, d'autres se complètent...
Mais pour l'instant c'est le modèle cognitif qui explique le mieux le fonctionnement humain (c'est pas un hasard si Noam Chomsky bosse dans ce domaine).
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Re: La psychanalyse

Messagede berneri » 12 Juin 2010, 11:41

berneri a dit :neuroplasticité demontrée par les neuro-sciences est un appui pour les théories

http://www2.cnrs.fr/presse/journal/2720.htm
http://www.squiggle.be/content/psychana ... rconcilies


une critique de l'approche organisciste en pedo psychiatrie
http://inventionpsychanalyse.wifeo.com/ ... slexie.php
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Re: La psychanalyse

Messagede RickRoll » 13 Juin 2010, 17:06

Articles très intéressants.

Effectivement, si les psychanalystes veulent se rapprocher des neurosciences il va leur falloir accepter l'évaluation de leurs pratiques, l'examen scientifique... C'est principalement là que le bât blesse, car très rares sont les psychanalystes qui ont une formation ou même une vraie culture scientifique. Très rares sont les psychanalystes qui acceptent le principe d'évaluation de leurs pratiques, très rares sont ceux qui sont intéressés par le fait de voir si leurs théories peuvent se retrouver en science cognitive.
Or ce n'est pas aux anti-psychanalyse de démontrer qu'elle est fausse, mais bien à ceux qui affirment sa validité de la prouver. Cela n'a pas encore été fait (après quand même une centaine d'année), et à mon avis c'est loin d'être au programme des psychanalystes.
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Re: La psychanalyse

Messagede berneri » 13 Juin 2010, 22:53

Pour le coup je suis d'accord. Là encore il faut pouvoir remettre en question un savoir, à moins d'en faire une vérité révélée...
Ce en quoi les curés des différentes eglises psychanalytiques ont torts... si ce n'est pour nourrir une quête d'influence et de pouvoir.

Cependant il ne faudrait pas tomber dans une derive organisciste, deterministe telle que le rapport benisti nous en a fourni pour determiner le risque de delinquance potentielle à l'âge adulte à partir du comportement de l'enfant.

La science est prise en otage par la société dans laquelle elle evolue qui peut en faire bon ou mauvais usage...
Aussi par les temps qui courent, il est inquiétant de ne pas voir de cognitivo comportemetalistes s'emparer de la question sociale , philosophique et politique qui concerne les soins en psychiatrie... Je constate en revanche fréquemmentleur adhésion aux méthodes de quantification du travail (qui individualisent le travail et ne mesure que le court terme et ce que les dirigeants veulent bien mesurer) et de management hyper-hierarchisé ...
Les psychiatres issus de l'école de la psychothérapie institutionnelle (bientôt morte dans les faits) sont encore les plus sensibles à la question sociale, politique, philosophique ...
La crainte vis à vis du cognitivo-comportementalisme est celle de la reductionde l'individu à l'organe ou au comportement qu'il a et surtout de proposer à l'individu de changer plutot que de se demander si ce n'est pas aussi la société qu'il faut changer.
Faire attention à une sorte de relooking-coaching à la façon pôle emploi masqué de scientisme...
Faire attention à ce qui est mesuré dans une enquête d'efficacité ...

Pour l'instant je n'accorde pas le credit demesuré que tu portes au cognitivo-comporetementalisme au point d'y adhérer. Et là je ne suis plus d'accord avec toi.
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Re: La psychanalyse

Messagede RickRoll » 18 Déc 2010, 11:02

Mon petit frère vient de me faire découvrir deux liens :

Un article sur le packing, une pratique psychanalytique pour traiter l'autisme.
France 5 a diffusé dans le magazine santé des reportages sur l'hôpital de jour et a consacré le 17 avril 2009 une émission à la promotion du packing. En Juin 2009, L’Express [1] à son tour a publié plusieurs articles sur le packing. De l’anglais to pack, emballer, le packing est une méthode d’enveloppements froids prétendue traiter les troubles liés à l’autisme. Présentée comme dérivée de l’hydrothérapie et du maternage, qui en elles-mêmes ne sont pas critiquables, le packing s’appuie sur une conception largement héritée de la psychanalyse.
Le packing est pratiqué en particulier au CHRU de Lille. Il consiste à emmailloter l’enfant jusqu’au cou dans un cocon de contention mouillé glacé, (au moins 10° en dessous de la température du corps), pendant 45 minutes sous la surveillance de deux psychomotriciennes. Rapidement la température de sa peau chute de 36 à 33 degrés. L’enfant très agité au départ est saisi par le froid et progressivement réchauffé, il devient plus calme (!) à la grande satisfaction du personnel soignant. Ceci se renouvelle jusqu’à 7 fois par semaine.
Le packing n’est pas remis en question en tant que tel par les autorités sanitaires, qui sont plus préoccupées par les pratiques aberrantes auxquelles il donne lieu ici et là, telles que l’utilisation de serviettes congelées, la durée interminable des séances, des parents avertis seulement après coup. À l'initiative d'Autisme France et selon « La Lettre numérique bimestrielle d'Autisme France »  : « Autisme Europe a engagé une procédure qui a eu pour conséquence la condamnation de la France en mars 2004 par le Conseil de l'Europe pour non respect de la Charte Sociale Européenne et discrimination à l'égard des personnes autistes : absence de diagnostic, prises en charges inadaptées, absence d'accompagnement éducatif. »
Des associations telles que Léa pour Samy luttent contre cette pratique barbare qu’elles rapprochent de la camisole de force utilisée jadis pour ceux qu’on appelait par ignorance les fous. Au Canada, un enfant autiste de neuf ans est mort étouffé après avoir été enroulé de la tête aux pieds dans une couverture thérapeutique de 17,5 kilos. L’enfant pesait 24 kilos. Il avait été placé sur le ventre, les bras le long du corps, et enroulé le visage couvert dans la lourde couverture. On avait fait quatre tours pour le contenir.
Le packing vient des États-Unis, où il est quasiment abandonné. C'est un psychiatre américain M.A.Woodbury qui a développé cette technique en France dans les années 60-70. De là, il s’est enraciné dans le terreau psychanalytique français. Indiqué dans le traitement des cas difficiles, son objectif est de lutter contre les automutilations. Il s'agit, explique-t-on, « de récupérer « la première peau » dans une phase symbiotique de guérison de l'autisme ». Puisque la mauvaise mère a raté cette étape, l'institution doit faire le travail à sa place. L'enfant doit pouvoir récupérer ainsi « la surface portante » de sa peau sans les menaces d'anéantissement qu’il ressentait avant. La thérapie est individuelle, chaque enfant ayant, selon le jargon psychanalytique, un groupe de référents soignants appelé la « constellation transférentielle », qui se réunit régulièrement pour travailler le « contre transfert ».
Le chef de service de psychiatrie de l’enfant au CHRU de Lille, le professeur Pierre Delion,[2] utilise le langage symbolique et hermétique de la psychanalyse pour justifier le sens de cette thérapie : « L'enveloppement vise à rassembler le corps du jeune autiste, qui manque de contenance. Il s'agit de lui procurer un sentiment sécurisant d'unité, au lieu de la sensation angoissante d'être en plusieurs morceaux. »[3]. N’est-on pas dans une logique du non-sens ?
Ceux qui croiraient qu’enfin en France la conception psychanalytique de l’autisme a fait son temps sont loin de la vérité. Si les causes de l’autisme ne sont pas encore totalement identifiées, on sait cependant que son origine est génétique (voir à ce sujet notre article L'autisme, énigme pour la science et cible idéale pour la pseudo-science). Alors à quoi rime de traiter ces enfants avec des méthodes violentes et d’un autre âge, fondées sur de tels présupposés pseudoscientifiques ? M'Hammed Sajidi, président de Léa pour Samy, s’indigne : « Jusqu'à quand va-t-on traiter les autistes comme des fous en France, alors que le reste du monde les reconnaît comme des personnes handicapées ayant besoin d'une éducation adaptée ? »[4].
La réponse à cette question sera peut-être en partie apportée dans trois ans par les conclusions de l’essai clinique lancé dernièrement par le Ministère de la Santé. Bien long pour ceux qui sont concernés !
 
Brigitte Axelrad


Une vidéo d'une conférence de Jacques VanRillaer sur la psychanalyse. C'est un spécialiste de l'histoire de la psychanalyse, ancien psychanalyste et psychologue. Il a participé à l'écriture du Livre Noir de la Psychanalyse.
RickRoll
 

Re: La psychanalyse

Messagede kristel2581 » 06 Mai 2014, 10:04

bonjour,
oui la psychanalyse n'est pas une science mais au moment de son introduction aucune science ne permettait de comprendre le fonctionnement de l'esprit. Et même aujourd'hui la science ne permet de rendre la psychanalyse obsolète...
Modifié en dernier par kristel2581 le 26 Juin 2014, 23:42, modifié 3 fois.
kristel2581
 
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Re: La psychanalyse

Messagede abel chemoul » 06 Mai 2014, 19:45

kristel2581 a écrit:bonjour,
oui la psychanalyse n'est pas une science mais au moment de son introduction aucune science ne permettait de comprendre le fonctionnement de l'esprit. Et même aujourd'hui la science ne permet de rendre la psychanalyse obsolète...


normal, la psychanalyse est une croyance. la science ne montre pas que Dieu n'existe pas, elle oblige les croyants à adapter leur discours pour coller à la réalité scientifique.
Pareil pour la psychanalyse qui est obligé de justifier son existence en intégrant de plus en plus d'éléments de neurosciences là où elle le peut, jusqu'au jour où le dernier bastion tombera. Les théories psychanalytiques de l'autisme sont tombées, la HAS les a enterré, comme toutes les conceptions psychanalytiques vont finir par suivre ce chemin.
Mais comme il y en aura toujours pour aller voir les rebouteux, il y en aura toujours pour aller se faire psychanalyser. Du moment que ce n'est pas remboursé par la Sécu et qu'ils ne cherchent à pas nous l'imposer, qu'ils s'inventent des Oedipe tant qu'ils veulent...
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