En Martinique 73 …74 … Et après ?

En Martinique 73 …74 … Et après ?

Messagede nemo3637 » 04 Jan 2010, 04:39

La politique de Sarkozy.
La stratégie du Président Sarkozy de proposer un référendum concernant les institutions, après le relatif échec de la réunion d »Etats Généraux », si elle a remis en selle – et en scène ! – les « politiques » absents du mouvement social de février-mars, aura semé parfois un certain trouble. On pourrait déjà dire que le seul fait que cette échéance électorale soit souvent l’unique sujet de discussion est déjà une réussite… pour Sarkozy.
Mais qu’en est-il vraiment ? Beaucoup s’accordent à dire que même l’article 74, s’il était voté, ne représenterait qu’une avancée en trompe-l’œil puisqu’au final il faudrait toujours l’aval de l’Assemblée Nationale française.
Mais certains nous disent aussi qu’une non-participation à cette mascarade reviendrait à se couper des masses, des éléments combattifs qui aujourd’hui veulent voter pour le 74. Cela reviendrait à se séparer d’une gauche nationaliste avec laquelle peu ou prou, au gré de certains évènements, on a pu se retrouver .
La consultation référendaire, opportunité plus que contrainte pour Sarkozy, lui a permis une parade sans frais pour faire oublier la contestation sociale. Pendant tout le mouvement social dans les Antilles, pouvoir et médias n’auront de cesse d’invoquer les institutions afin de susciter la crainte (« si vous n’êtes pas contents… »).
Cette consultation aurait posé moins de « cas de conscience », si elle avait été présentée « à plat », c’est-à-dire si elle avait été organisée sans qu’auparavant le peuple martiniquais se soit soulevé à travers le plus grand mouvement social de son histoire. Mais bien sûr, ledit référendum, organisé par le pouvoir, a été présenté quand cela semblait le plus avantageux pour lui. Ne convient-il pas de se détacher d’une certaine hypnose relatif à cette échéance électorale pour faire des propositions au de là du 10 janvier ?

Qui « se coupe des masses » ?
Sans mouvement social le choix référendaire aurait été plus serein. Et on aurait pu tranquillement, se dire, sans être totalement dupe, qu’un petit avantage dans un desdits articles aurait été bon à prendre de toutes façons.
Mais aujourd’hui un spectre rôde : la récente révolte de février-mars. Et dans cette perspective, le choix sarkozyste apparait dans toute sa mesquinerie. Il se montre bien comme une insulte un os à ronger lancé à ceux que finalement on méprise et qu’on pense facilement duper.
Car que veut dire se couper des masses à l’heure actuelle ? Où sont-elles et où vont-elles aller, les masses ?
Les « plus combattifs » voteraient pour le 74. Et les abstentionnistes ? Parmi eux il n’y aurait pas d’ « éléments combattifs » ? Sans aller jusqu’à dire que la majorité des abstentionnistes en soient, ils sembleraient néanmoins que les plus lucides, les plus combattifs justement se retrouvent dans leurs rangs.
Ceux qui vont encore une fois se couper des masses ce sont qui font de la politique comme autrefois, comme si février-mars n’avait jamais existé. De là même façon qu’ils ont été alors « largués » par le mouvement social, à sa remorque, ou opposé, le référendum, par l’abstentionnisme et le peu de résultats prévisibles, va les laisser, une fois encore, un peu plus décrédibilisés. Car aujourd’hui l’abstentionnisme ou le « vote inconvenant », comme cela a été le cas en Europe ces dernières années, est le moyen « économique » qu’ont les masses pour marquer leur ras le bol d’un jeu politicien de plus en plus méprisé.

Le cadre s’enlise dans la mangrove

Face à cette carence dans le changement institutionnel, qui ne correspond en rien aux besoins, aux attentes, que peut-on faire quand on est minoritaire, quand ce que nous proposons nécessite en réalité une mobilisation populaire ?
Puisque certains résument la résolution des problèmes sociaux posés à un changement institutionnel – un vrai, celui-là ! nous disent-ils – la ligne à suivre ne serait-elle pas de proposer un nouveau cadre, comme l’élection d’une Assemblée Constituante ?
Ne serait-on pas dans le droit fil des combats passés. Et on se promènerait par morne et ravine avec notre cadre sur le dos en le dépliant pour le proposer au gré des rencontres. Et on resterait entre soi, comme cela s’est fait depuis des décennies, entre militants, sûrs de la justesse de notre proposition… mais coupés des masses. Pourquoi ? Parce qu’une telle assemblée, proposée en dehors de toute montée des luttes, recueillerait au mieux une indifférence polie. Il faudrait en effet expliquer en quoi l’Assemblée unique qui siégera bourgeoisement alors serait moins démocratique et crédible que celle que nous proposons…
Ne vaut-il pas mieux s’adresser directement à Dieu – pardon ; disons plutôt : viser directement un objectif et en parler au peuple – qu’à ses Saints ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Cela signifierait faire des propositions concrètes qui s’intègrent dans un projet plus global de démocratie directe et d’autogestion.

Du passé faisons table rase… sans rater la marche.
Mais à cela on nous fera remarquer, à juste raison, les pièges et chausse-trappes du passé et du présent dans lesquels sont tombées de si belles idées.
La première objection serait une confusion entre projet social et projet politique. Il faudrait en effet distinguer deux sphères, l’une sans l’autre étant inconcevable. Et le projet politique - en résumant - sous entendrait la présence indispensable d’une organisation politique « d’avant-garde » capable en fin de compte de s’emparer du pouvoir dans l’intérêt du peuple. Or les mouvements sociaux modernes, notamment en Amérique du sud, n’obéissent pas à de tels schémas du passé. Comment se fait-il qu’en Guadeloupe notamment le peuple en révolte ne se soit pas organisé de cette manière, n’ait pas pris en compte de la même façon, cette distinction sphère politique- sphère sociale ? Manque de maturité ?
En réalité cette distinction a bien été comprise de par l’expérience populaire…mais rejetée ! C’est la sphère politique qui s’est dégonflée ou plutôt qui a éclaté au nez de tous les politiciens en Guadeloupe comme en Martinique. Le peuple s’est rendu compte que c’est son action directe qui pouvait changer les choses et non pas la confiance en des politiciens, en une consultation populaire dont les résultats seraient tout à fait hypothétiques et illisibles, objet de toutes les manœuvres, aboutissant à une mystification.
On nous rétorquera bien sûr que la question ne se pose pas de la même façon en Martinique. Mais on verra – comme on l’a déjà vu – que la réaction des masses, au-delà des différences sur le champ politique, ira, sur cette question comme sur d’autres, dans le même sens qu’en Guadeloupe.
La deuxième objection réside dans l’état des forces en présence. En dehors des périodes de montée des luttes on ne peut nier que l’isolement et l’oppression coloniale dans une petite île, empêche une minorité jugée trop radicale de s’exprimer. Néanmoins se ranger derrière des positions minimalistes, celles des « politiciens raisonnables », n’empêche en rien, en plus de perdre son âme, de se couper des masses et d’être complètement ignoré. Défendre de telles positions reviendrait ainsi à penser que rien n’a changé dans la tête des Martiniquais depuis février-mars. Or ce qui a bel et bien changé c’est l’existence d’un discrédit grandissant des « politiques »de droite comme de gauche. Cela, faut-il le préciser, n’augure pas en soi d’un progrès intrinsèque vers des alternatives crédibles qui devront de toutes façons être proposées: on peut très bien a contrario, faute de réelles perspectives, se retrouver face à des réflexes conservateurs.
Ne vaut-il pas mieux alors être minoritaires mais cohérents et intègres ? C’est le gage d’une confiance et d’une crédibilité pour l’avenir. Dire la vérité, en dehors des jeux politiciens, de toute affectivité, est la seule voie possible

A la crise internationale, répondre par une solidarité internationale
L’année 2010, contrairement à ce que trompettent les médias, sera celle d’une plus grande crise que ce qui a été vécu en 2009. Pour deux raisons principales, qui sont en fait des avatars insolubles du système capitaliste.
1) Faillite du système monétaire international
Livrons en vrac quelques informations, sans bien sûr chercher à être exhaustif ici.
Aux Etats-Unis la dette américaine équivaut à 375% du PIB. Au plus fort de la crise, lors de la Dépression de 1929 elle était de 186%. Si l’on ajoute les banques en faillite et les 500 à 1000 établissements bancaires et commerciaux menacées, ainsi que les 19 banques systémiques en grave difficulté – but « to big to fail » - la dette américaine équivaut à plus de 600% du PIB. A côté de cela la situation de l’Allemagne de Weimar dans les années 1930 semble une broutille. Les pays du Golfe tentent de mettre actuellement sur pied une nouvelle monnaie.
2) Crise des denrées alimentaires
Là encore nous ne nous étendrons pas à ce qui nécessiterait un historique. Résumons en disant que dans la spéculation tout est bon, y compris la spoliation des terres agricoles ( comme en Afrique) et l’organisation de la pénurie. L'effondrement des récoltes de denrées alimentaires a atteint un record historique mondial en 2009... surtout aux... USA.
Face à de telles menaces que peut bien faire la petite Martinique, nous dira t-on ? Et ce serait là, n’est-ce pas, une nouvelle opportunité pour distiller la peur, pour faire que la soumission et la résignation perdure. Mais de même qu’une minorité peut se faire entendre quand elle est dans la ligne juste, l’action des masses dans les Antilles – aussi incroyable cela peut paraitre – peut avoir des répercussions internationales inattendues. Sachons-le bien, sans arrogance, la révolte dans les Antilles, si elle a été caricaturée, déformée ou ignorée, notamment par les médias français, a suscité l’admiration de nombre de salariés non seulement européens mais de ceux du monde entier.
En France même, aujourd’hui encore, on veut faire « comme en Guadeloupe ».
Mais quant à nous, nous restons lucides, sachant que nos combats pour réussir doivent s’inscrire encore mieux dans une perspective internationaliste, dans la nécessité de développer des relations avec l’extérieur. Nous restons cependant trop tournés vers la France et sur ce qui s’y passe du point de vue politique, même si bien sûr, nous devons établir des liens avec nos camarades français. La situation politique, culturelle est radicalement différente. Aussi différente qu’entre un pays d’Amérique du sud et un pays européens. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’il convient de développer les contacts avec les peuples et les mouvements sociaux de ce sous-continent avec lequel nous sommes plus proches ( au vrai sens du terme si nous tenons compte de la seule géographie ! ) Des états du sous continent américain qui se dégagent de l’emprise impérialiste peuvent être un appui. Dans le domaine énergétique pourquoi ne pas se procurer notre pétrole au Venezuela ?


Quelles propositions d’action ?

Etre minoritaires ne veut pas dire sans influence si on sait évaluer les aspirations des masses. Ces aspirations dépassent il est vrai les seules revendications matérielles émises en février-mars. Sous-jacent s’est posé la question du contrôle, de la reprise en main par le peuple des leviers socio économiques, du pays tout entier.
Personne n’est alors parti dans la rue en réclamant bille en tête la tenue d’une Assemblée Constituante ! Et ce n’est pas là une simple question de conscience politique. La lutte a pris la forme d’un Kolektif du 5 févryé, « merveilleux outil » au dire de beaucoup. Et la seule organisation nouvelle qui aurait pu le dépasser par la suite serait apparu sous la la forme de Conseils sur les lieux de travail pour reprendre la production ou distribuer des biens. L’exemple de la Guadeloupe, à nouveau , nous montre que le LKP se situe dans cette optique de contrôle et qu’il s’agit bien d’une perspective naturelle.
Plutôt que se centrer sur une nouvelle réforme institutionnelle qui en elle-même n’intéressera personne sinon le microcosme des militants, il convient de mettre en avant une perspective d’autogestion généralisée, secteur par secteur, une promotion de la prise des responsabilités individuelles, et donc des pratiques de démocratie directe. Dans une telle perspective, avec plus de camarades décidés, plus jeunes et responsables, la nécessité d’une Assemblée Constituante pourra alors être évoquée beaucoup plus aisément.
En espéranr aller dans ce sens, préparons, comme en Guadeloupe, la grève générale.
nemo3637
 
Messages: 32
Enregistré le: 04 Oct 2009, 21:48

En Martinique, libre entreprise ou autogestion ?

Messagede nemo3637 » 08 Jan 2010, 01:25

Alors que l'on entend parler de l''autogestion chez Philips, je me permets de ressortir ce petit article écrit voici quelques jours...

Un cadeau de Noël ?

En cette fin 2009, Monsieur Bompière, Président de la Chambre du Commerce et de l’Industrie de la Martinique « nous » a annoncé « une bonne nouvelle » : l’octroi d’une subvention de 90 millions d’euros pour « soutenir les entreprises martiniquaises ». Si l’on n’a pas manqué, à ce propos, d’évoquer les effets de la crise internationale, on n’a pas oublié, comme d’habitude, de mettre sur la balance les effets néfastes du mouvement social de février-mars. Et nous, nous répéterons, au passage, que des pays qui n’ont connu aucun mouvement contestataire de tel ampleur, comme aux Etats-Unis, voire aucun, comme en Islande, ont quand même subi, de façon plus désastreuse, les effets de ladite crise…
90 millions donc.
Comment cet argent est-il réparti ? Faut-il justifier d’objectifs pour bénéficier de la manne ? Que des petites entreprises de quelques salariés obtiennent quelques sous pour continuer à produire et à vivre dans le sens d’un intérêt général, on ne trouverait guère à redire. Par contre s’il s’agit de grands groupes, qui ont déjà bénéficié, comme la grande distribution, par exemple, d’exonération d’octroi de mer, si généreusement accordées par notre charismatique Président du Conseil Régional, là, on pourrait se dire qu’effectivement rien ne change sous le soleil de notre petite société d’économie de comptoir.

L’auto entrepreneur : une jeunesse souvent courageuse que l’on envoie à l’échec.

Dans cette fausse économie où ce sont toujours les mêmes qui concentrent le gros des aides et des bénéfices, on laisse croire à nombre de jeunes qu’il suffit de « se lancer », d’ « oser » et donc de créer sa propre entreprise…
Etude de marché, faisabilité, contexte de fausse concurrence, clientélisme…Tout cela n’est guère évoqué.
Le nouveau crédo : l’auto-entrepreneur. Il faut « foncer », être un « battant »… sans voir que le plus souvent, au passage, on abandonne une grande partie de ses droits sociaux en cas de « coup dur ». Car on est devenu un « auto entrepreneur », n’est-ce pas.
Derrière ce nouveau terme, destiné à ravaler la façade idéologique de la libre entreprise, se cache la vérité affublée de vêtements flottants et démesurés : petit, fragile, éphémère tel est l’essence même de l’auto-entrepreneur !
Sans vouloir démoraliser une jeunesse souvent courageuse et entreprenante, nous devons quand même dire la vérité. La Martinique n’est pas une terre de libre-entreprise. Elle ne l’a jamais été et ne le sera sans doute jamais. Dans la réalité celui qui veut s’installer à son propre compte se trouve souvent face à des obstacles au caractère aberrant, ceux d’une économie biaisée, irréelle, où la corruption n’est pas absente, tous comme les réseaux d’influence avec lesquels il faut souvent composer sans cesse.
Mais surtout la libre entreprise a sa limite logique dans l’étroitesse du marché, étroitesse renforcée aujourd’hui par les effets de la crise.

La libre entreprise est en crise, comme tout le système capitaliste.

Cela veut-il signifier qu’il vaut mieux rester à bader, à mijoter sans rien faire dans un sentiment d’impuissance ?
Dans une petite île comme la notre l’objectif ne peut résider dans la recherche du profit par l’exploitation d’autrui. L’une des grandes revendications sou jacente au mouvement social de février-mars 2009 aura été la volonté d’un contrôle sur les échanges. Les prix trop élevés signifient bien que nous sommes entre les mains de profiteurs puissants et sans scrupules.
Et notre action d’entreprise, passant par un contrôle nécessaire, doit viser à nous assurer un revenu nous permettant de vivre décemment tout en tenant compte de l’intérêt général. Nous sommes obligés de tendre vers une morale qui est la recherche de la satisfaction des besoins du plus grand nombre et non pas l’exploitation de notre prochain.
Si l’on regarde objectivement le potentiel de production, dans le domaine agricole par exemple, - et ce malgré la pollution et toutes les spoliations - nous nous rendons vite compte que l’on pourrait sans grands efforts satisfaire les besoins alimentaires, si non de la majorité de la population, du moins d’une bonne partie de celle-ci, avec une production qui n’aurait plus rien de comparable avec ce qu’elle est aujourd’hui.

De réseaux mutualisés aux coopératives jusqu’à l’autogestion généralisée.

La crise qui s’annonce encore plus crument qu’en 2009, en dépit des bels pawols de tous les propagandistes, va peut-être nous mettre face à cette responsabilité : reprendre les terres, notamment, pour en faire une agriculture raisonnée, développer le jardin créole, réquisitionner les biens de consommation pour mieux les répartir, réviser les échanges avec l’extérieur…Cela pourrait être ça ou crever de faim !
Les conflits d’intérets nous bloquent. Un exemple : le tramway. Les travaux, vaille que vaille, continuent…mais il n’y a pas de centre de gestion ! Qui gérera ce nouveau moyen de transport ? La Cacem ? Le Conseil Général ? C’est la foire d’empoigne…Et du retard pour la mise en route de ce service écologique attendu, indispensable.
Si la population s’organisait, soutenait par exemple le Kolektif 5 févryé, en vue de la constitution d’un organisme de gestion émanation réelle des travailleurs, par leurs syndicats, et des usagers, constitués en association, ne croit-on pas que les choses pourraient avancer plus vite ?
Dans l’attente d’une nouvelle explosion sociale, soyons prêts à nous réorganiser au mieux avec les outils pour l’instant encore, à notre disposition. Car aussi maigres soient-ils, il ne faut pas les négliger.
Organiser des réseaux pour échanger avec l’extérieur, via internet, rompre avec les monopoles de l’importation, réorganiser les entreprises en SCOPS qui nous laisseront, en cas de « coups durs » un minimum de droits sociaux, fédération des nouvelles entreprises coopératives – et des anciennes ! – en réseaux, pour se grouper et être plus forts, tout cela dans l’intérêt des populations et non pas du profit.
Par l’altruisme, la solidarité, l’intérêt bien compris de chacun nous pourrons non seulement « nous en sortir » mais vivre mieux ! Pour cela il faudra aller plus loin dans une rupture indispensable avec le capitalisme et son idéologie, mettre tout sur la table, réorganiser, se responsabiliser, contrôler démocratiquement au jour le jour et à plus long terme, bref mettre sur pieds une société de liberté basée sur l’autogestion généralisée.
nemo3637
 
Messages: 32
Enregistré le: 04 Oct 2009, 21:48

Re: En Martinique, libre entreprise ou autogestion ?

Messagede Pïérô » 09 Jan 2010, 14:53

Il y a là un angle d'attaque que je partage, et qui fait résonnance avec la question de la socialisation des moyens de production, thème qu'il me parâit être important de porter dans les luttes. Tu avais développé çà aussi en fin d'un post précédent : " En Martinique 73 …74 … Et après ? ", viewtopic.php?f=70&t=3548#p51954 . Est-ce que ce type de point de vue passe autour de toi, est partagé, ou peut l'être plus largement ?
Pourrais-tu présenter le Kolektif 5 févryé dont tu fais mention ?
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 22:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: En Martinique 73 …74 … Et après ?

Messagede Pïérô » 20 Jan 2010, 01:51

Trouvé sur bellaciao, http://bellaciao.org/fr/spip.php?article96964, mais de nemo3637 (mais qui a encore oublié que ce forum existait :wink: ), je met là ce texte en continuité :

Articles 73 et 74 et règlement de compte politique en Martinique

La consultation électorale en Martinique et Guyane, concernant les articles 73 et 74 représentait une étape de la mystification organisée par le gouvernement français après le grand mouvement social de février-mars 2009.

Cette étape, prévue et demandé depuis longtemps par les « Politiques » tombait à point nommé après le relatif échec de la réunion d’ « Etats-Généraux de l’Outre-mer », boycotté par le KF5 et le LKP.

Dès juillet 2009, réunis à Cayenne, après avoir vu leur image se dégrader lors du mouvement social, ils trouvaient, dans la perspective du référendum, l’opportunité de se remettre en selle, de profiter du « come back » offert par le Président de la République Française. Celui-ci, bien évidemment, se garde bien de poser des vraies questions qui pourraient changer l’ordre des choses. Tout au contraire. Et il présente donc ce référendum non pas « contraint et forcé » comme voudrait le faire croire une certaine opposition mais comme une parade habile où il est sûr, par la même occasion, de recueillir un vote conservateur. Car c’est en général ce qui se produit dans une élection ou un vote après un grand mouvement social.

L’abstentionnisme ou le vote blanc aurait été le signe de la prise de conscience du piège et donc d’une possible combattivité sous jacente. Il n’en a pas été ainsi en Martinique et, effectivement, l’auteur de ces lignes s’est trompé sur un taux d’abstentionnisme moins élevé qu’il l’espérait.

Les membres du gouvernement français, eux, ne s’y sont pas trompés. Dès après 18 heures, sans même connaître les résultats, Madame Penchard triomphait : on avait dépassé 50% de taux de participation ! Plus que lors du référendum de 2003 ! Peu importe le 73, le 74 … l’essentiel était sauvé. On aurait un argument de plus face à la rue : le peuple avait voté et s’était exprimé, rentrez chez vous !

Mais revenons sur l’argument d’un Sarkozy « contraint et forcé par la pression populaire » d’organiser ledit référendum. Pourquoi alors ne l’a-t-il pas organisé en Guadeloupe ? Les Guadeloupéens n’avaient pas suffisamment manifesté, n’avaient pas assez fait de pression ? Et on nous répond alors que la situation dans l’ « île sœur » n’est pas la même, que les « politiques » n’avaient pas une telle priorité, que la question de l’octroi de mer ne se pose pas de la même façon…Et on reconnait par la même que ledit référendum n’est pas organisé sous la pression des masses mais bien suivant les choix de messieurs les politiciens.

En fait la vraie réponse est sortie de la bouche d’Elie Domota : 73 ou 74 cela ne changera rien à nos vies ; c’est un piège grossier destiné à faire oublier les revendications sociales.

On tentait quand même de faire prendre la mayonnaise en faisant monter les tensions, en faisant apparaitre l’un des articles comme radical, conduisant à l’autonomie et même – au diable l’avarice ! – à l’indépendance…

Distiller la crainte ! C’était une dérive qui ne concernait en vérité que le débat et les participants qui voulaient donc y voir une autre signification. En réalité, derrière les « tigres de papier », on avait toujours affaire à deux articles de la Constitution Française où finalement toute décision revient à l’Assemblée Nationale de l’Hexagone.

Cette dérive se devait d’être radicalisée. Pourquoi ? Parce qu’en remplaçant les articles par un « oui » et par un « non » cela permettait finalement de marginaliser les partisans du 74 et particulièrement leur leader le charismatique Alfred Marie-Jeanne, Président du Conseil Régional. Serge Letchimy, leader du PPM, avait une opportunité alors d’assoir son leadership en Martinique et bien sûr il la saisit en mettant durablement Chabin hors jeu. Inutile de préciser que nous ne verserons pas une larme pour celui qui a désavoué le mouvement social et qui s’est entendu secrètement avec la grande distribution…

Résultat : un raz de marée soixante treiziste qui, à quelques nuances près, peut être interprété comme un vote conservateur. Mouvement conservateur que l’on retrouve souvent après tout grand mouvement social d’ampleur.

Mais du fait de la peur qu’on avait voulu introduire, Le carré restant des 20% de « soixante-quatorzistes » semble représenter du même coup des gens déterminés dans leur choix qu’il considérait comme émancipateur, comme un pas vers plus d’autonomie. Nous savons aussi malheureusement que du vote à l’action, il y a une marge… Et quand on pense qu’un individu comme Raphaël Confiant, qui insulte le peuple martiniquais (1), a voté pour le 74, on en revient à se poser des questions.

Quant au PPM(2), parti de centre gauche inter classiste, il n’offre aucune perspective pour les salariés.

On en est donc revenu aux jeux de politiciens habituels, ceux que justement le peuple rejette de plus en plus.

Et à part ça nous préparons la journée d’action du 5 février prochain. Mais cela c’est une autre histoire...

(1) Raphaël Confiant, déçu par le vote, a agoni d’injures le peuple martiniquais, sur un ton et avec des termes qu’auraient pu employer un planteur raciste.

(2) Parti Progressiste Martiniquais, le parti d’Aimé Césaire. Scission du Parti Communiste, créé en 1958, il a aujourd’hui toujours une ligne « départementaliste » à l’autonomisme très édulcoré.


De : Nemo3637
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 22:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: En Martinique 73 …74 … Et après ?

Messagede NeurApraxie_ » 01 Mar 2010, 00:56

Salut,j'ai lu, rapidement, en diagonal, ton article, certainement mériterait il plus amples réflexions de la part d'un cerveau comme le mien, à cette heure pauvre en connexions, ça m'ennui
L'année derniere, j'étais dans la rue à manifester, à crier mon mécontentemnt, j'espérais que ça péterait, que ça irait jusqu'au "maquis Montpeléen"
les 80% me restent en travers de la gorge, parce qu'après avoir été confronté pendant 18 ans à ces trous du cul il est clair que ds ce désert cérébral au moins 70% des 80 sont allés voté massivement juste par crainte de perdre ce à quoi il s'accrochent désespérément, leur voiture, leur télé, leurs allocs
...à gerber
NeurApraxie_
 
Messages: 1
Enregistré le: 27 Fév 2010, 23:32
Localisation: Rennes


Retourner vers Débats de société

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 12 invités