Mouvement anarchiste et personnes "de couleur"

Mouvement anarchiste et personnes "de couleur"

Messagede ChoueTTe » 22 Mai 2009, 08:41

Poste très intéressant, et qui m'amène à me poser une autre question : Pourquoi si peu de personnes de "couleur" au sein du mouvement Anar ?
Je ne sais pas si ça vaut la peine d'ouvrir un nouveau post ou non ? (Je ne veux pas faire partir ce sujet très intéressant en HS=).
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Re: Virilisme et anarchisme

Messagede willio » 22 Mai 2009, 13:04

Non je pense que t'as raison de faire ce parallèle parce qu'il me semble que le coeur de la question est là.
Il y a beaucoup d'hommes, blancs, souvent avec un niveau d'éducation très correct et qui peuvent potentiellement très bien s'en sortir dans le monde capitaliste...mais qui ne le veulent pas. Bref, ce que je veux dire c'est qu'en général les anars ne sont pas les premier-e-s concerné-e-s par l'exploitation et se battent presque plus par principe que pour eux/elles (même si évidement on est toujours plus ou moins directement exploité-e-s par le système).
Alors on peut se demander pourquoi il y a si peu de gens parmi les plus exploités chez les anars. Ils n'osent pas s'intéresser à l'anarchie par peur de passer pour égoïstes ? Ils sont tellement exploités/formatés qu'ils ne peuvent pas parvenir à l'idée d'anarchie ? Autres explications ?
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Re: Virilisme et anarchisme

Messagede anonyme » 22 Mai 2009, 14:04

Oui la servitude volontaire.
Sinon y'a pas forcément peu d'exploités parmi les anars, du moment que tu travailles pour cette société tu es exploité, dominé, etc... et je pense pas que tous les anars ne bossent pas, ne serait ce que pour survivre.
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Re: Virilisme et anarchisme

Messagede willio » 22 Mai 2009, 15:01

Oui oui, j'ai bien précisé ça. Mais ce que je veux dire c'est qu'il y a pire (grande pauvreté, sans-pap traqué-e-s).
Ya des gens qui aurait 100 fois plus de raisons de se révolter de par leur situations personnelles que "le/la militant-e anar type".
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Re: Virilisme et anarchisme

Messagede ChoueTTe » 22 Mai 2009, 15:46

Je pense en effet que lorsque ta seule préoccupation durant toute ta vie est de survivre et de subvenir aux besoins de ta famille, ça ne te laisse pas franchement le temps de t'occuper de la "politique" ou des "alternatives à la politique".
Les médias qui emploient systématiquement le terme "Anarchie" pour désigner une situation chaotique n'aide pas non plus.
Bon après, je pense qu'il y a bien d'autres explications !
Cependant ces dernières années, un vent libertaire à un peu soufflé sur la scène rap, grâce à des rappeurs comme Calavera, Nergal, Mina, Skalpel - La K bine, Eskicit etc... et même tout simplement du rap dit "conscient et revendicatif". Voici qui fera peut-être davantage réfléchir les jeunes et les moins jeunes !
Surtout que ces derniers temps, ils se font largement draguer par l'extrême droite dans les banlieues (Kémi Séba à ses fans...).

Pour en revenir aux femmes, je suppose qu'on doit aussi y trouver quelques explications. Enfin, dans mon coin pendant les manifs, y'a pas mal de jeunes filles dans le cortège CNT (ce qui rend toujours la manif plus agréable héhé !).
ChoueTTe
 

Re: Virilisme et anarchisme

Messagede Ringue Denial » 23 Mai 2009, 12:25

Merci à chouette pour sa remarque très juste et très intéressante sur la représentativité des personnes dites de couleur parmi les anars (proportionnellement à leur représentativité globale). Entre parenthèses, je me demande quelle est cette proportion dans un parti comme le FN par exemple ?

D’accord aussi avec Amour Anarchie qui précise qu’il y a pas mal d’hommes blancs issus de la classe moyenne parmi les anars....Je suis assez sensible à ce fait.

D’accord aussi avec ton explication, Chouette : oui, la question de la « survie » est primordiale et synthétise assez bien la problématique du peu de personnes de couleur parmi les anars.

D’abord, pour développer l’idée de la « survie ». C’est un mot qui cache une forêt dense.
Les personnes de « couleur » en France, pour les définir rapidement, sont issues, pour la majorité, des anciennes colonies françaises. Cela implique un combat, un exil, un déracinement, un déchirement, une acculturation, une gestion du traumatisme, une intégration souvent difficile, etc.
C’est l’intégration dans la société d’arrivée qui est la plus importante, son mode opératoire et ses conditions. En France, cette intégration s’est incarnée de la façon suivante :

- Installation de ces « populations » dans des zones urbaines et rurales non mixtes, entravant la mixité sociale, la compréhension et la connaissance mutuelles ;
- Difficultés d’accès à l’éducation : bien qu’inscrits à l’école laïque et gratuite de la République, la nécessaire différenciation pédagogique - notamment en terme d’accès aux livres et à la culture générale - a été largement mise de côté au nom d’une « égalité » de traitement ou au nom d’une injonction à se contenter d’un système « favorisant » (par opposition à la société d’arrivée)
- Difficultés d’accès à la culture au sens large : la télé est la « meilleure » école mais le décloisonnement géographique est resté quasi inexistant ;
- Combat social à l’échelle individuelle ou communautaire : de nombreuses familles issues de ces populations se sont trouvées animer par l’idéal d’intégration à la française mais ont vite déjanté. Les aides sociales existent mais ne dépassent jamais, d’une point de vue politique, la sphère de l’assistanat. Le projet social - à proprement parlé - est un échec, et encore aujourd’hui.

On peut ainsi décliner toutes ces raisons bien connues. Mais elles justifient assez les raisons pour lesquelles il y a si peu de personnes de couleur : confrontées à des limites beaucoup plus nombreuses, la trajectoire vers une émancipation et vers la fin des aliénations est bien plus longue et difficile.

Un peu de la même façon, pour des raisons assez semblables dans les grandes lignes, les femmes restent minoritaires. Néanmoins, elles constituent un groupe ayant pris de l’avance sur l’échelle des groupes s’élevant vers le haut de la pyramide sociale.

Ensuite, qui dit survie dit donc (communisme) libertaire = utopie. La plupart, dès le plus jeune âge, est confronté à la réalité, aux struggles (combats) menés par leurs parents, à tous les niveaux de rapports à la société. La désillusion est grande, en même temps que l’aspiration à être confondus dans la société d’arrivée dans laquelle ils ont grandi ou évoluent. Cela engendre un paradoxe interne très fort qui, à partir d’une certain âge, conduit soit à l’exclusion volontaire du groupe d’arrivée soit à la tentative d’inclusion dans le groupe d’arrivée par des moyens validés par une majorité (du point de vue politique : le PS, le PCF notamment).

D’un point de vue politique, l’expérience de la LCR est très intéressante. Elle a sans doute réussi son pari d’intégrer dans ses rangs un certain nombre de personnes de couleur parce qu’elle a osé s’y rendre, pour écouter la deuxième voire troisième génération de migrants, en bousculant les frontières (par l’acceptation d’un jargon propre aux cités par exemple, sans jugement, par exemple). Si je ne doute pas de la sincérité de la démarche des militants de l’ex-LCR, je doute fortement que la stratégie d’intégration de ces populations de couleur soit autre qu’une intégration de façade.
Ringue Denial
 

Re: Mouvement anarchiste et personnes "de couleur"

Messagede Antigone » 23 Mai 2009, 15:00

ChoueTTe a écrit:Pourquoi si peu de personnes de "couleur" au sein du mouvement Anar ?

Je pense que parler d'anarchisme est un luxe que seuls les habitants des pays riches peuvent se permettre (je sais, c'est con à dire). Or ces pays sont en grande majorité composés de populations blanches.
La sélection sociale, l'accès à la culture amplifient un peu plus le phénomène comme le fait remarquer willio. Les classes moyennes sont très majoritairement blanches.
J'ai pas mal voyagé et je dois dire que partout, la démocratie fait rêver. Quand je me permettais de dire du bout des lèvres à un indonésien que pour moi, la démocratie est une dictature, j'avais du mal à me faire comprendre (!). Et quand une personne d'un pays lointain vient en France, pour faire des études par exemple, il vient profiter de la démocratie; il ne va pas s'engager dans des organisations anarchistes pour chercher à faire la révolution...
J'ai fait partie de nombreuses organisations. J'ai rencontré des gens originaires des Antilles, de l'Afrique du Nord, de l'Amérique du Sud... (bon, ils étaient tous profs), mais aucun africain et aucun asiatique.
Antigone
 

Re: Mouvement anarchiste et personnes "de couleur"

Messagede Polack » 23 Mai 2009, 15:03

Si on parle bien ici comme je le crois, non pas tant des "personnes de couleur" que des "jeunes des quartiers", ma réponse est : parce qu'ils n'ont aucune culture politique, que personne ne leur tient de discours politique (ou très peu de gens, et alors là on les appelle à voter PS), que l'urgence et l'immédiateté sont maitres mots, qu'ils sont capitalistes et dans une logique consumériste. J'avais causé politique avec des jeunes d'un quartier de province dans le cadre d'un stage au moment des manifs de soutient à la Palestine. C'étaient leurs premières manifs. On a finit par discuter de Julien Coupat, de la lettre très intéressante dans laquelle il pointe du doigt le rapprochement en taule entre militants issus des classes moyennes et "délinquants" issus des couches populaires. Il faut aller au contact, se faire entendre et comprendre, porter la culture politique et les thèses de l'anarchie, les rendre accessibles. Pas toujours évident, cela demande du temps et de l'énergie. Autre soucis, la culture de quartier entre machisme et "islam" (je met des guillemets parce que l'islam des banlieues est un peu hybride), vas dire "ni dieu ni maitre" à un jeune de quartier, tu seras mal reçu. D'ailleurs je trouve au passage que la position des anars sur la religion est à revoir (j'ouvrirai un sujet là dessus, j'y réfléchi). Bref le dialogue est possible mais il faut mettre ses a priori de côté. Pour ceux qui trouveront mon discours plein de préjugés, c'est un discours généraliste qui n'exclut pas des images à l'emporte pièce.
Polack
 

Re: Mouvement anarchiste et personnes "de couleur"

Messagede joe dalton » 23 Mai 2009, 18:17

la question posé ainsi me gene un peu !
mais il est vrai que c'est une réalité, et pire encore, les noires et les arabes, en viennent souvent a faire les "potiches" !
une des raison c'est qu'il est trés dure d'adherer a un systeme de pensée qui nie la nationalité(et les races) quand on a des origines non européennne, sans avoir l'impression de la renié, d'en avoir honte ! parce que avoir une culture musulmane est si mal vu, que l'on a tendance a se crier musulman ! et a revendiquer une appartenance a un pays, se qui est difficilement compatible avec l'anarchisme !
d'autant plus que la plupart des anarchistes aiment a montrer facilement leurs mépris, ce qui ne rend pas le dialogue possible !
ps : jeunes des quartier, c'est une euphemisation qui a des conséquence malsaine(et tout le monde habite un "quartier")
joe dalton
 

Re: Mouvement anarchiste et personnes "de couleur"

Messagede ChoueTTe » 23 Mai 2009, 18:53

Et merci pour ta (et vos) réponse(s) également Ringue Denial.

Merci à chouette pour sa remarque très juste et très intéressante sur la représentativité des personnes dites de couleur parmi les anars (proportionnellement à leur représentativité globale). Entre parenthèses, je me demande quelle est cette proportion dans un parti comme le FN par exemple


Ta question est assez atroce, mais comme je le disais, l'extrême droite drague les gens, - et surtout les jeunes - dans les quartiers populaires. Et on peut effectivement se demander s'il n'y a pas plus de gens issus de l'immigration au FN que chez les Anars. Je n'affirme rien, mais rien que le fait de se poser la question, c'est assez terrible. Et c'est surtout très triste.

Sinon, je suis plutôt d'accord avec les explications que tu as fournies.


vas dire "ni dieu ni maitre" à un jeune de quartier, tu seras mal reçu. D'ailleurs je trouve au passage que la position des anars sur la religion est à revoir (j'ouvrirai un sujet là dessus, j'y réfléchi).


Tu ne seras pas toujours mal reçu je te rassure ! Souvent, peut-être, faut le reconnaître...
On va m'accuser de prendre des raccourcis mais je prends le risque.

Il faut savoir que les quartiers populaires sont très liés au rap, c'est une vérité. Le rap, qui prônait "Peace, love, unity and having fun" dans les années 80's et qui fait aujourd'hui des clips ultra capitalistes et machistes (je ne vous fais pas de dessins).
Je vois l'impact qu'à cette mentalité nauséabonde chez les gens qui m'entourent, que je croise dans la rue.
Le seul objectif est de faire des tunes, c'est assez triste. Faut comprendre aussi que ce sont des gens qui galèrent, mais au point de vouer un tel culte à l'argent, ça me répugne.
(Ceci est une explication partielle qui vaut ce qu'elle vaut, formulée par un jeune un peu fatigué).

Sinon, autre problème soulevé, la religion. Tout dépend de l'usage que l'on en fait, y'as des gens vraiment relous et d'autres qui sont très tolérants. Après, c'est sûr que c'est un problème dans les cités, mais la pratique (souvent partielle et de façade) de la religion est aussi pour beaucoup une sorte de repli "identitaire" (je ne sais pas si c'est le mot) car comme l'a dit Ringue Denial, il s'agit de populations déracinées.
Y'a de gros cons hyper sectaires à ce niveau et qui font beaucoup de mal, c'est clair, mais y'a aussi des gens hyper ouverts et vraiment ok, avec qui je partage beaucoup de choses, et à qui je ne reprocherai jamais d'être croyant et qui ne me reprocheront jamais d'être athée, qu'ils soient chrétiens, musulmans, juifs, hindouistes ou autres...

Après je reste athée et très critique à l'égard des religions qui font énormément de mal, mais ça ne m'empèche pas d'apprécier énormément de personnes qui sont croyantes et, je le répètre, avec qui je partage beaucoup.
Même historiquement, je reste admirateur de Martin Luther King, Gandhi, l'Abbé Pierre, et d'autres, et ça ne va pas changer parce qu'ils s'agissaient de croyants.
ChoueTTe
 

Re: Mouvement anarchiste et personnes "de couleur"

Messagede Berckman » 23 Mai 2009, 19:06

Bien d'accord avec toi, Jo
Moi je trouve qu'il y a un nombre incroyable de clichés dans ce topic...

Les "jeunes de quartier" par exemple.
Outre le problème d'une telle appellation (construction médiatique), je suis en désaccord avec toi Polack. Non il n'ont pas "aucune culture politique", il y a des militant-e-s politiques et syndicaux dans les quartiers populaires, il y a des militant-e-s associatifs, et des militant-e-s religieux (souvent militant-e-s politiques)....
Et au delà des militant-e-s, il y a bien plus de conscience politique en général que ne le croient les "militant-e-s du centre ville".
Malgré tout ce qu'on croit par ex, en Seine Saint Denis, il y a encore une influence non négligeable du PC et de la social démocratie (les seuls à être présent-e-s massivement, même si cela évolue, avec une certaine implantation de l'EG).
Mais de toute façon, associer "avoir une conscience politique" et "être anarchiste" me semble un peu hasardeux.
Peut-être tout simplement le mouvement anarchiste dans sa forme actuelle est loin de répondre aux aspirations de la majorité des prolétaires.

Ils seraient "capitalistes et dans une logiques consumériste". Au pire : Ni plus ni moins que le reste de la société. Au mieux : Je dirais même moins...
Il existe dans les quartiers populaires de banlieue des pratiques d'entraide informelles, beaucoup plus développés que dans le reste de la société.
e pense que parler d'anarchisme est un luxe que seuls les habitants des pays riches peuvent se permettre (je sais, c'est con à dire). Or ces pays sont en grande majorité composés de populations blanches.

c'est tout simplement faux.
Il existe/a existé des groupes et organisations libertaires dans des pays aussi différents que le maroc, l'algérie, l'egypte, le Nigéria, l'afrique du sud, la zambie, du Zimbabwee, du Swaziland, Liban, Turquie, Iran, chine, Corée, Indonésie, Japon, la quasi-totalité des pays de l'amérique latine...
Ce pour les mouvement auto-labellisé "anarchistes", ce qui d'ailleurs passe à côté de toutes les dynamiques à caractères autogestionnaires, antiétatiques et collectifs.
Je conseille par exemple la lecture du livre "african anarchist, the history of a movement", disponible en ligne : http://illvox.org/articles/
(en anglais désolé, je bosses sur une traduction).
Il existe des organisations anarchistes en Indonésie, Antigone : tiens, la plateforme d'Arshinov en indonésien : http://docs.google.com/Doc?id=ddx6xxb4_108hhmzpwgt
http://satubumi.co.nr/ (site d'un groupe communiste libertaire idonésien)
Allez, qqs photos pour la route : Image

Pour ce qui est de la france, je pense que le problème viens plutôt de la faible implantation du mouvement libertaire dans les milieux prolétaire, dans toute leur diversité : sans doute parce que les préoccupations mises en avant par le mouvement libertaire sont souvent décallées par rapport aux préoccupations quotidienne des prolétaires.
Je pense que c'est sur des luttes concrètes que le mouvement anarchiste peut sortir de son ghetto social en France, qu'il peut justement être "insérré socialement", et pas dans un discours idéologique désincarné... ni dans une logique identitaire...
Berckman
 

Re: Mouvement anarchiste et personnes "de couleur"

Messagede willio » 23 Mai 2009, 19:22

C'est intéressant ce que tu dis Berckman mais tu n'expliques pas vraiment pourquoi il y a si peu de personnes "de couleur" dans le mouvement anar (enfin si t'as une explication).
willio
 

Re: Mouvement anarchiste et personnes "de couleur"

Messagede Polack » 23 Mai 2009, 19:30

ps : jeunes des quartier, c'est une euphemisation qui a des conséquence malsaine(et tout le monde habite un "quartier")


je l'avais mis entre guillemets la 1ere fois j'aurai du le faire tout le long^^. oui c'est une construction des médias et bla et bla mais au moins on sait de qui on parle. des jeunes (12-25ans ?) qui habitent des zones urbaines sensibles (ceci est une qualification administrative) et qui sont d'origine immigrée, principalement des anciennes colonies françaises.

Non il n'ont pas "aucune culture politique", il y a des militant-e-s politiques et syndicaux dans les quartiers populaires, il y a des militant-e-s associatifs, et des militant-e-s religieux (souvent militant-e-s politiques)....


de mon expérience propre les ados et jeunes adultes que j'ai pu rencontrer n'avaient aucune culture politique. les militants associatifs sont bien souvent des républicains mous qui vont te causer droits de l'homme démocratie et droit de vote. je n'appelle pas ça avoir une culture politique, ni même une conscience politique. par contre je n'associe pas anarchie et conscience politique, un ump engagé et déterminé, un marxiste con vaincu, ont une culture et un engagement politique. Appeler à voter ségo lors des présidentielles sous couvert de citoyennisme c'est limite comme culture et conscience politique.

Ils seraient "capitalistes et dans une logiques consumériste". Au pire : Ni plus ni moins que le reste de la société. Au mieux : Je dirais même moins...
Il existe dans les quartiers populaires de banlieue des pratiques d'entraide informelles, beaucoup plus développés que dans le reste de la société.


ok pour l'entraide c'est totalement vrai. par contre je n'ai jamais vu autant de gens qui voulaient un quad, une moto, la dernière paire de baskets, la dernière console, le dernier portable. les ados sont complètement dans une logique consumériste. ils le ne le sont peut être pas plus que le reste de la société, mais franchement je crois que plus tu as faim, plus tu as envie de manger même si l'argent n'est pas comestible. J'en veux pour exemple qu'il n'y a pas de babos chez ces jeunes, ils sont tous calqués sur le modèle dominant. Un jeune hippie qui se la joue "l'argent c'est pas bien", il en a forcément. Après est ce qu'il est moins dans une logique consumériste je ne sais pas... mais au moins y'a un début de quelque chose qui ressemble à une prise de conscience, à une critique, même si c'est la bouche pleine.

Y'a de gros cons hyper sectaires à ce niveau et qui font beaucoup de mal, c'est clair, mais y'a aussi des gens hyper ouverts et vraiment ok, avec qui je partage beaucoup de choses, et à qui je ne reprocherai jamais d'être croyant et qui ne me reprocheront jamais d'être athée, qu'ils soient chrétiens, musulmans, juifs, hindouistes ou autres...


effectivement. je pensais uniquement aux ados et jeunes adultes. mais j'ai eu de très longues discussions avec un de mes collègue qui me causait islam quand je lui causait anarchie c'était très enrichissant pour nous deux. On a beaucoup parlé politique et religion sans jamais se fâcher bien au contraire.

bref je ne voulais pas paraitre caricatural mais c'est raté. je ne veux pas généraliser mon expérience et mes ressentis, mais je crois qu'il y a un réel soucis de politisation dans ce qui était encore il y a peu la "banlieue rouge".
Polack
 

Re: Mouvement anarchiste et personnes "de couleur"

Messagede joe dalton » 23 Mai 2009, 20:17

Polack a écrit:je l'avais mis entre guillemets la 1ere fois j'aurai du le faire tout le long^^. oui c'est une construction des médias et bla et bla mais au moins on sait de qui on parle. des jeunes (12-25ans ?) qui habitent des zones urbaines sensibles (ceci est une qualification administrative) et qui sont d'origine immigrée, principalement des anciennes colonies françaises.

je n'aime pas ce terme, ni personne de couleur(qui laisse entendre que les type eupopeens, sont neutre), mais ce n'etait pas un reproche, car j'ai put bien constater l'embarras de chacun quand il s'agit de les nommer ! c'est un peu comme ceux qui disent black, comme si noires etait une insulte, mais en meme temps, noires, il y a un truc qui le fait pas non plus ! d
Berckman a écrit:Pour ce qui est de la france, je pense que le problème viens plutôt de la faible implantation du mouvement libertaire dans les milieux prolétaire, dans toute leur diversité : sans doute parce que les préoccupations mises en avant par le mouvement libertaire sont souvent décallées par rapport aux préoccupations quotidienne des prolétaires.

c'est bien ce vraie probleme, qui a mon avis est le neouds du truc !
et, meme au dela, (et c'est pourquoi cette question me gene), c'est plus particulierement la composition sociologique du mouvement anars qui pose probleme ! j'ai quand meme l'impression que c'est la bourgeoisie(enfant de petite et moyenne) qui y est sur-representer (et pour un mouvement de lutte sociale, c'est un hic) !
c'est en tout cas vraie, pour les totos que j'ai pu connaitre(ce qui amene d'autant plus facilement a nier la lutte des classe), et il ne s'agit pas de dire que c'etait essentielement des fils de familles a l'abri qui en faisait partie, mais au final, dans les squats, c'est les prols qui s'en prenait plein gueule !
joe dalton
 

Re: Mouvement anarchiste et personnes "de couleur"

Messagede anonyme » 23 Mai 2009, 21:59

"oui, la question de la « survie » est primordiale et synthétise assez bien la problématique du peu de personnes de couleur parmi les anars. "

Comme l'a dit Berckman l'anarchie est internationale, les personnes de couleur sont aussi anars, ce n'est qu'un préjugé. Et la question de la "survie" est primordiale pour tous.


"Difficultés d’accès à l’éducation : bien qu’inscrits à l’école laïque et gratuite de la République, la nécessaire différenciation pédagogique - notamment en terme d’accès aux livres et à la culture générale - a été largement mise de côté au nom d’une « égalité » de traitement ou au nom d’une injonction à se contenter d’un système « favorisant » (par opposition à la société d’arrivée)"

Passons sur le "école laïque et gratuite de la République".... L'accès aux livres d'une part ne suffit pas à faire de quelqu'un un anarchiste, d'autre part l'accès aux livres si on veut se documenter, y'a des biblios gratos, on peut en emprunter à d'autres gens, lire des brochures voir des livres gratuits, et d'autres moyens. C'est aussi une question de volonté.


"Difficultés d’accès à la culture au sens large : la télé est la « meilleure » école mais le décloisonnement géographique est resté quasi inexistant "

La je sais pas ce que t'entends par culture, mais si c'est la Culture (d'Etat et/ou capitaliste donc) vaut peut être mieux le plus souvent la laisser de côté.


" Combat social à l’échelle individuelle ou communautaire : de nombreuses familles issues de ces populations se sont trouvées animer par l’idéal d’intégration à la française mais ont vite déjanté. Les aides sociales existent mais ne dépassent jamais, d’une point de vue politique, la sphère de l’assistanat. Le projet social - à proprement parlé - est un échec, et encore aujourd’hui."

Si tu pense que les gens ont besoin d'être assisté par des experts, ca n'a plus rien à avoir avec l'anarchie.


Sinon heureusement que Berckman a rajouté "Mais de toute façon, associer "avoir une conscience politique" et "être anarchiste" me semble un peu hasardeux."
"Peut-être tout simplement le mouvement anarchiste dans sa forme actuelle est loin de répondre aux aspirations de la majorité des prolétaires."
La je répondrais que c'est pas le but de l'anarchisme. Et donc je suis en désaccord avec ce qui est dit ensuite et sur le développement trop classiste et marxiste. Et notamment les remarques de Joe Dalton.
Pour la question de départ c'est comme pour la question du sexisme, ca tournera en rond et ca donnera des posts peu ou plus ou moins anar quand même (ou de l'idée que je m'en fais) tant que l'on s'attardera non pas sur l'individu et son rapport à la société, mais sur des caractéristiques qui doivent et peuvent être dépassés (le but de l'anarchisme selon moi) car elles limitent les luttes face à la domination.
Car après c'est interminable aussi, on peut se dire pourquoi y'a pas assez d'inuits, de gays, de personnes âgées etc ... dans nos luttes c'est pas normal !
Moi ce que je suis sur au moins c'est qu'il y a trop de flics dans nos luttes !
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