CHU de Grenoble : la direction épinglée pour son « style de management » déshumanisé
Le ministère de la Santé a publié hier un rapport accablant sur les méthodes du centre hospitalier isérois, qui fait l’objet depuis plusieurs mois d’une attention particulière, en raison du mal-être de son personnel.
C’est un état des lieux sans concession qui a été dressé hier dans le rapport public du ministère de la Santé sur les conditions de travail au sein du CHU de Grenoble. Dépêché sur place à la suite du suicide d’un neurochirurgien dans l’un des blocs opératoires de l’hôpital, le 2 novembre, le médiateur Edouard Couty a relevé un grand nombre de « défauts » dans la gestion de l’établissement, au terme de l’audition d’une trentaine de salariés, issus de trois services différents. La direction a été sommée de mettre en place un « plan d’action » pour « retrouver le calme et la sérénité au CHU ».
Edouard Couty a notamment souligné la « pression sur les équipes » exercée par la direction, qui privilégie les « problématiques budgétaires » au détriment des « difficultés et souffrances des personnels ». Ainsi, les réunions sont « quasi exclusivement » dédiées aux « résultats financiers » et à la « responsabilisation des équipes au regard de ces résultats ». Pendant ce temps, « les informations ne remontent pas du terrain car les agents ont le nez dans le guidon ». Résultat : un décalage entre « le discours institutionnel et la réalité du terrain », qui se traduit au quotidien par une exigence de rentabilité, vécue comme une souffrance depuis des mois par l’ensemble du personnel hospitalier. Suite au rapport du ministère, la direction a promis un changement d’organisation « d’ici deux à trois mois ».
Un climat délétère durablement installé
Parmi les 8 000 salariés de l’hôpital, on ne compte plus les départs et les arrêts maladie. A la mi-décembre, peu après le suicide du neurochirurgien qui avait suscité une vague d’émotion, deux pédiatres du service endocrino-diabétologie en situation d’« épuisement professionnel » ont dénoncé, dans une lettre envoyée à leurs patients, le harcèlement « comptable » dont elles étaient les victimes.
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