Le Uber se décline et se développe

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Messagede Pïérô » 01 Mar 2016, 01:44

Le Uber de la restauration débarque à Toulouse. L’indépendance, c’est l’esclavage.

« On travaille en free-lance » ; l’affirmation, orwellienne, sort de la bouche d’un de ces jeunes gens branchés qui arpentent depuis peu les rues de Toulouse. Trench, sacs à dos et casquettes vertes vissés sur la tête, ils et elles vous livrent chez vous et en vélo le plat de votre resto favori. Ils et elles n’ont pas de contrat de travail, sont rémunéréEs à la course, et n’ont qu’un seul client : Take Eat Easy pour les unEs, Deliveroo pour les autres. Récit d’une collaboration libre, heureuse et, surtout, totalement indépendante.

... http://iaata.info/Le-Uber-de-la-restaur ... -1023.html
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede Pïérô » 29 Juil 2016, 01:00

Take Eat Easy montre les dangers de l’ubérisation du travail

Les livreurs à vélo de la «food tech», recrutés en tant qu’autoentrepreneurs, sont totalement démunis face à leurs employeurs.

Le 26 juillet 2016, les livreurs à vélo de la société Take Eat Easy ont appris que cette dernière était placée en redressement judiciaire et qu’ils ne seraient pas payés pour leurs prestations du mois de juillet. L’entreprise les a invités à entamer une procédure de recouvrement d’impayés. Cette décision aurait été impossible s’ils avaient été salariés. Mais les sociétés de la «food tech» recrutent leurs livreurs à vélo sous le statut d’autoentrepreneurs, c’est-à-dire de simples prestataires de services, ne disposant pas d’un contrat de travail classique.

... http://www.slate.fr/story/121527take-ea ... repreneurs
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 06 Aoû 2016, 14:49

Take Eat Easy : l’auto-entrepreneuriat, nouvel avatar de précarité !

L’Union Syndicale Solidaires, SUD commerces et services Solidaires étudiant-e-s


Il y a quelques jours, la société Take Eat Easy, spécialisée dans la livraison à domicile pour la restauration, a été mise en redressement judiciaire.
L’entreprise s’est contentée d’un simple SMS à ses 3.000 coursier-e-s. Les factures aux coursier-e-s et restaurants ne seront pas payées en juillet alors que nombre de livreuses/eurs sont des étudiant-e-s et/ou précaires qui comptaient sur ce job d’été, notamment pour financer la rentrée.

Ici, point question de « licenciement » ou de « non-paiement de salaires » car les employé-e-s n’en sont pas. Tou-te-s les coursier-e-s ont le statut d’auto-entrepreneurs/euses et sont payé-e-s toutes les deux semaines sur facture. Si les 160 salarié-e-s du siège de Take Eat Easy seront payé-e-s en juillet et si les coursier-e-s belges bénéficieront d’un fond débloqué d’environ 300.000 euros, ce ne sera pas le cas pour la France alors que c’est plusieurs centaines de milliers d’euros d’impayés pour les coursier-e-s.

Face à cette situation, des premiers collectifs de coursier-e-s se sont créé-e-s... et subissent déjà la répression patronale. Et si la solution vantée par Take Eat Easy est le changement d’entreprise vers la concurrence (pour un statut similaire), il n’est pas sûr que tou-te-s les coursier-e-s soient réembauché-e-s.

Mais c’est une dynamique globale qui doit être dénoncée. Ce que certain-e-s appellent l’« uberisation » de la société, à savoir le développement d’entreprises sans salarié-e-s de droit commun, disposant, en lieu et place, d’[auto]-entrepreneuses/eurs sous-traitant-e-s. Ces derniere-s, travailleuses/eurs non reconnu-e-s, ne bénéficient d’aucun droit du travail. Un parallèle peut être fait avec la généralisation du service civique prévue par le Parlement dans l’économie sociale et solidaire et les services publics (retrouvez la pétition ici) : non content de détruire le droit du travail, ce gouvernement appuie aussi le développement d’emplois déguisés en dehors.

L’Union Syndicale Solidaires, SUD commerces et services ainsi que Solidaires étudiant-e-s demandent une reconnaissance comme salarié-e-s (de plein droit) de ces emplois déguisés en « auto-entrepreunariat ».

Union Syndicale Solidaires : Solidaires.org // 01 58 39 30 20 // contact@solidaires.org
SUD Commerces et services : 01 40 55 58 22 // fdsudcommerce@yahoo.fr
Solidaires Etudiant-e-s : Solidaires-etudiant.org // 06 86 80 24 45 // contact@solidaires-etudiant-e-s.org

https://www.solidaires.org/Take-Eat-Eas ... -precarite
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede Pïérô » 18 Aoû 2016, 11:23

Les coursiers à vélo de Take Eat Easy tombent de haut

Des travailleurs « indépendants » n’ont pas perçu de salaire, en juillet, suite à la cessation d’activitédu service de livraison à vélo Take Eat Easy. Pour la première fois, une crise sociale d’ampleur secoue la plateforme numérique.

... http://www.humanite.fr/les-coursiers-ve ... aut-613660
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 23 Aoû 2016, 07:45

Fraude : ils roulent pour Uber au black

De nombreux chauffeurs de VTC de la célèbre plate-forme, que nous avons rencontrés, se plaignent de ne pas gagner suffisamment pour s'en sortir. Certains, en toute illégalité, ont cessé de déclarer leurs revenus.

Les huissiersdéfilent chez Antoine*. Télé, canapé, meubles... Depuis quelques semaines, petit à petit, au gré des saisies, sa vie sociale s'évanouit. Ce sont aujourd'hui les banques qui se remboursent. Demain, dans quelques jours, il le sait, le fisc et les Urssaf taperont, à leur tour, à sa porte. Car ce chauffeur francilien de VTC (véhicule de transport avec chauffeur) a joué avec le feu. « J'ai travaillé pendant quatre ans pour Uber. Mais, de l'été 2015 au printemps 2016, au moment où j'ai été pris en faute, je n'ai déclaré aucune activité au fisc et aux Urssaf. Rien du tout, alors que je continuais de conduire douze heures par jour », raconte ce jeune Francilien.

Lorsque les clients payaient leur course sur l'application Uber, cette plate-forme lui reversait la somme, amputée d'une commission de 20 %. Antoine, lui, installé comme autoentrepreneur, ne déclarait de son côté aucune activité aux autorités. En croisant les doigts pour ne pas avoir de contrôle. Une technique qui, selon Antoine, est très répandue chez les chauffeurs d'Uber. Carburant, location des rutilantes berlines, entretien... « Les charges fixes étaient trop importantes. Les prix pratiqués par Uber ne me permettaient pas de travailler en étant déclaré », raconte-t-il.

... http://www.leparisien.fr/economie/ils-r ... 059231.php
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 24 Sep 2016, 12:55

Exploitation 2.0 : quand des patrons font passer leurs employés pour des travailleurs indépendants

À l’image d’Uber, de Deliveroo ou de Take Eat Easy, les entreprises qui n’emploient plus leurs personnels mais les font travailler comme auto-entrepreneurs se multiplient. Alors qu’elles entretiennent avec ces travailleurs des liens de subordination, elles les précarisent en se débarrassant de leurs devoirs d’employeur (cotisations, congés payés, chômage, couverture maladie, etc.). Après l’enquête sur la start-up lyonnaise Shoops et ses démarcheurs et démarcheuses sous statut d’auto-entrepreneur, des membres du collectif d’entraide à la rédaction ont voulu cerner un peu mieux les enjeux de ces situations nouvelles avec la sociologue Sarah Abdelnour, l’une des rares à avoir étudié ce sujet.

... https://www.facebook.com/notes/le-progr ... 1816110244
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 16 Oct 2016, 15:24

UBERISATION : les prolétaires les plus exploités ne sont plus des salariés…

Si le capitalisme traverse une crise économique profonde, il ne manque pas d’imagination pour aggraver les conditions d’exploitation des travailleurs. Ses têtes pensantes sont capables d’utiliser à la fois les évolutions technologiques – comme toutes celles qui tournent autour de la « numérisation », de la « dématérialisation » de l’économie, de la production – et les aspirations à sortir de l’exploitation salariale qui peuvent s’exprimer dans diverses couches de la société. Les petits-enfants de Mai 68 pris dans la « macronisation » des rapports de production…

L’« ubérisation » concentre tous les avantages de l’individualisation et de la précarisation du travail : totale dépendance dans les charges et l’organisation du travail, tous les « risques » économiques à la charge du travailleur, avec des pressions individualisées et leurs conséquences en termes de risques dans le travail et de risques psycho-sociaux, des salaires misérables, des « charges » sociales allégées pour les employeurs, un camouflage du chômage…

Et l’extension de ces sous-statuts par-delà les frontières, dans leurs organisations comme dans leurs activités concrètes, ajoute aux difficultés de riposte.

Avec la loi travail, le gouvernement Hollande fournit aujourd’hui les moyens juridiques qui auraient pu faire défaut au patronat. De leur côté, les organisations syndicales ont bien du mal à construire un début de riposte. Traditionnellement, elles sont peu à l’aise hors de la défense des salariés « traditionnels ». Les luttes des femmes, des immigrés, des précaires, des saisonniers, des chômeurs ont toujours dû chercher d’autres voies que le syndicalisme organisé. Un nouveau défi au moment où l’empilage des contre-réformes, de la loi Macron à la loi travail, tend à siphonner l’ensemble des droits de toutes et tous.

Depuis le début des années 2000, le nombre d’actifs non salariés augmente. Ils sont désormais trois millions, soit environ un actif en emploi sur 10.

Assisterait-on à un retour en force de la petite-bourgeoisie traditionnelle, commerçants et artisans ? À un retour à la terre avec une augmentation du nombre de paysans ? Non. Cette hausse est due uniquement à l’essor du nombre d’auto-­entrepreneurs, un régime créé en 2008, désormais rebaptisés « micro-­entrepreneurs ». Ils sont aujourd’hui plus d’un million.

Vous avez dit « indépendant » ?

Beaucoup d’entre eux, souvent les moins qualifiés, sont des acteurs de l’économie « collaborative », mieux définie par les termes « économie du service à la demande ». Livreurs à vélo, chauffeurs, réparateurs, ils sont mis en relation avec des clients via des sites internet ou des applications mobiles. Ils sont indépendants juridiquement… mais subordonnés à des entreprises capitalistes.

En ayant recours à la sous-­traitance, à des « prestataires de service » externes, ces entreprises s’affranchissent des coûts et des « rigidités » du salariat. Plus de cotisations sociales. Plus d’indemnités de licenciement. Plus de salaires à verser quand l’activité baisse. C’est le retour du travail à la tâche. Pas besoin d’attendre que le code du travail soit complètement détricoté, il suffit de le contourner !

Le travailleur auto-entrepreneur n’a pas grand-chose d’un « indépendant » ; s’il l’est, c’est par rapport à ses collègues : atomisé, il n’est pas intégré à un collectif de travail, ce qui le fragilise vis-à-vis du capitaliste qui l’exploite.

La « fin du salariat » ?

Beaucoup d’auto-entrepreneurs sont donc des prolétaires surexploités qui gagnent bien moins que le SMIC. Cela se reflète dans le taux de pauvreté des travailleurs indépendants (18,8 %) largement supérieur à celui des salariés (6,3 %). Ainsi, un tiers des auto-entrepreneurs exerce en parallèle une activité salariée pour tenter de sortir de la pauvreté. Le passage de salarié à indépendant est parfois organisé directement par l’entreprise : 8 % des auto-entrepreneurs déclarent avoir créé leur entreprise à la demande de leur ancien ou futur employeur. Difficile de nier le lien de subordination ! Et Pôle emploi d’encourager les chômeurs à « créer leur propre emploi » en devenant auto-entrepreneur.

Hervé Novelli, l’inventeur de ce dispositif alors qu’il était secrétaire d’État de Fillon, rêve à voix haute de la « fin du salariat » qui n’aurait pas vocation à rester la norme dans une « société moderne ». Le danger d’une précarisation généralisée avec une désalarisation des travailleurs est bien réel. C’est pourquoi la bataille pour requalifier le contrat de prestation de services qui lie l’auto-entrepreneur à l’entreprise en contrat de travail est décisive. Tous les travailleurs doivent bénéficier des institutions salariales, fruit des luttes ouvrières. Avec, au-delà, l’objectif d’émanciper le travail de l’emprise du capital.

Gaston Lefranc et Robert Pelletier

http://2ccr.unblog.fr/2016/10/08/uberis ... -salaries/
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 19 Oct 2016, 07:35

UBERISATION DE LA SOCIÉTÉ.
Un exemple à Montpellier : la liquidation de la plateforme de livraison TAKE EAT EASY

Conférence de presse le jeudi 20 octobre à 16h au 23 rue Lakanal à Montpellier

La plateforme de livraison « Take Eat Easy » de repas aux particuliers a subit une liquidation judiciaire. Cela a eu pour conséquence le non paiement des « indemnités » des coursiers qui ont le statut de micro entrepreneur.

L’union syndicale Solidaires dénonce l’abus d’utilisation de ce statut par ce type d’entreprise :
• Face aux contraintes qui influent sur l’indemnisation, ils sont considérés comme des « salariés ».
• Aucune protection sociale n’est à la charge de la plateforme, alors que l’activité de livraison à vélo est à risque avec des accidents fréquents.
• Le paiement uniquement à la commission et non au temps de disponibilité nécessaire pour l’activité a pour conséquence un salaire horaire réel se situe bien en dessous du smic.

Pour dénoncer tous ces abus et proposer des améliorations qui les empêchent, Nous vous invitons à une conférence de presse le jeudi 20 octobre à 16h, dans nos locaux au 23, rue Lakanal à Montpellier

https://www.solidaires.org/Conference-d ... LA-SOCIETE
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede Pïérô » 14 Jan 2017, 20:36

Face à la contamination UBER : quel antivirus ?

Les conflits du travail des chauffeurs Uber ou VTC et des chauffeurs de taxis posent de redoutables problèmes de positionnement pour le syndicalisme, liés à la définition même du travail, du salariat, du Code du travail, et maintenant du Code commercial.

Le 15 décembre 2016, les chauffeurs VTC (Véhicule de transport avec chauffeur) liés à la plate-forme Uber se sont mobilisés fortement contre les dérives de leur employeur « de fait ». Mille d’entre eux ont bloqué l’autoroute vers Roissy-Charles de Gaulle, et partiellement le périphérique. Ils ont été reçu au ministère des transports, mais le conflit n’est pas terminé : des négociations sont théoriquement prévues avant le 31 janvier 2017. Cette lutte bienvenue montre que l’univers de travail dans le système Uber est loin d’être idyllique, alors que la communication du groupe étatsunien nous abreuvait jusqu’ici de rêveries sur la liberté du travail indépendant face au vieux système du salariat.

... http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=6098
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 25 Fév 2017, 16:22

« Tous entrepreneurs » ?
Chauffeurs Uber : au volant avec les prolétaires 2.0, « entrepreneurs » pour 3,5 euros de l’heure

Ils travaillent plus de 60 heures par semaine et gagnent moins que le Smic. Ce sont les chauffeurs VTC. Ils seraient autour de 20 000 en France. L’arrivée de la plateforme numérique Uber a suscité espoirs et vocations pour de nombreux exclus du marché du travail. Et la marque a tout fait pour attirer de nouveaux « partenaires », en particulier en Seine-Saint-Denis où le chômage dépasse les 18%. Derrière les promesses d’autonomie et d’activités rémunératrices, beaucoup découvrent la précarité, le salariat déguisé sans protection sociale, l’endettement et, au final, une nouvelle forme de soumission. Aujourd’hui en lutte, certains chauffeurs s’apprêtent à attaquer Uber en justice pour travail dissimulé. Reportage auprès de ces « uberusés » en colère.

... http://www.bastamag.net/Chauffeurs-Uber ... -au-volant
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede Pïérô » 08 Mar 2017, 21:57

Deliveroo débarque à Tours, et ce n’est pas une bonne nouvelle

L’entreprise spécialisée dans la livraison à vélo de plats cuisinés va s’installer en Indre-et-Loire. Son fonctionnement étant basé sur l’exploitation des livreurs, il n’y a pas de quoi se réjouir.

Dans les grandes villes où Deliveroo est déjà implantée, il n’est pas rare de croiser des groupes de cyclistes habillés aux couleurs de la boîte, les yeux rivés sur leurs smartphones. Ils se regroupent à des points stratégiques dans l’attente d’une commande qui les enverra chercher des plats préparés dans un restaurant, puis les livrer au domicile d’un client. Leur arrivée à Tours est annoncée pour le mois de mars 2017, et des « offres d’emploi » de coursier Deliveroo fleurissent sur les plateformes comme Jobijoba ou Direct-Emploi. Une première réunion d’information a d’ailleurs déjà eu lieu.

Contrairement au modèle traditionnel de livraison organisé par des pizzerias ou des restaurants de sushis, dont les livreurs sont salariés, le modèle Deliveroo fait appel à des travailleurs « indépendants », qui sont généralement auto-entrepreneurs. Les coursiers ne signent pas un contrat de travail, mais un contrat de prestation de services. Ce modèle, popularisé en France par l’entreprise Uber, est de plus en plus vivement critiqué. L’autoentrepreneuriat est devenu un outil utilisé par ces boîtes « pour faire bosser les gens sans gérer l’emploi, sans embaucher, sans payer de cotisations », comme l’explique la sociologue Sarah Abdelnour.

... https://larotative.info/deliveroo-debar ... -2096.html
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 09 Mar 2017, 16:33

Plateformes : Uber & Cie : oncle Picsou au pays du Net

Être son propre patron, organiser son travail en toute liberté et se verser des milliers d’euros de salaire chaque mois : les paillettes hi-tech de l’économie de plateformes cachent la réalité d’une exploitation bien plus triviale et n’ont pas tout à fait empêché la mise en réseau des colères.

Uber (et ses émanations comme UberEats), Deliveroo, AirBnb… les noms de ces symboles de « l’économie de plateforme », parfois dite « collaborative » sont aujourd’hui présentés tantôt comme des modèles de la réussite d’un capitalisme de start-up, tantôt comme des exemples de la dérégulation du capitalisme.

En 2016, le gouvernement français a passé son temps à danser le tango sur le sujet. En janvier, sous la pression des bailleurs classiques, il restreint les possibilités de location sur AirBnb à un accord du propriétaire. En juillet, il lance 25 « réseaux French Tech », destinés à soutenir les start-up françaises. Deux types d’acteurs sont en fait réellement pris en compte dans le débat public aujour­d’hui. Des créateurs de start-up d’une part, jeunes aux dents longues parrainés par Xavier Niel ou d’autres ; un patronat plus « classique » d’autre part, bien décidé à ne pas trop se laisser marcher sur les pieds par les jeunots.

L’envers du décor

Ceux et celles dont on parle moins, ce sont les travailleurs et les travailleuses de cette jolie « économie collaborative ». Livreurs, préparateurs, mais aussi informaticiens, juristes… et ouvriers.

Car depuis quelque temps, le capitalisme de plateforme ne se limite plus à quelques secteurs comme la livraison. De plus en plus de plateformes, comme MeilleurArtisan.com ou Doyouno, s’attaquent à des secteurs historiques comme le bâtiment. L’idée est à peu près toujours la même : un site Internet et/ou une « appli », lancée par une bande de jeunes tout juste sortis d’école de commerce, des investisseurs qui sentent la bonne affaire… et des travailleurs et travailleuses précarisé.es.

Car derrière le joli modèle de l’entreprise libre et innovante, se cachent généralement des conditions de travail lamentables, et des statuts ultraprécaires. Les modèles sont multiples, mais un élément est toujours présent : la constitution, parfois peu à peu, parfois dès le départ, d’un lien de subordination évident mais jamais admis.

Libéré.es, délivré.es ?

En théorie, les chauffeurs d’Uber, les coursiers à vélo de Stuart ou les serruriers de Doyouno n’ont aucun compte à rendre à ces entreprises. Et pour cause : ils n’en sont pas salariés. Sur le papier, ils sont – dans le cas d’Uber ou Stuart – auto-entrepreneurs, ou encore artisans. En réalité, les choses sont un peu différentes. Les coursiers à vélo, par exemple, sont régulièrement appelés par les plateformes, pour prendre telle ou telle course dont personne ne veut. Les chauffeurs Uber, quant à eux, doivent disposer d’un véhicule répondant à des normes bien précises, qui répondent à la volonté de la plateforme. Car celle-ci, toute virtuelle qu’elle soit, a des revenus bien réels, et ne peut tolérer que son capital souffre de la soi-disant liberté qu’elle accorde à ses travailleurs et travailleuses.

Les plateformes vantent régulièrement cette liberté, mettant en avant des statuts qui permettraient aux travailleurs et travailleuses d’organiser leur travail comme ils le souhaitent. Les plateformes de livraison, encore elles, expliquent par exemple combien les étudiants et étudiantes peuvent profiter d’horaires de travail « à la carte », adaptables en fonction de leurs études. Belle formule en effet. C’est oublier cependant les lourdes conséquences d’un tel système. N’étant pas salariés, les travailleurs et travailleuses se voient privé.es de toute la protection sociale associée au droit du travail. Les allocations chômage ? Pas pour eux, ils ne cotisent pas. La couverture en cas d’accident du travail ? Certainement pas fournie par l’entreprise, puisqu’on vous dit qu’elle n’est pas leur employeur ! Les salaires eux-mêmes, qui n’en sont pas sur le papier, peuvent varier sans aucune régulation.

Prenons l’exemple des coursiers à vélo. La plupart des plateformes fonctionnent sur la base d’un système de « shift ». Les coursiers et coursières s’inscrivent sur ces plages horaires de quelques heures, durant lesquelles ils n’auront le droit de refuser qu’un nombre limité de courses. En contrepartie, ils reçoivent une indemnité minimale pour chaque heure de cette plage. Cette indemnité peut tout à fait être inférieure au salaire minimum.

Chez Stuart par exemple, pour une heure de shift, on touche 9 euros brut (auxquels il faut encore soustraire les charges de l’auto-entrepreneur). Mais bien sûr, Stuart met en avant le fait que ce n’est qu’un « minimum garanti » : pour chaque course, les livreurs et livreuses touchent aussi une indemnité, et le total peut dépasser ce minimum.

Gagner 4 000 euros… ou pas

L’idée est toujours plus ou moins la même, et aurait plu à Sarkozy, le chantre du « travailler plus pour gagner plus ». Et les plateformes n’hésitent pas à communiquer sur le sujet, faisant miroiter des payes à 4 000 euros par mois quand ce n’est pas plus, à condition de travailler beaucoup.

Stuart met ainsi en avant son « podium du mois », des coursiers qui ont gagné le plus. En travaillant dix heures par jour, sept jours sur sept, ces derniers parviennent en effet à gagner plusieurs milliers d’euros. Mais, au-delà du fait que la durée légale du travail n’est dans ces conditions plus qu’un souvenir lointain, ces cas sont en fait plutôt rares. La plateforme impose un nombre limité de coursiers sur un même secteur et créneau horaire, mettant ces derniers en concurrence les uns avec les autres. Seul.es les plus rapides à se connecter à l’application auront la chance d’obtenir les shifts les plus rentables. Les autres devront se contenter de ce qu’il reste, sans que Stuart n’ait à rendre aucun compte.

Take eat… and leave it

Au-delà du cas des coursiers, les plateformes ont donc depuis quelques années largement exploité un système dans lequel les travailleurs et travailleuses assument tous les risques (physiques ou économiques), et l’argent coule à flots. En profitant de l’inaction d’États paralysés par la crise et soucieux de mettre en avant leurs jeunes talents producteurs de croissance, elles ont pu se gaver tranquillement sur le dos des salarié.es.

Le cas Take Eat Easy en est l’exemple parfait : une start-up montée par de jeunes loups, qui finira trois ans plus tard en redressement judiciaire, laissant certains coursiers avec plusieurs milliers d’euros d’impayés. Le communiqué de la fondatrice du groupe ne trouve rien de mieux à faire que de déclarer que l’entreprise a « connu une croissance mensuelle de plus de 30% » [1]. Les coursiers et coursières laissé.es sur le carreau apprécieront : la croissance était là, contrairement aux salaires. Le journal L’Écho ne s’y est pas trompé, et a poussé le vice jusqu’à déclarer les fondateurs de Take Eat Easy « personnalité de l’année » 2017, saluant « l’inspiration que cette aventure entrepreneuriale génère » [2]… Aujourd’hui, un an après la faillite de la start-up, les coursiers attendent toujours leurs impayés.

Alors, les plateformes auraient-elles achevé la mue du capitalisme, en sapant les droits des travailleurs et travailleuses jusque dans leur base juridique, en attaquant leur statut ? Leur capacité à dégager des fonds très importants serait-elle l’obstacle imparable, susceptible d’empêcher toute réaction de la société ? Pas sûr. Les manifestations de chauffeurs Uber, ou de coursiers de Take Eat Easy, montrent bien que les capitalistes n’en ont pas fini avec la colère de celles et ceux qu’ils exploitent.

C’est aux États-Unis que les premières luttes victorieuses ont été menées par les travailleurs du capitalisme de plateforme. En 2013, en Californie, des chauffeurs Uber ont ainsi intenté une class-action en justice, de manière à faire reconnaître qu’ils et elles étaient en réalité des salarié.es de la plateforme.

Après de multiples audiences, et la reconnaissance par le California labor commissioner (le commissaire au travail de l’État de Californie) du caractère salarié de l’activité, les chauffeurs ont contraint Uber à payer 100 000 dollars pour régler l’affaire… jusqu’à la prochaine fois.

Depuis, d’autres grèves, actions en justice, manifestations et autres formes de luttes ont eu lieu un peu partout. L’Angleterre quant à elle, a été le théâtre de grandes grèves de coursiers, en particulier ceux de Deliveroo. Ces derniers ont pour particularité de se réunir entre les courses, et donc de disposer d’espaces communs, propices à l’organisation collective. À l’été 2016, ils et elles décident de se mettre en grève, notamment pour protester contre les conditions de rémunération. L’entreprise souhaitait alors passer d’une rémunération horaire de 7 livres à… 3,5 livres ; 50 % de baisse de salaire d’un coup, même Bernard Arnaud n’aurait pas osé ! Depuis cette date, les travailleurs et travailleuses de Deliveroo continuent de s’organiser, notamment avec ceux d’Uber et UberEats. Ils ont notamment monté Rebel Roo, un bulletin d’information sur les luttes à destination de leurs collègues, qui devrait permettre à l’avenir une expansion plus rapide des grèves.

En France, c’est un collectif de coursiers et coursières, fondé à la suite de l’affaire Take eat easy, qui concentre les mobilisations. Cultivant une certaine proximité avec les réseaux du PS et du PG, il reste pour le moment relativement peu actif dans des luttes réelles, mais a le mérite d’exister.

Le retour de bâton

Depuis que la lutte des classes existe, les capitalistes ont toujours su faire jouer une colère contre une autre pour mieux servir leurs intérêts. Mais cette colère est toujours à double tranchant, et Marx expliquait déjà dans Le Capital qu’elle finirait par se retourner contre eux.

C’est ce à quoi l’on assiste dans le cas d’Uber en France. Les premières fois que l’on a entendu parler de ces chauffeurs, c’était dans le cadre des manifestations de taxis à l’été 2015 [3]. Pendant qu’Uber et G7, les principaux groupes de VTC et de taxis se remplissaient les poches, on assistait au désolant spectacle de chauffeurs ayant le même travail, s’affrontant parfois physiquement devant les aéroports. Le gouvernement y est allé de son médiateur, pour régler l’affaire. Mais aujourd’hui, ce sont les chauffeurs Uber qui se lancent dans la bataille, cette fois contre la plateforme elle-même.

Depuis le mois de décembre, des manifestations et des actions en justice ont été organisées pour obtenir d’Uber une révision des tarifs, et de l’État des requalifications des statuts en contrat de travail classique. Si le syndicalisme dans le secteur n’est pas des plus révolutionnaires (l’Unsa et la CFDT sont les principales organisations présentes aux négociations), rien ne dit qu’il ne pourrait pas le devenir. Car à force de destruction du Code du travail et de diminution des salaires, les travailleurs et travailleuses pourraient finir par prendre les start-up au mot, et commencer à se soulever.

François Dalemer (AL Paris-Sud)


[1] https://medium.com.

[2] http://www.lecho.be.

[3] https://quartierslibres.wordpress.com.

http://www.alternativelibertaire.org/?P ... cle-Picsou
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 11 Mar 2017, 18:05

Economie : Plateformes : pour le capital, c’est tout bénéf’ !

Les nouvelles plateformes numériques « collaboratives » ouvrent de nouveaux horizons de profits pour les capitalistes… et d’exploitation renforcée pour les travailleurs et les travailleuses.

En juillet 2016, la faillite de Take eat easy (TEE) faisait les choux gras de la grande presse, qui après avoir fait l’apologie de cette nouvelle économie « collaborative », se retrouvait – encore une fois – surprise par un échec pourtant pas si difficile à prédire [1] . Que nous apprend ce secteur de l’économie numérique sur les nouvelles stratégies capitalistes ?

Il importe tout d’abord de contextualiser cette faillite dans le panorama de la survalorisation générale des entreprises technologiques par le capital. Les sociétés à forte composante technologique ont une très nette facilité à lever des capitaux très importants alors que leur rentabilité réelle est loin d’être atteinte. Ce qui leur fait risquer, plus ou moins rapidement, d’entrer en crise lorsque les investisseurs veulent réclamer leur dû. La fuite en avant technologique, à la recherche de profit, a elle-même pour toile de fond l’incapacité du capitalisme à dégager un modèle stable d’accumulation depuis la crise du système fordiste. Il faut donc dépasser la mystification de la nouveauté technologique pour percer à jour les réelles dynamiques qui se jouent.

Un acteur qui bouleverse les parts de marché

Ces sociétés de l’économie dite « collaborative » tentent de coloniser une série de secteurs dont les marges bénéficiaires sont faibles (comme dans le cas d’Uber), ou qui n’étaient même pas des fractions autonomes de capital. Par exemple, avant les plateformes comme Take eat easy ou Deliveroo, la livraison des repas ne constituait pas un secteur autonome par rapport aux restaurants. Ce nouveau secteur réalise tout d’abord une ponction des profits du secteur de la restauration, dans la mesure où la majorité du profit n’est pas supporté par le client (qui ne paie qu’un petit coût forfaitaire d’environ 2,50 euros), mais par le restaurant qui sacrifie son propre bénéfice sur la livraison effectuée par la société spécialisée. En ce sens, on peut considérer que Take eat easy et les autres sociétés de livraison jouent un rôle de régulateur de la « modernisation » au sein de la restauration : seuls les restaurants les plus rentables peuvent se permettre le service de ces sociétés sans que cela n’engage leur survie.

Mais les autres sont, malgré tout, contraints de signer leur contrat faustien avec TEE et autres, car la perte de visibilité en cas d’absence de leur enseigne sur ces plateformes les condamnerait à une perte de revenu significative. Cela pousse donc les producteurs (les restaurateurs) à rationaliser toujours plus leurs procédés de production et de vente, et à maximiser les profits pour récupérer leur marge.

Ainsi, le cœur de l’avancée technologique du point de vue de la valorisation globale du capital de ces sociétés est la rationalisation de la production et de la livraison. D’une part, elles obligent les restaurants à être les plus rapides dans leurs temps de préparation et, d’autre part, elles exigent de pouvoir prédire le temps exact de préparation d’une commande, car le logiciel doit être capable de géolocaliser le coursier ou la coursière pouvant se rendre au point A (restaurant) et au point B (client). Ce système permet théoriquement de couvrir un maximum de livraisons avec une flottille minimum de coursiers et coursières. Cette « modernisation » passe aussi par une unification du marché, unification horizontale car elle met en concurrence l’ensemble des restaurants d’une ville sans limites géographiques, et verticale parce que ce sont des restaurants de gammes très différentes.

La possibilité d’optimiser ainsi les flux de production s’appuie sur les zones grises du droit du travail dans le secteur de l’Horeca (Hotellerie, restauration et cafés) : une main-d’œuvre précaire, travaillant souvent en dehors de toute légalité et où l’implantation syndicale est quasi nulle. Même si ici les sociétés de livraison ne sont pas « directement incriminables » on ne peut que constater que le flirt avec la légalité fait partie intégrante de ces nouveaux secteurs. Ils évoluent dans les failles ou les marges du droit du travail. Le contrat de travail entre les coursiers et coursières à vélo et les sociétés de livraison montre bien comment ces dernières, dissimulées derrière un contrat d’indépendant, échappent à toute responsabilité. Une fois consolidées, ces sociétés n’ont pas pour but de rester dans ces zones d’ombre mais au contraire de peser du poids qu’elles ont acquis pour faire infléchir le droit du travail et légaliser la situation qu’elles ont imposée de facto. Elles créent ainsi de nouvelles failles dans lesquelles pourront s’engouffrer d’autres secteurs du capital.

Néanmoins, la ponction du profit des restaurants évoquée plus haut est souvent insuffisante pour parvenir au seuil de rentabilité. L’objectif est donc d’atteindre le monopole sur un marché pour commencer, d’une part, à dégager du profit (en écrasant progressivement le salaire des coursiers et coursières, plus attractif au départ pour fixer la main-d’œuvre) et, d’autre part, pour pouvoir augmenter les prix payés par les clients et clientes qui se font livrer.

Lors de la conquête d’un marché, la société est dépendante de deux éléments : ses réserves financières (et/ou sa capacité à lever des fonds sur les marchés), et sa communication. La communication est la pierre angulaire de la stratégie commerciale et d’extension de ces sociétés. Elles doivent se construire une image en direction de quatre acteurs différents :

– Les investisseurs qui doivent avancer les fonds à une société aux profits précaires comme nous l’avons vu.

– Les restaurants qu’il faut convaincre de participer à la plateforme et donc sacrifier une partie de leur revenu

– Les livreurs et livreuses qu’il faut amener à consentir à des conditions de travail très précaires

– Les clients et clientes pour qu’ils et elles commandent via sa plateforme.

On comprend, dès lors, l’importance pour le management de construire un récit et une image qui puisse répondre à ces exigences. L’échec de TEE par rapport à ses concurrents (soutenus plus directement par des fonds d’investissements) est plutôt venu du versant financier et de l’incapacité à lever de nouveaux fonds.

On comprend aussi que la seule stratégie viable pour ces sociétés est d’employer une force de travail payée au minimum, en imposant des contrats de type indépendant (ou auto-entrepreneur en France) aux coursières et coursiers, et en ponctionnant du salaire socialisé. Les stratégies de recrutement de cette force de travail en témoignent largement : c’est un public jeune qui est visé, de préférence avec un statut étudiant (pour bénéficier des réductions de cotisations et diminuer le salaire) ; l’activité de coursier ne doit être que complémentaire à une autre, ce qui justifie une très grande flexibilité dans l’organisation (horaires, conditions de travail, rémunération), et qui est censé décourager aussi l’organisation collective en vue d’améliorer une telle activité secondaire. Dans les faits, pour certains l’activité de livreur ou livreuse est la seule exercée, ce qui change crucialement leur rapport au travail. Enfin, la disparité des contrats (statut étudiant ou non, activité de coursier principale ou secondaire) entrave également l’action collective.

Ces considérations sont valables pour la force de travail chez TEE, où les 1 200 coursières et coursiers sont chapeauté.es par 150 postes aux fonctions commerciale, logistique, de développement du logiciel, de SAV, etc. Des postes cette fois en CDI, à haute qualification et bonne rémunération. Ces salarié.es sont bien souvent considéré.es comme partie intégrante du management.

Nouvelles sources de valorisation

Quels sont les enseignements à tirer de cet examen du secteur de la distribution high-tech ?

Premièrement, une société peut lever plusieurs centaines de millions d’euros avant même de faire le moindre profit ou même que son modèle économique n’ait démontré sa viabilité. Cela révèle la situation de crise dans laquelle se trouve le capital global, qui cherche désespérément de nouvelles sources de valorisation.

Deuxièmement, les déclarations publiques des fondatrices et fondateurs de la société Take eat easy expriment un réel détachement par rapport à l’échec de leur entreprise, qui révèle leur profond cynisme : ils parlent de la fin d’une belle histoire tout en mettant plusieurs milliers de personnes à la porte (dont certaines ne seront même pas payées pour leur dernier mois de travail). Troisièmement, si de telles sociétés trouvent une main-d’œuvre adaptée à leurs besoins, c’est la conséquence des différentes attaques sur les rémunérations hors emplois (allocations d’études, bourses, chômage, etc) qui précarisent les conditions de vie des futur.es coursiers et coursières.

Quatrièmement, l’un des éléments les plus importants à souligner dans notre analyse est l’utilisation de la technologie. Elle est d’abord employée, comme nous l’avons vu plus haut, à la rationalisation du processus de production d’un secteur jusque-là assez indépendant du capital global et de ses nouvelles méthodes de valorisation, mais elle est surtout une manière de lier et d’intégrer cette fraction autonome au capital global et d’ainsi moderniser un secteur relativement arriéré du capital.

Ces différentes plateformes représentent donc clairement l’un des secteurs à l’avant-garde des réformes actuelles du capital. Ce secteur doit donc être au centre de l’attention et des analyses des révolutionnaires s’ils et elles veulent tâcher d’intervenir et de bloquer le travail de sape sur les conditions des travailleuses et travailleurs au-delà même de ces plateformes.

AL Bruxelles

[1] Cet article a été publié initialement sur le site d’AL Bruxelles (août 2016).

http://www.alternativelibertaire.org/?E ... es-pour-le
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 18 Mar 2017, 20:19

Les opérateurs des cars Macron cherchent encore leur modèle économique

Comment vont les cars Macron ? A l’occasion d’un premier bilan sur une année calendaire complète – 2016 –, l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) a levé, vendredi 17 mars, un coin du voile sur ce jeune secteur du transport public français.

Libéralisée en septembre 2015 par le ministre de l’économie d’alors, Emmanuel Macron, l’activité de transport par autocar sur longue distance a permis de faire voyager 6,2 millions de personnes en 2016 – et 6,9 millions depuis le début de l’expérience. Pas si mal. Mais, à y regarder de près, des questions se posent sur la pérennité du modèle des cars Macron et sur la consistance de ce succès.

Il y a d’abord le fléchissement de la fréquentation au quatrième trimestre. Les cars Macron ont transporté 1,56 million de passagers entre octobre et décembre 2016, contre 2 millions au trimestre précédent. Rien d’affolant, puisque les trois derniers mois de l’année écoulée se comparent avec ceux des grandes vacances d’été. Une baisse cohérente avec celle enregistrée dans « tous les autres modes de transport de voyageurs », relève d’ailleurs l’Arafer dans le communiqué qui accompagne la diffusion des chiffres.

... http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... ROPfJLE.99
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede Pïérô » 02 Avr 2017, 10:05

Radio : Nouvelle économie et luttes
l’Egregore du 27 Mars 2017

L’appellation d’économie « collaborative » ou « du partage » (en anglais sharing economy) est ambiguë. Elle renvoie généralement à une diversité de pratiques telles que la recirculation ou la production décentralisée de biens ou de services. Ces pratiques ne sont en elles-mêmes pas forcément nouvelles (par exemple, le covoiturage existe depuis longtemps) mais, du fait qu’elles sont coordonnées par les plateformes numériques, elles acquièrent une ampleur inouïe jusqu’ici. L’économie des plateformes collaboratives s’est imposée en quelques années comme un phénomène incontournable, en grande partie en raison de la croissance impressionnante des principaux acteurs comme Uber ou Airbnb.

L’ubérisation (un néologisme devenu tellement populaire qu’il bénéficie déjà d’une entrée dans l’édition 2017 du Petit Robert), peut être défini comme l’utilisation des nouvelles technologies par un nouvel intermédiaire (l’opérateur de plateforme), pour capturer une partie de la chaîne de valeur au détriment des intermédiaires traditionnels. Nouvelles formes de travail c’est-à-dire nouvelles formes d’exploitation ? Pas vraiment si l’on considère que les conditions de la précarité des travailleurs « indépendants » reprenne les vieilles antiennes du capitalisme des origines (tâcheronage, travail a la pièce et sans protections sociales.

Avec Jérôme, ancien livreur à vélo et animateur de collectifs de travailleurs, nous revenons sur les possibilités pour ces derniers de combattre ces mastodontes de la « nouvelle » économie.

émission à écouter : http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article1938
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