PROPOS SUR LA PRECARITE

PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede Paul Anton » 09 Jan 2009, 12:51


PROPOS SUR LA PRECARITE

Dans ce pays en 2006, on comptait trois millions de personnes touchées par la précarité (dont 800 000 stagiaires), sans manquer d'y rajouter 1,2 millions de salariés contraints au sous-emploi et 3,4
millions d'allocataires de minima sociaux.

Dans ce pays en 2006, on comptait trois millions de personnes touchées par la précarité (dont 800 000 stagiaires), sans manquer d'y rajouter 1,2 millions de salariés contraints au sous-emploi et 3,4 millions d'allocataires de minima sociaux.

Qu'est-ce que la précarité ?

Elle nous renvoie à cette époque du travailleur journalier attendant de très longues heures pour décrocher une embauche auprès du contremaître. Il n'est plus à douter que celle-ci est devenue le moteur de l'histoire du capitalisme occidental. Il va sans dire que la précarité est un vecteur normatif sur le plan de la socialisation de la force du travail.

L'intérimaire est une figure nomade qui va sans cesse d'une entreprise, d'une unité de production à une autre (la flexibilité), voire d'un site à un autre (l'externalisation).

Dans un premier temps, petit à petit, elle a réussi à s'imposer comme le nec plus ultra de la gouvernance de l'appareil de production (le secteur nucléaire a été le champ d'application expérimental) avant de conquérir tous les plans de l'existence, que l'on peut traduire par le délitement du lien social. Quelle plus parfaite illustration que cette maxime, "Tout est précaire", de Laurence Parisot du MEDEF, teintée d'un cynisme hors pair, notifiant le cri de victoire de la réaction.

Pour s'en convaincre, il suffit de prendre ces deux simples exemples très évocateurs : la réception du SMS pour aller en mission et la recherche par Internet pour décrocher un emploi. Bien sûr, il faut traverser au préalable avec succès une présélection dictée par les DRH et les cadres sondant l'employabilité de l'individu : être corvéable à merci suppose le profil-type avec le sourire, c'est une règle d'or.

Ainsi, tous nos moindres faits et gestes se doivent au maximum d'être calculés et anticipés, si l'on veut être reconduit dans ses contrats de missions. Désormais, nous sommes à chaque instant des entrepreneurs et des gestionnaires qui se doivent d'être rentables afin de répondre et de se soumettre à la discipline de la trinité : productivité, profit et croissance (au nom de la sainte guerre économique que livre le capitalisme). Dans la grande distribution du bricolage, la moindre erreur de jugement au cours d'un inventaire est sanctionnée d'un renvoi sur-lechamp. D'un coup de crayon, la secrétaire zélée rayera votre numéro (en l'occurrence T6) des effectifs de la journée. On fera comprendre à l'intérimaire qu'il n'est pas dans son intérêt qu'un rapport remonte à l'agence. Dans ce cas-là, il vaut mieux déchirer son contrat de mission en douce. Ne parlons même pas du manque de sécurité dans certains cas précis (absence de casque, par exemple).

Et, pire encore, la perception et la représentation du temps se trouvent complètement métamorphosées, jusqu'à en perdre la maîtrise : mobile, mobilisable et démobilisable du jour au lendemain, de la seconde à la minute. Ce n'est plus un temps dicté par le rythme de la nature, ni par les horloges apparues en nombre au XVIIIème siècle, mais bel et bien par les besoins de la production marchande ("flux tendu", etc.). Si on tient compte que l'Internet et le téléphone portable imposent et structurent un rapport à l'immédiateté, interférant sur la capacité à se projeter dans le futur, nous sommes dans un temps complètement fragmenté et paradoxal dans lequel le court et le long terme sont indifférenciés. Sans y prendre garde, ces prothèses communicationnelles concourent sournoisement à l'instauration d'un contrôle social qui se généralise et se banalise : connaître le lieu où l'on se trouve à tout instant. La précarité acte un brouillage de la frontière entre la sphère privée et publique qui entérine un état permanent d'attente, engendrant de la fatigue et du stress, quand ce n'est pas simplement de la peur et de l'angoisse : vivre sous la menace d'un blanc sur son C.V. et de la remarque qui en découlera lors de l'entretien pour inhiber le candidat en le plaçant dans une position de faiblesse (technique de recrutement).

Quelque part, le C.V. a remplacé le carnet de l'ouvrier. Celui-ci vaut des stages ou des ateliers divers où l'occasion est donnée aux participants (chômeurs et intérimaires) de confronter leur expérience (de la scolarité à leur entrée et parcours sur le marché du travail) en s'annotant pour qu'ils le remettent en bonne et due forme. Présenté des fois sous l'habit du travailleur social, l'animateur (ou l'animatrice) – ayant fait ses armes en tant que DRH - saura user sciemment, sauf à l'insu de son plein gré, de la violence symbolique. Savoir se vendre, telle serait cette "éthique" basée sur le recours au sentiment de pitié.

N'omettons pas que la précarité engendre quelque chose de tout aussi préjudiciable comme la mise en concurrence brutale et directe de l'intérimaire qui vend sa force de travail, même si l'intérimaire jaune s'accommode parfaitement de cette situation ; tandis que les agences d'intérim savent s'entendre pour appliquer une clause de non-concurrence dans l'obtention des parts de marché : c'est-à-dire qu'un intérimaire ne peut postuler pour un poste d'ouvrier spécialisé en passant par deux agences d'intérim pour la même usine d'agroalimentaire par exemple. Elles se partagent donc les secteurs de l'appareil de production par des antennes (l'agroalimentaire, l'automobile, le bâtiment, le secrétariat, etc.). Les agences d'intérim sont en vérité des annexes de réseaux ou de groupes d'entreprises qui peuvent placer des fonds pour se servir directement à volonté en main-d'oeuvre. Elles ne sont que l'extension du conglomérat et de l'oligopole, d'où l'intérêt de connaître le montage juridique et d'ouvrir les livrets de compte pour mettre fin à l'opacité. En faisant déjà oeuvre d'officines de placement, elles concurrencent l'ANPE et la poussent vers sa restructuration et son démantèlement. C'est l'intérim nouvelle génération avec son marketing glamour !

Petite remarque : l'intérimaire n'est pas une figure unifiée ou un corps social monolithique, le "précariat". Ce dernier ne s'est pas également substitué par excellence au salariat de type ouvrier-masse des grandes usines, en particulier de l'automobile des années 70, comme certains aimeraient à le théoriser. La composition sociologique de l'intérimaire est relativement complexe puisqu'elle comprend tous les secteurs en incorporant l'intérimaire non-qualifié (l'ouvrier spécialisé, l'employé, …) et l'intérimaire qualifié (l'ouvrier qualifié, le petit chef et même le cadre). De plus, ces deux catégorisations se subdivisent en d'autres, telles que l'intérimaire transitoire, occasionnel et régulier, selon plusieurs critères : la fluidité de l'offre et de la demande qui pèse sur le volant des commandes, l'annualisation du temps de travail, les contraintes de la force de travail (l'arrêt maladie, l'usure…) ainsi que sa valeur, qui reste encore trop élevée face à la concurrence des PECO (Pays d'Europe Centrale et Orientale) et des NPI (Nouveaux pays industrialisés).

Le mouvement de lutte contre le CPE/CNE de 2006 a sonné comme un coup de semonce. Devant ce danger, l'ordre du discours de la classe dominante (les bourgeois, les patrons, les parvenus, les politiques,…) s'est replongé dans celui des moralistes-mercantilistes, des évangélistes et des méthodistes : se lever tôt, trimer dur, ne pas rester à ne rien faire, le temps est précieux, et c'est de l'argent… N'a-t-on pas entendu, de droite et de gauche sur l'échiquier politique, qu'il fallait réhabiliter le travail ? Ce n'est pas trop grave pour le syndicalisme réformiste, si cela suppose la flexisécurité. Le contraire n'est pas étonnant quand on sait que celui-ci a signé tous les accords de restructuration. Ce n'est que la faillite du socialisme réformiste et de ses variantes, qui croient encore inscrire le progrès dans l'évolution du capitalisme et son développement incessant des forces productives, cet avatar historique d'un certain matérialisme historique étroit. S'il ne veut pas rester en porte-à faux, l'anarchosyndicalisme se doit de continuer à s'armer théoriquement en discernant tous les aspects de la précarité et du capitalisme. Cependant, la rationalité et la pertinence de l'analyse politique ne suffisent pas à être comme un poisson dans l'eau parmi la masse. Il s'agit bien de susciter le désir de contestation de cet état de fait qu'est la précarité et, au-delà, le salariat lui-même avec tout ce qu'il véhicule et engendre : abrutissement, épuisement, irritabilité, etc. Car 'anarchosyndicaliste est un agitateur qui sait que le trouble social est une aubaine pour le caractère spontané de la lutte : les récents débrayages nous en fournissent la preuve éclatante, malgré l'aspect trade-unioniste de la revendication immédiate. Ils ont au moins le mérite de briser la résignation ambiante.

Voilà bien qui mérite de remettre à l'ordre du jour trois questions essentielles :
A quoi sert le travail en acte et puissance ?
Quelle est donc sa finalité (et, par-là même, la nôtre) ?
Ne saurait-il se réduire qu'au salariat ?
Cela suppose de définir la richesse et la pauvreté…

Paul-Anton, CNT-AIT de Caen

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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede luco » 09 Jan 2009, 14:31

Très intéressant.

Ce n'est que la faillite du socialisme réformiste et de ses variantes, qui croient encore inscrire le progrès dans l'évolution du capitalisme et son développement incessant des forces productives, cet avatar historique d'un certain matérialisme historique étroit.


J'ajouterais qu'on peut mettre le léninisme, le stalinisme... dans les avatars de ce matérialisme historique étroit.

Le léninisme se distingue du réformisme social-démocrate par sa stratégie révolutionnaire de renversement de la bourgeoisie capitaliste privée, mais pour l'essentiel, issu de la matrice social-démocrate allemande, post-Marx, lassalienne même, il endosse sur le fond le même projet politique et économique (socialiste bourgeois) nourri de progressisme, de scientisme, et de leurs traductions dans l'ordre de la production : taylorisme, fordisme...

D'où le peu d'attention portée aux formes de domination concrète du capitalisme : soumission à la machine, division abrutissante et mutilante des tâches, hiérarchie, encasernement, uniformité... dominations que l'on retrouvera sans guère de questionnement dans le capitalisme d'état soviétique.
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede Minga » 15 Jan 2009, 03:21

En 2006, on comptait non pas trois mais au moins dix millions de précaires, dont 3 500 000 chômeuses et chômeurs au 31/12/2006 (DEFM 1 à 8), 800 000 stagiaires, 3.5 millions de bénéficiaires de minimas sociaux, ...
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede ivo » 29 Mai 2012, 10:13

30 millions d'enfants pauvres dans les pays riches
fr info
L'Unicef révèle l'ampleur de la pauvreté des enfants des pays dits "riches". Ils sont 13 millions en Europe. Paradoxe : la France est le pays qui dépense le plus pour la famille mais figure au milieu de l'étude, en 14e position sur 35 pays.

Image
Un enfant reçoit de la nourriture à l'Eglise orthodoxe de Grèce à Athènes, le 22 décembre 2011 © Reuters Yiorgos Karahalis

Le rapport, accablant pour les pays dits "économiquement avancés" dénombre 30 millions d'enfants pauvres sur les 200 milions d'enfants des pays étudiés par l'association humanitaire. Il s'agit de l'Europe des 27 plus la Norvège, l'Islande, l'Australie, le Canada, les Etats-Unis, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Suisse.

La pauvreté, notion subjective, est inhérente à chaque société. Le rapport s'attache donc à mesurer la pauvreté relative à chaque pays. Ainsi, plus d'un enfant roumain sur quatre vit dans un foyer en dessous du seuil de pauvreté national, presqu'autant qu'aux Etats-Unis (23,1%). A l'opposé, l'Islande compte 4,7% d'enfants pauvres. En France, ce taux atteint 8,8%, soit 1.300.000 enfants, dont la moitié sont mal logés, et 20.000 sans domicile fixe.

La France championne des dépenses familiales

Le rapport pointe les carences de certains Etats, dont la France, dans la prise en charge de ce problème. Avec 3,7% du PIB affecté aux allocations familiales, services et allègements d'impôts, la France est championne des dépenses en faveur de la famille, suivie de la Suède et du Royaume-Uni. Si la politique familiale française permet de diminuer de moitié la pauvreté des enfants, la Belgique et le Danemark sont nettement plus performants avec des dépenses moindres.

En France, 10% des enfants connaissent des privations

L'association humanitaire mesure également les privations subies par les enfants. Trois repas par jour, des fruits et légumes frais, des livres adaptés, un endroit calme pour les devoirs et une connexion internet, voire... des chaussures : 14 critères ont été retenus. Parmi les pays les plus riches, la France (10,1%) est la seule, avec l'Italie (13,3%), à dépasser le seuil de 10% d'enfants en situation de privation. Les démocraties scandinaves et nordiques sont les plus préservées (3%), à l'opposé de la Roumanie (70%) et de la Bulgarie (50%).

D'un point de vue social, la pauvreté touche davantage les enfants dont les parents ont des problèmes d'emploi (47% en France contre 43% en moyenne), ou de familles migrantes (20,5% contre 16%), que les familles monoparentales ou dont le niveau d'instruction est faible.

Personne en devenir et en situation de dépendance, l'enfant subit les conséquences d'une pauvreté sur laquelle il n'a pas de prise. Avec le risque de la connaître à l'âge adulte.
Plus encore par temps de crise, l'UNICEF plaide pour la création d'un observatoire national et d'un droit à la compensation de la pauvreté. François Hollande a fait de la jeunesse l'une des priorités de son quinquennat, l'UNICEF entend le rappeler à ses engagements.

À télécharger

Rapport de l'UNICEF : la situation en France
http://www.franceinfo.fr/sites/default/ ... France.pdf
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede indignados » 29 Mai 2012, 22:01

Ce soir a eu un documentaire très intéressant

Ce soir sur ARTE

Documentaire

Enfants forçats

Société par Hubert Dubois



Petits creuseurs des mines d'or burkinabaises ou des mines de mica indiennes, mendiants touaregs dans les rues de Ouagadougou, gamins des décharges en République dominicaine, petites Mexicaines ouvrières agricoles dans les champs de tabac ou de piment aux Etats-Unis : dans le monde entier, des enfants sont réduits en esclavage. Auteur de «L'Enfance enchaînée» en 1992, Hubert Dubois reprend son enquête vingt ans plus tard. Il rencontre ainsi l'Indien Kailash Satyarthi, fondateur d'une ONG qui libère les enfants esclaves pour les envoyer à l'école. Cet infatigable activiste parvient à mettre face à leurs responsabilités les grandes industries du tapis, de la chaussure de sport, du tabac, du cacao ou de la confection, les obligeant à faire le ménage dans leurs chaînes d'approvisionnement.



Enfants forçats (Bonus 3/4) - videos.arte.tv

La critique TV de télérama du 26/05/2012

Le réalisateur Hubert Dubois poursuit son plaidoyer contre le travail forcé des enfants amorcé dès 1992 avec L'Enfance enchaînée. Dans ce nouveau film, il dénonce les conditions inhumaines de labeur auxquelles sont soumis, aujourd'hui, les plus jeunes en Inde, en République dominicaine, au Burkina Faso, mais aussi aux Etats-Unis. Corvéables à merci, ces petits ouvriers, victimes de conflits géopolitiques, de drames personnels, d'abus familiaux, sont réduits à l'esclavage par des entreprises dénuées de tout scrupule.
Filmé au plus près du regard des enfants, avec délicatesse et ­lucidité, le documentaire dévoile le sombre univers des métiers les plus pénibles infligés, dès l'âge de 6 ans, aux petites recrues — des séquences d'une rare violence, tournées lors des raids militants faisant irruption dans les ateliers de patrons mafieux.
Des mines d'or d'Afrique aux champs de Caroline du Nord, on découvre avec épouvante les dessous d'une économie mondiale fondée sur le travail des enfants, au profit de corporations internationales préférant ignorer ces modalités de production. Mais ce film coup de poing ne se contente pas de dresser un état des lieux : en donnant aussi la parole aux enfants, il leur restitue leur dignité volée. — Dominique Godrèche

Suivi d'un débat. Voir aussi le dossier sur le travail des enfants sur arte.tv/travail-enfants.
Dominique Godrèche

Enfants forçats (Bonus 3/4)

Burkina Faso: Dans les zones rurales, les petites filles sont astreintes aux tâches domestiques dès leur plus jeune âge.
Vers le dossier "Enfants Forçats" ...
(105mn)
ARTE F


Date de première diffusion : Aujourd'hui, 20h35

Date(s) de rediffusion : Aujourd'hui à20h35

Thèmes :Documentaire, Société



TCHAD L'ENFANCE ENCHAINEE ( durée 32min 13) http://www.dailymotion.com/video/xhc3v_ ... ainee_news

PDF] Travail des enfants d'Afrique et d'ailleurs http://www.afric-impact.org/AI/PDF/fich ... /01522.pdf


Laboratoire et cobayes , cE SOIR Toxic fringues , Cash investigation / Toxic fringues,« Ce soir Toxic fringues - anarkia
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede indignados » 29 Mai 2012, 22:03

Sur le même sujet

Cash investigation
Magazine d'information

Toxic fringues : documentaire a voir sur Pluzz.fr
http://l-indigne.skyrock.com/3090887171 ... ngues.html
http://anarkia12.unblog.fr/2012/05/20/c ... -fringues/

Protection de l’enfant contre la violence et les mauvais traitements

Au début des années 1840, on aurait compté jusqu’à 143.000 enfants dans la grande industrie, dont 93.000 dans le seul secteur textile.

Le 19ème siècle et la révolution industrielle

Des enfants dans les mines

Des journées de 15 heures

A l’usine dès l’âge de 8 ans

Les enfants sont moins payés que les adultes

Le nombre d’enfants au travail au 19ème siècle

Où travaillent les enfants ?
Des premières voix se font entendre contre le travail des enfants

Le lien entre le travail des enfants et la scolarisation

Les premiers textes de loi

D’autres voient le jour dès le début du XXème siècle

sources :
- « Le monde du travail en France 1800-1950 » de Alain DEWERPE
- « Des enfants du XVIème au XVIIIème siècle » de Karine DELORBE

Protection de l’enfant contre la violence et les mauvais traitements

Travail des enfants
On estime qu’il y a 158 millions d’enfants âgés entre 5 et 14 ans qui travaillent -un enfant sur six dans le monde. Des millions d’enfants travaillent dans des situations ou conditions dangereuses (travail dans les mines, avec des produits chimiques et des pesticides dans l’agriculture ou donnant lieu à la manipulation de machines dangereuses, etc.). Ils sont omniprésents mais invisibles, peinant comme employés de maison, derrière les murs des ateliers et, loin des regards, dans les plantations.

Définition du travail des enfants ( ce qui est dit dans les lois internationales)

Travail conforme aux normes de l’OIT : la participation des enfants à l’activité économique peut être bénéfique à condition de ne pas nuire à leur santé, à leur développement ou à leurs études. Le travail qui ne nuit pas aux études (travail léger) est autorisé à partir de l’âge de 12 ans en vertu de la Convention 138 de l’Organisation internationale du Travail (OIT).

Travail non conforme aux normes de l’OIT : le travail est ici défini d’une manière plus étroite et s’applique aux enfants qui travaillent dans des conditions qui enfreignent les normes susvisées. En d’autres termes, il s’agit de tous les enfants de moins de 12 ans travaillant dans l’une quelconque des branches de l’économie, des enfants âgé de 12 à 14 se livrant à des activités préjudiciables pour leur santé et de tous les enfants se livrant aux pires formes de travail des enfants.

Les pires formes de travail des enfants : sont concernés les enfants réduits en esclavage, recrutés de force, assujettis à la prostitution, victimes de la traite, contraints de se livrer à des activités illicites et devant accomplir un travail dangereux.
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede ivo » 05 Juin 2012, 09:37

Précarité: la nouvelle maltraitance des enfants
fr info
Depuis 54 ans la Fondation MVE accueille des adolescents, souvent des fratries, victime de mauvais traitements. Des foyers qui voient arriver de plus en plus d'enfants touchés par une très grande pauvreté.

Encore trop sous-estimée, la maltraitance touche environ en France près de 100 000 enfants. Dans 9 cas sur 10, ces mauvais traitements physiques ou psychologiques sont dus à un membre de la famille ou un proche. Mais une des violences reste encore plus taboue : celle liée à la précarité. La semaine dernière une enquête de l'Unicef révélait que la France compte 10% d'enfants pauvres sur son territoire. Près de 150 000 d'entre eux sont placés chaque année à l'aide sociale à l'enfance. Un phénomène qui prend de plus en plus de l'ampleur selon Christian Altmayer, Directeur Général de la Fondation Mouvement pour les villages d'enfant.

t'as pas de thunes ???
on te prend tes gosses pour les placer ......................
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede Flo » 05 Juin 2012, 11:28

ivo a écrit:t'as pas de thunes ???
on te prend tes gosses pour les placer ......................


Sans m'ériger en défenseur de la fondation village d'enfants, je ne pense pas que la majorité des enfants et ado accueilli le soit parce que leurs parents manquent d'argent. Ça me paraîtrait très surprenant car avec 7 millions de personnes sous le seuil de pauvreté en France, on aurait des villages d'enfants partout. Ou alors ça doit être des cas extrêmes, comme les situations de vie à la rue...D'après ce que j'en sais l'essentiel des enfants y sont accueillis pour raison de violence parentale qui vont parfois très loin ou alors, il me semble, parce qu'il y a carrément abandon (ce qui peut provoquer des troubles important chez l'enfant allant parfois jusqu'au suicide). Bien entendu, ces placements ne sont pas une solution définitive (d'autant qu'ils ne sont pas toujours bien assuré...), le problème reste la précarité qui est bien souvent responsable de comportements parentaux nocifs pour le gamin.
"La société à venir n'a pas d'autre choix que de reprendre et de développer les projets d'autogestion qui ont fondé sur l'autonomie des individus une quête d'harmonie où le bonheur de tous serait solidaire du bonheur de chacun". R. Vaneigem
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede ivo » 05 Juin 2012, 11:43

pour connaitre des cas .... je peux te dire que tu angelises ....

un exemple ?
un pere traveller et une mere au chômage suffisent...

résultat ??
elle ne voit ses gosses que de temps en temps quand le juge le veut bien
(je passe sur les bassesses qu'elle est obligée de faire)


j'dis ça, j'dis rien ....
mais je crains de ne pas etre aussi enthousiaste que toi, loin de là ...
t'as des gosses ???
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede Flo » 05 Juin 2012, 12:12

J'angélise peut-être, c'est probable, n'étant pas un spécialiste du placement des enfants. Navré s'il s'agit de gens qui te sont proches, en aucun cas je ne souhaitais te blesser. Si tu me parles de gens au chômage, je peux te dire que j'en connais un certain nombre et qu'à ma connaissance leurs enfants ne sont pas placés. La situation des personnes dont tu me parles est, je n'en doute pas, très dur à vivre - d'autant que les motifs semblent délirant - mais, du coup, ça suscitait juste mon questionnement sur la logique d'application de ces procédures violentes étant donné qu'elles se s'appliquaient pas, et fort heureusement, à tous les gens qui subissent les inégalités économiques.

t'as des gosses ???

Non je n'en ai pas, je ne connais pas la douleur de la séparation mais n'en reste pas insensible. Néanmoins, j'ai connu des parents qui ont été très violents envers leurs mômes et qui leurs ont laissé des séquelles à vie sur lesquels je te passe volontiers les détails. De ce fait, il y a aussi des cas où le placement est hélas la seul chose à faire, la fugue étant une solution quasi-impossible à gérer quand on est "pré-ado", l'ayant moi même testé.
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede ivo » 05 Juin 2012, 12:30

je mettais en avant les placements pour raisons financieres.
10% d'enfants pauvres sur son territoire. Près de 150 000 d'entre eux sont placés chaque année


les cas de violences c'est autre chose, évidement.
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede Flo » 05 Juin 2012, 19:47

ivo a écrit:je mettais en avant les placements pour raisons financieres.
10% d'enfants pauvres sur son territoire. Près de 150 000 d'entre eux sont placés chaque année


les cas de violences c'est autre chose, évidement.


Yes, j'avais bien compris :). Le nombre est plus important que je ne l'aurai imaginé en revanche...merci pour l'info° en tout cas.
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede ivo » 06 Juin 2012, 11:33

Cessons la chasse aux sans-abri, arrêtons de criminaliser l'espace public
http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... _3232.html
Partout en Europe, les dernières années ont été marquées par l'effritement des mécanismes de solidarité, progressivement remplacés par des dispositifs de contrôle et de répression des personnes les plus fragiles. Au Royaume-Uni, l'anti-social behaviour, fait par exemple qu'un logement social peut vous être refusé au nom d'une condamnation par une juridiction civile (un conflit de voisinage, etc.), les squats relèvent désormais de la loi criminelle. En Hongrie existe désormais une série d'actes autorisés dans l'espace public : tout geste est devenu potentiellement délictueux, permettant un harcèlement arbitraire des populations indésirables. En France, les arrêtés anti-mendicité se multiplient, le stationnement des gens du voyage relève désormais du pénal, les bidonvilles sont traités sous l'angle de l'ordre public, les prostituées sont refoulées à l'orée des villes,... En Espagne, en Lituanie, aux Pays-Bas, au Danemark, en Italie, en Grèce, le même type de phénomène s'observe.

La première observation qu'appelle cette évolution est son caractère paradoxal : la crise, conjuguée à l'essoufflement des politiques de protection sociale, conduit les laissés pour compte à adopter des pratiques de survie : mendicité, vie en cabane, etc. Or ces pratiques de survie tendent à être interdites. Ce phénomène est amplifié par la difficulté de se défendre juridiquement pour les personnes en situation vulnérable : connaissance des droits, mécanismes judiciaires, financement des frais d'avocat... Tout concourt à ce que le traitement policier de la misère ne soit pas limité par la protection des droits individuels. Mais sans offrir la possibilité de subsister autrement, qu'espère-t-on ? User policiers et tribunaux à déplacer des problèmes sans les résoudre, à rencontrer toujours les mêmes individus, les mêmes familles, de squat en bidonville, de place en place ?

Ensuite, cette criminalisation interroge le rapport des démocraties européennes à leurs marges. Le propre de l'idéal démocratique est la protection de l'ensemble des habitants, en droit et en fait. L'existence, pour chaque personne, d'un socle de droits fondamentaux antérieurs à toute classification juridique ou administrative, fait partie du patrimoine génétique par lequel la démocratie se différencie des autres régimes politiques. C'est vrai depuis la déclaration des droits de l'homme de 1789, celle de l'ONU après la seconde guerre mondiale, jusqu'aux textes fondateurs du Conseil de l'Europe et plus récemment de l'Union Européenne. En se substituant à la logique de protection, le traitement policier fondé sur le paradigme de sécurité, rompt avec cet ancrage d'universelle protection et s'écarte des fondements démocratiques des Etats européens.

Enfin, ce traitement répressif des marges reflète plus globalement une gestion panique de l'espace public par les institutions. A l'heure de l'éloge de la mixité sociale et du vivre-ensemble, l'espace public est d'abord envisagé à travers le danger que représentent les citoyens les uns pour les autres : "anti-terrorisme", vidéosurveillance, urbanisme des quartiers populaires dessiné par les conditions d'intervention de la police, etc. Tout concourt à considérer la coexistence entre les citoyens avant tout comme un problème, le rôle de l'intervention publique se bornant à dévitaliser le potentiel de conflits qui peuvent s'y manifester. La protection des données personnelles, les contrôles aux aéroports, la société semble se penser comme un ensemble de dangers que les uns représente pour les autres, ce qui est intenable à l'échelle collective comme pour le psychisme individuel. Le traitement répressif des marges, notamment dans l'espace public n'est que la partie émergée de ce phénomène de désagrégation, voire d'opposition de tous contre tous, entretenu par les institutions enfermée dans la gestion paranoïaque de l'espace public, à travers ces dispositifs de soupçon et de contrôle permanents, aussi nécrosants qu'onéreux et inutiles.

C'est par plus de logements, une situation administrative claire, des droits sociaux sécurisés que la misère disparaîtra de l'espace public. On ne construit pas de maisons avec des matraques. La police et la justice ont assez de vrais problèmes à résoudre pour ne pas perdre leur temps à réprimer les malheureux. Parce que le traitement répressif des sans-abri, particulièrement dans l'espace public est inutile, anti-démocratique, illégal, annonciateur d'un rapport de détestation que la société entretient à elle-même, la Fédération Européenne des Associations Nationales Travaillant avec les Sans-Abri (FEANTSA) et le réseau Housing Rights Watch appellent tous les citoyens, les associations de solidarité, les avocats, les juges, les policiers, les élus, les responsables administratifs à utiliser tous les moyens juridiques, politiques, médiatiques, de mobilisation citoyenne, pour renverser la tendance. Inventons un mouvement des droits civiques réconciliant le mouvement social et les défenseurs des droits, à l'échelle européenne. La pauvreté et la diversité ne doivent pas conduire à la répression et au cloisonnement, mais à la solidarité et au partage. Ensemble, martelons cette évidence : la misère n'est pas un crime, c'est un scandale !
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Re: PROPOS SUR LA PRECARITE

Messagede Flo » 20 Juin 2012, 11:27

Les travailleurs pauvres en France
le 17 juin 2012

On compte entre un et deux millions de travailleurs pauvres en France selon les définitions.


Les travailleurs dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté

Un million de personnes exercent un emploi mais disposent, après avoir comptabilisé les prestations sociales (primes pour l’emploi, allocations logement, etc.) ou intégré les revenus de leur conjoint, d’un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, fixé à la moitié du revenu médian [1]. Elles sont 1,9 million si l’on prend en compte le seuil à 60 %. Le nombre de travailleurs pauvres a grossi de 104 000 personnes entre 2003 et 2009 au seuil de 50 %, de 132 000 au seuil de 60 % du revenu médian. Il est d’ailleurs possible que ces chiffres aient progressé avec l’accentuation de la crise.

Si l’on compte l’ensemble des personnes, conjoints et enfants compris, c’est entre 1,8 et 3,7 millions de personnes qui vivent dans un ménage pauvre dont le chef de famille dispose d’un emploi - toujours en tenant compte de l’ensemble des ressources.

Même en utilisant la définition la plus restrictive, on compte presque 2 millions de personnes qui vivent avec moins de 800 euros par mois pour un adulte seul [2], alors que ces personnes ou leurs parents exercent un emploi.

L’existence de travailleurs pauvres résulte de plusieurs facteurs. D’abord, de la faiblesse des salaires dans de très nombreux secteurs et notamment du niveau du salaire minimum. Ensuite du temps partiel, qui réduit en proportion les niveaux de vie. Enfin, du fractionnement des emplois : petits boulots, alternances de phases d’emploi et de chômage ou d’inactivité.

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Coup de pouce aux chômeurs : une aumône de +2% !

Messagede Béatrice » 01 Juil 2012, 13:02

A l'instar des smicards , une aumône de +2% est accordée aux chômeurs . Dans le collimateur de l'UNEDIC : les intermittents et intérimaires rendus
responsables selon elle de son déficit !


Revalorisation des allocations chômage : +2%


Image


A lire avec tous les liens :
http://www.actuchomage.org/20120628...

Jeudi, 28 Juin 2012

Après le coup de pouce au smicards, le coup de pouce aux chômeurs. Comme d’habitude, cette aumône nous est présentée comme un généreux sacrifice.

Chaque année, au 1er juillet, les privés d’emploi encore indemnisés par le régime ont droit à une petite obole [1]. Cette année, annonce l’Unedic, la rallonge s’élevera à 2% : ainsi collera-t-elle tout juste au taux d’inflation moyen de 2011, systématiquement sous-évalué par l’Insee à 2,1%. Ainsi, comme toujours, sera-t-elle sans commune mesure avec la flambée des prix de l’alimentation et autres dépenses contraintes (énergie, assurances, transports, impôts locaux, loyers, etc).

De tous temps, les chômeurs sont jugés responsables de leur situation et les revalorisations accordées reflètent ce grotesque état d’esprit : +1,5% l’année dernière, +1,2% en 2010, +1% en 2009, +2,5% en 2008 — l’orgie ! —, +1,95% en 2007, +2% en 2006… et rien du tout en 2005. C’est pourquoi les Smicards sont un tout petit peu mieux traités (parce qu’ils travaillent, eux, Madame).

18 milliards de déficit fin 2013

Le coût de ce geste ô combien charitable sera de 164 millions d’euros, a précisé l’assurange chômage qui prévoit un déficit de 3 milliards cette année, portant son endettement total à 14 milliards. « Nous avons dû faire un arbitrage entre la rigueur de notre fonction de gestionnaire et la dimension sociale de notre mission », a déclaré son président Jean-François Pilliard, élu en février et pour deux ans à la tête de l’Unedic, par ailleurs délégué général de la très riche et très puissante UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie, célèbre pour ses retraits de fonds en liquide et chantre de la dégressivité des allocations).

A l’occasion de son conseil d’administration qui a eu lieu hier, l’Unedic a estimé que son déficit cumulé dépassera 18 milliards d’euros fin 2013 (soit 58% d’une année de collecte de cotisations), date à laquelle l’actuelle convention d’assurance-chômage arrivera à son terme et sera renégociée par les "partenaires sociaux". Il s’agira, plus que jamais en cette période de crise, de "sauver le régime"... Si, pour l’instant, le directeur général de l’Unedic a souligné l’absence de difficultés à emprunter sur les marchés, le contexte demeure fragile. « La bonne nouvelle, c’est que l’on a réalisé un premier semestre extrêmement positif sur nos émissions obligataires », a-t-il noté, annonçant avoir levé sans problème depuis le début de l’année 6,5 millards d’euros à un taux assez bas. Mais combien de temps durera cette plaisanterie ?

Vous le savez peut-être, tout comme de nombreuses collectivités locales financièrement étranglées, l’Unedic est désormais sous l’emprise des marchés financiers : avec le chômage de masse et la précarisation du travail, ses dépenses d’indemnisation ne cessent de grimper tandis que ses recettes de cotisations ne cessent de plonger. Cependant notée AAA par l’agence de notation Fitch Ratings, afin de conserver cette excellente note et pouvoir continuer à emprunter, l’Unedic — à l’image des Etats endettés — doit se plier à certaines directives budgétaires, notamment ne pas être trop généreuse avec les chômeurs...

Intermittents et intérimaires, boucs émissaires

De premières pistes d’économies ont été dégagées. L’Unedic a relevé que, à eux seuls, deux régimes particuliers ont réalisé la quasi-totalité du déficit du régime l’an dernier : celui des intermittents du spectacle, régi par les annexes 8 et 10 de la convention d’assurance-chômage, qui présentait un trou de 1 milliard ; celui des intérimaires, avec un trou de 1,5 milliard.

Il semble qu’entre les intermittents (sans cesse pointés du doigt) et les intérimaires, la balance a pesé en faveur des plus esclavagistes. Le délégué général du patronat de l’intérim a vigoureusement plaidé que ces deux régimes n’ont rien à voir car celui des intérimaires n’est pas « fermé » : touchant 3,5 fois plus de chômeurs que celui des intermittents, il verse des droits acquis parfois sur des contrats en CDD ou en CDI.

Il n’empêche qu’en 2009, selon les syndicats, l’emploi intérimaire représentait près de 3% des contributions et 7% des allocations versées. En ce qui concerne les CDD, c’est bien pire : pour 4% des contributions, ils représentaient 22% des allocations versées. Trois ans après ces évaluations, le déséquilibre s’est inévitablement accentué. La taxation de l’emploi précaire, qui rapporterait quelques milliards fort bienvenus, devient urgente. Mais (à l’instar d’une indispensable régulation de la finance ou d’une grande réforme fiscale) nous parions qu’elle sera une fois de plus rejetée par le patronat. Ce sont aux victimes de la crise, du chômage et de la précarité d’en payer le prix ; jamais aux vrais responsables de ces fléaux. Prends tes 2% et tais-toi, voilà ce qu’on nous dit.

SH

[1] Les minima sociaux des chômeurs ayant épuisé leurs droits (ASS, RSA…) sont, eux, revalorisés le 1er janvier.
Rappel : ces revalorisations prennent effet le mois suivant, les allocations de juillet (pour les chômeurs indemnisés par le régime) ou de janvier (pour les chômeurs aux minima sociaux) étant versées à terme échu, soit respectivement à partir de début août ou début février.
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