Islam, islamophobie et extrême-gauche

Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Berckman » 14 Juin 2015, 20:19

Merci d'illustrer ce que je disais précédemment : tu as une vision complètement essentialiste des minorités nationales... Il n'y a pas besoin d'être "une société complète" pour être traversé par des rapports sociaux d'oppression. C'est le cas pour n'importe groupe social, qu'on le prenne isolément ou au sein des sociétés dans lesquelles il s'inscrit.

C'est assez étonnant d'ailleurs que ta vision rejoigne au final celle du PIR, ou des nationalistes français que tu prétends dénoncer.
En gros pour toi être Musulman c'est être inévitablement amené à être islamiste, comme être Juif c'est être inévitablement amené à être sioniste. Ce régime de suspicion est précisément l'une des conséquences du racisme qui considère les groupes racisés comme homogènes, en dehors de l'histoire et des rapports sociaux.
Guère étonnant d'ailleurs, puisque ça rejoint tout une partie de l'attitude d'une partie des gauchistes quand il est question d'antisémitisme ou d'islamophobie. "Un Juif athée qui dénonce l'antisémitisme ? Il serait pas un peu sioniste... ? Un arabe athée qui dénonce l'islamophobie ? Il serait pas un peu islamiste... ?" Elle est là l'assignation...

Ce genre d'attitude c'est justement ce qui laisse un boulevard aux réactionnaires -et aux diverses logiques identitaires- au sein des minorités nationales. C'est justement ce qui favorise les replis identitaires.

Tu vois c'est marrant que tu prennes pour argent comptant les affirmation de Perpi. Il y a des rapprochement assez étonnant au fil du temps. Contrairement à ce qui a été affirmé, cette notion n'est pas nouvelle. Elle a été développée notamment dans la motion sur l'antifascisme adoptée en 2012. Cette motion a été adoptée à l'unanimité à l'époque...

La situation en France

La période récente se traduit par une montée en puissance du nationalisme, entretenue notamment par le pouvoir politique, mais aussi les relais médiatiques et idéologiques de la bourgeoisie. Si ce nationalisme irrigue la quasi totalité des courants politiques, depuis la gauche coloniale jusqu'à l'extrême-droite, les courants fascistes sont le fer de lance de sa diffusion en milieu populaire, au moyen d'une rhétorique «sociale» pseudo-anticapitaliste.

Au sein des catégories de population désignées par l'idéologie nationale comme constituant le «corps national», le fascisme joue un rôle mobilisateur pour les intérêts de la bourgeoisie, en présentant la violence sociale non pour ce qu'elle est, le résultat du capitalisme, mais pour l'effet de l'action «d'ennemis intérieurs» ou «d'ennemis extérieurs». Ces «ennemis intérieurs» et «extérieurs» sont désignés comme étant les membres de minorités nationales, religieuses, sexuelles du pays, ou les étrangers. En contexte de crise, c'est la tendance «socialiste-nationale» qui se développe le plus rapidement, autour notamment d'un antisémitisme virulent (qui se masque derrière un discours prétendument antisioniste) réactivant la figure de bouc émissaire du juif, d'une islamophobie virulente (substituant ou le plus souvent ajoutant à la figure bouc-émissaire du juif celle du musulman), et plus largement d'un racisme «décomplexé».

Cette tendance «socialiste-nationale» est représentée par plusieurs organisations se réclamant plus ou moins ouvertement du nationalisme révolutionnaire :

Egalité et réconciliation et ses alliés (Dieudonné et les relais de l’État d'Iran en France que sont les militants du centre Zahra), qui privilégient un front antisémite visant à mobiliser au côté des nationalistes français une partie des personnes appartenant à la minorité nationale arabe.
Les identitaires qui privilégient un front «antimusulman» qui vise à mobiliser aux côtés des nationalistes révolutionnaires européens les courants racistes qui se cachent derrière une « laïcité » à deux vitesses, et une partie des personnes appartenant à la minorité nationale juive (notamment la frange fasciste du sionisme, comme en témoigne l'organisation d'une manifestation commune identitaires-LDJ devant l'ambassade d’Israël).
Enfin, s'ajoute à cela la fraction mariniste du FN qui tente de développer un discours «national et social» proche de celui des identitaires, mais qui diffère en privilégiant un cadre nationaliste français au cadre nationaliste européen (suprémaciste blanc) des identitaires.

Toutes ces tendances tentent de dévier la révolte sociale vers une approche nationaliste, xénophobe et raciste, en se présentant comme «révolutionnaires». Leur radicalité formelle leur permet d'amener aux thèses nationalistes une partie des travailleuses et des travailleurs en révolte contre le système capitaliste, à travers un «anticapitalisme» qui se réduit à la défense du corporatisme contre le «capital financier», de présenter la nation comme un recours contre la «finance internationale», à une critique des valeurs consuméristes, sans contenu de classe, sans lien avec la réalité des luttes populaires. C'est en ce sens que ces courants diffèrent des courants nationalistes de la droite classique : en période de crise ceux-ci apparaissent trop ouvertement comme les représentants de la classe bourgeoise (en témoignent les affaires Bettencourt, etc.), et suscitent donc la méfiance au sein des classes populaires. Alors que la radicalité de postures des nationalistes révolutionnaires et leur conviction d'être «révolutionnaires», leur permettent d'attirer aux thèses nationalistes des individus appartenant aux classes populaires, en mobilisant les valeurs réactionnaires largement présentes dans la société (sexisme, homophobie, chauvinisme...).

Soral a ainsi d'abord construit son image de « rebelle» sur un discours antiféministe et homophobe, présenté comme un «refus du politiquement correct», puis sur un antisionisme antisémite qui a visé à instrumentaliser la question palestinienne pour re-légitimer l'antisémitisme historique des fascistes français.

Premièrement, l'outil internet a permis aux sympathisants et aux militants d'extrême-droite de pouvoir s'exprimer et diffuser leurs idées beaucoup plus librement qu'auparavant. En effet, la lutte sur le plan moral de l'extrême-droite a au moins permis de faire en sorte que le racisme n'était pas une opinion comme une autre. De plus, l'outil internet a donné une caisse de résonance importante à des courants au départ confidentiels, qui ont su utiliser les nouvelles technologies (vidéos sur dailymotion, youtube), pour diffuser leur pensée. Ils ont également su utiliser des passerelles, sous la forme de sites internet relayant en lien leur discours ou des personnes cautionnant leur discours au nom d'un «anti-impérialisme» hérité du stalinisme ou du tiers-mondisme, les pseudos laïcs relayant un discours raciste (par exemple l'officine raciste «riposte laïque») derrière une prétendue critique de l'islam.

Sur internet par exemple, de nombreux sites diffusent l'idée d'un « nouvel ordre mondial » (expression qui provient à l'origine de la droite radicale américaine) dirigé par les « sionistes » et les «illuminatis». Il ne s'agit de rien d'autre que du bon vieux discours national-socialiste et fasciste sur le «complot juif et franc maçon mondial», qui a adopté une nouvelle forme pour contourner le discours antifasciste et la législation de l’État sur le racisme. Cette nouvelle forme du discours sur le «complot judéo-maçonnique» a des succès inattendus, au sens où de telles approches sont reprises par des musiciens de rap, y compris ceux qui affichent des sympathies libertaires, qui en ignorent peut-être l'origine, mais qui les banalisent et contribuent à leur diffusion dans la jeunesse populaire.

On retrouve ces influences dans les courants fascistes ou nationalistes spécifiques aux minorités nationales : ainsi, les sionistes de tendance fasciste de la Ligue de défense juive reprennent le discours raciste anti-arabe des identitaires ou la théorie du «choc des civilisations» et du danger islamique. A Belleville, des nationalistes chinois ont organisé une manifestation «contre l'insécurité» au cours de laquelle des passants noirs ou arabes ont été pris pour cibles, désignés comme des «voleurs» sur critères racistes, ce qui a provoqué les applaudissements des réseaux identitaires français (par exemple sur le site internet «français de souche»).

De même, une partie des courants fascistes panarabes et des courants fascistes se réclamant de l'islam politique reprennent la rhétorique antisémite issue du nationalisme français. Ces convergences expliquent le développement de fronts communs entre nationalistes français et nationalistes se revendiquant des minorités nationales, qui peut apparaître surprenante au premier abord, puisque c'est le nationalisme français qui, en excluant juifs et arabes du corps national, a créé de toute pièce les minorités nationales et, dans le même temps, les conditions de l'oppression raciste des individus qui y sont alors assignés par leur origine et/ou leur couleur de peau. Mais cela traduit au contraire la profonde parenté idéologique entre ces différents courants, et le fait qu'ils se nourrissent les uns des autres, au détriment des classes populaires, et particulièrement des individus victimes de l'oppression raciste parce qu'assignés à une «minorité nationale».


Cela montre qu'il n'existe pas d'alternative au racisme dans le développement d'un nationalisme au sein des minorités nationales, puisque celui-ci reproduit le discours raciste dominant et converge parfois avec le nationalisme dominant. Au contraire, l'alternative se trouve dans le développement d'un antiracisme populaire qui combat toutes les formes de racismes, sur le plan idéologique comme sur le plan pratique. Les différents courants fascistes ont progressé sur le plan organisationnel comme sur le plan de leur influence idéologique et culturelle : ils ont ainsi réussi à imposer leurs «sujets», leurs «approches» dans le débat politique : une approche ethno-différentialiste des questions politiques et économiques au détriment d'une approche de classe, une rhétorique fondée sur la menace « intérieure» ou «extérieure» que représenteraient les minorités nationales ou religieuses, au détriment de l'affirmation de la question sociale, etc.

L'influence de l'idéologie nationaliste a progressé, et celle de l'idée de la « guerre du tous contre tous » également. Dans le même temps, les discours ouvertement sexistes ou homophobes, qui constituent également une partie du corpus fasciste, ont gagné du terrain. L'influence de l'idéologie fasciste dépasse de loin celle des groupes constitués, mais ceux-ci progressent quantitativement et organisationnellement, notamment dans les campagnes, mais aussi en ouvrant des locaux pignonS sur rue dans plusieurs grandes villes.

Il est également significatif que des discours reprenant les canons de l'idéologie fasciste ne soient pas considérés comme tels y compris au sein de la gauche et de l'extrême-gauche, voir d'une partie du courant anarchiste. Ce qui explique par exemple la tolérance dont a longtemps bénéficié Dieudonné au sein de l'extrême gauche au nom d'une posture «rebelle», certains groupes le trouvant fréquentable jusqu'à ce que celui-ci invite Faurisson sur scène.

On peut trouver des éléments d'explication dans la faiblesse de réflexion sur le fascisme de «l'antifascisme des années 90», qui s'est focalisé sur les groupes fascistes plutôt que sur leurs idéologies (quand dans sa version gauchiste ou social démocrate il ne s'est pas contenté d'une dénonciation du FN), qui a négligé la lutte idéologique antifasciste pour se consacrer exclusivement à la nécessaire (mais pas suffisante) lutte contre les groupes fascistes constitués et à l’autodéfense. On peut aussi trouver une explication à cela dans l'amalgame fréquent entre nationalisme, fascisme et racisme. Or si le fascisme se nourrit et fait la promotion du racisme et du nationalisme, il ne s'y résume pas, et réciproquement : on retrouve l'idéologie nationaliste dans une grande partie du spectre politique, comme le discours raciste. La spécificité du fascisme réside dans le développement d'un discours social «antisystème» qui permet, en période de crise, de recruter au sein des milieux populaires des personnes qui auraient pu être attirées par un réel discours révolutionnaire.


Sur ta situation sociale : ma remarque n'avait qu'un seul objet : certainement pas nier ta situation matérielle, mais interpeller la manière dont tu te définis face à moi ("prolétaire opprimé par un enseignant"). Parce que côté capital culturel acquis à ce jour (comme tu aimes bien citer Bourdieu), je pense que tu te défends pas mal. Egalement poser la question de la manière dont tu milites aujourd'hui dans cette situation qui te place nécessairement dans une situation d'extériorité (même si celle-ci est nouvelle) aux classes populaires dans leur grande majorité...

Pour le reste, ton activité militante est assez similaire à celle que je constate autour de moi. Les groupes que tu as contribué à créer étaient principalement constitué d'étudiants/lycéenNEs ayant les origines sociales que tu vomis. Pas de quoi pavoiser...
Ce qui est étonnant aussi c'est que tu as visiblement laissé tout un pan de côté dans l'approche spécifiste ( qui nous parait tout autant qu'à toi un bon modèle organisationnel et que nous essayons de mettre en oeuvre, juste sans balancer par la fenêtre tout une partie des classes populaires que tu méprises au nom de ta "conscience de classe) :


A partir de la nécessité de clarifier cette conception de la classe, nous incluons dans le camp des classes exploitées - qui peut et doit contribuer au processus de transformation sociale par des moyens de lutte de classe - les autres catégories qui ont en grande partie retenues l'attention des anarchistes à travers l'histoire. Cette définition de la conception de la classe ne change pas le fait que la lutte de classe est le terrain principal de l'action de l'anarchisme social, mais offre une façon différente de voir notre objectif: la transformation des relations centre-périphérie, ou plus précisément, la transformation de la rapports de domination des périphéries par les centres. Sur la base de la classification de Rudolf de Jong [8] et sur celle de notre propre histoire récente de la lutte, nous conceptualisons toutes les classes exploitées à partir des relations centre-périphérie. Ainsi, font parties de ce groupe :

A. les cultures et les sociétés complètement aliénées et distanciées du centre, pas du tout «intégrée», et «sauvage» aux yeux du centre. Par exemple, les Indiens d'Amazonie.

b. Les zones périphériques liées au centre et appartenant à ses structures socio-économiques et politiques qui tentent, dans le même temps, de maintenir leurs identités. Elles sont dominées par le centre, menacés dans leur existence par l'expansion économique de celui-ci. Selon les normes du centre, ils sont «en retard» et sous-développées. Par exemple, les communautés indigènes du Mexique et les pays andins. D'autres exemples de cette catégorie - peut-être nous devrions parler d'un sous-groupe b.1 – sont les petits agriculteurs, les travailleurs qualifiés et les paysans menacés dans leur existence sociale et économique par le progrès du centre et qui luttent encore pour leur indépendance.

c. Les classes économiques ou socio-économiques des systèmes qui faisaient partie du centre, mais qui ont été ramené à une position périphérique après les innovations technologiques et les développement socio-économiques dans le centre. Par exemple, le lumpen-prolétariat, les travailleurs informels et précaires et l'armée permanente des sans emploi.

d. Les classes sociales et les groupes qui prennent part au centre dans un sens économique, mais qui sont périphériques dans un sens social, culturel et / ou politique: les classes laborieuses, le prolétariat dans les sociétés industrielles émergentes, les femmes, les Noirs, les homosexuels.
e. Les relations Centre-Périphérie de nature politique, que ce soit entre États ou en leur sein: les relations coloniales ou impérialistes, les relations entre les capitales et les provinces, etc. De telles relations dans le système capitaliste sont développés en parallèle avec les relations économiques mentionnés ci-dessus – ou groupe. e.1: la domination néo-capitaliste, la colonisation interne et l'exploitation.

En acceptant cette classification, tout en étant conscient de ses limites, nous définissons la catégorie des classes exploitées comme les zones périphériques qui sont dominés par le centre. Il est important de souligner que nous ne considérons pas comme faisant partie de cet ensemble des classes exploité-e-s des individus qui sont, en théorie, dans les zones périphériques, mais qui dans la pratique établissent des relations de domination sur les autres, devenant ainsi de nouveaux centres. D'où la nécessité pour toutes les luttes des classes exploitées d'avoir une perspective révolutionnaire, afin qu'elles ne cherchent pas simplement à constituer de nouveaux centres à partir de parties des zones périphériques.
Partant de cette définition, il existe deux façons de penser les transformations sociales: l'une, autoritaire, historiquement utilisée par les héritiers du marxisme (révolutionnaire ou réformiste) et une autre, libertaire, utilisée par les anarchistes.

Extrait d'anarchisme social et organisation, de la FARJ

De ce que qui est dit au paragraphe précédent découle le fait que : je m'en bas la race de 20 000 personnes en France dont la priorité politique est de se faire enlever/mettre une bite/chatte par chirurgie. Peut-être parce que j'ai une conscience de classe et environnementale qui me fait dire que ce genre de "priorités" sont politiquement, moralement, humainement risibles quand on voit l'état du monde.

Ouais l'argument classique de la priorité est le même qui a été servi historiquement pour disqualifier les luttes des femmes, des personnes racisées (noirs, juifs, arabes...), des LGBT... :gerbe: :gerbe:
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Berckman » 14 Juin 2015, 20:20

C'est pas vraiment le nombre qui compte dans une distribution de tracts mais plutôt les discussion qui en découle .

Tout à fait :)
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Berckman » 14 Juin 2015, 20:40

quand vous vous intéressez à la classe ouvrière c'est par des prismes exotisants comme l'islamophobie.

Ah oui, oublié de répondre sur ça. C'est une affirmation complètement bidon. Quand on parle d'islamophobie, on parle de minorité racisée, pas de la classe ouvrière. On parle de groupe opprimé en tant que groupe racisé. Il s'agit d'un élement d'une activité politique spécifiquement antiraciste, pas d'une activité en direction de la classe ouvrière (même si une partie de chacun des groupes racisés y appartient). Encore une fois il n'y a que toi ici qui fait cet amalgame "Islam=religion des pauvres/des oppriméEs".

Quand on a une activité politique en direction de la classe ouvrière, on le fait sur des bases de classes, autour d'approches directement liées à sa situation :
_ activité syndicale, travail de solidarité interboite comparable à celle que tu décris, participation à des piquets de grève, aide à l'implantation de sections syndicales, défense syndicale (en tant que conseiller du salarié ou au prud'hommes), diffusions/collages dans les zones industrielles, tentative d'implantation dans les CFA, collecte de fric pour soutenir des grèvistes, popularisation des luttes ouvrières dans notre émissions de radio ou sur nos moyens de diffusions...
_ Activités autours des problémes de logement (insalubrité, expulsions locatives, absence de logement, racket des agences immobilières ou des bailleurs)
_ Mobilisation contre le flicage des chômeurs et précaires


Il y a certainement plein d'autres choses à faire (par exemple nos camarades de Montpellier sont investis dans une tentative de créer un réseau de solidarité directe sur un quartier), qu'on aimerait faire, mais on est pas des milliers non plus...
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede fabou » 16 Juin 2015, 23:43

abel chemoul a écrit:Les hekmatistes font la différence communisme-ouvrier/communisme-bourgeois. Je pense qu'on devrait faire pareil : anarchisme-ouvrier / anarchisme-bourgeois.

C'est marrant, depuis que je suis en contact avec le milieu "militant" d'une ville universitaire, je me dis exactement la même chose.

Alors que les prolos des quartiers, quand ils luttent, ils le font sur des problèmes concrets qui impactent leur quotidien (expulsions locatives, misères, violences policières, ségrégation urbaine/territoriale, inégalités scolaires, racisme...), les militants universitaires passent leurs temps à développer des trucs illisibles sur le "post-colonialisme blanc structurel" et autres trucs du genre. Heureusement pour les prolos en lutte, ces universitaires ne viennent que très rarement les polluer avec leur verbiage :)
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Pilotigasse » 18 Juin 2015, 01:53

(...) les militants universitaires passent leurs temps à développer des trucs illisibles sur le "post-colonialisme blanc structurel" et autres trucs du genre.


Ouais ou à faire les thugs plus-radicales-que-moi-tu-meurs en crachant sur une orga depuis un forum internet.

Sans dec, vous (je parle pas spécialement pour toi Fabou je sais pas ce que tu pense de tout ça) avez rien de mieux à faire qu'épier le moindre texte théorique à la virgule près pour critiquer une/des/les orgas ?
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede abel chemoul » 18 Juin 2015, 10:55

le post ci-dessus est une tentative de trollage qui risque de faire partir le topic en cacahouette. demande de mise en poubelle.
a la base ça parle d'islamophobie et d'EG, on a dérivé un peu mais on débat tout de même, là on a juste un djeune qui comprend pas qu'en tant qu'anars on puisse débattre de concepts théoriques nouvellement introduits...
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Pilotigasse » 18 Juin 2015, 11:13

"Débattre" ? Avec mauvaise foi, attaque personnelle, mensonges et propos hyper transphobe, très peu pour moi.

En terme de "demande de poubellage", je pense pas qu'un type capable de résumer les luttes trans à "20 000 personnes en France dont la priorité politique est de se faire enlever/mettre une bite/chatte par chirurgie." ait grand chose à dire.
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede abel chemoul » 18 Juin 2015, 11:18

bon, poubelle là non? sans compter son zoli avatar trollesque.
et oui, 20 000 trans, c'est 20 000 trans, la lutte se résume toujours au nombre de combattants, non? ou c'est aussi une lutte métaphysique pour la libération de nos âmes aliénées?
avec Berckman au moins on débat.
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Pilotigasse » 18 Juin 2015, 11:25

C'est comique ton "avec Berckman au moins on débat" vu que la dernière fois que j'ai répondu à une affirmation tu m'a juste attaqué sur ma personne avec une attitude hyper paternaliste.

Puis je ne suis pas sur d'avoir bien envie de débattre avec un mec qui tiens des propos comme les tiens sur les trans, en invisibilisant 100/100 leurs luttes et revendications politiques réels.

Et je suis content que mon avatar t'ai plu :) Je l'ai fait dans un moment de folie.
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede abel chemoul » 18 Juin 2015, 13:58

si tu ne veux pas débattre, rien ne te retient ici. et je suis navré que tu ne comprennes la critique sociologique seulement quand elle pointe les travers de la société capitaliste mais qu'elle te passe à 10 000 au dessus de la calebasse quand on analyse les rapports de pouvoirs dans des orgas libertaires.
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Pïérô » 18 Juin 2015, 17:53

Je ne pense pas qu'il y ait matière à envoi en corbeille, dans la mesure où on est pas dans la démesure totale et le domaine des insultes inacceptables.
Je pense qu'il faut que les camarades de la CGA acceptent le cadre d'échange, même parfois bruts, et il n'y a pas de raison de se recroqueviller en défense paranoïde autour de la défense sans condition de son organisation. Pour ce qui est des critiques, je ne me gène pas pour critiquer mon union syndicale, Solidaires, et AL bien souvent aussi, c'est bien le propre d'un forum d'offrir aussi cette possibilité. De fait un envoi en corbeille pourrait amplifier le symptome plutôt que chercher à le résorber, dans la mesure où il est clair que les camarades de la CGA ne sont pas traités en extraterrestres ou en ennemis. Et on reste vigilant-es au niveau de l'administration s'il y a des débordements méritants action.

Faudrait juste arrêter ce début de partie de ping-pong. :)

En attendant ce qui ressort du congrès récent d'AL, il y a là dessus une position du congrès de 2006 qui peut dater un peu, mais qui me semble plutôt tenir la route :

Religions, racisme et mouvements sociaux


1. Notre analyse de la question religieuse

1.1. Matérialistes, rationalistes ou simplement agnostiques, les communistes libertaires sont antireligieux(ses). Par delà les distinctions entre religions, « Églises », sectes, croyances, superstitions, « spiritualités », ésotérisme, quête d’un au-delà et autres billevesées d’un autre âge, ils combattent l’aliénation des individus et des peuples sous ses différentes formes.

1.2 Mais justement parce que nous sommes matérialistes, en aucun cas notre militantisme antireligieux ne doit nous aveugler nous-mêmes et affaiblir notre analyse matérialiste des contradictions de classe, de sexe et de culture dans la société. Notre action consiste à nous attaquer au rôle politique de la religion y compris à son idéologie lorsqu’elle joue un rôle politique réactionnaire, et non pas à nous occuper des consciences individuelles.

1.3 Refuser toute emprise des religions sur la société. Une lecture raisonnable de l’histoire montre qu’à chaque fois qu’elles en auront la possibilité, les « Églises » tenteront d’imposer leur loi à la société toute entière. Ces tentatives ne sont pas liées à telle ou telle religion (cf. les délires de certains qui font de l’islam une religion plus dangereuse que le christianisme par exemple), mais à la position de pouvoir acquise par chaque Église au sein d’une société. Plus une Église a conquis un pouvoir important, plus elle exercera ce pouvoir de façon dictatoriale. Ce combat contre les religions est d’abord un combat concret, pour le droit des femmes à disposer de leur corps, pour le respect de la dignité et des droits des homosexuels, pour la liberté d’expression, pour la défense d’un service public laïc de l’éducation et de la santé, pour le droit de chaque individu à vivre, aimer et mourir comme il le souhaite…

1.4 Notre projet de société est celui du respect intransigeant de l’épanouissement et de l’autonomie des individus et celui d’une solidarité collective pour permettre à tous de vivre dignement. Au sein de ce projet, la liberté individuelle et collective d’expression et d’organisation ne pourra avoir d’autre limite que le refus de la diffamation, de l’insulte, du racisme, du sexisme, de l’homophobie… Nous ne nous hasarderons pas à faire de la prospective sur la disparition plus ou moins rapide des religions au sein d’une société communiste libertaire. C’est dans ce sens qu’il convient d’affirmer clairement qu’en aucun cas, les croyants ne pourront se voir réprimés ni individuellement, ni collectivement pour leurs opinions, pour exprimer ou manifester leur foi. Les seules restrictions qui pourraient être envisageables relèveraient des mécanismes anti-sectes tels ceux qui sont organisés aujourd’hui, par exemple en Europe. La conclusion logique d’une telle affirmation est que si les communistes libertaires s’opposeront toujours aux prétentions des religions à contrôler la vie sociale ou politique, les croyant(e)s auront le droit de s’organiser, pourvu qu’ils et elles renoncent à imposer leur loi au sein de la société.

2. Racisme et antireligion

2.1 Nous sommes des antireligieuses et antireligieux déterminés, mais nous savons lire entre les lignes. Nous avons conscience du racisme (racial ou social) sous-jacent à certaines attaques en apparence antireligieuses.

2.2 Nous avons conscience que dans l’Occident blanc, où le christianisme est la culture dominante, celle des classes dominantes et des États, stigmatiser le judaïsme, le christianisme ou l’islam peut ne pas avoir les mêmes implications et les mêmes interprétations.

2.3 Le militantisme antireligieux ne peut faire abstraction des imaginaires collectifs qui étreignent la société et qui sont les héritiers du colonialisme ou du génocide de la Seconde Guerre mondiale. Ce contexte pèse incontestablement sur nos épaules.

Il est évident par exemple que, dans ce contexte, craignant pour l’interprétation de son acte, l’anarchiste ne peut pas ignorer que, en s’attaquant aux symboles religieux musulman ou hébraïque plutôt que chrétien, il risque de mettre en œuvre d’autres processus utilisés à des fins racistes.

3. Sarkozy et « l’exclusion des signes religieux ostentatoires »

3.1 En 2004, Nicolas Sarkozy a été à l’origine d’une loi d’exclusion des signes religieux « ostentatoires » dans les lycées et collèges. L’intention du gouvernement était-elle laïque ou raciste ? D’après le ministère de l’Éducation nationale, les cas litigieux de signes ostentatoires dans l’enseignement primaire et secondaire concernaient 0,003 % des élèves. Si le gouvernement avait voulu mener un combat pour la laïcité, il ne se serait pas acharné sur cette goutte d’eau ; il aurait commencé par liquider le statut de l’Alsace-Moselle, qui livre chaque année des dizaines de milliers d’élèves au prosélytisme des curés, des rabbins et des pasteurs (mais pas des imams). Conclusion : l’objectif de cette loi était raciste. Et tout le monde savait que le fameux « foulard islamique » était visé au premier chef.

3.2 La manœuvre a permis à Nicolas Sarkozy de s’offrir le soutien d’une partie des enseignant(e)s, des féministes (Ni Putes ni Soumises), de la gauche (Parti socialiste), et de l’extrême gauche (Lutte ouvrière), pour couvrir une opération dont l’objectif était foncièrement raciste. 3.3 Cette loi méritait l’opposition de toutes les forces laïques et antiracistes. Mais, pour se démarquer clairement des religieux, cette opposition supposait en parallèle la dénonciation claire et ferme des religions (et par là même du fameux foulard qui, rappelons-le, a été une institution patriarcale bien avant d’être une institution religieuse).

4. Les caricatures danoises de Mahomet

4.1 Le 30 septembre 2005, le quotidien de droite conservatrice danois Jyllands-Posten publiait une série de caricatures de Mahomet. Vu l’éditeur, vu l’unilatéralité de l’attaque, l’entreprise était incontestablement teintée de racisme. La reproduction de ces caricatures par le journal égyptien Al Fagr le 17 octobre a déclenché une vague d’indignation et de violences anti-occidentales dans les pays musulmans, souvent orchestrées de façon purement démagogique par les gouvernements eux-mêmes. En France, le 1er février 2006, c’est le quotidien de droite France Soir qui a pensé faire un coup commercial en les publiant. Instrumentalisant à leur tour les événements, plusieurs dignitaires israélites, catholiques ou musulmans en ont profité pour mettre en question la liberté d’expression et prétendre faire interdire le « blasphème » !

4.2 Au milieu de ce bal des hypocrites, les athé(e)s militant(e)s et la presse de gauche ont été sommés de choisir entre le soutien à la liberté d’expression et la condamnation de la publication des caricatures. Mais de quelle « liberté d’expression » parle-t-on ?

4.3 Peut-on, au nom de la liberté d’expression, tourner les dieux et leurs prophètes en dérision ? Oui, sans aucune limite. Peut-on, au nom de cette même liberté d’expression, admettre des entreprises racistes ? Non, évidemment.

4.4 L’entreprise raciste de publication des caricatures par le Jyllands-Posten méritait condamnation. On ne pouvait qu’être réservé devant leur publication « au nom de la liberté d’expression » par France Soir. Mais pour ne pas qu’une réprobation antiraciste soit confondue avec un quelconque soutien aux religieux, il était nécessaire d’affirmer en parallèle le droit inaliénable à la liberté d’expression.

4.5 Les délires d’un Samuel Huntington concernant « le choc des civilisations » doit nous amener à une méfiance à l’encontre de toute polémique mettant en cause une religion particulière, tant il est vrai que le capital a besoin de diviser le prolétariat pour maintenir son pouvoir. Il en a été ainsi de l’affaire des caricatures de Mahomet. Au total, cette polémique n’a renforcé que les courants islamistes et les droites extrêmes dans les pays occidentaux. Si nous n’accordons à aucune religion un quelconque présupposé libérateur, nous nous refuserons toujours à stigmatiser une religion plus qu’une autre, parce qu’une telle logique ne peut qu’affaiblir le combat de classe.

5. Sur l’alliance entre mouvement social et islam progressiste

5.1 La présence contestée de Tarik Ramadan au Forum social européen de Saint-Denis fin 2003 a mis en lumière une tendance d’une partie de la gauche à chercher des partenaires au sein de l’islam progressiste. L’ambition – louable – est de toucher plus largement les populations issues de l’immigration. Le modèle confusément admis est celui de l’association des « cathos de gauche » au mouvement ouvrier dans les années 1960. À cette tendance spontanée s’en ajoute une, solidement théorisée par une partie du trotskisme international (SWP britannique et une partie de la LCR française), qui consiste à vouloir unir islamistes et révolutionnaires socialistes dans un même front anti-impérialiste.

5.2 Alternative libertaire récuse cette tendance, qu’elle soit théorisée ou non.

5.21 D’une part parce qu’elle repose sur une vision colonialiste, assimilant musulmans et Arabes ou Pakistanais, et faisant des associations religieuses des « représentantes » de ces populations issues de l’immigration.

5.22 D’autre part parce que l’analogie avec les « cathos de gauche » est fausse. Dans les années 1960, l’Action catholique ouvrière (ACO) et la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) ont joué un rôle important, dont le résultat n’a pas été d’amener la classe ouvrière à l’Église, mais au contraire a conduit une partie du prolétariat catholique à rejoindre le mouvement ouvrier organisé. Question de rapport de force à l’époque, en faveur du mouvement ouvrier, qui a conduit une partie du clergé à lui faire des concessions idéologiques.

Autres temps, autres mœurs : il n’y a pas aujourd’hui, en France, d’équivalent musulman de l’ACO ou de la JOC. Les associations inspirées par Tarik Ramadan (Collectif des musulmans de France, Étudiants musulmans de France…) ont avant tout un rôle théologique et de prosélytisme religieux. Ces associations revendiquent également une « ouverture » sur les problématiques sociales, sociétales, féministes, etc. Mais force est de constater que leur « coopération » avec le mouvement social consiste moins à amener les musulmans à rallier ses valeurs, qu’à obtenir du mouvement social des concessions idéologiques, notamment sur les aspects les plus rétrogrades, comme le foulard islamique. Un courant politique à caractère religieux ne peut être considéré comme progressiste, sous prétexte qu’il organiserait les masses exploitées.

5.3 Pour finir, si nous dénonçons les religions, nous ne stigmatisons pas les croyants individuellement. Nous faisons nôtre l’idée que « l’émancipation des croyant(e)s sera l’œuvre des croyant(e)s eux/elles-mêmes ». Dans la tradition qui a toujours été celle du mouvement ouvrier, nous saluons et encourageons l’engagement des croyant(e)s dans les organisations syndicales et les associations de lutte. C’est en prenant leur destin en main, en revendiquant pour aujourd’hui l’amélioration de leur sort, sans attendre un Paradis dont la prière leur donnerait la clef, que les travailleur(se)s sont amené(e)s à s’éloigner des superstitions et de croyances archaïques. C’est de cette façon que le mouvement ouvrier et social a été et continue d’être un puissant vecteur de sécularisation du prolétariat et de la société toute entière. Et il n’y a aucune concession à faire à ce sujet.

6. Une ligne de conduite

6.1 Tenant toujours compte à la fois du texte et du contexte, nous pouvons dégager une ligne de conduite qui ne fasse pas du militantisme antireligieux l’otage ponctuel de telle ou telle faction religieuse, raciste ou de droite autoritaire.

6.2 On dit communément que l’on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. Le militantisme antireligieux militant doit suivre la même logique : on peut stigmatiser toute religion, mais pas avec tout le monde. On ne trouvera jamais AL au coté de Sarkozy pour exclure les jeunes filles voilées des écoles ; et pas davantage au côté des religieux pour faire reconnaître la légitimité du « foulard islamique » ou pour faire interdire le « blasphème ».

6.3. Quant au concept de « laïcité », Alternative libertaire le juge nécessaire. Encore que nous l’entendons comme l’éviction des religions des affaires publiques et l’affirmation sans ambiguïté de la supériorité de la démarche critique scientifique, et non pas comme la mise à égalité des religions. Pour cette raison, Alternative libertaire apporte son soutien critique à la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, que nous jugeons salutaire et toujours d’actualité quoique constamment violée par l’État français (statut de l’Alsace-Moselle, caractère religieux de la plupart des jours fériés du calendrier…).

6.4 Quant aux relations entre mouvement social et associations religieuses, nous estimons qu’elle est impossible avec les associations cultuelles et possible avec les associations de masse à caractère confessionnel seulement si ces dernières, entraînées par une dynamique de classe, s’alignent sur les pratiques et les revendications des mouvements sociaux. Mais qu’elle est à combattre si elle doit conduire les mouvements sociaux à des concessions sur les principes de laïcité, d’identité de classe, de féminisme.

6.5 Les guerres menées par les nations impérialistes qui amènent les États occidentaux à dominer, occuper, humilier la Tchétchénie, l’Afghanistan, l’Irak ou la Palestine entraînent des tensions interculturelles non négligeables. Après le communisme, l’islam est devenu l’« ennemi public n°1 » pour l’impérialisme occidental. Ce contexte complique la tâche pour le militantisme antireligieux, et sa propagande doit être conçue afin de prévenir toute interprétation raciste qui pourrait en être faite. C’est le seul moyen pour qu’elle soit entendue, et non instrumentalisée par la droite extrême, voire par certaines factions religieuses elles-mêmes.

6.6. Le soutien aux mouvements révolutionnaires, athées et anti-impérialistes agissant dans les pays dits musulmans est une tâche essentielle pour les communistes libertaires. De tels mouvements existent notamment en Irak ou en Iran. Il nous revient de populariser leurs luttes ici même, de lancer des initiatives de soutien matériel ou de rejoindre celles qui existent déjà, telle Solidarité-Irak. Communistes libertaires, nous affirmons que c’est d’abord par des actes constructifs que le racisme peut être battu, et que celles et ceux qui trouvent aujourd’hui un refuge illusoire dans le communautarisme et la religion peuvent reprendre leurs vies en main. Religions, communautarisme, racisme, « islamo-gauchisme » sont autant d’écrans de fumée qui éloignent les travailleur(se)s de leur propre émancipation. C’est dans la lutte des travailleur(se)s ici et dans le monde entier que se trace la voie de l’émancipation humaine. La solidarité avec les mouvements qui poursuivent les mêmes objectifs doit faire partie intégrante de notre action quotidienne, dans les syndicats et les associations de lutte ainsi que dans l’intervention directe d’Alternative libertaire.

http://www.alternativelibertaire.org/?R ... mouvements
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Berckman » 18 Juin 2015, 19:55

Je pense qu'il faut que les camarades de la CGA acceptent le cadre d'échange, même parfois bruts, et il n'y a pas de raison de se recroqueviller en défense paranoïde autour de la défense sans condition de son organisation.

On a vraiment pas la même conception de "l'échange", Piero... Tu nous qualifies de paranos, ça c'est pas insultant peut être ?
D'un côté, il y a plusieurs pages de calomnies et y répondre ce serait de la "défense paranoïde autour de la défense sans condition de son organisation"...

Le problème ce n'est pas la critique politique, c'est de prêter des positions imaginaires à une organisation, et de s'acharner sur elle (ça à l'air la mode visiblement)... Lâchez nous la grappe et occupez vous de votre activité politique...
En ce qui nous concerne, nous avons toujours effectué de critiques de fond sur des positions politiques sans jamais attaquer nommément des organisations. Parce que ce qui nous intéresse c'est le fond politique, pas le règlement de compte. C'est une éthique qui n'a pas l'air partagée...

il est clair que les camarades de la CGA ne sont pas traités en extraterrestres ou en ennemis.

Ben c'est pas vraiment ce qui se dégage des interventions multiples d'Abel sur ce forum...

Et on reste vigilant-es au niveau de l'administration s'il y a des débordements méritants action.

Haha je vois que le libéralisme n'est vraiment pas mort sur ce forum...
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Pïérô » 18 Juin 2015, 20:07

Je ne comprends pas bien cette dernière allusion. :roll:
En tout cas, il y en a que je comprends très bien
Berckman a écrit:On a vraiment pas la même conception de "l'échange", Piero... Tu nous qualifies de paranos, ça c'est pas insultant peut être ?

Je pense que tout le monde avait compris que je m'adressais surtout là à Pilotigasse, que je respecte et avec lequel je ne me sens absolument pas en guerre, ni avec les camarades de la CGA en général que j'invite par là même à partager cet espace de manière constructive plutôt qu'essentiellement en réponses à critiques. Je pense Berckman que tu joues là de manière très manipulatrice dans une cour qui autour de ton nombril ferait un "nous" d'une façon bien interrogeable et déjà dénoncée. Et c''est bien à toi, sans nommer, et pour ces raisons, que je m'en suis pris auparavant viewtopic.php?f=70&t=11649&start=15#p201663.

Je pense qu'en l'état, et en insistant à nouveau sur le fait que sur forum les individus parlent en leur nom et pseudos, qu'abel chemoul ne représente aucune organisation, pas d'avantage que moi pour AL, sur ce forum, qui reste un forum, et parce que je me sens un peu différent et même divergent d'abel chemoul sur certains points et un cheminement que je ne partage pas, et parce que je sais aussi que les camarades de la CGA, et heureusement, n'y sont pas rentrés comme en religion à LO, qu'il serait bon qu'on remette un peu de "je", comme je le fais, là dedans. On voit bien que l'ensemble des organisations, et en terme de chaque organisation (et on le voit bien ici pour la CGA, et cela vaut aussi pour AL aujourd'hui), a du mal à préciser dans le domaine une position collective très claire (et j'ai bien conscience que ce que je dis là est très subjectif), et qu'il y a dans ce domaine collectif, et au sens large au niveau des organisations et du mouvement, de quoi discuter, échanger, et partager les un-es et les autres...

abel chamoul fait bien ce qu'il veut, tant que cela reste dans le cadre acceptable défini collectivement par les membres fondateurs-trices de ce forum qui l'ont pensé le plus large possible en un espace communiste-libertaire élargi. La question "Islam, islamophobie et extrême-gauche" fait réellement débat, essayons, même en se lançant des piques dans la limite du raisonnable dans un cadre forum que l'on ne peut penser lissé en pensée unique, d'avancer...
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede bipbip » 25 Juin 2015, 13:26

Pour un universalisme émancipateur

Nous avons reçu il y a un peu plus d’un mois un long texte signé Léo Picard, que vous trouverez ci-dessous, et qui, de façon argumentée et documentée, propose des pistes pour reconstruire un discours antiraciste et antifasciste. Alors que l’extrême droite mine partout le terrain, que ses idées se banalisent et que, entre nous, les raccourcis et les anathèmes semblent devenus la règle pour décrire les positions des unEs et des autres, la démarche est salutaire, et même si nous ne partageons pas nécessairement toutes les analyses du texte (en particulier sa mansuétude à l’égard de Charlie Hebdo), la volonté de prendre en compte différents points de vue dans une perspective constructive nous a paru être de nature à offrir à chacunE l’occasion de réfléchir.

http://lahorde.samizdat.net/2015/06/25/ ... ncipateur/

Contre l’islamophobie, contre l’islamisme, contre les clivages identitaires

Pour un universalisme émancipateur

Les attentats de janvier 2015 à Paris ont ravivé un clivage important, qui était déjà apparu à l’occasion des affaires du voile, au sein des collectifs antifascistes et des organisations libertaires et d’extrême gauche. D’un côté les tenants intransigeants de la laïcité, voire de l’anticléricalisme et de l’athéisme militant, défenseurs sans concessions du féminisme et des libertés ; de l’autre les « islamo-gauchistes » selon leurs détracteurs[1], partisans d’une modulation des discours antireligieux, pour qui « il importe de ne pas stigmatiser celles et ceux qui le sont déjà pour leurs origines et surtout leur statut social. »[2] Si le débat en était resté là, on aurait pu l’oublier.

Le fait est qu’il va plus loin quand une partie de la frange « islamo-gauchiste » a trouvé une nouvelle cause prioritaire avec le combat contre l’islamophobie. On en a eu une illustration avec le meeting contesté contre l’islamophobie le 6 mars à Paris[3], mais aussi avec l’apparition de collectifs ou la polarisation de certains discours militants accordant une place à part à l’islamophobie, dans le contexte d’une médiatisation importante de cette question par la parution récente d’ouvrages à gauche comme ceux d’E. Todd ou E. Plenel.

Là il y a danger pour nos collectifs et pour la santé idéologique de notre camp. Celui d’une grande confusion qui s’exprime notamment au travers d’une hiérarchisation des antiracismes, qui n’est que le revers d’une hiérarchisation des racismes. Avec d’un côté les inconditionnels de l’islamophobie, et de l’autre les inconditionnels de l’antisémitisme. En bref, le piège identitaire. C’est l’objet du présent texte.

Vous avez dit « islamophobie » ?

Il faut une clarification préalable sur le terme même d’« islamophobie ». Pour certains courants de nos adversaires, toute critique de l’islam (croyance ou religion) ou de l’islamisme (courant politico-religieux) relèverait de l’islamophobie. On ne peut évidemment pas accepter ce type d’assimilation. On ne rejettera pas ici la critique de la religion, des croyances, encore moins celle de l’islamisme, bien au contraire. « Ceux qui pointent le fait qu’il y a un risque de pervertir le terme d’islamophobie pour faire taire toute critique de la religion musulmane ont raison sur le fond. Mais est-ce le terme ou certains de ses usages qui posent problème ? Faudrait-il alors bannir tous les mots susceptibles d’être instrumentalisés ? »[4]. Ce qu’il faut distinguer et combattre très explicitement, c’est l’islamophobie au sens du racisme antimusulman, c’est-à-dire l’infériorisation et le rejet des musulmans, réels ou supposés, du fait de leur religion. C’est avec ce sens que le terme est employé par nombre de militants sensibles à la montée du racisme en France, et c’est avec ce sens qu’il est employé dans ce texte.

Même une fois d’accord sur ce que l’on veut dire, l’utilisation du terme est discutable. N’est-ce pas faire une concession aux courants islamistes et les appuyer que de dénoncer le racisme antimusulman plutôt que le racisme anti-arabe ?[5] Pour les islamistes, notamment pour les pouvoirs dictatoriaux islamistes dans de nombreux pays, assimiler les Arabes à l’islam, c’est-à-dire dénier le droit aux Arabes d’adopter une autre religion ou d’être athées, voire d’être homosexuels ou simplement partisans de mœurs plus libres, c’est un objectif politique de contrôle et de sujétion de la population à leur autorité, et qualifier d’« islamophobe » toute expression de racisme anti-arabe apporte de l’eau à leur moulin.

L’islamophobie ne recouvre pas le racisme anti-arabe mais elle constitue, de fait, une forme de racisme qui s’est développée avec la croissance de l’expression publique de la religion musulmane. Son émergence correspond également à une mutation du racisme, passé d’une conception biologisante (haine des races inférieures qui menacent la pureté biologique de l’homme blanc) à un racisme culturel (haine des cultures inférieures qui menacent la culture occidentale). On ne peut pas nier que les attaques contre les mosquées ou contre des femmes voilées se sont multipliées ces dernières années, que les propos hostiles aux musulmans se multiplient, de la part de politiciens et d’intellectuels, abondamment relayés par les médias, sur Internet et sur les réseaux sociaux, ni que ces attaques relèvent d’attitudes racistes. C’est le racisme anti-arabe remis au goût du jour, quand une partie de la population arabe et de ses représentants politiques met en avant son appartenance à la religion musulmane. Mais bien entendu, si on veut éviter les risques d’instrumentalisation, il faut dénoncer à la fois l’islamophobie, le racisme antimusulman, et la xénophobie, qui inclut le racisme anti-arabe.

Contre la hiérarchie des racismes

Dénoncer l’islamophobie est une nécessité. En faire un combat à part, voire une priorité, c’est une autre affaire. Du côté des nouveaux opposants à l’islamophobie dans notre camp (on ne parle pas ici des islamistes), on voit pourtant poindre une attitude étrange qui peut s’apparenter, dans certains cas, à ce qu’il faut bien qualifier d’islamophilie. C’est étrange quand on le rapporte à nos repères habituels qui sont de l’ordre de la solidarité de classe plutôt que de la solidarité communautaire, qui plus est quand la communauté concernée est religieuse. On peut l’expliquer et le critiquer comme un nouvel avatar de l’ouvriérisme paternaliste : une posture morale empreinte d’un complexe de supériorité à l’égard des opprimés qui glisse progressivement de la solidarité au soutien, puis au suivisme. La religion reste une aliénation, on n’entrera pas ici dans de longues explications sur le sujet. Trouver cette aliénation plus tolérable parce qu’elle touche les plus opprimés, c’est presque avoir renoncé par avance au combat politique contre l’oppression.

Derrière la priorisation de l’islamophobie, il y a le constat que les personnes stigmatisées pour leur confession musulmane, réelle ou supposée, sont majoritairement issues des milieux immigrés et des quartiers populaires. Il y a aussi le constat que le racisme anti-arabe et antimusulman, historiquement hérité du colonialisme, imprègne aujourd’hui encore les esprits et les institutions, notamment la police et la justice, et qu’il est de ce fait entretenu par l’Etat. De ce double constat parfaitement juste, certains infèrent l’idée que les musulmans seraient les victimes principales voire exclusive du racisme, et que de ce fait les victimes de l’islamophobie seraient à défendre en priorité. Le racisme antimusulman n’est pourtant pas le seul à s’exprimer de façon grandissante depuis trente ans, et à se traduire en actes : racisme anti-Roms, racisme anti-Noirs, antisémitisme vont également bon train. Ce qui est ressenti par les victimes des différentes variantes de racisme est difficilement comparable et encore moins mesurable.

Même s’il n’est absolument pas relayé par l’appareil d’Etat, on observe ainsi un regain de l’antisémitisme, lié à la crise du capitalisme comme à la recomposition de l’extrême droite aux marges du Front national, avec des zéniths remplis de supporters de Dieudonné et des millions de vues des vidéos de Soral : c’est le retour du « socialisme des imbéciles » suivant l’expression d’August Bebel[6], l’antisémitisme ayant pour fonction historique de détourner la contestation sociale et politique des milieux populaires contre des boucs-émissaires juifs. Ces dernières années, les juifs sont également les seuls qui ont été victimes de crimes de sang explicitement du fait de leur religion (Ilan Halimi il y a quelques années, l’école juive de Toulouse en 2012, l’Hyper Casher en janvier 2015). Le nombre d’agressions antisémites rapporté au nombre de juifs en France est globalement du même ordre de grandeur que le nombre d’agressions islamophobes rapporté aux nombre de musulmans[7]. Cette résurgence de l’antisémitisme suffit manifestement à encourager les candidats à l’émigration en Israël[8].

Le fait que les musulmans soient majoritairement issus de la main d’œuvre immigrée donc des milieux populaires, tandis que les Juifs seraient socialement bien insérés, serait une très mauvaise raison de considérer que la judéophobie et plus généralement l’antisémitisme sont moins graves que l’islamophobie, ou même simplement que les Juifs subissent moins que les musulmans. En Allemagne dans les années 30, les Juifs étaient également socialement très bien intégrés. Plus proche de nous, les Tutsis au Rwanda étaient considérés comme appartenant plutôt à l’élite, à l’inverse des Hutus. Les deux situations ont conduit à des génocides.

Il y a une hiérarchie dominante qui place l’antisémitisme au-dessus des autres racismes. Cela s’exprime souvent, régulièrement, dans les médias comme de la part des politiciens[9]. Cette hiérarchie résulte d’une histoire (issue de la seconde guerre mondiale), elle est renforcée par des considérations géopolitiques (le soutien à l’impérialisme israélien) et par certains soutiens communautaristes (la ligne du CRIF). Cette hiérarchie est inacceptable[10]. Mais c’est une très grave erreur de retourner la hiérarchie des racismes, et de remplacer la hiérarchie dominante par une hiérarchie inverse, qui place l’islamophobie au-dessus des autres racismes. C’est ni plus ni moins que remplacer un communautarisme par un autre. Il n’y a pas de racisme plus grave qu’un autre de même qu’il n’y a pas d’oppression plus grave qu’une autre. Il ne faut pas retourner la hiérarchie des racismes, il faut la supprimer : combattre ensemble et systématiquement tous les racismes, notamment l’antisémitisme et l’islamophobie[11].

Combattre l’islamisme, ce cousin du lepénisme

Charlie hebdo a été perçu comme dérivant vers l’islamophobie. Mais cela ne signifie pas que ses journalistes ont effectivement dérivé dans ce sens-là. Charlie Hebdo n’est pas un parti avec une seule ligne politique, mais un journal avec une variété de journalistes et d’opinions dont celles, contestables, de Philippe Val. Mais il est clair que le journal est globalement resté antiraciste et antifasciste. De nombreux militants anticapitalistes, des anarchistes de différents groupes, des syndicalistes, des soutiens aux sans-papiers, etc. ont eu des combats communs avec des personnalités de Charlie hebdo sans jamais considérer qu’ils dérivaient vers une forme ou une autre de racisme. On peut trouver que dans un contexte de montée des racismes, certaines de leurs Unes n’ont pas été très bienvenues quand elles ont ciblé exclusivement la religion musulmane puisqu’elles ont alors prêté le flanc à une interprétation islamophobe. Mais manifestement, leur intention n’était pas celle-là.

Là où il y a un vrai problème, c’est quand des gens assimilent la critique de la religion avec la stigmatisation des croyants de cette religion. Ceux qui ne supportent pas la critique et la discussion de leurs positions sont mûrs pour le fascisme sous une forme ou une autre. C’est la ligne des intégristes de tous bords, et plus généralement de ceux qui considèrent que leur religion doit régir toute la vie sociale (la politique, la famille, la sexualité, l’école…). C’est notamment la ligne de l’islamisme, la conception politique selon laquelle l’islam doit régir toute la vie sociale. Il ne faut pas se retenir de critiquer les religions, toutes les religions – même si on peut être d’accord que la forme de cette critique doit être adaptée pour éviter qu’elle soit mal interprétée. Laisser des gens dire qu’il ne faut pas critiquer leurs idées (sur Dieu, sur la nation, sur les femmes, sur les races…) parce que « chacun ses idées », « respect », etc., c’est à l’opposé extrême de tous les principes qui semblent défendables dans une perspective d’émancipation. Sous couvert de « respect » de la religion, on vise en effet à faire taire les athées et les anticléricaux, comme si la liberté d’expression devait être réservée aux croyants. À l’inverse, le droit à la discussion et à la critique, le droit à ce que certains considèrent comme du blasphème sont des droits essentiels à défendre becs et ongles aujourd’hui comme hier.

Un aspect souvent négligé concernant Charlie hebdo est que leurs Unes ont été publiées dans un contexte où l’islamisme a pris du poids. À partir de la fin des années 1980, notamment suite au développement du FIS en Algérie, un travail d’implantation militante systématique a été entrepris de la part de ce courant en France. L’islamisme s’est développé en miroir avec le FN : les deux se sont implantés au fur et à mesure du recul de l’implantation militante ouvrière syndicale et politique, principalement du PCF et de ses organisations de jeunesse. L’islamisme a réussi à peser sur certains secteurs musulmans, mettant le voile au goût du jour (jusque-là absent ou ultra-minoritaire), et défendant une conception de la religion que l’on peut qualifier d’identitaire : la religion n’est pas considérée comme une dimension parmi d’autres de la vie des croyants, mais comme la dimension la plus déterminante, celle devant laquelle les autres dimensions doivent plier. Partager cette religion et ses interdits, c’est faire partie d’une communauté liée à l’identité arabe : l’Arabe non musulman devient alors suspect. Il y a bien eu des initiatives contre le développement de l’islamisme avec de vraies actions dans les quartiers, comme « Ni putes ni soumises », mais instrumentalisées par le PS, elles n’ont pas débouché. À l’inverse, d’autres initiatives ont renforcé les islamistes, comme celles du pouvoir sarkozyste qui a vu en eux à partir des émeutes de 2005 un gendarme possible pour les banlieues, favorisant leur implantation et peu à peu leur contrôle sur les populations immigrées des quartiers populaires. Ainsi la représentation institutionnelle de l’islam en France, aidée par les pouvoirs publics, a-t-elle été confiée aux plus réactionnaires de ses courants.

Ce qui fait que les Unes de Charlie hebdo ont porté, et qu’elles ont pu être appuyées par bon nombre de gens se situant à gauche ou à l’extrême gauche, c’est que dans ce contexte elles ont été et sont apparues comme une critique de l’islamisme autant voire plus que de l’islam[12]. C’est certainement comme cela qu’elles ont été perçues par nombre de personnes de culture arabo-musulmane qui ont pu apprécier Charlie hebdo, et qui avaient des raisons politiques, personnelles ou familiales de haïr l’islamisme. Mais le contexte de montée de l’islamisme explique aussi que les Unes Charlie hebdo ont pu être considérées comme insupportables par des musulmans en phase de repli identitaire.

La croissance de l’islamisme depuis la fin des années 1970 au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde, comme l’irruption des révolutions anti-islamistes depuis le « printemps arabe » en 2011, constitue le point aveugle de nombreuses analyses, qui empêche de mesurer tous les facteurs qui contribuent à la montée de l’islamophobie et donc aussi tous les leviers pour la combattre[13]. L’islamisme est un courant politique réactionnaire, fascisant[14], historiquement appuyé par les puissances occidentales, et qui doit être clairement combattu[15]. Les premières victimes de l’islamisme radical dans le monde sont les musulmans, comme le révèlent les massacres répétés par Daech, Al Qaida ou Boko Haram. Mais il n’y a pas que l’islamisme radical, certaines versions modérées de l’islam politique ne valent guère mieux. Notre solidarité doit être sans faille et visible avec toutes les femmes, tous les homosexuels, tous les athées qui dans le monde musulman, sont aux prises avec l’oppression, les persécutions et la répression imposées par les islamistes.

Les « printemps arabes » ont non seulement renversé des régimes autocratiques militaires réactionnaires mais également, pour la première fois dans l’histoire, des régimes islamistes tout autant réactionnaires. Ils ont ainsi ouvert la voie à une libération des peuples et des mœurs pour cette région du monde inimaginable il y a seulement quelques années. Ce faisant, ces peuples qui ont osé chercher leur émancipation et ont servi d’exemple ailleurs dans le monde (avec les mouvements Occupy) ont été férocement combattus par les impérialismes et par leurs représentants sur place, les forces les plus réactionnaires de ces pays, militaires, grands propriétaires et religieux, menacés de perdre leur autorité, donnant lieu au chaos et à la barbarie qui règnent aujourd’hui au Moyen Orient. Ne pas affirmer sa solidarité avec les Arabes de tradition musulmane qui tentent de s’émanciper de toutes les tutelles y compris islamistes ou religieuses, c’est risquer de se trouver du côté de ceux qui essaient d’écraser toute forme d’émancipation dans ces milieux plutôt que d’affirmer sa solidarité avec les plus pauvres ici. Ce sont les plus pauvres, les jeunes, les femmes du monde musulman qui subissent aujourd’hui le plus frontalement l’islamisme, mais surtout, qui le combattent au prix de leur vie : révolution contre le régime des Frères musulmans en Egypte en 2013, chute d’Ennahdha en Tunisie, lutte de la population contre la mainmise de l’AKP en Turquie… S’il y a une solidarité à avoir, c’est avant tout avec ces combats et ces combattants et non avec ceux qui, se dissimulant derrière l’islam, visent à faire revenir les peuples dans l’esclavage.

En Europe aussi, nous devons combattre l’islam politique. Il ne s’agit pas de céder aux peurs organisées face au « danger terroriste », encore moins d’accepter de renoncer à nos libertés ou d’approuver de nouveaux dispositifs sécuritaires au nom de la lutte contre le terrorisme. Le danger le plus important ne réside pas tant dans le fait que quelques centaines de jeunes soient partis faire le jihad en Syrie ou ailleurs, même si leur trajectoire est évidemment celle qui va au bout de la logique islamiste, quand la religion est imposée comme « un dogme qui ne peut mener qu’à la sécession, à la “désintégration” des sociétés qui se réclament de la sortie des religions, des Lumières, des mouvements ouvriers, des courants féministes. »[16] Le danger fondamental de l’islamisme se situe ailleurs. En France, l’islamisme est le cousin du lepénisme. Les deux sont des idéologies communautaristes c’est-à-dire identitaires, mutuellement hostiles, mais sur le fond tout à fait convergentes. Fondées sur la division et la hiérarchisation, elles se renforcent mutuellement, conduisent à la haine et à l’exclusion. Elles sont diamétralement opposées à toute perspective de convergence des exploités pour une émancipation collective. C’est à ce titre qu’elles doivent être combattues.

Contre les islamophobes et contre les islamistes

Comme pour toutes les religions il y a finalement trois niveaux à distinguer avec soin : les musulmans (les croyants), l’islam (religion), et l’islamisme (politique). Il semble que si nous devons avoir une position collective et partagée dans nos collectifs militants, cette position peut et doit être déclinée selon ces trois niveaux :

1. Le rejet sans équivoque de l’islamophobie, c’est-à-dire du racisme antimusulman, au même titre que les autres racismes (racisme contre les Noirs, anti-Roms, antisémitisme…) ;

2. L’indifférence à l’égard de l’islam, autrement dit des croyances et pratiques individuelles, en étant bien d’accord que les droits de croire, de pratiquer, de ne pas croire, de critiquer, de « blasphémer », doivent être respectés ;

3. Le combat contre l’islamisme, qui est une idéologie politique réactionnaire et va à l’encontre de l’émancipation individuelle et collective, au même titre que tous les intégrismes (juif, catholique…).

C’est à cette condition que nous pourrons converger avec des personnes de culture arabo-musulmane, construire ensemble des fronts de lutte, et faire reculer les clivages identitaires. C’est concernant la religion, prendre acte du fait que la situation n’est pas la même qu’il y a un demi-siècle car l’athéisme militant a perdu du terrain[17], et qu’elle constitue une composante non négligeable dans la vie de nombreuses personnes de culture arabo-musulmane (et pas seulement). Mais c’est aussi, au fond, transposer un principe de laïcité à nos luttes : la religion est affaire personnelle, qui peut s’exprimer publiquement mais n’a pas à interférer avec nos engagements collectifs. On peut bien sûr être croyant voire pratiquant et partisan du patriarcat le plus strict et de l’application intégrale des textes sacrés ; mais on peut aussi être croyant voire pratiquant et partisan de l’égalité et de l’émancipation[18].

Le port du voile islamique a suscité de nombreuses disputes et divisions dans nos collectifs depuis 1989, date de la première affaire du voile. Sans reprendre ce débat dans son ensemble, toutes les positions étant défendues avec sincérité et honnêteté par des militants de notre camp (féministe et antiraciste), on peut mesurer à quel point il a pu cristalliser des clivages sur des questions finalement relativement secondaires, pour le plus grand profit des nationalistes franchouillards et des communautaristes musulmans. Un quart de siècle a passé, et notre camp a reculé. De nombreuses femmes musulmanes portent aujourd’hui le voile dans des contextes et avec des motivations très variés.

On appréciera sur cette question la position défendue par Emile Carme : « celle de la ligne de crête. Tenir les deux bouts de la corde, en somme. C’est-à-dire : reconnaître, contrairement à certaines franges militantes radicales, que le voile n’est pas un objet neutre, anodin ou sacro-saint et qu’il constitue, au regard de la tradition féministe (on se souvient de la socialiste indépendantiste égyptienne Huda Sharawi ôtant publiquement son voile en 1923), l’un des multiples marqueurs de la domination masculine (puisque personne ne songe une seule seconde à le prescrire aux hommes et que cette singularité atteste à elle seule de son caractère sexiste) et de la prépotence des hommes (leurs lois, leurs imaginaires, leur désirs, leurs frustrations, leurs attentes et leur empire) tout en reconnaissant, d’un même élan, qu’il est attentatoire à la liberté de pensée et de conscience de forcer une femme à l’ôter (de la même façon qu’il l’est de la forcer à le porter) et que l’attention délirante dont il est l’objet – inversement proportionnelle à celle que l’on porte d’ordinaire aux luttes féministes – relève avant tout du racisme anti-musulman. »[19]

Car ce qui importe, plus que le port du voile, ce sont les convictions idéologiques et politiques qui l’accompagnent : s’agit-il d’une manière de vivre sa religion voire sa culture ? Avec celles qui sont dans ce cas, nous aurons des désaccords et nous pourrons en débattre. S’agit-il d’une adhésion à l’islamisme, à l’idée que la religion prend le pas sur tout le reste et qu’elle doit régir le monde ? Là, le désaccord est essentiel, il n’y a rien à débattre, simplement une idéologie politique à combattre.

Articuler le combat contre l’islamophobie et contre l’islamisme suppose de rejeter toutes les tentatives d’instrumentalisation des deux côtés, par les islamophobes comme par les islamistes. On ne peut pas défendre les libertés, la laïcité et le féminisme contre l’islamisme, avec les islamophobes avérés qui se camouflent (ou pas) derrière les « valeurs de la République »[20]. Mais on ne peut pas non plus lutter contre le racisme antimusulman avec les islamistes, promoteurs du communautarisme musulman, de la haine contre les Juifs (les « sionistes ») et les chrétiens (les « croisés »), et de l’homophobie. Le combat pour la laïcité est ainsi exemplaire des instrumentalisations multiples dont peuvent être l’objet certaines de nos revendications : parce qu’elle est brandie contre les musulmans par l’extrême droite (Riposte laïque, Front national), certains islamophiles considèrent qu’il ne faut plus la défendre… pour le plus grand bonheur des islamistes et de l’extrême droite[21]. À l’inverse, il faut travailler de manière explicite et délibérée contre les discours et les pressions exercées par les uns et les autres, dans nos luttes comme dans nos vies.

Contre les clivages identitaires, pour un universalisme émancipateur

Combattre tous les racismes dont l’islamophobie, combattre tous les fascismes dont l’islamisme, ce sont des combats que nous devrons conduire avec le plus grand nombre et notamment avec les personnes de culture arabo-musulmane. Comme l’écrit Badiou dans un article paru quelques jours après les attentats de janvier, il s’agit « d’agir en commun avec le plus possible de jeunes prolétaires de ces banlieues, le plus possible de jeunes filles, voilées ou non, cela n’importe pas, dans le cadre d’une politique neuve, qui ne se réfère à aucune identité (“les prolétaires n’ont pas de patrie”) et prépare la figure égalitaire d’une humanité s’emparant enfin de son propre destin »[22]. La question posée avec une acuité renouvelée, et qui est plus large que celle de la lutte contre le racisme et le fascisme, est celle de ce pour quoi nous pouvons combattre aujourd’hui. Le maoïste Badiou y répond en brandissant l’étendard du drapeau rouge contre celui de la République, ce qui est à la fois totalement juste et totalement abstrait[23]. Nombre de groupes militants de différentes obédiences (maos, trotskystes, libertaires) brandissent de la même manière des étendards qui avaient un sens selon les repères du passé : quand il y avait une conscience de classe plus aiguisée, un athéisme, un anticléricalisme et un antiracisme massivement assumés, on savait où on allait. Il reste que ce passé nous a conduits au présent, et qu’il nous faut aujourd’hui faire face à un paysage éclaté. Répéter les slogans universalistes du passé a du bon mais ce n’est certainement pas suffisant.

L’universalisme semble cependant avoir mauvaise presse auprès d’une partie de l’extrême gauche. C’est particulièrement vrai du côté des opposants fervents à l’islamophobie pour qui l’universalisme n’est que l’expression de la domination occidentale (européenne, chrétienne, blanche), et doit être sinon combattu, du moins abandonné comme perspective progressiste. Cela ressort ainsi clairement des prises de positions récentes de Jacques Rancière : « On invoque souvent l’universalisme comme principe de vie en commun. Mais justement l’universalisme a été confisqué et manipulé. Transformé en signe distinctif d’un groupe, il sert à mettre en accusation une communauté précise, notamment à travers les campagnes frénétiques contre le voile. (…) Les grandes valeurs universalistes – laïcité, règles communes pour tout le monde, égalité homme-femme – sont devenues l’instrument d’une distinction entre “nous”, qui adhérons à ces valeurs, et “eux”, qui n’y adhèrent pas. »[24]

Saïd Bouamama est également explicite dans la critique de l’universalisme. Dans un article republié récemment[25], il oppose, sans aller au fond des choses, « l’absolutisation de la pensée des Lumières », élément de l’hégémonie culturelle de la classe dominante, aux quartiers populaires et leurs habitants[26]. L’article ne va pas au fond des choses parce qu’il évite de dire si les idées des Lumières en tant que telles (« un appel à la rationalité et le combat contre l’obscurantisme ») méritent d’être défendues ou pas. Il rappelle la critique qu’en ont faite Marx et Engels, alors que ces derniers proposaient d’aller beaucoup plus loin.

Le fond du débat, c’est donc l’opposition entre universalisme et communautarisme. C’est un débat biaisé parce que les termes en ont été posés par certains de nos adversaires. Ces adversaires considèrent qu’il y a d’un côté l’universalisme « républicain » porté par l’Occident (démocratie, droits de l’homme et laïcité imposés à coups de matraque), et de l’autre les communautarismes (nationaux, linguistiques, religieux, voire ethnique), c’est-à-dire les stratégies identitaires. Il n’est évidemment pas anodin de poser l’opposition dans ces termes. Certains, opposés à juste titre à la domination occidentale, sont alors tombés dans le piège, dénonçant l’universalisme et défendant, ou au moins faisant preuve de « compréhension » à l’endroit des communautarismes défensifs, contre le communautarisme dominant mal camouflé derrière « l’universalisme ». Il y a des glissements dans ce sens de la part des Indigènes de la République[27], et la position de Saïd Bouamama n’en est pas loin.

La question mérite d’y réfléchir à deux fois : sommes-nous d’accord ou non que certains principes doivent être universellement défendus ? Par exemple, sur le droit des femmes à disposer de leur corps et de leurs vies : pensons-nous qu’il s’agit de principes intangibles, qui ont une valeur universelle donc pour lesquels il faut lutter partout – ou bien pensons-nous qu’il s’agit de principes engendrés par certaines sociétés, qui doivent y rester contingentés, et finalement que les femmes de communautés extérieures à ces sociétés n’ont pas à y accéder ? Dans le premier cas on est sur une position universaliste, dans le second sur une position communautariste. Adhérer à une position universaliste n’implique absolument pas de rallier le camp des Républicains et des impérialismes dominants : comme l’indique Badiou, on peut rejeter le drapeau tricolore et brandir le drapeau rouge.

Contre les replis identitaires qui menacent de nous conduire à la catastrophe, il faut s’atteler à la construction d’un nouvel universalisme émancipateur. Il y a nombre de principes sur lesquels nous tomberons tous d’accord, parce qu’ils constituent le fond commun de nos collectifs militants, celui sur lequel nous nous mobilisons continument : égalité des droits pour les femmes, les homosexuels, les minorités, libertés de circulation et d’installation, libertés de pensée et de croyance (même religieuse !), laïcité, refus de l’exploitation et des autres formes de domination, égalité sociale et solidarité internationale. Personne ne dira que ces principes ne valent pas pour les gens sous d’autres latitudes ou longitudes. Ces principes sont autant de briques pour bâtir un nouvel universalisme.

Il s’agit bien, au travers de cela, de reconstruire un front de classe, c’est-à-dire notre camp social et notre monde face au capitalisme sur le déclin. Cela signifie-t-il que nous ayons une démarche identitaire face à d’autres démarches identitaires ? Ce serait se méprendre sur le sens du clivage de classe. Notre identité sociale de travailleurs avec ou sans emploi ne vient pas subordonner nos identités d’homme ou de femme, d’homosexuel, de migrant, de Noir, de supporteur de telle équipe de foot, d’athée ou de musulman. Les processus identitaires écrasent les aspects multiples des personnes au profit d’une identité unique, conduisant à l’hostilité voire à la haine à l’encontre de ceux qui ne la partagent pas[28]. À l’inverse, l’identité de classe comprise comme l’appartenance au camp de l’émancipation peut s’ouvrir à la richesse des identités personnelles sans en écraser aucune. C’est même à cette condition que nous pourrons avancer ensemble, et faire reculer la barbarie qui vient.

[Merci à Delphine, Elisabeth, Fred, Jacques, José, Stéphane, Sylvie, Sylvie, Yann, pour leurs commentaires et suggestions sur une version antérieure, ainsi qu’à tout/es les camarades antifascistes et révolutionnaires pour les discussions nombreuses et parfois houleuses qui m’ont conduit à écrire ce texte.]

Le 17 mai 2015,

Leo Picard


1.Voir p.ex. Yann Kindo, « Essai d’identification de l’islamo-gauchisme » https://blogs.mediapart.fr/blog/yann-ki ... -gauchisme, La faucille et le labo (blog), 20 février 2015.
2.La Horde, « 15 jours après les attentats, ce qu’on peut en dire », 22 janvier 2015.
3.Meeting contesté notamment du fait de la participation de l’UOIF, organisation islamiste connue pour sa proximité avec la Manif pour tous et avec diverses officines d’extrême droite. Cf. Ornella Guyet, « Pourquoi je n’irai pas au rassemblement contre l’islamophobie aux côtés de l’UOIF » http://www.streetpress.com/sujet/142503 ... -de-l-uoif, Street Press, 27 février 2015.
4.Marwan Mohammed, « Islamophobie et critique des religions. Au-delà des mots » http://www.humanite.fr/que-recouvre-le- ... bie-568608, L’Humanité, 18 mars 2015. Autre citation intéressante de ce court article : « de nombreux commentateurs pensent encore que le mot islamophobie a été inventé par des mollahs iraniens afin d’interdire tout blasphème, alors que ce terme n’a pas d’équivalent en persan et que l’on doit son invention, en 1910, à des orientalistes français spécialistes de l’islam ouest-africain. »
5.Groupe Graine d’Anar (FA Lyon), « De l’urgence d’un anticléricalisme anarchiste au XXIe siècle » http://grainedanar.org/2015/04/13/de-lu ... xi-siecle/, Le Monde libertaire HS n°60, avril-mai 2015. C’est aussi la ligne de Charb.
6.Militant social-démocrate allemand (1840-1913).
7.Maxime Vaudano, « Comment compte-t-on les actes antisémites et islamophobes ? » http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/art ... 55770.html, Le Monde du 28 janvier 2015.
8.Dominique Vidal, « Un antisémitisme virulent mais marginal » http://www.monde-diplomatique.fr/2015/02/vidal/52630, Le Monde diplomatique, février 2015.
9.Le Monsieur antiracisme qui vient d’être nommé par Valls en est une bonne illustration. Voir son portrait par Alice Géraud, « Gilles Clavreul, la valse antiraciste » http://www.liberation.fr/societe/2015/0 ... te_1243400, Libération, 16 avril 2015.
10.Comme je l’ai argumenté dans un autre texte (« Contre l’antisémitisme et contre le sionisme » http://culture.revolution.free.fr/en_qu ... nisme.html, 4 août 2014), l’antisémitisme joue un rôle particulier lié à la place particulière des Juifs en Europe occidentale et en Amérique du Nord, mais cela n’en fait évidemment pas un racisme plus important que les autres.
11.Comme le met en avant l’Union Juive Française pour la Paix, cf. l’Intervention de Michèle Sibony http://www.ujfp.org/spip.php?article3996&lang=fr au meeting contre l’islamophobie du 6 mars 2015. Cette ligne est explicite de la part de nombreux collectifs militants et antifascistes, comme en témoigne l’appel à manifester du 21 mars 2015 : « Ensemble contre tous les racismes et le fascisme. L’égalité ou rien ! » http://www.solidaires.org/article50350.html. Cf. également BAF Nancy, « Contre l’islamophobie, contre l’antisémitisme. Contre tous les racismes » http://www.bafnancy.lautre.net/index.ph ... s-racismes, mars 2015 ; ou dans une veine plus polémique, Les Luftmenschen, « Les Effroyables Imposteurs du 12 janvier » http://luftmenschen.over-blog.com/artic ... 34240.html, 21 mars 2015 (texte dont on ne partage pas toutes les conclusions, republié sur mondialisme.org).
12.L’islamisme est d’ailleurs très clairement la cible première de Charb, comme en témoigne sa (posthume) Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes, Les Echappés, avril 2015. Charb considère par ailleurs, à tort à mon sens, que l’islamophobie n’existe pas et qu’il n’y a qu’un racisme anti-arabe, mais c’est une autre question.
13.Cf. p.ex. une analyse récemment parue dans le mensuel du NPA, intéressante sur bien des aspects mais qui n’évoque tout simplement pas la question : Denis Godard, « Racisme : pourquoi les Rroms et les Musulmans ? » http://npa2009.org/idees/racisme-pourqu ... -musulmans, Revue L’Anticapitaliste n°61, janvier 2015.
14.Cataloguer l’islamisme comme un fascisme est évidemment contestable du point de vue historique, mais il semble y avoir suffisamment de convergences pour que la notion de fascisme soit utile à la compréhension de l’islamisme, notamment pour des militants qui y sont confrontés dans le monde musulman comme au Pakistan. Cf. Pierre Rousset, « Après Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher : penser le neuf, repenser l’ancien », ESSF http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34303, 11 février 2015.
15.Pour un rapide survol historique, cf. Nader Teyf, « De la nécessité de combattre l’islam politique », Le Monde libertaire n° 1765 (1e partie http://www.monde-libertaire.fr/atheisme ... ere-partie) et 1766 (2e partie http://www.monde-libertaire.fr/atheisme ... -2e-partie ), février 2015.
16.Collectif Lieux Communs, « De l’islam à l’islamisme : établir une ligne de partage » https://collectiflieuxcommuns.fr/spip/7 ... me-etablir , 28 janvier 2015.
17.Même si l’athéisme et l’incroyance restent très largement majoritaires dans le pays, cf. Leila Marchand, « Plus de la moitié des Français ne se réclament d’aucune religion » http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/art ... 55770.html, Le Monde du 7 mai 2015.
18.Quoique la cohérence d’une telle position soit discutable, mais c’est une autre affaire.
19.Emile Carme : « Le voile – halte à l’hystérie nationale » http://www.revue-ballast.fr/le-voile-ha ... nationale/, Ballast, 31 mars 2015. Article repris en partie sur le site de La Horde.
20.Cf. « Les valeurs de la République ? Non, celles de l’émancipation ! », RésisteR! #34, mars 2015. Repris par le site Culture & Révolution http://culture.revolution.free.fr/en_qu ... lique.html.
21.À cet égard, on appréciera la déclaration commune de la Ligue de l’enseignement, la Ligue des droits de l’Homme et la Fédération nationale de la Libre pensée, « Il ne faut pas toucher à la loi de 1905 ! Il faut défendre les libertés publiques ! » http://www.ldh-france.org/il-faut-pas-t ... publiques/ (8 avril 2015), qui s’oppose aux instrumentalisations de la laïcité.
22.Alain Badiou, « Le rouge et le tricolore », Le Monde du 17 janvier 2015.
23.Concernant Badiou, il faut même ajouter que cela reste juste tant que cela reste abstrait…
24.Jacques Rancière, « Les idéaux républicains sont devenus des armes de discrimination et de mépris » http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20 ... epris.html Interview par Eric Aeschimann, L’Obs du 2 avril 2015. Il faut bien noter que Rancière n’avance rien qui pourrait racheter l’universalisme : la réaction l’a pris, qu’elle le garde.
25.Saïd Bouamama, « Les fondements historiques et idéologiques du racisme “respectable” de la “gauche” française » https://bouamamas.wordpress.com/2015/03 ... francaise/ , revue Que faire, avril 2012. Republié sur son blog le 4 mars 2015.
26.Bouamama aborde aussi l’idéologie colonialiste qui a pollué la gauche comme la droite, mais là-dessus on sera facilement d’accord.
27.Des glissements communautaristes qui les font déraper dans l’antisémitisme. Voir Yves Coleman, « Edouard Drumont, maître à penser de Mme Houria Bouteldja : les Indigènes de la République réussissent leur examen d’entrée dans l’extrême droite gauloise », http://www.mondialisme.org/spip.php?article2263, Ni patrie ni frontières, 14 mars 2015. Voir également Fred Albi, « Un autre point de vue sur une intervention d’Houria Bouteldja… » http://www.npa2009.org/idees/un-autre-p ... -bouteldja, site du NPA.
28.Voir Jean-Claude Kaufmann, Identité : la bombe à retardement, Textuel, 2014.

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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede bipbip » 31 Juil 2015, 00:57

Christophe Guilluy, la « culture » et l'identité des « autochtones »

Christophe Guilluy fait partie de ces identitaires de gauche qui, à l'instar des Indigènes de la République, tentent de remplacer la lutte des classes par la lutte des races et des « cultures ». Parce que le débat fait rage autour de la notion d'identité et d'insécurité culturelle ou identaire, et qu'un certain nombre d'interventions me semblent manquer cruellement de profondeur d'analyse, voici un extrait de mon livre à paraître consacré au paradigme identitaire, dont j'ai récemment publié ici même le projet http://blogs.mediapart.fr/blog/germinal ... une-derive, tel qu'il a été sélectionné par le Centre National du Livre en 2014.

Géographe et consultant, Christophe Guilluy a de la constance. Il livrait déjà dans des tribunes pour Libération au début des années 2000 ses analyses de la relégation périurbaine des classes populaires au-delà des banlieues, aux confins des métropoles. Détaillant le processus de remplacement par les « bobos » en centre-ville, dont le « multiculturalisme, souvent affiché, trouve ainsi ses limites dans des arrondissements à forte population immigrée où les pratiques d'évitement et de contournement de la carte scolaire n'ont jamais été si fortes »[1], Guilluy fait partie des chercheurs qui prennent très au sérieux cette étiquette, « bobos », qui a depuis fait florès. La lecture attentive de différentes publications de cet auteur permet de retracer son parcours vers la définition de ce que l’on peut appeler son paradigme identitaire de gauche, à travers l’évolution du sens de mots comme « culture » dans son discours.

... https://blogs.mediapart.fr/blog/germina ... utochtones
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