La Laïcité baffouée

La Laïcité baffouée

Messagede Nico37 » 25 Déc 2008, 11:26

La Laïcité baffouée par Sarkozy (communiqué ADLPF)

Pour clore en beauté sa présidence de l’Union Européenne, et conformément au traité de Lisbonne qui dispose qu’un dialogue institutionnalisé doit s’établir entre les Eglises et les instances européennes, Nicolas Sarkozy a enjoint à ses ministres des Affaires Etrangères et de l’Intérieur d’organiser, le 17 décembre 2008 à Paris, un colloque intitulé « Religions et puissance publique dans l’Union Européenne ». A ce colloque participeront les représentants des 27 Etats de l’Union flanqués chacun des délégués des religions (prêtres, popes, pasteurs, rabbins et imams).

Quelle légitimité des personnages non élus, auto-désignés ou désignés par leurs seuls coreligionnaires, ont-ils pour intervenir dans une instance où s’élaborent des directives s’appliquant à tous, croyants et incroyants ?

L’an dernier, avec l’ensemble des démocrates, les Libres Penseurs de l’Association Des Libres Penseurs de France (ADLPF) avaient dû se mobiliser contre des propos inadmissibles dans la bouche d’un président d’une république laïque prononcés par Sarkozy notamment à Rome et à Ryad. Ces propos écartaient de la communauté nationale ceux des citoyens qui se réclament d’une morale purement laïque et qui récusent la nécessité d’un « dieu » pour diriger leur vie.

Avec ce colloque, le président de la République laïque française ne se contente plus de paroles. Bafouant la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, il passe aujourd’hui aux actes. Après sa visite au Dalaï Lama et après la venue en France du pape à qui il a défini sa conception d’une « laïcité positive », il fait désormais « appel aux hommes d’église pour participer au débat public » car « pour fondamentale qu’elle soit, la question sociale n’est pas aussi consubstantielle à l’existence de l’humain que la question spirituelle »[1].

Les Libres Penseurs de l’Association Des Libres Penseurs de France (ADLPF), membre de l’Union Mondiale des Libres Penseurs, expriment leur totale réprobation de cette initiative. Avec l’ensemble des laïques et leurs organisations, ils s’opposent à la communautarisation des institutions de la République française et de l’Union Européenne.

Rappelant que seule la laïcité garantit le respect de la liberté de conscience et permet le vivre ensemble au sein d’institutions démocratiques, en France et en Europe, ils luttent pour que la laïcité ne soit plus une exception française, mais qu’au contraire les Etats soient tous séparés des Eglises.

Le 13 décembre 2008
Notes

[1] citations extraites de l’ouvrage de Nicolas Sarkozy La République, les religions, l’espérance (Cerf, 2004).
Nico37
 
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Re: La Laïcité baffouée par Sarkozy (communiqué ADLPF)

Messagede conan » 04 Mai 2009, 20:43

C'est confirmé.

Quand le prêtre formera l'instituteur, par Caroline Fourest
LE MONDE | 30.04.09 | 12h54 • Mis à jour le 30.04.09 | 12h54

On assiste à un assaut sans précédent pour tenter d'affaiblir l'enseignement républicain et laïque au profit de l'enseignement privé et confessionnel. En principe, la République "ne reconnaît, ne salarie,
ni ne subventionne aucun culte". En coulisse, tout est fait pour torpiller l'esprit de cette loi dès qu'il s'agit d'éducation nationale.

Dans la plus grande discrétion, tout un pan du discours prononcé par Nicolas Sarkozy à Saint-Jean-de-Latran vient d'entrer en vigueur. On se souvient de cette phrase dans laquelle le président plaçait le prêtre au-dessus de l'instituteur "dans la transmission des valeurs". Depuis, il a tenté de minimiser. Ces mots traduisent pourtant une vision de la transmission et de l'enseignement que son gouvernement applique à la
lettre.

Dans une autre partie de son discours, moins célèbre, le président regrettait que la République ne reconnaisse pas la "valeur des diplômes délivrés par les établissements d'enseignement supérieur catholique".
On pensait à la reconnaissance de diplôme de théologie... Ils n'ont pas à être validés par la République puisqu'elle ne "reconnaît aucunculte". Mais le président s'obstine. Notamment avec l'arrière-pensée de
pouvoir estampiller la formation des imams rêvée par le ministère de l'intérieur mais dispensée par la Catho. Un bricolage qui ne fait que renforcer l'impression d'une gestion postcoloniale de l'islam, donc la
propagande islamiste. Tout en tuant à coup sûr l'esprit de 1905.

L'affaire est plus grave qu'il n'y paraît. Les décrets de cet accord - signé en catimini entre la France et le Vatican le 18 décembre 2008 - viennent de tomber. Ils prévoient la "reconnaissance mutuelle des
diplômes de l'enseignement supérieur délivré sous l'autorité compétente de l'une des parties". Or cette "reconnaissance" ne vaut pas seulement pour les matières théologiques mais aussi profanes. Autrement dit, le baccalauréat ou d'éventuels masters.

L'accord feint d'appliquer une directive européenne (le processus de Bologne), pensée pour reconnaître les diplômes étrangers, mais il change de nature à partir du moment où il est signé avec le Vatican,
pour "reconnaître" des diplômes délivrés sur le sol français par des établissements de l'Eglise. Ce qui revient non seulement à casser le monopole des diplômes qu'avait l'Etat depuis 1880, mais aussi l'esprit
de l'article 2 de la loi de 1905.

Jusqu'ici, les établissements catholiques privés pouvaient parfaitement préparer des élèves au bac, mais ceux-ci devaient passer leur diplôme avec tous les autres. Petite astuce connue des professeurs : de
nombreux établissements privés choisissent de ne présenter que les meilleurs élèves sous leurs couleurs et d'envoyer les autres en candidats libres pour améliorer leur score de réussite au bac. Appâtés
par des pourcentages tournant autour de 100 %, de plus en plus de parents se tournent vers ces établissements au détriment de l'école publique.

Le gouvernement fait tout pour encourager ce choix : démantèlement de la carte scolaire, baisse du nombre de professeurs dans le public... Le plan banlieue est à sec, mais on racle les fonds de tiroirs pour
financer - sur fonds publics - l'ouverture de 50 classes privées catholiques dans les quartiers populaires. Un grand lycée Jean-Paul-II est sur les rails. Un collège tenu par l'Opus Dei est déjà sous
contrat.

Il ne manquait plus que ça : la fin du diplôme d'Etat... Justement au moment où l'Etat annonce vouloir supprimer les IUFM, brader les concours, et remplacer leur formation par un master que pourrait
préparer n'importe quel établissement privé. Comme ça, en plus de délivrer le baccalauréat, le Vatican pourra ouvrir des masters destinés directement aux futurs enseignants.

Un comité 1905 vient de porter plainte devant le Conseil d'Etat. S'il n'obtient pas gain de cause, le prêtre aura le champ libre pour reprendre la main sur l'instituteur.

Caroline Fourest
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Re: La Laïcité baffouée par Sarkozy (communiqué ADLPF)

Messagede poolpikan » 07 Mai 2009, 12:03

C'est dingue je trouve quasi rien sur le net à ce sujet :| !
Le problème n'est pas gauche-droite. Il est haut-bas.
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Re: La Laïcité baffouée par Sarkozy (communiqué ADLPF)

Messagede poolpikan » 07 Mai 2009, 18:45

Image

un article sur Betapolitique: http://www.betapolitique.fr/ACCORD-FRAN ... 27879.html

le texte: http://www.legifrance.gouv.fr/affichTex ... rieLien=id

une pétition pour invalider cet accord ( par le comité 1905, des reichpublicains) :
http://comite1905.over-blog.com/
http://www.mesopinions.com/annulation-d ... b8c56.html
Les citoyennes et citoyens de la République françaises soussignés

constatent que l'accord signé le 18 décembre entre le gouvernement français et le Vatican
met fin au monopole de l'Etat sur l'attribution des grades universitaires
reconnaît la validité des diplômes, aussi bien « canoniques » que « profanes », délivrés par les établissements catholiques d'enseignement supérieur
englobe de fait le baccalauréat en tant que premier grade universitaire.
considèrent cet accord comme totalement anti-laïque
parce qu'il ne respecte ni l'indépendance de l'Etat par rapport aux religions, ni l'indépendance des religions, en l'occurrence la religion catholique, par rapport à l'Etat
parce que les diplômes et titres universitaires attribués par les universités françaises n'ont pas à être reconnus par les instances hiérarchiques catholiques de France ou du Vatican !
parce que l'Etat n'a pas à reconnaître des diplômes attribués par une religion quelconque
dénoncent le caractère anti-républicain de cet accord :
exit la loi de 1880 qui a instauré le monopole de l'Etat sur la collation des grades universitaires
exit la loi de 1905 et son article premier
exit l'avis du Conseil d'Etat de 1984 confirmant le principe du monopole
rappellent que les instances européennes n'ont en aucune façon le droit de remettre en cause les institutions de la République fondées sur le principe intangible de laïcité.

Le problème n'est pas gauche-droite. Il est haut-bas.
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Messagede ivo » 02 Oct 2012, 08:51

Les laïques américains déplorent le poids de la religion sur la politique aux Etats-Unis
http://www.lemonde.fr/elections-america ... picks=true
Image
Des délégués prient, à l'ouverture de la deuxième journée de la convention démocrate, le 5 septembre 2012. | REUTERS/JONATHAN ERNST

A l'occasion de leur première mobilisation dans les locaux du Congrès, les athées, agnostiques et autres libres penseurs américains déplorent l'emprise de la religion sur la politique aux Etats-Unis.
Les laïques "en ont assez d'être ignorés et exclus d'un dialogue politique et de la société en général" et sont "très inquiets de voir la direction dans laquelle va l'Amérique", a déclaré devant la presse David Niose, vice-président de la Coalition laïque pour l'Amérique (Secular Coalition for America, SCA), qui regroupe 11 organisations athées. "Il y a 30 ans, lancer une campagne présidentielle avec une prière dans un stade de football était inimaginable", a-t-il poursuivi, évoquant le premier meeting de campagne de Barack Obama. "Cela aurait été malsain même pour le parti républicain", a conclu M. Niose, également président de l'Association humaniste américaine, qui estime que dans le domaine politique, jamais la religion n'a été autant mise en avant.

Le mouvement laïque vient de lancer une campagne pour structurer les "non-religieux" dans la quasi-totalité des 50 Etats du pays, pour qu'ils fassent pression sur les élus locaux ou nationaux, ainsi que des sessions de formation pour les citoyens afin qu'ils fassent valoir leurs droits.

Il vient en outre de se doter d'une nouvelle directrice générale, Edwina Rogers, une lobbyiste confirmée. Selon la SCA, qui cite diverses études et sondages, les personnes se déclarant athées, sans religion ou refusant de s'identifier à une religion particulière, étaient entre 20 et 30 % en 2012 aux Etats-Unis, soit une hausse d'au moins 38 % depuis 1990. Les personnes se déclarant précisément athées sont passés de 1 million en 1990, à 2 millions en 2001 puis 3,6 millions en 2008, selon la SCA. La population américaine compte 310 millions de personnes dont une très forte majorité (76 %) se déclarent chrétiennes.

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Messagede ivo » 08 Nov 2012, 08:59

chassez les par la porte, ils reviennent par la fenetre ..................

Une exposition sur les religions, pour mieux comprendre le fait religieux, ou tout simplement pour s'informer. Dieu(x), Modes d'emploi, exposition itinérante arrive enfin à Paris, au musée du Petit Palais, 10 ans après le rapport Régis Debray, sur l'enseignement du fait religieux dans l'école laïque, qui préconisait la réintroduction progressive de cette vaste question dans les programmes scolaires.

La France depuis la loi de décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat a pris l'habitude de vivre dans une société laïque, "mais certaines clés liées au sacré et au religieux ont été perdues"

>>>
http://www.franceinfo.fr/societe/sortir ... 2012-11-08

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Messagede ivo » 22 Fév 2013, 12:18

Les "sages" valident le financement public des cultes en Alsace-Moselle
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html
Le Conseil constitutionnel a tranché, l'Etat peut – malgré son statut laïc défini dans la Constitution – continuer à rémunérer prêtres, pasteurs et rabbins en Alsace-Moselle, un statut spécifique de ces départements .
Saisis par une association de défense de la laïcité qui dénonçait le principe de cette rémunération, les "sages" ont considéré qu'aussi bien en 1946 qu'en 1958, les constituants n'avaient "pas entendu remettre en cause" la rémunération des ministres du culte dans les départements alsaciens du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, ainsi qu'en Moselle.


Lire nos explications Laïcité : l'exception d'Alsace et Moselle attaquée
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html

"Pour reprendre l'expression employée par l'historien Emile Poulat, en prévoyant que la France est une République laïque, les constituants de 1946 et de 1958 auraient consacré une 'laïcité de cohabitation', exprimée par le maintien du concordat en Alsace et en Moselle", explique la décision finale.

"CONFORME À LA CONCEPTION FRANÇAISE DE LA NEUTRALITÉ DE L'ÉTAT"

Le Conseil constitutionnel a considéré que la laïcité de la France, proclamée dans l'article 1er de sa Constitution, impliquait que la République "ne salarie aucun culte". Cependant, "il ressort des travaux préparatoires" aux projets de Constitution de 1946 et de 1958 que leurs auteurs ne souhaitaient pas remettre en question ce type de spécificités locales, ont souligné les membres du Conseil.

Le régime du concordat de 1801 signé entre la France et le Saint-Siège organisait les rapports entre les différentes religions et l'Etat en France jusqu'en 1905, date de la séparation des Eglises et de l'Etat. Mais cette séparation n'était pas entrée en vigueur en Alsace et en Moselle, alors sous domination allemande.

Si le principe de laïcité inscrit dans la Constitution est "conforme à la conception française de la neutralité de l'Etat en matière religieuse", il n'a pas pour but de "remettre en cause des régimes particuliers qui demeuraient applicables sur certaines parties du territoire de la République", selon les membres du Conseil constitutionnel.

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Messagede red baby » 09 Oct 2013, 21:35

si le front de gauche rentre dans un gouvernement aux cotés du ps,le concordat en alsace moselle sera abrogé,puisque c était une des promesses de melenchon.les verts,eux,preferent vouloir dépenaliser l "herbe bleue",à défaut d opium dfes peuples.
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Messagede Nyark nyark » 11 Oct 2013, 19:38

red baby a écrit:si le front de gauche rentre dans un gouvernement aux cotés du ps

Déjà, ça c'est peu probable me semble-t-il...
le concordat en alsace moselle sera abrogé,puisque c était une des promesses de melenchon

Il est vrai que les hommes politiques s'empressent toujours de tenir leurs promesses :wink:
les verts,eux,preferent vouloir dépenaliser l "herbe bleue",à défaut d opium dfes peuples.

les Verts sont au gouvernement en la personne de Cécile Duflot et je n'ai pas encore entendu parler de dépénalisation de quelque herbe que ce soit et tu fais un rapprochement hasardeux entre des choses qui n'ont rien à voir entre elles. :fume:
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Re: laicité

Messagede Béatrice » 11 Oct 2013, 20:03

La première "sortie", hollandocompatible:

"Jean-Luc Mélenchon a de l’ambition et le fait savoir. Interrogé lundi matin par Europe 1, le leader du Front de gauche, ne le cache pas : devenir Premier ministre, il "travaille à cela", a-t-il reconnu. "Bien sûr, c'est le but. François Hollande avait une chance de faire quelque chose de bien, il l'a ratée. Il peut se rattraper... Il peut me nommer Premier ministre. Je n'ai pas peur !", a lancé le médiatique patron du Parti de gauche, qui assure toutefois ne pas avoir été contacté dans le cadre d’un éventuel remaniement." (voir aussi la vidéo)

http://blogs.mediapart.fr/blog/antoine- ... butil-peut
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Re: laicité

Messagede Nyark nyark » 11 Oct 2013, 21:09

Oui, c'était encore un gros bluff de Mélenchon, ou une forme de méthode Coué, va savoir. Vu le poids politique actuel du FdG, on se demande bien pourquoi Hollande aurait idée de faire appel à lui, alors que toute sa politique (ou presque) tend vers la droite (j'ai bien dit "ou presque" hein...).
Mais j'arrêterai là de répondre là-dessus car on sort carrément du sujet.
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Re: laicité

Messagede Nerax » 23 Avr 2014, 10:57

Mélenchon, comme tout le reste de la classe politique, confond (volontairement ou non) deux termes : laïcité et laïcisme. Si la laïcité est simplement la séparation de l'Etat et des Eglises, le laïcisme a pour but de réduire le religieux à la seule sphère privée. Si le premier est évidemment une bonne chose, le second est dangereux. Tous les débats sur le voile, la burqa, etc., n'auraient pas lieu dans une société réellement laïque.

Le laïcisme est dangereux, puisqu'il dicte son comportement à l'individu (interdiction de se vêtir de telle manière, notamment) en fonction de ce que l'Etat juge comme acceptable ou non. Toutes les religions devraient à mon sens être acceptées, et chacun devrait pouvoir exercer sa propre religion de la manière dont il le souhaite, dans le public ou dans le privé, tant que ces pratiques n'entrent pas en contradiction avec les lois fondamentales qui régissent la société. C'est c'est argument qui est incessamment ressorti par les pseudo-défenseurs de la laïcité, mais c'est en fait un leurre, puisque les lois qui empêchent certaines pratiques religieuses sont votées a posteriori dans le but avoué d'éliminer une religion de l'espace public.

Exemple, la burqa. Le fait qu'on ait été obligé de légiférer pour l'interdire montre bien que cette pratique n'entrait pas en contradiction avec les fondements de la société. Ce sont donc des lois racistes, qui ont pour but d'éliminer une religion en particulier. Si ces pratiques n'étaient pas conformes à nos lois, on n'aurait pas eu besoin de créer des lois qui rendent non-conformes ces pratiques...

Et tout cela pose un gros problème au niveau du communautarisme, notamment à l'école. Je suis contre l'interdiction des signes religieux à l'école, par exemple le voile. L'école doit être un lieu, avant tout, d'apprentissage du vivre ensemble et de la citoyenneté, et pas de simple formation professionnelle comme c'est le cas actuellement. En interdisant donc les signes religieux, les enfants grandissent donc dans l'ignorance de la différence, et une fois à l'âge adulte, ils ne comprennent pas ces différences, et les rejettent parfois. A l'inverse, des gosses qui auraient côtoyé pendant toute leur scolarité des musulmans, des catholiques, des juifs, des athées, etc., grandiraient avec cette idée de vivre ensemble et que oui, être pote avec un mec qui n'a pas la même religion que soi, c'est possible.

Je suis étonné que personne dans le champ politique et médiatique n'évoque cette manipulation sémantique
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Re: La Laïcité baffouée

Messagede Lila » 04 Déc 2016, 20:15

Polémique Valérie Boyer : et si au lieu d'une croix, elle avait porté un voile ?

LE PLUS. Celle qui affirme ne jamais détacher sa croix de son cou a créé la polémique lors d'un passage à la télévision. La députée des Bouches-du-Rhône et porte-parole de François Fillon, Valérie Boyer s'est vue accusée d'encourager le retour des signes religieux ostensibles. Pour Madjid Messaoudene, le débat est ailleurs. Et si Valérie avait porté un voile au lieu d'une croix ? Sa défense aurait-elle été la même ?

Chômage, inégalités, mal-logement ? Non, laïcité. La laïcité est en effet devenue l’enjeu central et électoraliste pour un grand nombre de personnes.

Celle-ci, bien que définie par la loi de 1905 – dite de séparation des Eglises et de l’Etat, on fêtera d’ailleurs ses 111 ans ce 9 décembre – est attaquée de toutes parts. À tel points que chacun et chacune y va de sa notion de la laïcité, de sa définition de la laïcité, de sa vision de la laïcité. Or, la laïcité n’est pas une valeur, c’est une loi qui fixe des principes, clairs, de séparation entre l’Etat et les différentes religions.

La laïcité n’est pas la chasse aux religions

La laïcité énonce des règles, des principes, qui permettent aux croyants et aux non-croyants de vivre dans la même société. La laïcité impose et garantit la neutralité de l’Etat et de ses agents. Ces derniers sont donc protégés contre toute pression religieuse qui pourrait leur être opposée.

Si la neutralité concerne les pouvoirs publics et ses différents agents, elle ne concerne pas les élus ni les usagers des services publics. Ainsi, il est tout à fait légal d’aller dans une mairie, ou toute autre administration, en portant une croix, un voile ou une kippa.

La laïcité n’est donc pas la chasse aux religions, ni aux religieux, mais le cadre indispensable où peuvent s’exercer toutes les croyances, toutes les pensées. Qu’elles soient d’ailleurs philosophiques ou politiques. Trop de personnes expriment leur anticléricalisme au nom de la laïcité.

L'épisode Valérie Boyer soulève de vraies questions

Récemment, une polémique est née au sujet de Valérie Boyer porte-parole de François Fillon. Cette dernière arborait une croix lors de son passage télévisuel. A priori, rien de choquant. Sauf pour les "intégristes" de la laïcité, celles et ceux qui y vont de leur version. C’est Caroline Fourest qui a déclenché les hostilités. Dans un tweet elle a critiqué "le retour des signes religieux ostensibles".

Elle est pour beaucoup une spécialiste de la laïcité, elle mène en réalité une croisade contre la loi de 1905, et mène une chasse aux religions.

Comme l’a rappelé Nicolas Cadene, le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, le mot "ostensible", s’il est bien utilisé dans les décisions du conseil d’Etat, ne vaut que pour l’interdiction des signes religieux à l’école ou sur les bancs des établissements scolaires publics. Valérie Boyer n’était donc pas concernée.

Mais cet épisode, est une fausse polémique qui soulève de vraies questions.

la suite : http://leplus.nouvelobs.com/contributio ... voile.html
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Re: La Laïcité baffouée

Messagede Lila » 02 Avr 2017, 19:35

La charia catholique ou l’Etat dans l’Etat

Ni Mélenchon ni Macron ne savent ce qu’est la laïcité. Et les journalistes non plus. Ainsi Mélenchon croît que « l’école » est soumise à « la laïcité ». Non : les enseignants le sont parce qu’ils sont fonctionnaires, mais pas les usagers que sont les élèves. Ce pour quoi la loi de 2004 interdisant le foulard n’est pas conforme à la loi de 1905. Macron semble ignorer que le Conseil d’Etat a déclaré invalides les arrêtés « anti-burkini » pris par des maires l’été dernier ; il prétend que « certains de ces arrêtés sont justifiés » – parce qu’ils ne « visent pas une affaire cultuelle, mais une affaire d’ordre public». Quel « ordre public » ? Les femmes qui portent un burkini dérangent-elles l’ordre public ? Non. Ce sont ceux et celles qui les insultent qui dérangent l’ordre public : ce ne sont pas les victimes qu’il faut pénaliser.

Quant à Mélenchon, il trouve que le « voile » (il parle du foulard, mais qu’importe, on dira que c’est un « voile ») est « un symbole de soumission de LA femme ». Comme Valls. Ils connaissent LA femme, et veulent « l’émanciper ». Nous, non. Nous ne connaissons que DES femmes. Et nous ne parlons pas de symboles mais du sous-paiement des femmes, de leur sur-travail, des violences sexuelles, toutes choses qui ne sont pas du tout « symboliques », mais très matérielles et très physiques. Alors arrêtez Messieurs de prétendre que vous savez mieux que nous ce que nous voulons. Pas être « émancipées » par vous, mais nous libérer de votre pouvoir, notamment celui de parler à notre place.

Et nous ne voulons pas que vous utilisiez ce pouvoir pour opprimer les musulmanes. Vous multipliez depuis des années les lois, les décrets et les circulaires qui empêchent les femmes portant foulard de travailler dans les services publics, maintenant dans les entreprises privées, vous leur interdisez d’accompagner leurs enfants dans les sorties scolaires. Vous les dîtes « soumises », et vous prétendez les vouloir « libres ». Quelle hypocrisie ! C’est vous qui, en les obligeant à rester à la maison, en leur retirant les moyens de l’autonomie économique, vous qui les rendez dépendantes de leur conjoint. Aujourd’hui vous prétendez leur interdire l’université et même la rue ! Mais elles ont autant que vous le droit d’y être.

Ce sont nos compatriotes et nos sœurs à qui vous enlevez un par un tous les droits qui sont les leurs, au mépris de la Constitution, de la loi de 1905, des Conventions internationales, de la déclaration universelle des droits humains, qui garantissent le droit non seulement de penser ce qu’on veut – ce qui est toujours possible – mais surtout de dire ce qu’on pense. A quand l’interdiction de distribuer des tracts, de crier des slogans, ou tout simplement d’exprimer ses opinions politiques ? Ah oui, « mais le foulard, c’est religieux ». Faut-il rappeler que dans tous les textes fondateurs (cités plus haut), aucune différence n’est faite entre les opinions, qu’elles soient politiques, esthétiques, religieuses ou autres ? Aucune. La liberté d’opinion, c’est la liberté de toutes les opinions.

La hiérarchie catholique : un Etat dans l’Etat

Fillon veut « fermer les mosquées salafistes ». Mais la loi de 1905 interdit toute ingérence de l’Etat dans les religions, comme l’inverse. Les cultes ne sont pas et ne doivent pas être gérés par l’Etat. Ils sont séparés, un mot que vous avez du mal à entendre, parce qu’il est vrai que vous acceptez d’une religion ce que vous dénoncez chez les autres.

Vous acceptez l’ingérence de l’Eglise catholique dans les politiques de l’Etat, et singulièrement dans un domaine-clé : la protection des personnes contre les agressions sexuelles. Fillon veut combattre le « totalitarisme islamique » partout où il est et nous prédit une guerre de 20 ans, au Pakistan, en Afghanistan, au Moyen-Orient et au Sahel, (bien sûr, on y est déjà) et en France). Il est exact qu’aujourd’hui les tendances religieuses intégristes se développent, dans les pays à majorité musulmane mais aussi dans les pays à majorité chrétienne, juive, hindoue (et probablement d’autres que j’ignore). En Amérique du Nord, où Trump a bénéficié de l’appui des protestants évangélistes. En Europe, où en France, Fillon bénéficie de l’appui de Sens commun, cette organisation politique d’intégristes, ceux qui ont organisé la « manif pour tous ». C’est par peur de cette frange traditionaliste que le gouvernement de Hollande a supprimé les « abc de l’égalité ». Mais est-il juste de confondre ce mouvement mondial vers l’intégrisme religieux avec la « radicalisation » qui en France aujourd’hui, désigne la propension à commettre des attentats ?

Et, si l’on parle d’intégrisme, quelle est en France, la religion qui menace vraiment la séparation des Eglises et de l’Etat ? C’est la plus ancienne sur le sol français, la plus nombreuse, la plus organisée : l’Eglise catholique. On nous effraie depuis 2004 avec la menace d’un « islam conquérant » qui voudrait remplacer le droit commun par la charia : la loi de Dieu. Si des musulmans poursuivent vraiment ce but, ils sont loin d’en avoir les moyens. On nous dit, à la suite d’un sondage, que 20 ou 30 % des musulmans estiment que la loi de Dieu l’emporte sur la loi de l’Etat. Ce sondage laisse penser aux lecteurs qu’aucune autre religion ne fait ce choix. Et pourtant, chez les Témoins de Jéhovah, c’est une règle de leur église : la loi de Dieu avant la « loi de César ». Quant à l’Eglise catholique, elle continue de vouloir s’occuper non seulement des affaires religieuses, qui appartiennent à son domaine, mais des délits et crimes, qui n’appartiennent pas à son domaine, « à l’interne », et au mépris de la loi commune.

On le voit très bien dans son traitement des prêtres qui violent des enfants des deux sexes. La hiérarchie catholique refuse de les dénoncer à la justice, et elle les protège de mille façons. Cash investigations et Médiapart ont réalisé un documentaire accablant sur ce sujet. Voici donc toute une population de gens d’Eglise et d’enfants qui n’est pas soumise aux mêmes lois que le reste du pays : les victimes ne sont pas écoutées, et les criminels sont impunis. Et la hiérarchie catholique dit ouvertement que la loi qu’elle applique n’est pas la loi de l’Etat mais la « loi canonique » – la loi du « canon », c’est-à-dire de la règle de l’Eglise. Mgr Barbarin, dont les propos ont été relatés par plusieurs médias, sans commentaires des journalistes, l’exprime candidement en 2016 : « Pourquoi je ne l’ai pas dénoncé ? Parce qu’il y avait prescription canonique. » Il ajoute un mensonge : « Il n’y avait pas non plus de plainte des victimes depuis ».

Cette loi de Dieu semble dicter à la hiérarchie catholique, non seulement de suivre les délais de prescription « canoniques » mais aussi d’exfiltrer les prêtres criminels en Afrique ou en Amérique du Sud, où ils pourront abuser d’autres enfants qui ont moins de valeur que les nôtres, au lieu de les châtier, puis de les laisser revenir en France.

En 2001 le pape de l’époque a fait obligation à tous les catholiques de dénoncer les crimes pédophiles à la justice – pas la justice de l’église, celle de l’Etat. Ce prononcement du pape est resté lettre morte, on le voit au nombre de scandales dénoncés par la presse.

Et face à cela, que fait l’Etat ? Rien. L’Etat, qui doit en principe protéger tous les enfants, n’applique pas le droit commun à tous : il laisse les enfants catholiques à la disposition de la charia catholique qui, il faut le dire, trouve que la pédophilie n’est pas un bien grand crime, et peut-être pas un crime du tout.

En d’autres termes, l’Etat, si jaloux de sa prééminence en d’autres matières, laisse l’Eglise catholique régler des questions qui relèvent des tribunaux, et lui accorde, de facto, un statut d’Etat dans l’Etat.

Christine Delphy, 24 mars 2017


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