Le problème est peut-être en effet plus une différence de classe que de couleur.
Les "personnes issues de l'immigration" sont généralement, de par leur enfermement dans des cités-ghetto et leur isolement, considérables comme un prolétariat moderne ; ce sont eux qui font les métiers manuels. C'est un fait de société, et il y en a qui sortent du carcan ; je connais un Tunisien qui a fait des études de médecine en France.
De ce fait, elles ont un accès à l'éducation restreint. C'est là aussi un fait ; une école, même en restant dans le cadre du public, ne sera pas de la même qualité à Clichy qu'à Neuilly. Par là-même, ils ne peuvent pas se servir de leur enseignement pour développer leur sens critique. Mais ça ne s'arrête pas là, assurément... Puisqu'après tout, à Neuilly, la proportion d'anarchistes et assez faible.
Le problème, c'est surtout que ce prolétariat moderne est la cible majeure depuis quelques années -puisque jeune (encore qu'ils vieillissent, mais vous m'avez compris) des publicitaires, des marques et du gangsta rap ; les trois icônes du capitalisme.
Ainsi, la plupart -je vois ça dans ma génération, et pas qu'au niveau des immigrés- finissent par n'avoir qu'une idée en tête : être riches. Comment, en voulant être riche, peut-on être anarchiste, sachant que la plupart des courants prônent l'abolition de la propriété privée ?
N'ayant plus que cette aspiration à la richesse, ils ne pensent qu'aux grosses voitures, aux chaînes en or et aux filles à moitié à poil. Donc : pourquoi lire ? L'école n'aide pas à avoir envie d'apprendre à apprécier un livre. Or, lire, c'est faire un pas vers l'ouverture d'esprit. On prend goût à la lecture, et puis on commence à réfléchir. S'ils ne lisent pas -et tout est fait pour que ce soit le cas-, ils restent dans un schéma capitalistique de pensée... Et ne s'intéressent pas à l'anarchisme.