skankerror a écrit:Pour moi le point fort du capitalisme actuel est sa faculté de créer les mots.
Prenons l'exemple du "pouvoir d'achat". Quel formidable expression, grâce à cette molécule de signification, la notion de misère va s'exprimer comme "baisse du pouvoir d'achat". L'endettement privé, qui est une façon pour la finance de s'approprier un peu plus de valeur du travail va se justifier par le "maintien du pouvoir d'achat". Tout le monde se met à parler de "pouvoir d'achat", les syndicats revendiquent plus de "pouvoir d'achat". Comme si l'achat représentait un pouvoir quelconque. Devoir se loger, bouffer, s'habiller, se soigner n'est pas du tout un pouvoir, c'est une nécessité. Le pouvoir d'achat n'en est un que pour les grands de ce monde. Je trouve qu'il y a dans cette expression une sorte de sacralisation du fric. L'aboutissement de toute la pensée libérale, le porte-monnaie au pouvoir.
Autres expressions intéressantes : "partenaires sociaux", "dialogue social" respectivement employés pour parler de classes sociales et de luttes de classe. Ou comment marginaliser par les mots tous les combats traditionnels de la classe ouvrière. La grêve c'est mal car elle rompt le "dialogue social", elle prend en otage tous les "partenaires sociaux".
A chaque élection importante une nouvelle expression apparaît et envahit tout le champs médiatique.
Souvenons-nous de la "fracture sociale", "l'insécurité", ...
Ce pouvoir sémantique est le plus insidieux de tous, car ils façonnent de manière transparente nos modes de pensée. Une vraie contestation doit se démarquer et dénoncer ce pouvoir. Entendre des syndicats revendiquer plus de pouvoir d'achat les met en situation d'échec philosophique. La bataille est perdue d'avance.
Sur ce thème là, le mot qui est martelé en permanence car objet de croyance absolu de la masse, c'est bien le mot "démocratie" employé de façon volontaires par médias et hommes politiques tous les jours et tout l'tps, pour faire croire à l'abruti matant ça qu'il n'a pas à se plaindre, qu'on est au "paradis des régimes politiques". Ça permet d'enlever toute légitimité aux gens qui combattent le régime, on les fait passer pour "anti-démocratiques", des bêtes assoifées de sang, en faisant volontairement aussi l'amalgame République= démocratie, ce qui revient au même chez nombre de personnes.
Jamais je n'ai entendu un journaliste ou autre pseudo penseur parler d'oligarchie autoritaire, de dictature économique etc...bah oui ça fait trop "vilain stal" vous comprenez...