« Du chacun pour soi, des uns contre les autres et du tous contre tous ! »
Un des pires effets du Capitalisme est le culte de l’individualisme. Cela n’est pas nouveau, mais devient de plus en plus pervers : dans notre société s’enfonçant de plus en plus dans la « crise », chacun est censé avoir les clefs de son avenir, les éléments de sa propre réussite et n’a rien à attendre d’autrui !
A l’opposé de tout lien social, de valeurs d’égalité, de solidarité et de fraternité nécessaires dans toute société évoluée, les femmes et les hommes, sont renvoyés à leur « moi « , à leur « je ».
« Qu’ importe si j’écrase l’autre, pourvu que je m’en tire ! »
Le « nous » tend à disparaître de la sphère politique, économique et sociale.
L’ Etat, que nous condamnons par ailleurs, n’exerce même plus, vis-à-vis des citoyens, sa part de « légitimité originelle », reposant sur une République censée à répondre aux besoins de tous : droit au travail, à la santé, à l’éducation, au logement etc.
A coup de privatisation, de casses de tous les services publics, de désengagements, l’Etat ne garde que ses pouvoirs régalliens : faire la Loi, la faire appliquer et juger, enfermer les opposants….Comme sous l’Ancien Régime !
Quoiqu’en y regardant de plus près il est des secteurs constitutionnellement sous sa responsabilité, qui sont également en voie de privatisation comme l’armée ou la police !
Cette situation amène chacun au repli sur soi, à un individualisme forcené et tant pis si cela conduit au chacun pour soi obligatoirement complété par le chacun contre l’autre, les autres.
Les seuls lieux reconnus utiles collectivement sont les espaces pris par les Eglises : caritatif et compassion tendent à remplacer l’égalité sociale et économique.
Toutes les périodes de crise du capitalisme ont les mêmes effets :
- les travailleurs français contre les travailleurs immigrés qui prennent le boulot
- les jeunes contre les plus de 50 ans par rapport à première embauche
- les travailleurs du privé contre ceux du public, « tous des nantis »
- les hommes contre les femmes qui feraient mieux de rester à la maison pour torcher les mômes
- les bons cathos contre les porteuses de Burqa
- les religieux, « laïques ouverts » contre les athées et anticléricaux
- etc., et aujourd’hui, les actifs contre les retraités bien payés à ne rien faire !
Sans parler de ces "cons" de grecs qui agravent la dette !
Relayés par les médias, comme toujours aux ordres, cela fonctionne à merveille et justifie le « système débrouille » pour survivre, amène aux comportements racistes, sexistes, corporatistes !
Si certains actes de rébellion, comportements d’incivilité et de désobéissance apparaissent, ils restent des actes isolés, hors du champ de l’analyse et action collectives.
Cette culture d’un individualisme exacerbé est typique d’une société glissant progressivement d’un totalitarisme accepté à un fascisme ordinaire.
Ces corporatismes, communautarismes sont extrêmement dangereux dans la mesure où ils puisent leur énergie dans la dénonciation de pseudos coupables, des « mauvais objets » !
La délation est déjà là ! le projet « Voisins vigilants » n’apparaît pas par hasard !
Elle existe, entre autres, dans la chasse aux sans-papiers.
Bientôt la dénonciation des militants s’opposant à ce système qui n’en finit plus de pourrir !
Dans cette boue immonde il ne faut pas s’étonner du retour annoncé de l’extrême droite qui a toujours su surfer sur la misère et l’exploitation pour casser encore plus toute volonté d’émancipation humaine.
Face à ce délire, nous sommes condamnés à ramer à contre courant et n’avons pas d’autres choix que de continuer notre combat pour une société libertaire.
Sachons aussi que nous serons les premiers à payer le prix, à subir toutes les répressions.
Soyons actifs, combatifs mais aussi très prudents : le voisin dans la merde la plus absolue peut être également aussi le dénonciateur.
Il en est ainsi lorsque la colère légitime consiste à se retourner contre l’autre, faute de recul, d’analyse. Il est plus facile de trouver un coupable désigné d’avance que d’agir contre les vrais coupables, le capitalisme et l’Etat à son service.
Prenons garde à nous et gare à eux !
Pierre Noire
Liaison FA Cantal
