Le Uber se décline et se développe

Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede Pïérô » 20 Avr 2017, 12:26

Vers le stade Uber du capitalisme ?

On ne parle plus que d’ubérisation, d’économie digitale ou de capitalisme de plate-forme ... Quelles réalités se dissimulent derrières ces formules nébuleuses ? Le capitalisme serait-il entré dans une nouvelle phase de développement, celle de la prétendue “révolution numérique” ? En fait de bouleversement, nous assistons à l’accroissement et à l’aggravation de l’exploitation de la force de travail ; à l’éclatement de celle-ci en une multitudes de sous-conditions pires les unes que les autres.

C’est dans un contexte particulier pour l’économie mondiale qu’apparaît le capitalisme de plate-forme, celui d’une sur-accumulation de capitaux et d’une crise de la réalisation de la plus-value. Les moyens mis en œuvre pour contrecarrer cette tendance, qu’il s’agisse des ressorts déployés en Asie et en Amérique latine, de la ventilation de produits financiers tous azimuts ou encore de la spéculation foncière, se heurtent tous à leurs limites. Ils entretiennent à l’échelle de la planète une instabilité chronique autant politique qu’économique dont les populations endurent les effets à des degrés variables.


L’État, la technologie, la précarité

Plusieurs facteurs facilitent l’apparition et la diffusion de cette forme contemporaine d’exploitation de la force de travail. D’abord, l’expansion du numérique et de ses outils ainsi que des modes de relations sociales qu’il engendre au quotidien : le repli sur la sphère privée et domestique, la médiatisation des relations interpersonnelles ou collectives, la marchandisation des pratiques de sociabilité qui y échappaient encore ... Tout cela tend à brouiller les frontières temporelles établies auparavant entre d’un côté le travailleur et de l’autre le consommateur. Par le travail gratuit qu’il fournit dans certaines circonstances (caisses automatisées, cartes bleues, etc ...), ce dernier tend à devenir à son tour un producteur de plus-value. Les nouvelles formes de travail avec la précarité qui leur est associée doivent être interrogées pour ce qu’elles mettent en jeu aujourd’hui plutôt qu’être envisagées comme un simple retour vers le dix-neuvième siècle.

Vient ensuite la politique d’austérité et de désengagement des États doublées d’attaques répétées contre la protection sociale au nom de la relance par la croissance. C’est dans ce contexte que l’État va légaliser les pratiques courantes du travail informel et créer un appel d’air en direction d’une masse pléthorique de surnuméraires (1). Sur le fond, rien ne change. Il s’agit toujours d’une lutte autour du coût de la force de travail. C’est sur la forme qu’il convient dorénavant de s’interroger, en particulier sur la singularité de certaines de ces luttes dont les acteurs réclament à (re)devenir des salariés. Enfin, ces transformations technologiques contribuent à polariser l’emploi à ses deux extrémités : d’un coté une minorité de techniciens très qualifiés, de l’autre une masse croissante d’employés à la productivité relativement faible pour le système lui-même. Entre les deux, de nombreuses tâches intermédiaires sont désormais prises en charge par les outils informatiques. Mais là encore, contrairement à ce qui se dit, cette précarité n’est pas liée à la technologie car aucune technologie n’implique intrinsèquement la précarité, celle-ci est d’abord le résultat d’un rapport social.

A quel phénomène a-t-on affaire ?

L’ubérisation apparaît comme un phénomène relativement nouveau qui s’est rapidement propagé dans de nombreux domaines d’activité comme le commerce, le bâtiment, les transports et même l’éducation. Son cœur de cible, ce sont les services qui depuis 2013 représentent la moitié des emplois à l’échelle mondiale. En particulier ceux liés aux entreprises et à la personnes qui avec 52 millions d’emplois domestiques dans le monde laissent entrevoir de substantielles marges de progression (2).

Une fois encore, la nouveauté n’est qu’apparente. Depuis le début des années 90 certaines entreprises ont recherché et développé de nouvelles stratégies organisationnelles. L’appel à la sous-traitance, le recours en nombre à des travailleurs dit indépendants ne datent pas d’aujourd’hui et l’emploi atypique n’est pas l’apanage des “métiers du Web”. Dans quelques secteurs bien précis, comme celui de la téléphonie, le phénomène avait explosé bien avant. On pourrait même affirmer que l’ubérisation a toujours existé, du moins illégalement. En fait, ce qui semble surprendre c’est la soudaineté et le retentissement qui accompagnent l’événement dont les effets, il est vrai, restent difficiles à évaluer à terme. Et quoi qu’en disent ses instigateurs, il demeure une forme tout ce qu’il y a de plus ordinaire et prédatrice de capitalisme.

Selon leur propre définition, ces entreprises sont des start-up de l’économie collaborative, du partage et de la connaissance. Leur fonction est de mette en relation des particuliers qui cherchent à échanger entre eux des services marchands ou non marchands. La rhétorique rappellerait presque celle des “Systèmes d’ Echanges Locaux de services”, les SEL, très à la mode il y a encore quelques années. En réalité, l’économie du partage est une jungle dans laquelle règne une concurrence débridée et où la propriété et le profit sont les seules valeurs qui ont court.

Autre imposture et non des moindre : pour être viables, ces start-up réputées être des sociétés innovantes, se doivent d’atteindre une masse critique grâce à une croissance aussi rapide qu’élargie de leur capital. Face à de grands groupes qui disposent d’une importante masse d’avoirs, seule l’exploitation violente de la force de travail afin de réaliser d’importants volumes de productions leur permettra d’y parvenir. La réponse ne s’est pas fait attendre. De Delhi à Paris en passant par New-York les grèves de chauffeurs Uber ont éclaté après que la commission prise par la compagnie sur leurs revenus soit passée en quelques semaines seulement de 10 à 20, puis 25 %

Le cas Uber

Penchons-nous sur le cas précis de l’entreprise Uber : sept ans après sa création et son entrée en bourse, elle n’aurait toujours pas gagné d’argent. Elle aurait même perdu plus de 4 milliards de dollars. Tout cela est impossible à vérifier mais la société tiendrait le coup grâce aux avances de ses financiers qui commencent à s’impatienter. Le miracle tiendrait d’avantage encore au fait que la start-up n’a jamais payé d’impôts, ni en France ni ailleurs, grâce à de classiques montages fiscaux. Depuis quelques mois, l’Urssaf poursuit la société pour “travail dissimulé” et “détournement de statut”. Les charges les plus lourdes pour Uber ne sont évidemment pas les salaires mais les dépenses de communication et de publicité. Elles devancent celles de l’investissement en recherche et développement. D’ailleurs Uber est propriétaire de son algorithme, c’est à dire du calculateur qui établit, impose et surveille dans les moindres détails les cadences de travail de ses chauffeurs. Coincé entre l’évaluation permanente de son donneur d’ordre et la notation du client qu’il sert, le travailleur ubérisé est en permanence à la merci de la sanction qui le conduira vers la porte de sortie.

Dernière péripétie en date, le conflit qui oppose Uber à Google. Elle est signifiante à plus d’un titre. Marchant sur les traces de leurs aînées, les start-up poursuivent la quête chimérique d’un capitalisme sans ouvrier. Cette fameuse anticipation “du coup d’après” que l’on attend toujours. Pour Uber, cela passe par le développement des véhicules sans chauffeur. Cette fois encore, Uber n’a pas trouvé la solution dans ses labos de recherche. La start-up s’est contentée de subtiliser les brevets au nez et à la barbe du concurrent. Comme quoi, les vieilles pratiques sont souvent les plus efficaces ... A plus d’un titre, la “révolution numérique” relève du mythe. Les gains de productivité promis n’existent pas, la relance qu’elle devait enclencher ne viendra pas.

Par contre, s’il est un domaine ou le secteur est efficace c’est dans la production du discours idéologique.

Devenir son propre patron !

Un patronat en position de force impose de fait ses conditions et son discours. Il diffuse son idéologie au travers d’un catéchisme rebattu sur la prétendue disparition des classes sociales et l’avènement de l’individu. Le pouvoir de l’idéologie c’est d’obtenir le consentement autour de notions prétendument acceptées et partagées par le plus grand nombre, le cas échéant en prétextant de leur caractère inéluctable ; on se souvient du slogan de Thatcher : “There is no alternative”. Dans le cas présent, l’économie collaborative s’offre comme la réponse aux attentes de salariés qui réclameraient à “travailler autrement”, à être “plus autonome” ... On sait les capitalistes passés maîtres dans l’art de récupérer, neutraliser et recycler des revendications disputant leur pouvoir. Ils nous livrent ici leur mouture du sujet postfordistes, flexibles et mobiles” des thèses d’un Négri dernière période. Ils transposent à leur profit la critique “artiste” et bohème pointée contre le travail salarié, celle de la précarité revendiquée.

En flattant la responsabilité et l’initiative personnelle, ils entretiennent une rhétorique libérale qui s’est d’abord construite contre les “perdants et les assistés” afin de diviser profondément et durablement le prolétariat. Il y a quelques années, la présidente du Medef déclarait : “« La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? ». La précarité obéirait pour le patronat à une loi naturelle dont on ne réchappe que par l’effort individuel et le renoncement à tout ce qui avait permis aux travailleurs d’échapper un tant soit peu et collectivement aux aléas de leur condition d’exploité. Cette idéologie de l’entrepreneuriat aux petits bras, celle du “se mettre à son compte” ne date pas d’aujourd’hui. Elle rôde autour du prolétariat depuis ses origines. Dans une période d’éclatement du collectif ouvrier, de la perte de ses repères, il n’est pas étonnant qu’elle refasse surface. A plus forte raison quand la marge de manœuvre n’existe pas. C’est ainsi que le patron d’Uber en France peut se vanter d’offrir une chance aux jeunes dont personne ne veut sur le marché du travail, en particulier à ceux issus de l’immigration.

Tous auto-entrepreneurs ?

Actuellement en France, il n’y a jamais eu autant de salariés : 86 %. Évidemment tous ces salariés ne sont pas des prolétaires. Selon les chiffres de la DARES l’emploi “atypique” sous ses multiples aspects représente désormais plus de 25 % des postes dans l’hexagone (3). Le phénomène apparaît peu visible car il touche d’abord les premiers licenciés quand la situation se dégrade. Il est toutefois en augmentation et on l’observe dans beaucoup de pays industrialisés. Par comparaison, le salariat ne représente dans le monde que la moitié des emplois et les formes de travail atypiques progressent partout. En Grande-Bretagne, depuis 2010, 44% des postes créés relèvent du régime des travailleurs indépendants. Aux États-Unis, les free-lance compteraient pour plus d’un tiers des effectifs.

Les nouveaux statuts de travailleurs indépendants comme celui de l’auto-entrepreneur ne permettent pas de vivre. S’ils ne paient rien jusqu’à un certain seuil, les auto-entrepreneurs en contre-partie ne gagnent rien. 90 % d’entre eux touchent moins que le SMIC tout en ne bénéficiant d’aucun des acquis sociaux d’un salarié. La fonction sert d’abord à maquiller les chiffres du chômage. C’est pour cette raison que des entreprises comme Uber ont tout de suite senti l’intérêt qu’elles pouvaient en retirer, laissant miroiter une porte de sortie à une frange de travailleurs sans perspective. Le travailleur indépendant sous statut d’auto-entrepreneur se retrouve en réalité sous une dépendance accrue, dans une relation de travail déguisée qui légalise cette vieille figure du “travail au noir”.

Luttes, composition de classe et revendications

Les luttes existent dans les secteurs ubérisés. Il y a celles qui ont été médiatisées comme le mouvement des chauffeurs de VTC à Paris. Il y en a d’autres qui le sont moins, comme celles des livreurs employés à Londres ou à Lyon par les sociétés Deliveroo, Foodora, Uber-Eats, Stuarts ... Elles sont d’autant plus intéressantes qu’elles éclatent là où on les attend le moins, là où les syndicats traditionnels ne sont pas présents. En France l’UNSA et la CFDT assument d’accompagner l’ubérisation des emplois en proposant de rattacher les chauffeurs de VTC au fameux “compte personnel d’activité” de la loi travail. Aux USA, les plate-formes ont préféré payer 84 millions de dollars aux chauffeurs qui réclamaient à devenir salariés plutôt que de céder sur le statut de travailleur indépendant. En Grande Bretagne, les luttes de travailleurs précaires se sont multipliées dans les services et ont obtenu gain de cause sur les salaires, les congés maladie et le remboursement des outils. Ceux de l’entreprise Deliveroo organisés dans le petit Syndicat des Travailleurs Indépendants de Grande Bretagne (IWGB) ont décroché une augmentation de 28 % de leur salaire. La particularité de ces luttes tient au fait qu’elles sont minoritaires et se déroulent en dehors de tout cadre légal prévu par le droit du travail. La plupart du temps, elles prennent l’aspect de grèves sauvages soutenues par de petits syndicats qui rappellent les méthodes des Woobblies. Elles mettent en action essentiellement des jeunes, étudiants pour la plupart, diplômés pour certains, pour qui le “job” censé n’être qu’occasionnel devient en définitive “le travail” et la principale source de revenu.

Dans un environnement individualisé et segmenté, il n’y a d’homogénéité ni dans les revendications, ni dans la manière de s’organiser ou de penser le rapport au travail. Pour beaucoup de ces travailleurs qui espèrent encore passer à autre chose, seule la paie justifie l’activité. Pour d’autres l’état d’esprit semble différent. Dans le témoignage que rapportent les livreurs à vélo organisés de Lyon, certains d’entre eux, bien que précaires, se font une idée précise de leur travail et se vivent comme des “professionnels”(4). Il souhaitent pérenniser leur métier et revendiquent un savoir faire. On peut retrouver ce phénomène chez certains types de salariés qui travaillent dans les grandes surfaces de produits sportifs ou culturels, par exemple. Depuis 2015, les livreurs lyonnais ont créé un club et ouvert un local pour s’organiser puisqu’ils n’ont droit ni au chômage, ni à la retraite, ne touchent aucune prime de risque et n’ont aucune couverture sociale en cas d’accident. Mais là encore il n’y a pas de consensus sur l’objectif à atteindre. Certains d’entre eux réclament un CDD ou un CDI, d’autres souhaitent rester auto-entrepreneur mais avec un statut qui serait plus encadré.

La généralisation de la sous-traitance, du travail précaire, de l’intérim et de la flexibilité isolent les individus et entravent l’apparition d’un sentiment d’appartenance collective. Pourtant apparaît un nouveau monde ouvrier. Il ne forme pas un tout homogène, sa composition évolue en permanence, dans le temps et l’espace au gré des évolutions techniques, des crises économiques et des restructurations, des conflits sociaux et politiques. S’il reste invisible aux yeux de ceux qui font profession de nous expliquer la marche du monde, c’est d’abord parce qu’on ne trouve que ce que l’on cherche réellement.
Xavier. Boulogne-sur-mer, le 19/03/17


(1)Selon la Banque Mondiale, des années 60 aux années 2010, le taux d’emploi mondial a reculé de 77 à 54 %. La force de travail totale compterait 3 milliards de personnes : agriculture, industrie, services. La seule industrie compte encore 715 millions de travailleurs avec une tendance à un accroissement plus rapide que celle des services qui relativise le discours sur l’avènement de la société “post-industrielle”.
Source de l’OIT
DARES (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques). Ministère du travail.
(4) « Marre de se faire ubériser » : des livreurs à vélo organisent la course Syndi’cat. In : rebellyon.info
A consulter : le site en anglais “Angry Workers of the world. Precarious and Unruly”
le site en italien “Clash City Workers”
A lire : - Les nouveaux prolétaires. Sarah Abdelnou. Ed. Textuel. 2011.
- Moi, petite entreprise. Les auto-entrepreneurs de l’utopie. Sarah Abdelnou. Ed.PUF. 2017

http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article1951
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 25 Avr 2017, 00:29

La fin du salariat ou le renouveau de l’exploitation

Pendant que tout le monde fait mine de s’esbaudir devant les habits neufs de l’empereur, la vie politique se vide de toute substance et se limite au seul combat des chefs, spectacle non seulement fort peu intéressant, mais également manœuvre de diversion qui nous écarte de tout questionnement sociétal, de toute réflexion quant à la société actuelle, son fonctionnement, les forces qui la travaillent et ce vers quoi nous aspirons réellement à aller.

Dans la série reparlons un peu de politique, si vous le voulez bien , notons que les questions fondamentales du travail, de l’emploi, de l’activité et du revenu forment actuellement un gros tas de poussière sous le tapis, alors même que dans une société aussi marchandisée que la nôtre, elles sont au centre de l’existence de chacun d’entre nous.

La déconstruction de l’emploi

Le travail n’avait pas été aussi malmené dans ses différentes composantes que lors de la mandature qui s’achève. Ne revenons pas sur la triste loi Travaille! qui — en termes de déconstruction de la protection des salariés — a tout d’une loi de droite quand bien même elle a été imposée au forceps du 49.3 par un gouvernement de gauche dont le président s’était présenté devant les citoyens comme ennemi de la finance… voilà qui est tristement cocasse.

Mais parallèlement à cette volonté délibérée de mettre à bas la forteresse salariale et ses insupportables garanties sociales, ces cinq dernières années ont vu exploser et se confirmer toute une nébuleuse de formes d’activités présentées comme nouvelles et émergentes, mais qui ont toutes comme point commun remarquable d’accélérer le mouvement de précarisation et de paupérisation de pans de plus en plus conséquents de la population active.

... https://blog.monolecte.fr/2017/03/16/la ... loitation/
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 09 Mai 2017, 07:35

Prends-le-cool

L’exploitation à bicyclette

Autoentrepreneurs à deux roues, en uniforme fluo, mollets galbés et carapace cubique, à fond les ballons sur le macadam, ils hantent depuis quelques temps le paysage urbain. Mais pour qui roulent les livreurs à vélo ?
À l’occasion de la naissance du CLAP (Collectif de livreurs autonomes de Paris), qui nous semble de bon augure pour les difficiles années à venir, Jef Klak a décidé de mettre en ligne ce témoignage issu de notre tout dernier numéro, « Ch’val de course ».

... http://jefklak.org/?p=3799

Télécharger l’article en PDF : http://jefklak.org/wordpress/wp-content ... ite_JK.pdf
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede Pïérô » 29 Mai 2017, 11:05

Nouvelles économies, nouvelles luttes

Dans Courant Alternatif du mois d’avril, nous traitions de l’Ubérisation du travail, phénomène dans lequel les nouvelles technologies renouent avec les plus vieilles formes d’exploitation. L’Egregore (1) s’est entretenu dans une de ses émissions avec Jérôme Pimot, animateur du collectif U LIVE (Union des Livreurs a Vélo Engagés) sur la condition de ces nouveaux exploités, et surtout et c’est tant mieux, sur les moyens pour eux de lutter et faire valoir leurs droits.

... http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article1962
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede Pïérô » 01 Juin 2017, 13:26

Ubérisation du squat : "Ils entrent chez nous n'importe quand"

Contrôle, surveillance, interdictions, soucis d'entretien, contrats de « résidence temporaire »... Bienvenue dans le monde des agences anti-squat.

C'est une idée absolument capitaliste qui consiste à mettre des gens dans des lieux inoccupés pour protéger ces mêmes lieux des squatteurs.

Un type d'hébergement court terme qui ne garantit ni les droits de locataires, ni les droits du code du travail tels que la sécurité ; et qui est fourni par des sociétés qui prennent de l'argent du côté des propriétaires et des résidents. Un double jackpot.

C'est au Pays-Bas qu'ont émergé, il y a quelques années, les agences dites « anti-squat » -- elles préféreront le terme de « gestionnaire de biens immobiliers temporairement vacants ».

Leur motto : « la protection par occupation », comme l'explique Olivier Berbudeau, le directeur de développement de Camelot en France.

... http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/ru ... quand.html
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 05 Juin 2017, 17:17

L’ubérisation de l’auto-stop

L’expression « ubérisation de la société » est dans toute les bouches et le nouveau président va jusqu’à parler de « start-up nation » lorsqu’il évoque la France. Mais sortons des sentiers battus de la francophonie pour nous aventurer, ici, dans les grands espaces américains : l’auto-stop se transforme sous les coups de boutoir de la maximisation du profit et de la recherche des nouveaux marchés. Ubérisation contre culture hippie. Marchandisation contre partage gratuit.

... https://www.revue-ballast.fr/luberisati ... auto-stop/
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 10 Juin 2017, 16:34

Uber majore ses prix à Londres après les attentats et internet s’insurge

Alors même que des taxis ont transporté gratuitement des Londoniens pour les ramener chez eux après les attaques de samedi soir, Uber a choisi d’augmenter ses prix. Une initiative très critiquée.

Des utilisateurs en colère ont notamment tweeté des captures d’écran de l’application Uber, révélant des tarifs jusqu’à pratiquement deux fois supérieurs à la normale

... http://www.anti-k.org/2017/06/04/uber-m ... -sinsurge/
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 11 Aoû 2017, 16:17

Un UBER de la livraison s’installe à Genève

À l’image de l’entreprise britannique Deliveroo, une plateforme qui propose à ses clients et clientes de se faire livrer des bons petits plats à la maison par des « indépendants » vient d’ouvrir à Genève sous la houlette d’un ancien de Procter & Gamble (entreprise connue notamment pour son exploitation du travail des enfants). Son business model - popularisé par UBER - est bien rôdé : plutôt que d’avoir à supporter les coûts de l’essence, des assurances et les charges sociales liées aux salaires de ses livreurs et livreuses, la plateforme de livraison mandate des « indépendants » pour chaque livraison. Elle profite ainsi de la compétition qu’elle instaure entre celles et ceux qui veulent des mandats de livraison, ainsi que de l’absence de charges sociales dans sa comptabilité, pour se faire un max de fric.

Comme tout esclavagiste 2.0 qui se respecte, cette nouvelle plateforme a un nom pourri qui mêle anglicisme et langage SMS : 2yourdoor. Le principe est simple une plateforme web propose la livraison de « restaurants ou courses » à domicile. Pour réaliser la livraison, elle mandate des coursiers ou coursières à vélo ou scooter qui ne sont pas ses salariés mais des travailleurs ou travailleuses « indépendants » qui possèdent comme seuls moyens de production un smartphone et un vélo (ou un scooter). Elle recrute notamment à travers son site internet et des sites de petites annonces en faisant miroiter « un emploi avec des horaires flexibles que vous arrangez ».

Un tel système permet à l’entreprise en question de maximiser ses marges en faisant peser les charges d’essence, d’assurance et d’abonnement de téléphonie, ainsi que les charges sociales de ses travailleurs et travailleuses sur leur dos uniquement, contrairement à ce qui serait le cas en présence d’un contrat de travail. Pour le livreur potentiel, l’illusion d’être son propre boss, de pouvoir s’organiser comme bon lui semble et de recevoir un revenu « au mérite » peut être alléchante. Or l’exemple des pratiques de la société britannique Deliveroo, pionnière de ces magouilles révèle le vrai visage d’un tel modèle économique.

Que ça soit en Grande-Bretagne ou en France, les pratiques des Deliveroo se sont heurtées à des mouvements sociaux, notamment lors du passage d’un système mixte (dans lequel des primes à la livraison s’additionnaient à un salaire horaire dérisoire) à un système uniquement basé sur un revenu à la course (de 5€ en France). Mais la généralisation du statut de prestataire indépendant pour les livreurs n’est pas qu’une simple question salariale. Par exemple, si le livreur ou la livreuse a le malheur de tomber malade, il ne touchera pas d’indemnité pendant les jours chômés. Comme le déclare le CLAP (Collectif des livreurs autonomes de Paris) :

«
"La précarité de notre statut (un vide juridique entre autoentreprenariat et salariat), nous impose la dépendance à des plateformes sans même nous garantir un salaire décent et nous prive de toute protection sociale (santé, congés, allocations chômages, etc.)"


P.-S.
Publié sur Au taquet ! https://renverse.co/Un-UBER-de-la-livra ... eneve-1179


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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 16 Aoû 2017, 16:00

À lire un extrait de « Moi, petite entreprise. Les auto-entrepreneurs, de l’utopie à la réalité » de S. Abdelnour

Sarah Abdelnour, Moi, petite entreprise. Les auto-entrepreneurs, de l’utopie à la réalité, Paris, PUF, 2017.

Introduction

« Faire de la France un pays d’entrepreneurs ». Tel a été un des objectifs des politiques menées ces dernières années. Et ce quel que soit le parti au pouvoir. Les femmes et hommes politiques français semblent en effet s’être massivement ralliés à un modèle social, de tradition nord-américaine, fondé sur la petite entreprise individuelle. Le tournant s’est produit à la fin des années 1970. La promotion de la création d’entreprise y fait son apparition comme moyen de lutter contre un chômage en pleine progression. Cette politique inédite, menée sous la houlette de Raymond Barre, s’adresse alors surtout aux cadres au chômage, encouragés à créer des entreprises afin de contribuer à la croissance et à l’emploi.

Trente ans plus tard, on propose désormais à l’ensemble de la population de monter son entreprise, pour créer son propre emploi, mais aussi plus modestement rendre lucratif son hobby ou encore gérer sa retraite. On passe alors au « tous auto-entrepreneurs ». Ce nouveau label fait son apparition dans la loi de modernisation de l’économie de 2008, loi programmatique d’un Nicolas Sarkozy fraîchement élu. Il est assez étonnant par sa dénomination redondante. Entreprendre est déjà en soi une activité autonome. Pourquoi insister une seconde fois sur la dimension individuelle de prise en main ? Pour tenter de comprendre, regardons d’abord de quoi il s’agit concrètement. Le régime de l’auto-entrepreneur est une version supposément simplifiée et moins coûteuse de l’entreprise individuelle, à destination des plus petites activités. Il est en effet accessible à l’origine aux créateurs d’entreprises qui dégagent moins de 32 000 euros de chiffres d’affaires annuels pour les activités de services et 80 000 euros pour les activités commerciales[1]. Ces derniers sont alors exonérés des cotisations forfaitaires en ne payant qu’un strict pourcentage de leur chiffre d’affaires, ils sont également exemptés de TVA et de certaines obligations administratives. Le régime rend ainsi possible la création de très petites activités, qui autrement ne seraient pas viables. Il s’agit alors de transformer tout le monde en potentiel entrepreneur, ce qui se confirme si l’on regarde la manière dont le régime est apparu.

Le dispositif, entré en vigueur au 1er janvier 2009, a été une des mesures phares du nouveau gouvernement, impulsée par son secrétaire d’État aux PME Hervé Novelli, représentant de la frange libérale de l’UMP. L’objectif proclamé consiste à simplifier la création d’entreprise, dans un pays volontiers taxé d’hostile à l’initiative individuelle. Comme le vante la communication officielle autour du dispositif, « les étudiants, les salariés, les retraités, les fonctionnaires, les jeunes peuvent désormais se lancer dans l’aventure entrepreneuriale grâce à une simple déclaration d’activité ». Les chômeurs n’apparaissent pas dans cet inventaire – sans doute préfère-t-on une communication plus « positive » –, mais ils constituent bien pourtant une première cible. L’autre horizon est celui du cumul des revenus. Et cela que l’on travaille (on cumule alors son salaire et ses revenus d’auto-entrepreneur) ou pas, puisque les revenus de l’auto-entrepreneuriat peuvent également être cumulés avec les pensions de retraites, les allocations chômage, ou encore les minima sociaux. L’auto-entrepreneuriat est ainsi présenté comme un remède à la crise. Vous n’avez pas de travail, ou vos revenus sont faibles, vous n’avez qu’à créer votre petite activité et arrondir vos fins de mois. On crée alors un mécanisme de soutien au pouvoir d’achat, dont sont entièrement responsables les individus eux-mêmes. La logique est ainsi celle du self-help, cette injonction faite, et notamment aux plus pauvres, de s’en sortir par eux-mêmes. Et le remède s’est effectivement diffusé, puisque l’on dénombre aujourd’hui plus d’un million d’auto-entrepreneurs inscrits, chiffre sans commune mesure avec les publics confidentiels des précédentes mesures d’aide à la création d’entreprise.

L’ouvrage se propose de questionner le « succès » politique et public du régime de l’auto-entrepreneur. Que signifie cette nouvelle injonction à être entrepreneur de sa vie ? En quoi cela vient-il bousculer un modèle social français construit autour du salariat ? Comment expliquer la mise à leur compte en si peu de temps de plus d’un million d’individus ?

La promotion de l’auto-entrepreneuriat marque en effet une inflexion des politiques économiques. Comme l’analysent certains juristes du travail, « le statut des salariés étant perçu comme contraignant, insuffisamment souple et flexible, il s’agit de privilégier le statut d’indépendance »[2]. Ce mouvement n’a pas lieu qu’en France et la tendance peut également être repérée dans d’autres pays européens ou encore en Amérique du Nord. Les pays riches sont nombreux à mettre en œuvre des passerelles vers l’indépendance, qu’il s’agisse des ich-AG (littéralement « moi-société ») en Allemagne, des trabajadores autonomos en Espagne, des parasubordinati en Italie ou encore des travailleurs autonomes au Québec. Dans tous les cas, les individus sont incités à se mettre à leur compte pour résoudre eux-mêmes à leur échelle leurs difficultés d’accès à l’emploi et à des revenus suffisants. Ce mouvement est un véritable revirement après des décennies de construction de sociétés salariales, fondées sur le modèle de la grande entreprise, du statut d’emploi stable et des protections sociales rattachées au salariat[3]. L’heure est donc à l’hybridation des statuts d’emploi, à l’apologie de l’esprit d’entreprise et à l’abandon du salariat[4]. La promotion de l’initiative individuelle accompagne alors le désengagement de l’État et l’effritement de la société salariale[5]. Nous chercherons ici à comprendre le sens et les conditions de ce revirement politique. Et nous envisagerons ses conséquences : comment vivent et travaillent ces nouveaux indépendants ? Et vers quel modèle achemine-t-on notre société ?

Qu’est-ce qui explique qu’en seulement une année d’existence du régime, plus de 350 000 Français se soient inscrits en tant qu’auto-entrepreneurs, et qu’ils soient depuis plus d’un million ? Les promoteurs du dispositif évoquent, à grands renforts de sondages, l’envie que manifesteraient les Français d’entreprendre. Mais ce choix est bien souvent contraint et le passage à l’indépendance devient parfois une condition pour avoir du travail. Et que se passe-t-il après l’inscription ? On sait que seulement une moitié des auto-entrepreneurs déclarent un chiffre d’affaires, et qu’au bout de trois ans, 90% des auto-entrepreneurs gagnent moins que le SMIC[6]. Quelles réalités se cachent alors derrière l’apparente réussite du dispositif ? De quelles marges de liberté disposent véritablement ces indépendants ? Le dispositif leur permet d’accéder à du travail, mais leurs situations socioprofessionnelles en sortent-elles améliorées ou fragilisées ? Et si l’on pense ensemble toutes ces trajectoires, quelle tendance se dessine pour notre société ? Comment évolueront les relations de travail, mais aussi notre système collectif de protection sociale si tous les travailleurs deviennent des auto-entrepreneurs ? La question est un peu radicale en ces termes, et le salariat reste à ce jour la condition majoritaire des travailleurs. Mais l’horizon a changé, et il est crucial de s’y pencher dès maintenant. Et ce d’autant plus que de nouveaux acteurs économiques de taille (Uber, Amazon, Deliveroo, etc…) fonctionnent sur l’externalisation de leurs travailleurs, supposés être des indépendants.

Afin d’apporter des réponses à ces questions, ce livre s’appuie sur une enquête sociologique menée à partir de 2008 et reposant sur des données statistiques et une soixantaine d’interviews. L’enquête a saisi le parcours du dispositif, depuis les ministères jusqu’au domicile des auto-entrepreneurs. Et vise alors à la saisie de l’action publique à ces différentes échelles, de sa genèse à ses usages[7]. D’une part, l’enquête s’est déroulée dans les sphères de la décision politique. J’ai alors interrogé les entrepreneurs de l’auto-entrepreneur : le secrétaire d’État Hervé Novelli et une partie de ses équipes, qu’il s’agisse de membres de son cabinet ou de hauts fonctionnaires de plusieurs directions de Bercy. L’enquête s’est également portée de manière complémentaire sur les adversaires du régime, qu’ils soient politiques, administratifs ou représentants de la société civile comme les organisations d’artisans. Le régime a alors été saisi dans l’ensemble de ses revirements, depuis l’élaboration de la loi de 2008 jusqu’à nos jours.

Le second volet de l’enquête s’est porté sur les auto-entrepreneurs eux-mêmes, l’objectif étant de mettre en regard les intentions politiques et les usages pratiques du régime. Les données statistiques disponibles ont été mobilisées, permettant des cadrages nécessaires, mais laissant dans l’ombre la réalité quotidienne des travailleurs. J’ai alors mené des entretiens avec une trentaine d’auto-entrepreneurs s’étant inscrits en 2009, et résidant dans des communes socialement diversifiées de la région parisienne : Argenteuil, Cergy, Garges-lès-Gonesse, Paris et Versailles. Ils ont permis de mettre au jour la diversité des profils des auto-entrepreneurs et des usages du régime. On a ainsi pu voir les configurations de ressources et de contraintes qui amènent d’anciens salariés à se diriger du côté du travail indépendant. Et les transformations qui accompagnent ce changement de statut, en termes de conditions de travail, de protection sociale mais aussi de vie familiale ou encore de représentations politiques. Devenir indépendant, même partiellement, bouscule en effet de nombreuses facettes de la vie des personnes, puisqu’il s’agit désormais de se confronter à l’auto-discipline et à l’incertitude des revenus, à une autonomie parfois plus grande, mais aussi à la perte de protections, comme l’assurance chômage, le salaire minimum ou encore les congés payés.

Finalement, l’enquête cherche à éclairer comment un dispositif de cumul des revenus, promu par un Secrétaire d’État libéral, a pu s’imposer dans le jeu politique et susciter près d’un million d’inscriptions en trois ans[8]. Et cela suppose d’en analyser d’une part les conditions politiques : comment obtenir un consensus sur une réforme libérale voire anti-salariale ? Qu’est-ce que cela traduit en termes de recrutement des professionnels de la politique, des modalités de l’idéologie dominante, de l’état des rapports de forces au sein des élites ? Et d’autre part, il faut regarder les conditions socio-économiques de la diffusion de l’auto-entrepreneuriat. Qu’est-ce que cela traduit de l’état du « marché » du travail et de l’état des rapports de force entre travail et capital ? L’enquête éclaire alors une transformation majeure de notre société de travail, passée d’un référentiel du salariat valorisé, à un modèle de promotion de l’indépendance pour tous.


Notes

[1] Ces seuils ont ensuite été régulièrement actualisés et ont ainsi légèrement augmenté depuis 2009.

[2] Patrick Chaumette in Supiot (1998), p. 219.

[3] Cette histoire a fait l’objet de nombreux travaux. Je renvoie notamment, pour la sociologie, à ceux de Castel, 2002 ; Bernard et Vatin, 2007 ; Cartier, Retière et Siblot, 2010 ; Friot, 2012 ; Didry, 2016.

[4] Ce qui explique le développement de travaux sur ces questions. Voir notamment Dupuy et Larré, 1998 ; Petit et Thévenot 2006, Darbus 2008, Célérier (dir.) 2014, NRT 2014.

[5] Qu’analysait Robert Castel dans Les métamorphoses de la question sociale (1995).

[6] Selon les chiffres de l’Insee (voir Domens et Pignier, 2012).

[7] Sur l’intérêt d’une analyse multisituée de l’action publique, voir notamment Belorgey, 2012.

[8] En analysant ainsi l’entrepreneuriat comme topos de l’action publique, notre horizon s’éloigne des travaux de sociologie économique sur les entrepreneurs comme acteurs économiques spécifiques (voir Granovetter, 2003 ; Zalio, 2004 et 2009).


https://www.contretemps.eu/extrait-abde ... epreneurs/
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 17 Aoû 2017, 16:33

Intérêts divergents

Plombé par une guerre dans ses hautes sphères, Uber s’enfonce dans la crise

Depuis la démission de Travis Kalanick, co-fondateur d’Uber, la start-up plonge dans le chaos. Une guerre fratricide au plus haut sommet de l’entreprise qui connaît un nouveau tournant, avec l’ouverture d’une procédure contre Kalanick par le fonds d’investissement Benchmark-capital.

... http://www.revolutionpermanente.fr/Plom ... s-la-crise
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 26 Aoû 2017, 14:23

Exploitation 2.0 : quand des patrons font passer leurs employés pour des travailleurs indépendants

À l’image d’Uber, de Deliveroo ou de Take Eat Easy, les entreprises qui n’emploient plus leurs personnels mais les font travailler comme auto-entrepreneurs se multiplient. Alors qu’elles entretiennent avec ces travailleurs des liens de subordination, elles les précarisent en se débarrassant de leurs devoirs d’employeur (cotisations, congés payés, chômage, couverture maladie, etc.). Après l’enquête sur la start-up lyonnaise Shoops et ses démarcheurs et démarcheuses sous statut d’auto-entrepreneur, des membres du collectif d’entraide à la rédaction ont voulu cerner un peu mieux les enjeux de ces situations nouvelles avec la sociologue Sarah Abdelnour, l’une des rares à avoir étudié ce sujet.

... https://rebellyon.info/Exploitation-2-0 ... font-16945
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 27 Aoû 2017, 14:06

UBER pour les enfants de prolos, les grandes écoles pour les mômes de la bourgeoisie

Quand on parle de la reproduction des inégalités sociales, les commentateurs ciblent souvent l’école primaire, le collège, le lycée. Il y a sans doute beaucoup à dire et à lutter à ces niveaux. Mais les parents des élèves qui ont eu leur bac savent bien que financièrement le plus dur commence. Bien sûr on trouve toujours des trajectoires individuelles pour contredire la reproduction des inégalités de classe, il y a des élèves issus des quartiers populaires qui réussissent des études de médecine, et des jeunes déclassés qui ont une qualification moindre que celle de leurs parents. Mais les tendances globales restent les mêmes, les enfants du salariat ont moins accès aux études supérieures. Certain-e-s ont même besoin de travailler très vite. D’où le « succès » d’Uber et de son monde. Quelques éléments…

Le modèle UBER, l’avenir des salarié-es ?

« On le voit avec l’exemple qu’offre UBER dans la région parisienne : des gens souvent victimes de l’exclusion choisissent l’entreprenariat individuel parce que, pour beaucoup de jeunes aujourd’hui, c’est plus facile de trouver un client que de trouver un employeur » (Emmanuel Macron, Le Monde du 6 janvier 2016). Lors de ses conférences contre la loi travail, Gérard Filoche (inspecteur du travail à la retraite, militant CGT) citait pour exemple un chauffeur de taxi UBER avec qui il avait discuté. Certains ont parlé d’ « Ubérisation » de la société, pour annoncer la fin du salariat (et le retour du servage ?). Les conducteurs VTC1 sont souvent d’anciens élèves de nos quartiers « Education Prioritaire » …

Ceux qui pensent bien gagner leur vie, confondent chiffre d’affaires et bénéfice

Moins de 3€ de l’heure ! D’après les calculs faits par Alternatives Economiques2, pour un chiffre d’affaires de 4 500€, soit 60 à 70 heures de travail hebdomadaire, le chauffeur gagne 750€ s’il est locataire de son véhicule et 900€ s’il est propriétaire. En effet, il faut compter la commission à payer à Uber et Co., la location ou l’amortissement du véhicule, le gazole, les frais d’entretien du véhicule, son assurance, les cotisations sociales, la comptabilité, les bouteilles d’eau, les frais de parking, les coûts liés aux pannes, aux rayures ou aux autres endommagements de véhicule…

... http://www.lesutopiques.org/uber-enfant ... urgeoisie/
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 29 Aoû 2017, 11:59

Deliveroo : "Le digital n'est pas capable de vivre sans les livreurs"

Livraison à domicile : service ou servitude ?

La société ubérisée nous promet-elle un paradis du numérique ou un enfer social ? Depuis le début de ce qu’on appelle la révolution numérique, les deux représentations s’affrontent. Paradis des auto-entrepreneurs avec horaires à la carte ou enfer de l’esclavage moderne, le débat est relancé après la première grève, minoritaire mais très médiatisée, des forçats du vélo, les livreurs de repas de la société Deliveroo. Débat que nous poursuivons sur notre plateau avec Jérôme Pimot, ancien coursier, porte-parole du Collectif des Livreurs Autonomes de Paris (CLAP75), Ousman Cissokho, livreur à vélo, Denis Jacquet, président de l'Observatoire de l'ubérisation et co-auteur du livre Ubérisation, un ennemi qui vous veut du bien ? (Éditions Dunod, 2016) ainsi que notre chroniqueuse et historienne Mathilde Larrère.

... https://www.arretsurimages.net/emission ... rs-id10119
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede bipbip » 27 Sep 2017, 17:21

Des coursiers à vélo veulent dépasser l’ubérisation par la coopération

Les opposants à la réforme du code du travail manifestaient jeudi 21 septembre. Parmi eux, des livreurs à vélo de la plate-forme de livraison de repas à domicile Deliveroo. Ils dénoncent la précarisation et l’ubérisation de leur métier. Et préparent l’alternative : une plate-forme coopérative.

... https://reporterre.net/Des-coursiers-a- ... ooperation
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Re: Le Uber se décline et se développe

Messagede Pïérô » 29 Sep 2017, 11:17

L’auto-entreprise, "dispositif de seconde zone qui fragilise des gens déjà fragiles"

À l’heure où le gouvernement étend le dispositif du régime des auto-entrepreneurs, une étude montre que leur activité peine à se maintenir dans le temps. Une preuve supplémentaire de la précarité du statut.

À partir de 2018, le régime de l’auto-entreprise donnera la possibilité de réaliser un chiffre d’affaires plus important. La mesure fait partie du plan du gouvernement en faveur des travailleurs indépendants, présenté cet été. Les auto-entrepreneurs auront le droit de générer jusqu’à 72.000 euros pour les services (au lieu de 32.900 euros) et, pour une activité commerciale, 170.000 euros (au lieu de 82.000 euros).

Indépendance de façade, précarité bien réelle

Ce changement de seuil offre un décalage avec la réalité de la majorité des auto-entrepreneurs, qui se situe loin de ces ordres de grandeurs. Selon une étude de l’INSEE publiée en septembre [1], le chiffre d’affaires annuel d’un auto-entrepreneur s’élève à 10.200 euros, en moyenne. Si l’on considère uniquement celui qui tire son revenu principal de son activité, le chiffre reste la plupart du temps sous la barre des 15.000 euros annuels (pour 67% d’entre eux). Les plus prospères, qui dépassent les 32.600 euros, sont moins de 5%.

La sociologue Sarah Abdelnour, auteure de Moi, petite entreprise. Les auto-entrepreneurs de l’utopie à la réalité (éd. PUF), rappelle un fait de plus en plus connu : « Ce statut concerne par définition la frange fragile des créateurs d’entreprise, ceux qui ont des petits moyens et des petits revenus. La plupart d’entre eux gagnent moins que le SMIC, et sont dans une démarche de recherche de travail plus que de création d’entreprise ».

... http://www.regards.fr/web/article/l-aut ... -gens-deja
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