comme toute la société, elles sont traversées par des courants idéologiques divers (dont certains spécifiques du fait de leur situation d'oppression), progressistes ou réactionnaires, par des rapports de classes, par des rapports d'oppressions systémiques...
ça c'est une phrase-bateau qui permet de rien dire en fait. Ce que tu décris c'est une société musulmane complète, avec différentes classes sociales, des antagonismes. En France, les muslims ne forment pas une société complète, se sont pour la plupart des pauvres et comme le reste de la classe ouvrière ils sont pour la plupart amorphes politiquement et se contentent de vivre "naturellement" dans leur culture sans trop se poser de questions.
tu as une vision complètement essentialistes des minorités
Disons que de par ma fréquentation de certaines parties de ces minorités (fréquentation qui va des prolos nés en France aux bourges venu y faire des études), je pense aujourd'hui que voir la culture juste comme arrière-fond ou une somme de choix personnels est une erreur monumentale (erreur due à l'universalisme occidental à mon avis). Comme une idéologie, c'est un ensemble de faits qui font corps et qui portent une vision du monde sans pour autant que chaque individu qui la porte adhère à chaque parcelle de cette culture.
C'est d'ailleurs à cause de ce vécu au contact de muslims que je suis favorable à l'interdiction du voile à la fac, les filles voilées que j'y ai croisé sont toutes des islamistes (créationniste et/ou antisémite, homophobe, antiféministe, bref, rien à envier aux cathos tradi). Parce que le voile, dans une société non-islamique en particulier, c'est aussi un signe politique.
Le mouvement ouvrier juif révolutionnaire, tu sais, par exemple, il a existé, produit des textes, une stratégie spécifique d'autodéfense, etc.
Si vous utilisez ce concept de minorité nationale juste pour déboucher concrètement sur l'autodéfense, je ne vois pas trop l'intérêt. L'autodéfense est un concept hautement récupérable, surtout par l'extrême-droite. Si le mouvement révolutionnaire juif a eu recourt à l'autodéfense, il n'est pas le seul: la LDJ aussi et de façon un peu plus apolitique (enfin je crois) il y a le Service de protection de la communauté juive. Tu invoques les révolutionnaires juifs pour te justifier comme tu pourrais invoquer le mythe de la création du Golem qui relève aussi de l'autodéfense juive. Après, j'ai peu lu sur le Bund (je suppose que c'est ça ta référence?), il y a peut-être une spécificité à l'autodéfense révolutionnaire vieille de plus d'un siècle, datant de la Russie tsariste applicable à la France du XXIème siècle?
En plus, ça veut dire quoi l'autodéfense appliquée au contexte actuel? des patrouilles pour surveiller les flics? Un barbu en mode salaf avec un gros bâton qui monte la garde devant une cave-mosquée (c'est pas un stéréotype, c'est du vécu!) ? Forzane alizza ? Concrètement ça ne signifie rien et ça créé un climat de "guerre de basse intensité" dans l'esprit de ceux qui vont y adhérer. Un esprit de Massada, quoi, puisque tu as l'air de nous faire un revival identitaire (esprit de citadelle assiégée, pour les autres). Esprit qui va renforcer la vision communautaire plus que favoriser l'ouverture.
Sinon, il y a qq mois, la CGA Paris a invité "un camarade de la minorité juive de la CGA-Lyon", là on apprend que vous tirez le concept d'autodéfense de texte de révolutionnaires juifs vieux d'il y a un siècle, que vous utilisez le concept de minorité nationale parce que tu en as trouvé une occurence unique dans le texte d'un juif anarchiste.
C'est moi ou tu nous fais un revival identitaire qui affecte la ligne politique de toute la CGA Berckman? J'espère que ce revival s'arrêtera avant celui de Benny Levi, parce que sinon, vu l'influence que tu as l'air d'avoir sur la ligne politique de l'orga, c'est toute la CGA qui va finir dans un kibboutz!
D'ailleurs ce revival devrait t'interroger sur ce que vous écrivez dans vos textes, sur "l'assignation à une minorité" par l'extérieur. Il ne m'a jamais semblé que tu avais un nom à consonance juive et la judéité n'est pas inscrite sur la tête des gens, si tu le dis pas aux gens, ça se devine pas. Je dirais plutôt que l'assignation pour ce coup-là vient bien de l'intérieur et non de l'extérieur.
Au passage, j'extrapole: ce concept de minorité nationale, même Perpi le qualifie de post-moderne dans son texte de départ, ce qui veut dire que le concept n'était pas discuté ni dans son contenu ni dans son origine supposée du temps d'avant la scission. A partir de ce moment-là, accuser des gens hors de la CGA de ne pas connaître l'origine prétendue du terme du terme (la fameuse occurence unique dans l'encyclopédie anar), c'est un peu vaseux vu qu'en interne vous ne l'expliquiez pas non plus. Ou alors vous tirez bien vos analyses des culturals studies.
Tu devrais mettre tes fiches à jour
Mes fiches sont à jour, je sais que t'es pas à SUD, c'est pour pas faire dans le perso que j'ai fait référence à SUD-éduc et pas à ton syndicat.
Et sinon, être étudiant, ça t'"inclue dans la classe" ? Tu peux nous en dire plus sur ton activité qu'on puisse prendre exemple ?
reprendre des études sans le bac sur le tard, vivre sous le seuil de pauvreté depuis 10 ans, être issu de parents sans le bac. je pense avoir un parcours plus prolétarien que le tien. Etre étudiant me permet de plus de ne pas être au RSA (alors que ça "rapporte plus") et donc de ne pas subir les assistantes sociales, chose que j'ai déjà expérimenté, et, étonnamment je ne m'entends pas bien avec les chargées du contrôle social...
Les classes populaires (ouvriers+employés) représentent plus de 50% de la population, mais leurs gosses seulement 20% des étudiants (8% même si on considère les seuls ouvriers comme « chef de ménage »), je suis fier d'être de ceux-là (cf. plus bas). Dans ce contexte, ta remarque sur mon statut est une forme de prolophobie.
Sur mes activités militantes : à peu près comme tout le monde.
Perso j'ai tenté un peu sur les cités, à ma très petite échelle. Petite échelle perso mais si la CGA lyon faisait pareil en proportion, ça ferait 7-8000 tracts mensuels en téci.
Comme tu es au courant, j'ai aussi directement contribué à créer 2 groupes de la CGA. je suis militant SUD, tout comme toi je participe comme je peux à la vie de ce syndicat, par exemple en participant à nos commissions développement. (diff devant les boîtes sans implantation syndicale). J'ai été parmi les plus impliqués dans la lutte antifa locale (on a eu un groupe id/néonaze assez costaud). Et j'essaye en ce moment de dégrossir un militant mao et c'est pas de la tarte! (hein Alex!?) puisqu'il n'y a plus personne sur la ville pour passer le relais révolutionnaire. Parce que contrairement à certaines grandes villes où on peut encore avoir l'illusion que l'anarchisme va bien, sur bien d'autres villes il est moribond comme d'autres idéologies et avant d'être offensifs, il faut déjà tenter de sauver les meubles.
Quand on voit ce que vous faites à 25 sur Lyon, 3ème ville de France, j'ai pas à rougir de ce que je fais dans une ville moyenne de province tout seul ou à 2/3.
Pour revenir à mon inclusion sociale, en plus de ma situation actuelle, mon père est peintre en bâtiment, ma mère à un CAP de sténo/dactylo. Ma socialisation primaire, mon vécu social mon capital culturel/social de départ sont donc assez éloignés de ce que tes parents médecins/avocats/architectes ont pu t'offrir (là encore, je varie les professions pour ne pas que tu sentes trop ça comme une attaque personnelle, pas parce que mes fiches sont pas à jour...).
Mais si les trans sont les seuls légitimes pour parler des trans, les femmes seules légitimes pour parler des femmes, étrangement, les classes populaires ne sont pas les seules légitimes pour parler du changement social qu'on professe en leur nom. Ce qui arrange bien des transfuges de la guerre de classe...
Plus haut tu mentionnes l'intérêt que j'ai eu pour le plateformisme pendant que toi tu militais vraiment. Cet intérêt, tout comme celui pour le spécifisme est dû à ma position sociale. Parce que depuis que je milite je ressens le sentiment étrange que les gens de ma classe (cf. ci-dessus) ne sont plus au cœur des préoccupations des libertaires et ne sont plus réellement présents dans les groupes anars en « juste proportion ». Et quand vous vous intéressez à la classe ouvrière c'est par des prismes exotisants comme l'islamophobie.
Après, je ne dis pas que je suis le seul prolo du mouvement anar, on en a , mais proportionnellement peu par rapport aux diatribes du mouvement, et de moins en moins dans les jeunes générations si je me fie à ce que je vois à Tours, mais je suis probablement un des seuls qui ressente ces différences de classe interne au mouvement.
Les hekmatistes font la différence communisme-ouvrier/communisme-bourgeois. Je pense qu'on devrait faire pareil : anarchisme-ouvrier / anarchisme-bourgeois.
aux propos transphobes que tu as enchaîné
De ce que qui est dit au paragraphe précédent découle le fait que : je m'en bas la race de 20 000 personnes en France dont la priorité politique est de se faire enlever/mettre une bite/chatte par chirurgie. Peut-être parce que j'ai une conscience de classe et environnementale qui me fait dire que ce genre de "priorités" sont politiquement, moralement, humainement risibles quand on voit l'état du monde.