Islam, islamophobie et extrême-gauche

Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Pïérô » 20 Mai 2015, 15:38

Un article dans le dernier Courant Alternatif, mensuel de l'OCL, dont je partage le point de vue :

A propos du racisme et de l’antiracisme

Depuis le 7 janvier, et même avant, le pouvoir nous joue une comédie indécente sur le thème du racisme. Il se prétend le représentant officiel de l’antiracisme et de la tolérance, il prétend légiférer et sanctionner contre le racisme. Ce serait à en rire si la longue liste des crimes racistes d’Etat ne nous faisait pas plutôt pleurer, Ali Ziri, Wissam El Yamni, Zied et Bouna... liste déjà trop longue et qui ne cesse de se rallonger.

Ce discours est obscène, mais il est surtout nuisible. En effet, les mots perdent alors tout leur sens, ce qui rend notre combat encore plus difficile. Et le premier de ces dévoiements, c’est la hiérarchie qui est faite entre les racismes. Le pouvoir a été très prompt à dégainer contre tous ceux qui seraient suspects de sympathie pour les frère Kouachi, mais à notre connaissance aucune réaction islamophobe n’a été sanctionnée, et elles ont pourtant été répandues. Les medias se sont précipités en Seine-Saint-Denis pour traquer les éventuels perturbateurs de la minute de silence, mais aucun ne s’est précipité en PACA pour s’interroger sur les réactions racistes qui ont pourtant été nombreuses. Cet antiracisme officiel de façade remplit des fonctions bien précises. En terme de politique intérieure, il s’agit de masquer la question sociale en la racialisant (ça a d’ailleurs été de tous temps une des fonctions du racisme). Le pouvoir ne peut pas affirmer clairement qu’il gouverne contre le peuple, les exploités. Il désigne alors des « barbares », des « anti-républicains », suspects d’être une nouvelle cinquième colonne. De tous temps, les classes laborieuses ont été désignées comme classes dangereuses. Il remplit aussi une fonction de légitimation de la politique extérieure. Non, la France n’est pas un pays impérialiste qui envoie ses troupes faire régner l’ordre à travers l’Afrique et le Moyen-Orient, ce n’est pas le fidèle bras droit de la politique impérialiste américaine, ce n’est pas le soutien inconditionnel du colonialisme sioniste, vous faîtes erreur. La France « défend la démocratie, la liberté d’expression contre la barbarie à travers le monde. » C’est d’ailleurs déjà le discours qui était tenu du temps de la colonisation, présentée comme une mission de civilisation.

Un racisme d’Etat

La violence policière s’exerce d’abord contre les roms, les arabes et les noirs. La situation des roms est particulière : ils sont pourchassés depuis des siècles, victimes rarement rappelées du génocide. Les persécutions qu’ils subissent aujourd’hui sont sans nom, et se font avec l’assentiment tacite de presque tou-te-s. Les plus visibles dans l’espace public sont à la fois nomades (souvent par contrainte) et étrangers (éventuellement sans papiers), ce qui les expose à la fois aux autorités et à l’exclusion de la société, mais la violence policière s’exerce contre tous, comme nous le rappelle le triste exemple de M. Gurême, cet ancien résistant rescapé des camps de 89 ans, matraqué dans sa caravane.

Le racisme contre les arabes et les noirs, comme tous les racismes, est solidement ancré dans notre histoire. On peut le qualifier de racisme colonial, bien que ce soit un peu rapide : il faut aussi y ajouter la longue histoire de l’esclavage et du code noir qui l’accompagnait, et l’ombre des croisades qu’on croyait oubliées et qui ressurgissent aujourd’hui.

39-45 a marqué une rupture dans l’histoire du racisme. La barbarie nazie a montré jusqu’où il pouvait mener. Après la Libération, il n’était plus possible de s’affirmer ouvertement raciste, du moins pour les autorités. Enfin, n’exagérons rien. Dans un premier temps, ce qui n’a plus été possible, c’est de s’affirmer antisémite ; d’où sans doute cette curieuse séparation entre racisme et antisémitisme. A la base, l’antisémitisme n’est qu’une variante du racisme. Pourquoi dit-on “contre le racisme et l’antisémitisme” ? Parce que l’antisémitisme ne serait pas un racisme ? Ou parce que l’on peut être raciste du moment qu’on n’est pas antisémite ? Enfin, encore une fois, n’exagérons pas trop : les rescapé-e-s n’ont pas été indemnisé-e-s, logé-e-s, nourri-e-s etc, ce qui pourtant aurait bien été un minimum. Rappelons que des familles de rescapé-e-s ont dût faire des procès pour récupérer leurs enfants ou neveux ou nièces, procès qu’elles n’ont pas toujours gagnés, et qu’il a quand même fallu attendre le “règne” de Chirac pour que l’Etat français commence à reconnaître une part de responsabilité. Mais bon, progressivement, l’antisémitisme est devenu malséant dans la bonne bourgeoisie, milieu où il était autrefois particulièrement virulent. (1)

Pour le reste, tant que la colonisation a perduré, on a continué à utiliser le terme d’indigène, ce qui veut tout dire. On passera sur les multiples termes racistes qui étaient encore très utilisés dans les années 70 pour observer que c’est la victoire des luttes anticoloniales qui a obligé les autorités à modérer leur vocabulaire. Et que le racisme affiché est devenu progressivement scandaleux (encore que, rappelons les odeurs qui incommodaient tant Chirac) au fur et à mesure que les « jeunes issus de l’immigration » ont affirmé leur existence. Il a bien fallu alors admettre que la France était plurielle et que la “république” accepte du bout des lèvres de reconnaître ces enfants comme les siens.

Bref, aujourd’hui, on ne peut plus officiellement être raciste.

C’est alors que le terme d’islamophobie est commodément apparu dans la foulée des attentats du 11 septembre. Normalement, l’islamophobie désigne la haine et le rejet de l’islam. En fait, c’est un terme commode derrière lequel peuvent se réfugier tous les racistes : je ne suis pas raciste mais il faut reconnaître que l’islam représente un danger pour notre civilisation. Ce discours est tenu jusqu’au sommet de l’Etat. Ou plutôt, c’est plus subtil que ça. Des discours islamophobes sont tenus au sommet de l’Etat et gravés dans le marbre de la loi. Mais la ficelle est un peu grosse, il est évident que l’islamophobie est une forme de racisme, lequel est interdit par la loi jusque dans notre constitution. Donc, simultanément, l’Etat tient des discours islamophobes et s’en défend, séparant les bons musulmans républicains (2) des autres. Progressivement, l’autre nom du racisme devient la laïcité, ce qui est là encore un dévoiement impressionnant. Car enfin, comment le « principe de séparation dans l’Etat de la société civile et de la société religieuse » peut-il être brandi pour interdire la pratique d’une religion particulière ? Une des nouveautés est que ce racisme déguisé sous le terme d’islamophobie permet ainsi d’embrigader derrière lui une partie de la gauche selon la logique binaire suivante : si vous êtes pour l’émancipation des femmes vous ne pouvez objectivement pas défendre les expressions d’une religion servant de justificatif à leur oppression.

Quel que soit sa variante, quelles que soient ses formes, qu’on l’affirme ouvertement ou qu’on le cache sous d’autres termes, le racisme est bien une hydre qui ressort invariablement et qui tue. Et il y a bien un racisme d’Etat qui s’exprime parfois dans les déclarations mais surtout dans les violences policières, impunies par définition même de la police, qui détient le monopole de la violence légitime, du moins dans les Etats « démocratiques ». Ce racisme est consubstantiel à notre système. Tant qu’il y aura un pouvoir, il divisera pour mieux régner.

Le racisme joue aujourd’hui un rôle particulier. Ce sont les jeunes prolétaires des banlieues que la police assassine. Ce sont les habitudes culturelles, les tenues vestimentaires, les interdits alimentaires de populations des quartiers défavorisés qui sont bannis . On a proclamé la fin de la lutte de classes, la disparition de la classe ouvrière. Mais il suffit de parcourir les cités dortoirs des grands ensembles pour constater qu’elle n’a pas disparu. Le racisme est un moyen commode de brouiller les pistes. Le racisme d’Etat contre les jeunes issus de l’immigration (y compris antillaise), c‘est d’abord le racisme de la bourgeoisie contre le prolétariat, l’expression de son mépris et de sa peur mélangés. Les discriminations contre ces jeunes sont aussi le reflet de la crainte d’une partie des classes moyennes de les voir leur prendre une part du gâteau, puisqu’ils peuvent maintenant passer le bac. Dévaloriser leurs diplômes, la qualité de leur formation, c’est un autre moyen de les exclure.

Et ce brouillage marche, et très bien d’ailleurs. Pourquoi ? Parce qu’il s’appuie sur des divisions réelles, parce qu’il rencontre un écho populaire, et d’une façon très perverse.

Une évolution inquiétante

A la base, les choses semblent pourtant simples. Le racisme, quelles que soient ses variantes, est un moyen de nous diviser. Il a toujours été le meilleur moyen d’opposer les exploité-e-s entre eux et elles. Et notre antiracisme a une base de classe. Nous ne nous intéressons ni aux origines ni aux apparences. Nous nous battons pour l’émancipation, la fin de l’exploitation. Le racisme crée des catégories qui ne sont fondées ni sur ce que nous faisons, si nous vivons de l’exploitation des autres ou non, ni sur le rôle que nous jouons, si nous participons volontairement à la domination ou non, mais sur ce que nous sommes, nos origines raciales ou ethniques, nos orientations sexuelles, notre sexe, nos croyances... Le capitalisme utilise le racisme comme modalité d’exploitation. Il s’est toujours appuyé sur l’existence de populations dominées pour aggraver l’exploitation de tous : noirs contre syndicalistes blancs aux Etats-Unis ; hommes contre femmes la première moitié du 20ème siècle en France ; français-es contre immigré-e-s et sans-papiers aujourd’hui et depuis toujours. C’est cela qui lui donne une grande force. Car effectivement, ces catégories ne sont pas dans les mêmes conditions d’exploitation en termes de salaires, de qualifications, de conditions de travail... Ce qui en retour donne une base matérielle à l’implantation du racisme chez les exploité-e-s. C’est pourquoi la lutte contre le racisme est une lutte perpétuelle. C’est pourquoi aussi c’est lors de mouvements sociaux qu’il recule.

Mais un phénomène nouveau a fait son apparition à partir du début des années 80, et dont on peut remercier la gauche d’ailleurs : c’est l’ethnicisation de la lutte sociale. Il y a eu de grandes grèves d’OS dans l’industrie automobile dans les années 70. Ces ouvriers, généralement syndiqués CGT, étaient très souvent immigrés, souvent musulmans. C’était l’époque du slogan « français immigrés, même patron même combat ». Il y a eu de grandes grèves dans l’industrie automobile dans les années 80. C’était les mêmes ouvriers, toujours généralement syndiqués CGT, toujours très souvent immigrés, toujours souvent musulmans. Mais ils ont commencé à être désignés non plus comme CGT mais comme musulmans. Pierre Mauroy lui-même a initié ce tournant, qualifiant une grève à Peugeot de « grève des ayatollahs ». Il y a eu plus tard les jeunes de banlieue dénoncés comme casseurs y compris dans les milieux militants lors de manifestations lycéennes et étudiantes. Derrière le travailleur immigré, on voyait le syndicaliste, on suspecte maintenant l’islamiste. Les jeunes révoltés des quartiers populaires sont devenus « des jeunes issus de l’immigration ».

Au fur et à mesure que la conscience de classe recule, les choses ne font que s’aggraver. Ces catégories construites par le pouvoir sont maintenant reprises par tous, et brandies comme des identités naturelles. On ne parle plus de racisme mais d’islamophobie alors même que ce racisme concerne tous les ex-colonisés d’Afrique, musulmans pour certains mais chrétiens pour d’autres. Du coup, on emploie maintenant le terme de négrophobie pour désigner le racisme dont sont victimes les noirs, africains ou afro-américains, indépendamment de leur religion. On ne parle plus de lutte sociale, mais on se demande plutôt qui souffre le plus. Et là est la force du pouvoir. En reprenant systématiquement les catégories de nos ennemis, en nous égarant dans des discussions sans fin sur la question de savoir lequel parmi les racismes est le plus virulent, le plus urgent à combattre, nous perdons d’avance. Le pouvoir pourra toujours trouver des catégories délaissées à surexploiter, des groupes discriminés à opposer contre les autres.

Cette concurrence des souffrances est très habilement utilisée par le pouvoir. Bien sûr que lorsque des actes antisémites sont montés en épingle pour être dénoncés, tandis que le racisme contre les roms et les immigré-e-s peut s’exercer en toute impunité, il y a de quoi sortir de ses gonds. Bien sûr que cela peut provoquer un racisme en retour s’appuyant sur le soupçon largement répandu chez beaucoup que les juifs dirigeraient le monde… « d’ailleurs, la preuve... » Le pouvoir entretient ainsi un antisémitisme de base qui de toutes les façons ne le dérange pas ; qui est beaucoup moins dangereux pour lui que la prise de conscience sociale. Et le jeu va plus loin…

Il reste toujours des groupes d’extrême-droite pour utiliser ce sentiment diffus et le complotisme pour s’implanter dans les quartiers populaires (donc à forte composante immigrée). L’extrême-droite est fondamentalement raciste. Il y a bien sûr une extrême-droite sioniste, en partie au pouvoir d’ailleurs en Israël, et en lien avec l’extrême-droite classique, voire bien reçue par le pouvoir actuel. Il y a aussi une extrême-droite qui utilise les théories du complot (dans lesquelles les juifs sont rarement absents) pour s’implanter et faire progresser ses idées dans un milieu qui lui était a priori hostile. N’oublions pas les succès de la journée du retrait de l’école, de la manifestation pour tous et le basculement d’un certain nombre de communes traditionnellement communistes. Ces théories du complot et ce ressentiment antijuif trouvent aussi un appui important dans ce qui se passe au Moyen Orient, dans la barbarie des interventions militaires occidentales, dans l’impunité dont jouit l‘ Etat d’Israël, dans le retour de la dictature en Egypte... qui alimentent le sentiment d’une persécution antimusulmane. C’est oublier qu’Al Qaida est le fils illégitime de la CIA. C’est oublier que l’islamisme a d’abord été caressé dans le sens du poil pour servir les intérêts américains avant de devenir les nouveaux ennemis publics n°1. Même si leurs créatures leur échappent, l’important pour les puissances occidentales, c’est d’abord de maintenir leur domination et donc d’empêcher le réveil d’une conscience anti-impérialiste. Et aujourd’hui, l’extrême-droite fait son sale boulot en surfant sur un sentiment, certes compréhensible, pour s’implanter dans un milieu qui lui fut jusqu’ici très hostile, les milieux populaires.

La situation est grave. En se cachant derrière l’islamophobie, le racisme désigne tous les ex-colonisés comme musulmans, quelles que soient leurs croyances. C’est bien le propre du racisme que d’enfermer des populations dans des catégories qui ne sont pas les leurs. Mais en réponse, en refusant d’utiliser le terme de racisme pour désigner ce phénomène en le remplaçant par celui d’islamophobie (de la même façon d’ailleurs que le terme de capitalisme a disparu au profit de celui de libéralisme), on renforce cet enfermement, on dénonce à juste titre les discriminations dont l’islam est victime, mais on participe du même processus d’enfermement que notre adversaire. En accréditant l’idée que c’est une religion qui est pourchassée, on contribue à nier la dimension sociale du phénomène, sa dimension de classe. Pire, on renforce les aspects réactionnaires qui sont des obstacles à notre combat. La droite, qui est très certainement raciste, et tout particulièrement islamophobe, cette même droite prête à imposer le porc dans les cantines, a accueilli les musulmans à bras ouverts dans ses « manifs pour tous », et s’est ensuite appuyée sur ce mouvement pour gagner des communes dans des territoires traditionnellement « communistes ». Et aujourd’hui, le communisme quelles que soient ses variantes a disparu de l’horizon comme utopie émancipatrice, et se voit supplanté par l’islam (et un retour des religions en général). La boucle est bouclée. Le pouvoir a utilisé l’islamophobie pour stigmatiser les exploité-e-s, qui se sont alors pour certain-e-s tourné-e-s vers celui-ci comme forme de résistance, et vers une variante de l’islam qui draine particulièrement d’aspects réactionnaires. En 1936, quelques jeunes révoltés sont partis exprimer leur révolte dans les brigades internationales lors de la guerre d’Espagne. Aujourd’hui, c’est vers Daesh et autres qu’ils-elles se tournent, et même indépendamment de leurs origines (les ex-Kevin et autres Nathalie ne sont plus des exceptions parmi les « martyrs »).

Nous devons combattre le racisme sous toutes ses formes sur une base de classe. Nous devons le combattre parce qu’il nous divise. Nous devons le combattre parce que viscéralement nous refusons d’être enfermés dans des origines, des croyances, des pratiques. Nous n’accepterons jamais que des êtres humains soient assassiné-e-s pour le simple fait d’exister, et c’est pourquoi nous refusons aussi bien l’antisémitisme que le racisme dominant. Ce qui nous unit, c’est notre combat contre l’exploitation et la domination, et non l’appartenance à telle ou telle communauté. C’est pourquoi nous ne rentrerons jamais dans une concurrence malsaine des souffrances. Et nous avons conscience que sur le chemin de notre combat, nous devons lutter contre un ensemble d’idéologies réactionnaires ; que ce n’est pas en caressant les idées réactionnaires dans le sens du poil, ou en fermant les yeux à leur sujet, que nous avancerons. Nous avons une réflexion à mener sur les bases du racisme, sur ce qui le rend si populaire, sur pourquoi les idées d’émancipation reculent largement, et cette réflexion est urgente.

OCL Paris

1) Rappelons qu’une bourde de Raymond Barre après l’attentat de la rue des Rosiers (“qui visait des Israélites et a tué des Français innocents”) a coûté pas mal de voix à Giscard lors de sa défaite contre Mitterrand.

2) Qui sont perpétuellement sommés de prouver qu’ils le sont bien.

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1691
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Pïérô » 30 Mai 2015, 20:18

À propos du foulard musulman : rester sur la ligne de crête

Voici un extrait d’un article d’Émile Carme publié sur le site de la revue Ballast (à lire en version intégrale ici http://www.revue-ballast.fr/le-voile-ha ... nationale/) qui, après un salutaire rappel historique de la façon dont la question du voile en France est devenue omniprésente dans les discours politiques et médiatiques, définit une position que nous partageons et dont feraient bien de s’inspirer celles et ceux qui veulent faire de cette question une ligne de fracture qui se résumerait à être « pour » ou « contre » le voile : ce qu’il appelle une ligne de crête, c’est-à-dire « reconnaître, contrairement à certaines franges militantes radicales, que le voile n’est pas un objet neutre, anodin ou sacro-saint et qu’il constitue, au regard de la tradition féministe, ‘un des multiples marqueurs de la domination masculine (…) tout en reconnaissant, d’un même élan, qu’il est attentatoire à la liberté de pensée et de conscience de forcer une femme à l’ôter et que l’attention délirante dont il est l’objet – inversement proportionnelle à celle que l’on porte d’ordinaire aux luttes féministes – relève avant tout du racisme anti-musulman. »

... http://lahorde.samizdat.net/2015/04/27/ ... -de-crete/
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Pïérô » 01 Juin 2015, 00:22

De la CGA, plutôt rassurant après d'autres productions, et en grande partie partagé. Du coup après le texte de l'OCL, c'est AL qui risque de paraître de plus en plus confuse...

Le système de domination raciste en France

Majorité et minorités nationales

La majorité nationale, c’est l’ensemble des personnes situées sur un territoire, que l’idéologie dominante définit comme les membres « naturels » du corps national. C’est-à-dire celles et ceux dont on ne conteste pas, quels que soient leurs actes, l’appartenance au corps national, la nationalité, dont on n’exige pas des preuves de loyauté pour les considérer au sein du corps national.

Les minorités nationales1, ce sont l’ensemble des groupes minoritaires qui sont présents sur un territoire donné, mais sont, ont été ou peuvent être considérés comme extérieurs au corps national tel que défini par l’idéologie dominante. Selon les contextes, ils peuvent être considérés comme appartenant au corps national ou lui étant extérieur, mais dans le premier cas, cette appartenance est sans cesse susceptible d’être remise en question, dans les discours, dans la pratique et notamment l’attitude des institutions.

Ce sont les groupes dont on exige des preuves de loyauté dans le cas où l’on considère qu’ils peuvent appartenir au corps national. Les actes des personnes appartenant aux minorités nationales peuvent être mobilisés par l’idéologie dominante pour dénier ou au contraire accorder l’appartenance au corps national à ces mêmes personnes.

Majorité et minorités nationales en France

En France, la majorité nationale, selon l’idéologie dominante, est de peau blanche, de culture chrétienne (que les personnes soient croyantes ou non). Par idéologie dominante, il faut entendre ici l’ensemble des représentations dominantes, majoritaires, véhiculées tant par des références culturelles implicites que par les discours à caractère politique explicites.

Les minorités nationales sont quant à elles constituées de toutes les personnes qui ne correspondent pas à ces critères arbitraires définis, de manière explicite ou implicite, par l’idéologie dominante.

On peut ainsi lister les minorités nationales suivantes :

Celles fondées en premier ressort sur la couleur de peau dans l’idéologie raciste classique, ainsi que sur d’autres éventuels stéréotypes pseudo-culturels :

La minorité nationale « arabe », regroupant toutes les personnes désignées comme telles par le discours dominant, sur la base de la couleur de peau et sur celle de l’association à la culture arabe (ou ce que l’idéologie dominante prétend être la culture arabe) même si elles sont par exemple amazigh.
La minorité nationale noire, regroupant toutes les personnes sur la base de la couleur de peau.
La minorité nationale rom.
La minorité nationale asiatique.

Auxquelles s’ajoutent deux minorités nationales, produit d’un processus de racialisation ou d’ethnicisation de la religion par l’idéologie dominante, dans lequel les personnes sont assignées à une religion sur la base d’une couleur de peau, d’une filiation ou d’un patrimoine culturel :

La minorité nationale juive, regroupant les personnes de culture ou filiation juive, croyantes ou non au judaïsme. L’idéologie dominante définit ici l’appartenance à la minorité juive non sur une base religieuse mais sur une base ethnique, culturelle ou raciale, la religion étant par ailleurs représentée de manière fantasmée. C’est la base de l’antisémitisme.
La minorité nationale musulmane, regroupant les personnes de culture ou de filiation musulmane, croyantes ou non à l’islam. Sur le même modèle que la minorité nationale juive, l’idéologie dominante définit l’appartenance à la minorité musulmane non sur une base religieuse mais sur une base ethnique, culturelle ou raciale, la religion étant par ailleurs représentée de manière fantasmée.

Ces deux minorités nationales sont à distinguer des minorités religieuses du même nom, qui regroupent exclusivement les personnes croyantes aux religions judaïque et islamique.

Le discours dominant exclue les personnes appartenant à ces minorités nationales du corps national non sur la base de leur croyance religieuse, mais sur celle d’une assignation identitaire de type ethnique ou raciale, dans laquelle la religion n’est pas abordée comme un ensemble de croyances et de pratiques sociales, mais comme une identité assignée à l’individu sur la base d’une filiation.

Dans l’idéologie raciste dominante, la minorité musulmane tend aujourd’hui à se confondre, voire à remplacer pour partie, la minorité arabe. Ne pas voir que « musulmanEs » a remplacé « arabes » dans les discours de droite comme de gauche, permettant de maquiller le même racisme qu’hier, c’est passer à côté d’une réalité particulièrement significative aujourd’hui. C’est cela que nous désignons sous le terme d’islamophobie. Et dire cela, comme pour l’antisémitisme, ne relève pas de la défense d’une religion. La dénonciation de la mécanique raciste ne doit pas servir de caution aux religieux pour la défense de leur chapelle. Si nous considérons qu’il n’est pas opportun aujourd’hui de critiquer l’islam en particulier, parce que ce genre de discours est trop facilement utilisé par les racistes pour présenter leur idéologie de manière masquée, nous affirmons dans le même temps la nécessité de combattre toutes les religions en général, islam compris, puisque toutes fonctionnent sur la même logique d’asservissement des individus.

Le racisme, un système de domination

Cette division entre une « majorité nationale » et des minorités nationales n’est pas que de l’ordre d’un discours. Les stéréotypes racistes, ethnicistes, qu’elle véhicule ne sont pas que de l’ordre de « préjugés » portés individuellement, qu’il suffirait « d’éradiquer » pour combattre le racisme. Ils sont le produit d’un système raciste, qui a été construit dans le double mouvement du développement de l’idéologie nationale et des États-nations, et de l’impérialisme colonial.

Le développement de l’idéologie nationale a été le produit d’un mécanisme de centralisation du pouvoir visant à uniformiser les territoires contrôlés, d’une part, et d’autre part de la volonté de substituer à la souveraineté de droit divin celle d’une communauté formée de manière artificielle sur la construction de mythes historiques et culturels. Cette construction s’est faite en créant l’illusion d’une continuité historique au moyen de la sélection d’éléments de l’histoire des populations et des territoires, évacuant ce qui ne collait pas au « roman national » des origines d’une communauté historique nationale. Dans le même mouvement, des éléments culturels ont été sélectionnés car considérés comme distinctifs d’un territoire, évacuant tous les traits culturels spécifiques qui viendraient contrarier cette uniformisation ayant pour but le renforcement du pouvoir politique central.

La construction de toute pièce d’une « communauté nationale » fondée sur une « histoire nationale » et une « identité nationale », dans tous les cas artificielle, a été le fait d’idéologues du pouvoir d’État, qui, à partir du mécanisme centralisateur de la monarchie absolue, poursuivi par la construction de l’Etat-nation jacobin, ont cherché à légitimer le contrôle de populations et de territoires donnés par l’utilisation sélective de l’histoire et de la culture. Ils ont ainsi cherché à définir la « nation » en lui fixant des limites territoriales et démographiques. Le corps national a ainsi été défini progressivement comme ayant des traits communs, par opposition à un « autre », ou plutôt à DES « autres » : les étrangers, mais aussi les minorités nationales considérées comme étrangères au corps national, bien qu’ayant la nationalité de l’État-nation constitué.

C’est dans ce contexte que s’est développé l’antisémitisme en Europe, par exemple, les juifs étant définis comme la figure antinationale, racisée, définie comme extérieure au corps national.

L’islamophobie se structure depuis ces vingt dernières années selon la même logique, permettant d’englober et cibler de manière globale un ensemble de minorités nationales sous la même catégorie racisée, à laquelle sont assignées toutes les personnes de culture ou de filiation musulmane, qu’elles soient croyantes ou non.

En parallèle, la colonisation de l’Amérique, puis, à partir du XIXe siècle, l’extension de l’impérialisme colonial à l’ensemble du monde non occidental, se sont appuyés sur une définition raciste des peuples non européens. Pour justifier leur asservissement et l’accaparement des territoires qu’ils habitent et de leurs richesses, les peuples colonisés furent désignés comme inférieurs, comme peuples barbares à civiliser, voire comme simples bêtes de somme afin d’autoriser le recours massif à l’esclavage, c’est-à-dire à la déportation et au travail forcé de millions d’individus. Si les mots et les formes de l’impérialisme colonial ont évolué aujourd’hui, il est toujours sous-tendu par la même idéologie raciste. Comme hier, guerres et coups de force ont toujours pour objectif l’expansion économique capitaliste, et pour justification idéologique la prétendue supériorité de l’Occident, qui aurait la responsabilité civilisatrice de décider pour le reste du monde de ce qui est bon pour lui.

Quelle lutte antiraciste ?

La période de régression sociale que nous subissons est propice au développement du racisme. Les pouvoirs s’appuient sur ce système de domination raciste pour diviser ceux et celles qui auraient intérêt à s’unir pour contrer les effets dévastateurs du capitalisme : désigner des boucs-émissaires comme responsables du chômage, de la précarité et de la misère, permet à la bourgeoisie de détourner les classes populaires des revendications d’égalité économique et sociale. A ce titre la lutte antiraciste est un enjeu essentiel pour l’ensemble de ceux et celles qui luttent pour l’égalité.

Nous devons au niveau idéologique contribuer à démonter les mécanismes et les discours sur lesquels repose le système de domination raciste. Cela implique donc la dénonciation et la lutte contre toutes les formes de racisme que nous avons définies. Le racisme d’État, le racisme « ordinaire » intégré, le racisme masqué sous des pseudo discours sociaux ou laïques, les discriminations racistes du quotidien et/ou légales, comme les discours et pratiques racistes assumés, sont tous à combattre même s’ils ne signifient pas les mêmes choses et ne requièrent pas les mêmes réponses.

Le combat contre le racisme contient de façon évidente une dimension antifasciste que nous avons développée dans notre motion sur l’antifascisme2.

Il est impératif de continuer à soutenir les luttes des personnes qui subissent le racisme et les revendications égalitaires qu’elles portent (lutte contre les expulsions, lutte des personnes sans-papiers pour l’obtention des titres de séjour ou contre les centres de rétention etc.) en soutenant l’auto-organisation de ceux et celles qui luttent.

L’ensemble de ces interventions doit se faire dans un but de convergence de classe, pour contrer l’instrumentalisation du racisme par les pouvoirs à des fins de détournement des questions sociales. Pour cesser de faire de ceux et celles qui subissent le racisme des boucs-émissaires, il faut pouvoir populariser un discours signifiant : nos ennemis sont les classes dirigeantes, nous n’avons donc pas intérêt à nous diviser sur des critères de nationalité et/ou de religion mais au contraire de nous rassembler sur une base de classe.

Cela permet de poser la question du racisme sur un plan politique au-delà d’une dynamique purement humaniste dont les travers sont nombreux (paternalisme, manque de vision globale). Nous sommes d’ailleurs persuadé-e-s que les bons sentiments, s’ils peuvent fonctionner sur des situations particulières, sont insuffisants pour construire un rapport de force large se maintenant dans la durée et pouvant réellement faire reculer le racisme, surtout dans la période de régression sociale que nous connaissons.

S’efforcer de situer le combat antiraciste sur une base de classe et internationaliste permet également de contrer les instrumentalisations politiciennes et/ou religieuses de cette lutte. Il est plus difficile pour le Parti Socialiste de venir parader dans des mobilisations anti-racistes quand la dimension de classe est affichée. Les courants religieux qui combattent les révolutionnaires peuvent plus difficilement venir sur des mobilisations antiracistes si le caractère internationaliste de classe est affirmé...

Le racisme en France est largement lié à l’idée de nation et se nourrit du passé comme du présent colonial de l’État français. À ce titre la lutte contre l’impérialisme économique et militaire français est à développer pour contrer le racisme. De même la dimension internationaliste de la lutte contre toutes les frontières fait partie intégrante de notre combat contre le racisme.

Notre antiracisme se fonde donc sur une dimension révolutionnaire et internationaliste, mettant en avant toutes les revendications d’égalité économique et sociale.

Le 30 mai 2015, les Relations Extérieures de la Coordination des Groupes Anarchistes

http://www.c-g-a.org/content/le-systeme ... -en-france
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Blackwater » 05 Juin 2015, 20:29

Pïérô a écrit:De la CGA, plutôt rassurant après d'autres productions, et en grande partie partagé. Du coup après le texte de l'OCL, c'est AL qui risque de paraître de plus en plus confuse...



De ce que j'ai compris au congrès d'AL du mois dernier, les positions sur la question peuvent être très variées selon les militant-e-s. Nous sommes malheureusement obligé-e-s d'avoir un consensus pas très clair là-dessus...
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede abel chemoul » 06 Juin 2015, 16:37

Je vois pas trop la différence avec ce que nous sortais Berckman plus haut, simplement c'est un texte officiel alors il respecte les canons anarchistes ("anti-impérialisme", "lutte de classes", blablabla). Par contre ce texte appelle plein de questions.
Les groupes ethno-culturels régionaux sont-ils aussi considérés comme minorités, et dans ce cas quid de leurs revendications indépendantistes et culturelles? ou alors est-on seulement dans l'analyse raciale (appelons un chat un chat)? jusqu'ici la CGA en reconnait pas les luttes régionalistes, ça serait nouveau dans son logiciel. si la CGA ne reconnait toujours pas les luttes régionalistes après ce texte, il y a clairement un deux poids-deux mesures dans sa définition des minorités ethno-culturelles.
Quelle articulation pour les anars avec ces "minorités nationales"? Appuie de leurs revendications (y compris culturelles)? alliance avec qui dans ces minorités ? les mêmes que ceux de janvier et leurs "allah ackbar!"/"je défends ma culture!" ? Quelle vision de la société future ça implique? intégrationniste ou multiculturaliste? etc.

sinon Piero a oublié de mettre la note en fin de texte qui nous explique, comme Berckman, que "minorité nationale" a été utilisé une fois par un anar dans les années 30. Comme si une hirondelle faisait le printemps. A ce petit jeu-là, on peut justifier de faire alliance avec les pétainistes parce que Besnard s'est compromis avec Vichy ou avec les fachos à cause des Cercles Proudhon. En plus je pense que l'auteur utilise "minorité nationale" en référence à la politique russe qui reconnait celles-ci depuis le tsarisme. donc douteux. enfin bon, ça permet à la CGA d'avoir une filiation légitime...
1 La notion de minorité nationale, contrairement à ce qui a pu être affirmé, n'est ni une importation marxiste/maoïste dans le mouvement libertaire, ni la reprise de concept onusien. Elle est utilisée par des militantEs anarchistes pour analyser l'antisémitisme et la négrophobie dès le début du XXème siècle. Elle apparaît par exemple dans l'article « Ghetto », rédigé par un militant anarchiste juif, Jules Chazoff de l'encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure (1934) : http://www.encyclopedie-anarchiste.org/ ... hetto.html, bien avant le maoïsme et l'ONU !
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Pïérô » 09 Juin 2015, 00:55

Mea culpa.
Et effectivement j'ai lu un peu vite, et sans discernement sur la question des "minorités". C'est à l'époque où on était à la FA ce qui nous divisait déjà d'ailleurs sur la question des luttes de libération "nationales" en plein moment où il était important pourtant d'affirmer un courant anarchiste-communiste de lutte des classes et révolutionnaire, communiste-libertaire, qu'il aurait été souhaitable de voir soudé, dans un contexte complètement confusionniste, comme d'habitude, au sein de la FA. Sur la question des luttes de libération dites nationales un gros boulot avait été produit sur cette question sensible en terme d'ouverture, rejoignant en partie ce que portaient l'OCL et l'UTCL/AL. C'est ce type de question qui aura plombé un congrès surtout en opposition entres membres de la même sensibilité, et un moment encore donc raté, comme celui qui aurait pu être une sortie collective en 2001 après l'échec de la dynamique "Unité des libertaires", pour rejoindre AL. Emporté par l'envie d'équilibrer ici critique et recherche de convergence, saluer et partager un positionnement de l'OCL, critiquer ce qui suinte de celui d'AL, organisation dans laquelle je suis aujourd'hui, et enfin trouver un texte de la CGA qui pouvait rompre avec ce qui ressemble à une dérive depuis un moment, ne pouvait que m'amener à virer en vrac en perdant un peu de boussole politique. Il est clair que je ne vais pas me rouler dans la fausse sympathie pour un membre de cette sphère lyonnaise qui s'inscrit décidément historiquement dans le ramage à contre sens, et qui pèse beaucoup dans la production et l'orientation "collective" de la CGA, ni avaler le moindre texte qui semblerait redresser la barre s'il est entaché d'autant d'interrogations dans ce qui est au final porté. Du coup ce texte pèche par un manque de clarté, pour le moins, sur cette question des minorité nationales, défendue là en terme religieuse, et après relecture et en rapport avec le positionnement sur la question plus large, alors qu'il se montre tout à fait acceptable pour le reste, et d'un point de vue révolutionnaire et de lutte des classes. Reste à savoir si l'acceptable en terme de lutte des classes sert à faire passer la pilule de la perte de sens, ou si il y en a qui se mélangent les pattes, involontairement ou non, et si c'est partagé par l'ensemble des camarades de la CGA (enfin de celle qui est issue du courant anarchiste-communiste/communiste-libertaire dont je parlais existant à la FA, sachant que je n'ai jamais rangé les groupes de Perpignan et Toulouse dans cette tendance d'autant qu'on se combattait dans l'organisation, ce qui est d'ailleurs tout le problème de la construction de la CGA dès le départ et une véritable erreur d'aiguillage pour les groupes qui les ont rejoint pour construire une nouvelle voie sans issue, et qui voudraient aujourd'hui rebondir en cultivant la différence dans le mouvement libertaire dans une voie encore bien incertaine) ...
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Berckman » 09 Juin 2015, 11:33

La position de la CGA sur le nationalisme et les "luttes de libération nationale" n'est pas nouvelle et n'a pas changé :

La « nation », une construction historique et idéologique

Toute « nation » est une construction idéologique, qui repose sur la création d'une histoire commune, à partir de la sélection de faits historiques selon une grille permettant de créer une continuité et une unité historique factice d'une population donnée (la fameuse « communauté de destin »), qui écarte tous les faits historiques allant à l'encontre du mythe national.

La construction idéologique qu'est la nation repose sur la négation en dernière instance de toutes les différences, tous les antagonismes sur un territoire donné : négation de la pluralité des cultures, négation de la lutte des classes, négation des rapports de dominations et d'oppression.

La division de l'espace terrestre en États-nation est une construction historique allant de pair avec le développement historique du capitalisme et de l'État. Elle est l'outil que mobilisent les classes dirigeantes pour centraliser le pouvoir dans le cadre étatique : que la « souveraineté nationale » s'exprime par voie électorale ou soit autoproclamée par un régime nationaliste, c'est sur ce socle idéologique que se forge la domination politique de l'État, et des classes dirigeantes qui le composent.

La Nation, quelle que soit la taille du territoire sur lequel elle prétend exister, est une construction idéologique uniformisatrice : cette uniformisation est en fait la domination d'une culture et d'une langue (écrasant les langues et les cultures populaires), et des intérêts de la bourgeoisie.

Ni uniformisation culturelle, ni « identité » culturelle imposée et exclusive

Nous refusons les logiques politiques nationalistes qui, prétendant s'appuyer sur la diversité des langues et des patrimoines culturels, construisent en réalité un mythe fondé sur la pureté et « l’autarcie culturelle » afin d’en faire un objet d’opposition entre les exploité-e-s.

De même, nous refusons les discours qui s'appuient sur le « relativisme culturel » ou la « tradition et l'identité culturelle ou nationale » pour justifier la domination car l'entraide, le refus de l'exploitation et de la domination est une tendance présente dans toutes les sociétés humaines et à toutes les époques : c'est notre culture « commune », universelle.

Il ne s'agit pas d'une parodie d'universalisme imposant les valeurs occidentales comme étant universelles. Au contraire, notre culture se fonde sur le constat de la réalité de la lutte menée par l’ensemble des exploité-e-s : de l'ouvrière chinoise au travailleur algérien, du paysan mexicain au prolétaire guinéen, des classes populaires de France à celles de Turquie...

La lutte contre l'uniformisation culturelle passe par la remise en cause de la nation, véritable machine destructrice de toute diversité culturelle, par le refus de toute culture imposée au nom de l'État. Ainsi, le fédéralisme libertaire nous paraît concilier la possibilité de l'existence de multiples cultures, de leur brassage, sans qu'une seule soit imposée aux individus par un pouvoir politique
.


ET

L'illusion de la « libération nationale »

Cette situation doit amener à souligner l'illusion que constitue l'amalgame entre luttes dites « de libération nationale » et lutte anticoloniale. On peut faire le bilan de l'impasse créée par les approches de la lutte en terme de « libération nationale ».

D'abord parce qu'aucune « indépendance » n'est réellement possible dans le système capitaliste mondialisé, parce que celui-ci est fondé sur l'impérialisme, les fractions de la bourgeoisie dominante cherchant à s'approprier les ressources de la planète par tous les moyens.

Ensuite parce que la « libération nationale » enferme la lutte anticoloniale dans un cadre interclassiste, et place des classes dirigeantes en formation, dans une position de pouvoir en remplaçant formellement les colons, sans pour autant supprimer le rapport d'oppression coloniale et capitaliste.

La bourgeoisie coloniale occidentale a ainsi pu saisir la notion de « libération nationale » pour éviter une remise en cause radicale de l'ordre économique international, en trouvant dans les élites « indépendantistes » de nouvelles classes dirigeantes permettant de continuer, sous une autre forme, le rapport d'exploitation et d'oppression initiée lors de la période coloniale.

Le néo-colonialisme consiste justement à intégrer au système capitaliste la majorité des nouvelles classes dirigeantes des populations désignées auparavant comme « indigènes », tout en conservant une large part des rapports sociaux colonialistes fondés sur « l'indigénat »

Notre conception de la lutte anticoloniale est une lutte qui affirme et soutient le refus du système de domination raciste qu'est le système néocolonial.

Dans le même temps, nous affirmons notre conviction que ce système ne reculera pas à travers la reproduction des structures étatiques, de la logique nationale, et du développement de structures capitalistes, parce que celles-ci ne peuvent garantir que le statu quo de la domination.

Nous refusons la volonté d'amalgamer luttes anticoloniales et « libérations nationales ». Car si nous constatons que les nécessaires luttes contre le système colonial se sont faites sous cet étendard, nous pensons qu'il convient d'en faire le bilan politique en séparant ce qui relève de la lutte émancipatrice (la légitime lutte et la légitime révolte des colonisés), de ce qui relève de la stratégie et des perspectives politiciennes.

C’est sur le terrain de la solidarité internationale des classes populaires et des exploité-e-s, et non sur la fiction interclassiste de la « libération nationale » que reculera le rapport d'exploitation (néo) colonialiste.


Extraits de la motion fédérale sur l'internationalisme

Sinon, le texte qui vient d'être produit est une analyse du système RACISTE en France. La notion de minorité nationale est entendue comme une production du nationalisme qui désigne des groupes comme extérieurs au corps national (c'est à dire comme une situation SUBIE) pas comme une situation "choisie". Il NE SAGIT PAS D'UNE REVENDICATION IDENTITAIRE OU NATIONALE (OU RELIGIEUSE D'AILLEURS).
C'est une manière de théoriser la question qui ne part pas d'une position identitaire, de revendications identitaires, mais de la manière dont tout discours nationaliste produit l'oppression de minorités considérées comme extérieures à la nation parce qu'elles ne correspondent pas aux critères arbitraires définis comme constituant le "corps national".
En quelque sorte c'est une tentative -matérialiste- de sortir d'une fausse opposition entre un "universalisme" abstrait qui nie le caractère systémique du racisme et ses effets concrets (la situation sociale et les rapports sociaux qu'il produit), et une logique identitaire inscrit dans une "politique des identités" qui peut tendre à nier toute perspective universelle.

Le corps national a ainsi été défini progressivement comme ayant des traits communs, par opposition à un « autre », ou plutôt à DES « autres » : les étrangers, mais aussi les minorités nationales considérées comme étrangères au corps national, bien qu’ayant la nationalité de l’État-nation constitué.

Les corses, les basques, les bretons, par exemple, ne sont pas considérés par l'idéologie nationaliste française comme étrangers au corps national, bien qu'en en ayant la nationalité.Il s'agit donc d'une tout autre dynamique.






sinon Piero a oublié de mettre la note en fin de texte qui nous explique, comme Berckman, que "minorité nationale" a été utilisé une fois par un anar dans les années 30. Comme si une hirondelle faisait le printemps. A ce petit jeu-là, on peut justifier de faire alliance avec les pétainistes parce que Besnard s'est compromis avec Vichy ou avec les fachos à cause des Cercles Proudhon. En plus je pense que l'auteur utilise "minorité nationale" en référence à la politique russe qui reconnait celles-ci depuis le tsarisme. donc douteux. enfin bon, ça permet à la CGA d'avoir une filiation légitime...

Rapprocher un militant anarchiste juif interné à Drancy et Besnard ou le cercle Proudhon, il fallait oser...



1 La notion de minorité nationale, contrairement à ce qui a pu être affirmé, n'est ni une importation marxiste/maoïste dans le mouvement libertaire, ni la reprise de concept onusien. Elle est utilisée par des militantEs anarchistes pour analyser l'antisémitisme et la négrophobie dès le début du XXème siècle. Elle apparaît par exemple dans l'article « Ghetto », rédigé par un militant anarchiste juif, Jules Chazoff de l'encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure (1934) : http://www.encyclopedie-anarchiste.org/ ... hetto.html, bien avant le maoïsme et l'ONU !
[/quote]


Il est clair que je ne vais pas me rouler dans la fausse sympathie pour un membre de cette sphère lyonnaise qui s'inscrit décidément historiquement dans le ramage à contre sens, et qui pèse beaucoup dans la production et l'orientation "collective" de la CGA, ni avaler le moindre texte qui semblerait redresser la barre s'il est entaché d'autant d'interrogations dans ce qui est au final porté.

Sinon Piero j'en ai rien à foutre de ta sympathie mais si tu pouvais éviter les attaques ad hominem ou les bon mots styles "sphère lyonnaise" (à moins que "sphére tourangelle" te paraisse une caractérisation politique acceptable d'Abel et toi), ça permettrait de discuter de fond politique.

A part ça peut être une production théorique sur le racisme de ta/votre part, permettrait (plutôt que de commenter celle des diverses organisations) d'éclairer votre manière de considérer la chose... Parce que pour l'instant j'arrive pas vraiment à comprendre quelle analyse vous faites du racisme en France à l'heure actuelle...
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede abel chemoul » 09 Juin 2015, 18:20

Rapprocher un militant anarchiste juif interné à Drancy et Besnard ou le cercle Proudhon, il fallait oser...

on est manifestement là devant un réflexe de gôche: quand on sait pas quoi dire, réductio ad hitlerum. mais oui, c'est vrai, méa culpa pour la comparaison. Valois, un des fondateurs des cercles Proudhon a fini sa vie socialiste autogestionnaire et est mort en camp de concentration quand Besnard n'a jamais été "épuré" du mouvement libertaire qui continue à s'en réclamer malgré son "égarement". cette comparaison est dégueulasse pour Valois, j'en suis désolé.
ça serait bien d'éviter de tenter la disqualification systématique des propos de l'autre, cette petite stratégie commence à se voir...

ça permettrait de discuter de fond politique

bah écoute, vu comment tu réagis quand on tente de t'expliquer par analogie que trouver UNE référence n'est pas significatif pour justifier une position théorique, on se demande si tu veux réellement parler du fond. Mais passons.


La motion sur la libération nationale date de 2010 Berckman, je pense que dire "on n'a pas changé de position" est une relecture. La motion parlait des luttes de libérations nationales en France, le "multiculturalisme" affirmé que tu soulignes dans le passage vaut pour le respect des cultures régionales. Là tu y inclues aussi a posteriori les identités des "minorités nationales" que vous théorisez en 2015, alors qu'à l'époque le débat n'était pas en ces termes, sinon il y aurait eu une levée de bouclier, ça aurait râler du côté de Perpi, et de mon côté aussi d'ailleurs.

si tu veux ma position sur le racisme pour faire avancer le débat, et bien il n'est pas structurel, c'est un phénomène "normal" quand deux cultures se télescopent pour la première fois sur un territoire. votre analyse de racisme systémique relève d'une maladie, la religiosité, qui veut voir dans tout ennemi un ennemi absolu, le Mal, sous un discours matérialiste, on est en fait en plein dans la religion qui ne tient en rien compte de l'évolution du monde, on plaque de vieux schémas tiers-mondistes. Mais c'est normal ,votre discours (pas qu'à la CGA, l'extrême-gauche neuneu en général) ne vise pas à analyser mais en dernier ressort à désigner un ennemi pour assurer la cohésion interne.

concernant l'islam, les quartiers, tout ça, perso j'avais une ligne plus englobante, plus "lutte de classe", résumé dans un tract ci-dessous. Mais bon, essayer de rassembler dans un même concept le djeune de cité, la mère célibataire victime du CCAS, le chômeur pas d'origine immigré, ça vous viendrait pas à l'esprit, vous avez jamais eu affaire à ces institutions de contrôle social pour la plupart, camarades... Alors vous prenez des concepts d'universitaires post-modernes...
(tract diffé en téci y a qq années)
COMMENT MAINTENIR UNE SOCIÉTÉ INÉGALITAIRE:
L’ARME DE LA SÉGRÉGATION SOCIALE

Nous espérons tous mieux vivre demain qu’aujourd’hui. Pour y arriver, certains font des efforts considérables. Mais la volonté légitime de s’en sortir, butera toujours sur la volonté des classes dominantes de préserver leurs privilèges à nos dépends. Pour préserver leur statut, ces classes dominantes mettent en place des mécanismes que nous regroupons sous le terme ségrégation sociale. En voici un bref tour d’horizon.


La ségrégation géographique
Les classes dominantes n’aiment pas voir la misère de ceux sur le dos de qui elles vivent, aussi essayent-elles de la contenir loin d’elles pour mieux la maîtriser et s’en protéger. Les cités HLM sont l’exemple-type ce cette ségrégation géographique. Elles permettent d’offrir des lieux où les pauvres ne nuisent qu’aux pauvres.
Un HLM n’est pas qu’un logement à prix modéré, c’est une zone bien délimitée où se concentrent toutes les peurs de la société: peur du déclassement, du pauvre, de l’étranger où les problèmes s’auto-entretiennent, créant au passage un repoussoir pour ceux qui contesteraient l’ordre social. Parquer les pauvres permet aussi un meilleur flicage de la population par les institutions de contrôle social (services sociaux, police).

La sélection scolaire
les inégalités sociales ne se créent pas au hasard, elles se perpétuent de génération en génération. La précarité, comme la richesse est quelque chose dont on hérite. Dans cette reproduction, le système scolaire joue un rôle majeur. L’école républicaine, qui vante “l’égalité des chances” et la “méritocratie” est une arme discrète et efficace pour garantir la reproduction de l’ordre social.
Les chiffres de l’Education nationale parlent d’eux-même. Dans les familles d’ouvrier, 1 enfant sur 2 n’a pas le bac alors que dans les familles de cadres, professeurs et professions libérales, plus de 3 enfants sur 4 font des études supérieures. Parmi les jeunes sortant de l’école sans diplôme, 6 sur 10 ont un parent ouvrier ou inactif. La réussite est donc avant tout familiale.
Ces chiffres ont le mérite de l’honnêteté, la méritocratie est un leurre, la réussite individuelle ne joue qu’un rôle mineur dans la création des élites, elle n’est que l’exception qui confirme la règle. L’ascenseur social n’est qu’une soupape de sécurité qui ne permet qu’à une infime minorité de s’élever tout en maintenant l’illusion d’égalité des chances pour tous.

Le verrouillage social

D’autre part, grimper les échelons ne garanti pas que l’on puisse se maintenir à la place durement acquise. Pour réellement faire partie d’une classe sociale, il faut en avoir les moyens financiers bien sûr mais aussi, et c’est plus subtil, les codes, les relations, les valeurs, la culture. Tout ça est indispensable pour être pistonné et assurer sa position. Il faut aussi connaître le fonctionnement du système scolaire sinon après une génération, c’est le déclassement et le retour à la case départ pour la famille. Tout est fait pour que chacun finisse là où il a commencé dans l’échelle sociale.

Pour assurer leur pouvoir, les classes dominantes appliquent la devise «diviser pour mieux règner», elles rusent et manipulent pour casser l’unité de ceux qui pourraient lui nuire.

Diviser en catégories opposées
D’abord on divise en catégories différentes selon une multitude de critères, prétextant des besoins particuliers chaque catégorie créée, puis on met en place des modes de contrôles spécifiques à chacune, mais qui rabaissent toujours celui qui en bénéficie en le traitant comme un assisté. Le jeune de moins de 25 ans sera “suivit” par la Mission locale, le chômeur sera fliqué par le conseiller ANPE, le RMiste sera fliqué par le CCAS, une assistante sociale fliquera la mère seule pour voir si elle sait élever ses gosses.

Le racisme

Le racisme est une forme de division moins évidente, les personnes victimes de racisme et celle le pratiquant étant de la même classe. En montant les individus les uns contre les autres en fonction de leur couleur de peau, de leurs pratiques culturelles, de leur origine géographique, on brouille les cartes, on ne se contente pas de maintenir les classes populaires là où elles sont, on les divise profondément en attaquant chacun sur ce qu’il est, créant des méfiances difficiles à briser. On joue là sur une peur animale: la crainte de ce qui est différent et inconnu.

Le communautarisme
Un moyen de division complémentaire du racisme est de pousser les gens à se retrancher dans leur culture d’origine. Pousser au repli identitaire permet de diviser en faisant monter le racisme d’un côté et de contrôler la population qui se repli sur elle-même d’un autre côté en faisant émerger une forme officieuse de contrôle social. La religion, le poids des traditions, du regard de la communauté permettent de maintenir chacun à sa place sans avoir recours à des pressions extérieures. Le communautarisme permet un retour à des méthodes coloniales de gestion des relations: le responsable associatif, le religieux, deviennent les interlocuteurs des institutions, se transformant en auxiliaire de police. En échange de ses services, cette petite élite communautaire est valorisée, elle aquière la reconnaissance de sa légitimité par la « communauté » et par les institutions.
Celui qui y perd, c’est l’individu. On nie ses droits de citoyen, son droit à la parole en tant qu’individu, on le rejette dans des schémas colonialistes et paternalistes. On le ramène à son origine ethnique ou religieuse. Il n’est plus un chômeur ou un mal-logé, il devient un membre de la communauté maghrebine ou africaine en quête d’un appartement ou d’un emploi.

Une fois que l’on a pris conscience de cette volonté de division, il faut agir, et pour cela il n’y a pas trente-six solutions.
Unis face à une même logique
La justice sociale ne pourra s’obtenir que dans l’unité: qu’on soit jeune ou moins jeune, français de souche ou d’origine immigrée, chômeur/chômeuse ou salarié-e, smicard-e, nous subissons tous la même logique, nous avons tous les mêmes intérêts. Ne nous laissons ni diviser ni endormir par les belles paroles de ceux qui sont au pouvoir, agissons pour abattre la ségrégation sociale!

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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Berckman » 10 Juin 2015, 08:29

on est manifestement là devant un réflexe de gôche: quand on sait pas quoi dire, réductio ad hitlerum. mais oui, c'est vrai, méa culpa pour la comparaison. Valois, un des fondateurs des cercles Proudhon a fini sa vie socialiste autogestionnaire et est mort en camp de concentration quand Besnard n'a jamais été "épuré" du mouvement libertaire qui continue à s'en réclamer malgré son "égarement". cette comparaison est dégueulasse pour Valois, j'en suis désolé.
ça serait bien d'éviter de tenter la disqualification systématique des propos de l'autre, cette petite stratégie commence à se voir...

Alors là c'est vraiment l'hopital qui se fout de la charité ! Qui a balancé une comparaison moisie entre Chazoff et le cercle Proudhon ? Sinon bon présenter le distributisme comme du "socialisme autogestionnaire" ça aussi il faut oser.



Là tu y inclues aussi a posteriori les identités des "minorités nationales" que vous théorisez en 2015, alors qu'à l'époque le débat n'était pas en ces termes, sinon il y aurait eu une levée de bouclier, ça aurait râler du côté de Perpi, et de mon côté aussi d'ailleurs.

Tu as bien l'habitude de faire dire aux textes ce qu'ils ne disent pas : ça commence à être habituel. On n'a jamais parlé des "identités"(sic) des minorités nationales. Tu mélanges deux choses qui ne sont pas de même nature, et tu confonds les concepts de "nationalités" et de minorité nationale. Ton logiciel idéologique te pousse à considérer comme indissociable la notion de "minorité nbationale" et celle de "lutte de libération nationale". Ce n'est pas notre cas. On ne raisonne pas en terme identitaires. On ne voit pas les "minorités nationales" comme des "nationalités" qu'il faurait libérer, mais comme des groupes opprimés par le nationalisme.

si tu veux ma position sur le racisme pour faire avancer le débat, et bien il n'est pas structurel, c'est un phénomène "normal" quand deux cultures se télescopent pour la première fois sur un territoire.

Ca montre bien la pauvreté de ton analyse, qui non seulement est essentialiste (2 cultures conçues comme étanches l'une à l'autre), en plus d'être risible parce qu'il ne rend compte ni de l'antisémitisme ni du racisme antirom (à moins de penser que la culture ashkénaze ou la culture rom et la culture "française" "se rencontrent pour la première fois), mais enfin bonne chance pour faire avaler ces conneries à quiconque. Ce montre aussi que comme un certain nombre de gens tu mélanges racisme et xénophobie qui sont deux mécanismes qui peuvent converger mais qui ne se recouvrent pas entièrement.


votre analyse de racisme systémique relève d'une maladie, la religiosité, qui veut voir dans tout ennemi un ennemi absolu, le Mal, sous un discours matérialiste, on est en fait en plein dans la religion qui ne tient en rien compte de l'évolution du monde, on plaque de vieux schémas tiers-mondistes. Mais c'est normal ,votre discours (pas qu'à la CGA, l'extrême-gauche neuneu en général) ne vise pas à analyser mais en dernier ressort à désigner un ennemi pour assurer la cohésion interne.

Encore une fois, des accusations bidons qui nous prêtent des positions qui ne sont pas les nôtres..

concernant l'islam, les quartiers, tout ça, perso j'avais une ligne plus englobante, plus "lutte de classe", résumé dans un tract ci-dessous. Mais bon, essayer de rassembler dans un même concept le djeune de cité, la mère célibataire victime du CCAS, le chômeur pas d'origine immigré, ça vous viendrait pas à l'esprit, vous avez jamais eu affaire à ces institutions de contrôle social pour la plupart, camarades... Alors vous prenez des concepts d'universitaires post-modernes...

C'est toujours incroyable de voir des camarades présenter des trucs qu'on fait quotidiennement (sans avoir besoin de faire des communiqués dessus) depuis des années comme "révolutionnaire", comme s'ils inventaient l'eau chaude... Tu opposes ça et la production de textes théoriques d'analyse, qui ne sont pas la reprise de "concepts d'universitaires post-moderne" contrairement à ce que tu racontes puisqu'ils s'appuient sur un patrimoine spécifique aux mouvements émancipateurs, forgé au cours de luttes contre des oppressions spécifiques (que tu nies précisément plus haut...). Cette opposition est complètement artificielle. On peut faire l'un et l'autre... C'est ce que nous essayons de faire. Et si nous parlons de pratique politique, par exemple, on peut comparer les expériences concrètes à Lyon, Saint Denis, et Tours...
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede abel chemoul » 10 Juin 2015, 11:46

Tu mélanges deux choses qui ne sont pas de même nature, et tu confonds les concepts de "nationalités" et de minorité nationale.

Dans le cas des bretons ou des basques, d'après les revendications des autochtones, nationalité et minorité nationale, c'est idem. c'est un peu le soucis de votre analyse des minorités nationales, y a deux concepts qui se télescopent: les "minorités territoriales" qui ont une culture rattachée à un bout de territoire de l'Etat français et les "minorités diffuses" issues de l'immigration ou non-attachées culturellement à un bout de territoire.

Encore une fois, des accusations bidons qui nous prêtent des positions qui ne sont pas les nôtres..

Le vrai pb de toute théorie, c'est pas de comment celui qui la créé la pense mais comment elle est reçu en face. si tout le monde en dehors de ta sphère te dis que c'est post-moderne, il faut t'interroger sur tes propres concepts. On peut lire un même texte et en avoir une compréhension différente. Plutôt que d'y voir une "accusation bidon", essaye de comprendre le point de vue de l'autre, ce que tu n'as plus l'air disposé à faire.

Sinon bon présenter le distributisme comme du "socialisme autogestionnaire" ça aussi il faut oser.

lire la page Wiki sur Valois n'est pas connaitre Valois. Mais ça peut faire passer pour intelligent sur un forum... c'est comme traiter Michéa de facho sans avoir lu un seul de ses bouquins.
Et puis chacun sa définition de l'autogestion, perso, être semi-permanent SUD ou CGT je pense pas que ça soit de l'autogestion. Valois était probablement plus autogestionnaire que certains à l'AL ou à la CGA.

contrairement à ce que tu racontes puisqu'ils s'appuient sur un patrimoine spécifique aux mouvements émancipateurs, forgé au cours de luttes contre des oppressions spécifiques (que tu nies précisément plus haut...). Cette opposition est complètement artificielle

j'aimerais bien savoir de quel patrimoine il est question. Le seul corpus c'est celui issu du mouvement noir américain, un contexte très différent du contexte européen et donc non-applicable en Europe. Il n'y a pas de patrimoine historique de la lutte antiraciste en Europe (la Marche des Beurs? la création de la LICRA?), ou alors j'aimerais savoir lequel.

C'est toujours incroyable de voir des camarades présenter des trucs qu'on fait quotidiennement (sans avoir besoin de faire des communiqués dessus) depuis des années comme "révolutionnaire", comme s'ils inventaient l'eau chaude..

mince alors! on n'a pas été à la même CGA alors! moi qui croyait que la CGA Lyon avait un local dans un quartier bobo et avait des activités-types de groupe libertaires (proj'-conf'-tract de manif) alors qu'en fait vous êtes les Black panthers du 6-9!
je ne savais pas que vous étiez quotidiennement devant les CCAS. Vous m'épatez. Vous ne m'avez jamais parlé de vos activités de permanence pour les chômeurs ou de tentative d'implantation en banlieue sur le long terme. Soit vous êtes très modestes sur vos activités, soit tu racontes nawak pour tenter de te donner le beau rôle. Ou alors on parle pas de la même chose, ce qui est possible. On a toujours tendance à penser "qu'on fait déjà tout" alors que ce n'est souvent pas le cas. ça me rappelle l'introduction du spécifisme où certains se sont reconnus dans les pratiques latino-américaines en y plaquant leur propre réalité militante alors que perso je voyais dans l'especifismo une implication sociale plus forte, m'enfin bon... subjectivités...
par ailleurs, j'ai mis ce tract pour illustrer qu'on peut analyser les pb des personnes des banlieues en d'autres termes qu'en termes raciaux et religieux, tout ce que tu trouves à dire pour le débat c'est "t'inventes pas l'eau chaude". Certes, mais je n'ai jamais vu un tract ou un article d'IAL prendre le pb sous cet angle. Etonnant quand on me dit que c'est ce que vous faites au quotidien et un peu contradictoire avec les culturals studies. Tu ne pointes pas une faille dans l'argumentation (qui en a pourtant, ce tract est vieux et simpliste), tu dénigres.

ce qui m'amène à:
contrairement à ce que tu racontes[...]Ca montre bien la pauvreté de ton analyse [...]bonne chance pour faire avaler ces conneries à quiconque [...]Sinon bon présenter le distributisme comme du "socialisme autogestionnaire" ça aussi il faut oser.

Que de mépris de la part. Es-tu sûr d'être encore capable de parler politiquement à un citoyen lambda non-anarchiste? Te rends-tu compte du mépris de classe, de l'oppression que véhicule ton langage? certes notre échange est fleuri, mais perso je reste dans le trollage ou la pique politique alors que toi au niveau lexical, tu es dans l'affirmation de ta domination (dévalorisation intellectuelle de l'autre, attitude professorale).
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Berckman » 10 Juin 2015, 20:01

Dans le cas des bretons ou des basques, d'après les revendications des autochtones, nationalité et minorité nationale, c'est idem. c'est un peu le soucis de votre analyse des minorités nationales, y a deux concepts qui se télescopent: les "minorités territoriales" qui ont une culture rattachée à un bout de territoire de l'Etat français et les "minorités diffuses" issues de l'immigration ou non-attachées culturellement à un bout de territoire.

Ce texte est une analyse du racisme en France. Il ne s'agit pas de faire une thèse sur les "luttes de libérations nationales", mais simplement comment l'idéologie nationaliste française (comme toute idéologie nationaliste) désigne des minorités comme exogènes et contribue à leur oppression systémique...


si tout le monde en dehors de ta sphère te dis que c'est post-moderne,

Toute le monde, c'est qui ? Toi ? le "milieu libertaire"(sic) ou tout du moins certains de ses courants ? Mais ce n'est pas au "milieu libertaire" à qui on s'adresse. Comme chaque fois qu'il y a une tentative de développer un peu la théorie, on a les mêmes réflexes de gardiens du temple, avec les mêmes raccourcis.

lire la page Wiki sur Valois n'est pas connaitre Valois. Mais ça peut faire passer pour intelligent sur un forum... c'est comme traiter Michéa de facho sans avoir lu un seul de ses bouquins.

T'es vraiment parti loin, hein, chercher à réhabiliter un des fondateurs du fascisme français... Mais y a pas besoin de Wiki pour ça il suffit de s'intéresser à l'histoire du fascisme un peu sérieusement...

Et puis chacun sa définition de l'autogestion, perso, être semi-permanent SUD ou CGT je pense pas que ça soit de l'autogestion. Valois était probablement plus autogestionnaire que certains à l'AL ou à la CGA.

J'aurais toujours plus de respect personnellement pour un "semi-permanent" qui se consacre au mouvement ouvrier que pour un fasciste, -même repenti sur le tard-, mais chacun ses préférence, hein :gerbe:

j'aimerais bien savoir de quel patrimoine il est question. Le seul corpus c'est celui issu du mouvement noir américain, un contexte très différent du contexte européen et donc non-applicable en Europe. Il n'y a pas de patrimoine historique de la lutte antiraciste en Europe
Ouais tu as raison il n'y a jamais eu de lutte antiraciste en Europe :marteau: D'ailleurs il n'y a jamais eu de racisme en Europe, ni de minorités racialisées et opprimées... :marteau: D'ailleurs l'antisémitisme n'existe pas, n'a jamais existé, ni la romophobie. :clap: :clap: :clap: :prier: :prier:


mince alors! on n'a pas été à la même CGA alors! moi qui croyait que la CGA Lyon avait un local dans un quartier bobo et avait des activités-types de groupe libertaires (proj'-conf'-tract de manif) alors qu'en fait vous êtes les Black panthers du 6-9!

Ouah tu nous as trop clashééééééééééééééé ! Comme pour beaucoup de militants gauchistes, ce que tu ne vois pas ou dont tu n'entends pas parler n'existe pas (peut être parce que ça t'intéressait pas et que tu étais très occupé à parler de "plateformisme")...

Non, désolé, on n'est pas quotidiennement dans les CCAS.
On a une intervention, modeste (parce qu'on est pas non plus un groupe où il y a des foules)

On est un certain nombre à tafer dans des quartiers populaires, y militer syndicalement, au sein d'UL, y avoir des pratiques d'entraide, etc...
Comme on respecte l'indépendance des orgas populaires dans lesquelles on milite, on le fait pas en brandissant une étiquette CGA ou en la mettant en avant, mais c'est la traduction logique et naturelle du militantisme révolutionnaire.
Pour prendre la période 2009-2010 (ça commence à remonter) dans laquelle tu as fais ce tract qui a changé la face du monde, voici quelques exemples dec ce qu'on a fait sur Lyon :
_ Mener avec d'autres organisations (notamment AC!, le comité vaudais des chômeurs et privé d'emploi) une campagne contre la précarité, qui s'est traduit par des diffusions devant des Pôle emploi, des diffusions sur le marché du mas du Taureau, à Vaulx en Velin
_ Des camarades précaires de la CGA ayant réquisitionné avec d'autres militant-e-s libertaires et antifasciste une habitation à vaise ont lié des liens avec les habitant.e.s roms d'un immeuble occupé à proximité, se sont mobilisés contre leur expulsion en pleine hiver, ont ouvert en l'occupant un gymnase pour assurer leur hébergement en urgence, et, avec d'autres organisations et individus, ont participé au développement d'un rapport de force aboutissant à ce que la mairie garde les lieux ouverts pendant plusieurs semaines.
_ Avec quelques autres libertaires, certains camarades de la CGA ont essayé de lancer dans un quartier populaire de la ville un réseau de solidarité sur le logement, en assurant des permanences (aide à l'écriture de courrier par rapport à des galères type monoxide, charge indues)... qui ont abouti à une mobilisation contre foncia (pour mettre la pression sur des charges abusives), à une lutte qui a permis d'éviter l'expulsion d'un couple de retraités en situation d'impayés, et d'obtenir le relogement de la femme (son mari étant mort de cancer entre temps) avec prise en charge des frais de déménagement par la mairie... Il y a eu une tentative, infructueuse, d'élargir ce réseau sur d'autres quartiers, mais ça n'a pas abouti...
Dans le même temps, des camarades de la CGA syndiqués à la CNT, avec d'autres militantEs cénétistes, ont essayé d'élargir le mouvement de grève des travailleurs sans papiers. Cela a abouti à l'occupation d'un lieu de travail, une campagne de diffusion de tract dans les quartiers populaires, et la régularisation de plusieurs camarades...

On pourrait discuter longuement aussi de ce qui a été fait depuis. Les camarades de Saint Denis que tu dénigres à longueur de temps, par exemple, se sont investis dans la durée sur des luttes autour de la logement, participent avec beaucoup d'autres personnes à la vie du centre social autoorganisé l'Attiéké, à la réquisition de laquelle ils ont participé...
https://fr.squat.net/2013/12/24/saint-d ... l-attieke/
Il suffit de se rendre à Saint Denis pour se rendre compte de leur activité

Tu ne pointes pas une faille dans l'argumentation (qui en a pourtant, ce tract est vieux et simpliste), tu dénigres.

En fait je ne "dénigres" pas ton tract, je dis simplement effectivement que comme beaucoup, tu réinventes l'eau chaude.

Que de mépris de la part.

Là encore, c'est l'hopital qui se fout de la charité. Je ne fais que me mettre -difficilement- au même niveau de violence verbale que celle que tu dégueules depuis quelques mois sur ce forum.

Es-tu sûr d'être encore capable de parler politiquement à un citoyen lambda non-anarchiste?

Ben ne t'inquiète pas pour moi le truc c'est que tu es pas vraiment un "citoyen lambda non-anarchiste" :lol:
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede abel chemoul » 10 Juin 2015, 23:06

Ouais tu as raison il n'y a jamais eu de lutte antiraciste en Europe :marteau: D'ailleurs il n'y a jamais eu de racisme en Europe, ni de minorités racialisées et opprimées... :marteau: D'ailleurs l'antisémitisme n'existe pas, n'a jamais existé, ni la romophobie. :clap: :clap: :clap: :prier: :prier:

C'est pas parce qu'il y a un racisme qu'il y a une réponse antiraciste et encore moins quelque chose de transposable actuellement (la résistance du ghetto de Varsovie me semble difficilement rééditable...). Oui, j'ai pas vu de réponse de masse par le passé en Europe qui puisse servir de modèle pour aujourd'hui. La mobilisation sur l'affaire Dreyfus a été conjoncturelle, son seul héritage c'est la LICRA il me semble, pas très révolutionnaire. Du coup, je redemande, de quel héritage il est question si c'est pas les culturals studies? quel penseur de référence pour cette analyse? vous ne la sortez pas ex nihilo tout de même (sans vouloir mettre en doute vos capacités à conceptualiser).

la partie ci-dessous écrit en petit/bleu foncé n'est pas la plus politique, on peut aisément la sauter et aller à la fin de ce post pour débattre sereinement.
Comme pour beaucoup de militants gauchistes

c'est toujours l'autre le gauchiste. je te laisse cette appréciation assez éloignée des réalités.

On est un certain nombre à tafer dans des quartiers populaires, y militer syndicalement, au sein d'UL, y avoir des pratiques d'entraide, etc...

ah mais tout à fait, on peut être de classe moyenne, anar et bosser pour des institutions de contrôle social dans un quartier populaire. Mais j'appelle pas ça être inclus dans la classe, pas plus que le syndicalisme à SUD-éduc. Attention, je critique mais je dis pas que j'ai forcément de solutions alternatives hein.

Mais oui, je me rappelle bien des campagnes logement sur Lyon, c'est pas la question, elle était très bien mais ponctuelle comme toute lutte. Mais y a un moment on a l'impression, y compris dans la liste d'actions que tu cites, que toute intervention passe par la lutte, comme si pour être dans/avec la classe il fallait lutter. Pour revenir sur l'especifismo, perso je comprenais l'inclusion sociale comme un travail d'éduc pop/établissement (au sens maoïste) pour combler le gouffre sociologique qu'il y a entre les militants et tout un pan du prolétariat (on va pas jouer aux hypocrites, les militants c'est la classe moyenne fonctionnarisée et des CSP+ en gros ). Mais chez les anars, toute action extérieure à nos structures passe par la lutte, comme si c'était un but en soi.

Là encore, c'est l'hopital qui se fout de la charité. Je ne fais que me mettre -difficilement- au même niveau de violence verbale que celle que tu dégueules depuis quelques mois sur ce forum.

Quelle violence verbale? c'est moi peut-être qui traite de facho tout ce qui n'est pas exactement dans ma ligne politique ? Dès que t'as débarqué ça a été du "machin facho, truc facho". rappeler quelques vérités sociologiques sur les anars c'est de la violence verbale? j'y peux rien si le mouvement reproduit les schémas de domination sociale de la société. je mène une critique prolétarienne contre l'embourgeoisement du mouvement que Maurice Joyeux dénonçait déjà en son temps! par contre je ne nie pas que tu puisses ressentir comme une violence mon analyse sociologique ultra-pointue. un peu comme le capitaliste ressent comme une violence injuste la critique anti-cap'.


Bon, revenons à la question centrale des minorités nationales malgré tes agressions répétées et ton incapacité à comprendre les concepts chemouliens jet merde, je fais une rechute de trollage!. En produisant ce genre de concepts, tu crois pas que tu vas substituer la lutte des races à la lutte des classes dans l'esprit de tes minorités? tu ne crois pas que tu produis toi-même les outils pour te délégitimer auprès de ces populations? s'il y a un système de domination blanche, tout blanc en fait partie, la seule façon de lutter contre en tant que blanc c'est de prendre les revendications des minorités telles quelles, non? Jusqu'ici, l'histoire a prouvé que c'est ce qui se passe; sous prétexte d'autodétermination de la lutte contre la domination blanche, on a eu droit à des dérives racialistes et ethnodifférentialistes de la part des protagonistes. A chaque fois, on dérive vers la logique du PIR ou de la frange la plus extrême des black panthers ou de Respect plus récemment en Angleterre.
Que votre analyse ne repose pas sur les très post-modernes culturals studies, on va admettre, mais de fait elle prend la même forme et donc elle va aboutir aux mêmes conséquences. Non? A chaque fois que la gauche est allée sur ce terrain de l'antiracisme non-universaliste (appelle-le comme tu veux), à chaque fois il en est ressorti la même chose. En quoi votre analyse, une fois dans les mains des "minorités nationales", ne va-t-elle pas dériver? parce que vous leur parlerez de la lutte des classes? les gens ne prennent que ce qui les arrange.
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede Berckman » 11 Juin 2015, 20:18

C'est pas parce qu'il y a un racisme qu'il y a une réponse antiraciste et encore moins quelque chose de transposable actuellement (la résistance du ghetto de Varsovie me semble difficilement rééditable...). Oui, j'ai pas vu de réponse de masse par le passé en Europe qui puisse servir de modèle pour aujourd'hui.

Ben t'as peut être pas assez regardé, non... Le mouvement ouvrier juif révolutionnaire, tu sais, par exemple, il a existé, produit des textes, une stratégie spécifique d'autodéfense, etc... Et il a été confronté dès l'origine à des courants qui lui expliquaient le même genre de conneries que les tiennes...

ah mais tout à fait, on peut être de classe moyenne, anar et bosser pour des institutions de contrôle social dans un quartier populaire.
Mais j'appelle pas ça être inclus dans la classe, pas plus que le syndicalisme à SUD-éduc. Attention, je critique mais je dis pas que j'ai forcément de solutions alternatives hein.

Je suppose que c'est une petite pique perso. Tu devrais mettre tes fiches à jour, je suis pas à SUD :) Mon activité syndicale se résume pas au syndicalisme de branche... Je ne suis pas le seul militant du groupe de Lyon... Et je parlais pas de ma pomme en particulier.

Et sinon, être étudiant, ça t'"inclue dans la classe" ? Tu peux nous en dire plus sur ton activité qu'on puisse prendre exemple ?


Mais oui, je me rappelle bien des campagnes logement sur Lyon, c'est pas la question, elle était très bien mais ponctuelle comme toute lutte. Mais y a un moment on a l'impression, y compris dans la liste d'actions que tu cites, que toute intervention passe par la lutte, comme si pour être dans/avec la classe il fallait lutter.

Ben non il ne s'agissait pas de "campagnes logement", mais d'un taf inscrit dans la durée, justement. Il n'y a pas que l'aspect "lutte collective", mais aussi de l'entraide, un boulot de construction politique

Quelle violence verbale?

Je vais pas te faire une compil, mais y a que l'embarras du choix. Mais tu vois là en l'occurence je parle pas de ce que tu m'envoies, j'en ai un peu rien à foutre en fait, mais de la manière dont tu t'emploies à agresser d'autres camarades, aux propos transphobes que tu as enchaîné, par exemple...

c'est moi peut-être qui traite de facho tout ce qui n'est pas exactement dans ma ligne politique ?

Je vois pas où j'ai fait ça. Par contre, oui, j'assume caractériser Michéa comme fasciste, parce qu'il s'inscrit dans ce courant idéologique socialiste-national, antilumière, qui oppose "classe ouvrière et minorité".



Sinon pour le reste tu as une vision complètement essentialistes des minorités : comme toute la société, elles sont traversées par des courants idéologiques divers (dont certains spécifiques du fait de leur situation d'oppression), progressistes ou réactionnaires, par des rapports de classes, par des rapports d'oppressions systémiques... Pour moi le PIR est une organisation antisémite et homophobe donc il est hors de question de travailler avec. Mais je ne suis pas opposé à l'autodéfense et l'auto-organisation des travailleuses et travailleuses racisées pour faire face à l'oppression spécifique qu'ils subissent, comme outil d'émancipation, dès lors qu'elle s"inscrit dans une dynamique révolutionnaire (et donc un projet politique réellement universaliste )...
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede abel chemoul » 13 Juin 2015, 10:14

comme toute la société, elles sont traversées par des courants idéologiques divers (dont certains spécifiques du fait de leur situation d'oppression), progressistes ou réactionnaires, par des rapports de classes, par des rapports d'oppressions systémiques...

ça c'est une phrase-bateau qui permet de rien dire en fait. Ce que tu décris c'est une société musulmane complète, avec différentes classes sociales, des antagonismes. En France, les muslims ne forment pas une société complète, se sont pour la plupart des pauvres et comme le reste de la classe ouvrière ils sont pour la plupart amorphes politiquement et se contentent de vivre "naturellement" dans leur culture sans trop se poser de questions.

tu as une vision complètement essentialistes des minorités

Disons que de par ma fréquentation de certaines parties de ces minorités (fréquentation qui va des prolos nés en France aux bourges venu y faire des études), je pense aujourd'hui que voir la culture juste comme arrière-fond ou une somme de choix personnels est une erreur monumentale (erreur due à l'universalisme occidental à mon avis). Comme une idéologie, c'est un ensemble de faits qui font corps et qui portent une vision du monde sans pour autant que chaque individu qui la porte adhère à chaque parcelle de cette culture.
C'est d'ailleurs à cause de ce vécu au contact de muslims que je suis favorable à l'interdiction du voile à la fac, les filles voilées que j'y ai croisé sont toutes des islamistes (créationniste et/ou antisémite, homophobe, antiféministe, bref, rien à envier aux cathos tradi). Parce que le voile, dans une société non-islamique en particulier, c'est aussi un signe politique.

Le mouvement ouvrier juif révolutionnaire, tu sais, par exemple, il a existé, produit des textes, une stratégie spécifique d'autodéfense, etc.

Si vous utilisez ce concept de minorité nationale juste pour déboucher concrètement sur l'autodéfense, je ne vois pas trop l'intérêt. L'autodéfense est un concept hautement récupérable, surtout par l'extrême-droite. Si le mouvement révolutionnaire juif a eu recourt à l'autodéfense, il n'est pas le seul: la LDJ aussi et de façon un peu plus apolitique (enfin je crois) il y a le Service de protection de la communauté juive. Tu invoques les révolutionnaires juifs pour te justifier comme tu pourrais invoquer le mythe de la création du Golem qui relève aussi de l'autodéfense juive. Après, j'ai peu lu sur le Bund (je suppose que c'est ça ta référence?), il y a peut-être une spécificité à l'autodéfense révolutionnaire vieille de plus d'un siècle, datant de la Russie tsariste applicable à la France du XXIème siècle?
En plus, ça veut dire quoi l'autodéfense appliquée au contexte actuel? des patrouilles pour surveiller les flics? Un barbu en mode salaf avec un gros bâton qui monte la garde devant une cave-mosquée (c'est pas un stéréotype, c'est du vécu!) ? Forzane alizza ? Concrètement ça ne signifie rien et ça créé un climat de "guerre de basse intensité" dans l'esprit de ceux qui vont y adhérer. Un esprit de Massada, quoi, puisque tu as l'air de nous faire un revival identitaire (esprit de citadelle assiégée, pour les autres). Esprit qui va renforcer la vision communautaire plus que favoriser l'ouverture.

Sinon, il y a qq mois, la CGA Paris a invité "un camarade de la minorité juive de la CGA-Lyon", là on apprend que vous tirez le concept d'autodéfense de texte de révolutionnaires juifs vieux d'il y a un siècle, que vous utilisez le concept de minorité nationale parce que tu en as trouvé une occurence unique dans le texte d'un juif anarchiste.
C'est moi ou tu nous fais un revival identitaire qui affecte la ligne politique de toute la CGA Berckman? J'espère que ce revival s'arrêtera avant celui de Benny Levi, parce que sinon, vu l'influence que tu as l'air d'avoir sur la ligne politique de l'orga, c'est toute la CGA qui va finir dans un kibboutz! :lool:
D'ailleurs ce revival devrait t'interroger sur ce que vous écrivez dans vos textes, sur "l'assignation à une minorité" par l'extérieur. Il ne m'a jamais semblé que tu avais un nom à consonance juive et la judéité n'est pas inscrite sur la tête des gens, si tu le dis pas aux gens, ça se devine pas. Je dirais plutôt que l'assignation pour ce coup-là vient bien de l'intérieur et non de l'extérieur.

Au passage, j'extrapole: ce concept de minorité nationale, même Perpi le qualifie de post-moderne dans son texte de départ, ce qui veut dire que le concept n'était pas discuté ni dans son contenu ni dans son origine supposée du temps d'avant la scission. A partir de ce moment-là, accuser des gens hors de la CGA de ne pas connaître l'origine prétendue du terme du terme (la fameuse occurence unique dans l'encyclopédie anar), c'est un peu vaseux vu qu'en interne vous ne l'expliquiez pas non plus. Ou alors vous tirez bien vos analyses des culturals studies.

Tu devrais mettre tes fiches à jour

Mes fiches sont à jour, je sais que t'es pas à SUD, c'est pour pas faire dans le perso que j'ai fait référence à SUD-éduc et pas à ton syndicat.

Et sinon, être étudiant, ça t'"inclue dans la classe" ? Tu peux nous en dire plus sur ton activité qu'on puisse prendre exemple ?

reprendre des études sans le bac sur le tard, vivre sous le seuil de pauvreté depuis 10 ans, être issu de parents sans le bac. je pense avoir un parcours plus prolétarien que le tien. Etre étudiant me permet de plus de ne pas être au RSA (alors que ça "rapporte plus") et donc de ne pas subir les assistantes sociales, chose que j'ai déjà expérimenté, et, étonnamment je ne m'entends pas bien avec les chargées du contrôle social...
Les classes populaires (ouvriers+employés) représentent plus de 50% de la population, mais leurs gosses seulement 20% des étudiants (8% même si on considère les seuls ouvriers comme « chef de ménage »), je suis fier d'être de ceux-là (cf. plus bas). Dans ce contexte, ta remarque sur mon statut est une forme de prolophobie.

Sur mes activités militantes : à peu près comme tout le monde.
Perso j'ai tenté un peu sur les cités, à ma très petite échelle. Petite échelle perso mais si la CGA lyon faisait pareil en proportion, ça ferait 7-8000 tracts mensuels en téci.
Comme tu es au courant, j'ai aussi directement contribué à créer 2 groupes de la CGA. je suis militant SUD, tout comme toi je participe comme je peux à la vie de ce syndicat, par exemple en participant à nos commissions développement. (diff devant les boîtes sans implantation syndicale). J'ai été parmi les plus impliqués dans la lutte antifa locale (on a eu un groupe id/néonaze assez costaud). Et j'essaye en ce moment de dégrossir un militant mao et c'est pas de la tarte! (hein Alex!?) puisqu'il n'y a plus personne sur la ville pour passer le relais révolutionnaire. Parce que contrairement à certaines grandes villes où on peut encore avoir l'illusion que l'anarchisme va bien, sur bien d'autres villes il est moribond comme d'autres idéologies et avant d'être offensifs, il faut déjà tenter de sauver les meubles.
Quand on voit ce que vous faites à 25 sur Lyon, 3ème ville de France, j'ai pas à rougir de ce que je fais dans une ville moyenne de province tout seul ou à 2/3.
Pour revenir à mon inclusion sociale, en plus de ma situation actuelle, mon père est peintre en bâtiment, ma mère à un CAP de sténo/dactylo. Ma socialisation primaire, mon vécu social mon capital culturel/social de départ sont donc assez éloignés de ce que tes parents médecins/avocats/architectes ont pu t'offrir (là encore, je varie les professions pour ne pas que tu sentes trop ça comme une attaque personnelle, pas parce que mes fiches sont pas à jour...).
Mais si les trans sont les seuls légitimes pour parler des trans, les femmes seules légitimes pour parler des femmes, étrangement, les classes populaires ne sont pas les seules légitimes pour parler du changement social qu'on professe en leur nom. Ce qui arrange bien des transfuges de la guerre de classe...
Plus haut tu mentionnes l'intérêt que j'ai eu pour le plateformisme pendant que toi tu militais vraiment. Cet intérêt, tout comme celui pour le spécifisme est dû à ma position sociale. Parce que depuis que je milite je ressens le sentiment étrange que les gens de ma classe (cf. ci-dessus) ne sont plus au cœur des préoccupations des libertaires et ne sont plus réellement présents dans les groupes anars en « juste proportion ». Et quand vous vous intéressez à la classe ouvrière c'est par des prismes exotisants comme l'islamophobie.
Après, je ne dis pas que je suis le seul prolo du mouvement anar, on en a , mais proportionnellement peu par rapport aux diatribes du mouvement, et de moins en moins dans les jeunes générations si je me fie à ce que je vois à Tours, mais je suis probablement un des seuls qui ressente ces différences de classe interne au mouvement.
Les hekmatistes font la différence communisme-ouvrier/communisme-bourgeois. Je pense qu'on devrait faire pareil : anarchisme-ouvrier / anarchisme-bourgeois.

 aux propos transphobes que tu as enchaîné

De ce que qui est dit au paragraphe précédent découle le fait que : je m'en bas la race de 20 000 personnes en France dont la priorité politique est de se faire enlever/mettre une bite/chatte par chirurgie. Peut-être parce que j'ai une conscience de classe et environnementale qui me fait dire que ce genre de "priorités" sont politiquement, moralement, humainement risibles quand on voit l'état du monde.
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Re: Islam, islamophobie et extrême-gauche

Messagede mimosa rouge » 14 Juin 2015, 18:17

... Petite échelle perso mais si la CGA lyon faisait pareil en proportion, ça ferait 7-8000 tracts mensuels en téci.


C'est pas vraiment le nombre qui compte dans une distribution de tracts mais plutôt les discussion qui en découle .
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