Re: Saint Étienne et Loire (42)
Posté: 27 Juin 2015, 07:03
Infos et échanges, Pour l'autogestion et le communisme Libertaire
http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/
http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php?f=7&t=5213
Pourquoi le Lieu-dit ?
Avril 2016 : Fin du plan d’urgence hivernal, cinq familles qui dormaient dans un gymnase sont (re)mises à la rue. Ne reculant devant rien, la mairie déroge même à ses obligations légales et leur refuse la domiciliation. Sans boîte aux lettres et empêchés d’accéder à leurs droits fondamentaux ces personnes sont baladées. De squats en campements, de campements en terrains vagues, la chasse aux Rroms s’organise. Après plusieurs jours d’intimidation sur le campement du parc Couriot, de menace de garde à vue, la police municipale profite de l’absence des familles pour saisir l’ensemble de leurs affaires (couvertures, tentes, cartables, vêtements...) sous prétexte « d’abandon sur la voie publique ». À la même période, à peu près, des Stéphanois de diverses origines et de divers âges se retrouvent place Jean Jaurès, passent la Nuit Debout et ont vent de ces événements. Dans ce contexte, s’agrègent des groupes, des individus, des groupes d’individus, se forme une en-vie. Une en-vie de lieu, un lieu pour faire venir des gens qui n’en ont pas et qui risquent gros à avoir lieu, c’est-à-dire à exister. Un lieu aussi pour s’émanciper, vivre d’autres modes d’habitation, s’auto-gérer. Habiter les lieux et non seulement habiter dans les lieux. Et puis au même moment, mais déjà un mois avant, un an avant, cinq ans avant, une école publique. Vide et vacante. Au milieu d’un quartier dit ZUS, zone urbaine sensible.
Un jour de mai, la police découvre que l’école vide est pleine de gens. Des gens dehors, des gens dedans. Et puis, quand la police est partie, les gens dehors et les gens dedans posent des chaises sous le porche, se retrouvent, prennent un café. Et les voisins, qui ne sont plus privés du lieu public, passent. Certains repassent. Entrent. Amènent des meubles, du thé, des matelas. Des outils circulent. On défriche un terrain de foot, on plante un jardin. On joue. On dort, on habite, on bricole, on cuisine, on parle. On se rencontre. On veut en faire un lieu commun, plein d’activités telle qu’une bibliothèque, un atelier, une zone de gratuité, un p’tit ciné, une laverie, un espace de réunions, tout ça sans subvention.
Oui mais, le 17 mai le procès a eu lieu. Le verdict est pour le 30 mai. Taxés d’une ATTEINTE INTOLERABLE AU DROIT DE PROPRIÉTÉ, nous risquons l’expulsion immédiate ! Mais tu sais quoi Perdriau ? Fallait nous expulser plus tôt ! Ici on a eu le temps de vivre, de parler, d’écrire, de projeter, de créer, de faire l’amour, de boire, de laver, de construire, de semer. Et ces 10 JOURS restants, ça nous donne encore le temps de jouer, de bringuer, d’accueillir, de rire, de danser, de manger nos radis, d’ouvrir, d’inviter, d’exposer et tous les trucs qu’on a déjà faits ou pas encore pensés. Tous les trucs que nous, ce nous qui grandit chaque jour, auront en-vie de faire. Surtout, nous l’avons construit ce nous et ce nous ne sera pas expulsé, fermé, scellé, emmuré. Ce nous ira ailleurs, dans un ou plusieurs ailleurs. Ou se dissoudra dans la population. Tu nous retrouveras Gaël, dans d’autres lieux, urbains ou champêtres (ZAD partout !), dans les files d’attente de la CAF, dans les manifs et les blocages (Loi travail, retrait total !), dans les cinémas et les boulangeries, dans les ateliers ou sur les trottoirs designés, dans les vernissages et les crémaillères, dans les temps périscolaires (précaires), dans les bars et au Mixeur (consom’acteurs), dans les cocktails et dans les poubelles (gâchées). Face au vide organisé de l’espace que la pub nique, nous ouvrirons tout pour créer l’Eutopie, le bon lieu. Nous ne demandons rien, ne pétitionnons personne, nous ouvrons les portes et les fenêtres pour toutes celles qui voudront vivre, s’essayer, donner leur avis et l’appliquer. Nous prendrons de la place. Car ce qui gêne les pouvoirs privants, ce n’est pas le squat, pas vraiment. Ça ne les gêne pas ces messieurs-dames, pas vraiment, que nous soyons sur un terrain boueux, que nous squattions discrètement des appartements, que nous campions là où ils ne souhaitent pas particulièrement bétonner pour la mobilité. Ce qui les gêne c’est que nous vivions là où nous avons choisi de vivre, des espaces grands, à construire, sur un hectare de terrain, avec des fenêtres, et même pas discrets vivant heureux, sans être cachés. Ce qui les gêne, c’est que plutôt que de nous satisfaire des miettes habituelles, nous avons rempli ces lieux de notre vie et de notre autonomie. Ce lieu trop beau pour nous, semble dangereux pour eux.
Mais c’est trop tard, nous savons maintenant que nous préférons vivre debout qu’à genoux. Alors on ouvre tout et dès maintenant, venez donc nous voir au 6 rue Baptiste Marcet.
Les occupant-e-s du Lieu-dit
Lettre ouverte aux Présidents de l’ASSE Roland Romeyer et Bernard Caïazo, à l’entraîneur Christophe Galtier, aux membres du staff, aux joueurs, et aux responsables des clubs de supporters de l’Equipe masculine professionnelle de l’Association Sportive Saint-Etienne.
Le tirage au sort a désigné votre adversaire pour le premier tour de l’UEFA Europa League : l’équipe israélienne Beitar Jérusalem. Vous avez rencontré ce club israélien le mercredi 17 août 2016 à l’extérieur, en Israël. A l’heure où vous vous préparez à le recevoir pour le match retour, nous tenons à vous transmettre notre consternation, du fait de ces
déplacements qui contredisent les valeurs sportives et antiracistes que vous et le
sport êtes supposés défendre.
Connaissez-vous le club Beitar Jérusalem et ses supporters que vous allez recevoir ?
Le club Beitar est un club ultra-raciste qui a été fondé par David Horn, le chef du ouvement de jeunesse du parti du même nom, parti ultra sioniste et d’extrême droite. Et l’équipe était composée de jeunes de ce parti. En Israël, sport et politique sont donc intimement liés.
Les supporters de ce club, qui se font appeler La Familia, sont ultrasionistes, racistes et extrêmement violents. Leur slogan favori est « Mort aux arabes » et leur drapeau porte l’inscription « Beitar pur pour toujours ». Fin juillet, 19 de ces supporters ont été inculpés pour
« tentative de meurtre, de sabotage aggravé, de délits racistes, de possession illégale d’armes et de violation de la législation contre les violences dans le sport » selon la police israélienne. Six d¹entre eux sont en prison pour participation au meurtre du jeune palestinien brûlé vif en 2014.
Le Beitar n’a jamais recruté de joueurs arabes de nationalité israélienne alors qu’ils représentent plus de 17% de la population d¹Israël. En 2013, le sélectionneur a tenté de recruter deux joueurs d¹origine tchétchène. Leur entrée sur le terrain a été accueillie par des réactions de haine de la part des supporters et des joueurs du Beitar sous prétexte que ces joueurs étaient musulmans. Les violences ont duré plusieurs semaines, les locaux du club ont même été incendiés et les trophées détruits.
De plus, Jérusalem est une ville dont la situation est à rappeler. En 1948, 800.000 Palestiniens ont été chassés de chez eux. La ville, sous occupation israélienne depuis 1967 malgré de nombreuses résolutions de l’ONU, a été illégalement annexée par Israël. La communauté internationale ne la reconnaît pas comme capitale d’Israël pour cette raison. La France y a un consulat pour les territoires palestiniens occupés. Ses habitants palestiniens y sont régulièrement chassés de chez eux, leurs maisons détruites ou confisquées. Des quartiers entiers sont ainsi « nettoyés ».
Ce n’est pas seulement un triste épisode de l’Histoire. En effet, depuis maintenant 68 ans, Israël n’a jamais cessé ce processus d’expropriation et d’épuration ethnique de Jérusalem-Est. Cette politique spécifique fait partie de l’ensemble des agressions contre la population palestinienne, de crimes de guerre répétés, d’occupation et de colonisation des terres palestiniennes, de milliers de palestiniens emprisonnés sans jugement par le
biais de la « détention administrative » reconductible tous les 6 mois pendant des années, tout cela en violation totale des droits de l’Homme et du droit international.
Cet Etat tente par tous les moyens d’imposer au reste du monde l’image d’un pays "normal" où l’on pourrait jouer de grandes compétitions sportives et oublier qu’à quelques kilomètres, l’armée impose un blocus illégal aux 2 millions d’habitants de la bande de Gaza depuis plus de 9 ans... La politique discriminatoire du gouvernement israélien à l’égard du peuple palestinien est considérée comme un apartheid, crime défini et caractérisé par le droit international après la fin du régime d’apartheid sud-africain des années 1948 -1994.
Les nombreuses restrictions de mouvement imposées à la population palestinienne des territoires occupés (blocus de Gaza, mur de l’apartheid et check points en Cisjordanie) par Israël pénalisent fortement les sportifs palestiniens. Elles se traduisent souvent par l’impossibilité pour toute une équipe de se regrouper, de se déplacer, de jouer à domicile en
particulier à Jérusalem-Est ou à l’extérieur. Les sportifs sont également arrêtés et emprisonnés sans inculpation officielle, ni présentation devant un quelconque organe judiciaire, ni raison fournie aux proches.
Pour information, en juillet 2016, 7000 prisonniers politiques palestiniens sont dans les geôles israéliennes dont 350 enfants. Depuis 1967, plus de 800.000 palestiniens sont passés par les prisons israéliennes, et parmi eux des footballeurs : Sameh Maraabeh, Zakaria Daoud Issa, Imad Abbasi, Ziad Hassan, Omar Abu Rouis et Mohammed Ibrahim Nimr ces dernières années.
Leurs carrières sont désormais brisées, comme l’a été celle du footballeur Mahmoud
Sarsak détenu pendant trois ans, et libéré en 2012 suite à une grève de la faim héroïque de plus de 90 jours, au péril de sa vie. Israël brise les carrières des sportifs palestiniens prometteurs par l’emprisonnement mais aussi par le meurtre et les blessures : par exemple, lors de l’agression meurtrière de Gaza appelée « Opération Plomb Durci » en 2008-9, trois footballeurs palestiniens ont été tués délibérément, en témoignent les blessures par balles.
Parmi ceux qui ont été tués lors de la dernière attaque de l’été 2014 par Israël, figurent Ahmad Muhammad al-Qatar et Uday Caber, deux joueurs de football de 19 ans à l’aurore de leur carrière.
En parallèle Israël détruit les infrastructures palestiniennes ou empêche leur développement (blocus à Gaza, blocage des équipements envoyés par la FIFA, droits de douane élevés).
La FIFA s’est saisie de la question en créant en 2013 un groupe de travail mais les tentatives de médiation ont échoué. Suite à la menace de la demande palestinienne de suspendre Israël, retirée à la dernière minute lors du dernier Congrès de la FIFA de 2015, un comité de surveillance est mis en place. Mais aucune mesure concrète n’a été prise pour améliorer la situation (au moins trois footballeurs ont été emprisonnés depuis début 2016).
Ainsi Monsieur le Président, messieurs les dirigeants, membres du staff, joueurs, contribuez-vous à la normalisation de cet apartheid en accueillant Israël à travers le club du Beitar Jérusalem pour le match retour le 25 août prochain au Stade Geoffroy Guichard. En le permettant, vous participez à donner une image « fair-play » trompeuse à un Etat oppresseur et injuste.
Peut-être ignorez-vous que les organisations de la société civile palestinienne ont lancé un appel, aux sportifs entre autres, à toutes les consciences morales en fait, pour qu’ils ne se rendent pas « jouer » en Israël tant que cet état continue d’ignorer les résolutions des
Nations Unies, de violer les normes du droit international et de priver les Palestiniens de leurs droits humains les plus élémentaires.
Alors nous citoyens de notre ville, et amoureux du vrai sport nous vous demandons : restez fidèles aux principes éthiques et aux vraies valeurs du sport, ne vous laissez pas manipuler, refusez d’être complices d’une propagande visant sous couvert du sport à masquer les réalités de l’État colonial et d’apartheid qu’est l’État d¹Israël.
Ne jouez pas avec l’apartheid !
Nous restons à votre entière disposition pour tout supplément d’information.
Cordialement,
Comité BDS France 42
Campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) France
CICP 21 ter rue Voltaire
75011 Paris