Mardi 3 février 2015
Trop jeunes pour mourir : ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914)
avec l'auteur Guillaume Davranche
à 18h30, à la librairie Les Temps modernes, 57 Rue Notre-Dame-de-Recouvrance
Trop jeunes pour mourir : ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914) raconte l’histoire de l’opposition ouvrière à la montée vers la guerre, et notamment celle de sa fraction antimilitariste et « antipatriote » la plus radicale, incarnée par la Fédération communiste anarchiste (FCA), qui menace ouvertement de « saboter la mobilisation ». Animée par de jeunes ouvriers révolutionnaires de la « génération de 1906 », cette organisation était jusqu’ici très mal connue, n’ayant fait l’objet d’aucune étude spécifique.
En suivant le fil rouge de la FCA, ce livre dévoile le contexte de l’avant-guerre, souvent éclipsé par le cataclysme de 1914, et explore le mouvement ouvrier d’alors : son organisation, ses passions, ses fractions, ses controverses, ses petites et ses grandes luttes.
Il fait le récit des grèves des PTT en 1909, du rail en 1910, du bâtiment en 1911, marquées par le sabotage des lignes de communication et par la « chasse au renard ». Il narre les grandes affaires : Ferrer, Aernoult-Rousset, Métivier, Bonnot. Il raconte l’enthousiasme de la FCA pour la Révolution mexicaine, six ans avant la Révolution russe. Il explique la force motrice qu’a représenté l’hebdomadaire La Guerre sociale, adoré puis renié par les révolutionnaires. Il aborde la résurgence de l’antisémitisme et de l’antimaçonnisme en 1911, et les affrontements du Quartier latin.
Le livre explore également une période négligée du syndicalisme révolutionnaire français, alors que l’âge « héroïque » de la CGT (1901-1908) est révolu et que, frappée par l’État, elle se déchire sur la stratégie à adopter. Il pointe la montée des femmes et de la « main d’œuvre étrangère » dans le débat syndical à cette époque. Enfin, dans un climat militariste et belliciste que l’on peine aujourd’hui à imaginer, il détaille la répression contre les syndicalistes et les anarchistes : le retour des « lois scélérates » de 1894, la menace du bagne militaire (« Biribi »), du Carnet B et du peloton d’exécution.
Guillaume Davranche (né en 1977) est journaliste et chercheur indépendant en histoire sociale. Il a codirigé le Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone, dit le « Maitron des anarchistes ». Cette œuvre collective réalisée sous les auspices du CNRS et de l’université Paris-I a paru le 1er mai 2014 aux éditions de l’Atelier.
Trop jeunes pour mourir : ouvriers et révolutionnaires face à la guerre (1909-1914) par Guillaume Davranche. L’Insomniaque : Libertalia, 2014. 544 pages. 20 euros.
Festival des Médiatiques, du 9 au 15 février
Édition 2015 : Aux armes journalistes, Médias, Luttes et révolutions
Les révolutions qui ont touché ces dernières années les pays arabes se seraient-elles déroulées de la sorte sans recours aux nouveaux modes communication utilisés par les militants, manifestants et résistants impliqués dans la contestation des pouvoirs en place ? Sans doute parfois exagéré par certains commentateurs, le rôle joué par les réseaux sociaux dans la diffusion de ces mouvements, dans leur capacité à mobiliser de manière quasi instantanée un grand nombre de personnes et dans leur aptitude à fournir rapidement à l’opinion mondiale témoignages et images des événements a sans nulle doute contribué à leur réussite totale (Tunisie) ou partielle (Egypte, Libye) dans la déstabilisation de pouvoirs en place depuis plusieurs décennies. Les médias ont ici accompagné l’action des contestataires tandis que les journalistes se confrontaient aux ressources et aux pièges d’un accès instantané aux informations fournies via les réseaux sociaux.
Ce rapport étroit entre les médias et certains événements révolutionnaires est cependant loin d’être nouveau. La Révolution française fut ainsi une période de mutation de la presse (mise en place de la liberté d’expression, apparition de plusieurs centaines de feuilles d’opinion, essor d’une fonction morale et éducative des journaux …) tandis que de nombreux révolutionnaires virent dans l’activité pamphlétaire et journalistique un moyen utile d’agir sur l’opinion et de peser sur le destin politique du pays.
Les révolutions semblent dès lors constituer des temps très spécifiques pour le travail journalistique. Périodes agitées ne permettant pas d’adopter aisément un positionnement de neutralité, celles-ci semblent à la fois constituer des périodes d’intense activité journalistique pour couvrir les événements mais aussi des moments de mutations des pratiques, des formes, des contenus voire des usages de l’information.
C’est pourquoi la quatrième édition du festival Les Médiatiques se propose d’éclairer ce qui se joue dans ce rapport complexe - et sans doute variant - entre les médias et les périodes révolutionnaires. Pour cela, chercheurs, documentaristes, journalistes et photographes viendront livrer leurs analyses et leurs réflexions à propos de périodes révolutionnaires touchant des époques et des espaces très divers. L’étude des révolutions politiques des XVIII-XIXème s. (révolution française, américaine et anglaise ; révolution haïtienne de 1804 ; révolution de 1848 ; Commune de Paris…), des révolutions de type marxiste/communiste (révolution de 1917 ; révolution chinoise ; révolution cubaine…) ou de grands mouvements populaires plus récents (révolution iranienne de 1979 ; révolution roumaine de 1989 ; révolutions arabes…) permettront ainsi d’aborder quatre dimensions fondamentales des liens entre médias et révolution.
Détails, programme :
http://www.lesmediatiques.fr/