Militer dans le quartier

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Messagede Phébus » 07 Nov 2008, 23:49

qierrot a écrit:A ce titre, j'aimerais bien que Phébus, qui est investi depuis longtemps sur un comité de quartier, puisse un jour développer d'avantage sur cette expérience.


J'ai quand même un peu écrit sur le sujet (notamment dans Alternative libertaire mais ce n'est plus en ligne...)... On peut commencer par ça:

Image

Mouvements communautaire et anarchiste : une rencontre fructueuse?

À la demande de militant-e-s de longue date, issu-e-s de traditions marxiste ou chrétienne, le Centre justice et foi (CJF) organisait à Québec, le 30 mars dernier, une « Soirée Relations » sur le thème de la rencontre entre les mouvements communautaire et anarchiste. Concrètement, il semble que certain-e-s « vieux de la vieille » cherchent à comprendre le sens de l’implication des nombreux/nombreuses « jeunes » anars qui débarquent dans les groupes communautaires depuis quelques années. Pour lancer le débat, les organisateurs et organisatrices avaient réuni un panel composé de trois libertaires pour discuter du potentiel et des limites de leurs implications dans les groupes communautaires « mainstream ». Le texte qui suit résume ma contribution au débat, à titre de militant communiste libertaire et de salarié d’un groupe populaire.

De quoi parle-t-on?

Avant de parler de rencontre entre « mouvement communautaire » et « mouvement anarchiste », il faudrait réussir à s’entendre sur ce que recouvrent ces termes. Comme l’ont souligné plusieurs participantes au débat du CJF, dans les deux cas on peut difficilement parler de « mouvement » tant les réalités, les analyses et les pratiques diffèrent d’une organisation, voire d’une personne, à l’autre.

L’anarchisme


Dans le cas des anarchistes, l’appellation « mouvement » est encore plus inappropriée dans la mesure où il n’y a aucune espèce de réalité organisationnelle commune entre la plupart des libertaires. Pour qui a connu les courants communistes bien organisés des années 1970, les termes « mouvement anarchiste » peuvent porter à confusion. Contrairement aux marxistes-léninistes de jadis, il n’y a jamais eu de congrès où l’entrée en masse dans les groupes communautaires aurait été votée, pas plus qu’il n’y a d’instances pour élaborer de « ligne juste ». Si les libertaires sont souvent d’accord dans les groupes, ce n’est pas parce qu’il y a eu une réunion la veille pour décider de « la ligne » mais bien parce qu’ils et elles partagent un ensemble de valeurs et de pratiques propres à leur courant politique.

L’anarchisme est pour moi une façon d’appréhender le monde, une façon de « lire » la société. Même s’il y a des similitudes, il s’agit d’une « grille d’analyse » différente du marxisme. S’il y a un accent mis sur le matérialisme, l’exploitation et les classes sociales, ce qui différentie l’anarchisme du marxisme, c’est l’attention égale portée aux rapports de domination, la sensibilité antiautoritaire et le respect de l’individu et de son autonomie. Tous ces aspects se trouvent au coeur du projet libertaire. Cette « grille d’analyse », qui est essentiellement une critique de la société en regard des rapports d’exploitation et de domination, se traduit en un programme. Réduit à sa plus simple expression, le programme libertaire veut l’abolition du capitalisme, de l’État, du patriarcat et de tous les autres rapports de domination afin de construire une société égalitaire, libertaire et fédéraliste. Notre organisation va un peu plus loin en se positionnant clairement en faveur d’un communisme antiétatique, mais c’est loin d’être le cas de tous/toutes les anarchistes.

Les valeurs principales des libertaires sont l’égalité, la liberté et la solidarité. Le respect de la personne amène une actualisation un peu particulière de ces valeurs. Les libertaires, par exemple, croient fondamentalement que non seulement tout le monde est égal mais aussi que chaque individu à un très grand potentiel d’autonomie et peut ultimement le réaliser (la même chose valant pour les groupes et les communautés). Tout cela se traduit par un attachement parfois maladif au processus qui est souvent vu comme aussi important que le résultat. Afin de laisser toute la place possible aux individus et à leur autonomie, les libertaires prônent une organisation horizontale basée sur l’autogestion, la prise de décision en assemblée où tous et toutes sont appelé-e-s à s’exprimer. Ajoutons à cela le refus d’élire des représentant-e-s et des dirigeant-e-s (qui sont tant bien que mal remplacé-e-s par des délégué-e-s révocables, chargé-e-s de relayer les décisions des assemblées ou d’en exécuter les mandats). Quand vient le temps d’agir, les mêmes valeurs poussent les libertaires à favoriser les rapports de force et l’action directe sur les causes des problèmes plutôt que de s’en remettre à des politicien-ne-s ou aux « autorités compétentes ».

Le communautaire

Le terme « communautaire » recouvre tout et n’importe quoi en Amérique du nord, jusqu’à la police qui se dit parfois « communautaire » ! À priori, ce qui nous intéresse ici est assimilable à un mouvement social. Ce sont des groupes autonomes qui émergent depuis les années 1960 dans les quartiers ouvriers des villes pour s’occuper des questions liées aux conditions de vie des pauvres. Théoriquement, ces groupes sont fondés et animés par les gens directement concernés, plus souvent par des « alliés » (militant-es politiques ou organisateurs communautaires de CLSC). Si à l’origine on parlait de « mouvement populaire » et de « deuxième front » (le premier étant le mouvement ouvrier), aujourd’hui on parle plus souvent « d’action communautaire autonome » pour marquer la différence avec les patentes étatiques, caritatives ou religieuses. Dès l’origine, le mouvement s’est scindé en deux : d’un côté, les groupes dit « de service » (qui offrent des alternatives plus ou moins autogérées au secteur public), de l’autre les groupes dit « de défense de droits » (qui organisent des luttes sociales, en général sur une question en particulier).

Des rencontres

Il y a une convergence qui me semble évidente au niveau des valeurs et des pratiques entre les libertaires et une partie du communautaire (voir le texte sur l’éducation populaire autonome). Bien sûr, il arrive qu’on ne nomme pas les concepts de la même façon de part et d’autre, mais au delà des mots, on parle souvent de la même chose. Là où il y a divergence, c’est sur la finalité : il y a un malentendu sur la portée de la transformation sociale recherchée. Plusieurs libertaires ont l’impression que l’action communautaire ne réussi qu’à rendre le monde plus tolérable, qu’elle accouche d’une souris. C’est indéniable, le communautaire porte des valeurs et emploie des moyens proches de ceux des libertaires mais avec un résultat essentiellement réformiste.

Qu’est-ce que les anarchistes présent-e-s dans le communautaire viennent changer à ce mouvement? Pas grand chose en fait : les libertaires viennent renforcer un tendance traditionaliste et « puriste » de l’action communautaire. Pour la « ligue du vieux poêle » du communautaire, l’arrivée de libertaires ressemble à un « retour aux sources » (ou au retour de « vieux démons » selon le point de vue). Simple constat générationnel, l’arrivée de libertaires à tendance à rajeunir et redynamiser un mouvement qui, disons le, à tendance à se faire vieux.

Après avoir milité et travaillé des deux côtés de la barrière pendant plusieurs années, des limites évidentes m’apparaissent d’un bord comme de l’autre.

Des limites de l’anarchisme

D’après mon expérience des militant-e-s et des groupes anarchistes, j’estime que le milieu manque souvent de maturité politique. Encore aujourd’hui, nous en sommes encore à l’étape du « tout ou rien » et nous sommes souvent incapables de mesurer les gains et de capitaliser sur les victoires partielles. Nous manquons cruellement de pragmatisme. Résultat, nous sommes rapidement déçu-e-s et, malheureusement, peu de libertaires s’engagent dans les luttes sur le long terme (ce qui fait qu’on est vu-e, comme les autres militant-e-s politiques, comme étant « pas fiables »). Dans le même ordre d’idée, trop de libertaires sont imprégné-e-s d’un indécrottable idéalisme à la limite de l’élitisme et du mépris (« nous, nous avons compris, les autres sont aliéné-e-s »). Pour une critique plus en profondeur du milieu libertaire, voir le texte sur les cinq ans de la NEFAC dans le dernier numéro de Ruptures.

Des limites du communautaire

Avec les années, le communautaire s’est institutionnalisé et professionnalisé. À bien des égards, il s’agit d’un mouvement social sclérosé, voire d’une coquille vide dans certains cas. Il y a une distance et une tension relativement grande entre le discours (voir l’autre texte sur l’Éducation populaire autonome) et les pratiques. Une bonne partie de cette distance vient du point aveugle du communautaire : les permanent-e-s salarié-e-s. Ceux-ci et celles-ci sont globalement absent-e-s du discours du communautaire sur lui-même. À la limite, ils et elles ne sont vu-e-s que comme des outils plus ou moins neutres et ne sont pas vraiment intégré-e-s comme partie prenante des processus, comme des militant-e-s au même titre que les autres (bonjour l’aliénation!). Dans les faits, les permanent-e-s ont un pouvoir énorme dans les groupes et ce pouvoir est rarement reconnu. C’est ce qui explique en partie pourquoi il est parfois si difficile d’être un-e militant-e politique dans un groupe communautaire. Plusieurs permanent-e-s ont été traumatisé-e-s par l’expérience des « marxistes-léninistes » des années 1970 qui ont tenté d’instrumentaliser les groupes communautaires. Souvent, même si ce n’est jamais dit comme cela, les permanent-e-s ont une image du « vrai monde » comme étant plus ou moins « vierge politiquement », des « cruches vides » qu’il faudrait remplir (ou conscientiser et politiser). À ce titre, les militant-e-s politiques ne sont pas vu-e-s comme du
« vrai monde » et on les soupçonne souvent d’avoir des arrières pensées, d’être là uniquement pour « faire de la propagande », bref de ne pas être sincères dans leur démarche. Les militant-e-s politiques sont souvent des empêcheurs/empêcheuses de tourner en rond, entre autre parce qu’ils et elles sont en mesure de remettre en cause la parole et les analyses des permanent-e-s. Il faut dire que permanent-e-s et militant-e-s politiques sont souvent sorti-e-s du même moule (l’université) et qu’ils et elles ont souvent plus en commun les un-e-s avec les autres qu’avec les membres de la base de la majorité des groupes communautaires (d’ailleurs, ce que je viens de dire des permanent-e-s en général s’applique aussi à bon nombre de militant-e-s politiques). Le communautaire a des limites qui lui sont propres, mais tout n’est pas non plus la faute des méchant-e-s permanent-e-s. Souvent, à entendre certain-e-s libertaires, on croirait presque que c’est la faute aux permanent-e-s si les groupes ne sont pas plus radicaux. Il faut reconnaître que si c’est souvent le cas, il arrive aussi que les groupes ne sont pas plus radicaux tout simplement parce que ce n’est pas là que les membres sont rendu-e-s…

On a tout à gagner à se mêler…

À force de se frotter à l’action sociale « réelle », les anarchistes ont beaucoup à apprendre. Entre autre, apprendre à « partir des préoccupations des gens » et non pas décider ce que le peuple devrait dont vouloir (et se surprendre ensuite que notre « comité de quartier » ou notre « centre communautaire » ne soit peuplé que de libertaires). Dans le même ordre d’idées, les libertaires auraient tout intérêt à cesser de mépriser les gains qui se font. Il faudra bien un jour re-développer une perspective politique qui fasse le lien entre le besoin de réformes ici et maintenant et le désir de révolution (ce que l’on nomme dans le jargon communautaire « la poussée du besoin et la tirée de l’espoir »). Le communautaire, quant à lui, peut renouveler ses pratiques et prendre un bain de jeunesse avec l’arrivée de libertaires. Qui sait, peut-être qu’ensemble libertaires et communautaires trouveront une voie pour sortir de la lutte sociale « symbolique »?

Extrait de Ruptures no 6, feue la revue francophone de la NEFAC.
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Re: Militer dans le quartier

Messagede Pïérô » 08 Nov 2008, 12:17

c'est très intéressant, et les expériences sont très différentes avec ce que l'on connait ici.
J'ai de fait un peu de mal à visualiser ou vraiment appréhender ce que sont ces expériences :
Phébus a écrit: Ce sont des groupes autonomes qui émergent depuis les années 1960 dans les quartiers ouvriers des villes pour s’occuper des questions liées aux conditions de vie des pauvres. Théoriquement, ces groupes sont fondés et animés par les gens directement concernés, plus souvent par des « alliés » (militant-es politiques ou organisateurs communautaires de CLSC). Si à l’origine on parlait de « mouvement populaire » et de « deuxième front » (le premier étant le mouvement ouvrier), aujourd’hui on parle plus souvent « d’action communautaire autonome » pour marquer la différence avec les patentes étatiques, caritatives ou religieuses. Dès l’origine, le mouvement s’est scindé en deux : d’un côté, les groupes dit « de service » (qui offrent des alternatives plus ou moins autogérées au secteur public), de l’autre les groupes dit « de défense de droits » (qui organisent des luttes sociales, en général sur une question en particulier).

Qu'elles sont pour le premier groupe ces alternatives au secteur public par exemple ?
Est-ce que çà correspond à ce que l'on pourrait mettre ici en oeuvre en terme de "socialisation des services publics" ?
Est-ce que ce premier groupe fait lien encore avec des mouvements de luttes ou est complètement institutionnalisé, est-ce qu'il porte encore un projet de société alternatif et autogestionnaire ?
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Re: Militer dans le quartier

Messagede Phébus » 08 Nov 2008, 17:13

qierrot a écrit:Qu'elles sont pour le premier groupe ces alternatives au secteur public par exemple ?
Est-ce que çà correspond à ce que l'on pourrait mettre ici en oeuvre en terme de "socialisation des services publics" ?
Est-ce que ce premier groupe fait lien encore avec des mouvements de luttes ou est complètement institutionnalisé, est-ce qu'il porte encore un projet de société alternatif et autogestionnaire ?


Il y a toute sorte de groupes mais je pense qu'on peut grossièrement les diviser en deux. D'une part, il y a les communautés qui s'organisent pour se donner un service qui manque à l'appel et, d'autre part, des usagerEs qui s'organisent pour développer un service plus humain, à dimension humaine.

Dans le premier cas, quand il s'agit vraiment d'un service utile et nécessaire, l'État peut finir par le prendre en charge. Dans le passé, l'État fagocitait tout simplement les groupes qui intègrent le service public. Ce fut le cas des Cliniques populaires qui sont devenu les Centres locaux de services communautaires (puis, plus récemment, les Centres de santé et services sociaux) mais aussi des Maisons de naissances et des Écoles alternatives. Mais, bon, dans le contexte néolibéral actuel c'est un peu moins pire, l'État se «contente» de financer et d'encadrer (les coopératives d'habitation dont je parlais dans le numéro d'octobre d'AL sont un bon exemple mais il y a aussi les Centres à la petite enfance (des crèches autogérées presque gratuites), les Corporations de développement économique et communautaire, les Groupes d'alphabétisation populaire, etc.). Il y a finalement des groupes qui sont certes financés mais vraiment autonome. Là tu peux penser à n'importe quoi. Dans le quartier ou je milite il y a un Centre famille, un groupe d'entraide pour le 3e âge, une Maison des jeunes, un Centre d'hébergement pour femmes battues, etc...

Bon, je dois y aller, je reviendrai plus tard...
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Re: Militer dans le quartier

Messagede Pïérô » 09 Nov 2008, 00:33

Je suis allé voir tout çà et évidemment il y à énormément de choses et d'expériences intéressantes. D'ailleurs, au niveau du "comité populaire" on retrouve les deux axes, me semble t-il, entre expériences autogérées, solidarité, lien social...et dimension de lutte collective. Il y a une dimension "association d'éducation populaire" comme l'on dit ici, et qui ici, par exemple, s'impliquent dans des animations, des stuctures socio-éducatives...avec des financements publics, mais une dimension militante de moins en moins évidente voire inexistente. Et d'ailleurs les libertaires sont peu présents dans ces mouvements (sauf des salariés, animateurs...). Il y a eu dans l'histoire une présence libertaire importante dans le mouvement des auberges de jeunesse, au sortir de la deuxième guerre mondiale.
Il y a des pratiques dont nous pourrions nous inspirer, et notamment celles qui contribuent à recréer du lien social par exemple...
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Re: Militer dans le quartier

Messagede Phébus » 10 Nov 2008, 06:59

Il faut faire attention à ne pas glorifier le mouvement communautaire non plus. Il n'y a pas que les anarchistes qui ont un problème d'audience et d'enracinement! C'est aussi souvent le cas des groupes communautaires.

Moi, ce que j'ai pu constater, au Québec, c'est qu'il existe un mouvement communautaire et que, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce mouvement n'est ni complètement bureaucratisé ni non plus fermé aux nouvelles idées et au sang neuf. Dans tous les quartiers il y a des groupes et il y a de bonne chance pour qu'il y en ai au moins un d'intéressant!

Tout d'abord, il y a le domaine des médias «sociaux». Les anarchistes les utilisent peu. Pourtant, il y en a des masses. Toutes les villes ont au moins une radio sociale. À Québec, il y en a même trois sur la bande FM ! Je n'ai jamais compris pourquoi il n'y avait pas plus de libertaires qui proposent des émissions. Au fil des ans, nous avons eu plusieurs émissions libertaires à Québec. Actuellement, nous animons Voix de faits toutes les semaines sur CKIA(c'est la première fois qu'il y a une émission directement "labellisée" NEFAC). Sinon, côté média, il y a aussi les journaux communautaires. C'est un peu plus rare mais il y en a quand même quelques uns de bien. À Québec on a l'Infobourg (journal du compop) et Droit de parole. Ce sont des journaux gratuits avec un tirage intéressant (7 000 dans le cas de l'Infobourg, 15 000 pour DdeP).

Ensuite, il y a les groupes de luttes. Il y en a vraiment tout plein que ce soit sur le logement, sur l'Aide sociale, sur le chômage, sur l'environnement.

Moi, je suis aller au Comité populaire. Je dois dire que je suis biaisé à ce sujet et que c'est un groupe rare (il n'y en a qu'un seul autre du même genre, dans un autre quartier de Québec). Ceci dit, ça peut se reproduire dans plein de groupes de base, notamment les comités logement. M'enfin.

J'ai commencé à y aller pour assister à des conférences et éventuellement en donner (ils faisaient un truc qui s'appelait l'Université populaire). De là je suis passé au journal, puis à la militance. C'était, et c'est encore, très ouvert. Seulement, certains trouvent ça trop réformiste et pas assez ambitieux.

Avec les années j'ai quand même enregistré deux ou trois trucs. Premièrement, même si ça reste théorique, le schémas del'Éducation populaire autonome reste opérationnel et fondamentalement "vrai". Autre chose, ça prend des projets concrets. Ex.: on peut bien lutter dans l'abstrait pour le droit au logement mais ça marche mal pour rejoindre les locataires qui ne sont pas déjà politisé. Ce qui marche bien c'est de s'organiser autour d'un projet de logement social pour faire émerger une coopérative. Idem pour l'environnement. Abstraitement c'est bien mais c'est plus mobilisateur de travailler pour démarrer un site de compostage communautaire.

Oh... Et ça va mieux avec des moyens. Les luttes vont et viennent. C'est pratique d'avoir des moyens --une permanence, un local, un téléphone, etc.-- pour les creux de vague.

Là ou j'ai plus de difficulté c'est faire le lien avec l'anarchisme. Voyez-vous, comme salarié j'ai un peu les mains liés pour la propagande. Et puis, il y a bel et bien des anars dans le groupe --ça va, ça vient-- mais le groupe ne l'est pas. Nous on sait que ce qu'on fait est "inspiré de"... mais les autres? J'imagine que si le mouvement était moins microscopique, ça se poserait moins. M'enfin.
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Re: Militer dans le quartier

Messagede chaperon rouge » 10 Nov 2008, 17:21

Pour le Comité Populaire St-Jean Baptiste, je peux comprendre - détient une bonne réputation de combativité dans les luttes et en a une assez intéressante tradition. Mais, militer dans les quartiers/villages, c'est souvent freiné par des formes d'organisation qui semblent bloquer tout progrès et qui ligotent leurs participant-e-s plus radicaux/ales( :oops: ). Exemple: il y a de ces permanent(e)s qui prennent toute la place. Aussi, il arrive qu'un jugement collectif malsain se pose sur nous comme individu potentiellement dangereux/se malgré toute notre bonne volonté et gaieté. Après un certain temps à essayer de remuer les choses dans ce genre d'orgas et très peu de chose bouge, on a raison de se demander si nos énergies valent la peine d'être consumées là-dedans.
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Re: Militer dans le quartier

Messagede Phébus » 11 Nov 2008, 03:59

chaperon rouge a écrit:Pour le Comité Populaire St-Jean Baptiste, je peux comprendre - détient une bonne réputation de combativité dans les luttes et en a une assez intéressante tradition.


Oh, mais, tu sais, quand je suis arrivé au compop, ça ne payait pas de mine. Il y avait bien l'Université populaire qui était bien mais sinon, à part ça, le groupe était à terre et pas très intéressant. Mais, il y avait une ouverture rare. Ça a pris du temps mais il y a des trucs intéressants qui se sont développés. Ça n'a pas été facile mais ça c'est fait. Bien sur, ce n'est pas parfait. Il y a même eu des périodes oh combien plus «exaltante» (2000-2002). Mais c'est là, ça existe. Et je sais que, sauf exception, c'est la même chose dans tout plein d'autres groupes qui sont aujourd'hui «trippant».

chaperon rouge a écrit:Mais, militer dans les quartiers/villages, c'est souvent freiné par des formes d'organisation qui semblent bloquer tout progrès et qui ligotent leurs participant-e-s plus radicaux/ales( :oops: ). Exemple: il y a de ces permanent(e)s qui prennent toute la place. Aussi, il arrive qu'un jugement collectif malsain se pose sur nous comme individu potentiellement dangereux/se malgré toute notre bonne volonté et gaieté. Après un certain temps à essayer de remuer les choses dans ce genre d'orgas et très peu de chose bouge, on a raison de se demander si nos énergies valent la peine d'être consumées là-dedans.


Tu as raison, ce sont de choses qui arrivent. Je ne dit pas que ça marche à tout coup. Ce que je dis c'est que ça vaut la peine d'essayer. D'aller voir, de se frotter un peu au réel.
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Re: Militer dans le quartier

Messagede Phébus » 14 Mai 2009, 04:24

Tiens, pour les curieux, c'est de ça que ça peut avoir l'air les petites actions locales des groupes communautaire à Québec (une ville de 500 000 habitant-es). Le premier film concerne une action logement qui a eu lieu ce matin. Le second concerne une action sur l'aide sociale (l'aide de dernier recours de l'État) et implique deux groupes. Le troisième, bien c'est le premier mai de tous les groupes communautaires de la grande région de Québec (avec quand même plus de «politiques» que d'habitude, c'est le 1er mai!)..





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