Ma vision d'une révolution

Ma vision d'une révolution

Messagede J4ck » 10 Juin 2013, 19:22

Voici (avec une ou deux retouche (je passe mon temps à ça, retoucher)) ce que j'ai écrit pour le blog d'un cyber pote, "jeunecitoyen" dont voici la cyber-adresse : http://jeunecitoyen.wordpress.com/


"Pour faire une révolution on n'a pas besoin d’un berger qui pense à notre place, nous dise va là, revient, hausse le ton, ferme ta gueule. Je pense qu’on peut aussi voir ça autrement que comme un rassemblement massif en un lieu précis qui aboutirait à la destitution des membres du gouvernement à grand coups de pied au cul (tout aussi jouissif que ça pourrait être^^).

J’ai eu une idée ce matin. Renseignons nous sur les petites communautés utopiques comme les Kiboutz ou Auroville en Inde. A bien y regarder, les utopies existent ou ont existé. Attardons nous sur ces questions: Où ont-elles réussi, quels étaient leurs échec, et pourquoi? Et enfin, on devrait initier un mouvement pour inciter les gens à s’établir en petite communauté autogérés. Comment? En le faisant nous même, et en en parlant.

On peut radicalement changer notre conception de révolution et la rendre beaucoup plus crédible et motivante: l’acte révolutionnaire, ce n’est pas seulement provoquer une confrontation directe et "brutale", c’est aussi, c’est surtout, l’action de devenir spontanément le changement que l’on veut voir dans le monde. ça pourrait commencer à partir de presque rien. Imaginez que nous, membres de cette page, nous nous engagions à acheter tous ensemble un terrain, un corps de ferme, dans dix ans quinze, peut être, mais qu’importe, qu’on s’y loge avec des habitations écologiques que nous nous organisions pour qu’avec nos seules ressources nous soyons le plus autonomes possible? Pourquoi attendre quoique ce soit du gouvernement ou d’un fuhr… d’un leader (xD) qui changerait le monde, quand on peut nous-même nous changer? Ne sommes-nous pas en partie ce monde?

L’étape suivante serait de faire la promotions de ce mode de vie, tant que ce vent de révolte souffle encore dans le monde, provoquer un déclic, et que ce mode de vie devienne un mouvement inspirant des millions de personnes! Alors commencerait la confrontation avec le pouvoir établit, qui en réalité attaquerait le premier! Ce en tentant de nous déstabiliser en forçant le trait sur les dérives de certaines communautés, des sectes par-ci, des crimes commis et couverts par une omerta par là, puis la persécution policière. Une guerre psychologique s’engagerait dans laquelle nous pourrions riposter par des actions massives de désobéissance civile, sans déconner et tomber dans la violence; auquel cas d’une la violence policière aurait une justification, et de deux nous serions discrédités.

Mais au final, l’objectif ne serait ne serait pas de faire "tomber Babylone", mais de la faire plier. Si un jour, à force de confrontations le Pouvoir en place finit par reconnaître l’existence d’états-cité/utopies auto-gérée, et qu'on arrête de payer la taxe foncière du terrain, alors on aura déjà gagné. Pourquoi faire tomber le gouvernement si les citoyens peuvent désormais choisir de vivre ou non sous son égide? Ceux qui veulent venir viennent, les autres restent! Un état qui accepterait des communautés indépendantes en son sein serait forcé d’accorder plus de poids au bien être de ses citoyens, autrement le nombre de ces communauté ne ferait qu’augmenter, et au final même leurs flics et leurs militaires finirait par se mettre au vert avec nous^^ et ce serait tout simplement la fin pour eux. Alors oui, la constitution ou j’sais pas quel texte à la con dit "La république est une et indivisible." Mais nous ne sommes pas des sous-républiques xD ! Et quand on voit la tenacité du gouvernement à garder la Corse etc. Oui, peut être qu’on arriverait jamais à ce stade de la coexistence entre utopies et République, mais ce combat vaut la peine, non?

Alors vous voulez vous installer où, camarades?"

Bon pour l'instant je suis pas en position d'acheter un terrain mais ceux qui veulent, on garde contact? ;)
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Re: Ma vision d'une révolution

Messagede Pïérô » 14 Juin 2013, 13:09

Cela me parait complètement surréaliste. Cela pourrait passer pour un idéalisme naïf, comme une entreprise idéologique contre révolutionnaire qui laisserait penser qu’il n’y a plus besoin de lutter pour que ça change. Cela fait longtemps que le système peut avaler ce genre “d’alternative”, comme d’ailleurs la représentation des luttes revendicatives sans perspective révolutionnaire réelle (ça s’appelle des “partenaires sociaux” par exemple). Cela ne peut pas être pensé comme une fin en soi, mais seulement comme point d’appui pour construire une alternative globale dans laquelle les alternatives en actes pourront constituer des jalons, et la convergence des luttes un rapport de force suffisant dans un affrontement inévitable. C’est toute une question que de penser en réseau, en convergences, en articulation entres luttes et alternatives en actes, et c’est bien un enjeu qui est pris en compte depuis longtemps chez les anarchistes et communistes libertaires, mais qui mériterait d’être d’avantage fouillé. Socialiser son appartement ou construire une communauté, et socialiser les moyens de productions et services utiles au public, c’est pas tout à fait la même chose et la même dimension. C’est dans ce sens et cette recherche de sens comme de contenus que je pense que dans le domaine de la théorie et de la pratique cela reste un grand champ d’exploration, et terrain d’aventures. :wink:
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Re: Ma vision d'une révolution

Messagede J4ck » 12 Aoû 2013, 13:04

Mais toute révolution paraît par essence surréaliste...

Bien sûr qu'il s'agit encore de lutter. Peut être pas dans le sens de foncer cagoulé sur des CRS, mais changer de mode de vie, rejeter la société de consommation, s'asseoir sur un certain confort (bizarrement dit, ça...), cesser de penser en terme de hiérarchie, ce n'est pas moins une lutte. Ce qui est surréaliste c'est de vouloir faire la révolution sans l'opérer en soi même au préalable.

Je trouve votre vision de la révolution archaïque. Vous n'appelez ça une révolution que si le drapeau de votre idéologie est planté bien au milieu de la carte de la France, on dirait. L'anarchie ne peut fonctionner que si ses membres y consentent, non? Une révolution n'est-elle pas quelque chose de mouvant, vivant, nourrissant une dynamique de l'esprit le tendant vers une remise en cause perpétuel, à la fois dans la recherche du vrai et dans la fuite du dogmatisme? Quelle est votre vision d'une révolution? Dans la mienne, une révolution n'a de sens que si elle ne s'arrête jamais. Pour être vivable, elle ne peut donc être que non-violente. A moi, il me semble naïf d'espérer de cette chimère que vous nommez "Révolution", qu'elle change le pays en profondeur dans un temps plus petit qu'une existence humaine. Il n'y a qu'une chose que le révolutionnaire doit accepter. C'est qu'il ne verra peut-être jamais de ses yeux le fruit de son combat, tel qu'il l'a rêvé. D'ailleurs, c'est la réalisation de cette vérité qui fait apparaître deux groupes. Les vrais, et les faux révolutionnaires. Les faux sont ceux qui se rendent compte qu'ils n'étaient motivés que par des motifs personnels, tandis que le vrai tiens plus à son idéal de l'Humain qu'à son confort personnel.
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Re: Ma vision d'une révolution

Messagede Winston » 14 Aoû 2013, 02:08

Sur un point , il me semble que tu te trompes dans cette opposition archaisme / renouvellement.
Ce que tu y mets dans chaque categorie est quasiment aussi archaique : la communauté utopique ou l'organisation insurectionnelle.

Sans le dire de la meme facon que piero, je suis plutot d'accord avec lui dans le fond. Et la conclusion de ton premier post pour moi resume le paradoxe de ta position : sans argent (ressource ou autres) pas d'autonomie dans le cadre actuelle, et l'un des principaux problemes que pose notre cadre, c'est la limitation pour les uns et l'abondance pour les autres.

Cela dit, je ne cherche pas a remettre en cause tes choix de vies, ton projet personnel, j'ai juste l'impression que tu te trompes sur la portée de ces choix, que tu confonds les choses, les communautés utopiques il en a existé pas mal avec plus ou moins de reussites, (plutot moins).
Les exemples que tu cites auroville par exemple, n'a plus grand chose a voir avec les intentions de depart, et il suffit de voir l'ideologies que portaient les kibboutz, et la societe israelienne actuelle.

La strategie du recul et de l'evitement conduit bien plus souvent a la perte d'influence et "l'effacement", plus prompt a tomber dans les problematiques communautaristes, la communauté bien qu'autonome doit subsister et est de fait souvent plus concentrer a construire les conditions de son existence qu'a pouvoir se projeter en dehors d'elle.
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Re: Ma vision d'une révolution

Messagede digger » 14 Aoû 2013, 09:23

Tes questions sont intéressantes et je pense qu’à un moment donné tu trouveras le moyen de les ordonner et d’avancer. Un forum comme celui-là peut t’y aider, en plus de l’expérience sur ton lieu de vie par rapport à ce qui s’y passe . Quelques réflexions s’ajoutant à celle de Piero et Winston
Je trouve votre vision de la révolution archaïque .

Qui est le "vous" ? Tu trouveras ici à peu près toutes les formes que peut contenir le concept d’anarchisme et au-delà de l’anarcho-syndicalisme, du syndicalisme révolutionnaire et d’une "gauche de la gauche". Mais restons dans la tradition anarchiste.
Une révolution n'est-elle pas quelque chose de mouvant, vivant, nourrissant une dynamique de l'esprit le tendant vers une remise en cause perpétuel, à la fois dans la recherche du vrai et dans la fuite du dogmatisme?

Je pense que ta définition pourrait être partagée par beaucoup d’anarchistes. A part quelques idéalistes retardé-es et quelques dogmatiques préhistoriques, la vision de la "révolution" a considérablement évolué, ne serait-ce que par l’évolution des conditions historiques entre le XIXème siécle et le XXIème. Caricaturer l’anarchisme est facile, et certain-es représentant-es autoproclamé-es en donnent même envie.
Mais la caricature n’a jamais avancé quoi que ce soit et l’anarchisme contient une histoire et une pensée trop riche pour être traitée avec dédain.
Cette histoire et cette pensée continue, il n’y a rien de figé, même si quelques anarchistes le regrettent ou le craignent parfois à juste titre.
Vouloir la révolution, c’est penser en révolutionnaire. Le/la révolutionnaire n’est pas l’image d’Epinal sur une barricade. Et penser/agir en révolutionnaire, c’est concevoir une méthodologie capable de renverser un ordre établi pour en instituer un nouveau, cohérent et fonctionnel.
A partir de là, il est naturel et sain que les opinions divergent et s’affrontent, parce que c’est dans le "dissensus " et non dans le "consensus" que la réflexion avance.
Aujourd’hui - fin du XXème et début du XXIème, l’anarchisme revit, et comment les idées fondamentales qu’il porte pourraient-elle disparaître, sinon avec la disparition de la civilisation même ? Il revit dans le cadre des réalités nouvelles d’aujourd’hui (aussi de celles qui n’ont pas changé) et des perceptions nouvelles du monde.
Une des difficultés majeures est d’évoluer sans perdre son âme, au nom d’une prétendue "efficacité" ou de visions arbitraires non démontrées ou erronées, comme le primitivisme par exemple, qui base ses prétendues analyses sur des données historiques manipulées et fausses.
Si l’on démarre sa réflexion sur une vision caricaturale comme
le drapeau de votre idéologie est planté bien au milieu de la carte de la France
et qu’on l’a fait aboutir à partir de cela sur une autre vision caricaturale (tous ensemble nous allons aller habiter un corps de ferme) – pardon pour le côté cru, mais c’est du rêve éveillé et non de la réflexion.
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Re: Ma vision d'une révolution

Messagede mimosa rouge » 18 Aoû 2013, 10:09

pour chipoter un peu !
A partir de là, il est naturel et sain que les opinions divergent et s’affrontent, parce que c’est dans le "dissensus " et non dans le "consensus" que la réflexion avance.


je dirais plutôt que c'est dans le débat que la réflexion avance et qu'on construit des consensus ... sinon c'est la guerre philosophique (dans les cas les plus noble, puisqu'elles ont souvent tendance à se transformer en culture d'appareil et donc en défense d'une bureaucratie contre une autre ) perpétuellement et aucune unité de classe (donc unité matérielle et non philosophique) n'est envisageable . En gros en fonctionnant collectivement pour l'action de classe quotidienne, malgrès les divergences philosophiques, on construit une culture commune
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Re: Ma vision d'une révolution

Messagede digger » 18 Aoû 2013, 11:42

Salut à toi
C'est vrai que tu chipotes... :)
malgrès les divergences philosophiques, on construit une culture commune

Malgré les divergences philosophiques (forme de dissensus), on construit une culture commune (consensus) C'est mieux comme cà ?
On est bien là au coeur d'un de nos problèmes majeurs, organisationnel et de terrain, que ce soit dans l'anarcho-syndicalisme (à moins que je me trompe) comme dans l'anarchisme.
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Re: Ma vision d'une révolution

Messagede mimosa rouge » 23 Aoû 2013, 20:35

tiens a propos qu'est ce que ça peut bien pouvoir être concrètement "l'unité des anarchistes" ...
l'unité des révolutionnaire je pense cerner (il y a des exemples historique, dont le SR ), l'unité de classe c'est facile (entre exploités anticapitalistes, réformistes ou révolutionnaires, exploités de confessions divers ou athée, exploités sans orientation politiques etc etc ....)
mais l'unité des anarchistes est ce possible, est ce utile pour les anarchistes ? a t'on des exemples historiques ?

d'ailleurs je me pose la même question pour " l'unité des marxistes" ! et dans les deux cas je répondrais spontanément par la négative, d'un point de vue extérieur évidemment .
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Re: Ma vision d'une révolution

Messagede Le_Corbeau » 27 Aoû 2013, 19:32

mimosa rouge a écrit:mais l'unité des anarchistes est ce possible, est ce utile pour les anarchistes ?


Tout dépend de ce que l'on entend par "unité"... Chaque orga libertaire réuni un certain nombre de gens. Ça permet de multiplier l'efficacité des anars réuni. C'est vrai que d'un autre coté, plus on est nombreux, plus le consensus est difficile à trouver et du coup, faire une déclaration publique qui convienne à tout le monde sera plus compliquée dans un groupe de 300 membres que dans une équipe de 10 potes.

Après unifier le mouvement anar en une espèce de grande organisation, ça veut dire tuer la diversité (et la richesse qui en découle) des opinions différentes qui irriguent l'anarchisme. Qui plus est, connaissant les antagonismes qui existes entre ces groupes différents, (antagonisme qui sont exacerbés par les dogmatiques de tout bord), il sera difficile de faire s'asseoir à la même table des gens qui ont pourtant bien plus de points communs que de divergences, mais qui préfèrent être fusillés par les milices sarkosiennes plutôt que de militer avec des gens qui ne partagent pas parfaitement leur point de vue...

L'alternative serait de travailler à une coordination entre organisations anarchistes indépendantes. Celle-ci pourraient faire des actions communes où s'en désolidariser en fonction de leur opinion propre, sans avoir aucun compte à rendre... mais sa veut dire que c'est plus vraiment de l'unité...!
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