Poser le rapport à la guerre d'un point de vue essentiellement philosophique pourrait ramener à une simple posture détachée de tout engagement ou/et prise avec et sur la réalité
Tout d'abord, la réflexion sur la guerre, ou les guerres, ne se cantonne pas à la philosophie, ce point étant même secondaire, mais elle est fondamentalement politique.
Ensuite, je rejette absolument la séparation artificielle entre réflexion et engagement, ceux qui pensent et ceux qui agissent. Cà a conduit l'anarchisme a abandonner le terrain de la pensée (au marxisme notamment ces dernières décennies). Tout au long de son histoire, l'anarchisme a compris dans ses rangs des théoricien(ne)s de grande valeur et ils/elles étaient également engagé-e-s sur le terrain. (je n'en fais pas la liste...)
Je comprends, et partage, l'aversion pour le monde intellectuel dominant des plateaux de TV et des têtes de console de centres culturels. Mais cela ne doit pas amener à jeter le bébé avec l'eau du bain.
L'éducation et la connaissance sont affaires de classes. Et elles doivent être conquises tout comme les moyens de production. C'est aussi un terrain à occuper au même titre que les usines, ne serait-ce que parce que ce sont des moyens de domination comme les autres. La classe dominante les a d'ailleurs érigées en bastions (voir statistiques sur les milieux sociaux ayant accès à l''enseignement supérieur et hautes écoles)
Pensées stratosphériques ? Grands
dieux Bakounine! Quand tu agis, tu dois pouvoir donner le sens de ton action si tu veux que d'autres personnes la rejoignent. Et quand tu proposes un autre modèle social et politique, tu dois être capable d'en démontrer la pertinence.
Sinon, tu ne pèses rien face à la grosse artillerie politico-médiatique, au lessivage de cerveaux et à la pensée unique. Pourquoi est-elle unique, la pensée? Parce que d'un côté, il y a une armada d'intellectuels (ceux que toi et moi vomissons), dans tous les domaines, et qu'en face, c'est le désert.
Nous n'avons pas besoin de grands prêtres. Partout où cela est possible par nous-mêmes, nous devons être capables de valider nos modes d'actions . Pourquoi un truc marche et pas l'autre, pourquoi j'arrive pas à faire passer tel truc, pourquoi y' avait du monde à cette manif et pas à celle d'avant... ?
La guerre, pour revenir au sujet, n'a rien de philosophique (tu parles que le capitalisme s'intéresse à la philosophie, au sort des maliens à la démocratie et au bonheur de l'humanité) . Pourquoi irait on défendre un peuple que l'on a colonisé, puis laissé crever de misère depuis toujours ? Quelle différence aux yeux de Hollande qu'ils meurent de maladies non soignées ou sous les coups d'illuminés ? L'un heurterait les sensibilités et les autres pas ?
Si tu veux que les gens agissent contre, il faut qu'ils sachent le pour. Dans le syndicalisme, tu mobiliseras pour des améliorations de conditions de travail et de salaires. Tu seras impuissant à agir sur la prise de contrôle des moyens de production. Et, comme tout est lié, sur le sujet de Virgin, tu mobiliseras pour défendre l'emploi au pied du mur, au dépôt de bilan, mais les salarié-e-s de Virgin n'auraient pas été manifester auparavant dans une manif générale contre le chômage (je me trompe?)
Pour mobiliser contre la guerre au Mali, il ne suffira pas de dire "Non à la guerre". Regarde l'Afghanistan. Il n'y a eu aucune mobilisation. (Pas que chez nous)
Le "savoir" et le "pouvoir" au sens général sont indissociables. C'est pourquoi le Pouvoir accapare le Savoir.