Je suis peut être passé à côté de quelque chose, mais j'ai l'impression que la réponse que tu apporterais à la question qui titre le sujet serait "les anars ne sont pas assez présents dans la société". Je suis tout à fait d'accord avec ce constat, mais ça n'est pas une réponse, juste une reformulation : Dire que le mouvement anar est faible, que les anars sont peu présents, qu'il y a un problème à diffuser nos idées, etc. c'est plus ou moins dire la même chose. La question c'est comment sortir de ça, et si tu réponds "il n'y a qu'à être présents partout" c'est que tu n'as pas bien compris la question.
Quand à comment préparer la révolution, je ne vois toujours pas comment tu veux faire. La question des buts et des objectifs à court terme dans une optique révolutionnaire de long terme me semble assez claire : Concourrir au développement de mouvements sociaux victorieux sur une base revendicative de class. C'est ce que nous faisons à la hauteur de nos faibles moyens, tout en tentant de diffuser au plus possible nos idées (notamment par le biais du presse abondante et de relativement bonne qualité). Il ne me semble pas y avoir d'alternative actuellement pour préparer une révolution qui soit autre chose qu'un trip avant-gardiste ou qu'une révolution de palais au service de telle ou telle clique politicienne. Par contre ce qui me semble clair, c'est qu'hors d'une organisation anarchiste tu abandonnes l'idée de diffuser efficacemment ce type d'idées, et je trouve ça dommage car visiblement tu les partages. J'ai tendance à penser (et c'est assez nouveau pour moi) qu'il faut mieux travailler de manière moyennement efficace à la mise en place d'une société communiste libertaire que travailler de manière très efficace à la dictature d'une avant-garde ou à une crapulerie politicienne (même parée d'un atour révolutionnaire).
Enfin, en ce qui me concerne je me fous de ce que tu sois dans une orga ou pas, par contre je pense que tu as une vision assez "yaka yaka" du mouvement anarchiste qui peut être assez énervante pour ceux et celles qui tentent de développer notre courant d'idées. Il ne suffit pas de vouloir être massifs pour l'être, on fait ce qu'on peut, et je trouve que vus nos faibles moyens c'est déjà pas mal. De plus je pense que tu te fais pas mal d'illusions sur la capacité des gens à se bouger et sur la politisation des masses, et que ça t'amène à être particulièrement sévère avec les orgas anars, pas toujours à bon escient par ailleurs.
Pour finir, j'ai vu que étais au PCF, c'est un choix que je peux comprendre, mais attention à ne pas comparer l'incomparable. La puissance du PCF (quoi que déclinante sur le long terme) proviens de trois raisons principalement :
- D'abord le PCF conserve l'héritage de plusieurs décennies de guerre froide et de nombreux communistes actuels ont adhéré à cette époque, alors que le PCF paraissait la seule alternative existante au capitalisme, alors qu'il bénéficiait d'une visibilité internationale et du soutien financier et politique de l'URSS.
- Ensuite le PCF bénéficie d'un important réseau d'élus, de maires, et de députés qui, souvent à l'aide d'une politique clientéliste se sont bâtis de véritables bastions et qui, grâce au communisme municipal, se sont acquis la faveur d'une partie des classes populaires.
- Enfin le PCF bénéficie d'une couverture médiatique dûe à la fois à son intégration dans le système politique institutionnel et à l'existence de leaders charismatiques (ce qui facilite le travail des journalistes).
Ces trois points ne peuvent en aucun cas jouer en faveur des mouvements anarchistes : Le mouvement anarchiste n'aura pas le soutien d'un Etat étranger (ou alors il faudra se poser des questions), il n'aura pas de réseaux d'élus, il n'aura pas de leader charismatique passant à la télé. Cela pour des raisons de fond politique.