Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede Kzimir » 18 Oct 2012, 00:39

Je suis peut être passé à côté de quelque chose, mais j'ai l'impression que la réponse que tu apporterais à la question qui titre le sujet serait "les anars ne sont pas assez présents dans la société". Je suis tout à fait d'accord avec ce constat, mais ça n'est pas une réponse, juste une reformulation : Dire que le mouvement anar est faible, que les anars sont peu présents, qu'il y a un problème à diffuser nos idées, etc. c'est plus ou moins dire la même chose. La question c'est comment sortir de ça, et si tu réponds "il n'y a qu'à être présents partout" c'est que tu n'as pas bien compris la question.
Quand à comment préparer la révolution, je ne vois toujours pas comment tu veux faire. La question des buts et des objectifs à court terme dans une optique révolutionnaire de long terme me semble assez claire : Concourrir au développement de mouvements sociaux victorieux sur une base revendicative de class. C'est ce que nous faisons à la hauteur de nos faibles moyens, tout en tentant de diffuser au plus possible nos idées (notamment par le biais du presse abondante et de relativement bonne qualité). Il ne me semble pas y avoir d'alternative actuellement pour préparer une révolution qui soit autre chose qu'un trip avant-gardiste ou qu'une révolution de palais au service de telle ou telle clique politicienne. Par contre ce qui me semble clair, c'est qu'hors d'une organisation anarchiste tu abandonnes l'idée de diffuser efficacemment ce type d'idées, et je trouve ça dommage car visiblement tu les partages. J'ai tendance à penser (et c'est assez nouveau pour moi) qu'il faut mieux travailler de manière moyennement efficace à la mise en place d'une société communiste libertaire que travailler de manière très efficace à la dictature d'une avant-garde ou à une crapulerie politicienne (même parée d'un atour révolutionnaire).
Enfin, en ce qui me concerne je me fous de ce que tu sois dans une orga ou pas, par contre je pense que tu as une vision assez "yaka yaka" du mouvement anarchiste qui peut être assez énervante pour ceux et celles qui tentent de développer notre courant d'idées. Il ne suffit pas de vouloir être massifs pour l'être, on fait ce qu'on peut, et je trouve que vus nos faibles moyens c'est déjà pas mal. De plus je pense que tu te fais pas mal d'illusions sur la capacité des gens à se bouger et sur la politisation des masses, et que ça t'amène à être particulièrement sévère avec les orgas anars, pas toujours à bon escient par ailleurs.

Pour finir, j'ai vu que étais au PCF, c'est un choix que je peux comprendre, mais attention à ne pas comparer l'incomparable. La puissance du PCF (quoi que déclinante sur le long terme) proviens de trois raisons principalement :
- D'abord le PCF conserve l'héritage de plusieurs décennies de guerre froide et de nombreux communistes actuels ont adhéré à cette époque, alors que le PCF paraissait la seule alternative existante au capitalisme, alors qu'il bénéficiait d'une visibilité internationale et du soutien financier et politique de l'URSS.
- Ensuite le PCF bénéficie d'un important réseau d'élus, de maires, et de députés qui, souvent à l'aide d'une politique clientéliste se sont bâtis de véritables bastions et qui, grâce au communisme municipal, se sont acquis la faveur d'une partie des classes populaires.
- Enfin le PCF bénéficie d'une couverture médiatique dûe à la fois à son intégration dans le système politique institutionnel et à l'existence de leaders charismatiques (ce qui facilite le travail des journalistes).
Ces trois points ne peuvent en aucun cas jouer en faveur des mouvements anarchistes : Le mouvement anarchiste n'aura pas le soutien d'un Etat étranger (ou alors il faudra se poser des questions), il n'aura pas de réseaux d'élus, il n'aura pas de leader charismatique passant à la télé. Cela pour des raisons de fond politique.
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Messagede MélusineCiredutemps » 20 Oct 2012, 02:59

Après avoir survolé le topique, sans pour autant vouloir vexer qui que ce soit ni provoquer une polémique inutile, je trouve personnellement qu'Atheus pointe des questions qui méritent réflexion.
En ce qui me concerne, après avoir fait partie de plusieurs orgas "libertaires" et avoir choisi de les quitter après m'y être beaucoup impliquée, les questions que pose Atheus ne me sont pas tout à fait étrangères, même si je n'aurais sans doute pas formulé les choses exactement comme il le fait ici. Je ne saurai dire jusqu'à quel point les dysfonctionnements auxquels je me suis heurtées sont le fait de problématiques locales, ou pas.
En tout cas il me semble que pour résoudre un problème il faut commencer par en admettre le caractère réel. Tant qu'on refuse de "regarder en face" ce qui nous aliène, ce qui nous limite, ce qui entrave la réalisation de nos projets, etc... on reste piégé-e dans une illusion stérile.
Bien sûr il ne faudrait pas non plus se complaire dans une sorte d'auto-flagélation. Peut-être que des pistes sont à trouver du côté d'un l'imaginaire subversif que nous n'avons pas encore eu l'audace et la fantaisie d'explorer.
J'ajoute, qu'à mon avis, l'une des choses qui "clochent" dans le positionnement actuel de beaucoup d'individu-e-s, de groupes et d'orgas anarchistes, c'est le fait de se perdre dans des considérations techniques et bureaucratiques au point d'oublier le plus important, à savoir, l 'éthique et ce qu'on pourrait faire dès maintenant pour améliorer nos conditions de vie sans attendre le "grand soir" et en veillant à ce que cela soit en cohérence avec nos valeurs...
Cela se traduit notamment par d'interminables et épuisantes réunions qui n'aboutissent souvent à rien.
Même si ce n'est pas agréable à admettre, il y a aussi parfois une sorte d'enfermement communautaire qui peut virer, par moment, vers des dérives identitaires. Je me rappel très bien avoir perçu cela avant d'avoir pris la décision de "m'incruster" malgré le sentiment que, justement, je m'incrustais... C'était en 1997 et je trouve que ça n'a pas beaucoup changé car depuis j'ai vu défiler des personnes sincères, volontaires, cohérentes et intelligentes qui par manque de confiance en elles et atteintes par ce sentiment de ne pas être capables de s'intégrer dans ce milieu très codifié en sont prématurément partie...
Le comble c'est que ce sectarisme s'accompagne parfois d'une incohérence qui abouti vers des alliances insensées avec des parties électoralistes et des associations que nous devrions logiquement considérer comme nos ennemis politiques. Et là, malgré le folklore et les déguisements, certain-e-s "anarchistes" ressemblent parfois à un troupeau d'individu-e-s désindividualisé-e-s et obéissant-e-s qui suivent un chemin déterminé par d'autres... D'autres dont les objectifs n'ont rien à voir avec l'anarchisme ni de près ni de loin... "Les ennemi-e-s de nos ennemi-e-s ne sont pas forcément nos ami-e-s"...
Peut-être qu'il serait intéressant que les membres des orgas empêtrées dans ses logiques politiciennes acceptent enfin de reconsidérer la notion d'autonomie sans le dédain auquel on assiste fréquemment et qui résulte parfois de querelles personnelles, parfois d'incompréhensions et souvent de l’appropriation inappropriée de cette notion par des petit-e-s bourgeois-e-s qui n'ont rien d'autonomes malgré l'étiquette romantique qu'illes se donnent.
Alors, la force de l'anarchisme pourrait, peut-être, se révéler par le fait que les anarchistes s'expriment et agissent enfin comme des anarchistes...
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede Pïérô » 20 Oct 2012, 04:45

Et çà donne quoi en terme de pistes concrètement ? Car tu sembles ne vouloir qu’affirmer une forme d’identité super “radicale”, sans toutefois donner beaucoup de pistes en terme de pratiques. Du coup çà ne me cause pas des masses. Sans compter la question évoquée de certaines alliances qui laisserait entendre qu’il faudrait porter la bonne parole en circuit fermé ? Ne plus participer à des collectifs de soutien aux sans papiers, à des collectifs antiraciste, antifascistes, antisexistes et féministes, anti-nucléaires, etc... ?

En plus je ne vois pas en quoi çà recoupe beaucoup ce que dit atheus, qui d’un autre côté affirme et pense que plutôt que d’être petits, il faudrait être plus grands au sein du Front De Gauche.
Je pense que le problème et la question repose bien sur le fait de sortir de “l’entre soi” justement, et sans en arriver au FDG, et c’est bien ce qu’une partie d’entres nous disent ici, et pratiquent, alors qu’atheus ne semble que dans un domaine virtuel, un peu irréel et fantasmé, avec une image des “anars” et “radicaux” qui d’ailleurs est non seulement véhiculée par la bourgeoisie et l’idéologie dominante, mais aussi des nanars qui pensent que çà conforte et entretien leur “radicalité”.

Quant à la “révélation” je l’ai eu très jeune, et dans tout un tas d’exercice de la “radicalité”, puisque à cette époque “l’autonomie” ne se déclinait pas qu’en forme de radicalité du verbe, mais en “autonomie ouvrière” et en baston sur le terrain en mise en scène d'une insurection ouvrière fantasmée, dans un registre de plus en plus militaro et avant-gardiste coupé des masses. C’est d’ailleurs et à partir d’un bilan politique collectif de cette période qu’il y a eu un tournant dans cette frange du mouvement communiste libertaire que l’on retrouve aujourd’hui à la CNT, dans les SUDs pour une partie d’entres eux de cette époque (l’OCL ne s’en étant jamais relevée). Les “autonomes” d’aujourd’hui ne sont pas vraiment de cet héritage, et pour celles et ceux qui ne sont pas vestiges caricaturaux marxistes-léninistes et/ou mao-sponts, sont plutôt dans l’héritage de l’anarchisme individualiste, et pas du courant dit social, de lutte de classes, ou communiste-libertaire de l'anarchisme. Il y a bien là une différence d’approche car là où je pense que tu connais un peu le mouvement et porte ta parole MélusineCiredutemps, qui est respectable, et que je partage d'un autre côté sur le point de vue pro-féministe, mais un point de vue qu’il me semblerait pourtant important d’étayer, là dans ce domaine, d’avantage que dans la seule posture ici, atheus semble dans la méconnaissance de ce mouvement et des divergences qui font qu’on ne peut pas mettre toute la galaxie anarchiste sur le même plan justement ou la ranger sur la même planète.

A partir de là, la question de "Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?" peut prendre différentes dimensions, parce que l'anarchisme n'est pas un mais multiple. Il y a ce qui est du domaine de "l'entre soi", de la culture de la radicalité de théatre et de la marge, domaine dans lequel je me montre très critique, et qui pour moi participe de faire que çà cloche, mais aussi ce qui est du domaine de la planète dans laquelle je me situe, et c'est pas la même chose et du même ordre, et c'est pourquoi çà se crispe là, dans la manière où c'est posé. Parce qu'il y a forme de négation de la différence, et négation de pratiques pourtant existantes. Pourtant dans le domaine, et l'on voit bien que sur ce forum, qui est espace plutiel, les pratiques sont existantes, et dans le domaine de l'ouverture, de même que les débats reflètent aussi une forme d'ouverture qui me semble dans un domaine des forums comme dans une certaine réalité militante pourtant interessante, même si c'est encore loin d'être exemplaire évidemment. Alors dans le domaine ou je situe l'anarchisme dont je me revendique, il y a évidemment des choses à dire, et c'est aussi ce que j'ai éssayé d'énoncer plus haut, et dans la question qui me semble importante en articulation entres des domaines qui doivent s'articuler, en plus d'être d'avantage fouillés.
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede digger » 20 Oct 2012, 09:37

je trouve personnellement qu'Atheus pointe des questions qui méritent réflexion.

Sans aucun doute. Les réactions, dont la mienne, ont été provoquées par ce que Krizmir appelle le côté "yaka" de atheus
Après, " ce qui cloche", ou pas, est lié aussi à une sensibilité et/ou approche personnelle. Il y a ici des militantEs "purEs et durEs" – que je respecte totalement – souvent expérimentés et qui s’investissent depuis longtemps dans des orgas politiques, syndicales ou autres, qui savent combien il est long et difficile de faire évoluer les choses, y compris dans une orga ou groupe révolutionnaire. (sans parler de la société en général). CertainEs se découragent et abandonnent, comme c’est ton cas apparemment, Mélusine, et ce qui a été aussi le mien, pendant un long moment.
il y a aussi parfois une sorte d'enfermement communautaire

Oui, mais c’est inévitable, je pense, dans des orgas de type affinitaires , et qui plus est de sensibilité minoritaire. Une minorité a toujours tendance à se refermer sur elle-même (qu’elle soit politique ou autre)
la notion d'autonomie
Je souscris totalement. Au sein de ce que René, dans un autre topic, rappelait comme étant une valeur fondamentale de l’anarchisme, le fédéralisme. Ainsi, éviterions-nous sans doute cet enfermement avec une plus grande capacité de compréhension de diverses approches et tactiques.
Et çà donne quoi en terme de pistes concrètement ?

Piero, c’est de la mauvaise foi :) . Melusine n’affirme en rien une "identité super radicale". Et tu sais , toi le premier, que ce n’est pas simple et que la solution ne va pas sortir de la manche de quiconque, y compris d’atheus. C’est un long travail collectif et je ne pense qu’il puisse être fait sur un forum comme celui-ci uniquement.
J’ai connu l’autonomie dont tu parles. Je ne crois pas que c’est de celle-là dont parle Mélusine. L’autonomie, sa reconnaissance, telle que je la comprends ici, ce sont des groupes, orgas et/ou initiatives, appliquant leur stratégies et tactiques propres (décidées collectivement). Mais cette autonomie a ses limites, et je dirais, ses obligations (terme très peu anar). Elle devrait se faire au sein d’un fédéralisme accepté. Sinon, nous retombons dans cet enfermement communautaire, le plus souvent, des groupes locaux isolés les uns des autres.
Tout cela est, je crois, exprimé très clairement dans la pensée anarchiste. Et je pense que des milieux ou initiatives ne se réclamant pas de l’anarchisme ont adopté des formes d’organisations proches, et parfois plus anarchistes que les anarchistes eux-mêmes.
Et je le redis, sans choisir entre l’autoflagellation et la myopie, il y a des choses qui se passent, se disent, se font. A chacunE de nous d’essayer d’y être , d’y apporter ce qui nous semble le mieux et d’y apprendre aussi ce qui nous manque.
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede Nyark nyark » 20 Oct 2012, 10:46

Dommage que je n'aie pas le temps de répondre de façon pertinente car ce débat, initié par quelqu'un qui est parti "en claquant la porte" (et ça doit nous interroger un peu plus que ce n'est le cas) me semble fondamental. La réponse de Mélusine me laisse (comme très souvent) admirative par sa finesse, sa sensibilité et son intelligence.
À ce soir pour une réponse un peu plus fouillée !
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede altersocial » 20 Oct 2012, 14:30

Si j'ai bien compris Mélusine parle d'autonomie -comme principe d'action politique-, pas des Autonomes.

Mais autonomie par rapport à quoi Mélusine ?
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede Béatrice » 20 Oct 2012, 19:25

MélusineCiredutemps a écrit:Le comble c'est que ce sectarisme s'accompagne parfois d'une incohérence qui abouti vers des alliances insensées avec des parties électoralistes et des associations que nous devrions logiquement considérer comme nos ennemis politiques.


MélusineCiredutemps :

Il n'y a pas d'incohérence, bien au contraire : pour les anarchistes qui ont pour objectif commun l'émancipation collective ( et par voie de conséquence l'émancipation
individuelle ) de toutes et tous face à des pouvoirs qui oppressent et aliènent ( institutions étatiques, croyances, patriarcat...)
Mais cette aspiration ne peut avoir de sens que dans le cadre d'une projection de société alternative à tous les modèles précédents qui en ont été exempts ( hormis
quelques "expérimentations" vécues par le passé) .
Et comment les anarchistes peuvent-ils être crédibles, porteur(se)s d'un tel projet si elles (ils) ne sont pas proches des plus opprimé(e)s ?
Et pour ce faire, cela passe par l'indispensable et impérieuse nécessité de l'implication associative, syndicale...
Les anarchistes s'y attelant n'y perdent pas pour autant leur identité en y côtoyant des militant(e)s "supposé(e)s ennemi(e)s", je dis même qu'elles et ils la retrouvent
même, en y mettant un vrai sens.

Exit cette préhension de l'anarchisme, ne reste plus que la terminologie stricto sensu du mot qui tend à s'éroder au fil du temps...
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede MélusineCiredutemps » 20 Oct 2012, 22:54

En fait, digger clarifie très bien mon propos. Et je parle effectivement d'autonomie comme principe d'action politique et non des "Autonomes", l'autonomie vis à vis des partis politiques, vis à vis des injonctions événementielles et médiatiques, l'autonomie aussi de chaque individu-e au sein du groupe pour que le groupe conserve ou acquière un sens pleinement libertaire... Je n'ai donc pas grand chose à ajouter. En ce qui concerne l'implication dans des collectifs de luttes spécifiques, par exemple des collectif de soutien aux personnes sans-papier, j'ai une nette préférence pour les collectif d'individu-e-s que pour les collectif d'orgas. D'une part, parce que les listes d'orgas signataires n'ont souvent aucun intérêt (à part pour les orgas elles-mêmes en terme de publicité), d'autre par parce que certaines d'entre elles sont dans une stricte démarche de tentative de récupération politicienne ce que, en tant qu'anarchistes, nous ne sommes pas sensé-e-s cautionner. Le "peuple" (je n'aime pas trop ce concept car je le trouve désindividualisant, mais là je ne sais pas quel autre mot employer), ne se trouve pas au sein des partis politiques, ni même (malheureusement, peut-être) au sein des syndicats de salarié-e-s. C'est un fait, les organisations politiques au sens large, toutes tendances confondues, ne représentent pas grand monde. Et je trouve plus intéressant de se tourner vers le "peuple" plutôt que vers les partis politiques, surtout en ce qui concerne des partis dont les fondements ou les soutiens idéologies défendent l'idée d'une hiérarchie "naturelle" entre des catégories d'être humains, autrement dit des idéologie d'extrême droite (exemple le PIR qui, notamment, soutien le Hamas).
Il me semble aussi qu'il y a à creuser dans des types d'actions concrètes (qui existent déjà en partie) comme tout ce qui peut se faire avec et autour de lieux comme des centres sociaux autogérés, des actions qui correspondent à des besoins quotidiens, une auto-organisation par des groupes de personnes pour gérer ces besoins et y trouver ensemble des moyens pour les combler, des espaces de convivialité et de rencontre d'où serait proscrit toute propagande religieuse, commerciale et électorale, des lieux où les personnes partagent des biens matériels, des connaissances, du temps passé ensemble pour s'entraider, des efforts, des idées, etc...

Merci NyarkNyark :oops: :^^:
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede Spike » 24 Oct 2012, 21:12

Bon je n'ai pas encore tout lu mais j'ai déjà pas mal de choses à dire. Tout d'abord c'est évident qu'il y a un problème et c'est très bien de poser cette question. Voici donc quelques éléments de réponse:

Il me semble que le mouvement anarchiste est beaucoup trop divisé, alors non seulement nous ne sommes pas nombreux, mais en plus cette division diminue notre impact sur les luttes sociales. J'ai l'impression que dans les organisations anarchistes, plutôt que de discuter des points qui nous opposent, on préfère scissionner, ce qui permet de finalement rester dans un confort intellectuel, de ne pas remettre en questions nos certitudes, et ce sans penser de l'impact de l'impact que ça a sur les luttes. Par exemple dans les manifs que j'ai faites je n'ai jamais vu un cortège de l'AIT. Idem, je crois savoir que la FA et la CGA ont scissionner pour des divergences d'organisation. Sauf que la CGA n'apparaît nulle part, tout au plus ai-je trouver un tract...
Au sein de certaines de ces orgas, il y a aussi un problème de bureaucratisation qui résulte aussi d'un confort intellectuel.La CNT n'est-elle pas en train d'imploser pour cette raison? D'autres s'érigent en donneur de leçons, ce qui à le don de dégoutter certains militants potentiels. Sans oublier que le milieu libertaire se regarde parfois trop le nombril, et quand il faut passer de la théorie à la pratique pour appliquer quelque chose d'aussi élémentaire que la solidarité, alors là il y a plus grand monde. C'est pas comme ça qu'on va attirer des nouveaux militants.
Je pense aussi que les orgas libertaires se complaisent dans un vision manichéenne résultantes des vieux conflits Marx / Bakounine avec d'un côté les bon anars et de l'autres les méchants communistes ou autres. Ceci contribue d'autant plus à créer encore plus d'église qu'il y en a déjà, ce qui peut amener à construire des projets utopistes comme l'anarcho-syndicaliste. Ce n'est pas pour déglinguer les camarades AS que je dit ça mais soyons réalistes: vous pensez que pour faire la révolution la majorité des gens doivent non seulement devenir syndicalistes et en plus anarchiste? Mais ça n'arrivera pas!
Pour faire la révolution et la réussir pas besoin d'être très nombreux, les Léninistes et les Maoïstes nous l'on montré. Par contre toutes les révolution qui ont réussit on reposée une certaine discipline. En 1936 c'était pareil: je suis pas sûr que sans la discipline mise en place par la CNT, la révolution aurait été aussi loin. Certains me diront que l'anarchisme et la discipline ne font pas bon ménage. Certes, mais je pose une seule question: qu'a apportée la mouvance autonome dans les acquis sociaux?
Je crois aussi que la théorie anarchiste ne s'est pas modernisée. Quel sont les réflexions importantes qui ont été publiées en 30 ans? Sans compter que ces bouquins sont beaucoup trop tournés vers la théorie et ne parlent jamais de concret. De plus il faut se taper des gros pavés pour avoir ne serais-ce qu'une piste de réflexions. Il me semble aussi que la théorie anarchiste est un peu comme un gruyère, des sujets qui ne sont jamais traités. Souvent ces livres portent sur l'ensemble d'une société anarchiste et on oublie les grosses questions: quelle serait l'économie dans une société anar? Le système scolaire...?
Sans compter qu'on ne se pose pas les bonnes questions. Pourquoi des personnes qui ont tout intérêt à la révolution n'en ont rien à foutre, tels que les gens des quartiers sensibles ou les personnes handicapées (oui je sais je fais chier avec les "z'arroulettes"). Et ce qui est étrange c'est que quand on tente d'écrire un truc sur le sujet, bah finalement personne tout le monde, ou presque s'en foutent...
Enfin, d'après ce que j'ai vu on ne sait pas profiter des occasions qu'on a. La Belgique a été longtemps sans gouvernement et qu'ont fait les anars Belges: strictement rien! Mais merde c'était l'occasion! Idem pour l'abstention: on a eu 5 ans de Sarkozy, on prône l'abstention mais on en fait rien? On dit souvent que l'abstention est un moyen de reprendre le contrôle de nos vies. La FA a appelé à l'abstention. Mais après, on en fait quoi de cette abstention???
Enfin, je crois que les anars, ont oublié que pour certaines personnes le système capitaliste devient de jours en jours de plus en plus insupportable (oui je parle de moi mais je me dis que je ne dois pas être le seul dans ce cas...). Alors il est tant qu'on se mette au travail et vite!!!
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede Béatrice » 26 Oct 2012, 00:20

Spike a écrit:' Sans oublier que le milieu libertaire se regarde parfois trop le nombril, et quand il faut passer de la théorie à la pratique pour appliquer quelque chose d'aussi élémentaire que la solidarité, alors là il y a plus grand monde. C'est pas comme ça qu'on va attirer des nouveaux militants.


C'est clair et je partage complètement ce point de vue là Spike, car de la théorie à la pratique, il y a un grand pas à franchir que certain(e)s ne veulent pas franchir : reste
les effets de manches pour les têtes bien pleines, mais sont-elles pour autant bien mises ? Le mouvement libertaire souffre d'une certaine propension à l'égocentrisme qui le
condamne à demeurer à la "marge" du mouvement social dans son ensemble.
Alors , une question peut-être stupide de ma part ( car assurément "inculte" dans le domaine théorique ), pour quelles raisons les anarchistes ne sont-ils vécu(e)s comme
des individus à la marge, sans aucune reconnaissance dans l'ensemble de la population ?
Et puis ( au-delà du "virtuel", la vie continue !) avec son cortège de désillusions et de renoncements, mais malgré tout avec quelques résistances qui peuvent être les
prémices "d'un autre futur" ?

Spike a écrit:'
Enfin, je crois que les anars, ont oublié que pour certaines personnes le système capitaliste devient de jours en jours de plus en plus insupportable (oui je parle de moi mais je me dis que je ne dois pas être le seul dans ce cas...). Alors il est tant qu'on se mette au travail et vite!!!


c'est sûr Spike, mais pour cela il faut la force de conviction et par voie de conséquence, la détermination...
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede ivo » 26 Oct 2012, 13:39

petit aparté (pas si) anecdotique (que ça) à ce sujet.
tiré d'un autre forum, suite à une discussion sur la "situation actuelle":
bof,entre l'invasion musulmane d'un côté et l'invasion des fachos de l'autre....

pfffff, no comment, jsuis usé.... je vois la grèce, bien plombée.... le peuple réagit? oui, en pensant fascisme... donc moi l'éveil du peuple, je l'attend plus.... c'est tout le temps chacun sa merde.....

nihilisme powa!!!!

perso je pense que c'est tres représentatif.
.^o GRAVOS MC ° SC1 ° SC2
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede altersocial » 26 Oct 2012, 17:25

spike a écrit:Pour faire la révolution et la réussir pas besoin d'être très nombreux, les Léninistes et les Maoïstes nous l'on montré. Par contre toutes les révolution qui ont réussit on reposée une certaine discipline.


J'ai peur d'avoir mal compris là Image

ivo a écrit:
autre forum a écrit:bof,entre l'invasion musulmane d'un côté et l'invasion des fachos de l'autre....


C'est le forum de la fraction gauche du Bloc Identitaire ? Image :mrgreen:
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede ivo » 26 Oct 2012, 17:48

non, juste des gens "standards" ...
.^o GRAVOS MC ° SC1 ° SC2
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede Spike » 27 Oct 2012, 00:21

Tout d'abord, excusez moi pour toutes les fautes d'orthographe dans mon précédent message, mais j'ai écris tout d'une traite et maintenant j'ai la flemme de corriger tout ça.

@Nine: Désolé mais je ne saisis pas le sens de tes questions.

J'ai peur d'avoir mal compris là


J'ai juste dis que beaucoup d'anars semblent penser qu'il faille attendre que la majorité de la population soit favorable à la révolution pour pouvoir la faire et bien ce n'est pas mon cas car sinon on a pas fini d'attendre. Et j'estime qu'en ce sens les Maos et les ML sont de bons exemples sur ce point (même si je ne cautionne pas ce qui a été fait derrière) car quand ils ont réussi leur révolution ils n'étaient pas majoritaires.
Cependant, je ne pense pas non plus que ce soit le bon moment pour entrer dans des groupes armés....
A vrai dire je ne sais pas comment sortir de cette spirale...
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Re: Qu'est ce qui cloche dans l'anarchisme aujoud'hui ?

Messagede digger » 27 Oct 2012, 09:24

A vrai dire je ne sais pas comment sortir de cette spirale

L'important, c'est déjà de ne pas y entrer dans cette spirale. Elle ne mène à rien, ni comme forme de pensée, ni comme forme d'action, en tout cas pour l'anarchisme.
Dans l'histoire, des exemples ont permis la prise du pouvoir, ce qui est, selon moi - et je pense de nombreux(ses) anars/libertaires - le début d'un processus autoritaire et contre-révolutionnaire, dans le sens où s'établit une nouvelle classe dirigeante.
Mais je rejoins Nine et sa question
pour quelles raisons les anarchistes ne sont-ils vécu(e)s comme des individus à la marge, sans aucune reconnaissance dans l'ensemble de la population ?

Il y a eu déjà beaucoup d'éléments de réponses dans ce sujet et dans d'autres. Et des réflexions qui commencent ou se poursuivent ailleurs. Il existe des évolutions -l'immobilisme n'existe pas - que personne n'est capable de percevoir, éclatées dans le temps et dans l'espace, un gigantesque puzzle dont les pièces se réunissent parfois et qui provoquent les accélérations de l'histoire (et de la conscience). Pourquoi, comment ?
Cela ne signifie pas que nous devons rester assis sur le cul en attendant que cela vienne tout seul. Tout ce qui est dit ou fait participent à ces évolutions et elles ne se feraient sans doute pas sans cela. Mais quand tu sèmes, tu ne vois pas la plante sortir instantanément. Et le fait de semer n'implique pas non plus la levée. Il faut aussi une concordance de circonstances favorables indépendantes de ta seule volonté, comme les conditions climatiques. N'est pas révolutionnaire celle ou celui qui appelle à la révolution (ou au mot magique de "grève générale"). Autant appeler le beau temps, c'est aussi efficace.
Et contre le découragement et les coups de blues, et bien il y a la "chaleur du troupeau" , les lieux et les groupes in vivo ou virtuels.
digger
 
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