Société contre répression (vers le communisme)

Société contre répression (vers le communisme)

Messagede altersocial » 07 Oct 2012, 11:51

:arrow: Ce sujet est une tentative d'amorce de débat en réponse aux deux sujets suivants :

prison?

face à un meurtre, comment doit réagir une communauté anar

Par exemple je voulais réagir aux affirmations suivantes - avec lesquelles je suis en désaccord :
"Il serait jugé par un jury populaire qui déciderait d'une sanction suite à un procès publique." - "puis le bannissement, une sorte de mort social dans les sociétés traditionnelles." - "Mais le bannissement doit être plus que local, sinon il peut aller de ville en ville" - "Tiens piero t'es pas pour une fédération libre de communes libres ? " etc


Plusieurs réflexions :

- ces sujets partent du principe qu'une société communiste & libertaire (c'est plus large qu'anarchisme) peuvent mettre en place des structures répressives : c'est commencer par la fin car pour qu'il y ait "répression" il faut une "déviance", et là c'est faire de la "criminalité" un fait social humain intemporel jalonné de tristes lieux communs (l'homme est un loup pour l'homme" etc.)

- de plus les solutions partent du principe localiste pour le règlement des conflits ce qui je pense est une erreur pour une société communiste-libertaire car l'individu n'y serait pas la propriété jetable d'une communauté et qu'au contraire le communisme mondial serait un dépassement du localisme, voir un dépassement du clivage fédéralisme-centralisme (mais là c'est un autre débat que je n'aborde pas ici),

- que les sociétés traditionnelles pratiquent "le bannissement comme mort social" ce qui ne veut strictement rien dire puisque sociétés "traditionnelles" est une étiquette commode qui regroupe une variété de situations socio-politiques différentes voire antagonistes : entre une groupe-fratrie qui pratique le communisme "primitif" sans jamais connaître de crimes en son sein et une société clanique dont la base du fonctionnement répressif est la vendetta comme institution de régulation des conflits il y a une marge dans laquelle on peine à voir un systématisme du bannissement. Le communisme du futur ne sera pas un retour au droit coutumier car ce serait faire reposer le fonctionnement d'une société sans exploitation et sans classe sur un principe qui ne le concerne pas.

Je propose de développer le premier point : comment imaginer qu'une société communiste, qui ne produit pas l'insatisfaction dans un contexte d'abondance puisse conduire à des crimes ? Et si on allait chercher dans le fonctionnement économique des sociétés claniques communistes des pistes de réflexion ? Le "crime" n'est pas dans la substance de l'homme car il apparait dans certaines sociétés et pas d'autres.

En guise d'avertissement je dirai qu'il ne s'agit pas ici de faire des "sociétés communistes primitives" :
-des modèles du passé à appliquer au présent,
-des types de sociétés idéales sans répression/oppression, au contraire.
Mais certaines typologies des sociétés communistes "primitives" permettent de comprendre en quoi la planification des besoins qui y est institué et sa façon d'y répondre rend le crime comme "illogique", que les limites (productions, isolement, échanges, environnement hostile) impose des formes d'oppression qui n'auraient pas lieu d'être dans une société communiste mondiale. :arrow: :?:
Alors procédés scientifiques aux conclusions utopiques ? Où bases concrètes pour appréhender le futur ?

N'ayant sûrement pas les capacités intellectuelles pour synthétiser un certains nombre de lectures à ce sujet je proposerai comme base de discussion un ensemble de textes souvent contradictoires et aux sources très diverses, allant de l'anthropologie libertaire à la psychanalyse marxiste.

Bref en premier j'ai trouvé ce texte intéressant :

Extrait :
Les premiers ethnologues au 19 ème, ont été confrontés en Afrique et en Amérique Latine notamment, à des sociétés dans lesquelles il n’y avait pas d’Etat, pas de pouvoir centralisé, pas d’autorité coercitive…
Exemple contemporain : les Piaroa (indiens d’Amazonie qui vivent sur les rives de l’Orinoco/ Vénezuela) étudiés par Joanna Overing. C’est une société très égalitaire que l’ethnologue qualifie d’anarchiste. Ils accordent une grande valeur à la liberté et l’autonomie individuelle et veillent à ce que personne ne soit jamais sous l’autorité de quelqu’un d’autre, à ce que personne ne puisse contrôler les ressources économiques et restreindre la liberté des autres.


A lire ici :
CM Anthropolgie politique

:arrow: Répression/oppression :

L'anthropologie libertaire de Pierre Clastres :
La Société contre l'Etat
et sa critique marxiste par Emmanuel Terray :
Une nouvelle anthropologie politique ?
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Répression/oppression/domination/... : bibliographie

Messagede altersocial » 20 Oct 2012, 14:21

Pour compléter la bibliographie de l'oppression, aux origines ....

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Lorsqu’en 1877, l’anthropologue Lewis Morgan publia sa Société archaïque, Marx et Engels s’enthousiasmèrent pour ce qui représentait à leurs yeux le premier cadre théorique permettant de comprendre les sociétés primitives et, par extension, la préhistoire des sociétés de classes. Dans son célèbre ouvrage L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, rédigé sept ans plus tard, Engels en prolongeait les principales conclusions. Il établissait ainsi sur l’évolution de la famille et l’origine de l’oppression des femmes ce qui allait devenir la référence marxiste. Or, en plus d’un siècle, découvertes ethnologiques et archéologiques se sont accumulées, les fragments épars dont on disposait alors laissant place à une vaste fresque. Malheureusement les tentatives d’actualiser la contribution d’Engels sur la base de ces nouveaux matériaux ont été bien rares.

Tel est l’objectif poursuivi par cet essai au travers d’un examen didactique des relations très diverses que les hommes - et les femmes - ont nouées depuis les temps les plus anciens. Tout en relevant sans complaisance les nombreuses conceptions dépassées de l’Origine de la famille, cette enquête suggère que la méthode matérialiste et critique proposée par Marx et Engels pourrait bien rester la meilleure clé pour pénétrer le lointain passé des sociétés humaines et mettre à jour la racine de l’inégalité des sexes, inégalité qui perdure au cœur de nos civilisations modernes.


J'ai pas lu le livre .... mais j'ai vu le film :lol: :

"La domination masculine est-elle née avec les classes sociales ?"

... et la brochure, en pdf :

http://cdarmangeat.free.fr/?p=d
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Re: Société contre répression (vers le communisme)

Messagede Pïérô » 10 Mar 2013, 02:16

Il y a différents topics sur le forum qui abordent le sujet, avec différents points de vues dans cette partie "théorie" du forum et dans lesquels il faut piocher...

Un débat public à Saint-Étienne le 15 mars :

Soirée discussion autour de la punition et l’enfermement

Vendredi 15 mars – 19h30 – Entrée et adhésion à prix libre
Espace autogéré la Gueule noire – 16, rue du Mont, 42000 Saint-Étienne


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« Pourquoi faudrait-il punir? »

Lorsqu’un individu contrevient aux codes, lois et règlements d’une société, il paraît aujourd’hui évident de le sanctionner. Le Code Pénal dresse la liste des comportements interdits ainsi que l’échelle des peines pour les infractions, délits et crimes commis, en fonction de leur nature et gravité. Dans la famille ou à l’école, punitions, sanctions et châtiments servent pour éduquer l’enfant à devenir adulte. « Pourquoi faudrait-il punir ? » La question paraît hors de propos voire même provocatrice.

Pourtant, malgré les virages récents vers le tout sécuritaire des gouvernements de toute la planète, les méfaits, violences, crimes et délits continuent de se perpétrer. Il apparaît aujourd’hui que nos sociétés contemporaines sont happées par des spirales sécuritaires vertigineuses qui viennent entraver et triturer nos réalités quotidiennes. On peut donc s’interroger, au fond, punitions et châtiments permettent-ils d’enrayer les cycles d’infractions, délits et crimes ?

En osant questionner l’évidence de la punition, Catherine Baker ouvre des portes pour nous éclairer sur les fondements même de nos sociétés et nous pousse à réfléchir intimement à d’autres types de comportements pour oser fonder des sociétés libérées.

Le collectif Manuela Rodriguez qui lutte contre tous les enfermements et plus particulièrement contre le système carcéral, propose une soirée de discussion sur le thème de la punition en compagnie de Catherine Baker qui réfléchit depuis des années sur la sanction et son application.

Catherine Baker est l’auteure de nombreux ouvrages dont Insoumission à l’école obligatoire (Tahin Party, 2006), L’abolition de la prison (Ravin bleu, 1995), Pourquoi faudrait-il punir ? Sur l’abolition du système pénal (Tahin Party, 2004).
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Société contre répression (vers le communisme)

Messagede cxre » 11 Mar 2013, 01:34

Pourquoi ne faudrait-il pas punir ? Le ressentiment et la vengeance sont des choses naturelles, qui sont dans notre nature. Si je me fais agresser (par la police par exemple : un contrôle c'est déjà une agression), je vais en vouloir à mon agresseur, et je vais vouloir qu'il "paie" ce qu'il a fait, qu'il sente ce qui j'ai subi : c'est juste une histoire de réciprocité. Et ce ressentiment, ce besoin de châtier l'autre est présent chez tout le monde. Ne me dites pas que si vous étiez fait prisonnier pour un acte tout à fait légitime que l'Etat juge injuste (fraude fiscale par exemple), vous n'en voudriez pas à vos geôliers. Et retenir ce ressentiment et l'empêcher de s'exprimer, au nom de l'humanité et du pardon, c'est précisément ce qui fait naître la résignation et la soumission.
Après je ne dis pas que châtier quelqu'un qui nous a lesé est une bonne chose à faire dans toutes les circonstances ; bien souvent il faut mieux se contrôler, ne serait-ce que par prudence. La non-violence permet de résoudre certains conflits, c'est vrai, mais elle ne doit pas (selon moi) devenir systématique, même dans une société estampillée anarchiste.
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Re: Société contre répression (vers le communisme)

Messagede Pti'Mat » 11 Mar 2013, 18:38

Après, ne pas confondre punition et justice.
"Il n'y a pas un domaine de l'activité humaine où la classe ouvrière ne se suffise pas"
Le pouvoir au syndicat, le contrôle aux travailleurs-euses !

https://www.syndicaliste.com/
http://redskins-limoges.over-blog.org/
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Re: Société contre répression (vers le communisme)

Messagede altersocial » 22 Mar 2013, 18:31

cxre a écrit: Le ressentiment et la vengeance sont des choses naturelles, qui sont dans notre nature.


L'homme n'est pas la nature, c'est un être social. Avec une conscience.

Et la bibliographie et les liens ci dessus donnent un bon exemple de groupes humains refusant et la violence et les "punitions".

Certaines sociétés fonctionnant sur le système de la vendetta refusent également la punition et préfèrent le système de compensation.

Que les sociétés industrielles déshumanisent les rapports sociaux au point d'amener chacun à une haine pulsionnelle du fautif est une chose, lui donner une valeur universelle est tout autre chose. :wink:
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Rencontre-débat avec Christophe Darmangeat

Messagede altersocial » 28 Oct 2013, 11:31

Répression, oppression, inégalités, .... conférence :

Rencontre-débat avec Christophe Darmangeat

mardi 29 octobre 2013 à 19h30
Librairie « Envie de lire »
16, rue Gabriel Péri
Ivry-sur-Seine (94)
Métro Mairie-d'Ivry

Conversations sur la naissance des inégalités

http://www.demosphere.eu/rv/28075

Auteur de "Le communisme primitif n'est plus ce qu'il était . Aux origines de l'oppression des femmes" (Smolny, 2009), puis d'une belle préface de mise en perspective historique à la récente réédition de «L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat» d'Engels par nos amis du Temps des Cerises, Christophe Darmangeat poursuit sur sa lancée avec Conversations sur la naissance des inégalités.

Dans ce livre court mais dense publié aux éditions Agone, il met à profit les apports des anthropologues, des préhistoriens et des archéologues pour approfondir un thème cher au célèbre tandem de barbus : le passage des sociétés égalitaires à celles marquées par les premières inégalités matérielles, qui donneront par la suite naissance aux sociétés de classe que nous connaissons. Au travers d'un vocabulaire clair et précis, le cheminement de la réflexion rejette tous les poncifs, depuis la «loi de la jungle» et «l'homme loup pour l'homme» jusqu'au mythe du «bon sauvage» et des «paradis perdus». Et nous rappelle, entre autres, que ce qu'il y a de bien avec le fait de retracer les origines des inégalités économiques et des classes sociales, c'est qu'on peut penser qu'ayant eu un début, elles auront aussi une fin...

Gageons que, si la forme du dialogue imaginaire adoptée par Darmangeat contribue à donner à son livre un dynamisme entraînant, la conversation à plusieurs voix, bien réelle, que nous aurons avec lui, sera des plus stimulantes!

Lien : http://www.demosphere.eu/rv/28075
Source : http://envie-de-lire.fr
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Alain Testart - L’amazone et la cuisinière

Messagede altersocial » 08 Fév 2014, 09:03

Oppression sexuelle : aux origines de la division sexuelle du travail :

http://contrecapital.blogspot.fr/2014/0 ... avail.html
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