Autogestion : théories, pratiques et critiques

Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 27 Avr 2017, 16:59

Montpellier
Rencontres de l’autogestion

Premier rendez-vous des rencontres de l’autogestion organisées par le groupe "Un Autre Futur" de la Coordination des Groupes Anarchistes, jeudi 27 avril à 20h - Discussion avec deux coopérateurs de SCOP-TI.

« Il nous paraît important de montrer que l’autogestion est une pratique qui existe déjà, que les pratiques autogestionnaires peuvent constituer un outil porteur de perspectives et un chemin pour les luttes, de voir dans quelles conditions, et face à quelles difficultés. »

• Jeudi 27 avril, à 20h discussion avec deux coopérateurs de SCOP-TI, coopérative ouvrière produisant des infusions et thés à Gémenos. Coopérative créée par les ouvriers de Fralib, après 1336 jours de lutte face à leurs licenciements : http://www.scop-ti.com/

La discussion sera précédée de la projection de « Demain l’usine » (50 min), documentaire de Clara Teper :

« Après 4 ans de lutte contre la multinationale Unilever, les ouvriers de Fralib se sont réappropriés leur usine et gèrent collectivement leur coopérative ouvrière, la Scop-ti. Quelques mois après la relance de la production, que signifie pour chacun cette nouvelle manière de vivre le travail ? »

• Vendredi 12 mai : échange avec des membres de la Conquête du pain, boulangerie bio autogérée à Montreuil : http://www.laconquetedupain.fr/
• Samedi 13 mai : table ronde sur l’autogestion avec plusieurs intervenant-e-s venu-e-s témoigner d’expériences et projets autogestionnaires (Conquête du pain, La Cagette, etc.)

Des rencontres sur l’autogestion, pourquoi ?

Il nous paraît important de montrer que l’autogestion est une pratique qui existe déjà, que les pratiques autogestionnaires peuvent constituer un outil porteur de perspectives et un chemin pour les luttes, de voir dans quelles conditions, et face à quelles difficultés. Ainsi, nous souhaitons mettre en lien et interroger les expériences autogestionnaires avec la nécessité d’un changement social, en rupture avec l’électoralisme et le capitalisme.

De nombreuses expériences autogestionnaires existent, portées par des collectifs de personnes soucieuses d’expérimenter des relations humaines basées sur l’entraide, la démocratie directe, la responsabilité, la liberté. Nous avons donc invité des intervenant-e-s pour échanger autour de leurs expériences et projets en cours.

Nous pourrons au cours de ces rencontres tenter de mieux définir la notion d’autogestion, en affiner notre propre conception, à travers des questionnements pratiques et immédiats.

Dans une période où nous subissons les attaques toujours plus violentes du capitalisme et ses conséquences, où les idées réactionnaires, les replis identitaires, les logiques guerrières, ont le vent en poupe, il nous semble nécessaire de partager nos pratiques, voir comment peuvent s’envisager des basculements politiques, économiques et sociaux, et explorer les voies pouvant mener vers un indispensable changement social sur des bases émancipatrices.

Ces rendez-vous sont proposés par le groupe "Un Autre Futur" de la Coordination des Groupes Anarchistes, à la librairie « La Mauvaise Réputation », 20 rue Terral à Montpellier, quartier Ste Anne.

https://lepressoir-info.org/spip.php?article847
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 11 Mai 2017, 20:17

Montpellier vendredi 12 et samedi 13 mai 2017

Rencontres sur l'autogestion

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http://c-g-a.org/content/rencontres-aut ... te-du-pain
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Messagede bipbip » 25 Mai 2017, 18:23

Ex-Fralib : en faire des tonnes pour gagner !

Victorieux en mai 2014, contre le groupe Unilever, au bout de quatre ans de lutte, les ex-Fralib ont conservé leur usine à Gémenos et crée Scop-TI, leur coopérative. Un autre combat a commencé : celui de la pérennisation de la Scop.

« On s’en sort tous ensemble, ou on perd tous ensemble ». La formule est plus qu’un slogan pour les ex-Fralib, c’est une ligne de conduite. Ils ont gagné contre le groupe Unilever au terme d’une lutte collective de 1336 jours. Pour la Scop, même tarif. Le succès ou l’échec sera celui de tous.

Fort de ce principe, tous les ex-Fralib encore présents à la fin de la lutte et souhaitant participer à l’aventure, ont été embauchés. Ils sont aujourd’hui 42 à y être salariés et passeront bientôt à 46. « Nous avons procédé différemment des entreprises capitalistes en intégrant les salariés en fin de droit, avant la montée en puissance de la coopérative » revendique Olivier Leberquier délégué CGT et directeur général délégué de Scop-TI. Un choix périlleux pour l’équilibre de la société, dont la montée en charge a été contrariée avant même sa création.

Lors de son passage à l’usine en 2012, « Arnaud Montebourg a pris l’engagement d’imposer à Unilever la réquisition de la marque Éléphant », se souvient le syndicaliste. Une promesse vite oubliée. Pire, l’ancien candidat à la primaire socialiste de 2012, devenu ministre du Redressement productif, n’a même pas agité cette menace pendant les négociations en 2013. Une faute impardonnable pour Olivier Leberquier. Avec l’abandon de ce moyen de pression, Unilever a attendu encore un an avant de plier et signer un accord de fin de conflit en mai 2014. Les conséquences ont été lourdes.

Ce temps perdu a contraint les ex-Fralib à créer leur coopérative dans un contexte défavorable. Celui du basculement à droite de la communauté de commune, alors propriétaire pour un euro symbolique des machines. Il leur a fallu guerroyer pour qu’elle les rétrocède aux mêmes conditions et pour obtenir toutes les autorisations. Finalement, la production redémarre en août 2015. Mais, de nombreux ex-Fralib arrivent en fin de droit, rendant leur embauche urgente. De plus, la perte de la marque Éléphant représente plus de 500 tonnes de débouchés en moins.

... https://rapportsdeforce.fr/ex-fralib-en ... ur-gagner/
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Messagede Pïérô » 01 Juin 2017, 15:14

Scop-TI, la coopérative des anciens de Fralib, sur la corde raide

Trois ans après l’accord signé avec Unilever pour la reprise du site de Gémenos, dans les Bouches-du-Rhône, le chiffre d’affaires reste insuffisant.

Pas de répit chez Scop-TI, la Société coopérative ouvrière provençale de thés et infusions, née en 2014 de la reprise du site de Gémenos (Bouches-du-Rhône) par d’anciens salariés de Fralib. Les 26 et 27 mai, l’usine devait célébrer un double anniversaire : celui de l’accord de fin de conflit, signé il y a trois ans avec la multinationale Unilever, ex-propriétaire de Fralib, fixant les conditions de la reprise du site, et le lancement, il y a deux ans, de la marque de thés et infusions 1336, comme les 1 336 jours qu’avait duré la lutte.

Mais la fête a dû être reportée à la fin juin. Le temps manquait pour préparer l’événement. Sans doute l’esprit aussi, car la coopérative, qui a lancé sa propre marque bio en 2016, traverse une passe délicate.

« Il faut qu’on booste les volumes »
Certes, Scop-TI, qui fabrique aussi des produits pour des marques de distributeurs (MDD) comme Intermarché, Leclerc ou Système U, s’est déjà reconstruit une image. « Nous avons réussi notre lancement », estime Gérard Cazorla, président de Scop-TI et ancien secrétaire CGT du CE de l’ex-Fralib. Presque deux ans après les premières ventes dans les rayons, en septembre 2015, « nous avons une notoriété qui, normalement, s’obtient en dix ans. Nous avons un référencement national dans certaines enseignes comme Auchan ou Carrefour, ce qui est exceptionnel ». Mais d’autres enseignes importantes manquent, comme Casino. Le président de la coopérative pense que Scop-TI est trop à gauche pour elles.

Le chiffre d’affaires reste insuffisant. En 2015, en trois mois d’exercice, il a atteint 460 000 euros. En 2016, 1,8 million d’euros. Pour 2017, 2,8 à 3 millions d’euros sont attendus. L’objectif était d’atteindre l’équilibre financier en fin d’année. « Ce sera plutôt pour le premier semestre 2018 », estime le président.

... http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... XembGCr.99
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 07 Juin 2017, 00:57

C’est quoi les communautés autonomes du Chiapas ?

Lors de la dernière fête des Lentillères, début avril, l’émission radiophonique "vacarme en réunion (VNR)" a rencontré Jérôme Baschet qui revenait du Chiapas avec une exposition de peintures réalisées dans les communautés autonomes et présentées dans le quartier libre dijonnais. L’occasion de revenir avec lui sur le Chiapas et les formes d’organisation qui s’y déploient. Un extrait de cet entretien vous est ici transcrit, vous pouvez aussi l’écouter.

... https://rebellyon.info/C-est-quoi-les-c ... s-du-17882
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 17 Juin 2017, 14:44

Radio. La lutte des Fralib

Pendant quatre ans, les salariés de l'usine de thé Fralib à Gémenos, près de Marseille, se sont battus contre le groupe Unilever pour empêcher la fermeture de leur usine. Grâce à leur détermination, ils ont réussi à garder l'usine et à créer leur coopérative SCOP-TI.

Emission à écouter : https://www.franceculture.fr/emissions/ ... des-fralib
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 22 Juin 2017, 21:53

Metz mercredi 28 juin 2017

De l’autogestion en Argentine !

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Le 28 juin à partir de 18h, dans le cadre d’une soirée sur l’autogestion en Argentine et d’une coopération avec le Secrétariat International de la CNT, les syndicats de la CNT Moselle invitent toutes et tous à participer à une rencontre avec la coopérative argentine LAVACA ainsi qu’à la projection du film « Nosotros del Bauen ».

LAVACA est une coopérative située à Buenos Aires. Née en 2001 dans le cadre des protestations contre le gouvernement argentin aux cris de « que se vayan todos » (qu’ils s’en aillent tous).

Depuis elle se propose d’être un outil favorisant l’émancipation des individus et des classes populaires en favorisant l’autogestion des projets de vie personnels et collectifs, la libre circulation des nouvelles formes de pensé et d’action, ainsi que l’exercice de la liberté comme une forme de contre pouvoir. Dans cette optique, et au contact de populations très diversifiées telles que les habitants des bidonvilles argentins, des populations d’origines amérindiennes, des transsexuels, des universitaires... la coopérative LAVACA s’est dotée de nombreux outils tels que le magazine « Mu », une station de radio, une agence d’information , un centre culturel, et elle anime et édite de nombreuses brochures ou ateliers d’information alternative au service des classes populaires.

Aujourd’hui la coopérative LAVACA est victime en Argentine d’une répression violente de la part du pouvoir politique.

Cette rencontre sera accompagnée de la projection du film « Nosotros del Bauen » : Dans le cœur de Buenos Aires, l’hôtel Bauen, fut construit sous la dictature militaire, pour accueillir la coupe du monde de football. Durant 25 ans, ses employés ont servi l’élite argentine et accueilli les touristes venus du monde entier. Depuis mars 2003, ils travaillent en autogestion, se partageant les tâches et les salaires, votant lors des assemblées générales toutes les décisions les concernant. Elena, Osvaldo, Santiago, Marcello, sont quelques-uns des employés de la coopérative. Ils luttent aujourd’hui contre leurs anciens patrons, désireux de récupérer l’immeuble à leur profit. Droit au travail contre droit à la propriété, quelle légitimité l’emportera ? À partir de ce lieu unique, le film se propose de plonger au cœur de l’autogestion et de rendre compte de l’Argentine d’aujourd’hui.

Union Départementale des syndicats CNT de Moselle
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 26 Juin 2017, 09:28

Agroalimentaire. Avec Fraliberthé, Scop-TI lance son réseau militant

La coopérative ouvrière compte sur la constitution du réseau militant de promotion de son modèle social et de ses produits, porté par la nouvelle association, pour remédier aux problèmes de commercialisation de ses thés et infusions.

Omar Dahmani n’est ni une vedette vue à la télé ni le dernier vainqueur d’un télécrochet à la mode. Mais les visites que cet ancien Fralib a effectuées cette semaine en Île-de-France ont à chaque fois suscité un incroyable engouement. À Saint-Ouen-l’Aumône mardi soir, lors d’une projection du documentaire 1 336 Jours, sur leur lutte emblématique, comme le soir suivant au lycée autogéré d’Aubervilliers et toute la semaine au congrès de la fédération CGT du bâtiment à Montreuil, le président de Fraliberthé, association de soutien à la coopérative ouvrière provençale Scop-TI née de la lutte contre Unilever et la marque Éléphant, a reçu chaque fois les mêmes témoignages. « Ce que tu nous as dit, de votre lutte, ça donne la chair de poule. On aimerait nous aussi vivre une victoire comme la vôtre », s’est-il par exemple entendu dire à la sortie de sa prise de parole, au siège de la confédération.

jusqu’à présent, les offres d’aide ne trouvaient pas de débouchés concrets

Cette flamme que le récit de leur combat fait immanquablement naître dans les yeux de leurs interlocuteurs, les anciens Fralib y sont attachés. Ils l’ont animée à travers leur première association de soutien, Force et bon thé, qui recueillait les soutiens en dons et en nature au plus fort des 1 336 jours d’occupation de l’usine de Gémenos. Ils espèrent aujourd’hui lui offrir un nouveau souffle avec la constitution de Fraliberthé. « Quand on voit les gens, c’est magnifique : ils veulent tous nous aider pour faire en sorte qu’on réussisse. Parce qu’on montre tous les jours avec la coopérative qu’on n’a pas besoin des patrons, que les salariés ne sont pas des matricules, qu’ils peuvent venir travailler avec la banane parce qu’ils décident ensemble de la vie de leur entreprise », s’enflamme Omar Dahmani, ex-opérateur logistique et ex-syndicaliste a du temps d’Unilever, actuellement au chômage et premier ambassadeur bénévole de l’association. Mais, jusqu’à présent, les offres d’aide ne trouvaient pas de débouchés concrets. D’où la constitution récente de Fraliberthé. L’association, sociétaire de Scop-TI, fédère les forces qui se proposent. « Contre une cotisation de 13,36 euros, chaque adhérent devient un ambassadeur acteur. Il peut proposer des initiatives locales pour promouvoir la coopérative, c’est-à-dire aussi bien propager son modèle coopératif et social qu’assurer le rayonnement des produits 1336 ou Scop-TI. Et l’association possède des statuts spéciaux qui lui permettent de vendre des coffrets et de recevoir des dons », reprend Omar Dahmani.

http://www.humanite.fr/agroalimentaire- ... ant-637936
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede Pïérô » 30 Juin 2017, 10:41

Lille, vendredi 30 juin 2017

Rencontres sur les Coopératives Argentines et Grecques

RENCONTRE AVEC UNE REPRESENTANTE DE LAVACA
LAVACA est une coopérative sociale située à Buenos Aires. Son local installé au centre de la capitale argentine est voisin (et ce n'est pas un hasard) de celui des Mères de la place de Mai. La coopérative intervient sur des terrains très variés en travaillant notamment avec des organisations autogérées au sein de secteurs marginaux : bidonvilles, peuples originaires (communautés indiennes), écologie et nouvelle radicalité. Elle mène également une importante activité de recherche dans les champs sociaux et scientifiques. Il est assez rare de trouver au sein d'une même organisation ce mélange entre des « villeros », (habitants des bidonvilles), des transsexuels, des chercheurs, des scientifiques, des artistes… tous ensemble impliqués dans des activités communes.

URGENCES
Depuis le changement de majorité en Argentine des actions violentes ont eu lieu contre Lavaca. Des liens et des contacts multiples sont la meilleure défense.

RENCONTRE AVEC HÉLÈNE DESPLANQUES
Hélène Desplanques, auteure et réalisatrice
"il y a un an, elle à réalisé un long reportage en Grèce pour la revue 21, sur une avocate de Thessalonique qui s'occupe, entre autres, de l'entreprise Viome, exemple le plus célèbre en Grèce actuellement, d'entreprise récupérée et autogérée."
http://www.viome.org/p/francais.html

PROJECTION DU DOCUMENTAIRE
NOSOSTRO DEL BAUEN (Nous autres du Bauen)
Un film de Didier Zyserman • 2010 • France • Documentaire • 95 min • Couleur •
Dans le cœur de Buenos Aires, l'hôtel Bauen, fut construit sous la dictature militaire, pour accueillir la coupe du monde de football. Durant 25 ans, ses employés ont servi l'élite argentine et accueilli les touristes venus du monde entier. Depuis mars 2003, ils travaillent en autogestion, se partageant les tâches et les salaires, votant lors des assemblées générales toutes les décisions les concernant. Elena, Osvaldo, Santiago, Marcello, sont quelques-uns des employés de la coopérative. Ils luttent aujourd'hui contre leurs anciens patrons, désireux de récupérer l'immeuble à leur profit. Droit au travail contre droit à la propriété, quelle légitimité l'emportera ? À partir de ce lieu unique, le film se propose de plonger au cœur de l'autogestion et de rendre compte de l'Argentine d'aujourd'hui.
Site : http://www.lavaca.org/

à 19h, Maison des syndicats CNT, 32 rue d'Arras, Lille

Image

http://www.cnt-f.org/59-62/
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 08 Juil 2017, 12:59

A Barcelone, une communauté écolo et autogérée ouverte sur le monde

Niché dans les collines du parc naturel de Collserola, à l’ouest de Barcelone, l’écovillage Can Mas Deu occupe depuis quinze ans les murs d’une ancienne léproserie. Près de trente personnes y vivent, prônant l’autogestion, la reconnexion avec la nature et la « désobéissance créative ».

... https://reporterre.net/A-Barcelone-une- ... r-le-monde
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 27 Juil 2017, 19:05

Pourquoi l’autogestion ?

Bulletin de recherche sur l’autogestion de l’UGAC (Union des Groupes Anarchistes-Communistes)

Pourquoi l’autogestion ?

L’ERE DU DESENCHANTEMENT

Notre époque, ont dit nos intellectuels, est celle du désenchantement. La révolution a partout échoué, les forces d’oppression ont non seulement reconquis, par d’autres voies, ce que l’on croyait leur avoir fait perdre définitivement, mais ont été encore plus loin dans l’exploitation des masses, "nos" prolétaires n’ont plus qu’une idole : le veau d’or et les valeurs bourgeoises, les partis et organes de contestation et d’opposition se sont intégrés à l’Etat bureaucrate ou sont en voie de l’être, le mouvement révolutionnaire est atomisé en multiples chapelles se jetant l’anathème les unes sur les autres. La réaction est à l’offensive : les adultes se sont démis et les jeunes qui semblent vouloir persister dans la révolte ne sont plus guidés, disent toujours nos penseurs, par les valeurs humanistes, comme par le passé, mais semblent plutôt viser leur propre destruction à travers celle de l’ensemble de la société. Cynisme et nihilisme ! Bien qu’un tel tableau de ces généralisations ne puisse rendre compte de l’essentiel, à savoir la complexité de la réalité de notre époque, tout cela pourrait sembler vrai à contempler le spectacle de notre réalité sociale en un large survol, mais il n’en est rien car cette perception s’effectue à travers les verres déformants de l’idéologie bourgeoise.
A propos de la révolte des jeunes, arrêtons-nous sur ce qu’écrivent les étudiants situationnistes de Strasbourg dans leur brochure : De la misère en milieu étudiant.... L’idéologie dominante et ses organes quotidiens, selon des mécanismes éprouvés d’inversion de la réalité, ne peut que réduire ce mouvement historique réel à une catégorie socio-naturelle : l’idée de la jeunesse (p. 12) il serait dans l’essence d’être révolté. Ainsi, ramène-t-on une nouvelle jeunesse de la révolte à l’éternelle révolte de la jeunesse...(p. 12). La bourgeoisie, en posant cette révolte des jeunes comme un phénomène en soi, sans rapport avec les luttes passées contre son oppression et le contexte actuel, veut en faire "la sphère aberrante déjà intégrée, nécessaire au fonctionnement du système social" (id, p. 13), une soupape de sureté pour son régime. Or, cette révolte n’est pas un élément isolé et irréductible mais une simple manifestation d’un malaise plus profond qui tient au caractère répressif de notre société : si celui-ci est ressenti, avec plus d’acuité par la jeunesse c’est que "produit par excellence de cette société moderne, elle est moderne" (id). Si la contestation semble réservée aux jeunes c’est la démission des adultes qui peut l’expliquer : "ce qui doit surprendre ce n’est pas tant que la jeunesse soit révoltée mais que les "adultes" soient si résignés". Ceci n’a pas une explication mythologique mais historique.
La génération précédente a connu toutes les défaites et consommé tous les mensonges de la période de la désagrégation honteuse du -mouvement révolutionnaire (id). En fait, la présence de nombreux camarades, dont les tempes grisonnent depuis longtemps déjà, dans la lutte à mort contre le capital, devrait suffire à nous assurer que le problème n’est pas à poser en termes d’années mais en termes politiques. Si la révolte est jeune et qu’elle le parait c’est qu’elle est refus des vieux dogmes qui ont figé l’élan révolutionnaire, des démarches réactionnaires de certains adultes - du moins les "têtes" pensantes ou vides aimant appeler ainsi. En effet, l’explication est historique, elle passe par la critique du phénomène bureaucratique, dont on a pris pour fâcheuse habitude de le symboliser en la personne de Staline, comme si ce dernier, une fois disparu, les bureaucraties avaient été balayées, ce qui permet d’en parler à l’aise et avec bonne conscience. C’est donc encore une fois de la faiblesse du mouvement révolutionnaire dont il faut partir pour saisir cet état de décrépitude et de désenchantement dont nous parlaient tout à l’heure les idéologues bourgeois.

UNE ANALYSE POLITIQUE NECESSAIRE

A lire le sombre tableau descriptif de la situation qui est la nôtre, nombreux seront ceux qui vont crier, l’accuser d’un pessimisme exagéré. Ce sont les aveugles, ceux dont la cécité s’appelle mauvaise foi. On nous parlera alors de l’existence de certains groupes d’individus détenant la pure flamme de la Vérité révolutionnaire, modernes vestales du feu sacré de la Révolution, nous pouvons leur répondre sans craindre qu’il n’y a pas dans nos pays capitalistes avancés de groupes révolutionnaires, des individus de cœur et de pensée révolutionnaire, de même que des approches, des tentatives de lutte révolutionnaire existent, cela est certain, mais point de pratique révolutionnaire. Or, seule celle-ci donne un sens à un groupe politique puisqu’elle est réalisation de son projet essentiel. La preuve de cette absence de lutte révolutionnaire en est dans l’incohérence, la discontinuité de l’action des groupuscules existants. Des grands partis, nous pensons surtout au P.C.F., ont une pratique cohérente mais elle est réformiste. Les "révolutionnaires" entreprennent de multiples actions, ne les reliant les unes aux autres et toutes à leur situation que verbalement : l’exemple du militant du F.N.L. vietnamien est à cet égard éclairant. En un mot, toutes ces interventions ne constituent pas une action véritable, par manque d’un projet unificateur, d’une perspective globale de lutte radicale. C’est cette perspective, ce projet que nous nommons ligne politique. Il devient dès lors évident que l’élaboration de cette ligne, dans ses détails ne peut se réaliser que dans, et à partir, d’une analyse profonde de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Le capitalisme a compris la nécessité d’une telle analyse et l’a déjà entreprise depuis longtemps, le nombre d’études économiques, sociologiques et politiques de valeur à ce sujet, de la part de penseurs bourgeois, abondent (notamment aux U.S.A.). Là aussi le capitalisme est à l’offensive.
Les révolutionnaires, eux, en sont encore à entreprendre cette tâche, à quelques exceptions près, qui n’existe qu’à l’état d’embryon, certains hommes de "gauche" s’y étant attelés de manière plus poussée comme c’est le cas par exemple, d’A. Gorz dont le titre de son livre : Néo-Capitalisme et stratégie ouvrière recouvre exactement la problématique que nous soulevons ici, mais pour déboucher sur le réformisme le plus dangereux, celui des technocrates de gauche dont certaines têtes du PSU sont l’incarnation. Nous entendons dire très souvent que le monde change, le capitalisme atteint une nouvelle phase de développement, qui a sa spécificité. Or, les organisations ouvrières et "révolutionnaires" en sont encore à lutter avec les armes du passé, étouffées, qu’elles s’en défendent ou non, par le poids des théories qui au lieu de se dépasser elles-mêmes, dont devenues des dogmes, cela dans la majorité des cas. Les intrépides, et il faut voir quels intrépides, sont excommuniés par les "papes" de la Révolution. Le Marxisme, dont le projet au XIX° siècle est le même qui nous fait défaut aujourd’hui est devenu un système clos, dénaturé ainsi dans sa caractéristique essentielle, celle d’être un outil de recherche, une méthode d’analyse et de lutte. Comment s’étonner dès lors de l’indifférence de la "masse" à nos idées, de sa "dépolitisation" comme disent certains. En effet, elle ne vit pas dans le monde de l’idéologie de nos penseurs, ni même dans celui des ouvriers européens du siècle dernier que Marx étudiait, elle vit "hic et nunc" dans le Néo Capitalisme de nos sociétés. Lui parler le langage des vieilles doctrines révolutionnaires, c’est lui parler une langue étrangère qu’elle ne peut de ce fait comprendre, qui est pour elle sans intérêt, puisque ne répondant pas à ses préoccupations quotidiennes. Ne retrouvant pas dans la propagande des groupes dits révolutionnaires, ni l’analyse de sa propre situation donc aucune perspective de s’en sortir, elle est naturellement confinée au réformisme ou à l’immobilisme petit bourgeois. La soit disant dépolitisation des masses n’est autre que l’impuissance des révolutionnaires à saisir la situation actuelle et à animer une lutte véritablement révolutionnaire. Leur réveil passe par cette analyse et ce projet que nous réclamerons désormais à corps et à cris et que nous entreprendrons sans délai.

UNE METHODE RÉTROACTIVE

Le constat d’impuissance que nous venons de faire est celui de notre impuissance, l’exigence d’une ligne politique est devenue la nôtre. C’est pourquoi nous voudrions montrer comment et pourquoi l’élaboration de cette ligne politique nous a paru résider dans l’explicitation de la démarche autogestionnaire qui semble pouvoir nous permettre de dépasser nos faiblesses actuelles et répondre à nos exigences. Il faut tout d’abord dire que cette prise de conscience s’est faite de façon très parcellaire et très graduelle, à des niveaux diverse et surtout d’une manière intuitive.
En effet, sans cela certains nous objecteraient de présenter une fin à notre démarche avant même d’avoir réalisé l’analyse approfondie que nous réclamions précédemment, fin qui serait celle de l’autogestion. Or, il faut reconnaître que les solutions sont parfois en avance sur la résolution proprement dite des problèmes. Ainsi il est certain que le concept d’autogestion nous a paru la réponse appropriée à bon nombre de nos préoccupations, avant même que nous puissions le remplir d’un contenu détaillé. Nous avons plus senti que compris clairement et rationnellement que la démarche autogestionnaire était celle que nous devions emprunter alors que nous nous débattions dans des difficultés d’ordre différent. C’est justement l’indétermination de cette prise de conscience, mais aussi sa généralité, qui nous a amenés à tenter d’élucider les liens qui unissaient cette démarche autogestionnaire à notre situation de faiblesse. Nous avons abouti à la conclusion que cette élucidation portait sur trois niveaux, dont nous allons aborder maintenant le premier.

BUREAUCRATIE ET AUTOGESTION

Puisqu’il s’agit d’une dégénérescence, partons de la position du militant des organisations communistes et des difficultés qui en découlent en ce qui concerne notre problématique. Militer dans une organisation révolutionnaire c’est participer à l’élaboration de sa ligne politique, c’est donc pouvoir discuter et créer et cela nécessairement. Or, la vie d’une cellule du P.C. est celle d’un ghetto isolé des autres cellules et de la réalité extérieure, où les discussions tournent en vase clos, sans se répercuter ni sur le reste du parti, ni sur l’extérieur. D’où la terrible question : à quoi bon militer si c’est pour que la ligne politique que l’on présentera comme la nôtre ne soit pas notre œuvre et que nous devions, comble de machiavélisme, l’exécuter sans rechigner puisque c’est la nôtre (cf. l’argument stalinien de l’inexistence des grèves en pays "socialistes", du fait que ce sont les ouvriers qui sont au pouvoir dans ces pays et qu’il serait absurde que le prolétariat se soulève contre lui-même). Et cela même si cette ligne politique est révolutionnaire. Nous savons bien, que si une ligne politique n’est élaborée que par une élite, elle ne peut être révolutionnaire, car celle-ci bien que produite par la base, a tendance à se séparer de celle-ci et à être dotée d’intérêts spécifiques qui tiennent à sa place de dirigeants et cela même s’il ne s’agit que d’un parti d’opposition comme c’est le cas ici, et non d’un parti au pouvoir. Bien plus, il n’y a de vérités révolutionnaires que celle des masses, même si une poignée de penseurs politiques peuvent élaborer correctement la ligne révolutionnaire de l’ensemble du prolétariat et qui ne peut être que celle de cet ensemble, ce que nous avons déjà démontré impossible et que nous n’utilisons encore que comme hypothèse de travail, elle ne peut être authentiquement révolutionnaire car elle est reçue passivement par les masses et ne correspond pas à une prise de conscience effective de celles-ci, prise de conscience indispensable pour qu’il y ait réellement projet révolutionnaire. La prise de conscience ne peut s’effectuer à la place d’autrui.
(… manque 3 lignes dans l’original)…s’agit en fait d’un problème théorique de haute importance : celui de la conception marxiste-léniniste de l’organisation révolutionnaire, le centralisme démocratique, conception que nous avons été amenée à critiquer en ces termes :

La critique essentielle que l’on peut adresser au centralisme même lorsqu’il est démocratique, i.e. MEME SI LES propositions du centre sont discutées et amendées par la base, est qu’un tel type d’organisation réservant véritablement l’initiative à l’élite du parti ouvrier, plonge les militants de base dans la passivité et vise à les maintenir dans l’état de soumission qu’ils acceptent souvent très bien, car ils sont victimes de l’aliénation capitaliste qui leur fait prendre leur inculture contingente et circonstancielle pour une insuffisance nécessaire et naturelle. Il ne faut pas croire que pour abolir au sein de l’organisation révolutionnaire la division bourgeoise entre travail intellectuel et travail manuel, source de toute exploitation, il suffise de demander leur avis aux "militants de base" sur les textes des têtes du mouvement ; il faut bien au contraire affirmer que les textes, les positions politiques, les décisions de toutes sortes, etc. doivent être plus que discutées par tous, doivent être élaborés complètement et collectivement, sous forme de synthèse des différents travaux de groupe. Ainsi le pouvoir qui est essentiellement initiative et autonomie appartiendra à tous les révolutionnaires au sein de leur organisation et à tous les travailleurs dans la totalité de la société. Sinon il est certain qu’un texte tout prêt oriente déjà dans un sens une discussion et donc met dans une position de force le penseur attitré. Les chefs restant chefs, ce processus a vite tendance à amener tout l’ensemble sur la position de ceux-ci, non pas parce qu’ils ont raison, mais parce qu’ils sont les penseurs, ceux qui savent et dans les mains desquels la base ainsi rendue passive, remet sa capacité critique. Ainsi un centralisme démocratique ne le reste-t-il pas longtemps, puisque la discussion a cédé la place à la simple acceptation et que devant une telle pratique les chefs prennent seuls les décisions, conservant cette formalité pour le décorum démocratique de l’organisation.

Il se dessine de cette critique un remède à ce mal : le pouvoir de décision et d’élaboration de la ligne politique à tous les militants de l’organisation révolutionnaire, qui de ce fait est le fédéralisme. CETTE GESTION DE L’ORGANISATION DANS SA TOTALITÉ PAR L’ENSEMBLE DES MILITANTS S’APPELLE AUSSI : AUTOGESTION.
A cela les bureaucrates ont toujours opposé "l’efficacité" : tous ne peuvent élaborer la ligne politique comme si celle-ci était affaire de spécialiste, il faut guider les masses sur la voie de la prise de conscience, il faut que l’avant garde du prolétariat s’organise et prenne les initiatives au nom de ce dernier pour le défendre contre les assauts de la bourgeoisie ou des bureaucrates pour enfin liquider cette dernière. Le Fédéralisme serait dès lors une façon d’affaiblir le prolétariat et donc serait l’allié objectif du capital. Le centralisme devient dès lors une nécessité que nous impose l’efficacité révolutionnaire. Or, au nom de cette efficacité on nous a depuis longtemps fait sacrifier la véritable efficacité qui est l’expression de la volonté des masses de détruire toute forme d’exploitation et de contrainte, que celles-ci soient de la bourgeoisie ou des bureaucraties "ouvrières". Nous ne voulons pas de l’efficacité à tout prix pour l’efficacité, il y a assez de Taylor du Capital, mais l’efficacité de la lutte révolutionnaire, c’est-à-dire de celle de l’ensemble des masses exploités, dans leur véritable expression. Pour l’efficacité il nous faudrait abandonner la ligne révolutionnaire, comme nous l’avons vu à propos de l’appareil centraliste ; or cela est un faux problème, un faux dilemme, car le véritable problème est celui de donner à l’organisation révolutionnaire des structures fédéralistes qui permettent à la ligne révolutionnaire de voir le jour, de’ s’exprimer, et donc d’être efficace.

LE SOCIALISME AUTOGESTIONNAIRE

Dans une organisation qui affirme pratiquer l’internationalisme prolétarien, comme c’est le cas du P.C.F. et qui entretient des liens plus ou moins étroits avec d’autres partis "frères", il n’était pas possible que la critique de nos bureaucraties ne débouche pas sur une remise en cause de la pratique de cet internationalisme dans le mouvement "révolutionnaire" tout entier ; d’où l’apparition de notre second niveau annoncé tout à l’heure.
Nous avons précédemment essayé d’indiquer qu’elle devait être la voie pour mener une critique radicale du centralisme léniniste, mais cette critique interne ne suffit pas, il faut l’étendre aux pratiques impérialistes du Komintern telles que les ont conçues les diriges moscovites. En effet, c’est toujours cette conception du centre directeur et bureaucratisé qui a permis, les conditions historiques aidant, que tous les partis communistes mondiaux fussent soumis à la haute autorité de l’appareil bureaucratique soviétique. Ayant fait triompher la révolution dans un pays, ce noyau de révolutionnaires pouvait se prévaloir de leur succès pour diriger la révolution dans le monde entier et exiger que chaque parti de tous les pays fasse passer ses propres intérêts après ceux du bastion socialiste qu’était censé être l’U.R.S.S. ; ainsi, était justifié l’alignement inconditionnel des autres partis sur la ligne moscovite et plus tard la mise en coupe réglée des "démocraties populaires" (transfert d’usines et de leur matériel du territoire de la R.D.A., à celui de l’U.R.S.S., contrats commerciaux quasi-coloniaux avec obligation de n’acheter qu’à l’Union Soviétique, de ne vendre certains produits qu’à elle, tout-cela au prix que celle-ci établissait et sous l’occupation des soldats soviétiques). Ce nouvel impérialisme était le produit du centralisme poussé dans ses conclusions extrêmes. Partant rien d’étonnant à ce que les communistes qui furent les premiers à refuser cette exploitation, furent aussi les premiers à remettre en cause, bien que de façons diverses et timides, ledit centralisme, tant au point de vue de l’organisation de leur parti que de celui de la gestion économique de la société. Nous pensons évidemment surtout à la Yougoslavie, mais aussi aux autres mouvements révolutionnaires plus ou moins inspirés du marxisme, Cuba, l’Algérie, etc. Il nous appartient donc de nous interroger sur la portée de ces expériences d’autogestions : qu’elles aient ou non revêtu ce nom, seule la signification effective de leur projet nous intéresse ici, puisque c’est à cela que revenait leur distanciation à l’égard du centralisme. La première chose qui nous frappe dans ces pays, c’est qu’à la différence des autres pays socialistes dits de l’est, ce sont leurs propres populations qui ont fait leur révolution sans qu’elle ait été exportée par l’armée rouge et que c’est sur ce réel élan révolutionnaire qui semble faire défaut aux allemands, polonais, etc. que prend racine la volonté des travailleurs de ces pays de gérer de façon réellement collective les unités de production, de planifier leur production par l’entremise de délégués qu’ils puissent élire en toute démocratie ouvrière et réellement contrôlée. C’est pour nous un indice important de conscience politique des masses révolutionnaires et de leur spontanéité, de leur aptitude à impulser une ligne politique concrète après la destruction de l’ordre capitaliste. Malheureusement ce précieux enseignement qui aurait pu être plus riche pour nous s’est vu limité par d’importantes carences qui viennent en fausser l’appréciation. Ainsi l’expérience yougoslave est à cet égard signifiante : une insuffisante collectivisation des unités de production, notamment dans l’agriculture, a permis le maintien d’une économie de marché fondée sur le principe de la vérité des prix. La concurrence réintroduit les critères de l’efficacité capitaliste, les entreprises non rentables disparaissent et leurs ouvriers deviennent chômeurs ou s’expatrient (plus d’un million et demi de yougoslaves émigrent). Mais même si ces carences sont de grandes importances, nous ne devons pas en prendre prétexte pour négliger de tirer des leçons politiques de ce recul. Citons ici Karl Liebknecht : "il y a des défaites qui sont des victoires et des victoires plus honteuses que des défaites. Victoire dans le sens où nous pensons que le mouvement révolutionnaire sortira fortifier d’une analyse impitoyable".
Ainsi dans la mesure où il semble que la révolution ne peut être qu’autogestionnaire sous peine de se trahir, nous ne pouvons-nous désintéresser de l’effort d’autres militants révolutionnaires pour réussir ce que nous ne sommes qu’à concevoir et ainsi notre propre démarche s’éclairera-t-elle ; de là la légitimité de l’analyse de ce second niveau.

STRATÉGIE OUVRIERE ET NEO-CAPITALISME

Il s’agira dans cette troisième partie de montrer la valeur de la propagande autogestionnaire dans notre pays et de ce fait ce troisième niveau de la démarche autogestionnaire est le plus important dans la mesure où il est celui qui concerne directement notre action politique de tous les jours.
La France semble aujourd’hui, comme nous l’avons dit dans notre introduction, connaître un recul des organisations révolutionnaires.
Nous avions d’ailleurs référé cette décadence à la transformation du capitalisme libéral en un capitalisme technobureaucratique plus ou moins étatisé. La France est un des pays où ce phénomène peut être très bien étudié dans la mesure où le gaullisme actuellement au pouvoir, est l’agent de cette couche ascendante de la bourgeoisie et des technocrates qui visent par les mesures favorables à la concentration et par la "police des salaires" à bouleverser l’économie française et sa société, en la mettant au niveau de la concurrence internationale. Vue l’énormité des unités de production qui sont exigées pour atteindre ce but, vue l’énormité des moyens notamment financiers, qui sont nécessaires à la bonne marche de cette gigantesque entreprise il faut dompter la seule classe susceptible de faire échouer ce plan : la classe ouvrière. Pour ce faire, le patronat contemporain ne peut pas se conduire de la même façon que le patronat de "droit divin" d’il y a un siècle. Cela veut dire que du fait de l’existence d’un parti puissant et d’un syndicat influent comme le sont le P.C.F. et la C.G.T., qui ont une large audience auprès des masses laborieuses à cette nouvelle politique économique, en leur faisant croire à l’expansion ouvrière et surtout du fait de la forme de plus en plus monopolistique et impérialiste du capitalisme qui a donc besoin d’un marché intérieur bien conditionné, il faut rallier les masses laborieuses à cette nouvelle politique économique en leur faisant croire que l’expansion qui en résultera bénéficiera à tous et bien plus, permettra une répartition des richesses qui faisant de tous les travailleurs des actionnaires de leur entreprise, supprimera le capitalisme en tant que tel ; tout le monde devenant possesseur du capital. Tel est le sens de ce que la presse a nommé le plan Loichot et que ce dernier appelle le "pancapitalisme" ainsi que du fameux amendement VALLON. Nous comprenons donc que l’heure est aux idéologies réformistes, qu’elles soient droitières ou gauchistes, puisqu’elles correspondent de près à l’intérêt vital du capitalisme présent. Le capital intégrera le mouvement ouvrier dans son système ou il périra. Cette nécessaire participation pour le Capital des travailleurs à leur propre exploitation passe bien sûr par l’intégration des syndicats à la machine d’état pour en faire de simples organes consultatifs, chargés de faire appliquer les directives du néocapitalisme par les masses. Cette intégration est déjà en cours en France alors qu’elle est, peut-on dire, pleinement réalisée aux U.S.A. ; la lutte de classes devient alors dirait ARON, simple stimulant permettant à l’économie capitaliste de se rationnaliser, il est bien évident que si le capital parvient à cette fin le mouvement révolutionnaire sera plongé dans une longue nuit dont il risque de ne pas sortir de sitôt. C’est pour cela que la défense de la ligne révolutionnaire passe, de même que l’organisation des révolutionnaires par la critique radicale du néocapitalisme et de ses mystifications. Or il faut, pour cela lutter contre la bourgeoisie sur son propre terrain, en effet pour tromper "le bon peuple" sur la réalité de ce conditionnement au néocapitalisme, celle-ci présente les bienfaits paradisiaques de la participation des travailleurs à la gestion et aux bénéfices de l’entreprise et l’intérêt qu’ils y trouveront. Nous devons démystifier cette cogestion, en montrant qu’en tout état de cause, les décisions économiques et sociales resteront aux plus gros actionnaires et non aux minimes pour cent distribués comme une manne aux travailleurs, alors qu’on les spoliera toujours d’une grosse partie des fruits de leur travail, tant il est vrai que le capital ne peut vivre sans sa plus-value. A la cogestion montrer qu’on ne peut opposer que l’autogestion, c’est-à-dire la suppression de la propriété privée, l’élimination de toutes les formes du capitalisme et donc le pouvoir effectif de décisions économiques et sociales, la répartition (?... lue) des produits du travail et la planification de ce dernier par tous, de même que sa gestion, suivant les schémas fédéralistes précédemment cités. Ainsi se dessinera une riposte révolutionnaire à l’offensive technocratique du néocapitalisme.

CONCLUSIONS GENERALES

Certains, dans ce dessin des voies de recherche au sujet de l’autogestion, nous reprocheront d’avoir oublié d’indiquer le rapport qui existe entre l’autogestion de la société et l’autonomie de l’individu, de sa liberté. D’autres, nous accuseront de vouloir effectuer "la synthèse impossible" entre marxisme et anarchisme, la conciliation des droits de l’individu et les impératifs collectivistes de la gestion d’une société. Nous répondrons à tous qu’ils font une séparation illégitime entre le domaine individuel et le domaine social. En effet l’individu ne peut s’épanouir pleinement et parvenir à la véritable liberté, puisqu’il vit dans une société aliénée qui ne le condamne qu’à une liberté abstraite cachant la réelle aliénation que s’il commence à changer la vie, c’est-à-dire s’il rase le vieux monde de l’exploitation pour construire la société communiste et libertaire : l’AUTOGESTION. En retour, une société qui briserait l’individu sous prétexte d’extirper l’individualisme petit bourgeois ne serait pas révolutionnaire, ni communiste, car il n’y a de communisme que celui de l’ensemble des masses exploitées. C’est pourquoi la révolution sera autogestionnaire ou ne sera pas.

* * * *

A PROPOS DES FONDEMENTS THEORIQUES DE L’AUTOGESTION

Cette recherche des fondements théoriques de l’autogestion est un des moments nécessaires à l’élaboration d’une ligne politique qui a pour thème fondamental : l’AUTOGESTION. Dans la mesure où pour nous, groupe révolutionnaire, l’autogestion est le système social et économique à atteindre à la suite d’une critique radicale du système capitaliste, nous aborderons cette recherche par une analyse du travail aliéné.

Le Travail

Le travail est une activité spécifique et essentielle de l’homme, c’est la création ou la production d’objets : ce que nous pouvons traduire par pratique.
Pourquoi cette activité est-elle spécifique (appartenant en propre à l’homme et à l’homme seulement) et pourquoi est-elle essentielle (définissant l’homme fondamentalement) ?
Elle est spécifique parce que l’homme seul (en face de toutes les autres créatures de la terre) peut se représenter à l’avance ce qu’il fera, ce qu’il traduira dans ses actes. Dans le travail, justement, l’individu doit avoir l’idée de l’objet qu’il aura à produire.
Elle est essentielle car l’homme n’est pas nécessairement poussé à produire des objets pour satisfaire ses besoins immédiats ou élémentaires. Une telle activité peut répondre à quelque chose de fondamental en l’homme. On peut affirmer que seul est homme et seul se perçoit comme homme celui qui crée des objets.
Le travail, ou créativité, est une production d’objets. Nous pouvons traduire ce processus par le concept "d’objectivation". Notons que dans le mot objectivation le terme objet est contenu. Le suffixe ation indique un mouvement, une élaboration, un effort de construction. Il indique les différents moments de cet effort de création.
1 - la dépense d’énergie autant intellectuelle que physique, du créateur c’est-à-dire, l’acte de production.
2 -.le résultat de cet acte de production, à savoir le produit, l’objet ou la création, objet qui devient extérieur à l’homme créateur et qui est posé devant lui-même comme étranger. Dans ce produit, est cristallisée toute l’énergie qu’il a fallu dépenser pour le produire. Cette cristallisation indique que cette énergie n’appartient plus au créateur mais à l’objet ; disons que l’homme ne colle plus à son objet quand ce dernier est achevé.

Le Travail aliéné, sa cause, sa nature.

Que devient ce processus d’objectivation (car c’est cela qui nous intéresse) dans le système économique et social capitaliste ?
Nous avons défini jusqu’à maintenant la forme idéale de ce processus. Ce modèle, nous allons le plonger dans la réalité capitaliste et nous allons voir qu’il en subit beaucoup de dommages. Le système capitaliste est fondé sur la propriété privée des moyens de production ; dès lors, certains individus possèdent les moyens de production ; ces individus, ce sont les capitalistes. Et le système est tel que tout homme est obligé d’utiliser ces moyens de production pour être créateur. Notre homme, que nous avons vu créer à l’intérieur d’un processus d’objectivation est devenu ouvrier, c’est-à-dire, un créateur qui met sa force de travail au service d’un autre homme, le capitaliste. C’est l’aliénation.
Cette nouvelle situation va changer les rapports du créateur à son objet et les rapports du créateur vis à vis de son acte de production, vis à vis de son effort de création lui-même.

Quels sont les nouveaux rapports du créateur à l’objet en tant que ce créateur est devenu ouvrier ?

De notre modèle (précédemment établi) nous avons déjà vu que l’objet achevé (la force de production cristallisée dans un produit) tendait à se détacher de son créateur. Cela veut dire que dans l’acte de production lui-même, c’est-à-dire, pendant que l’on fabrique l’objet, les rapports entre créateur et objet se posent en terme de création. Mais l’objet achevé, les rapports se posent en terme de possession. Le créateur devient propriétaire de son objet, donc le contact entre le créateur et son objet n’est plus immédiat mais subsiste cependant et se caractérise encore comme un rapport direct, celui de la possession, le créateur possède l’objet qu’il a produit.
Dans le système capitaliste le créateur, ici l’ouvrier, ne peut même plus établir des rapports de possession avec son objet. Cet objet est devenu la propriété du capitaliste.
C’est la propriété privée et capitaliste qui fait que l’objectivation devient aliénation : l’objet produit est devenu dès lors complètement étranger à son producteur. Celui-ci n’existe plus en tant que créateur mais en tant qu’ouvrier, c’est-à-dire que le travail n’est plus pour lui qu’un moyen d’assurer sa survie en tant qu’être physique. Le travail manque à sa mission qui est d’être une manifestation de la personnalité entière de l’individu, d’être une activité essentielle de l’homme. Par là même, l’homme ne vit plus d’une façon complète mais en tant qu’être physique, l’homme est devenu une moitié d’homme, comme dit Marx "l’homme devient le bestial et le bestial devient l’humain".

Que devient le rapport du créateur à son effort de création ?

Le projet de création n’appartient pas à celui qui produit les objets dans le système capitaliste. Le projet est lié à des exigences économiques et commerciales qui dépassent l’individu créateur. Ce projet lui est imposé, et d’une façon telle qu’il ne lui est pas expliqué. Le travail devient un travail forcé dès son origine. Le travail est devenu extérieur au Travailleur, nous avons déjà noté que l’objet devenait étranger à son producteur, mais là c’est le travail lui-même qui lui devient extérieur.
Ainsi, l’aliénation est maintenant complète, l’homme est devenu étranger à un objet qu’il produit et à son travail lui-même, à son activité productive, à son effort de création.
Dans la mesure où cette activité créatrice est une force vitale, une activité essentielle de l’homme, nous prouvons que l’homme est devenu étranger à soi, puisqu’il est devenu étranger à ce qui lui est essentiel à ce qui fait qu’il est un homme en face des autres créatures de la terre.

La Spontanéité et l’Autogestion

Lorsque l’individu fait un projet de création comment la spontanéité intervient-elle ? C’est parce que l’individu possède une spontanéité qu’il peut faire un projet. Nous nous souvenons qu’il a été dit que le projet était imposé au producteur, à l’ouvrier, mais nous voyons tout de suite que cet état de fait n’interdit pas à l’ouvrier des intentions de projet. Ainsi l’ouvrier aliéné devenu étranger à lui-même, pour autant qu’il puisse être autre chose qu’un ouvrier à savoir un individu libre, continue à avoir la possibilité de faire des projets. Cependant entre cette possibilité et l’élaboration du projet subsiste une marge. C’est cette marge qui est comblée lorsque le projet est conçu une fois le projet conçu un stade reste encore à parcourir, c’est celui de l’exécution de ce projet. Cette marge comblée et ce stade parcouru définissent la pratique, et notamment la pratique révolutionnaire.
Notre ouvrier est donc aliéné mais a toujours ici une qualité indestructible des intentions de projet. La spontanéité toujours existante est cependant inagissante et c’est ce qui va permettre une prise de conscience, car que la spontanéité ne soit pas suivie d’une élaboration de projet est une situation inhumaine (dans le sens où elle n’est pas naturelle). C’est pourquoi, il y a révolte de l’individu exploité, révolte qui accouchera enfin d’un projet, projet qui ne peut être que révolutionnaire. Car l’ouvrier exploité prenant conscience totalement de sa situation d’aliénation fait le premier pas vers la suppression de celle-ci. Dès lors il ne peut porter son pouvoir de contestation qu’à un niveau révolutionnaire. Restera le deuxième stade à parcourir, celui de la pratique révolutionnaire. Or, c’est à ce stade que nous introduisons la notion d’autogestion. Souvenons-nous que nous avons défini l’aliénation un état où l’objet est devenu étranger à son producteur et où le producteur est devenu étranger à lui-même. Dès lors, le projet révolutionnaire ne peut que contenir deux réconciliations ou deux rétablissements :
l’homme créateur à nouveau en rapport direct avec l’objet qu’il produit par la suppression de la propriété privée des moyens de production.
l’homme redevenu présent à lui-même c’est-à-dire produisant non plus pour satisfaire ses besoins mais en tant que la création où le travail est une activité vitale pour l’homme.

Il devient dès lors évident que le projet révolutionnaire ne peut être qu’autogestionnaire, dans la mesure où c’est seulement dans un système autogéré que peuvent s’effectuer ces deux réconciliations.
"Réconciliations" indiquant bien un mot de reconquête : il s’agit pour l’homme de reconquérir son objet et soi-même, c’est-à-dire, sa désaliénation. Et ce mot de reconquête, de l’homme par lui-même, des individus par eux-mêmes, est ce qui est contenu dans le préfixe du mot "autogestion", à savoir "auto". L’autogestion, c’est pour le créateur redevenir possesseur des moyens de production et redevenir créateur d’objets. Son projet de création ne lui étant plus imposé dans un système d’aliénation, ce projet est maintenant conçu par le créateur lui-même.

HISTORIQUE DU CONCEPT DE GESTION DIRECTE

Très tôt, certains révolutionnaires se sont rendus compte que deux grandes options révolutionnaires s’affrontaient. Ceci apparaissait déjà lors de la révolution française, dans l’opposition entre les "sans culottes" et le jacobinisme, entre les forces populaires et les théories et pratiques centralisatrices et autoritaires, les théories de l’état. La tradition des forces populaires fut gardée et développée par les anarchistes :

Malatesta, 1894 :

"La révolution comme nous la voulons, doit-être le commencement de la participation active, directe et véritable des masses, c’est-à-dire de tous à l’organisation et à la gestion de la vie sociale".

Kropotkine : l’action anarchiste dans la Révolution. De la capacité politique de la classe ouvrière :

"La part du peuple dans la révolution doit être positive en même temps que destructive. Car lui seul peut réussir à réorganiser la société sur des bases d’égalité et de liberté pour tous. Remettre ce soin à d’autres, serait trahir la cause de la Révolution".

Enfin, Proudhon : De la capacité politique de la classe ouvrière peut être considéré comme le père de l’autogestion :

"Nous, producteurs associés ou en voie d’association, nous n’avons pas besoin de l’état. L’exploitation par l’état, c’est toujours de la monarchie, toujours du salariat. Nous ne voulons pas plus du gouvernement de l’homme par l’homme, que de l’exploitation de l’homme par l’homme. Le socialisme est le contraire du gouvernementalisme. Nous voulons que ces associations soient le premier noyau de cette vaste fédération de compagnies et de sociétés, réunies dans le commun lieu de la République Démocratique et Sociale."

Le concept de gestion directe était donc bien formulé :
Participation des masses, active, la spontanéité s’organisant au niveau économique comme aux niveaux politique et social.
Un fédéralisme coordonnant l’ensemble économique et social.
Cette gestion nécessite la collectivisation, c’est-à-dire l’abolition de la propriété privée, et l’abolition du salariat.
Elle exige l’abolition de toute forme centraliste et autoritaire d’organisation : l’Etat. Et même de tout intermédiaire sous forme de parti d’élite, de bureaucratie, ou de simple farce électorale.

Plus tard, avec l’anarcho-syndicalisme et l’expérience de la C.N.T. en Espagne, apparaît l’idée que le syndicat doit jouer un rôle économique important, d’organisation, de coordination, de réglementation et de contrôle de la production, en accord avec les besoins de la consommation : Texte CNT-FAI 1937 :

"L’organisation .du travail doit se trouver entre les mains des syndicats industriellement organisés dans les conseils communaux, en évitant la collectivisation partielle des entreprises. Ce qui constituerait une négation profonde de l’esprit de socialisation... La socialisation du travail réclame la plus grande intervention des ouvriers organisés. Déjà avant le 19 Juillet, les anarchistes ont formulé la structure économique post-capitaliste donnant aux syndicats la mission d’organiser toutes les industries. Les syndicats doivent ’être organisés par industries ; chacune de celles-ci se rattache aux autres fédérativement. On organise le travail, on étudie les problèmes techniques, on fait tout directement par les syndicats. Dans chaque lieu de travail, les ouvriers se groupent dans leurs comités respectifs, formant ainsi le filet de base de l’industrie. La syndicalisation par industries s’impose comme un premier pas vers la socialisation. Dans les petites localités, les conseils communaux peuvent organiser la production et la consommation. Tout l’ensemble de la vie économique passera ainsi aux organismes des producteurs. Et tout l’ensemble des syndicats de l’industrie et les Conseils communaux se chargeront de la production d’une manière efficace et, d’accord avec les principes d’une socialisation effective. Il ne peut y avoir d’exceptions".

Ainsi au concept de gestion directe, venaient s’ajouter deux nouvelles caractéristiques de première importance :
L’élément technique d’organisation, dans un certain sens le problème de la planification par le syndicat.
L’élément économique important que les systèmes économiques actuels n’arrivent pas à rationaliser : les consommateurs. Car on ne peut laisser ce secteur économique sans autonomie, c’est-à-dire sans réelle possibilité d’intervention sur la production.

N.B. : Sous le terme syndicat, il ne faut pas voir la réalité des syndicats actuels.

http://archivesautonomies.org/spip.php?article1624
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bipbip
 
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 27 Juil 2017, 19:12

Suite
L’AUTOGESTION EN QUESTION

On ne peut aborder le problème de l’autogestion, sans que les théoriciens de l’"EFFICACITE" affirment que l’on ne peut parler d’autogestion qu’après une longue période préparatoire durant laquelle, les problèmes tels que l’immaturité technique, et le manque de conscience des travailleurs auraient été résolus.
Ils affirment que les travailleurs ne pourront jamais résoudre les problèmes que pose la bonne marche d’une économie nationale et, à plus forte raison, une économie internationale. Ils en concluent naturellement qu’une avant-garde consciente est nécessaire pour diriger le pays, une avant-garde qui s’appuiera sur une organisation centraliste qui réglera toutes les situations. Cette avant-garde créatrice et gardienne d’un système s’installe pour veiller à la bonne marche de l’ensemble et devient bureaucratie.
Le problème qui se pose est dès lors de savoir si "le système de gestion centralisé de l’économie qui rapporte à l’appareil d’Etat un pouvoir sur les hommes est réellement le seul et inéluctable moyen d’accélérer l’essor économique en régime socialiste ..." (p. 19, op cit.) [1]
Il est dès lors important de répondre d’un point de vue théorique à cette argumentation.

I - CRITIQUE DES ARGUMENTS CENTRALISTES

1) La liquidation de l’argument goinfriste


Au vu des deux exigences primordiales de l’économie moderne : la reproduction élargie ou l’accumulation du capital, soit la plus-value utilisée sous forme d’investissement, et les conditions nécessaires à cette accumulation : la concentration de la production, la spécialisation et la collaboration des entreprises, etc., ceux qui avancent cet argument craignent que les travailleurs, vu leur conscience sociale peu développée et leur immaturité technique, mangent les fruits du travail, soit : interdisent toute possibilité d’accumulation, se laissent aller, en un mot, au "goinfrisme".
Mais, en fait, cette crainte n’est fondée que sur le postulat qui affirme que l’accumulation dépend de la libre volonté des producteurs ; or, comme Marx l’a montré, il n’en est rien, l’accumulation du capital étant économiquement nécessaire. Ce "volontarisme" a cependant le mérite d’indiquer un véritable problème : "celui de savoir si, et dans quelle mesure, agit en réalité la nécessité économique, c’est-à-dire les rapports socio-économiques qui déterminent la "libre volonté" des producteurs directs lorsqu’ils statuent sur la disposition des produits de leur travail.
En effet, si l’on n’édifie pas les rapports socio-économiques adéquats, rendant la condition matérielle des travailleurs dépendante du volume et de l’efficacité de l’accumulation fixée par eux-mêmes, ils auront probablement tendance à manger les fonds de développement des entreprises.
Supposant, pour les besoins de la cause, la possibilité de laisser à la libre volonté des travailleurs la répartition de toute la valeur nouvellement créée dans l’usine de leur patron (capitaliste ou Etat - qu’il soit capitaliste ou socialiste), ils décideront, selon toute vraisemblance, de manger la totalité du revenu, parce qu’ils n’ont pas été placés dans les rapports socio-économiques (productifs) où, au lieu de leurs patrons, ils dirigeraient la production et la répartition, et où leur condition matérielle dépendrait de leur direction" (p. 31, id.), problème dont nous voyons très clairement transparaitre, à travers son énoncé, la solution. "Si les travailleurs sont placés dans des rapports productifs où le revenu servant à subvenir à leur consommation individuelle et à la consommation commune, c’est-à-dire à satisfaire leurs besoins, est réalisé dans le cadre du revenu obtenu par leur entreprise gérée par eux-mêmes, il sera, de toute évidence, dans leur intérêt d’assurer le revenu aussi élevé que possible de leur organisation de travail ; plus élevés seront leurs revenus individuels et les possibilités de satisfaire les besoins des travailleurs. Etant donné que ce revenu dépend directement de la productivité de leur travail, et celle-ci des moyens de travail, c’est-à-dire du degré de concentration de la production, des moyens de travail, etc., l’accumulation, en tant que condition d’atteindre les effets adéquats, sera pour les travailleurs toute aussi importante que leurs revenus individuels" (p. 32, id).
Ce n’est donc pas uniquement et principalement un humanisme libertaire qui proclame la nécessité de l’autogestion, mais les impératifs eux-mêmes de l’économie qui vise à la haute productivité, l’accumulation, la gestion rationnelle de la production. Seul l’intérêt matériel des travailleurs à rechercher les solutions les plus rationnelles peut être le moteur d’une économie efficace. Seule l’autogestion suscite cet intérêt, et certainement pas le stakhanovisme : "C’est pourquoi les avantages économiques et socio-politiques de l’autogestion ouvrière, dans le cas concret de la prise des décisions par les producteurs directs, dans les conditions de la reproduction élargie, proviennent non seulement de la liberté du travail conçue au sens abstrait, mais aussi de l’intérêt réel des travailleurs dans la production à rechercher les solutions les plus appropriées et les plus rationnelles. Cet intérêt matériel direct quant à la reproduction la plus appropriée et le fonctionnement efficace en général ne peut guère être attendu de la part des organes sociaux hors de la production, des hommes de l’appareil d’Etat, quelle que soit leur aptitude à trouver les solutions effectivement les plus appropriées et les plus rationnelles, du fait que leur intérêt matériel ne dépend pas du succès ou de l’insuccès du fonctionnement des entreprises" (p. 33, id).

2) La liquidation de l’argument de l’immaturité technique de la classe ouvrière

Ainsi est nécessaire l’autogestion : "Si les travailleurs gèrent leur entreprise, celle-ci doit inévitablement être libre de déterminer sa propre orientation productive et choisir librement le volume, l’assortiment et la qualité de sa production. Cela veut dire aussi que les organisations économiques doivent être libres dans la répartition de leur revenu, après s’être acquittées de leurs obligations vis-à-vis de la communauté sociale" (p. 38, id).
Il nous faut encore écarter l’argument de l’immaturité technique de la classe ouvrière. En effet, si des cadres dans le domaine économique sont nécessaires, "la division du travail entre le travail d’exécution et celui de direction étant la caractéristique la plus importante du travail social, du point de vue de la technique socio-économique et politique du processus de production matérielle" (p. 42, id), cela n’implique [2] pas pour autant qu’au niveau des décisions de la politique économique ces techniciens soient ceux qui gouvernent, en effet "contrairement aux rapports techniques entre les hommes, dans le processus de production matérielle apparaît une autre forme de division de travail qui a son caractère. Celle-ci s’exprime par la détermination des conditions de la production [3] et de la répartition ..." (p. 42, id) et sous le socialisme autogestionnaire ce sont les conseils ouvriers représentatifs de l’ensemble des ouvriers qui doivent effectuer cette détermination. Cette distinction est d’importance car "en participant à la gestion de l’entreprise, les travailleurs ne se prononcent pas sur les questions techniques professionnelles, mais statuent sur la politique de production, de formation et de répartition du revenu, chaque travailleur étant apte, plus ou moins ; à se livrer à ces activités car il s’agit des questions économiques et politiques de production et de répartition du revenu" (id).
Seule cette détermination des conditions de la production et de la répartition du revenu, par les masses laborieuses, permet, comme cela apparaissait clairement devant les impuissances du centralisme, une gestion rationnelle de l’économie et un climat authentiquement socialiste de collaboration entre ceux qui dirigent et ceux qui exécutent, qui se substitue aux méthodes répressives de la bureaucratie administrative.

ESPAGNE

S’il est important de répondre en théorie aux sophismes du centralisme, il n’est pas moins important de se servir de la politique révolutionnaire de notre époque pour les démentir concrètement. C’est ce que nous tenterons de faire à partir des exemples des révolutions espagnoles et algériennes.
On ne peut pas dire que la situation était particulièrement favorable à une expérience autogestionnaire dans l’Espagne de la guerre civile. En effet, de toutes parts, le problème de la réorganisation de l’économie se posait après le départ de ses anciens maîtres les capitalistes. L’Etat bourgeois totalement déchiré entre "le… (manque un mot – NDAA) de généraux et la révolution ouvrière, fut incapable de faire répartir l’économie et, de réorganiser la vie dans la zone républicaine. Quel avait été alors le "distingué" économiste assez fin pour donner aux travailleurs paysans espagnols une seule chance de réussir là où l’état central avait échoué ?
Les conditions étaient, en effet, très défavorables dans ce pays à ce moment-là. En 1936, il y avait 80 % d’illettrés en Espagne ; inutile de dire que les travailleurs qui bien souvent ne savaient pas lire, n’avaient aucune éducation technique qui leur aurait permis théoriquement de prendre en main la direction des usines. De plus, les grands trusts étrangers avaient retiré leurs capitaux de la péninsule : certaines usines avaient suffisamment d’argent pour repartir ; d’autres n’en avaient plus. En bref, la situation était des plus confuses et l’impuissance de l’Etat à peu près totale.
Contrairement aux marxistes qui prétendent que la socialisation consiste dans la remise de l’économie entre les mains de l’Etat (les industries doivent être étatisées), les anarchistes estimaient que la socialisation devait être entreprise par les travailleurs dans les ateliers, les fabriques, dans tous les secteurs de l’économie. En Espagne et, en particulier, en Catalogne, la socialisation commença par la seconde voie. On ne peut pas dire qu’elle correspondait à un plan préconçu. Elle naquit de l’initiative spontanée des masses, pourtant l’influence de la doctrine anarchiste sur cette transformation est incontestable, depuis de longues années les anarchistes et les syndicalistes d’Espagne considéraient comme leur but suprême la transformation sociale de la société.
La première phase de la socialisation commence quand les travailleurs prirent à leur charge l’exploitation des entreprises. Dans chaque atelier, fabrique, bureau, magasin de vente, des délégués syndicaux furent nommés qui s’occupaient de la direction. Souvent ces nouveaux dirigeants n’avaient aucune préparation théorique et peu de connaissance de l’économie. Cependant ils avaient une connaissance profonde des nécessités du moment. Ils n’avaient jamais étudié de façon scientifique la gestion des salaires, des prix, de la production, de la relation de ces facteurs entre eux. Ils n’étaient ni marxistes ni proudhoniens mais ils connaissaient leur métier, le processus de production de leur industrie. Leur esprit d’initiative et d’invention suppléait au manque de préparation. Chaque usine, chaque atelier avaient leur propre problème. Qui mieux que ces délégués aurait pu trouver des solutions plus favorables ? Est-il concevable de prétendre qu’un groupe d’économistes, pour brillants qu’ils fussent, aurait pu ignorer tout des problèmes particuliers de chaque usine, trouver des solutions plus adéquates que celles qui furent mises au point par les travailleurs ?
Les premiers problèmes résolus après bien de tâtonnements, il a fallu ensuite coordonner les activités des diverses branches de l’industrie ainsi que des diverses collectivités agraires. Le syndicat joua un grand rôle dans cette planification, née de l’initiative populaire. Des délégués furent élus, directement responsables devant ceux auxquels ils devaient leur nomination.
Ainsi fut créé un organe dont le rôle était de planifier, de coordonner les diverses activités des branches d’industrie et des collectivités agraires. Cette planification fut surtout effective en Catalogne, en Aragon, dans le Levant et en Castille.
On devait assister, par la suite, dans la plupart des usines riches, à la création d’une caisse de soutien aux usines plus déshéritées qui payaient, en conséquence, un salaire moins élevé à leurs travailleurs. Il est à noter que le syndicat fit d’importants efforts pour lutter contre la bureaucratisation de certains éléments. Ainsi donc le délégué élu pour représenter l’usine ou la collectivité ou pour simplement s’occuper du problème de la gestion de celle-ci, n’en était pas moins tenu de fournir un travail soit manuel, soit intellectuel, le rôle de délégué n’étant pas considéré comme une profession déterminée. Ainsi furent résolus les problèmes que posait l’économie espagnole. Il ne s’agit pas ici d’idéaliser ces faits, de prétendre que tout fut toujours réussi, qu’il n’y eut jamais d’erreurs. Les solutions ne furent pas toujours excellentes mais il n’en reste pas moins vrai que le bilan de cette autogestion espagnole, qui fut effective - comme nous avons essayé de le montrer, que ce bilan fut positif. Pendant la période où l’autogestion ne fut pas sapée par l’état reconstitué autour des staliniens, la production agricole augmenta .de 20 à 30 % ; la mécanisation fut accrue dans les campagnes ; des terres laissées parfois en friche pour les "señoritos" furent défrichées, irriguées, cultivées.
Dans le domaine industriel, bien que moins spectaculaires, les progrès furent sensibles, l’amélioration du niveau de vie des travailleurs partout effective. Ce fut au contraire pendant la seconde période qui va de la fin de 1937 à 1939, que les staliniens tentaient par tous les moyens de réunir (sic –NDAA) l’autogestion ouvrière. Ils retirèrent aux travailleurs le contrôle de secteurs que ceux-ci avaient parfois créé de toutes pièces, ils installèrent une bureaucratie abusive ou parfois même ils préféraient laisser des entreprises retourner au secteur privé.
Ainsi le contrôle du commerce en Catalogne fut retiré aux syndicats et placé entre les mains d’un secteur privé à partir de 1931 (resic), ce qui eut pour conséquence une grave augmentation des prix.
Les travailleurs, ayant perdu jusqu’à leur droit de regard sur l’économie qui était désormais entre les mains de bureaucrates, ne furent plus animés de l’élan qui avait rendu tant de choses possibles. Il est incontestable que la production s’en ressentit. Ceci vient encore infirmer le concept de l’efficacité d’un système économique hautement centralisé.

ALGERIE

Une revendication permanente de la Révolution Algérienne fut la récupération des terres. A partir de 1956, c’est même la seule qui se trouvait liée à celle de l’indépendance. Il est difficile de croire à une "mystique" de l’Indépendance quand, en Oranie, on entendait dire : "L’exemple du Maroc nous est profitable. En voyant le Maroc, nous (les paysans algériens) disons couramment : "Si c’est ça l’indépendance, merde alors ".
En 1956, au Congrès de la Soumman, on insista sur la nécessité d’une véritable réforme agraire comme étant la solution patriotique de la misère des campagnes.
Le programme de Tripoli inscrivit cette tâche en tête des objectifs de la révolution économique.
Pour comprendre cette insistance, il faut se rappeler que :
l’Algérie est un pays essentiellement agricole ;
Les forces révolutionnaires engagées dans la lutte depuis le 1er novembre 1954 se composaient en majorité de paysans sans terre, d’ouvriers agricoles permanents ou saisonniers, de fellahs émigrés aux frontières ou regroupés à la périphérie des villes.

En 1962, avant l’Indépendance, la situation était la suivante :
630.000 petits exploitants algériens possédaient 7 300 000 ha (moyenne : 11,5 ha par exploitant) ;
22.000 Européens exploitaient 2 700 000 ha (moyenne : 127 ha par exploitant) ;
Sur les 275 000 ha des terres irriguées, 75 % appartenaient aux Européens ; - 90 % des terres riches appartenaient à 6 300 colons (soit - 2 400 000 ha).

Au cours de l’été 1962, dans un climat d’effondrement des structures coloniales et de lutte entre les clans représentant les différentes couches de la société algérienne, une grande partie des agriculteurs français abandonnait leurs terres Aussi des centaines de propriétaires algériens profitèrent de la situation pour racheter à bas prix les domaines, les bâtiments, le matériel des colons partants. Mais en face d’eux il y eut les paysans qui occupèrent les terres et qui, spontanément, sans attendre aucune instruction, organisèrent le travail, sur chaque exploitation vacante, y compris sur les terres nouvellement acquises par les propriétaires algériens. La rentrée des récoltes de l’été s’opérait dans les meilleures conditions.
Dans cette spontanéité agissante, beaucoup d’éléments, beaucoup de niveaux se trouvèrent mêlés :
L’habitude du paysan à effectuer sa récolte. Plus qu’une habitude, il s’agit d’une raison d’être.
L’instinct de conservation : pour vivre il faut se nourrir, pour se nourrir il faut récolter.

Mais cette spontanéité est révolutionnaire. Si elle a encore beaucoup d’obstacles à franchir (pour cela elle devra se transformer en conscience claire des problèmes), elle est cependant la manifestation d’un état de fait nouveau. L’habitude, l’instinct de conservation, sont bien les conditions nécessaires, mais non suffisantes de l’organisation autonome des paysans ayant pour but d’effectuer la récolte. Mais c’est seulement la structure nouvelle, c’est-à-dire celle de la prise en main de l’ensemble de la production agricole par les paysans eux-mêmes, qui les fait déboucher sur un niveau de conscience révolutionnaire, parce que conscience de la nécessité du travail et de la responsabilité collective.
La dimension révolutionnaire de l’action des paysans au moment de la récolte de l’été 1962 se retrouva dans la vigueur qu’ils déployèrent pour défendre le nouvel état de fait : la gestion des entreprises agricoles par les paysans eux-mêmes.
En effet, une Ordonnance du 24 août de l’Exécutif provisoire allait relancer la lutte, puisqu’elle tendait à assurer "une utilisation et une exploitation normales ... dans le respect des personnes et des biens". Parce qu’un tel texte voulait les mettre dehors, une fois la récolte assurée et la terre labourée en automne, les paysans algériens s’opposèrent énergiquement à l’accaparement des terres par des nouveaux maîtres et même la gestion momentanée d’administrateurs envoyés par l’Exécutif provisoire.
La lutte pour l’autogestion était alors la lutte des classes en Algérie.
Durant cette même période, un trafic d’une grande envergure s’établissait à l’échelon national. "Dans ce climat de spéculation, la naissance de l’autogestion manifeste une réaction saine et spontanée des paysans". (H. Bourges, L’Algérie â l’épreuve du pouvoir).
Le gouvernement de Ben Bella, tout au début, allait entériner un tel état de fait et interdire toutes transactions. Le décret du 22 octobre 1962 confiait la responsabilité des exploitations abandonnées par leurs propriétaires à des comités de gestion provisoire. 950 000 ha se trouvèrent alors en autogestion.
Les décrets du mois de mars, accueillis avec enthousiasme par les travailleurs et les étudiants algériens, institutionnalisèrent cet état de fait. En avril 1963, 1 500 000 ha étaient entre les mains des ouvriers agricoles dont la plupart n’eurent ni formation politique ni formation intellectuelle ou technique. Mais l’accent fut très rapidement mis sur la rentabilité - rentabilité qui était imposée par un plan économique national, n’émanant pas des entreprises autogérées mais du gouvernement. Des tensions entre la base et le sommet allaient surgir à propos du remplacement de certains présidents de comités de gestion par des directeurs nommés par l’Etat.
L’autogestion fut une conquête des paysans algériens, une conquête révolutionnaire. Cette conquête, les paysans la défendront vigoureusement et consciemment (1er Congrès des Travailleurs agricoles). Si elle est morte ce n’est pas tant d’un vice interne de fonctionnement que de sa mise en tutelle et de sa bureaucratisation par le pouvoir Central.
Dans ces conditions extrêmement défavorables : faible niveau de formation technique des travailleurs, désorganisation des structures sociales et économiques, guerre ..., les masses spontanément renversent le règne de l’exploitation capitaliste, remettent sur pied la production avec une réelle efficacité et apportent des solutions nouvelles qui changent qualitativement la production.

II - CRITIQUE INTERNE DU CENTRALISME

Nous allons maintenant critiquer le centralisme dans la réalité interne, cette critique peut être portée à quatre niveaux :

1) Les agents de l’Etat doivent diriger tout et pour cela prévoir tout de leurs bureaux, or les sciences économiques n’ont pas encore découvert, "pro futuro", les clefs des rapports économiques précis, et doivent tenir compte de l’impondérable. Il résulte de cette contradiction des disproportions dont les plus fréquentes sont celles entre le degré de développement de l’agriculture et celui des autres secteurs, entre la production des biens de consommation individuelle et celle des moyens de production, etc.
2) Le centralisme est, par ailleurs, responsable d’une gestion irrationnelle de l’économie - "En effet, étant donné que dans les rapports étatistes, toute l’économie nationale fonctionne comme un seul monopole géant où les organisations économiques ne sont que des éléments (dépendants) dudit monopole, on en vient à négliger inévitablement les critères économiques dans les affaires. Dans cette situation, ce qui est essentiel, c’est le mouvement de la production sociale globale, du revenu national et des proportions fondamentales de la répartition. Le système économique ne tient pas suffisamment compte du coût de revient, des frais de production dans une organisation économique prise en particulier, voire dans un groupement économique. Or, si la marche rationnelle des affaires de toutes les parties de l’économie n’est pas assurée, il ne saurait y avoir d’économie rationnelle dans son ensemble. Dans cette situation, certaines entreprises et même certaines branches économiques peuvent être "non rentables", c’est-à-dire opérer au-dessous du prix de revient, alors que d’autres réalisent un extra-profit fictif" (p. 21-22).
3) Le centralisme est en outre incapable de liquider l’aliénation. En effet - " ... l’administration d’Etat organise la production, réglemente tous les rapports en son sein, détermine les modalités d’emploi des moyens de production, fixe le montant des dépenses matérielles, de l’amortissement du capital fixe, du fonds de salaires (donc aussi les revenus de chaque travailleur pris en particulier), le profit, etc. Dans cette situation, le travailleur se sent toujours aliéné des moyens de production, d’où le peu d’intérêt qu’il porte au processus de production" (p. 24-25, id), et ainsi les bureaucrates ont ensuite beau jeu de critiquer l’attitude négligente des ouvriers quant à leur travail. Il est plus rigoureux de reconnaître que "tous les travailleurs et dirigeants étant payés selon la journée de travail et les qualifications ... ils ne sont pas intéressés au meilleur succès de leur entreprise. Le travailleur était ainsi toujours aliéné des moyens du travail, il ne peut pas influer directement sur sa position économique" (p. 66 id).
La structure de la Hongrie stalinienne nous en fournit un bon exemple. Depuis 1944, en effet, la Hongrie est occupée militairement par l’U.R.S.S. Des mesures économiques draconiennes sont imposées à la Hongrie, mesures dont le caractère colonialiste est incontestable lorsque l’on analyse des échanges économiques entre l’U.R.S.S. et la Hongrie qui font de celle-ci une véritable province économique de l’URSS.
L’U.R.S.S. fournit en effet à la Hongrie des produits bruts : coton, minerai de fer, coke, équipement pour l’industrie lourde, etc. et la Hongrie, en échange, fournit à l’U.R.S.S. des produits finis ou semi-finis, tels que : wagons, péniches, équipement électrique, produits agricoles, ciment, produits pétroliers, etc. La Hongrie "axe" donc son effort sur l’industrie de transformation afin de répondre aux besoins soviétiques. De plus, le prix des marchandises fournies par les Russes est majoré de 20 % alors que le prix des marchandises fournies par la Hongrie est diminué de 20 %. On assiste à des démontages d’usines hongroises qui sont acheminées vers l’U.R.S.S., ainsi qu’à la création en Hongrie do sociétés mixtes russo-hongroises, dont le contrôle est en fait entièrement soviétique.
Le but de ces mesures est évident : intégrer l’économie et la main-d’œuvre hongroises dans le système centralisé russe.
Les paysans sont intégrés dans les fermes d’Etat où ils redeviennent en fait de simples salariés de l’Etat, le pouvoir de contestation est partout inexistant. Comment, dans ces conditions, prétexter le manque d’enthousiasme des paysans, pour justifier la mise en place d’un tel système économique ? (Ici encore le manque d’enthousiasme est une conséquence plus qu’une cause du système centraliste qui ne laisse aucune initiative à la base).
La situation est identique dans l’industrie. On assiste à une exploitation accrue : le stakhanovisme s’y développe monstrueusement. Le salaire de base est réduit ; jusqu’à 45 % du salaire provient des primes, le salaire est en fait fondé sur le rendement, l’ouvrier hongrois n’a plus pour s’assurer une vie décente qu’à produire la plus possible.
La discipline est stricte, la hiérarchie inflexible (ex. : le directeur est l’unique chef responsable de l’entreprise nationale. C’est lui seul qui, dans le cadre des attributions juridiques, prend les décisions concernant la gestion de l’entreprise) - Conseil des ministres du 21 septembre 1954 -
Des amendes pouvant atteindre jusqu’au 15 % du salaire mensuel sont instaurées ainsi que des emprunts forcés allant jusqu’à la valeur d’un mois de travail.
4) Cette incapacité a pour conséquence d’être génératrice de conflits sociaux. Ainsi "l’ouvrier qui, à son poste de travail, travaille d’après la norme ou la durée de travail, cherche à obtenir la norme la moins élevée possible, obtenant ainsi son revenu avec moins de travail. De même, il cherche à obtenir une norme aussi élevée que possible d’emploi des matières premières, de l’énergie, etc., afin d’avoir plus d’espace pour réaliser le volume matériel du plan. Contrairement aux travailleurs, l’administration s’efforce d’imposer la norme la plus élevée et le moins de matières premières possible, afin d’obtenir le rendement du travail aussi élevé que possible. Dans ces rapports, le conflit social est inévitable, les intérêts des travailleurs et ceux de la société étant contradictoires" (p. 25-26, id).

En Yougoslavie , toutes ces conséquences négatives du centralisme appelé là-bas la gestion administrative, ne sont pas apparues tout de suite très clairement, du fait de l’unité monolithique du P.C. dirigeant et de l’énergie révolutionnaire des masses, mais une fois celle-ci affaiblie, notamment à cause de ces rapports de production qu’entraînait le dit centralisme, une certaine conséquence de ces problèmes se fit jour et "les méthodes bureaucratiques de commandement des homme commencèrent à s’infiltrer graduellement dans le style de travail ; l’application de la contrainte commerça à se substituer à la persuasion et à l’application" (p. 68 id).
L’auteur date à cette période la prise de privilèges par les cadres révolutionnaires dirigeants, ceci s’expliquant rationnellement : "En effet, la nature des rapports socio-économiques et du système politique engendrait objectivement et irrésistiblement la tendance à l’indépendance de l’appareil d’Etat en tant que force sociale au-dessus des masses laborieuses qui, du fait même qu’elles s’écartaient graduellement de la gestion des affaires sociales (par rapport à leur participation à cette gestion dans la période de la révolution et dans les premières années qui suivirent la guerre) avaient toujours plus tendance à se désintéresser de la production et manifestaient d’autres formes de mécontentement. Dans les processus sociaux, les symptômes toujours plus fréquents annonçaient donc l’apparition d’une contradiction sociale nouvelle - celle entre les producteurs directs et l’appareil d’Etat" (p. 70-71 id).
Contradiction qui se manifeste par la réaction d’auto-défense des travailleurs : grèves, apparentes ou perlées, (Yougoslavie) et révoltes ouvrières (Berlin-Est, Pologne 56, Hongrie 56). C’est ce dernier exemple dont nous allons poursuivre le développement.

HONGRIE

A la mort de Staline, un flottement se produit dans la direction du parti. C’est à cette époque qu’éclatent les grèves de Berlin-Est, Pilsen, Potsdam (R.D.A.) et Poznan (Pologne).
Peu à peu, l’état d’esprit change, certains intellectuels prennent la plume pour critiquer "la nouvelle classe" de privilégiés qui domine le pays. Le mécontentement populaire grandit. Toutes ces fluctuations ont pour conséquence la montée au pouvoir de Nagy, en octobre 1956. Aussitôt, celui-ci au pouvoir, on assiste à une véritable transformation de la société. La révolution ne naît pas du gouvernement, elle surgit spontanément sur les lieux de travail. On assiste à la création des conseils d’usines, des comités révolutionnaires qui remettent en marche les transports, les usines d’alimentation, le ravitaillement, les services sanitaires et même, jusqu’aux éditions de journaux.
Mais un nouveau fait apparaît qui change complètement le problème : Nagy demande le retrait de la Hongrie du Pacte de Varsovie. Aussitôt l’armée rouge intervient. Le gouvernement est très vite dépassé par l’initiative des conseils d’ouvriers. Ce sont eux qui organisent la lutte contre les Russes. Nagy admet l’existence d’un pouvoir venant du peuple, quand il déclare le 28 octobre à Radio Budapest : "le gouvernement adopte les nouvelles formes démocratiques qui ont surgi de l’initiative du peuple et il s’efforcera de les incorporer dans l’administration de l’Etat." En fait, le pouvoir de celui-ci est de plus en plus réduit.
Une organisation spontanée se forme dans les usines, les administrations, les villages, dans de nombreuses provinces (Borsod, Baranya, Vas, Zale, Sopran, etc.) et, également, à Budapest et dans les quartiers. Les divers comités décident de coordonner leur effort par la création d’un comité national : celui-ci coordonne les activités de chaque branche : travailleurs, étudiants, artistes, intellectuels, paysans, etc. Les conseils d’ouvriers sont élus librement en relation avec les syndicats. Les entreprises et les mines sont dirigées par les conseils. De plus, l’organisation de la lutte armée est aussi organisée par ces conseils : elle regroupe ouvriers, anciens policiers, militaires, étudiants, etc. Le 27 octobre Radio Budapest proclame que les usines seront dirigées par les ouvriers eux-mêmes.
Après la seconde intervention soviétique, Kadar - homme de confiance de Russes - doit reconnaître l’existence de ces conseils. Ceux-ci dressent une liste de revendications dont les points essentiels sont :
désignation de Nagy comme 1er ministre ; libération des combattants de la liberté ;
retrait des troupes soviétiques ;
élections libres ;
droit de grève ;
les travailleurs reprendront le travail si ces revendications sont acceptées.

La réponse de Kadar est jugée insuffisante. 30 % seulement des ouvriers reprennent le travail ; la production journalière de charbon tombe de 90 000 t à 10 000 t. Une manifestation est prévue pour le lendemain, elle est interdite par l’armée rouge ; mais, peu à peu, la situation va évoluer. Avec l’aide des Russes, Kadar reprend en main la situation : arrestations des meneurs syndicaux, déportations massives dans les camps de travail, etc. L’élan révolutionnaire est peu à peu usé par ces mesures policières et, bientôt, tout rentre dans "l’ordre".
Il n’en est pas moins vrai que l’on peut tirer des conclusions importantes de la révolution hongroise.
Les ouvriers hongrois qui, depuis plus de 12 ans, se trouvaient sous l’influence "théorique" du stalinisme et qui, par conséquent, ne possédaient pas une éducation politique très développée, sinon celle que leur apportait la vérité officielle, n’en ont pas moins réagi spontanément dans le sens de l’autogestion quand ils se sont trouvés devant la réorganisation de l’économie hongroise.
Au stakhanovisme, à l’aliénation du travail - ils ont répliqué par l’autogestion qui, en cette période de crise intense, leur a permis sur leur lieu de travail de trouver les solutions les plus adéquates aux problèmes concrets devant lesquels ils se trouvaient.
A la planification centraliste de haut en bas, ils ont répliqué par une planification élaborée par les conseils ouvriers issus de la base.
Les travailleurs n’ont nullement cherché le refuge que pouvait leurs apporter l’État paternaliste de Nagy ; ils ont au contraire, élaboré eux-mêmes leur propre programme révolutionnaire.
Bien sûr, un certain nombre de gens prétendent que ces grèves et ces révoltes étaient le fait de contre-révolutionnaires et, comme il est tout de même difficile d’affirmer que les ouvriers ne réagissent pas toujours en fonction de leurs intérêts de classe, on trouve toujours des agitateurs petits-bourgeois qui ont introduit une idéologie étrangère aux intérêts de la classe ouvrière. Mais ceux qui prétendent cela devraient tout de même savoir que les seuls mots d’ordre pour lesquels les ouvriers se soient jamais décidés à prendre les armes, se résument tous à celui-ci : "liberté dans le travail". Il faut donc que ces meneurs petits-bourgeois aient promis aux ouvriers la liberté du travail. Comme les révoltes ouvrières ont réellement eu lieu, il faut donc bien en conclure que les ouvriers espéraient cette libération, ce qui signifie qu’ils avaient conscience d’être aliénés.
Cela est dû, nous l’avons vu, à ce que le travailleur n’a plus l’usage de la plus-value qu’il a créé. L’émancipation du travailleur réside donc dans la restitution de l’usage de sa plus-value : cela signifie qu’il doit pouvoir disposer de l’ensemble de son produit ; par voie de conséquence, il dispose alors de manière collective des moyens de production, de l’orientation de la production, du mode de distribution. Par ces mesures, les moyens de production ne sont plus séparés du producteur.
Cette réconciliation s’appelle l’autogestion.

III - L’AUTOGESTION

1) Critique de l’État


"Ne s’étant pas elle-même organisée, en conséquence, la société a graduellement cherché et offert à faire administrer certains domaines de sa vie par l’Etat, lequel porte en soi une tendance naturelle et innée à diriger les hommes" (p. 14, op. cit .).
Dès lors, l’alternative est claire : "ou la bureaucratie administrera les affaires sociales, en menaçant de ce fait les intérêts de classe et la position des producteurs, ou bien la classe ouvrière gérera les affaires sociales, en se servant de la bureaucratie comme d’un moyen" (p. 15 id). Ceci nous amène à poser la deuxième question qui nous intéresse :

2) La philosophie de l’Autogestion :

Il faut donner au mot d’Autogestion toute son ampleur et sa généralité, et montrer que le socialisme sera celui de la gestion directe des producteurs ou bien ne sera pas - "La conception idéologico-politique de l’autogestion sociale implique les changements qualitatifs à opérer dans toute la structure socio-économique et politique, avec les conséquences adéquates dans tous les autres domaines de la vie sociale, sans excepter aucune de ses sphères. Afin d’illustrer l’ampleur de ces changements, il suffit de rappeler qu’il s’agit du processus d’élévation de l’homme moyen, producteur direct et citoyen, au niveau de gestionnaire des affaires sociales. L’inclusion du travailleur-producteur dans le processus de gestion de la production matérielle est un acte de portée historique mondiale. En effet, il convient de ne pas perdre de vue que jamais dans l’histoire des sociétés de classe, il n’était possible d’inclure dans la gestion les classes opprimées. Au contraire, c’était le droit presque absolu des classes et couches dirigeantes. Les grandes propriétés foncières en régime d’esclavage, les grandes propriétés féodales, l’usine capitaliste, étaient dirigées exclusivement par leurs propriétaires, tandis que les personnes opprimées étaient les objets de cette direction, Dans la structure socio-économique étatiste, bien que le pouvoir des capitalistes ait été renversé, le droit de gestion n’appartient pas non plus au producteur, mais à l’appareil d’Etat. Alors que tous les bouleversements antérieurs dans l’histoire de la société humaine, y compris les bouleversements révolutionnaires, en renversant les structures sociales périmées, formaient toujours, sous telle ou telle forme, une structure sociale où existait une couche sociale à part qui gouvernait les hommes, - le sort de la conception de l’autogestion sociale dépend de sa capacité de prévenir un tel processus." (p. 26-27, op .cit .).
Il nous faut maintenant préciser de quelle autogestion s’agit-il. En effet, l’autogestion ne doit pas consacrer la participation des masses à la gestion seulement au niveau des cellules socio-économiques de base, mais aussi aux niveaux centraux de la société, vu que "toute tentative faite pour entraver l’influence des masses sur la prise des décisions des organes centraux de la société ne tarderait pas à se traduire par des désaccords et conflits entre deux tendances : tendance d’autogestion dans les cellules de base et, tendance étatiste dans les organes de gestion centraux, ce qui provoquerait de nombreux conflits sociaux et aboutirait, selon toute vraisemblance, à la victoire temporaire de la composante "d’État" sur la composante "d’autogestion" (p. 35, id.). Car en fonction du principe de l’unité interne de la production de l’organe social : "si les travailleurs ne dominent pas les rapports sociaux dans leur ensemble, dans ce cas-là, ils ne dominent pas non plus leurs différents secteurs" (p. 36, id.), ce principe exige donc que les différentes entreprises collaborent spontanément entre elles, se spécialisent et s’intègrent, ceci sous la direction de la libre association des producteurs.
Essayons de voir, à travers d’un exemple précis, comme se réalise cette libre association.
Considérons, par exemple, la constitution yougoslave : l’article 10 de la constitution de la RSF de Yougoslavie précise le cadre de cette organisation : "l’organisation du travail et de la gestion au sein de l’organisation du travail doit permettre aux travailleurs de statuer le plus directement possible à chaque stade et à toutes les phases du procès de travail qui constituent un tout, sur les questions intéressant le travail, la règlementation des rapports mutuels et les autres questions concernant leur condition économique" (p. 126, id).

a) Le conseil ouvrier est l’organe de gestion suprême de l’entreprise. Il statue à ses réunions sur les questions fondamentales, intéressant l’activité économique, l’organisation et les rapports internes dans l’entreprise ; il est élu pour 2 ans, renouvelable par ½ tous les ans, par tous les travailleurs qui présentent eux-mêmes les listes des candidats. La réélection d’un membre est interdite. Ses séances sont ouvertes à tous ceux qui veulent y assister.
b) Le comité de gestion, exécute, en gros, les décisions du conseil ouvrier qui l’élit et le contrôle et devant lequel il est responsable. Le conseil ouvrier peut, en plus, le révoquer à tout instant.
L’appartenance à ces deux comités est non rémunérée.
c) Le directeur dirige l’activité de l’organisation de travail, exécute les décisions du conseil ouvrier et des autres organes de gestion et représente à l’extérieur l’organisation. Il est nommé par le conseil ouvrier, par la voie de concours, pour 4 ans ; il est rééligible mais révocable à tout instant.

Pour terminer enfin, ajoutons qu’en plus de ces organes élus, "la pratique d’autogestion a formé plusieurs autres possibilités de participation de tous les travailleurs à la gestion, dont les trois suivantes sont les plus importantes :

a) Tous les projets de décisions majeurs, élaborés par les organes d’autogestion, doivent être débattus au préalable par les travailleurs, à l’occasion de leurs réunions, selon les sections et exploitations de l’entreprise, formulant des propositions, observations et réclamations de leurs unités de travail respectives, sur lesquelles le conseil ouvrier est tenu de prendre position et en informer les travailleurs.
b) Les exploitations et sections plus importantes ont également leurs organes d’autogestion élus (conseils ouvriers et comités de gestion des exploitations), ou bien tous les travailleurs statuent directement, à leurs réunions, sur les problèmes intéressants leurs unités de travail respectives". (p. 129, id).

En essayant de répondre théoriquement, puis concrètement, à l’idéologie centraliste de l’efficacité, notre critique a rejoint la réalité actuelle des pays "socialistes". Quelle est la signification de toutes ces "réformes économiques" tendant à donner plus d’autonomie aux entreprises, sinon une critique implicite de la gestion bureaucratique centraliste qui ne semble pas répondre aux critères d’efficacité, tant vénérée par l’idéologie bourgeoise comme par l’idéologie "bolchéviko-stalinienne". Toutefois, le problème de la nécessité d’une période d’accumulation du capital et de développement des forces de production, conditions objectives pour commencer à construire le socialisme, s’il n’est pas encore suffisamment éclairci, il a bien montré son caractère de prétexte anti-révolutionnaire, par l’argumentation centraliste qu’il utilise, puisqu’il bloque toute l’activité des masses et, qu’enfin, 50 années de transition ont fait supporter au prolétariat russe et des pays colonisés après 1944, une surexploitation qui n’est pas à la mesure des résultats enregistrés.
Nous nous emploierons encore à montrer le caractère réactionnaire de l’idéologie avant-gardiste bureaucratique, qui n’est qu’une nouvelle forme d’exploitation et affirmerons, comme les dernières insurrections révolutionnaires l’ont montré, que la révolution sera anti-bureaucratique, anti-centraliste, ou ne le sera pas.

LA QUESTION PAYSANNE

L’exemple concret de la lutte de classe en Algérie, menée par les paysans, peut nous aider à mieux comprendre et à mieux poser le problème de la place des paysans dans le processus autogestionnaire.
La classe paysanne est-elle (par sa situation géographique isolée) "particulariste", c’est-à-dire incapable de s’élever à un niveau de conscience collectif ?
S’il y a une particularité du problème paysan, c’est celle de la spécificité de chaque région.
La généralisation dans le domaine de la paysannerie et de ses problèmes est quasi-impossible, parce qu’il est rare sinon impossible de trouver deux régions agricoles où les mêmes problèmes se posent. Nous pouvons pourtant montrer que la spécificité de chaque région dépend de quatre éléments :
Du niveau de développement des forces productives et du développement technique.
Du système de propriété (féodales, capitalistes latifundistes, etc.).
Des conditions climatiques, des qualités géologiques de la région.
Enfin du niveau de conscience et de connaissance technique des paysans (traditions, innovations, compréhension de leur situation, etc.)

La collectivisation de la terre, seule peut permettre le développement de la production agricole. Les grandes superficies appellent la mécanisation (liée à l’industrialisation) et une culture intensive, donc l’emploi d’engrais chimiques.
Cette modernisation de l’exploitation agricole donne aux paysans conscience de ce qu’est un travail collectif, brise ainsi l’individualisme naturel imposé par une agriculture arriérée.
Nous voyons bien alors comment la transformation de l’homme est directement liée au développement des forces productives.
L’autogestion est directement le dépassement de cette évolution nécessaire ; elle exige la collectivisation, et veut que le travail collectif de production ne soit pas aliéné par une exploitation.
Comment expliquer alors que les "pays socialistes" aient eu tant de problèmes pour collectiviser l’agriculture ? par exemple :
En Kirghize, vers 1927-28, 3/4 du cheptel fut tué par les paysans eux-mêmes pour qu’il ne tombe pas aux mains des bolcheviques (cité par Dumont dans Kolkoze ou Sovkoze ou la problématique communiste, p. 144, Seuil 1964.) ;
En Yougoslavie, 30 % des paysans refusent en 1950 la collectivisation forcée et retournent à la propriété privée.

Cela a-t-il pour signification que les paysans sont en général et en tant que classe d’un bas niveau de conscience révolutionnaire ?
Ce schéma trop simpliste est à remettre, en question. Reprenons comme exemple, le secteur révolutionnaire de lutte de classe en Algérie, celui de l’autogestion. Celle-ci s’est développée dans les grandes fermes plus ou moins mécanisées, là où les forces productives étaient déjà assez développées.
La spontanéité des paysans a continué et rejoint la lutte des ouvriers pour le renversement de l’exploitation.
Le travail collectif n’est pas plus étranger aux paysans qu’au ouvriers dans la mesure où la production agricole est suffisamment modernisée pour rendre possible le travail collectif.
Il est donc bien inutile dans des conditions de production féodale ou quasi-féodale d’imposer une collectivisation forcée, répressive, totalitaire étant donné que quand le niveau des forces productives n’est pas assez développé, il est impossible de procurer aux paysans en échange de la remise d’une partie de leur récolte à la collectivité, les machines et engrais nécessaires au développement de l’élevage et de la culture.
Une collectivisation forcée pousse le paysan au désespoir, au suicide qui est de brûler sa récolte, son bétail : "plutôt mourir que d’accepter une telle surexploitation".
Par contre, dans des conditions de lutte données, traditionnelles, la collectivisation autogestionnaire, mise en place par les paysans eux-mêmes ; (comme nous l’avons vu en Espagne) entraine un développement rapide de la production.
L’effort, la créativité, l’esprit de lutte, toutes ces qualités que montrent les paysans lorsqu’eux-mêmes ont compris la signification de la collectivisation ; cet enthousiasme ne peut être demandé par une collectivisation étatisée et totalitaire, une surexploitation contre laquelle les révoltes et les guerres paysannes se sont toujours soulevées.

L’AUTOGESTION UNE CONCEPTION GLOBALE DE LA REVOLUTION

Si le projet révolutionnaire est bien de réconcilier l’homme avec lui-même et avec son travail redevenu libre, l’autogestion est bien la réalisation de ce projet.
En effet l’autogestion, qui fait des producteurs les responsables de l’ensemble de la production et de la répartition des ressources, et des individus, les responsables de leur propre vie et la source de toutes les règles qui organisent la vie sociale, est une contestation globale de la société d’exploitation, parce qu’elle porte la critique à ses niveaux les plus fondamentaux : ceux de l’homme, du travail comme de l’idéologie.

L’homme nouveau.

L’autogestion n’est pas uniquement une contestation du secteur économique, elle est une contestation de tous les secteurs de la vie, et particulièrement de l’idéologie qui est le reflet des conditions de l’exploitation et de l’oppression. Cette idéologie reproduit les rapports de domination de classe.
L’idéologie de la classe dominante est celle de la séparation, séparation en classes, séparation du travail (manuel et intellectuel), séparation des travailleurs en catégories, en organisations concurrentes, séparés de la culture, de l’éducation, et simplement unifiés par la discipline, par la militarisation du travail, par l’autorité oppressive de l’état.
L’autogestion, c’est combattre tout ce qui empêche l’homme de se reconnaitre, c’est combattre toutes les propagandes, intoxication, religion, tabou, terrorisme intellectuel, c’est dans tous les secteurs de la vie chercher la libération de l’homme (culture, pédagogie, arts, etc.). Aller de l’embrigadement à l’épanouissement, du privilège à la collectivité, du rafistolage à la création.
L’autogestion, c’est la destruction des structures de perpétuation de l’oppression et de l’aliénation, c’est la transformation des relations entre les hommes, entre l’homme et la nature, et en même temps la transformation de l’homme lui-même.

L’autogestion c’est une ligne politique.

On comprend dès lors que l’autogestion soit une théorie qui est au centre de toutes démarches révolutionnaires.
Cette conception de la révolution, montre que l’autogestion ne peut-être un (petit) problème entre autres. Un problème pseudo-économique de gestion ouvrière, de contrôle, mais qu’il est le problème fondamental de la révolution et qu’il justifie sa place centrale dans notre ligne politique.
Notre pratique, nos travaux théoriques tendront de plus en plus à rendre impossible l’ignorance de l’autogestion à tous ceux qui ont un projet révolutionnaire et en particulier si de nouvelles organisations se développent sous la poussée de conditions objectives, que l’autogestion soit un des thèmes inaliénables de discussion et d’organisation.
Enfin il s’agit d’une ligne politique parce qu’il est temps d’essayer de populariser l’idée d’autogestion, de la faire connaître parmi les travailleurs ou plutôt de les faire s’y reconnaitre.


[1] Toutes les citations sont extraites du livre de Dusan Bilandzic : Gestion de l’Economie Yougoslave - Belgrade, 1967.

[2] Nous soulignons.

[3] Nous soulignons.


http://archivesautonomies.org/spip.php?article1624
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 05 Aoû 2017, 17:31

SCOPTI lance une campagne de sociofinancement et appelle à la mobilisation de tous pour passer un cap difficile

LE PROJET DE SCOPTI EST AUSSI LE VOTRE !

Malgré la reconnaissance de notre savoir-faire et la qualité de nos produits, SCOPTI manque de moyens financiers pour se développer et se projeter sereinement dans le temps. Alors que le carnet de commandes se remplit, la vente des marques « 1336 » et « Bio SCOPTI » peine à trouver sa place sur le marché. Nos marques sont très jeunes, insuffisamment connues et il reste encore beaucoup à faire pour que chaque consommateur puisse y avoir accès. L’absence de publicité fait défaut à notre notoriété et nous devons trouver les fonds nécessaires pour cela !

Nous avons besoin des ressources financières nécessaires pour gagner, notamment dans la perspective de nouveaux contrats avec la grande distribution. Ces contrats permettront de pérenniser la coopérative mais demandent une trésorerie et un fond de roulement importants. C’est pourquoi nous avons décidé de lancer une grande campagne de sociofinancement dans le but de doter SCOPTI des moyens de son développement, et de l’accélération de ses ventes. Nous appelons toutes les personnes qui souhaitent s’engager à nos côtés à y participer !

Contribuer à la pérennisation de notre modèle social et économique en envoyant vos dons par chèque à l’ordre de SCOP TI, à l’adresse suivante :

SCOPTI - SOCIOFINANCEMENT
500 Avenue du Pic de Bertagne - ZA de la Plaine de Jouques - 13420 GEMENOS

Ou par virement suivant ces détails :
RIB : 10278 00866 00020000 406 48

IBAN : FR7610278008660002000040648
BIC : CMCIFR2A

A cette banque : CRCMM Marseille Entreprises - 521 Avenue du Prado - 13008 MARSEILLE

Merci de votre soutien.

Les coopérateurs de SCOPTI.


http://www.scop-ti.com/op%C3%A9ration-f ... patif.html
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 16 Aoû 2017, 16:13

Un appel de Patrick Silberstein, éditeur, membre de l’association pour l’Autogestion, pour donner un avenir et toujours plus de sens économique et politique à la coopérative des ex-Fralib.

Campagne de socio-financement de Scop-TI : le mouvement social doit massivement répondre à l’appel !

Il était une fois une multinationale à qui rien ne résistait. Elle n’était d’ailleurs pas habituée à ce qu’on lui résiste. Maître des capitaux, des machines et des matières premières, elle achète le travail et déplace les sites de production à sa guise.

Jusqu’au jour où les salarié-es ont dit qu’après tout l’usine était leur. Nos lecteur-trices connaissent l’histoire, nous en avons largement rendu compte dans les colonnes de ce site.
La multinationale a dû lâcher du lest, reculer, mais reculer comme un éléphant dans un magasin de porcelaine en essayant de tout casser sans que ça ne se voit trop. Jour après jour, mobilisation après mobilisation, un projet est né : faire vivre une coopérative de salariée-es, née de la défaite d’Unilever, comme un trait planté dans le flanc du capital. Travailler, produire, vendre, se payer et prendre les rênes de la société, ne serait-ce que ceux d’une scop. Vieux rêve autogestionnaire que de Fralib en Scop-Ti, les salarié-es vont mettre en œuvre.

Comme ils aiment à le rappeler, «les 1336 jours de lutte des Fralib pour sauver leur usine marseillaise et leurs emplois ont marqué l’histoire du mouvement ouvrier par leur dénouement en faveur d’une justice sociale et par la récupération de l’entreprise sous forme de coopérative ». La démarche, écrivent-ils, articule création d’une coopérative, gestion démocratique « garantissant l’instauration de qualités de travail satisfaisantes pour tous » et « engagement dans une recherche de développement de productions de qualités, inscrites dans une perspective de soutenabilité économique et environnementale ».
Il s’agit de «parvenir, à moyen ou à long terme, à l’élaboration de circuits d’échanges relativement courts conçus dans une perspective de développement durable». Pour avancer dans cette direction, la coopérative entend «promouvoir la réimplantation et la relance d’une activité de production d’herbes aromatiques, arboricoles de qualité, en particulier en France et dans un périmètre local, et participer à la reconstitution de ses filières ».

Scop-Ti voit loin et veut dessiner un paysage économique, productif et social alternatif. Pas de proclamations ronflantes, non, juste une feuille de route claire :
« Notre but est de privilégier des partenariats avec des producteurs de proximité et de réhabiliter ainsi des savoir-faire, abandonnés ou en déclin, de manière à garantir l’approvisionnement de matières premières au sein d’un circuit viable et équitable. […] Les salariés de Scop-TI se positionnent ainsi en faveur d’une éthique, d’un ensemble de valeurs qui soutiennent l’adoption d’un mode de production et de consommation différent […] qui incitent à replacer l’humain au centre de préoccupations sociales, économiques, environnementales raisonnées. C’est de cette manière que Scop-TI décline son engagement social et ses valeurs, à travers la devise portée en exergue sur le devant de son usine, forte d’une histoire singulière et d’une ligne philosophique à part entière: “engagée sur l’humain, engagée sur le goût”.»

Comme autrefois celui des Lip, le message a été entendu. Tisanes et thés ont été achetés, vendus, proposés aux comités et restaurants d’entreprise, aux municipalités, aux épiceries de proximité et aux grandes surfaces. Des citoyens-nes, des groupes militants, des associations, des syndicats se sont emparés du message et ont glissé avec entrain un caillou dans la chaussure du capital en vendant des milliers et des milliers de boîtes de thé et de tisane.

Dans leur communiqué du 13 juillet 2017, la coopérative rappelle que le projet de Scop-Ti est aussi le nôtre :
« Après une première année de remise en route et de conquête de marchés, l’activité a véritablement repris au cours de l’année 2015. SCOPTI s’est imposée comme un acteur significatif du marché, que ce soit sous les marques des principales enseignes de la distribution française mais aussi sous ses propres marques 1336 et SCOPTI Bio. Environ 10% des marques de distributeurs de thé et infusions sont ainsi fabriquées à Gémenos, ce qui devrait représenter un chiffre d’affaire global avoisinant les 3M€ en 2017 »

Le combat continue parce que le court terme a été atteint : les coopérateur-trices travaillent « autrement » et font l’expérience du « travail libéré », la coopérative produit, vend et embauche. Il faut maintenant, dans une conjoncture politique et sociale difficile, engager le fer pour donner à Scop-Ti les moyens de construire le large horizon qu’ils ont commencé à dessiner. Parce que, cela va soi, l’environnement capitaliste est hostile aux « territoires libérés ».

Afin de doter Scop-TI des moyens de son développement pour franchir une nouvelle étape de la lutte, la coopérative lance une «campagne de financement participatif» et appelle à contribuer financièrement à la «pérennisation de [son] modèle social et économique».

C’est de la responsabilité du mouvement ouvrier et du mouvement social dans toutes leurs expressions de répondre massivement à l’appel.

Adressez votre soutien financier à l’adresse suivante :
SCOP TI – SOCIOFINANCEMENT
500 Avenue du Pic de Bertagne
ZA de la Plaine de Jouques
13420 GEMENOS
Libeller les chèques à l’ordre de Scop-Ti
Par virement :
RIB : 10278 00866 00020000 406 48
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Re: Autogestion : théories, pratiques et critiques

Messagede bipbip » 02 Sep 2017, 16:04

Rencontres de résistances et d’occupations rurales en Espagne

du 8 au 17 septembre 2017

une invitation lancée depuis une lutte qui est en train de se dérouler au nord-est de l’Espagne.

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https://zad.nadir.org/spip.php?article4671
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