Les déterminismes

Re: Les déterminismes

Messagede atheus » 22 Mai 2012, 21:56

Nan mais là c'est même pas un débat politique, c'est un débat philosophique. Je sais pas si il est sérieux de contester le déterminisme, moi-même je doute sans cesse, je ne fais qu'argumenter.

Sinon il n'y a pas que le déterminisme universel, il y a aussi le déterminisme social (peut-être plus évident à débattre et surtout plus utile), voici un truc que j'ai trouvé :

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9d/Espace_social_de_Bourdieu.svg
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Re: Les déterminismes

Messagede sebiseb » 23 Mai 2012, 10:49

ATHEUS a écrit:Nan mais là c'est même pas un débat politique, c'est un débat philosophique. Je sais pas si il est sérieux de contester le déterminisme, moi-même je doute sans cesse, je ne fais qu'argumenter.

Cette question est avant tout philosophique surtout de la manière dont tu la posées... Après le déterminisme social est une autre discussion qui est là essentiellement politique en effet.
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Re: Les déterminismes

Messagede T.B. » 31 Oct 2016, 15:24

Les débats philosophiques purs n'existent pas. Aucun philosophe n'est hors du monde social, et chacun y a ses intérêts. Il y a bien des enjeux liés à la défense d'une vision libre/déterminée du monde, et plus encore du monde social (il n'y a sans doute que dans les universités que le monde social est étanchement séparé du monde physique). Présenter les individus comme faisant des choix rationnels est un des leitmotivs de la pensée libérale classique et néo-classique.
Aussi parlons politique, car la question me semble essentielle. Quelle question ? Celle d'une théorie de l'action. La moindre des choses pour qui entend provoquer (ou contribuer à) un phénomène social tel qu'une révolution, est d'avoir une certaine idée des marges de manœuvre, des possibilités d'action de la créature humaine. Pour ce faire, il faut s'intéresser aux apports de l’éthologie et de la sociologie.

a) Les données biologiques mettent en évidence des relations à l'environnement de type "stimulus-réponse". Le stimulus est traité par le système nerveux qui provoque une réponse appropriée ; par le stockage mémoriel, l'organisme parvient à affiner ses stratégie de réponse en se référant aux expériences enregistrées. En ce sens, il n'existe rien d'autre que du déterminisme (et ce terme n'implique aucun jugement de valeur, il ne produit pas une vision claustrée des individus "enfermés" dans leurs corps, il ne fait que traduire les observations). Pour un être acculturé, ce que l'humain est fortement, les réponses sont formatées tant par des données biologiques que des données sociales : les comportements valorisés dans son entourage.

b) Au niveau sociologique, l'observation du monde social permet d'enregistrer des invariances, ou plutôt des convergences statistiques. Celles-ci indiquent qu'en isolant certaines variables, on parvient à définir des régularités comportementales. A ce titre, le schéma de Bourdieu dont atheus fournissait le lien est construit atour des variables capital économique/culturel. Cet angle d'analyse permet de mettre en évidence de nombreuses similitudes entres des personnes occupant les mêmes positions au sein de l'espace social : les préférences électorales, les goûts artistiques, les loisirs, les écoles fréquentées, les types de logement, etc.

c) On ne peut faire l'économie des déterminants sociaux quand on pense les sociétés actuelles ou les sociétés à venir, que ce soit très techniquement pour estimer la durée de la dictature du prolétariat (qui n'est peut-être pas la grande réoccupation des membres de ce forum ^_^) ou plus largement, réfléchir à comment préparer une société sans classes : les classes sociales impliquant des cultures spécifiques dont il importe de se débarrasser (les structures de dominations étant inscrites dans le corps, la mémoire, le lexique, etc.).

J'ai l'impression d'avoir été bien trop concis, mais je renvoie les intéressés aux travaux de Pierre Bourdieu, qui a, à mon sens, proposé une théorie de l'action convaincante. Pour le dire en très peu de mots : le libre arbitre comme force pensante abstraite de ses conditions de fonctionnement est une fiction ; les choix que pose un être humain sont le produit de son histoire (qu'il a emmagasinée dans son corps et dans sa mémoire) et de la situation dans laquelle il est amené à les faire. Il s'agit d'une sorte de négociation interne et partiellement consciente (voire totalement inconsciente, comme quand on "choisit" de quelle façon s'asseoir dans un fauteuil) entre plusieurs stratégies de réponse à une situation donnée.
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