Sans vouloir faire bouillir les marmites (de haricots) du futur, la question ne serait pas "que fait-on des 50 tonnes de haricots" mais peut être serait-elle "combien de tonnes de haricots doit on produire pour subvenir aux besoins sociaux d'une région ?"
Ça c'est surtout la question que se posait le communisme
d'il y a un siècle et que les expériences du" socialisme" réel se sont chargées d'enterrer (en même temps que les illusions sur la prise au tas) : la délibération démocratique est incapable de définir des besoins sociaux aussi finement, produit par produit, sans s'enliser dans une bureaucratie et un gaspillage largement aussi important que celui du marché.
Personne n'a matériellement le temps, ni les capacités, ni l'envie de passer son temps à cette définition. Et du coup sa définition ne peut être que statistique (à l'aide d'une armée de techniciens de l'économie, de la politique, de la sociologie et de la technologie industrielle), relativement arbitraire et donc bureaucratique. Accessoirement, elle escamote une autre question plus importante encore qui serait "combien doit-on produire, et combien peut-on produire au plus près des lieux de consommation, afin de respecter les équilibres écologiques, les capacités réelles des régions... ?" Sinon, c'est l'usine monde. L'uniformisation. La planification totale, même démocratique, a vécu.
Il me semble.La raison de cet échec est au fond assez simple : le monde d'aujourd'hui, industrialisé et technicisé, interdépendant pour le moindre bouton de culotte de jeans, n'a rien à voir avec le système tribal du "communisme primitif". On ne peut extrapoler de l'un à l'autre,...
impunément. C'est la cimenterie unique à l'échelle du bloc soviétique. la division et la spécialisation territoriale du travail etc. qui ne laisse aucune place à la liberté des producteurs et des consommateurs,
donc de tous et de chacun.
Et voilà pourquoi les mouvements réels , concrets, (Oaxaca, zapatistes, révolutions arabes, mobilisation en grèce...) qui réclament plus de justice, de démocratie... ne visent jamais, ou très rarement, ce type de système d'abolition totale du marché et de "démocratie/transparence totale" (totalitaire ?).
Le socialisme futur devrait certainement être un
bricolage empirique qui subordonnera aux fins (qui sont l'égalité & la liberté), les moyens (système mixte entre gratuité, socialisations aux différentes échelles territoriales, services publics, marchés contrôles, initiatives privées, coopératives...), ré-évalués en permanence par un système conflictuel entre démocratie directe et délégation (suffrage universel...) et tenant compte des équilibres écologiques et sociaux. Ni l'abolition de l'état, ni celle de l'argent et du salariat, ne semble être à l'ordre du jour le plus immédiat.
Il n'y a pas de table rase possible ni même souhaitable, pas dans les domaines de la vie quotidienne en tous cas.
Hors salariés des entreprises d'état, ni à Cuba, ni au vénézuela, ni au Vietnam, ni en Grèce, ni en France, ni en Birmanie, il n'y a de revendications en ce sens.
Évidemment,
dire cela c'est ne pas dire grand chose, mais c'est au moins éviter de fantasmer sur des modèles et des mots d'ordre totalement abstraits, décalés, idéologiques, et parfois potentiellement dangereux dans l'interprétation démagogique qui peut en être fait (du style "qui ne travaille pas n'a pas de pain") et qu'au fond personne ne défend.