Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

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Messagede sissoko » 20 Oct 2011, 17:46

Bonjour, je vous faire part de quelques réflexions :

L'anarchie pour moi est "l'absence de pouvoir illégitime".
L'anarchie pour moi n'est pas qu'un idéal : je considère que plus les pouvoirs se maintiennent à un bas niveau, proche du peuple, moins ils sont illégitimes, et plus la société est anarchique. C'est à dire organisée de manière rationnelle.

Je ne considère pas l'anarchie comme une utopie mais comme une forme de paix sociale à laquelle les hommes sont parvenus parfois dans leur histoire.
En Europe de l'Ouest, où on a connu depuis des siècles des guerres et des mouvements de population, les conditions n'ont pas souvent été favorables à l'établissement de l'anarchie. Mais par exemple, si les Romains ont attaqué la Gaule, c'est parce qu'elle était riche. Les "Gaulois" étaient à bien des égards plus civilisés que les Romains, ils étaient prospères et beaucoup plus anarchiques (au sens noble du terme bien sûr). A la chute de l'Empire Romain, on a assisté à une "ré-anarchisation" dans beaucoup de territoires, les fameuses Bagaudes dont on a parlé.
Globalement dans les montagnes on trouve plus d'anarchie car le pouvoir a plus de mal à y parvenir.

Je juge donc sévèrement l'Etat : pour moi, l'Etat français moderne se fonde sur les acquis militaires des Rois de France, il est discrédité à la base. Beaucoup plus illégitime que les seigneurs féodaux (plus proches du peuple). Et tous les historiens modernes s'accordent à dire que le Moyen-Age a été victime d'une imposture idéologique lors de la Révolution, où les bourgeois on accusé la noblesse de tous les maux. La société médiévale était beaucoup plus libre et même plus agréable que ce que l'on croit. Plus le pouvoir est proche du peuple, moins il est injuste. Quand on fout la paix aux gens, ils ne pensent pas forcément à s'entre-tuer. Ils inventent des choses. La culture, c'est ce que les gens créent quand on leur fout la paix. Langage, musique, danse, philosophie (y compris mystique, ce n'est pas un gros mot !)

L'intégration mentale des frontières et surtout des "nations" au XVIII et au XIXème a été catastrophique pour les anarchistes. L'école obligatoire l'a été encore plus. Elle a accentuée l'idée de nation qui n'est qu'une manœuvre grossière de légitimation de l'Etat. Il n'y a jamais eu de nation française.

A présent en Occident on arrive jusqu'au bout de la concentration du pouvoir, avec les tentatives d'organiser un gouvernement mondial dont Bilderberg ou le FMI sont les manifestations. Cette concentration du pouvoir s'accompagne inévitablement de la destruction de sa propre espèce et de son propre environnement par l'homme. Car si toute l'espèce devient esclave d'un seul, la Terre finira peut-être par être taillée en pyramide mais elle ne tournera plus.

On en est loin heureusement.

Néanmoins, le mondialisme et la technologie nous ont permis de pouvoir, grande première dans notre histoire, Tous communiquer. Et organiser des manifestations mondiales, comme le 15-O. Voilà quelque chose d'inspirant.
Les idéologues qui se réclament de l'anarchisme du XIXème passent actuellement complètement à côté du truc.

- Les individualistes tout d'abord, car ils ne voient pas que cet "individualisme" est une expression de la volonté de pouvoir exacerbée par le capitalisme. Plus une société est anarchique, moins elle est individualiste. Une société anarchique est basée sur la coopération, la solidarité, et inévitablement l'égo de ceux ayant été éduqué de manière anarchique est moins capricieux que celui des enfants du capitalisme. Il n'y a pas de punk dans les sociétés anarchiques. On y respecte les anciens, on partage tout. On respecte l'expression de la parole, aussi, en général.
Il est important de profiter de l'Histoire pour réapprendre certaines évidences et prendre du recul par rapport à nos mentalités occidentales. Nous sommes les enfants d'un système malade, et nous en portons le virus. Nous avons été éduqués en partie par la télévision et l'école républicaine, il est nécessaire d'examiner très attentivement ce qu'on y a appris. L’Occidental moderne est un grand enfant, affolé par la moindre violence, incapable de se servir de ses dix doigts pour fabriquer des choses puisque pour chaque besoin il n'a qu'à acheter un produit. Si on le prive de ses joujoux, il est comme un con.

- Enfin tous ceux qui refusent de sortir du cadre européen des théories anarchistes du XIXème. Chers anarchistes, le monde a bien changé depuis cette époque. Rien qu'en France. Sur votre territoire se trouvent des millions de personnes beaucoup plus anarchistes que vous, et en général vous les ignorez complètement.
Des millions de personnes qui sont issues de cultures authentiquement anarchiques ! Et vous les ignorez.
Proudhon ou Bakounine n'ont pas eu cette chance, de pouvoir rencontrer dans votre quartier des gens qui ont connu la culture anarchique. :lol:

Il y a donc tout à apprendre des Nègres :mrgreen:

Je vous renvoie vers ce lien : [url]http://afriquepluriel.ruwenzori.net/politique3.htm
[/url]
Dans l'Afrique précoloniale, il y a donc des sociétés authentiquement anarchiques et beaucoup d'entre elles qui le sont presque.
J'ai déjà eu droit à de longs soupirs de militants pseudo-anarchistes français qui ne voient là que tribalisme et archaïsme. Le racisme est une chose sérieuse en Occident et on voit par là à quel point Césaire avait raison quand il disait que l'antiracisme est une regard révolutionnaire porté sur le monde.

Si on considère la culture mandingue (du Mandé, du Sénégal au Burkina an passant par Guinée, Côte d'Ivoire), on a une véritable civilisation de la paix. Une civilisation avec des règles mais pas de loi (au sujet de la loi anarchique, cet excellent article :http://www.reds.msh-paris.fr/publications/revue/pdf/ds23-24/ds023024-14.pdf)
Une civilisation qui fut prospère et industrieuse.Un "empire" qui fut surtout une fédération de personnes se reconnaissant par leur langue et leur mode de vie commun, où les problème se règlent au niveau le plus bas possible, mais si un problème concerne tout le monde alors tout le monde est mobilisé. La société est découpée verticalement en corporations et horizontalement en associations par tranche d'âge, de telle sorte que tout le monde est amené à rencontrer tout le monde. La parole est sacrée et la senenkounya est un système dans lequel seules des senenkouns ont le droit de tout se dire, avec en contrepartie un devoir d'assistance mutuelle. Sont senenkouns enfants et vieux, beaux frères et belles sœurs, certaines familles entre elles, certains peuples entre eux. C'est un système complexe et ingénieux. Pour cela il faut découvrir l'Histoire de l'Afrique, qui nous est cachée. Lorsque l'Histoire ne parle que des rois, elle passe à côté des anarchistes comme le disait Alcibiade.

Alors il n'est pas question de dire que ce sont des sociétés parfaites, non je ne suis pas favorable à l'excision. Mais la culture mandingue existe encore, n'oublions pas que dans beaucoup de "pays" d'Afrique, l'Etat n'a que peu de pouvoir et souvent les gens continuent à vivre de manière anarchique. C'est à dire très organisée. Et pour moi, les valeurs de solidarité et même de gentillesse, la démerde, la capacité à prendre des décisions en groupe, le respect des anciens et de l'expression de la parole sont des symptômes d'une culture anarchique persistante.

Je pense donc qu'il est grand temps pour les anarchistes occidentaux de s'intéresser à l'anarchisme africain, en le comprenant on se comprendra mieux nous-même, on vivra plus harmonieusement avec ces gens qui sont nos voisins de palier, et on trouvera plus facilement le chemin vers notre liberté. Le monde entier est secoué par des luttes populaires anarchistes en ce moment même. Avoir une vision globale de l'humanité, sortir des carcans de pensée occidentaux sont un premier pas vers le dialogue anarchiste mondial.

Je lance donc le débat :D
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede Kzimir » 20 Oct 2011, 20:33

Quelques questions qui me viennent comme ça :

sissoko a écrit:L'anarchie pour moi est "l'absence de pouvoir illégitime".
L'anarchie pour moi n'est pas qu'un idéal : je considère que plus les pouvoirs se maintiennent à un bas niveau, proche du peuple, moins ils sont illégitimes, et plus la société est anarchique. C'est à dire organisée de manière rationnelle.

Un pouvoir légitime ne peut pas opprimer ?
Sur la proximité, tu cois que celle-ci protège de la violence des rapports sociaux, de la violence, etc. ? Parce que franchement dans les entreprises ou il y a proximité entre la direction et les employés on voit plus des difficultés accrues pour les travailleurs à s'organiser qu'une diminution de l'oppression.

sissoko a écrit:Mais par exemple, si les Romains ont attaqué la Gaule, c'est parce qu'elle était riche. Les "Gaulois" étaient à bien des égards plus civilisés que les Romains, ils étaient prospères et beaucoup plus anarchiques (au sens noble du terme bien sûr). A la chute de l'Empire Romain, on a assisté à une "ré-anarchisation" dans beaucoup de territoires, les fameuses Bagaudes dont on a parlé.

Moui alors là je suis pas franchement d'accord. Les bagaudes me semblent plus avoir été des bandes désorganisées et prédatrices que l'embryon d'une société productive (même si à la base il y a sans doute eu la volonté de lutter contre l'autorité de Rome).
Quant aux Gaulois, je connais mal, mais en ce qui concerne les sociétés germaniques par exemple, on peut être tenté de les considérer comme anarchiques car elles élisaient leurs chefs de guerre et vivaient en petites communautés, mais ça serait laisser de côté un certain nombre de pratiques pas franchement anarchistes, comme les sacrifices humains, l'esclavage, et une division sociale assez carrée entre hommes libres, affranchis, esclaves, etc.

sissoko a écrit:Je juge donc sévèrement l'Etat : pour moi, l'Etat français moderne se fonde sur les acquis militaires des Rois de France, il est discrédité à la base. Beaucoup plus illégitime que les seigneurs féodaux (plus proches du peuple).

Dire que les seigneurs féodaux sont proches du peuple me paraît assez étonnant. Ils sont proches géographiquement, certes, mais pas du tout socialement.

sissoko a écrit:Il n'y a pas de punk dans les sociétés anarchiques. On y respecte les anciens, on partage tout.

Pourquoi il n'y aurait pas de punk dans une société anarchiste ? Et pourquoi on y respecterait particulièrement les anciens ?


Sur l'Afrique un peu le même type de remarques, attention à ne pas idéaliser les sociétés traditionnelles africaines. Les chamanes et sorcier sont également des détenteurs d'un pouvoir qui n'a rien de légitime, et le fait d'être dans une société traditionnelle ne préserve pas de violences hallucinantes contre les déviants ou entre groupes sociaux (les guerres tribales ne sont pas seulement une invention coloniale).
Bref, ça me paraît un peu court pour parler de sociétés anarchistes. Notamment chez les mandingues que tu cites en exemple, connaissant mal je suis allé voir sur Wikipédia et j'y lis que la société mandingue traditionnelle fonctionne sur un système de castes, que j'imagine assez dur pour les captifs et bien peu anarchiste.
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede sissoko » 21 Oct 2011, 18:02

Je reconnais tout à fait ces arguments, ils me paraissent superficiels, je vais tenter d'y répondre.

Un pouvoir légitime ne peut pas opprimer ?
Sur la proximité, tu cois que celle-ci protège de la violence des rapports sociaux, de la violence, etc. ? Parce que franchement dans les entreprises ou il y a proximité entre la direction et les employés on voit plus des difficultés accrues pour les travailleurs à s'organiser qu'une diminution de l'oppression.

Un pouvoir légitime est un pouvoir reconnu par tous, donc non il ne peut pas opprimer à proprement parler.
Je pose comme une hypothèse que plus un organe de pouvoir s'éloigne du peuple, moins il est légitime, car l'éloignement empêche la discussion et donc la résolution pacifique du conflit. Quand tu dis
dans les entreprises ou il y a proximité entre la direction et les employés on voit plus des difficultés accrues pour les travailleurs à s'organiser qu'une diminution de l'oppression
je ne pense pas que ce soit vrai. Surtout au regard de ce que donne le travail pour des multinationales. Après il faut dire si pour les petites entreprises dont tu parles, il y a des liens et quels liens avec le grand capital, sous-traitance, filiale, etc, ce qui diminue singulièrement le pouvoir du patron et invalide l'énoncé.


Les bagaudes me semblent plus avoir été des bandes désorganisées et prédatrices que l'embryon d'une société productive (même si à la base il y a sans doute eu la volonté de lutter contre l'autorité de Rome).

Qu'entends-tu par "société productive" ? Voilà quelque chose qui ne ma paraît pas franchement anarchiste. Le terme de bagaude était mal employé ; la chute de l'empire romain a permis à beaucoup de territoires d'échapper au racket des romains et donc retrouver leur liberté (les invasions germaniques, dont il faut encore expliquer la nature exacte, n'ont pas concerné tout le monde), on a donc repris l'organisation anarchique traditionnelle.

Quant aux Gaulois, je connais mal, mais en ce qui concerne les sociétés germaniques par exemple, on peut être tenté de les considérer comme anarchiques car elles élisaient leurs chefs de guerre et vivaient en petites communautés, mais ça serait laisser de côté un certain nombre de pratiques pas franchement anarchistes, comme les sacrifices humains, l'esclavage, et une division sociale assez carrée entre hommes libres, affranchis, esclaves, etc.

C'est là qu'il est intéressant de parler de "racisme anachronique", attention aux préjugés et au langage ! :wink:
Elles élisaient leurs chefs, pas forcément "de guerre", les petites communautés étaient fédérées entre elles et le commerce se pratiquait à l'échelle européenne.
Ensuite je ne dis nulle part qu'il faut s'inspirer des mœurs gauloises, je cherche juste en France les périodes où ont pu se développer l'anarchie (c'est à dire l'ordre :D )

Dire que les seigneurs féodaux sont proches du peuple me paraît assez étonnant. Ils sont proches géographiquement, certes, mais pas du tout socialement.

Attention à ne pas me faire ce que je n'ai pas dit ! Je n'ai pas dit "proche", j'ai dit "plus proche". Et il n'y aucune généralité à faire sur la noblesse du Moyen-âge. Il y eut des nobles cul-terreux, de tranquilles gestionnaires, des fous de sang, des fous de dieu... parfois les paysans riches pouvait dépasser en influence la noblesse locale ! En tous cas, c'est toujours mieux que ce pouvoir soit proche, pourquoi ? Parce qu'il est plus facile d'aller brûler la maison forte d'un marquis que d'aller assassiner le roi de France.

Pourquoi il n'y aurait pas de punk dans une société anarchiste ? Et pourquoi on y respecterait particulièrement les anciens ?

Dans une société sans oppression, les enfants ne s'intéressent pas à la destruction. Dans une société saine, les anciens sont ceux qui ont vécu le plus de temps et qui ont donc la plus grande expérience et le plus de choses à transmettre. Ils sont aussi plus fragiles, il faut donc leur accorder respect et égards. Ca paraît normal, non ? En tous cas, de tous les peuples sur terre, au cours de l'histoire, on n'a pas vu souvent des sociétés qui produisaient des animaux aussi étranges que les punks et qui méprisaient autant la vieillesse. Voilà le produit de NOTRE "civilisation". Certains appellent ça le progrès. Comme certaines "féministes" qui pensent que c'est un signe de liberté que de s'habiller comme des putes.
Autre chose, peut-être choquant, surtout pour les enfants :mrgreen:
Dans une société anarchique, je suis aussi persuadé que les enfants obéissent plus à leurs parents. Et si quelqu'un me dit que l'anarchie, c'est quand les enfants font ce qu'ils veulent, ça rejoint le mépris des vieux, c'est faire un peu trop confiance aux enfants qu'il faut pourtant éduquer. Et éduquer ce n'est pas du tout laisser un enfant faire ce qu'il veut. Ca c'est le genre d'aberration que produit la société de consommation, l'enfant-roi ! Ca rend juste les enfants plus cons, ils deviennent prisonniers de leur égo.

Sur l'Afrique
connaissant mal je suis allé voir sur Wikipédia

Tu connais mal et c'est normal, mais tu n'as pas encore conscience du degré d'intoxication qu'on subit au sujet de l'Afrique. Quand on s'y intéresse, il faut désapprendre beaucoup de choses.
Si tu en as le courage, va voir les liens que j'ai proposé, ne cherche pas forcément à prendre le contre-pied de mes arguments avant de les avoir vraiment évalués, on est pas obligés de faire ça. C'est une vision assez personnelle que j'expose, c'est un axe de réflexion que je propose, mais je ne suis pas là pour en faire la promotion.
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede digger » 21 Oct 2011, 19:09

Tu connais mal et c'est normal, mais tu n'as pas encore conscience du degré d'intoxication qu'on subit au sujet de l'Afrique. Quand on s'y intéresse, il faut désapprendre beaucoup de choses
.

Je veux bien désapprendre. Raconte nous encore des exemples d’anarchisme africain et d’exemple d’organisations sociales.

Certains appellent ça le progrès. Comme certaines "féministes" qui pensent que c'est un signe de liberté que de s'habiller comme des putes.


Bon, alors ici on cause pas comme çà. On respecte les dames. :shock:
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede Kzimir » 21 Oct 2011, 21:06

sissoko a écrit: je ne pense pas que ce soit vrai. Surtout au regard de ce que donne le travail pour des multinationales. Après il faut dire si pour les petites entreprises dont tu parles, il y a des liens et quels liens avec le grand capital, sous-traitance, filiale, etc, ce qui diminue singulièrement le pouvoir du patron et invalide l'énoncé.

Dans les PME par exemple, je ne pense pas que l'exploitation soit atténuée par rapport aux grandes entreprises. Ne serait ce que parce que le petit nombre empêche l'émergence de contre pouvoir de classe.

sissoko a écrit:Qu'entends-tu par "société productive" ? Voilà quelque chose qui ne ma paraît pas franchement anarchiste.

Société productive c'est par opposition avec société prédatrice, comme peut l'être un groupe de pillards. Je ne vois pas ce que ça a de non anarchiste de différencier un village agricole, qui produit sa bouffe et est économiquement autonome d'une armée en campagne, économiquement improductive et se nourrissant sur l'habitant.

sissoko a écrit:Le terme de bagaude était mal employé ; la chute de l'empire romain a permis à beaucoup de territoires d'échapper au racket des romains et donc retrouver leur liberté (les invasions germaniques, dont il faut encore expliquer la nature exacte, n'ont pas concerné tout le monde), on a donc repris l'organisation anarchique traditionnelle.

Non. Les migrations germaniques n'ont fait que remplacer la tutelle romaine par une tutelle germano-romaine, puis par une tutelle simplement germanique. Il faut sortir de cette vision catastrophiste des migrations germaniques comme l'effondrement d'un monde. Les peuples germaniques n'ont fait que s'adapter, par le foedus, la récolte d'impôts, etc. à un système qui s'est peu à peu éloigné de Rome.
Et même les territoires qui n'ont pas été directement concernées par les migrations germaniques se sont reconstruites sur la base du système romain, bâti notamment sur une exploitation de la campagne par la ville. Rien à voir avec un système "traditionnel" qui avait de toute manière disparu depuis plusieurs siècles.

sissoko a écrit:C'est là qu'il est intéressant de parler de "racisme anachronique", attention aux préjugés et au langage ! :wink:
Elles élisaient leurs chefs, pas forcément "de guerre", les petites communautés étaient fédérées entre elles et le commerce se pratiquait à l'échelle européenne.
Ensuite je ne dis nulle part qu'il faut s'inspirer des mœurs gauloises, je cherche juste en France les périodes où ont pu se développer l'anarchie (c'est à dire l'ordre :D )

Parler d'esclavage et de sacrifice humain c'est des préjugés ? Et pourtant, l'esclavage existe toujours.
Je suis désolé, mais on ne peut pas considérer tel ou tel sujet isolément. On ne peut pas parler d'anarchisme dans une société de caste économiquement bâtie sur l'esclavage.

sissoko a écrit:En tous cas, c'est toujours mieux que ce pouvoir soit proche, pourquoi ? Parce qu'il est plus facile d'aller brûler la maison forte d'un marquis que d'aller assassiner le roi de France.

A contrario il est plus facile aux hommes du marquis de venir brûler ta maison qu'à ceux du roi de France. Ce dernier est trop loin, tu peux plus facilement t’accommoder de sa domination.

sissoko a écrit:Dans une société sans oppression, les enfants ne s'intéressent pas à la destruction. Dans une société saine, les anciens sont ceux qui ont vécu le plus de temps et qui ont donc la plus grande expérience et le plus de choses à transmettre. Ils sont aussi plus fragiles, il faut donc leur accorder respect et égards. Ca paraît normal, non ? En tous cas, de tous les peuples sur terre, au cours de l'histoire, on n'a pas vu souvent des sociétés qui produisaient des animaux aussi étranges que les punks et qui méprisaient autant la vieillesse. Voilà le produit de NOTRE "civilisation". Certains appellent ça le progrès. Comme certaines "féministes" qui pensent que c'est un signe de liberté que de s'habiller comme des putes.

En fait ta société anarchiste est pleine de normes. Il faut accorder plus de respect à ceux qui ont vécus plus vieux sous prétexte qu'ils ont plus de choses à transmettre (on pourrait dire que leur tâche est terminée, alors que les jeunes ont plein de choses à construire, et que ce sont eux qui méritent le respect, mais à la limite je m'en fous), mais je vois pas pourquoi ça les rendrait plus respectables.
Quand à parler des punks comme les animaux, ou sur le féminisme, no comment. Pour moi l'anarchisme c'est la liberté de choisir son mode de vie.

digger a écrit:Je veux bien désapprendre. Raconte nous encore des exemples d’anarchisme africain et d’exemple d’organisations sociales.

Pas mieux ...
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede digger » 22 Oct 2011, 07:33

@ Krismir
Sissoko dit que nous ne connaissons pas l’Afrique – pour ma part c’est vrai – et que nous avons des préjugés. Je l’encourage à nous donner d’autres exemples et à pousser sa démonstration.
Toi tu dis "assez" sous prétexte que les arguments avancés jusqu’ici ne t’ont pas convaincus. (Moi non plus)
@ Sissiko. Sortir des carcans de pensée va dans les deux sens. On ne peut pas demander à des occidentaux de sortir de leur vision caricaturale en portant des visions tout aussi caricaturales et étroites sur les cultures occidentales.
Je me considère comme appartenant culturellement à un peuple qui vient aussi du fond des âges et qui se bat encore pour maintenir en vie cette culture, parce qu’elle, comme toutes les autres, fait partie de la richesse du monde. Mais dans cette culture, tout le monde y est les bienvenus et tous l’ont enrichi par leur apport, y compris les punks.
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede sissoko » 22 Oct 2011, 15:00

Il y a une chose dont je suis de plus en plus certain, c'est qu'il est très important pour qui veut aller vers l'anarchie de privilégier le dialogue avec les étrangers pour comprendre leurs points de vue et sortir de notre carcan de pensée occidentale, qui est beaucoup moins libre que ce qu'on veut bien croire. C'est une révolution intérieure nécessaire pour les révolutionnaires. Car la révolution est mondiale, elle a lieu en ce moment même. Et nous, à notre corps défendant peut-être, sommes les porteurs d'une pensée qui nous dépasse, le fruit du conditionnement auquel nous avons été soumis. Même chez les anars on entend parfois des manières de penser ultrabourgeoises.
Nous sommes un peuple embourgeoisé et il faut le reconnaître. Parfois depuis seulement deux générations, parfois depuis dix. Les luttes sociales n'ont souvent servi qu'à prendre plus d'argent pour s'embourgeoiser. Les paysans ont tous acheté un tracteur, ils ont mis fin à pas mal de systèmes d'entraide comme ça. Et nous sommes leurs petits-enfants, nourris à la télévision et à l'éducation bourgeoise. La plupart des réflexes de solidarité, de défense ou d'action évidents pour quiconque a vécu dans une société "traditionnelle", nous les avons perdus. On peut voir ça comme une caricature, mais à chacun de voir la part de vérité qu'elle porte.
Les étrangers nous apprennent aussi des choses sur notre passé. On a du mal à se figurer ce que donnait le monde de l'oralité, avant l'imprimerie, et il suffit d'aller en Afrique pour non seulement voir comment ça peut se passer, mais même en quoi on peut concevoir l'oralité comme supérieure à la culture de l'écrit ! Il faut pouvoir envisager ce genre de choses, cette tolérance est nécessaire pour construire un monde pacifique.
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede sissoko » 22 Oct 2011, 15:26

Un extrait d'un préscédent lien :

L'anarchie, suivant l'étymologie grecque, c'est l'absence de commandement. Ce système politique se rencontre en Afrique noire chez des peuples ou n'existe pas d'organisation étendue, mais seulement des groupements sociaux ayant pour base les lignages, la religion, les associations. Dans chaque unité territoriale, on constate un équilibre entre ces divers éléments et aussi l'homogénéité des conditions matérielles. Il n'est pas besoin de commandement ni de force publique : les conflits sont réduits au minimum par l'absence de différences sociales, par l'impossibilité pour le l'un des éléments de prendre le pas sur l'autre, et surtout par l'obéissance naturelle de tous à la coutume ancestrale. Les sanctions de la désobéissance sont seulement morales (mépris général) ou religieuses (châtiment mythique sous forme de maladie, mort, calamités diverses frappera le coupable) ; dans des cas très graves seulement, la collectivité rejette l'individu coupable, désormais condamné à adhérer, privé de protection, retranché de son monde et de ses dieux. Entre les groupements s'établissent des rapports sur la base de la parenté ou d'une alliance à plaisanterie. Si des conflit éclatent, la guerre est une exhibition sportive, rapidement terminée en général par des tiers disposant à cet effet de pouvoirs religieux. Cette anarchie pratique est donc assez différente de celle de nos anciens théoriciens anarchistes qui voulaient laisser les individus à leurs instincts, présumés bons. Dans les sociétés primitives, l'individu n'existe à peu près pas ; il appartient toujours à un groupe social, le plus souvent même à plusieurs (famille, classe d'âge, associations) ; c'est l'agencement de ces groupes et la tradition qui créent l'équilibre et l'ordre. Pourtant, ces sociétés correspondent en bien des points à l'idéal de nos anarchistes : il n'y a pas de gouvernement, pas de lois ; celles-ci sont remplacées par les moeurs, c'est-à-dire les coutumes sociales. Les gens qui ont une autorité la tiennent de la coutume et se bornent, quand on a recours à eux, à dire la coutume.


Il y a d'autres exemple où le lignage n'est pas primordial : une traduction de https://sites.google.com/site/charlesjhmacdonaldssite/
Les mécanismes précis par lesquels une société peut fonctionner sans institutions politiques formelles, sans structures claniques et sans revendications sur les ressources productives ont d'abord été décrits par les ethnographes travaillant sur les chasseurs-cueilleurs nomades en Afrique et en Asie du Sud pendant les années 50 et 60, comme Lorna Marshall, Colin Turnbull, James Woodburn, Richard Lee, Peter Gardner et quelques autres. [...] Il fallut attendre que le travail d'une première génération d'ethnographes soit corroboré par une seconde génération qui travailla dans d'autres parties du monde comme l'Asie du Sud-Est et l'Amérique du Sud, pour qu'une nouvelle école de pensée commence à émerger, pour laquelle cette façon de vivre apparu non seulement comme une façon cohérente d'organiser les relations sociales, mais peut-être même comme une des plus anciennes et plus stables. (Introduction to Anarchic Solidarity, T. Gibson & K. Sillander, in press)

Des communautés pacifiques, égalitaires et nomades étaient encore vues il y a peu comme "simples" et "primitives", et n'étaient définies que par l'absence de certains traits présents à des stades d'évolution plus avancés. Ils étaient vus, en d'autres mots, comme le premier échelon du développement.

Dans les essais suivants, je refute cette vue et présente un paradigme de vie collective fondé sur deux modèles divergents. L'un est le modèle ouvert-agrégé et anarchique, l'autre est le modèle "social". Les deux sont des solutions viables au problème de la vie collective, mais elles ont des propriétés très divergentes. Les humains sont capables de vivre en agrégats comme en société, mais il est plus probables que l'option des agrégats anarchiques soit la plus ancienne et la plus fortement imprimée dans le cerveau humain. L'option sociale, plus récente, a prouvé son efficacité sur le plan de l'expansion physique et du contrôle des ressources naturelles, mais à des coûts très élevés.
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede digger » 23 Oct 2011, 08:29

En partant d’un principe pas faux en soi, l’importance de connaître d’autres cultures, tu continues à asséner des généralités douteuses (en quoi le fait d’acheter un tracteur met-il fin à la solidarité ? En quoi l’oralité est-elle supérieure à l’écrit ? etc...)
Tu ériges la "tradition" en mythe, comme les primitivistes encensent un prétendu "âge d’or" .
Je ne pense pas qu’il puisse se créer un dialogue très positif sur ces bases.
Et je n’étais pas, comme je l’ai dit dans un précédent post, fermé à la discussion.
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede sissoko » 23 Oct 2011, 14:01

Et pourtant par ces lignes tu fermes la discussion :wink:

en quoi le fait d’acheter un tracteur met-il fin à la solidarité ?

Dans les villages, on est passé progressivement d'un système où les paysans n'avaient accès qu'à peu de matériel agricole a un système où chaque paysan a son propre matériel. Je ne sais pas comment mieux démontrer que des mécanismes de solidarité on disparu avec ce phénomène. Ca n'a rien d'étonnant, c'est le constat de tous les chercheurs. Le plus grand ennemi de la solidarité c'est la propriété individuelle et les écarts de revenus.
En quoi l’oralité est-elle supérieure à l’écrit ?

Je n'ai jamais affirmé ça. Par contre, j'ai dit qu'il fallait s'efforcer de tolérer ce genre de choses si on veut dialoguer réellement avec d'autres cultures.

Tu ériges la "tradition" en mythe, comme les primitivistes encensent un prétendu "âge d’or" .

Je ne propose pas de revenir à un "age d'or" mystifié, je pense qu'il est nécessaire d'élargir sa conscience du monde et sa tolérance pour construire un nouveau monde intelligemment, et mieux vivre ensemble dans le monde actuel. Le fait est que, ayant grandi dans une culture de la propriété individuelle, nous ne comprenons même pas certains mécanismes de solidarité. Il faut pouvoir l'accepter pour mieux évoluer.
Ayant grandi dans une culture de la hiérarchie, et dans une culture du mépris, nous savons mal débattre. Le lieu du débat est souvent vu comme un ring ou sortira un vainqueur et un perdant. Il me semble que c'est ta vision des choses.
Ne pas avoir la patience de bien lire ce que j'écris, ne pas avoir l'honnêteté d'essayer de le comprendre, ne pas avoir l'intelligence de voir en quoi ça peut te servir, ne pas avoir la générosité de penser comment tu pourrais améliorer ou enrichir ma pensée, ne pas avoir le courage d'entamer une construction positive, voilà ce que tu fais et voilà ce qu'il faut dépasser pour créer le dialogue.
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede MélusineCiredutemps » 23 Oct 2011, 20:33

Je suis d'accord avec l'ensemble des remarques et critiques qui on été faites vis à vis du point du vue défendu par Sissoko. J'ajoute quelques remarques :
1)Il apparaît dans son discours une fâcheuse confusion entre l'individualisme, qui est une philosophie progressiste et l'égoïsme, qui est une attitude qui, bien souvent ne s'encombre pas de justification idéologique. Lorsqu'illes se justifient, les égoïstes font le plus souvent référence à des dogmes essentialistes (sexisme, racisme, âgisme) dont la fonction est de nier la singularité des individu-e-s pour les réduire à une appartenance de catégorie identitaire. L'individualisme c'est considérer que chaque individu-e est unique, irremplaçable, inaliénable et qu'ille doit être considéré-e par chaque autre comme une fin en soi, non comme un moyen. L'individualisme n'est donc pas compatible avec la chosification des êtres (instrumentalisation, exploitation, manipulation, sacrifice, etc...). Si on y adhère, l'individualisme pousse à un authentique et radicale altruisme. Il y a un type de régimes politiques où les individualités sont niées, voir réprimées, des régimes anti-individualistes : les dictatures et les totalitarismes. Dans ces systèmes là, un-e individu-e ne compte pas, ille n'est qu'une quantité négligeable et peut donc aisément être sacrifié-e. On peut observer ce mécanisme à petite échelle au sein des familles incestueuses, de toutes les cultures patriarcales du monde : la victime de l'inceste est sacrifiée au nom de la « sacro-sainte » cohésion familiale et au profit du violeur ainsi que des parents, oncles, tantes et grands-parents collaborateurices (pas toujours si « sages » que ça les ancien-ne-s...). J'ai choisi de défendre les valeurs de l'anarchisme pour plusieurs raisons. Parmi elles, je refuse de marcher au pas, d'être un numéro, un « bon petit élément », un pion parmi d'autres. Ce que je souhaite pour moi, je le souhaite aux autres : avoir une personnalité forte et irréductible qui refuse de soumettre et de SE soumettre ! Alors oui, je suis individualiste et cela fait de moi une résistante à la domination justifiée à grand coup de dogmes essentialistes et de culpabilisation. Et lorsque je résiste pour moi je le fais aussi pour tou-te-s les autres et en premier lieu pou celleux dont l'individualité est niée et bafouée.
2)Au « respect des coutumes ancestrales » s'opposent bien souvent la liberté de penser, de s'exprimer et de développer l'esprit critique sans lesquels aucun véritable dialogue n'est possible. Il peut y avoir un simulacre de dialogue dont la fonction est de donner bonne conscience aux dominant-e-s en maintenant la servitude des dominé-e-s, souvent avec le concours de certain-e-s d'entre elleux dont la servitude est volontaire.
3)A la Renaissance, lorsque quelques philosophes subversi-f-ve-s, « humanistes » ont pris le risque d’œuvrer, d'abord clandestinement, pour le développement de l'imprimerie afin de démocratiser la lecture, l'écriture et répandre le savoir parmi les roturier-e-s , cela déplaisait fortement au pouvoir, et pour cause... Le savoir, avec comme support l'écriture, était jusqu'alors le monopole du clergé et d'une partie de l'aristocratie. Il est plus facile de soumettre un peuple maintenue dans l'ignorance et la terreur divine que de gouverner une population instruite. C'est l'un des aspects fondamentaux de l'obscurantisme dans lequel l'Europe a été plongée durant le Moyen-Age et qui a produit, notamment, un sexocide phénoménal (la chasse aux sorcières, brulées vives et torturées par l'Inquisition).
4)Les gaulois n'étaient pas plus anarchistes que les romains, aucune de ces deux cultures ne peut être qualifiée comme telle en aucune façon. J'ai l'impression que Sissoko fait peu de cas du fait que lorsqu'un chef gaulois mourait, son épouse était assassinée pour être enterrée avec le cadavre de ce dernier... C'est l'une des raisons qui me donnent l'impression que sa vision de l'humanité et de la politique est très masculino-centrée, ce qui est incompatibles avec les valeurs de l'anarchisme.
5)Sissoko emploi beaucoup le terme de « pacifique ». Mais que vaut une paix sans justice ? Une société pacifique au sein de laquelle sont paisiblement maintenues, dans le calme et la bonne humeur, des inégalités économiques et sociales n'a rien à voir avec l'anarchie. Pas de justice, pas de paix !
6)Pour finir, à propos de la gérontocratie et des préjugés de Sissoko concernant la culture punk, il me semble qu'il y a, là encore, certaines confusions.
Toute personne, quelque soit son sexe, la couleur de sa peau ou son âge à droit au respect. Le respect c'est considérer l'autre comme un être, ne pas le traiter comme une chose. Le respect c'est traiter l'autre comme son égal, et non pas se soumettre à cette personne ou lui attribuer des privilèges. Il y a des enfants de 10 ans qui ont une plus grande maturité mentale que certain-e-s octogénaires, parce que chaque personne est unique et a sa propre histoire et son propre cheminement. Omettre le fait qu'un enfant est une personne, à part entière, malgré sa vulnérabilité physique et psychique, est incompatible avec les valeurs de l'anarchisme. Prendre en compte la vulnérabilité physique, et parfois psychique des personnes dont l'âge a altérer la santé, ce n'est pas simplement du respect, c'est de la bienveillance, qui va de soi lorsqu'on est comme moi INDIVIDUALISTE.
La culture punk est extraordinairement vaste, complexe, variée, etc... Personne ne naît avec « la science infuse », l'ignorance n'est pas un crime. Mais s'y complaire est une faute grave lorsqu'on prétend vouloir améliorer la réalité de ce monde. Il n'est pas vital de s’instruire à propos du punk, on ne peut pas s'instruire sur tout, malheureusement la vie est trop courte pour ça, mais il n'est pas malin de l'incriminer lorsqu'on a pas eu l'humilité de se pencher sur la question, au préalable...
Et il y a des punks qui font des chansons contre la ghettoïsation âgiste et les maltraitances sur les vieilleux... J'en suis, et pour conclure voici les paroles de la chanson de Vizcacha Rebelde à laquelle je fais allusion :

Sieste obligatoire en fin d’après-midi
Les tendons sont tendus sous les draps dans les lits
Les couteaux aiguisés sous des pyjamas froissés
Ça f’sait un moment ça y est tout est préparé
4 3 2 1 mutinerie chez les retraité-e-s
Et croyez-moi, ha ha, ça va valser !
J’aime pas la soupe ! J’aime pas la soupe ! J’aime pas la soupe !
Encadré-e-s – étouffé-e-s : le cordon faut qu’on l’ coupe !
Alors Grand-mère, dîtes-donc, on n’a pas tout fini ?
Non, mais c’est pour mieux te bouffer la face, chérie !
Pa’ce que j’ai p’us d’chicots, j’devrais manger d’la chiasse ?
Et arrête de m’parler comme à cinq ans connasse !
Humiliation quotidienne
Mémé a choppé la haine
Marre d’l’infantilisation
Pépé a pété les plombs
Tu me regardes de haut, je vois bien que j’te dégoûte
J’ai pas attendu qu’tu naisses pour gagner ma croûte
Et dis-toi gamin qu’c’est nous qu’avons fait 36
Et mon copain Hassan c’est lui qu’a construit c’t hospice !
L’infirmière tortionnaire finira sur la planche
Et celles qui veulent nous suivre crameront leur blouse blanche
Humiliation quotidienne
Mémé a choppé la haine
Marre d’l’infantilisation
Pépé a pété les plombs
Pavillon noir au balcon : pavillon d’viocs libéré-e-s
C’est la fête d’la pendaison, la fiesta des retraité-e-s
Mort à ces bandes de sales cons qui veulent nous dociliser
Et nous ont pris pour des pions à coups de placements forcés
Gavé-e-s de médocs pilules piquouze du matin au soir
Pour l’indus’ pharmaceutique cobayes de laboratoire
Humiliation quotidienne
Mémé a choppé la haine
Marre d’l’infantilisation
Pépé a pété les plombs
La maison des retraité-e-s est un centre autogéré
La lutte n’est pas terminée, elle vient juste de commencer
Partager-répandre au plus vite nos plus folles idées rebelles
Allons renverser les crèches, les écoles on s'fait la belle
Y'en a marre des ghettos alors les cases à la poubelle
Ensemble on sait qu'c'est comme ça que la vie sera belle
Humiliation quotidienne
Mémé a choppé la haine
Marre d’l’infantilisation
Pépé a pété les plombs
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede nemo3637 » 30 Oct 2011, 22:02

intéressante réflexion sur une civilisation que l'Occident impérialiste a cherché à rayer de la carte.
J'ai aimé aussi cette réflexion sur l'Etat avec des exemples pris dans l'Empire romain, même si la chute d'un état ou d'un Empire n'est pas gage d'émancipation.
Et malgré cette acharnement à vouloir anéantir les peuples, l'Afrique reste porteuse d'un autre futur.
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede alcibiade » 16 Nov 2011, 21:20

Salut, comme le signale nombre d'ethnologue dont l'excellent Sissoko, l'Anarchie est loin d'être une idée neuve . Une multitude de textes anciens, de fouilles archéologiques et d'études ethnographiques confirment l'absence de hiérararchies et de propriètés chez un grand nombre de Peuples . Même dans la littérature semi contemporaine on lit et devine un communisme local et traditionnel dans nombre régions du monde . Le plus prolifique dans ce domaine est le bouquin de Kropotkine : l'Entraide . Mais on en trouve aussi chez Henri Vincenot ,qui, dans son livre : le pape des escargots, signale les anciennes maisons collectives des Eduéens . Bref on pourrait passer une vie à repertorier tout les signes d'Anarchie et de proprièté collective dans l'histoire et dans l'actualité . Il semblerait aussi que les Peuples les plus anciens d'Europe (avant les celtes qui sont arrivé vers l'an mil avant JC et qui ont amené les castes – guériers, prètres ,paysans-artisans, + Exclus = basses castes, prisonniers esclaves ,intouchables ) . Bref les avant celtes : Basques , Ligures, Etrusques, Ibères et d'autres que l'on ne connait plus , avaient bien souvent des pratiques matrilinéaires et collectivistes . Les Chefs étaient élus pour un rôle trés précis et retournaient dans le peuple une fois le problème règlé . Il existe encore aprés des millénaires d'existence des pratiques collectivistes dans les montagnes Basques, Vosgiennes, Alpines et Caucasiennes . D'ailleurs le terme de ROI dépend pour les textes anciens du bon vouloir culturel et politique du traducteur . Qui ira vérifier une traduction du sanskrit, de l'ancien basque, de l'araméen, du ligure ou du summérien ??? Il est clair que le terme de roi peut signifier plusieurs choses en fonction de ces orientations . Chef de guerre élu et non héréditaire, chef de guerre elu ou auto-proclamé qui devient héréditaire ou de droit divin, autre chose ... D'ailleurs le terme de Roi “officiel” nous vient de l'Indo-européen “Radjah “ d'ou viendrait rex, rix,roi,règle, droit, right .. selon les érudits le roi serait celui qui trace la frontière entre le territoire de son peuple et l'extérieur d'ou le terme de règle, règlements, roi ,fort, vainqueur qui sont synonymes ou identiques dans de nombreuses langues .
En France le chef antique le plus connu (grace à Tite Live dans son Livre V) est Ambigat . Dans les années - 470, les Gaulois du Berry et d'Occitanie prospèrent et surpeuplés envahissent l'Italie, la Gréce et la Turquie ou ils s'installérent durablement , ils y sont encore . Ambigat et ces fils dirigèrent les armées et Brennus le destructeur de Rome fut un de leur lieutenant . Il est bien regrettable que Rome s'en soit remise car 500 ans plus tard les Romains nous ont imposé la civilisation centralisée, l'Etat et le capitalisme qui sont des fléaux, qui ont détruit et génocidé de nombreux peuples et cultures indigènes à travers le monde.
D'ou vient le fait que les chefs se font couronner ??? Sans doute comme maintenant du fait de la passivité de leur peuple . César le boucher de la Gaule voulut se faire couronner empereur, des Sénateurs l'ont assassiné ! Il y a parfois une justice mais il faut l'aider :-)

L'Anarchie théorique comme l'Anarchie historique est inéluctablement liée à des groupes humains solides ou les taches sont non castées . Contrairement à l'Inde ou l' Afrique où les taches et métiers sont castés et où il est difficile d'en sortir et ce sur d'importants territoires .
S'il n'y a pas de groupes solides et polyvalents c'est le bordel et si les groupes sont trop castés c'est la dictature . En Afrique les Peuples archaïques comme les Hottentots, Bushmen et Pygmées vivent sans chefs et sans castes ce sont les plus apts -pour tel tache- qui apprennent aux autres tel ou tel savoir . Cela se fait naturellement et ce dans l'intérêt et la survie du groupe . S'il y a un mauvais “responsable” de chasse ou de ceuillette le groupe mourra de faim . Idem pour la plupart des peuples archaïques .

Il y a 20 ans j'étais en vacances “humanitaire” en Afrique vers Bouaké (Cote d'Ivoire). Nous étions une vingtaine de Francais et devions faire un chantier utilitaire dans le village où nous étions .
On arrive .. les Africains sont en dispute pour savoir qui va héberger qui ! ???
Le chef du village ( chefferie traditionnelle) et le chef local (du parti au pouvoir) se disputent pour savoir qui hébergera le chef des Francais . Aprés des palabres ils décident que le chef local du parti hébergera le chef des francais et que le chef traditionnel hébergera la plus belle des francaises ! Il y avait parmi nous des techniciens de plusieurs corps de métiers . Un jour ; émoi et agitation dans le village , car un jeune maçon francais a construit un mur 3 fois plus vite que le vieux maçon local . Le maçon local est moqué par les villageois ; le maçon local est humilié . Cette humiliation professionnelle est typique des sociètés où les travailleurs sont castés et où l'on ne peut pas faire tel ou tel métier sans l'accord du “Chef Métier”. En Europe médiévale et actuelle le “chef Métier” s'appelle “Maitre Ouvrier” et il peut aussi agir de manière aggressive face à la concurence . Bref dans notre village africain il fut (aprés palabres) décidé de demander au jeune maçon francais de ne plus faire de murs et aux villageois de ne plus se moquer de leur maçon villageois . Cependant par la suite et en secret les villageois vinrent demander au maçon francais et à ces collègues dans différents corps de métier de faire tel ou telle chose . Après réunion-palabre des Francais ,il fut décidé de contrevenir à la décision du Consel du village et d'aider (nous étions là pour cela), les habitants autant que cela est possible et d'offrir dicrètement des cadeaux en compensation aux “chefs métier” concernés . Il y avait dans ce village : des riches (entrepreneurs BTP, polyservices, débrouillardise à grande échelle ...) et des pauvres qui n'avaient pas l'eau , l'électricité et qui dormaient sur le sol et sans “maison” fixe . Un autre soir discussion houleuse entre jeunes villageois, nous étions invités , mais nous n'y comprenions rien car il parlait entre eux l'Africain du cru . Aprés ils nous expliquèrent : Il y avait 2 groupes de jeunes, les jeunes restés au village et les jeunes partis en ville travaillés ou étudiés . Les premiers reprochaient aux seconds d'avoir abandonnés le village pour se la couler douce en ville, à glander et à faire des études inutiles ou à s'enrichir personellement sans en faire profiter le village . Les seconds reprochaient aux premiers d'être des ploucs arièrés qui attendaient l'aide des urbains et des subventions pour faire vivre et moderniser le village, alors qu'eux préparaient l'avenir pour sortir le village de son arièration . Curieusement aprés ces échanges verbaux assez vifs agrémentés de nombreux exemples et de dénonciations personnelles , ils sortirent de la réunion bons amis en se tenant la main comme si de rien n'était . En France les 2 positions existent aussi mais elles ne se parlent plus depuis longtemps, d'ailleurs les villages sont vides ..., pardon se sont vidés depuis la guerre 14 et les jeunes vivant et travaillant dans les villages sont rarissimes .
En Afrique comme ailleurs les traditions salutaires sont moribondes et les modernités européennes (techniques et politiques) l'ont emporté entrainant avec elles leurs cortèges de dépendances économiques et culturelles . Le problème de l'Afrique est qu'elle a eu coup sur coup 2 invasions : la première musulmane et la deuxième européenne . Il en résulte un chaos trés important sur l'ensemble du continent . Des anciens Africains me racontaient qu'il y a 200 ans les profs des écoles coraniques mettaient des chaînes aux pieds des enfants pour qu'il reste à l'école .Quand aux Francais ils frappaient les Africains qui cultivaient les champs collectifs villageois afin de les obliger à cultiver les plantations des Blancs : Arachide, coton, cacao café ... aprés certains s'étonnent des famines africaines !!

Cependant il ne faudrait pas idéaliser à l'extrème l'avant colonisation et l'avant Islam . L'animisme et le tribalisme originel de tout les peuples de la Terre n'avaient pas que des cotés positifs . Il y avait aussi des abus, des dégénerscences, des incapacités et des trahisons . De nombreux peuples ont chassé puis vendu leurs voisins comme esclaves pour le compte des Arabes et des Européens. Certaines pratiques d'initiations des jeunes étaient parfois trés durs, certains sorciers et individus charismatiques abusaient de leurs pouvoirs de manière scandaleuse . Bref l'Etat centralisé n'a pas le monopole de l'oppression. Des sociètés sans Etat et sans chefs peuvent par le biais du Conseil (de village, de tribus, des femmes, des jeunes , des sociètés secrètes ..) être aussi aliènantes que l'Etat et sa police . D'ailleurs la pénétration des Européens en Amérique et en Afrique n'aurait pas pu se faire sans l'aide d'une partie des indigènes , dont certains voulaient se venger de leurs anciens maitres indigènes ; comme les Incas et les Yorubas qui n'étaient pas tendres avec leurs frères avant l'arrivée des Blancs .
Faire l'inventaire des sociètés sans Etat paradisiaque ou oppressive sera difficile car de nombreux peuples premiers ont disparu et certains peuples premiers (y compris en Europe ) pratiquaient les sacrifices humains et le canibalisme .
Cependant de nombreux explorateurs ont vu des sociètés paradisiaques cassées par l'arrivées des militaires et missionnaires européens et ce à une échelle planétaire jamais vu jusqu'alors , avec des milliers , des millions de morts, d'esclaves ou de déportés . D'ailleurs de nombreux européens au contact prolongé avec les sauvages ont adopté leurs mode de vie le préférant à l'Europe hyppocrite et prédatrice . Dans toute les partie de monde du XV? au XIX? des Européens se sont immergés avec les indigènes et ne voulaient plus en sortir . Car Ils se trouvaient bien où ils étaient . L'excellent livre de Guy Hocquengem: les aventures de frére Angélico: romancent une histoire vraie d'un marin espagnol échoué seul au Yucatan au Méxique avec quelque restes de son bateau en mil morceaux et de sa cargaison . Il se maria et eut des enfants avec le peuple qui l'a recueilli . Comme il savait que les espagnols étaient agressifs et voulaient faire du Méxique une colonie , il aida son nouveau peuple à combattre les Espagnols et fit du Yucatan et de sa forêt inextricable un des derniers territoires conquis par les Espagnols .

En Europe les traditions (collectives salutaires) comme l'Europe d'ailleurs ont été brisées durant la guerre de 14 .
Les campagnes, les anars, l'aristocratie ouvrière et intellectuelle ont été liquidé au profit de la médiocratie et du capitalisme qui dirige toujours depuis .
Quand les ouvriers sont trop chers ou trop remuants on crée des guerres, on va chercher des travailleurs étrangers peu chers et aprés quand eux aussi sont trop chers on délocalise vers l'Est .
Maintenant on amplifie le ridicule jusqu'à l'extrème puisque les Etats sont notés,comme à l'école et que les premiers ministres dont le pays est mal noté sont virés .
Les capitalistes comme l'ultra gauche sont d'accord sur un point : la Mort du travail . Il en résulte un capitalisme spéculatif délirant qui abandonne ou brade l'économie nationnale utile . Cela fait des milliers de chomeurs puis un déficit commercial puis banquaire monstrueux puisque les pays anciens-riches ne produisent plus et doivent acheter à l'étranger, puis asister leurs pauvres afin d'éviter une agitation sociale trop importante . C'est Giscard qui a cassé le travail en suprimant l'aprentissage chez les jeunes . Sans parler de ces nombreux profs qui méprisent les métiers manuels et qui en dissuadent leurs élèves . Or sans travail point de richesse, d'ouvriers, d'anarchistes, d'autonomie, de révolution de classe c'est la fin du monde, le règne de l'assistanat, de la misère, du Rien .
Seul les illuminés et les écologistes radicaux sont contents de tout ce chaos qui avance depuis au moins 20 ans et quand tout les Etats auront faillité que se passera t'il ????
La fin d'un Monde est le début d'un autre disent ils ? Mais qui nous dit que l'autre monde ne sera pas pire que celui ci ?? En attendant les manuels de survie dans la nature se vendent comme des petits pains plus personne ne croit aux élites, au capitalisme et aux Etats .
Les solutions basiques reviennent : protectionnisme, économies locales, faire un travail agréable et utile, parler et échanger avec ces voisins ou amis, fabriquer soi même, controler ces émotions et sa santé . Bref ce qui a toujours éxisté : mais comme l'homme n'est pas rationnel il veut toujours conquérir ce qui n' est pas, ce qu'il n'a pas ..... alors il court il court il court ... et puis il tombe .
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede nosotros » 16 Déc 2011, 12:29

Juste pour référence, il existe un bouquin, en anglais, intitulé African anarchism : the history of a movement, écrit dans les années 90 par deux militants de l'Awareness League nigériane dont le nom ne me revient pas.

Le titre en est un peu trompeur, puisque ce bouquin, après avoir posé les principes généraux de l'anarchisme et esquissé son histoire, s'intéresse principalement aux éléments d'anarchie dans les cultures traditionnelles de l'Afrique subsaharienne.

C'est très intéressant, et on a pu en trouver d'assez longs extraits en traduction dans un Monde libertaire d'été, celui de 2002 si ma mémoire est bonne.

Peut-être du reste avez-vous déjà mentionné cette source, car j'avoue n'avoir fait que survoler le topic, me promettant d'y revenir avec plus de temps.
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Re: Anarchisme traditionnel, Anarchisme africain

Messagede alcibiade » 09 Mai 2012, 12:05

Salut , L'article qui suit est significatif de l'efficacité humaine qui n'a pas besoin d'idéologie politique car cela est logique et a été expérimenté durant des siècles avec efficacité . Quand je lis sur ce site( forum anarchiste) des gens qui s'empaillent durant des dizaines de pages ;pour savoir qui est un bon ou un mauvais anarchiste cela m'effare et doit en effarer plus d'uns .
En fait comme l'a dit Malatesta " C'est en marchant que l'on crée le chemin sans quoi il n'y a pas de chemin" . Tout le reste en Anarchie comme dans tout les domaines est du domaine de la rumination perpétuelle et de la masturbation .

Les Traditions ont toujours été liés à des territoires de la cage d'escalier dans une cité à une nation, les peuples se sont toujours regroupés d'abord par territoire .
.
Le Rajasthan met le désert au vert
Par Pierre Prakash ; tiré du site onpeutlefaire.com

"Il y a 15 ans, il n'y avait rien ici, juste des terres arides", raconte Kanheya Lal en désignant les cultures qui s'étendent à perte de vue. C'était une zone désertique, la plupart des villageois étaient partis travailler en ville. Or, aujourd'hui, l'eau est revenue, et le village tout entier vit à nouveau de l'agriculture. Personne n'a jamais vu autant d'eau dans cette région". Ces mots résument à eux seuls le miracle que connaît, depuis quelques années, le district d'Alwar dans l'état du Rajasthan, au nord-ouest de l'Inde. En une décennie à peine, le désert a été transformé en une oasis verdoyante et prospère. Un miracle d'autant plus impressionnant qu'il ne doit rien aux technologies modernes, et tout à la résurgence des méthodes traditionnelles de récupération d'eau de pluie.
Rivières ravivées

C'est, en effet, la construction de simples réservoirs en terre, creusés à la main, qui a permis de renverser le processus de désertification dû à l'exploitation intensive des eaux souterraines. Parallèlement, les habitants ont lancé un programme de reforestation sur les collines alentour, dont les arbres avaient été anéantis par les troupeaux et les coupes sauvages. Résultat : les forêts regagnent du terrain, les surfaces cultivables ont été triplées, les rendements agricoles multipliés par dix. Le tout sans même les conseils d'un ingénieur. « Nous n'aurions jamais pensé que c'était possible, avoue Kanheya Lalen en souriant, mais les méthodes de nos ancêtres étaient si efficaces que nous avons même réussi à ressusciter la rivière ». Asséchée depuis plus de soixante ans, la rivière Arvari, longue de 45 kilomètres, est ressortie de terre, en 1996, grâce à la remontée des nappes phréatiques. Depuis lors, quatre autres cours d'eau ont été ravivés dans la région, redonnant vie à des centaines de villages qui étaient, sinon, voués à l'abandon.

Lancé en 1987 par la petite ONG Tarun Bharat Sangh (TBS), le projet de récupération d'eau de pluie du district d'Alwar est aujourd'hui un modèle mondial en matière de préservation de ressources en eau. A ce jour, ce projet entièrement écologique a réellement permis de ressusciter plus d'un millier de villages abritant une population de 700 000 personnes. Réussite d'autant plus spectaculaire qu'elle repose sur la participation des villageois eux-mêmes. A coup de pelle et de pioche, ils ont creusé des centaines de « johads », terme local pour désigner les réservoirs en terre. Installés pour la plupart au bas des collines, ils permettent de récupérer non seulement les gouttes, mais aussi et surtout les eaux de ruissellement, qui, autrement, se perdent en surface. « Dans un premier temps, les puits se sont remplis, puis, après plusieurs années, les cours d'eau ont commencé à se reformer. », explique Rajendrah Singh, directeur de TBS et architecte du projet.

« La force de ce projet, c'est la participation active de la population locale », souligne cet homme, devenu un héros en Inde. Sans cette implication des villageois, l'eau serait à nouveau gaspillée et on reviendrait à la case départ. « Pour que les résultats soient durables, il faut que les bénéficiaires soient chargés de la gestion des ressources naturelles ». Dans certains villages, il a fallu plusieurs années pour convaincre les habitants de s'entendre, chaque famille devant accepter qu'au moins un membre participe aux travaux collectifs. Pourtant, aujourd'hui, les résultats sont là, et les habitants sont les premiers à se soucier de la préservation de leurs ressources. « Notre condition économique s'est améliorée au fur et à mesure que le paysage changeait, résume le vieil Arjun, affairé à réparer un johad. Maintenant, nous savons qu'en préservant la nature, nous assurons notre survie. »

Dans chaque village, un comité a été élu pour veiller à la préservation des ressources naturelles. Dans la région d'Arvari, ces comités ont même été fédérés au sein d'un « parlement de la rivière » qui légifère sur l'utilisation de l'eau. Parmi les décisions prises : interdiction de planter des cultures soiffardes comme le riz ou la canne à sucre, interdiction d'utiliser des pesticides afin de ne pas polluer les nappes phréatiques, interdiction d'utiliser l'eau à des fins industrielles ou de vendre son terrain à une industrie. Ceux qui violent ces lois ont des amendes, et, s'ils refusent de payer, ils sont rejetés de la communauté, l'horreur dans ces zones rurales traditionnelles.
Reforestation

Pour protéger les forêts renaissantes, le « parlement » interdit aussi les coupes sauvages et a mis en place un système de « clôtures sociales » pour les pâturages. Les villageois décident ainsi, ensemble, des zones interdites aux troupeaux. « Une zone replantée n'est ouverte en pâture que trois ans après pour les vaches, cinq ans pour les chèvres et sept ans pour les chameaux », explique Arjun. Résultat : la végétation recouvre aujourd'hui près de 60% du district d'Alwar, contre seulement 6% en 1987. « La reforestation est essentielle pour préserver les ressources en eau, souligne Rajendra Singh, car sans végétation sur les collines, l'érosion ensable les réservoirs, et l'eau ne percole pas jusqu'aux nappes phréatiques ». Au-delà de sa vocation écologique, le projet a permis un développement économique inespéré. Les prix des terrains ont été multipliés par 150 et les paysans autrefois contraints à l'exode rural, produisent désormais assez pour exporter leurs légumes et leurs céréales dans toute la région. Un impact impressionnant pour un projet qui n'a coûté que 1,5 million d'euros sur 15 ans, soit une infime partie des sommes dépensées chaque année dans le monde sur des projets de grands barrages sont les résultats sont bien moins visibles.
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