Le syndicalisme peut-il se suffir à lui-même ?

Celà fait plusieures années que je ne me revendique plus anarchiste au sens organisationnel (même si individuellement je le reste). Néanmoins ça m'intérèsse d'avoir vos points de vue concernant l'un des plus vieux débats dans la grande famille du socialisme. Pourquoi remettre sur le tapis celà ? Tout simplement parce que nous sommes dans une impasse organisationnelle depuis bien longtemps ce qui explique parallèlement la stagnation, voire la regression du mouvement ouvrier et révolutionnaire d'aujourd'hui.
Je vais donc reprendre Piero car son commentaire est intéréssant:
"D'autant que ce débat n'est pas nouveau (congrès d'amsterdam de 1907 par exemple).
Pour faire rapide, je pratique et pense que l'outil syndical en terme d'organisation collective est indispensable, mais pas suffisant. Je m'inscris donc aussi dans d'autres formes d'organisations collectives qui me paraissent aussi indispensables : organisation politique, associations (et notamment de quartier)...
D'autre part et sur la construction révolutionnaire, je ne suis pas sur la question syndicalisation des moyens de production, je suis pour la socialisation des moyens de production et le pouvoir des conseils."
Surement cette conception conseilliste et plateformiste vous parait novatrice devant notre société "démocratique" décadente, une alternative crédible pour le prolétariat. Or pourtant rien n'est plus faux. La conception que tu partage Piero est justement l'une des plus vielles conception mise en pratique dans le socialisme et dans la société. Elle a été mise en pratique prmeièrement par le courant social-démocrate.
La social-démocratie, interprétation réformiste du marxisme, a cette particularité héritée du républicanisme démocratique radical en le mélangeant au marxisme. Elle a la volonté de maintenir le caractère bourgeois de ce que l'on appelle politique et économique. Cette volonté ne résulte que du caractère social de ses membres dirigeants: tous bourgeois ou issu de ce milieu.
Le caractère bourgeois de la social-démocratie vise à séparer domaine politique et domaine économique. Ce que tu semble partager en mettant distinctement pouvoir politique conseilliste de quartier et socialisation des moyens de production.
En ça (la question syndciale, économique, politique), vous ètes exactement pareil que les léninistes. Le léninisme déscend de la social-démocratie dont Lénine en partageait la vision de l'aile Jacobine (très admirateur de la révolution française).
La séparation du domaine économique et du domaine politique est aussi vieille que le pouvoir et l'autorité existent en terme sociétal. A partir du moment où il y a eu hierarchie, pouvoir, qu'il soit centralisé dans les mains d'un monarque, empereur, ou entre des mains collectives, oligarques, élues ou auto-proclammées des différents échelons démocratiques en passant par monarchique parlementaire, les domaines politiques et économiques ont toujours été séparés et le pouvoir politique prend l'ascendant sur l'économique. Ce qui est le plus étrange c'est que les libertaires conseillistes et plate-formistes, "communistes libertaires" (plus léninistes en sommes que libertaires) veulent perpétuer cette tradition millénaire d'oppression organisationnelle dans la société.
Nous, syndicalistes-révolutionnaires, pensons qu'il n'y a pas de séparation entre politique et économique autre que ceux et celles qui veulent avoir le pouvoir sur le peuple et la classe. La classe se dote d’une culture à partir de pratiques de vie sociale, dans les entreprises mais aussi dans ses quartiers. L’un ne va pas sans l’autre. Comment peut-on soutenir que ce qui se passe à l’usine, la boite, l'entreprise, serait du ressort du syndicat et ce qui se passe dans le quartier et la cité (logement, loisirs,…) serait du ressort de l'organisation spécifiquement politique, alors que dans le même temps on affirme, fort justement, que tout ce qui existe est le produit de l’activité productive des hommes et des femmes ?
On ne peut séparer vie professionnelle et vie privée, chaque prolétaire s’en rend compte tous les jours, comme on ne peut séparer « domaine économique » et « domaine politique ».
Le communisme (véritable, ce que vous vous rajoutez "libertaire") ne peut exister que si c’est la classe ouvrière qui prend le pouvoir et qui gère la production des services et des objets nécessaires à la réponse aux besoins de la population. Or l’organisation des travailleurs qu'est-ce que c'est ? C'est le syndicat. Ce ne peut pas être le parti ou l'organisation politique. Car la classe ouvrière, le prolétariat, n’existent pas dans un programme construit par un groupe restreint de travailleurs et d’intellectuels qui divisent organiquement le prolétariat par leurs interprétations iédologiques et philosophiques. L’existence du prolétariat c’est, en dehors de son existence définie par les rapports sociaux de production capitalistes, ses pratiques de lutte de classes qui se matérialisent dans des organisations ou structures de classes: syndicats et fédérations d’industrie, unions locales ou structures interprofessionnelles, confédération, organisations ou œuvres syndicales de sociabilité prolétarienne. Le caractère "de classe" est d’abord et avant tout cette existence matérielle qui agit. Si on pense que c’est le parti, l'organisation politique, qui fait exister l’organisation de la classe, alors on ne se place plus sur le terrain du matérialisme mais sur celui de l’idéalisme. Et ce térrain, on en est en plein dedans depuis que les courants léninistes et anarchistes (tendance Malatesta) ont pris le dessus sur les conceptions politiques et économiques en société.
Bref ce que je veux dire, c'est que tout ce que vous nous proposer comme "alternative", c'est enfait la continuité de ce système actuel selon les lignes tracée par la social-démocratie. Donc vous proposez les mêmes codes d'oppression populaire: la séparation et la divisions des domains sociétals. Car si tu t'impliques à côté de la production dans des associations de quartiers où les habitants sont pourtant les mêmes qui produisent, c'est bien que tu rentre clairement dans la conception social-démocrate bourgeoise et que tu ne veux en sortir vue que l'alternative proposée est sur les mêmes repères qui nous ont mis dans la merde depuis plus d'un siècle. C'est ce qui explique également la dépolitisation de la population, la perte de conscience de classe.
Je vais donc reprendre Piero car son commentaire est intéréssant:
"D'autant que ce débat n'est pas nouveau (congrès d'amsterdam de 1907 par exemple).
Pour faire rapide, je pratique et pense que l'outil syndical en terme d'organisation collective est indispensable, mais pas suffisant. Je m'inscris donc aussi dans d'autres formes d'organisations collectives qui me paraissent aussi indispensables : organisation politique, associations (et notamment de quartier)...
D'autre part et sur la construction révolutionnaire, je ne suis pas sur la question syndicalisation des moyens de production, je suis pour la socialisation des moyens de production et le pouvoir des conseils."
Surement cette conception conseilliste et plateformiste vous parait novatrice devant notre société "démocratique" décadente, une alternative crédible pour le prolétariat. Or pourtant rien n'est plus faux. La conception que tu partage Piero est justement l'une des plus vielles conception mise en pratique dans le socialisme et dans la société. Elle a été mise en pratique prmeièrement par le courant social-démocrate.
La social-démocratie, interprétation réformiste du marxisme, a cette particularité héritée du républicanisme démocratique radical en le mélangeant au marxisme. Elle a la volonté de maintenir le caractère bourgeois de ce que l'on appelle politique et économique. Cette volonté ne résulte que du caractère social de ses membres dirigeants: tous bourgeois ou issu de ce milieu.
Le caractère bourgeois de la social-démocratie vise à séparer domaine politique et domaine économique. Ce que tu semble partager en mettant distinctement pouvoir politique conseilliste de quartier et socialisation des moyens de production.
En ça (la question syndciale, économique, politique), vous ètes exactement pareil que les léninistes. Le léninisme déscend de la social-démocratie dont Lénine en partageait la vision de l'aile Jacobine (très admirateur de la révolution française).
La séparation du domaine économique et du domaine politique est aussi vieille que le pouvoir et l'autorité existent en terme sociétal. A partir du moment où il y a eu hierarchie, pouvoir, qu'il soit centralisé dans les mains d'un monarque, empereur, ou entre des mains collectives, oligarques, élues ou auto-proclammées des différents échelons démocratiques en passant par monarchique parlementaire, les domaines politiques et économiques ont toujours été séparés et le pouvoir politique prend l'ascendant sur l'économique. Ce qui est le plus étrange c'est que les libertaires conseillistes et plate-formistes, "communistes libertaires" (plus léninistes en sommes que libertaires) veulent perpétuer cette tradition millénaire d'oppression organisationnelle dans la société.
Nous, syndicalistes-révolutionnaires, pensons qu'il n'y a pas de séparation entre politique et économique autre que ceux et celles qui veulent avoir le pouvoir sur le peuple et la classe. La classe se dote d’une culture à partir de pratiques de vie sociale, dans les entreprises mais aussi dans ses quartiers. L’un ne va pas sans l’autre. Comment peut-on soutenir que ce qui se passe à l’usine, la boite, l'entreprise, serait du ressort du syndicat et ce qui se passe dans le quartier et la cité (logement, loisirs,…) serait du ressort de l'organisation spécifiquement politique, alors que dans le même temps on affirme, fort justement, que tout ce qui existe est le produit de l’activité productive des hommes et des femmes ?
On ne peut séparer vie professionnelle et vie privée, chaque prolétaire s’en rend compte tous les jours, comme on ne peut séparer « domaine économique » et « domaine politique ».
Le communisme (véritable, ce que vous vous rajoutez "libertaire") ne peut exister que si c’est la classe ouvrière qui prend le pouvoir et qui gère la production des services et des objets nécessaires à la réponse aux besoins de la population. Or l’organisation des travailleurs qu'est-ce que c'est ? C'est le syndicat. Ce ne peut pas être le parti ou l'organisation politique. Car la classe ouvrière, le prolétariat, n’existent pas dans un programme construit par un groupe restreint de travailleurs et d’intellectuels qui divisent organiquement le prolétariat par leurs interprétations iédologiques et philosophiques. L’existence du prolétariat c’est, en dehors de son existence définie par les rapports sociaux de production capitalistes, ses pratiques de lutte de classes qui se matérialisent dans des organisations ou structures de classes: syndicats et fédérations d’industrie, unions locales ou structures interprofessionnelles, confédération, organisations ou œuvres syndicales de sociabilité prolétarienne. Le caractère "de classe" est d’abord et avant tout cette existence matérielle qui agit. Si on pense que c’est le parti, l'organisation politique, qui fait exister l’organisation de la classe, alors on ne se place plus sur le terrain du matérialisme mais sur celui de l’idéalisme. Et ce térrain, on en est en plein dedans depuis que les courants léninistes et anarchistes (tendance Malatesta) ont pris le dessus sur les conceptions politiques et économiques en société.
Bref ce que je veux dire, c'est que tout ce que vous nous proposer comme "alternative", c'est enfait la continuité de ce système actuel selon les lignes tracée par la social-démocratie. Donc vous proposez les mêmes codes d'oppression populaire: la séparation et la divisions des domains sociétals. Car si tu t'impliques à côté de la production dans des associations de quartiers où les habitants sont pourtant les mêmes qui produisent, c'est bien que tu rentre clairement dans la conception social-démocrate bourgeoise et que tu ne veux en sortir vue que l'alternative proposée est sur les mêmes repères qui nous ont mis dans la merde depuis plus d'un siècle. C'est ce qui explique également la dépolitisation de la population, la perte de conscience de classe.