dans un élan révolutionnaire supprimons la valeur

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Messagede yan31 » 09 Mai 2011, 15:58

yan du caam 06

j'étais en train de réfléchir sur un type de société anarchique possible et j'ai constaté que la valeur symbolique et objective des objets et des personnes était largement imbriqués dans un état hiérarchisé ( la valeur symbolique ou réelle des choses (argent) définit une position dans la société capitaliste et de classe)exemple la valeur subjective d'un artiste définit son statut social (maître, élève, commercial, underground etc.....)
les garçons et filles j'aimerais avoir votre opinion la dessus.

Pour une société égalitaire et libertaire refusons la valeur :gun:
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Re: dans un élan révolutionnaire supprimons la valeur

Messagede l'apache » 09 Mai 2011, 19:34

Ca c'est sur que c'est imbriqué,c'est même une des bases du système actuelle(pour ne pas dire la base)!Je pense qu'il serait possible dans une société anarchiste d'abolir l'argent mais je doute qu'on puisse mettre un terme à la valeur des objets,on pourrait la diminué,rendre les gens moins matérialistes mais on ne pourraient descendre significativement cette valeur car en supprimant l'argent,c'est le troc des objets qui la remplacerais donc bon.....Enfin je préfère le troc des objets à l'argent^^.

Viva el anarkia :antifa:!!
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Messagede Damned » 09 Mai 2011, 23:17

Bonsoir,

Certes, la suppression de la valeur est un beau principe mais réfléchissons un peu.


Dictionnaire Larousse.
Valeur : (...) Importance, prix attaché subjectivement à quelque chose


L'importance que l'on attache à quelque chose...
Tu as pris l'exemple de l'artiste, ok, mais l'oeuvre d'art qu'il crée ne possède t'elle elle pas une valeur de départ ?
Du moins sentimentale, mais elle a pu avoir une valeur autre car elle peut être l'artiste (ou l'artisan peu importe) y a mis du temps, y a consacré d'autre ressources etc...Nier la valeur d'une chose c'est donc nier l'effort que l'on a mis pour la créer.

La valeur est là, on ne peut pas la supprimer car c'est abstrait. Je crois que le problème est plutôt dans le système de valeur. Et l'aléatoire dans lequel les valeurs des objets sont déterminés (une valeur est par définition subjective...).
Prenons par exemple les objets de luxe, ils valent plus de 50 fois, en valeur monétaire leur valeur de production. Tandis que l'artisan, le travailleur si il n'est qu'un maillon d'une chaine de production est peut être rétribué mensuellement moins que l'objet qu'il fabrique.

En changeant le système on ne peut supprimer la valeur des choses, sinon il n'y a plus de biens, plus de production, car les choses ne "valent" plus la peine, l'effort, d'être faites.
Le système de valeur quant à lui peut changer dans une visée plus juste et plus "rationnelle" du point de vue de l'équité.
La société capitalistique recherche sans cesse l'accroissement de valeur, sa création et son augmentation. En clair payer moins cher les valeurs de départ pour vendre un produit le plus cher possible. Bref, faire du profit.

La question n'est pas "doit on supprimer les valeurs ?" car elles existent de fait, comme la société (au sens la cité, le groupe humain politique), mais plutôt : "quelles nouvelles valeurs mettre en place ?" en prenant comme référence de départ l'égalité, l'équité, le respect des individus...idées qui sont aussi des "valeurs" mais qui sont objective d'un point de vue égalitariste et humaniste ;)
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Messagede yan31 » 09 Mai 2011, 23:43

supprimer la valeur implique de dé quantifier le travail
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Messagede Damned » 09 Mai 2011, 23:59

Tu peux expliciter ?
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Messagede yan31 » 10 Mai 2011, 00:07

déquantifier le travail suppose à considérer que toute choses est égale à elle même ne plus considérer le temps pour fabriquer un objet en gros tout le monde produit pour soi ou pour la communauté sans prendre en compte le nombre d'heure pour fabriquer l'objet.
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Messagede yan31 » 10 Mai 2011, 00:08

donc que toute les personnes et les choses se valent on la même valeur
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Messagede Pïérô » 10 Mai 2011, 00:52

c'est le principe du communisme.
Par contre, et par rapport à l'activité, sur une autre échelle de valeur, parce que je pense que la "valeur" recouvre différentes choses, il me semble important d'évaluer les questions liées à la pénibilité ou au danger, la pénibilité de certaines taches par exemple, et envisager une forme de rotation, ou de moindre temps d'investissement, dans certains domaines.
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Messagede Damned » 10 Mai 2011, 02:18

La question de la propriété devra aussi être abordée... :)

Mais ne brulons pas les étapes.

Par rapport à la pénibilité de certaines taches...ces taches là dans ce nouveau système de valeurs trouveront t'elles toujours des individus pour les remplir ?
Même si on se base sur le volontariat, connaissant la nature humaine, au moins dans les débuts d'une nouvelle société (sans renouvellement achevé des mentalités) je doute que l'on trouve beaucoup de gens capable d'abnégation.
Le moindre temps d'implication est il suffisant ? Si il y a moins de temps d'implication, il y a donc moins de biens crées, donc cela nécessite plus d'individu sur ces taches précises, qui ne sont pas très attractives, du fait que les gens n'en tirent pas assez de "valeur" compte tenu de la pénibilité de la tache. (A pénibilité on peut substituer durée des études pour des taches qui nécessite un haut degré de connaissance ).
Comment convaincre les gens que 1), ce système va dans leur intérêt ? Même pour ceux qui trouvaient leur compte dans l'ancien système de valeur.
2) Ce système fonctionnera ? (Pas de pénuries, pas de gens susceptibles de profiter du système etc...).

Je n'ai pas la réponse, je la cherche aussi...
A mon avis, il faudrait chercher du coté du contrôle/régulation/ de la demande. Etant donné que c'est elle qui est sensée conditionner l'économie (Economie au sens pur, pas l'économie capitaliste). Eviter qu'il y ait une demande "matérialiste", "consumériste", ou "superflue". Mais comment éviter cette demande? Peut être en substituant la demande non satisfaite par des activités sociales... ( Bon ça fais assez marxiste mais pas totalement, ce n'est pas une économie planifiée à la soviétique que l'on cherche.)

Pour l'anarchisme, c'est un plan nouveau à explorer, car il y a commence à y avoir un peu de poussière sur nos classiques...Après je ne suis pas au courant d'étude ou d'ouvrage sur le sujet, si vous en connaissez, s'il vous plait partagez !
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Messagede yan31 » 10 Mai 2011, 06:10

je penses que non seulement la valeur subjective classe les biens dans la société mais aussi les personnes en les attribuant et en hiérarchisant selon leurs valeurs supposées. je m'expliques la société hiérarchise selon la classe sociale ex il est ingénieur il vaut tant ,il est ouvrier il vaut temps, selon le beau elle est belle elle vaut temps etc.............bref l'homme est une marchandise dans la société capitaliste, supprimons tout ca.
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Messagede kuhing » 10 Mai 2011, 10:06

Damned a écrit:La question de la propriété devra aussi être abordée... :)

Mais ne brulons pas les étapes.

Par rapport à la pénibilité de certaines taches...ces taches là dans ce nouveau système de valeurs trouveront t'elles toujours des individus pour les remplir ?
Même si on se base sur le volontariat, connaissant la nature humaine, au moins dans les débuts d'une nouvelle société (sans renouvellement achevé des mentalités) je doute que l'on trouve beaucoup de gens capable d'abnégation.
Le moindre temps d'implication est il suffisant ? Si il y a moins de temps d'implication, il y a donc moins de biens crées, donc cela nécessite plus d'individu sur ces taches précises, qui ne sont pas très attractives, du fait que les gens n'en tirent pas assez de "valeur" compte tenu de la pénibilité de la tache. (A pénibilité on peut substituer durée des études pour des taches qui nécessite un haut degré de connaissance ).
Comment convaincre les gens que 1), ce système va dans leur intérêt ? Même pour ceux qui trouvaient leur compte dans l'ancien système de valeur.
2) Ce système fonctionnera ? (Pas de pénuries, pas de gens susceptibles de profiter du système etc...).

Je n'ai pas la réponse, je la cherche aussi...
A mon avis, il faudrait chercher du coté du contrôle/régulation/ de la demande. Etant donné que c'est elle qui est sensée conditionner l'économie (Economie au sens pur, pas l'économie capitaliste). Eviter qu'il y ait une demande "matérialiste", "consumériste", ou "superflue". Mais comment éviter cette demande? Peut être en substituant la demande non satisfaite par des activités sociales... ( Bon ça fais assez marxiste mais pas totalement, ce n'est pas une économie planifiée à la soviétique que l'on cherche.)

Pour l'anarchisme, c'est un plan nouveau à explorer, car il y a commence à y avoir un peu de poussière sur nos classiques...Après je ne suis pas au courant d'étude ou d'ouvrage sur le sujet, si vous en connaissez, s'il vous plait partagez !



La réponse n'est pas si compliquée.

Elle se trouve dans l'augmentation considérable des forces productives qui aurait lieu en cas de suppression de la valeur marchande.
Je crois qu'il est important de rajouter "marchande" à "valeur" pour éviter toute confusion parce qu'il est évident que tout a une valeur absolue en tant que telle, celle qu'on lui accorde.
Les marxistes appellent ça "la valeur d'usage".

Sortir du cadre de la rentabilité et de la quête obligatoire de la plus-value financière qui régit le fonctionnement du système actuel va en effet permettre de produire suffisamment en fonction des besoins et aussi de produire mieux et propre.
En effet , l'état de la production actuelle telle qu'elle est alimentée est faite d'environ 70 % de choses inutiles dont le besoin est induit par cette science spécifique du capitalisme : le marketing.
Dans ces 70 % il y a aussi tout ce que l'on appelle la production à "obsolescence programmée" c'est à dire toutes les marchandises qui sont fabriquées avec une durée de vie sciemment limitée pour qu'elles se périment ou se cassent vite de façon à être à nouveau remplacée dans le but bien sur d'être à nouveau vendues.

Autour de ça il y a une quantité très grande d'énergie, physique ou intellectuelle, dépensée (gâchée) pour maintenir ce système en place.

Ce sont tous les fonctionnaires administratifs de l' Etat ou agents privés utilisés à la répression de ceux qui transgressent les lois du système : parmi eux il y a les policiers, les avocats, les juges, les services douaniers, les politiciens professionnels.
Pour faire tourner le système actuel il faut aussi toutes les personnes employées dans le secteur bancaire et financier.
Il faut enfin tous ceux dont l'occupation permanente est de trouver le moyen de vendre : les publicistes , les agents de marketing.
Tout cela fait beaucoup de monde qui ne serventt pour ainsi dire à rien de concret et d'utile ( tout en nous pourrissant la vie ).

Donc si on y réfléchit bien il y a dans le système actuel une très grande majorité de l'énergie disponible gaspillée non seulement à produire de l’inutile mais en plus du salissant , du polluant, du destructif ( armes ) avec toute la logistique nécessaire à réparer et essayer de nettoyer et de soigner ( très mal du reste )

En supprimer immédiatement l'outil indispensable pour que ce système puisse fonctionner, l'argent, la finalité de l'activité sociale n'est plus le profit financier ( par ailleurs aujourd'hui réalisé en très grande partie par des manipulations fictives ) mais la réponse réelle aux besoins de tous et de toutes.

Aller directement du producteur au consommateur ( qui sont d'ailleurs les mêmes personnes ) en shuntant tous les intermédiaires actuels qui contrôlent tout c qui se fait parce qu'il détiennent des capitaux.
Mais cette détention n'est qu'une organisation spécifique, qu'un système théorique et non pas une fatalité.

Il ne s'agit pas de revenir au troc mais bien d'organiser des échanges non-marchands qui font appel à l'essence même de ce que nous sommes : des êtres qui souhaitent avoir une vie sociale donc participer à son fonctionnement en créant ce pour quoi chacun à une capacité ou une aptitude.

A partir de là, la gestion coordonnée du territoire et de la production devra permettre de dépenser beaucoup moins d'efforts ( et qui n'est pas prêts à faire des efforts quand ils sont faits quand tout le monde y trouve justement son compte ? ) pour produire ce dont nous avons besoin et rien de plus. ( ceci étant à quantifier en commun - les moyens techniques et de communication le permettent déjà )

Enfin concernant la propriété privée, c'est avant tout celle des moyens de production ainsi que les ressources naturelles qu'il faut rendre à la collectivité. Maintenant on peut admettre que toute propriété privée peut être abolie à condition que la liberté d'usage soit possible pour tous et chacun.
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Messagede Winston » 10 Mai 2011, 16:34

Je poste ce texte pas si facile d'abord (en tout cas pour moi, j'y reflechis encore), il vient d'un ancien membre qui a eu plusieurs pseudo, je crois qu'on peut le trouver ici sous le pseudo de skum et qui postait pas mal de trextes sur le theme travail/valeurs/marchandise assez interessant. ( si ca interesse ce genre de texte theorique je peux aller les chercher, il en a posté un certains nombres ici et sur un autre forum et les rassembler dans un topic )


Le problème de la grandeur de la valeur semble au premier abord beaucoup plus simple et beaucoup plus direct que celui des catégories de valeur et de travail humain abstrait. Franz Petry, Isaak Roubine et Paul Sweezy, par exemple, le traitent en tant que « théorie quantitative de la valeur » par opposition à la « théorie qualitative de la valeur » (1). Ils opèrent cette distinction pour souligner le fait que la théorie marxienne de la valeur n'est pas seulement une théorie économique au sens étroit du terme, mais aussi une tentative de mettre en lumière la structure même des rapports sociaux sous le capitalisme. Toutefois, malgré les considérations critiques que contiennent leurs différentes analyses de ces rapports sociaux, ces théoriciens ne vont pas assez loin. Ils entreprennent une analyse qualitative du contenu social de la valeur, mais traitent la grandeur de la valeur uniquement en termes quantitatifs. Or si l'on analyse la valeur en tant que forme sociale historiquement spécifique, cela modifie la façon dont on examine la grandeur de la valeur (2). Marx n'écrit pas seulement - comme on se plaît à le citer - que l'économie politique ne s'est « jamais posé [...] la simple question de savoir pourquoi [...] le travail se représente dans la valeur », il se demande aussi pourquoi « la mesure du travail par sa durée se représente dans la grandeur de valeur du produit du travail » (3). La seconde question indique qu'il ne suffit pas d'entreprendre une étude qualitative de la seule forme-valeur, et du même coup exclure le problème de la grandeur de la valeur, car lui aussi implique une analyse sociale qualitative.

Ces interprétations de Marx ne traitent certes pas le problème de la grandeur de la valeur dans un sens quantitatif étroit - c'est-à-dire seulement en termes de valeurs d'échange relatives - ainsi que le fait l'économie politique. Cependant, elles ne traitent la grandeur de la valeur que comme la quantification de la dimension qualitative de la valeur, et non comme une autre détermination qualitative de la formation sociale. Sweezy, par exemple, écrit que « derrière la simple détermination des proportions d'échange [...], le problème quantitatif de la valeur [...] n'est ni plus ni moins que l'étude des lois gouvernant la répartition de la force de travail entre les différentes branches de production dans une société de production marchande » (4). Si, à ses yeux, la tâche de la théorie qualitative de la valeur est d'analyser ces lois d'après la nature des rapports sociaux et des formes de conscience, alors la tâche de la théorie quantitative de la valeur consiste à examiner leur nature en termes purement quantitatifs (5). De même, Roubine écrit :

« L'erreur fondamentale de la plupart des critiques de Marx réside en ceci : l/ ils sont totalement incapables de comprendre l'aspect qualitatif, sociologique, de la théorie de la valeur de Marx ; et 2/ ils limitent l'étude de l'aspect quantitatif à l'examen des proportions d'échange [...] ils négligent les interrelations quantitatives entre les quantités de travail social qui se répartissent entre les différentes branches de la production et les différentes entreprises, interrelations qui sont le fondement même de la détermination quantitative de la valeur » (6) .

Petry, quant à lui, pense le « problème quantitatif de la valeur » en termes de répartition de la valeur totale, produite par le prolétariat, entre les diverses classes sociales sous forme de revenu (7) .

Ces interprétations du problème quantitatif de la valeur ne portent que sur la régulation non consciente de la distribution sociale des marchandises et du travail (ou du revenu). Ces approches qui interprètent les catégories de valeur et de grandeur de la valeur uniquement d'après l'absence de régulation sociale consciente de la distribution sous le capitalisme ne conçoivent implicitement la négation historique du capitalisme qu'en termes de planification publique moins la propriété privée. Elles ne fournissent pas une base adéquate à une critique catégorielle de la forme de production déterminée par le capital. Or l'analyse marxienne de la grandeur de la valeur fait précisément partie de cette critique : elle entraîne une détermination qualitative du rapport entre le travail, le temps et la nécessité sociale dans la formation sociale capitaliste. L'étude de la dimension temporelle des catégories marxiennes me permettra de démontrer ce que je me bornai à affirmer précédemment, à savoir que la loi de la valeur, loin d'être une théorie des mécanismes de l'équilibre par le truchement du marché, entraîne à la fois une dynamique historique et une forme particulière de production matérielle.

Pour Marx, la mesure de la valeur est très différente de la mesure de la richesse matérielle. Cette dernière forme de richesse produite par les divers types de travail concret effectué sur les matières premières peut se mesurer d'après les objectivations de ces travaux, c'est-à-dire d'après les quantités et la qualité des biens particuliers produits. Ce mode de mesure est fonction de la spécificité qualitative du bien, de l'activité qui le produit, des besoins qu'il satisfait et de la coutume - en d'autres termes, le mode de mesure de la richesse matérielle est particulier, et non pas général. Pour être la forme dominante de richesse, la richesse matérielle doit donc être médiatisée par de multiples types de rapports sociaux. La richesse matérielle ne se médiatise pas elle-même socialement ; là où elle est la forme sociale dominante de richesse, elle est « évaluée » et distribuée par des rapports sociaux non déguisés : liens sociaux traditionnels, rapports de pouvoir, décisions conscientes, prises en considération des besoins, etc. La prédominance de la richesse matérielle en tant que forme sociale de la richesse est liée à un mode de médiation ouvertement social.

1 Franz Petry, Der soziale Gehalt der Marxschen Werttbeorie, 1916, pp. 3-5, 16 ; Isaak I. Roubine, Essais sur la théorie de la valeur de Marx, Maspero, 1978 [Syllepse, 2009], pp. 107,168-169 ; Paul Sweezy, The Theory of Capitalist Development, 1969, p. 25.
2 En général, les positions qui insistent sur une analyse qualitative de la catégorie de valeur ont pour point de départ le reproche que Marx fait à l'économie politique classique d'avoir négligé cette analyse : « L'une des carences fondamentales de l'économie politique classique est qu'elle n'ait jamais réussi à découvrir par l'analyse de la marchandise et plus précisément de la valeur marchande la forme de la valeur qui en fait la valeur d'échange. Et c'est chez ses meilleurs représentants, A. Smith et Ricardo, qu'elle traite la forme-valeur comme quelque chose de tout à fait indifférent ou d'extérieur à la nature de la marchandise elle-même. La raison n'en est pas seulement que l'analyse de la grandeur de valeur absorbe entièrement son attention » (Le Capital, livre I, p. 92, n. 32). Mais cela ne signifie pas que l'analyse de la grandeur de la valeur proposée par l'économie politique puisse être conservée en lui ajoutant simplement une analyse qualitative de la forme-valeur.
3 Le Capital, livre I, p. 92.
4 Sweezy, The Theory of Capitalist Development, pp. 33-34.
5 Ibid.,p.41
6 Roubine, Essais sur la théorie de la valeur de Marx, p. 112.
7 Petry, Der soziale Gehalt, pp. 29, 50. Lorsque, toutefois, Marx s'occupe de la répartition de la valeur totale entre les différentes classes sous la forme du revenu, c'est au niveau logique du prix et du profit, non au niveau de la valeur.

in Moishe Postone, Temps travail et domination sociale. Une réinterprétation de la théorie critique de Marx, Mille et une nuits, 2009, pp. NTM
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Re: dans un élan révolutionnaire supprimons la valeur

Messagede fabou » 10 Mai 2011, 16:48

yan31 a écrit:yan du caam 06

j'étais en train de réfléchir sur un type de société anarchique possible et j'ai constaté que la valeur symbolique et objective des objets et des personnes était largement imbriqués dans un état hiérarchisé ( la valeur symbolique ou réelle des choses (argent) définit une position dans la société capitaliste et de classe)exemple la valeur subjective d'un artiste définit son statut social (maître, élève, commercial, underground etc.....)
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Pour une société égalitaire et libertaire refusons la valeur :gun:

Là dessus il y a le dernier bouquin d'Anselm Jappe, "Crédit à Mort", qui est trés interressant. Un membre d'autres forums à posté plusieurs contributions interressantes sur ce sujet ([Dossier]Critique de la valeur, genre et dominations, Critique du travail marginal..., De l'insécurité de la non-marchandise en milieu marchand°

D'ailleurs tu peux trouver ici un débat interressant sur la notion de valeur : http://forum.anarchiste.free.fr/viewtopic.php?f=6&t=5460

lien interressant :
- http://la-sulfateuse.forumactif.net/t72 ... -a-berlin/
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Re: dans un élan révolutionnaire supprimons la valeur

Messagede fabou » 22 Mai 2011, 23:28

Et voilà le site de la Critique radicale de la valeur :

http://palim-psao.over-blog.fr/


Et ce texte de présentation de leur site :

Qu'est-ce que la wertkritik ?

Avec d'une part le travail magistral de Moishe Postone, le « Chicago Political Workshop » et le groupe basé à Londres « Principia Dialectica » et d'autre part les groupes allemands et autrichiens comme Krisis, Exit, Streifzüge ou le groupe 180 ° avec des théoriciens comme Roswitha Scholz, Norbert Trenkle, Robert Kurz, Anselm Jappe, Gérard Briche, Ernst Lohoff, et plusieurs autres auteurs, « une réinterprétation de la théorie critique de Marx » comme l'a appelée Postone, est apparue durant les deux dernières décennies. A la différence des lectures traditionnelles de Marx avec lesquelles elle rompt, cette approche parfois étiquetée comme mouvance de la « critique de valeur » (wertkritik), a des intérêts principaux divers : cette nouvelle critique s'est en grande partie faite remarquée pour avoir articulé une approche théorique qui porte une attention particulière au caractère fétichiste de la production de marchandises, à la dimension abstraite (travail abstrait) de tout travail, à la distinction entre valeur et richesse matérielle et à la nature du capital comme « sujet automate ». Ainsi, à la différence des marxismes traditionnels les sujets principaux du capitalisme ne sont ni le prolétariat, ni la bourgeoisie, mais plutôt le capital lui-même (la valeur qui s'autovalorise). La valeur n'est pas limitée à la seule " sphère économique ", mais impose sa structure à toute la société, la valeur est une forme sociale de vie et de socialisation, un " fait social total ".

Un des points centraux de ce nouveau travail théorique est de développer une critique du capitalisme qui ne s'arrête pas au niveau des antagonismes de classes sociologiques, à la question des rapports de distribution et de propriété privée des moyens de production. La classe capitaliste gère un processus de production de marchandises à son propre profit, mais n'en est pas l'auteur ni le maître. Travailleurs et capitalistes ne sont que les comparses d'un processus qui les dépasse, la lutte des classes si elle existe bien, n'est en réalité qu'une lutte d'intérêts à l'intérieur des formes de vie et de socialisation capitalistes. Ainsi à l'inverse de l'anticapitalisme tronqué, la critique de la valeur ose enfin critiquer le système dans sa totalité, et d'abord critiquer pour la première fois son principe de synthèse sociale, le travail en tant que tel, dans ses deux dimensions concrète et abstraite, comme activité socialement médiatisante et historiquement spécifique au seul capitalisme, et non comme simple activité instrumentale, naturelle et transhistorique, comme si le travail était l'essence générique de l'homme qui serait captée extérieurement par le capital. C'est le double caractère de cette forme de vie sociale et sphère séparée de la vie qu'est le travail et non le marché et la propriété privée des moyens de production, qui constitue le noyau du capitalisme. Dans la société capitaliste seulement, le travail abstrait se représente dans la valeur, la valeur est l'objectivation d'un lien social aliéné. La valeur d'échange d'une marchandise n'est que l'expression, la forme visible, de la valeur " invisible ".

Un mouvement d'émancipation du fétichisme de la valeur, ne peut plus critiquer ce monde à partir du point de vue du travail. Il ne s'agit donc plus de libérer le travail du capital, mais de se libérer du travail en tant que tel, non pas en faisant travailler les machines à la place car le mode industriel de production est intrinsèquement capitaliste (la technologie n'est pas neutre), mais en abolissant une activité posée au centre de la vie comme socialement médiatisante. Cependant la critique n'a pas à fournir en pièce jointe, un mode d'emploi pour une organisation alternative de l’emploi de la vie. Elle développe une explication possible du monde présent, des souffrances réelles de nos propres vies et des exigences sociales qui leurs sont imposées, mais ce n'est pas un mode d'emploi expliquant comment construire correctement une " société idéale ". Le seul critère proposé par la wertkritik c'est qu'aucun medium fétichiste (comme aujourd'hui le travail) ne s'interpose désormais entre les individus sociaux et entre les individus sociaux et le monde. Et comme cela n'a jamais existé, cela reste à inventer. Mais il n’y a pas de compromis possible avec l’économie, c’est-à-dire avec le travail comme forme capitaliste du métabolisme avec la nature, et comme médiation sociale entre les humains. On ne peut privilégier à côté de l'économique, d'autres dimensions (le don, l'entraide, le care, etc.) qui pourraient exister parallèlement, car la valeur est une forme sociale totale fétichiste qui envahit tout : il faut sortir carrément de l’économie en inventant d’autres formes de médiation sociale entre nous, que celles du travail, de la marchandise, de l’argent, du capital qui branche nos « capacités de travail » sur ses agencements sociaux et ses machines. D'autres points forts de ce nouveau travail théorique a été de fournir une structure qui permette de comprendre le processus de crise économique qui a commencé dans les années 1970 et dont les considérables effets actuels sont souvent compris comme une simple « crise financière », ou encore un autre apport a été l'élaboration d'une théorie socio-historique de la connaissance et de la subjectivité qui rompt avec l'épistémologisme contemporain, tout en permettant de comprendre autrement l'antisémitisme, le racisme, la politique, l'Etat, le droit, la domination patriarcale, etc. Pour faire plus ample connaissance avec ce nouveau travail théorique rompant avec le marxisme, on pourra aller voir dans la partie " présentation de la wertkritik ".


Bonne lecture :wink:
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Re: dans un élan révolutionnaire supprimons la valeur

Messagede luco » 23 Mai 2011, 07:12

Question à cent balles :

Quelle est la valeur du théoricien Moishe Postone et des autres penseurs de la théorie critique qui ne vont quand même pas jusqu'à refuser leur salaire d'universitaires appointés par l'Etat ?

Question de détail :

En quoi cette "nouvelle" théorie se distingue de la critique marxiste du fétichisme de la marchandise ?

Enfin question subsidiaire :

Il ne suffit pas de vouloir abolir la valeur (c'est la critique marxiste depuis le début), mais de dire comment.

C'est malheureusement là que ça se corse.

Car débarrassé de son jargon universitaire et son charabia marxien, la Théorie critique se résume à l'An 01 de Gébé : on arrête tout.

Mais le scénario de Gébé avait l'avantage de poser quelques critiques à sa critique...

Bref, la théorie critique est certainement un outil utile contre le kéynésiannisme anti-libéral des alter-capitalistes, mais je ne suis pas sûr qu'il apporte grand chose par rapport au marxisme d'une part, et aux débats théoriques qui secouent le mouvement d'émancipation socialiste depuis bientôt deux siècles, d'autre part.
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