Déjà je ne suis pas d'accord avec le constat liminaire du texte : les mouvement sociaux en Egypte et en Tunisie nous montrent que l'effet de masse dans la rue n'est pas un handicap.
Au contraire, c'est lui qui donne la légitimité aux yeux des gens et qui permet de faire passer un discours. Si les Tunisiens et les Egyptiens avaient eu un petit groupe de personnes faisant une ZATA contre leurs gouvernements, cela aurait-il aussi bien fonctionné ?
Notre force réside dans notre capacité à constituer un trouble à l'ordre public : notre seule présence doit représenter une gêne pour les autorités, tout en nous permettant de rester au contact de la population et de la rue.
Là on voit que ce texte est avant-gardiste : au lieu de dire qu'il faut un mouvement de masse pour lutter contre le système, le texte nous explique qu'il faut de petits groupes. Ces groupes sont certes en lien avec la population, mais ce sont eux qui font le boulot seuls.
Pour autant, il nous appartient de faire comprendre nos actions, aussi radicales soient-elles.
Intention fort louable, sauf que cette partie de l'action passe bien souvent à la trappe devant le frisson de l'action.
Pourtant, on sait que tout être humain fait preuve de radicalité dès lors qu'il sent ses droits et libertés bafouées. Ramener la révolte dans la rue de façon désordonnée, mais organisée et expliquée, doit pouvoir faire renaître cette radicalité.
Encore le fantasme du petit groupe qui par effet domino déclenche l'insurrection dans toute une population... Depuis le temps que ces pratiques sont utilisées, si elles fonctionnaient si bien on le saurait.
Ces points de rendez-vous seraient fixés individuellement ou par groupe affinitaire dans une zone qui elle, serait prédéfinie collectivement.
La solution miracle : se disperser en petits groupes affinitaires sur un terrain de jeu. Sauf que les flics sont tout aussi bien capables de contrôler un parcours de manif qu'une zone de jeu, et que les rendez-vous sont tout aussi connus par les flics (ils ont des moyens de renseignement).
Pour chaque zone peut être définie au préalable une liste de cibles en rapport avec l'objet de l'action.
Il peut être prévu de converger vers une cible à partir de tous les points d'une même zone.
Comme ça les flics surveillent les cibles.
Il s'agira alors de trouver les moyens de connecter les groupes les uns avec les autres, de trouver la façon de faire circuler l'information de l'un à l'autre en un court laps de temps, afin de réagir à l'agression et de tenter de s'interposer.
L'information ne doit pas être interceptable alors, donc exit le portable, la radio, Internet... Il reste les pigeons voyageurs.
Une autre évolution envisageable de nos actions serait de faire naître ces zones hors des lieux de la représentation et du commerce, loin des centres totalitaires bourgeois et des ministères. Aller à la rencontre des centres de banlieue, sur les marchés, auprès des squats de migrants et des camps de rroms, au terminus des métros, en bas des tours, près des centres de rétention, etc. Nous n'avons en effet rien à attendre des bourgeois et des élus, alors il n'y a aucune raison de continuer à errer dans les centres-villes, encadrés et filmés par des hordes de flics.
Je pense que les auteur-es se trompent sur la raison d'aller en centre-ville.
Je pense également que dans le métro les actions ont beaucoup moins d'impact.
Le texte dans sa globalité est pétri d'un insurrectionnalisme que je ne partage pas.
Pour résumer, j'y vois un Nième texte d'autonomes qui pensent réinventer la roue en lui donnant un nom différent. On y lit les signes distinctifs de cette autonomie insurrectionnaliste et petite-bourgeoise : avant-gardisme, mépris des forces répressives qui pousse à les sous-estimer, position d'acteurs au milieu d'une population bovine, spectatrice et immobile, mépris de cette population.