Ian a écrit:Le NPA ne défend nulle part la perspective d'un socialisme d'État, il ne manquerait plus que ça!Pïérô a écrit:Il y a pour moi une véritable impasse du côté des léninistes quels qu'ils soient et de l'école marxiste qui pense la transition par le socialisme d'Etat et son déperissement. Le capitalisme d'Etat ne laissera jamais place au communisme et à la démocratie réelle, la gestion collective directe et la démocratie directe. Il y a là une divergence historique de fond, et il serait interessant que dans le NPA ce type de débat puisse se mener, pour que tout le monde puisse y voir un peu plus clair.
Donc si on part là-dessus, on part vraiment sur un faux débat.
La question qui se pose dans l'optique révolutionnaire c'est de savoir s'il s'agit du renversement d'une classe par une autre, ou bien d'une disparition immédiate de toute différence de classe d'un coup de baguette magique.
Dans la mesure où il s'agit du renversement de la bourgeoisie par le prolétariat, comment le prolétariat empêche-t-il la bourgeoisie de reprendre ce qu'elle estime lui appartenir? L'organe de pouvoir issu immédiatement de la révolution est-il interclassiste (donc associant prolétariat et bourgeoisie, révolutionnaires et contre-révolutionnaires) ou bien est-il le pouvoir organisé du prolétariat?
Personnellement, je ne pense pas que la bourgeoisie va abandonner du jour au lendemain et accepter de se mettre à égalité avec ceux qu'elle exploitait encore la veille. Je pense au contraire qu'elle va tout faire pour reprendre le pouvoir, par n'importe quel moyen, comme elle a toujours fait.
Donc je pense effectivement que le prolétariat révolutionnaire devra s'ériger en classe dominante pour défendre la révolution face à la contre-révolution. Après, on peut discuter des formes du pouvoir prolétarien, c'est une question importante, mais il faut déjà s'accorder sur la nécessité de ce pouvoir prolétarien dans le processus révolutionnaire.
Pour répondre aussi bien à Pierot qu'à Ian, je n'ai pas de baguette magique et je pense que le processus révolutionnaire n'en aura pas besoin à partir du moment où les échanges directs se mettront en place et s'étendront. Pour cela il faudra bien sur que la mécanique s'embraye et cette mise en route ne se trouve pas dans les contes de fées mais bien dans les luttes de masses telles qu'elles se sont par exemple tenues lors des mouvements sur les retraites qui ont mobilisés en France plusieurs millions de personnes.
C'est lors de ces grands mouvements que la pompe du passage vers une société alternative peut être directement et immédiatement amorcée.
De quelle façon ?
Tout bonnement en organisant la distribution gratuite des biens services et denrées à la population comme moyen direct d'unifier l'ensemble de ceux et celles dont l'intérêt objectif est d'en finir avec le capitalisme.
Et ces personnes là constituent l'immense majorité de ce qui fait l'humanité.
C'est le message que nous avons tâché de faire passer depuis un bon nombre des membres de notre collectif anarchiste et nous avons eu malgré doutes et questionnements, globalement de bons accueils .
C'est bien sur encore une très faible force qui essaye d'envoyer ce message pourtant simple et, je déplore qu'une frange importante y compris des mouvements anarchistes et libertaires ne le prenne pas à son compte clairement et massivement.
Car ce sont bien les producteurs qui produisent et ce sont les mêmes qui consomment. La seule façon de détruire ce système est de shunter les financiers qui se placent en intermédiaire dans les relations d'échanges et volent en parasites leurs bénéfices au passage.
Ensuite si ce processus est engagé , le reste n'est qu'une question d'organisation, de coordination qui peut parfaitement se faire à grande échelle, les moyens techniques et de communication le permettraient déjà de façon très satisfaisante.
Et point n'est besoin de planification économique organisée par un état major politique centralisé pour le faire.
Ensuite Ian, si tu crois que les instances dirigeantes du NPA ne défendent pas la perspective d'un socialisme d'Etat, tu te berces de douces illusions. La direction du NPA est favorable à un gouvernement dit "ouvrier" de coalition ,elle est pour une banque centrale nationalisée et, si elle a abandonné, du temps de la LCR, assez récemment le principe de la dictature du prolétariat ce n'est que pour le remplacer par une perceptive réformiste floue de redistribution plus juste des richesses, c'est à dire du capital.
Concernant la question de "Mais par quels moyens empêcher la bourgeoisie de reprendre le pouvoir" qui te pose problèmes, Ian, la réponse se trouve dans la base sociale et surtout économique de ce que représente la bourgeoisie.
Comme tu as une culture néo marxiste, tu dois te souvenir de la fragilité du gouvernement bourgeois de Kérenski dans la Russie de 1917 qui n'a pas pu tenir plus que quelques mois simplement parce la bourgeoisie russe n'avait ni la base sociale ni les moyens matériels et financiers suffisants pour tenir plus longtemps, l'organisation sociale étant articulée à ce moment selon le système féodal du tsarisme.
Cet exemple peut parfaitement être transposé à la situation d'aujourd'hui : la façon la plus simple de se débarrasser de la classe dominante c'est de lui enlever l' outil essentiel qui lui permet d’asseoir et de maintenir sa domination : l'argent et la finance.
Sans argent , la bourgeoisie ne peut plus fonctionner et ne peut plus payer les forces de répression et de coercition à son service pour maintenir le système actuel en place.
Il faut donc enlever toute valeur d'échange à l'argent et, le moyen de le faire c'est de commencer pour continuer à organiser les rapports directs non marchands entre production et consommation.
Il n'y a rien de magique là dedans. Ce n'est que du concret à proposer et à organiser.
Tout ceci peut se faire très rapidement, quasi immédiatement à l'échelle historique, c'est à dire en quelques semaines pour peu que la pompe soit amorcée afin que la réaction en chaîne se mette en branle.
Parce que le système capitaliste est aujourd'hui mondialisé et interdépendant à l'extrême.
Dans toute l' Europe les peuples commencent à se soulever comme en Grèce , en Espagne, en Irlande, en Angleterre, en France aussi de façon morcelée mais réelle et ce malgré les dirigeants syndicaux et politiques qui freinent des quatre fers.
La crise mondiale du capitalisme n'est pas régulée malgré l'injection de milliards d'Euros et de dollars injectés dans la machine parce que si un moteur est enraillé tout le carburant du monde ne réussira pas à le faire redémarrer.
Pas de baguette magique donc , il faut juste une conscience qui s' élève et qui non seulement dise "tout est à nous " mais fasse en sorte que ça le soit.