matthieu a écrit:il faut aussi prendre en compte que les démocraties directes, je pense à la Rome antique, et à la Grèce antique qui à leurs débuts avaient une politique proche de la démocratie directe. Qu'elles ont étés transformées graduellement en démocraties représentative, puis en empire. Dans démocratie, il y à cratie, ou pouvoir. Et il me semble que c'est dans le sens étymologique de la domination, et que la domination est la source du problème. Il me semble que d'inventer une société sans pouvoir, avec des décisions à l'unanimité, serait ce qu'il y aurait de plus égalitaire. Et certainement qu'il faudrait se concentrer sur apprentissage de l'application de l'unanimité, qui nous est si inconnu avec la société dominatrice.
Sans vouloir froisser ton ego, je trouve ce raisonnement apparenté à une sorte de syllogisme doublé d'une vision mécaniste de l'histoire digne d'un marxisme mal assimilé.
De plus, on ne batit pas une théorie sur la simple sémantique surtout quand l'ethymologie est plurielle.
Sur ce dernier point "Kratos" peut vouloir dire "pouvoir" en grec ancien mais également "force" ou "puissance".
Je ne vois personnellement pas de contraction entre anarchisme et puissance, le problème étant lorsque la force ou la puissance est utilisée à son profit ou au profit d'une minorité, au dépend des autres.
Par contre la volonté de puissance appliquée à soi-même au sens nietzschéen c'est à dire la domination de soi-même sur soi-même me parait être justement l'aboutissement d'un anarchisme qu'il soit individualiste ou communiste et les deux à la fois.
C'est donc une erreur de s'en tenir à des définitions de mots pour élaborer une théorie.
Ensuite, selon toi, la démocratie athénienne aurait amené la démocratie représentative et c'est ce qui te fait dire que la démocratie directe où le vote est utilisé ne serait pas la bonne formule.
Il y aurait beaucoup à dire sur la démocratie athénienne mais en dehors de ça , peut-on considérer que c'est le tsarisme qui a mécaniquement engendré le stalinisme en Russie par exemple ?
Le faire aboutirait à une vision mécaniste de l'histoire qui ne prend pas en compte l'intervention de la conscience humaine et qui n'est donc, à mon sens, pas valable.
En d'autres circonstances de l'influence des pensées, le tsarisme aurait pu engendrer autre chose que le stalinisme et cet exemple est valable aussi pour la démocratie directe.
L'histoire n'est pas une science exacte aux séquences déterminées à l'avance.
Tu dis ensuite qu'il faudrait faire l'apprentissage dès maintenant d'un unanimisme qui aurait lieu dans une société idéale.
Je crois que ce n'est pas possible jusqu'au bout dans le cadre dans lequel nous vivons actuellement et auquel personne n'est étanche.
Il faut laisser la place à l'expression des désaccords incontournables aujourd"hui et, sous peine d'immobilisme voire d'autocratie perverse, se garder le moyen de trancher pour prendre des décisions communes sans que personne ne se sente ou ne soit lésé.
Ce qui ne veut pas dire que dans un premier temps et aussi loin que possible il ne faille pas chercher le consensus.
Enfin tu parles d'anarchisme et de domination.
L'anarchisme c'est aussi la liberté.
Il se trouve que la possibilité de trancher par un vote lorsque l'unanimité n'est pas trouvée laisse dans un premier temps et qui peut être long, la place au consensus.
Par contre, l'unanimisme exclusif interdit le principe du vote et, la liberté individuelle recherchée se transforme en son contraire c'est à dire en une dictature de la collectivité le plus souvent pervertie par la domination de quelques fortes personnalités.
Encore une fois, l'unanimisme exclusif est à mon sens, à l'étape actuelle, un principe de fonctionnement dangereux, fossilisant et qui ne peut que reproduire les formes de dominations sociales dans lesquelles nous baignons pour le moment.
Il faut arrêter avec ça.